Esotérisme, c koi?... érotisme en plus malsain? [PV DAMIEN]

"Chloé ma chérie, il faut que tu me rendes un service."

"Oui papa? Bien sûr. Qu'est ce que c'est?"

"J'ai reçu pour ce soir une invitation au vernissage d'une exposition sur l'ésotérisme organisé par  Thorn Industries. J'y suis invité au titre de représentant de Toyota mais j'ai une réunion stratégique du groupe et je ne peux pas y aller. Je voudrais que tu me remplaces, le carton est au nom de Reynard. Tu l'as déjà fait et puis ça te fera côtoyé du beau monde pour changer."

Oh la galère ... L'ésotérisme? OK Google ---> ésotérisme : ensemble des enseignements secrets réservés à des initiés incluant sociétés secrètes, occultisme, paranormal. Bof ... pas envie, mais comme papa (enfin, l'avocat de papa) vient de me sortir d'une sale histoire avec le neveu d'un yakuza, je ne peux pas vraiment refuser.

"Oh ... super ! J'adore l'ésotérisme. C'est où?"

"Au complexe Thorn, centre ville, un chauffeur de l'entreprise passera te rendre à 19 heures. Dress code exigé. Tenue élégante."

Oui bien évidemment, elle n'allait pas sortir fringuée comme un sac à patates. Maintenant, l'élégance c'est une chose, mais l'évangile de la mode selon Sainte Chloé en est une autre.

"T'inquiète pas papa! Je vais te vendre pleins de voitures, tu seras fier de moi."

"Ah non non. Tu ne vas pas là-bas pour ça. C'est uniquement pour faire acte de présence. Ne fais pas s'écrouler le Groupe s'il te plait."

Bien la confiance en ses enfants ... Chloé regarde sa montre. 17 heures. Huuumm, ça va être juste. Elle fonce dans sa salle de bain se préparer avoir rassurer et embrasser son père. A 19 heures 10, elle sort de sa chambre fin prête et s'observe dans le grand miroir de l'entrée. La robe ? Elégante! Les cuissardes? Elégantes! Maquillage, coiffure, manucure, pédicure et tout le reste? Elégants! Elle fourre tout ce dont une femme à besoin en soirée dans une petite pochette assortie et quitte la maison familiale résignée à passer une soirée mortellement chiante.

Le chauffeur du Groupe Toyota manque devenir aveugle quand il l'aperçoit et baragouine un pauvre bonsoir avant de lui ouvrir la porte arrière d'un gros 4x4 Lexus. C'est parti!

Le complexe Thorn, c'est peu dire. Il s'agit peut être de la plus grosse structure de la ville. Le temps du trajet, Chloé à pianoté sur son téléphone pour en savoir un peu plus, histoire de ne pas paraitre trop bebête au cas où. Donc, gigantesque empire industriel et financier entre les mains d'un tout jeune homme, Damien Thorn. Oh! Il n'est pas moche lui. Elle abandonne rapidement ses recherches, pas intéressant. L'exposition? Des pièces rares présentées, une conférence par un maître en la matière, cocktail et dons pour ... "la fondation pour un renouveau satanique"? C'est quoi cette connerie? Ils sont sérieux là? A part le diable s'habille en Prada, les connaissances de Chloé sur le sujet sont limitées et elle ne compte pas les développer. Retour au complexe Thorn!

La voiture s'arrête devant un tapis rouge qui mène au hall d'un bâtiment futuriste dont le style et le design informent le visiteur de la puissance économique de son propriétaire. Un agent d'accueil en grande tenue ouvre la portière et s'incline à la sortie de la jeune femme. crépitement de flashes, service de sécurité. Wahou, c'est les Oscars ici! Chloé à le chic pour se mettre en valeur. D'un mouvement gracieux, elle s'extrait de la voiture et le menton fier s'avance sur le tapis sans oublier de lâcher un petit sourire aux photographes de la press people.

"Chloé Reynard, pour le groupe Toyota."

L'employé de Thorn Industries qui la reçoit manque se noyer dans son décolleté. Il récupère son carton d'invitation et lui présente ses remerciements les plus sincères, dont elle se fout éperdument.

Les proportions du hall d'accueil de l'édifice sont démesurées et les claquements des talons de la jeune femme résonnent le long des parois marbrées. Un groupe d'hommes et de femmes  cesse sa discussion à son passage. Chloé à un corps de naïade et la robe qu'elle porte est d'une insolence absolue. Matez! C'est ça être belle! Elle assume pleinement sa provocation. Ses pas la guide dans une salle de réception qui fait la taille du terrain de leur maison. Chloé est en retard, pas grave ... et l'endroit est bondé. Horreur! Des vieux partout ... Ah non ouf, elle, là ... Ah ben si, une fausse jeune en fait ...

"Champagne mademoiselle?"

Elle attrape une flûte de ce délicieux liquide pétillant que lui propose un serveur et la porte à ses lèvres en scrutant la foule. La moyenne d'âge est bien au delà du sien, à trente ans près. Elle soupire. Des attroupements se font autour de pièces exposées dans des vitrines en cristal. D'autres discutent de sujet sûrement importants. Elle entend les mots parts de marché, actions, ventes, OPA qui la font fuir à l'opposé. Un tableau grotesque  représentant un viol dissimulé d'une jeune femme par un groupe d'hommes-boucs attire son attention. Mais putain c'est pas possible d'exposer une horreur pareille! Thorn cautionne ce truc?

Un vieux type tout déplumé vient également contemplé "l'œuvre" en plus de la poitrine de la jeune femme. Tu veux quoi toi? T'as jamais vu un 100D?

"Savez-vous mademoiselle que l'auteur de ce superbe tableau s'est essayé à toutes les scènes qu'il a peint?"

