Le Grand Jeu

Ville de Seikusu, Kyoto, Japon, Terre => Centre-ville de Seikusu => Discussion démarrée par: June Williams le samedi 04 septembre 2021, 15:58:03

Titre: Au milieu de la foule, le vice attira le regard — Damien & June
Posté par: June Williams le samedi 04 septembre 2021, 15:58:03
Sous ses yeux jades, défilent les annonces. L’écran blanc se reflète dans ses pupilles agacées.

« Mal payé, commente-t-elle d’une voix lasse. Ingrat, inintéressant… Jamais de la vie, je fais ça ! »

June se retourne dans son lit, l’appareil lui échappe des mains pour venir s’écraser au sol ; de vulgaires paroles concluent sa maladresse.

Son orgueil est le premier à donner son avis dans sa quête incessante d’un boulot. Sans diplôme, sans qualification, elle surestime ses capacités, rêvant d’autres choses que cette cruelle réalité qui se profile devant ses pieds.

Et sa main se tend pour saisir l’appareil au sol.
La brune se donne une dernière chance. La dernière de la journée, voir de la semaine. Le reste ? Il se composera de beuveries et fêtes pour récompenser ses efforts. Comme la neige au printemps, son compte en banque fondra. Il se meurtrira du vide abyssal qui se creuse et plaindra son irresponsable propriétaire.

Et enfin, la perle rare se manifeste à son regard ébahi, illuminé d’une lueur nouvelle.

Un simple travail de secrétaire, des compétences à sa hauteur et surtout un salaire au-delà de ses espérances.
L’occasion rêvée.

Coordonnées, adresse, heure des entretiens, tout est noté soigneusement.

Mais fidèle à elle-même, June s’attribuera tout de même cette fameuse récompense, plutôt que de préparer l’entretien à venir. Alcool, drogue et parfois jeux d’argent peupleront ses journées jusqu’au jour J.

• • •

Habillée convenablement d’une élégante robe et d’escarpins, elle se rend à l’adresse donnée. L’immensité de verres et d’aciers à de quoi donner le vertige à la frêle humaine. Mais loin d’être intimidée, d’un pas assuré, elle pénètre dans les lieux et se laisse guider par le personnel.

Sa seconde surprise, toutefois prévisible, est de faire face aux nombreux candidats. Ils envahissent et remplissent une salle d’attente bien trop grande. Au milieu de cette foule, elle ne perd confiance, prête à tirer son épingle du jeu. Puis, si jamais la brune n’est sélectionnée, il lui sera aisé de se morfondre dans l’alcool et la grossière idée qu’elle était « trop bien » pour eux.

Dans l'attente, seule une légère appréhension s'empare d'elle ; à peine perspective, sa nervosité en reste sous contrôle. Toutefois, impatiente d'entendre son tour venir et de prouver sa véritable valeur (et de profiter de ce mirobolant salaire). L'appât du gain efface toutes craintes de tomber dans une malhonnête anarque.
Titre: Re : Au milieu de la foule, le vice attira le regard — Damien & June
Posté par: Damien Thorn le jeudi 16 septembre 2021, 02:04:29
Il pouvait être difficile de trouver une bonne secrétaire.
Trouver une bonne secrétaire suffisamment déviante pour accepter de travailler pour Damien Thorn était encore plus difficile.
Bien que le jeune héritier contrôle son image et bénéficie de la fraîcheur de la jeunesse, il était difficile d'ignorer sa véritable nature lorsqu'on se retrouvait devant son bureau onze heures par jour — Japon oblige — et qu'on le suivait sur ses déplacements. Et si les signes quotidiens n'étaient pas suffisants — le brushing défait de cette blonde, le regard sombre de ce type, les couinements dans sa chambre d'hôtel, etc. —, il venait le moment où l'on devenait l'objet de son intérêt et où on ne pouvait plus ignorer l'esprit sadique et dépravé exposé dans ses désirs lubriques.
Evidemment, il essayait de choisir la personne la plus vile qui se présente, mais il avait aussi ses goûts personnels. Il les aimait jeunes, jolies, avec du caractère mais une tendance à courber l'échine.
Il pouvait être difficile de trouver une fille comme ça.
Trouver une fille comme ça cherchant un travail de secrétaire était encore plus difficile.
Heureusement, sa tante, actuelle PDG de Thorn Industries, et fidèle parmi les fidèles qui lui avait sacrifié son mari et son fils unique, ne pouvait rien lui refuser, et elle promettait une belle compensation à toute personne capable de tenir l'essai.
Tôt ou tard, se disait-on, ça finirait bien par mordre.