Nooooooonnn ?? Il a baisé avec des boucs??

"Ah ... non ... je ne savais pas ... Dites? Vous roulez en Toyota?"

Le vieux croûton la regarde interloqué.

"Non, je roule en Maserati et ..." Une vieille chouette fripée, son épouse, le tire par la manche en grommelant que si il voulait se faire une pute, que ce ne soit pas en public au moins.

"Il serait marié à une femme plutôt qu'a un troll, il le ferait pas!"

L'horrible sorcière se retourne, outrée. Putain de vieille peau! Chloé sort son smartphone et prend un cliché peu flatteur de cette mégère qu'elle diffuse aussitôt sur ses comptes. #QuandLaVieT'épargnePas.

Pffff, elle va pas se faire un nœud au cerveau pour ça. Elle oublie immédiatement le couple. Une heure passe et Chloé est au bord du précipice, prête à sauter. Elle a repoussé trois invitations bancales par des vieux séniles, remercié ET refusé les avances d'une lesbienne extravagante, consommé deux coupes de champagne de plus, allée une fois aux toilettes vérifier sa bobine et parce qu'il faut faire semblant, fait le tour de l'exposition en déambulant tranquillement. De toute façon, elle est coincée ici. Et dire que la conférence n'a pas commencé ... Le début de soirée bat son plein, les serveurs serpentent entre les rangs serrés des invités. Le beau monde des finances côtoie le beau monde de la culture. Les robes et spencer sont de mises, à chacun d'exposer sa fortune tout en s'abaissant à l'exercice hypocrite de la mondanité. Heureusement, tout le monde n'est pas débile et Chloé parvient à discuter un peu avec des hommes assez avenants. Bon ok, y'en a à 50 ans qui sont pas mal quand même. Les femmes l'évite et à chaque confrontation qui s'approche, Chloé montre les dents. Ces guerres là sont plus vicieuses que celles des Hommes. Un orchestre discret assure l'ambiance et Chloé trouve une colonne contre laquelle s'appuyer pour l'écouter distraitement. Perdue dans la contemplation des bulles de son champagne, elle a hâte que ce cirque se termine.

Damien avait trouvé que la soirée était une mauvaise idée. Monter une exposition privée sur les visages de l'ésotérisme, pour le faire voir sous un jour séduisant, au profit d'une association promouvant ouvertement le satanisme ? Ils y allaient un peu fort, les Disciples... Mais on l'avait assuré que tout serait bien contrôlé : personne ne lisait les petits caractères des bons d'invitation, car on ne s'intéressait qu'à l'assistance et à s'en faire voir et apprécier. Leurs amis aux médias donneraient à l'exposition la couverture qu'il fallait, consensuelle, acceptable et à but caritatif : personne ne trouverait à redire.
L'Antéchrist pouvait avoir beaucoup de pouvoir, il restait un semi-mortel de 19 ans qui avait encore des choses à apprendre, et son cercle proche ne se privait pas de le reprendre, de l'informer, de le conseiller voire de l'ennuyer au besoin. Dans l'ensemble, il en avait profité, dépassant son attachement humain pour Mark et évitant de fait la trahison que son cousin et son oncle planifiaient contre lui. Il ne niait pas que les Disciples faisaient un travail extraordinaire en son nom et il acceptait donc leur expertise, même quand elle lui paraissait farfelue.

Il se plia donc à leurs plans et, le soir venu, il avait revêtu l'affligeant exemplaire de mode pseudo-gothique qui avait été choisi pour lui. Certes, les matières étaient nobles et la coupe était sympathique, et ça changeait effectivement de l'image sage et policée qu'il était forcé d'adopter en toutes circonstances en temps normal.
Alors, il se plia au jeu, bon gré mal gré. Et ce vernissage fut interminable.
Pour Damien, jouer avec l'ésotérique avec tant de frivolité était malaisant. Il comprenait l'idée, mais il avait l'impression de se foutre de son Père chaque fois qu'il serrait des pinces et que des blagues sur l'occulte fusaient, le poussant à joindre le mouvement pour rire des voyants, exorcistes du dimanche et autres wiccans. Il jouait le jeune premier classique qui n'y connaissait rien, et se moquait de ce qu'il ne comprenait pas pour bien le mettre à sa place, celle de ce qui n'a aucun intérêt et ne devrait surtout pas être défendu devant lui.
Il rongeait son frein avec colère, enchainant les verres dans l'espoir que le Diable lui jouerait un tour pour se venger et lui permettrait d'avoir son premier delirium tremens alcoolisé. Bien sûr, il n'en fut rien, et il marina dans son jus sans pitié.

Heureusement, il y avait des gens qui avaient la fibre occulte ou doutaient avec crainte. Ceux-là lui permirent de tenir le coup en attendant le moment où il pourrait s'extirper de la foule pour faire son discours, après quoi il était libre de disparaître s'il le voulait. Les bureaux de la filiale de Seikusu n'étaient pas gigantesques, mais bien assez grands pour qu'on puisse s'y perdre au besoin en pleine nuit. Les salles annexes de l'exposition seraient d'ailleurs bientôt fermées au public ; l'occasion de revoir les artefacts dans le calme.
Et quand le moment tant attendu arriva, il était si soulagé qu'il était parfaitement souriant et détendu en montant sur scène, accueilli par l'orchestre.

" Merci à tous d'être venus pour nous apporter votre soutien. Chez Thorn Industries, nous attachons une grande importance à nos amitiés. Nous sommes aussi attachés à l'humain et à ce qu'il a de fascinant. La magie est un objet de fascination depuis l'époque où nous vivions dans des grottes... "

Le discours était assez creux, très corporate, tout ce qu'il fallait pour amuser la galerie sans s'engager nulle part. On souriait, on applaudissait pendant les pauses champagne, peut-être en se demandant quand Thorn Jr. allait boire de travers ou commencer à bafouiller.
Mais Damien fut sorti de la superficialité du moment lorsqu'il croisa le regard rose étrange d'une créature magnifique adossée à un pilier. Au milieu de l'assistance, elle sortait du lot à plus d'un titre. Ayant mémorisé les mots par cœur, il pouvait les déblatérer en se concentrant sur elle, sur sa tenue provocante sur ses formes hyperféminines, sur son regard ennuyé qui courait en retour sur lui. Il n'avait rien de prévu après ça ; en tout cas jusqu'à présent.

" Alors faites-moi plaisir : donnez à Satan ! Et n'oubliez pas de sacrifier votre bébé avant de partir ! "

L'assistance rit à la référence et applaudit tandis qu'il quittait la scène, couvert par l'orchestre. En contrebas, on l'attendait pour quelques ultimes poignées de mains et promesses de dons. Il abrégea au plus pressé pour se frayer un passage vers la colonne et vers l'inconnue qui lui avait tapé dans l'œil. Il voulait moins connaître son nom et savoir ce qu'elle faisait ici que pouvoir la tirer de son ennui et voir en quoi elle pourrait redresser le bilan de cette soirée.

Pitié que quelqu'un m'entende, faites que ça se termine! Si Thorn Industries n'était capable que de concevoir des réceptions pareilles, Chloé leur donnait encore au maximum, un an de vie. Elle se surprit à douter de la véracité des dires de son père. Elle était même sûre qu'il s'était défiler pour éviter ce calvaire, l'envoyant, elle, subir cette épreuve. L'orchestre changea de rythme et avec une habileté très professionnelle, amena l'assistance à se tourner vers les musiciens pour l'introduction à venir. Chloé leva les yeux au plafond. C'est pas vrai, quel cliché! Un roulement de tambour impérial roule pour appuyer l'entrée sur scène de l'héritier Thorn. Ok ... bon point pour la gueule d'amour par contre , le costume néo gothique ... à réviser.

Première véritable animation de la soirée, le jeune homme parait à l'aise, sourit sereinement et remercie, avec une mimique impeccablement maitrisée la foule qui l'applaudit. Chloé s'attendait à tout mais pas à un acteur aussi bien entrainé. Elle-même spécialiste de la discipline, elle note toutes les petites astuces utilisées pour s'attirer l'attention totale des invités, et surtout les inciter à approuver l'objet de cette exposition. Damien Thorn n'aime pas ce qu'il fait sur cette estrade, elle le sent, elle le sait et tout de suite, son capital sympathie pour le jeune homme grimpe de quelques points. Mon pauvre ... toi aussi tu la subis cette soirée.

Cachée derrière sa flûte de champagne, elle l'observe attentivement. C'est donc lui le jeune prodige richissime qui .... Attend! Stop! Richissime? Oui oui tout le monde le sait, le montant de sa fortune personnelle est tellement lourd en zéros qu'il doit falloir un ordinateur super moderne pour la compter.
Malgré l'intérêt soudain qu'elle lui porte, le jeune homme la perd dès les premières phrases de son discours. Ennuyeux à mourir! Arrgh dommage, la première impression était sympa.

La flûte de champagne étant redevenue sa meilleure amie, Chloé se perd à nouveau dans la contemplation des bulles qui pétillent à la surface du liquide doré. Elle ne fait même pas attention aux applaudissements qui saluent la fin du speech.

Un flash lumineux la tire en sursaut de sa rêverie. Elle lève les yeux et s'aperçoit que Damien Thorn est juste en face d'elle.  Il vient de dire quelque chose qu'elle n'a ni écoutée, ni entendue. En revanche, elle capte très bien l'espace libre qui se libère autour d'eux tandis que des mastards de la sécurité permettent à leur jeune patron de ne pas être importuné. Bien évidemment, toutes les têtes se tournent vers l'objet qui suscite l'intérêt d'une des personnes les plus en vue du Japon. Elle!

Un deuxième flash crépite, les médias font leur boulot. Merde !

Chloé se reprend sans rien en laisser paraitre. Elle affiche un sourire éclatant, un rien espiègle, se tient bien droite, les épaules en arrière et par obligation, la poitrine exagérément indécente. Chloé! Ne foire pas le seul moment de la soirée qui en vaille la peine! Le monde te regarde, papa aussi ! Si tu merdes, tu le payeras jusqu'à la fin de ta vie.

"Chloé Reynard, représentante du groupe Toyota, enchantée!"

La bienséance, elle connait. Elle est la muse mais lui, le maitre, donc elle lui tend la main de manière à ce qu'il puisse la serrer tout comme la baiser, à sa convenance, sans se perdre dans un mouvement parasite.

Un journaliste d'un quotidien réputé réussit à tendre un micro entre les deux jeunes gens.

"Monsieur Thorn, vous êtes célibataire! Allez-vous profiter de cette soirée pour palier à cette solitude??"

L'allusion est minable. Le média doit être un débutant, une véritable insulte pour Thorn. Chloé se retient d'envoyer chier ce merdeux et reste à sa place dans le rôle de représentante qu'on lui a attribuée. La suite donnée à cette réplique ne la regarde pas bien que la scène étant filmée, si le PDG de Toyota tombe sur cette vidéo, il risquerait de s'étouffer dans son ramen. Heureusement, les sbires de Thorn sont réactifs et bien qu'elle et lui fassent toujours l'objet de prises photos, elle réussit à lui glisser.

"Votre discours était surprenant. J'ai pris autant de plaisir à l'écouter que vous à le prononcer."