Et ça finit par mordre.
Damien l'avait sentie depuis son propre bureau et s'était rendu dans le bureau de sa future secrétaire pour la sentir un peu mieux. C'était comme une flamme vive et brillante qui ne faiblissait pas et faisait appel à ses sens démoniaques. L'Américain voulut découvrir immédiatement à qui elle appartenait, mais il restait encore quelques minutes avant l'heure du premier entretien et il ne voulait pas vendre la mèche en passant la tête dans la salle pour braquer son regard sur l'inconnue qui le titillait à travers les murs.
L'Antéchrist prit son mal en patience, la main flottant au-dessus de la poignée. Et quand l'heure pile arriva, il ouvrit et se présenta aux très nombreux candidats.
— Bonjour à toutes ! Merci d'être venues si nombreuses. J'espère pouvoir toutes vous faire passer aujourd'hui, sinon quoi nous nous verrons demain, même heure. Très bien. Madame, je vous prie.
Il avait pointé une Japonaise quinquagénaire au chignon trop serré et à la stature voutée, mais dont l'apparence criait une longue expérience dans ce type d'emploi.
Priorité aux anciens et à l'expérience. Logique.
Et puis, il ne pouvait pas simplement lui dire de dégager parce que trop vieille et trop moche. Il fallait y mettre les formes. Malheureusement.
Comme il la guidait dans le secrétariat, il passa un regard panoramique dans la pièce et vit enfin la flamme qui avait captivé son inconscient.
Elle était jeune et elle était bonne.
Mais il fallait y mettre les formes. Malheureusement.

Ce fut un long après-midi.
Les candidates se succédaient à la chaîne, seule une pause rompant le rythme cadencé. Certaines passaient quelques minutes à l'intérieur, d'autres plusieurs dizaines de minutes, faisant flotter inquiétude et désespoir parmi celles qui n'étaient pas encore passées. Toutes étaient là pour la paye et ne voyaient rien d'autre que les chèques qui menaçaient de s'envoler d'un instant à l'autre.
Et la salle s'éclaircit peu à peu, femme après femme, jusqu'à ce que la moitié seulement reste. Il était tard, les entretiens avaient commencé il y a plus de six heures, et les restantes se mettaient sérieusement à douter de leurs chances. Beaucoup rangeaient leurs affaires pour se préparer à partir et revenir demain.
Le signal arriva finalement après un énième entretien, Damien réapparaissant une fois de plus.
— Navré, mesdames, mais nous allons devoir poursuivre demain après-midi.
Les candidates se retinrent évidemment d'exprimer leur frustration, répondant par des sourires et des courbettes en se levant et en prenant le chemin de la sortie. Mais Damien avait une dernière personne à voir. Il pointa enfin June.
— Vous serez la dernière, si vous vous sentez d'attaque.
Bien sûr qu'on se sentait d'attaque avec ce salaire à la clé !
Damien fit entrer la brune dans le secrétariat en saluant celles qui partaient en lançant des regards de biais à la porte, et il referma derrière lui une fois de plus pour contempler l'élégante jeune femme qui se tenait devant lui — et qui continuait de scintiller —. Oh ! Il attendait ce moment depuis des heures, lui aussi, qu'elle ne s'emballe pas autant. Avec un sourire, il lui fit signe de s'installer au bureau, où l'ordinateur était allumé et certaines pages ouvertes.
— Je vais prendre vos documents, pour commencer. Si vous me disiez comment vous vous appelez et ce qui vous a poussé à vous présenter ?
Comme il posait la question, les ondes de son cerveau hybride commençaient à jouer de leur pouvoir sur l'esprit de June, grattant ses vices pour les étudier et les faire ressortir.
Titre: Re : Au milieu de la foule, le vice attira le regard — Damien & June
Posté par: June Williams le jeudi 16 septembre 2021, 14:21:07
Dans la salle d’attente, June a l'impression de se noyer dans une marée humaine, de n’être qu’une poussière parmi tant d’autres, à peine remarquable. Installée dans un coin, coincée entre deux autres femmes, son sentiment ne cesse de se renforcer. Avant le début des entretiens, ses pupilles jades parcourent les candidates. Des plus jeunes aux plus vieilles, des plus négligées aux plus soignées. Une grande diversité se manifeste ; quelques-unes se distinguent, se profilent comme de véritables menaces.

Le chargé des entretiens apparaît. La possibilité de devoir revenir demain est posée sur la table et agace déjà June. Mais au moins, la jeunesse et le charme du responsable suffisent à la rassurer ; au vu de l’annonce, elle s’attendait à un homme bien plus âgé. Avec lui, une première candidate disparaît.
Au fil des heures, la salle se vide et l'air devient respirable. Mais elles étouffent. La transpiration coule sur certains fronts, le maquillage avec. L’épuisement se manifeste. La frustration l’accompagne.

June ne fait exception. A l’exception qu’elle ne porte aucun maquillage et qu’elle a, comme d’autres, essuyé d’un mouchoir toute humidité sur sa peau.
Mais l’agacement est là. De nature peu patiente, c’est un véritable défi pour elle de rester le cul collé à sa chaise pendant si longtemps, trépignant à l’idée de faire ses preuves et d’évincer ses adversaires. Il lui faudra six longues heures avant qu’elle ne soit désignée. Dernière de la journée, c’est un véritable soulagement.

D’un bref signe de tête, la brune acquiese et le suivit dans le bureau et s’installe en silence. Les papiers lui sont tendus quelques secondes plus tard. Son regard curieux est attiré par l’écran lumineux mais elle combat la distraction pour se concentrer sur son possible futur employeur. Sa chance est là ; elle ne doit la rater sous aucun prétexte.

Dos droit, jambes croisées, ses mains sont sagement posées sur ses cuisses. Elle tente de faire bonne figure dans l’attente de ses questions.

« Je suis June Williams mais June suffira, commence l’humaine avec assurance.  Le salaire, bien évidemment. Ce serait un odieux mensonge que de prétendre le contraire. »

La brune se montre honnête, peut-être un peu trop. Elle-même se surprend, après coup, par l’assurance avec laquelle son avarice est dévoilée.

« L'opportunité de voyager est tout aussi intéressante. De plus, je suis à la recherche d’un emploi depuis plusieurs mois déjà et cette offre est la seule qui me convient. Je ne puis me rabaisser à des emplois dégradants et indignes de ma personne. Si je n’ai d’expérience ou de diplôme dans le domaine du secrétariat, vous ne trouverez aucune candidate plus déterminée et dévouée que moi. Il ne fait de doute que je serais capable de réaliser à la perfection, n’importe quel tâche que vous confierez. »

 Ses pupilles de jade se sont perdues dans le regard de son interlocuteur. Ses mots sont mêlés d’orgueil et d’une excessive confiance ; là n’est qu’une manière de prouver sa valeur. Face à d’autres candidates dont les prestigieuses années d’expérience remplissent leur CV, June est contrainte de se baigner dans cet excès pour obtenir une infime chance de rivaliser avec.
Et, la fatigue palpable de la jeune femme la pousse vers cette honnêteté écrasante, presque expéditive.

Son attention dérive sur l’ordinateur de nouveau.