Et oui, Chloé n'est pas qu'une bimbo plasticobonnasse. Elle sait aussi s'exprimer avec des mots et sortir de son esprit des messages aussi limpides que discrets. Après tout, elle est comme elle est et cette soirée ne lui plait pas. En plus, elle devine qu'elle ne prend aucuns risques à être presque franche.

Plus détendue maintenant que les choses sont dites, elle se permet de poser sa main sur l'avant bras de Damien.

"Vous avez été brillant! Je n'ai pas de bébé mais si ça avait été le cas ... je ne vous l'aurais malgré tout pas donné. Les vies ne s'échangent pas ni ne s'offrent. Cautionnez vous vraiment les idées exposées dans cette salle?"

Pas mal ma grande, très mondaine! Ouverte à la discussion mais opposée au thème, tu t'en sors bien. Dans un night club, c'aurait été "hey! On baise?" mais là, elle devait faire preuve de retenue.

"Si vous l'ignorez, le groupe Toyota se spécialise, lui, dans la naissance. Cette année, deux nouveaux modèles électriques sortiront de nos usines. En équiper Thorn Industries assagirait l'image sombre que vous développez ce soir auprès d'un public demandeur. Le contraste serait commercialement intéressant."

Oups, pas de pub, je ne suis pas là pour ça. En plus, l'interprétation de ce que je viens de dire est ... plutôt hasardeuse.

Au fond de la salle, le jeune journaliste débutant stagiaire tout dégueu se fait sortir par le service de sécurité. Elle l'entend juste terminer de hurler.

" .... et on a pas idée de porter une robe pareille !!!!"

"Pppfff connard! Oups pardon!" Chloé serre sa poitrine entre ses bras et hausse les épaules. Un sbire de Thorn succombe aussitôt à une érection foudroyante.

Bon ? Elle doit aller sauter d'un pont maintenant? Ou a t'elle une chance de s'en être pas trop mal sortie?

La jolie rose qu'il avait repéré ne manquait pas de lui réserver des surprises. Si seulement, se dit-il tout de suite, si seulement il avait pu la rencontrer dans d'autres circonstances ! La pression de la presse et de l'assistance autour des deux jeunes enfants dorés était déjà assez lourde sans la prestation brutale et ostentatoire du complément de sécurité. Qui étaient ces guignols qui ressemblaient plus à des videurs qu'à des professionnels ? Il allait devoir toucher quelques mots à l'équipe d'organisation : ils avaient les moyens de payer autre chose que des sumotoris recalés boostés aux stéroïdes, quitte à ramener leurs vieux partenaires d'Amérique ; et quoi qu'en disent les locaux. Il préférait largement une polémique discrète mais circonscrite à un risque de scandale en cas de dérapage.
Mais il devait faire bonne figure pour l'assistance...

Au moins, la compagnie qu'il s'était trouvée était des plus intéressantes ; et il ne pensait pas seulement à la robe excessivement provocante qu'elle avait sélectionné pour l'occasion, et qui ne manquait pas de mettre en exergue le meilleur de son héritage métissé et de sa discipline quotidienne. En vérité, Chloé Reynard se révéla vite être une fine courtisane. De par son héritage démoniaque, Damien voyait en elle les divers vices qui la touchaient : luxure et orgueil, en premier lieu ; gourmandise, aussi, quoique surtout en matière de possessions matérielles. C'était le genre de personne que l'enfant du Diable affectionnait tout particulièrement : le genre à aimer les défis et à délaisser les complications.
Et, passée l'intervention absolument minable du journaliste ringard et vieux-jeu les ayant coupé avec aplomb, intervention qui n'avait reçu des deux intéressés qu'une ignorance pesante et dédaigneuse, la première remarque de la belle n'avait pas manqué de titiller immédiatement l'esprit de l'engeance démoniaque. Il lui adressa un sourire bienveillant, mais ses yeux, rieurs, étaient malicieux et complices.

" Et malgré le temps, la passion reste entière. "

Il y avait entre eux un truc, une connexion motivée, sans nul doute, par leur ennui et leurs appétits réciproques. Damien n'était pas dupe, il savait cerner les mortels d'après leurs vices, et il comprenait bien la position de Chloé, et lui fit comprendre que la sienne était égale en s'avançant d'un pas vers elle pour lui offrir son bras comme elle avançait sa main. Et au milieu de l'assistance, il n'avait d'attention que pour elle, laissant passer par ses mimiques et son regard le sens réel de ses pensées une fois qu'il eut compris qu'elle était versée dans l'art de la mise en scène.
Bon, bien sûr, sa question lui tira un ricanement un brin gêné -le thème était bien plus difficile à appuyer qu'on le lui avait exposé-, mais elle eut la décence, dans sa maladresse, de le délivrer en parlant... affaires. Et elle s'empêtrait, dans la foulée, en lâchant une belle insulte à l'adresse du journaliste déchaîné qui se faisait alors sortir manu militari. Un social faux-pas pour la jolie rose qu'il couvrit sans hésitation de son enthousiasme et de son soutien, bien trop content de ne pas avoir à s'exprimer publiquement pour, contre ou, encore pire sûrement, sans avis sur l'occultisme.

" Une transition redoutable ! Bien sûr, Thorn Industries s'est engagée au Japon et est totalement ouverte à ses partenaires nippons. " Et il parlait de vive voix autant pour l'assistance que pour elle, laissant dans ses mots un double-sens qu'elle saurait percer sans mal. " La soirée n'est pas fini, mais notre planète doit toujours rester dans un coin de nos têtes. M'en direz-vous plus si je vous accompagne pour un tour de la collection ? "

Durant le discours, l'exposition elle-même avait été largement fermée au public. Ne restait que la salle principale où se massait la compagnie pour profiter des derniers petits fours et vider le champagne avant de laisser un chèque à la sortie. Sous des airs affairistes, il l'invitait à s'éclipser de cet enfer sur terre. Il ne doutait pas qu'elle accepterait, et qu'elle était aussi résolue que lui à retrouver son naturel pour parler à vices ouverts à son richissime hôte.