« Avez-vous besoin de tester mes compétences ? S’enquit-elle, prête à relever le défi. »
Titre: Re : Au milieu de la foule, le vice attira le regard — Damien & June
Posté par: Damien Thorn le vendredi 17 septembre 2021, 01:49:30
Dès sa première réponse, Damien sourit et reposa le dossier. Il dut se retenir d'éclater de rire et le fit avec talent, lui qui avait l'habitude de cacher son jeu. Il n'avait pas eu besoin de titiller beaucoup ! Certains humains pouvaient se montrer résistants, bornés dans leurs principes et leur conception des choses, mais June était tellement en phase avec ses vices qu'il suffisait de gratter du bout de l'ongle pour les voir sortir en puissance. Le salaire ! Qui sortait ça à son entretien, en premier, comme si c'était l'évidence-même ? Bien sûr que ça l'était, dans ce cas précis, mais la bienséance et les bonnes manières voulaient qu'on en parle à la fin comme un bonus.
C'était juste excellent !
L'orgueil succédait magnifiquement à l'avarice. Mademoiselle ne se prenait pas pour n'importe qui et méritait mieux que le commun des mortels. D'ailleurs, le monde ferait mieux de la remarquer s'il voulait être sauvé, non ? C'était d'un culot et d'une arrogance stratosphériques, ce que Damien adora. Sans expérience, sans emploi depuis un moment, June voulait devenir la secrétaire personnelle d'un homme qui deviendrait, d'ici un an sans doute, le président directeur général d'une énorme multinationale, avec toutes les responsabilités et l'influence que ça impliquait ? Evidemment ! Elle n'assurerait pas sur les responsabilités, c'était clair, mais les assistants étaient là pour ça et, niveau influence, elle se régalerait et nourrirait son employeur de ses frasques et accès de tyrannie.
Comment ? S'il s'y voyait déjà ?
Oui.
Mais, avant, il allait un peu jouer avec elle. Et, avec un sourire malicieux, il lui demanda :
— D'accord. J'ai besoin que vous programmiez un rendez-vous demain à 8h avec le cabinet Omebashi. Agenda, mails de confirmation pour eux et pour moi, entrée dans le planning de la société et impression du fichier " réunion Omebashi " sur l'imprimante 76. Vous finirez en m'appelant pour me confirmer que tout est bien fait, c'est le 0666. Vous avez trois minutes.
Il avait pianoté sur son téléphone tout en expliquant ça, et il lança le compte à rebours à la fin de sa tirade, sans la regarder. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle puisse y arriver, prendre en mains le système en si peu de temps et tout faire était juste impossible. Après quelques mois d'usage quotidien, peut-être, mais là, non. Elle allait se planter. Et c'était le but. Il voulait froisser l'orgueil de la jolie brune pour pouvoir la ramasser ensuite et lui laisser savoir que, pour s'en sortir, elle avait des moyens très simples auxquels recourir.
Le tout était de savoir si elle allait bien le prendre.
Mais quel monstre de vices tel qu'elle allait rejeter un salaire pareil face à une proposition à l'indécence savoureuse ?
Titre: Re : Au milieu de la foule, le vice attira le regard — Damien & June
Posté par: June Williams le vendredi 17 septembre 2021, 17:20:21
Prête à relever le défi, la brune se fait impatience, à l’idée de connaître les attentes de l’employeur. Gonflée par son orgueil, l’échec n’est alors une option envisagée. Pour elle, c’est une route vers un salaire mirobolant qui s’ouvre, sans embûches ni obstacles contraignants. Mais la réalité s’annonce tout autre.

Et June aurait pu réussir. Débrouillarde, l’humaine a les capacités pour trouver et gérer de telles tâches… Mais en une journée ou une semaine, le temps de comprendre comment fonctionnent les différents logiciels installés, de s’habituer à ces derniers. Le délai donné est humainement impossible, à ses yeux. La frustration découle de son échec cuisant - perturbée par les nombreuses tâches, elle n’en a au final accompli aucune -.

Que faire dans une telle situation ? Si l’humaine ne tenait pas autant à ce salaire, une réponse insolente, à limite de l’irrespect serait naturellement sortie. Remettant en cause les propres compétences de son futur patron, lui demandant explicitement d'utiliser sa mémoire. Après tout, elle-même a été capable de se bouger jusqu’ici, de se souvenir du rendez-vous, sans avoir besoin de le noter.

Ose-t-elle vraiment comparer les deux situations ? Oui.

Mais elle est confrontée au silence. Aucun mot ne sort à l’issue des trois minutes ; elle tente tout de même d’accomplir une seule tâche afin de satisfaire son égo. En vain. June doit se confronter à cette défaite, l’accepter et ne pas remettre la cause sur l’employeur. C’est difficile, vraiment très difficile. Plus les secondes s’écoulent, plus ses pensées démontrent un profond agacement. Plus ses idées s’enfoncent dans l’insolence, à contre-courant de ce qu’elle cherche.

Et c’est là que l’illumination paraît. Avec son fiasco, il n’existe désormais peu de chance qu’elle soit retenue. Autant dévoiler le fond de sa pensée ? Déchirée entre la prudence, menée par des résidus d’espoir et la lassitude, l’honnêteté, poussée par la fatigue, finit par l’emporter, frôlant les limites de l’acceptable.

« Si telles sont les tâches que vous avez à confier, je ne peux que vous recommandez d’engager un robot. Vos demandes impossibles seront réalisables. »

Au final, on en revient au même ; ce n’est son incompétence qui a parlé, juste les attentes absurdes et irréalisables demandées. Son égo en reste blessé, humilié, elle qui s’imaginait déjà réussir la moindre demande avec une facilité déconcertante. Mais la solution se profile déjà : une nouvelle soirée de décadence. Ses malheurs seront oubliés, en quelques secondes à peine. Or, pour y accéder, lui fallait-il encore couper court à l’entretien.
 
« Et donc si vous n’avez plus besoin de moi, j’aimerais bien prendre le chemin de la sortie. »