Thorn était un personnage intelligent, ça allait de soi, et qui savait manier la langue et les allusions aussi finement qu'elle. Chloé sourit, remercia son intervention d'une légère inclinaison de la tête et accepta le bras qu'il lui offrait. Sans excès, elle y reposa sa main et l'accompagna au milieu de la foule. Ils évoluaient lentement, comme deux personnes engagées dans une conversation ayant trait au domaine professionnel. Elle hochait la tête, posait une question, lâchait un petit rire cristallin avant de reprendre son sérieux et continuer. Le couple était sous le feu des projecteurs. Les smartphones présents dans la salle enregistraient des giga-octets de photos et vidéos les concernant. Nul doute que dès demain, la presse se poserait la question de savoir qui était l'élue qui faisait chavirer le cœur du célibataire le plus en vue du moment. Quelques pontes de l'industrie vinrent glisser quelques mots au jeune homme. Ceux-là, pas question de les évincer, Chloé eut un mot agréable pour chacun mais en revanche quand un représentant de presse ou un curieux s'approchait trop, elle glissait un mot clé qui glacerait d'ennui n'importe quel reporter: écologie, technologie tout-électrique, conservation des biens terrestres blablabla ... Thorn la suivait dans le même sens et ils s'accordèrent rapidement dans un petit jeu subtil et absolument inopportun.

"Mais c'est avec plaisir que je vous suivrai où vous vous voulez. En vérité, je ne suis venue que pour vous et je craignais que vous ne me remarquiez pas."

C'était dit sur le ton de la confidence mais quand elle bascula son poids contre le bras du PDG qui l'accompagnait, son corps murmurait bien autre chose. Tout allait très vite et Chloé réfléchissait à toute vitesse. Okay ma grande, t'es pendue au bras du mec le presque plus riche du monde, il t'aime bien. Papa va te tuer, ou pas ... Demain, Toyota te demandera des comptes. Tes followers vont t'envoyer des menaces de mort par milliers, tous jaloux ... Elle se repasse en mémoire tous les articles des magazines people où des types célèbres s'affichent chaque semaine avec une potiche différente. Hors de question qu'elle se perde dans ces clichés-là. Si Thorn veut quelque chose d'elle, il va falloir qu'il se lance dans une entreprise comme jamais, Chloé Reynard n'est pas une bimbo stupide juste bonne à poser comme un pot de fleurs. Mais bon, d'ici à ce que quelque chose se passe, il faudra un peu plus d'intimité.

Thorn la guide hors du cercle d'invités dans une salle bien plus tranquille. Le dispositif de sécurité s'écarte discrètement et ils peuvent prendre un peu plus leurs aises. Comment dire les choses sans prendre de risque? "C'était nul" ne sied guère, "Plus jamais une connerie pareille" non plus.

"Enfin seuls! J'ai cru que vous faisiez exprès de nous retenir là-bas pour me faire mourir d'ennui. Avez-vous remarquez que nous étions plus jeunes de 30 ans que la plupart des invités?"

Chloé se détend et secoue sa crinière avant de glisser ses doigts entre ceux de Damien. Elle n'a pas du tout envie d'admirer les pièces exposées ni parler d'occultisme. Ils sont jeunes, autant parler de trucs de jeunes, il reste juste à  ... casser le vouvoiement. Elle s'arrête le long d'une galerie dont les lumières tamisées fondent sur des œuvres d'art obscènes mettant en scène un bouc et une femme. Beurk! Décidemment ... Elle s'arrête avant de s'adosser à un mur et de remonter une jambe pour ficher un talon dans la tapisserie épaisse. Elle laisse trainer quelques secondes le temps qu'il s'adapte.

"Booooooooooooooonnnnnnn ... on fait quoi maintenant? On continue à se vouvoyer où alors on s'appelle par nos prénoms, ce qui affectera j'en suis sûre la suite des évènements. Je pourrai même être prête à me laisser convertir à tous ces trucs sombres qui ..."

Elle laisse glisser un doigt sur le revers de la veste de thorn.

"... te tournent autour ... alors?"

Seule dans cette galerie avec Monsieur Damien Thorn, Chloé considère sa position comme plus légère. S'ils sont là tous les deux, c'est qu'il l'a voulu. Personne ne les dérange même si elle se sait observer. Flirter lui est naturel et son attitude corporelle est intimement liée à ses paroles. Son corps suit ses idées naturellement et il se dégage d'elle une sensualité, non, une sexualité animale.

Son smartphone vibre dans sa pochette. Chloé fait la moue comme peinée d'être dérangée avant de le sortir. Un message, sa sœur.

Hey, t'es déjà à l'affiche du site du Kyoto Sun Time. T'as réussis à te maquer avec Thorn? Papa saute partout!

Chloé se marre avant de montrer le message à Damien.

"Qu'est ce que je dois répondre?"
 

Isolés de l'oppressante assistance qui espérait se repaître d'une grande nouvelle à susurrer autour de la tablée du lendemain, les deux jeunes purent se détendre, enfin. La sécurité mal formée les avait laissés tranquille et seuls les yeux aveugles des caméras du bâtiment restaient témoins de leurs errements. Et Damien, condamné à supporter du début à la fin cette implacable soirée, avait pris avec soulagement la corde du salut qu'on lui offrait inopinément. Il aurait attrapé n'importe quel corde, mais il fallait avouer que celle-ci était de loin la plus plaisante qu'il ait imaginé : satinée et câline, elle l'accueillait presque en réclamant d'être prise et ne faisait pas de détours quant à ce qu'elle était. Elle ne se retenait même pas de revêtir les atours du naturel à peine les portes fermées, arrachant un gloussement cynique à l'hôte qui ne s'était pas senti moins hors de son élément qu'elle au milieu de toutes ces têtes grises.

Elle le décoiffe de manière entreprenante et sans gêne, observant les alentours. Ils ont beau s'arrêter devant la représentation d'un bouc avec une femme, la scène intéresse beaucoup moins la jolie rose que la compagnie dont elle profitait. C'est même avec une irrévérence voilée d'innocence qu'elle plante un talon dans le tissu étendu, signifiant sa désapprobation. Adossée au mur, en équilibre sur un seul des fins faisceaux, elle exhibait tant son aisance que sa plastique, héritage tant d'un métissage bienheureux que d'une longue expérience et d'interminables heures d'entretien. Tout en l'admirant d'un œil désintéressé, Damien se défaisait de la cravate noire, ouvrant veste et col de chemise pour se mettre bien à l'aise et respirer d'autant mieux.

" On aurait tort de continuer à se vouvoyer, Chloé. Car si tu es un rien sincère, ta volonté de me connaître malgré mes sombres atours et le cadre sinistre de notre rencontre me laisse croire que je serais le plus grand perdant à garder mes distances. "

Un couplet de vibrations. Chloé sort son téléphone de sa pochette. Damien ne dit rien, observant sa gestuelle et les mimiques de son visage. Il se nourrissait des pulsions primales qui suintaient d'elle comme un doux nectar : Madame Chloé Reynard était une jeune célibataire accomplie, et en tant que telle elle ne craignait pas l'effet qu'elle faisait aux hommes, ni les retours qu'elle pouvait susciter en se montrant sous son jour le plus naturel. Au contraire, il sentait qu'elle ne régalait de plaire et d'être désirée, et qu'elle ne laissait pas un mâle à son goût lui échapper facilement ; eusse-t-elle seulement besoin de le pourchasser.

Silencieux, il s'approche lentement. Lorsqu'elle rit et lui montre le message, il est déjà tout près d'elle, et il profite de ce qu'il doive pivoter légèrement pour passer une main contre ses reins et se lover contre elle sans la moindre gêne. A son tour, le message lui arrache un rire, et il croise le regard de Chloé brièvement avec un sourire malicieux avant de lui répondre.

" Pourquoi employer des mots quand un selfie est plus approprié ? "

Et sur ces mots, il pivote face à elle à nouveau. Sa main libre glisse dans son cou, son pouce caresse l'angle de sa mâchoire avec douceur, et sans hésitation son visage se rapproche du sien. Leurs lèvres se touchent pratiquement lorsqu'il s'arrête, les yeux rivés dans les siens, d'un regard débordant d'une provocante obscénité. Son sourire n'a pas quitté ses lèvres. Est-ce juste un jeu pour lui ? C'était peut-être une question que se posait Chloé à cet instant ; à moins qu'elle-même ne soit là que pour jouer ?

" Ca te paraît suffisant, Chloé ? "

Je me fais peloter par un milliard ... non, par un paquet de milliards de dollars répartis sur un empire financier monstrueux, pense Chloé. La chose est arrivée si vite qu'elle même en est surprise. Il a suffit d'une invitation, de quelques flashes, d'un crétin de journaliste et d'une robe provocante pour se retrouver dans les bras de Damien Thorn. Si seulement tout pouvait être aussi simple. Bon, le petit coup de pouce du sms de Kelly a aussi pas mal aidé mais de toute manière, tout indiquait depuis leurs premiers mots la bonne direction à prendre. Bien, au moins maintenant, la concernant, tout était clair. Son père, la direction de Toyota et surement le monde entier savait que le richissime héritier avait trouvé gant à sa main. Ca reste très subjectif et fragile aux yeux de la jeune femme étant donné les hordes de filles que cet homme doit collectionner. Et puis, que croit t'elle? Hormis ses formes avantageuses, que peut-elle lui apporter? Bah ... autant y réfléchir plus tard et profiter du moment présent.
 
L'instant d'après, Chloé a déjà oublié ces pensées parasites et se concentre sur le corps de l'homme pressé contre le sien. La sensation est ... curieuse. Agréable, voulue, mais curieuse quand même. Il se dégage de Thorn un magnétisme puissant d'un côté et aussi sombre que l'ambiance qui les entoure de l'autre. Elle détecte généralement assez facilement les états des personnes qu'elle côtoie mais là, ce qu'elle devine dans les intentions de Damien la laisse perplexe bien qu'évidemment, il est hors de question qu'elle l'affiche. Chez quelqu'un de plus ... normal, elle ressentirait l'avidité brulante d'une envie de sexe, ou alors la nécessité de bien paraitre, ou aussi le besoin de l'intéresser. A tout cela chez Thorn, elle discerne en plus une aura indéfinissable qui même auréolée de pouvoir, dissimule une intrigue bien plus profonde.

Clic! Le premier selfie est édifiant. L'image montre les visages des jeunes gens tellement proche qu'on pourrait croire qu'ils se touchent. L'infime millimètre qui les sépare ajoute une barrière qui ne demande qu'a être fracassée tant l'intensité des regards est saisissante. Celui de Thorn affiche une assurance insolente ... et amusée tandis que celui de Chloé brille d'une étincelle que tous ses amants ont vu avant de fondre sous ses charmes. Les deux sourient, du même sourire qui annonce bien plus à suivre qu'une simple photographie figée. Il la tient entre ses mains et il ne passerait même pas par l'esprit de la trublione de s'échapper de son emprise. Suivant son mouvement, elle s'est d'ailleurs serrée contre lui, écrasant sa poitrine contre le torse du jeune homme, faisant par là, déborder le superflus du corsage serré. Le tout dégage un érotisme qui rendrait fous et malheureux les followers de Chloé, tous se disant amoureux transis de la beauté incontrôlable.

Clic! Surprise! Le deuxième selfie affiche clairement l'agression dont est victime Damien Thorn. Chloé pose, lui mordillant le lobe d'une oreille et plaquant d'autorité les mains du PDG de Thorn Industries sur sa volumineuse poitrine.

"Pour la postérité ..." lui souffle t'elle avant de se détacher trop lentement et pour délibérément se replonger dans son smartphone pour envoyer la réponse en image à sa sœur.

Match nul, tous deux ont fait un pas, une tentative, un essai gagnant. Maintenant, la suite dépendra directement de l'énergie que les jeunes gens sont prêts à investir. Chloé peut promettre n'importe quoi puisqu'elle sait que ce sera tenu. Mais concernant Damien, il plane toujours autour de lui cette émanation inconnue qui laisse une sensation d'étrange. Mais qu'est-ce que ça peut bien être?

Chloé lève les yeux sur son interlocuteur et sourit mutinement.

"C'est envoyé! Merci pour ton aide!"

Chloé fait quelques pas dans la galerie. A l'angle, une ombre disparait. Un membre de la sécurité? Oui bien sûr, Thorn ne doit pas pouvoir faire un pas sans être suivi par sa petite armée. Que ses troupes se rassurent, le seul risque qu'il prend avec elle, c'est de mourir étouffé entre ... L'idée la fait rire. Elle virevolte et revient vivement vers Damien pour l'attraper par la main et le tirer derrière elle.

"Viens, on va trouver le plus horrible de tous ces tableaux et reproduire tout ce qu'il représente!"

Du Chloé tout craché. Parler trop vite sans parfois se rendre compte des conséquences de ses paroles. Heureusement, aucune présence de bouc dans les environs!

Si on avait dit à Damien que Chloé était une sorte de cousine éloignée, la descendante d'une entité imprégnée du vice de la Luxure, il aurait accepté l'annonce sans sourciller. Il ignorait ce qui emballait le plus Chloé dans cette affaire, exactement : la richesse de Damien, son assurance ou la simple perspective de la jouissance qu'elle pourrait ressentir. Il sentait tout cela et plus en elle tandis qu'elle débordait du cadre de la première photo et prenait ses libertés avec lui, écrasant sa poitrine volumineuse contre lui, immortalisant la proximité et l'attirance obscène entre eux. Il ne la canalisait pas et la laissait s'exprimer, car rien ne le rendait plus joyeux et entreprenant que d'être environné des pulsions les plus primaires de l'être humain, et Chloé en débordait littéralement.
La seule chose qui rendait Chloé potentiellement dangereuse était son empathie manifeste. Elle renvoyait simplement à Damien les désirs qu'elle sentait en lui, décuplés, mais il pouvait sentir une curiosité en elle, un soupçon d'interrogation. Elle sentait qu'il n'était pas normal. D'une façon étrange, elle le savait. Mais Damien ne se faisait pas de soucis : il maintenait l'apparence du jeune héritier pervers et collectionneur d'aventures aux passions obscures et se satisfaisait plutôt de l'ouverture de son esprit sur le monde. Un esprit ouvert était une forteresse aux herses levées et dénuée de gardes. Peu importait les entités qui suintaient dans leur réalité à travers le pouvoir infusé dans ces artefacts maudits, elles trouveraient dans les pulsions de Chloé un repas fameux, et sans doute s'amuseraient-elles à les amplifier, pour peu que le besoin se fasse sentir.
— Juste retour d'ascenseur. Tu m'as sorti du pétrin, tu te souviens ?
Il lui sourit en soutenant son regard mutin de son propre regard malicieux. Il laissait s'écouler à travers ses prunelles le genre de pensées obscènes qu'il pouvait nourrir et ne laissait pas la belle douter de la réciprocité de leur attirance. Ils étaient seuls ici et ils étaient bien libres de faire ce que bon leur semblait, comme il leur semblait. Et si Chloé avait vu une ombre et se pensait suivie, il ne s'agissait en tout cas pas d'une personne.
— Tu as raison, répondit-il à son invitation. Celui-là n'est pas du meilleur goût. Mais je crois savoir ce qui pourrait nous inspirer. Vas-y, je te guide.
Et la voilà qui accourait à la recherche du meilleur cadre pour s'abandonner à ses envies les plus lubriques. La promesse de Damien n'avait fait que la stimuler plus encore, semblait-il, et comme il la guidait à travers l'exposition lui aussi sentit finalement la curiosité de plusieurs entités sur leur passage. Et ce n'étaient pas que les talons des cuissardes de Chloé et les bijoux qui tintaient sous sa couette rose qui les réveillaient.
Finalement, Damien la fit arrêter dans une salle plongé presque entièrement dans les ténèbres. Quelques artefacts étaient exposés et illuminés, mais la pièce maîtresse attirait tout de suite l'œil. Au fond de l'espace, dans un halo lumineux, un immense tableau de maître trônait, et devant lui, massif mais semblait bien petit en comparaison, trônait un autel d'un type bien particulier. Ils s'approchèrent et purent d'abord examiner l'autel, gravé de silhouettes entremêlées qui semblaient informes à première vue mais, à bien y regarder, faisaient penser à une version partouze du kama sutra. La moitié du volume était, surtout, matelassée, confortable et douce. Et, une fois à l'autel, les détails du tableau se révélaient. C'était un paysage infernal relativement classique à première vue, le genre d'œuvre de pécheurs suppliciés classique dans l'iconographie chrétienne, mais ici les punitions des damnés étaient bien différentes. De la chevauchée sauvage d'une succube au supplice bondage le plus graphique qui soit, les silhouettes n'étaient occupées qu'à forniquer, et le couple n'y était pas une norme. Entre les deux extrêmes, bien des représentations de saillies obscènes et acrobatiques occupaient l'espace, et la seule expression visible sur les visages était celle de la jouissance absolue.
— Une œuvre anonyme, évidemment, commenta Damien. L'autel aussi. Et je conviens qu'on ne pourra pas faire tout ça, et certains plus par manque de matériel qu'autre chose, mais j'y vois largement de quoi se laisser inspirer. Pas toi ?

Chloé lança à Damien un regard interrogateur. Il l'avait guidé plus en profondeur dans un dédale d'une succession de  couloirs et de salles. La dernière d'entre-elle présentait des dimensions pharaoniques et bien malgré elle, la jeune femme ne sut que dire devant l'étalage de majesté qu'elle dégageait bien que l'obscurité y régnait. Mais Damien ne s'y attarda même pas, son intérêt guidé vers une ouverture à peine visible dans le fond de cette pièce. Sa curiosité piquée, elle le devança de quelques foulées pour avoir la primauté de découvrir ce qu'y s'y cachait. Quand elle franchit le pas de la porte, Chloé Reynard fut saisie par le mysticisme oppressant qui se dégageait du moindre recoin de cette nouvelle chambre.

De dimensions moindres que la précédente, elle était néanmoins beaucoup plus ... intimidante. Elle recelait également de moins d'artefacts mais chacun d'eux attiraient plus le regard que la totalité de la collection de l'édifice. Bien entendu, l'immense toile qui occupait une majeure partie du mur d'en face invitait à une contemplation évidente mais Chloé préféra faire le tour de la salle, laissant ses doigts glisser sur les objets exposés. Ils étaient tous susceptibles d'être considérés comme chefs d'œuvre, ils l'étaient d'ailleurs. Le premier était un godemichet d'une taille impressionnante, présentant le long de sa verge d'obsidienne arquée une succession d'anneaux parsemés de bourrelets plus ou moins anguleux. Il se terminait par une tête horrible représentant un diablotin ricanant. Chloé frémit imaginant cette chose malmenant ses entrailles. Le deuxième objet représentait un poignard finement ciselé d'une rare finesse. Sa lame reflétait des lueurs rouges qui semblaient palpiter et le manche représentait deux femmes enlacées, le visage crispé sur des souffrances inouïes. Effrayant ... Au centre de la pièce, son guide l'observait et elle lui fit un petit sourire crispé. Curieusement, de petites arcs d'énergie avaient crépité lorsqu'elle avait effleuré deux objets.

Un murmure sombre transporté par un courant d'air invisible dansa autour d'elle, suivant ses courbes et elle frissonna, se serrant les bras, faisant par là, bondir sa poitrine en avant. Elle se sentit obligé de dire quelque chose mais n'y parvint pas. Elle esquissa un nouveau sourire crispé à son hôte et traversa la chambre pour découvrir les deux autres objets, disposés de l'autre côté. Le premier ne lui était pas inconnu. C'était un instrument de torture datant du moyen âge. Toutes les civilisations l'avaient adapté à leur culture. Il s'agissait d'un chevalet où l'on passait la tête et les poignets de la victime et sur lesquels on refermait une planche qui l'empêchait de s'évader. Ainsi prisonnière, la martyre subissait tout les affres que l'imagination humaine pouvait créer. Dans ce cas-là, il ne s'agissait pas de tortures, en tout cas pas de tortures sanglantes, puisque les scènes gravées sur le bois ancien montraient toutes la même femme prise aussi bien par des hommes que par des êtes ou des démons, par devant, par derrière, violemment ou pas. Les détails étaient saisissants de réalité. L'observant plus attentivement, il sembla à Chloé que les scènes s'éveillaient et se déroulaient sous ses yeux, les mâles se succédant les uns aux autres pour ravager la prisonnière.

"Tu ... T'as vu ça?" murmura t'elle à Damien toujours figé au centre de la pièce.
"Tu m'entends? C'est vraiment étrange ce truc ..."

Il ne répondit pas, concentré sur le fond de la pièce. Chloé n'insista pas, elle était elle-même très impressionnée. Cet endroit regorgeait de surnaturel mais ne sachant le reconnaitre, elle cherchait des qualificatifs à lui attribuer. Le quatrième artefact fut une nouvelle source de mystère. Elle ne sut deviner ce que c'était mais supposa que ça devait s'insérer dans un corps ...

L'éclairage tamisé de la pièce était en lui-même une œuvre d'art. On devinait plus qu'on ne voyait et une fois proche des objets, la lumière mettait en valeur chaque détail de sa composition. C'était remarquable. Le prix de cette collection devait dépasser le PIB de certains pays ... Elle fit à nouveau quelques pas vers le fond et comprit ce qui n'allait pas.  Tout ici était diminué, la lumière, le bruit, tout. Ses talons ne résonnaient pas sur le dallage sombre. A chaque pas, de petits volutes sombres absorbaient le claquement de ses cuissardes sur le sol. Quel tour de passe passe était-ce ? C'était très étrange, comme d'évoluer sur une substance inconsistante.

La toile de maître était édifiante, et tout aussi odieuse qu'attirante.

"Une œuvre anonyme, évidemment. L'autel aussi. Et je conviens qu'on ne pourra pas faire tout ça, et certains plus par manque de matériel qu'autre chose, mais j'y vois largement de quoi se laisser inspirer. Pas toi ?"

La voix de Damien la fit sursauter.

"Pardon? Ah oui ... bien sûr ..."

Elle avait répondu automatiquement, fascinée par l'histoire peinte devant elle. Le tableau représentait tout simplement une immense orgie où les femmes présentes subissaient les assauts incessants de mâles en rut, aux sexes  surdimensionnés. Le kamasoutra tout entier version infernale y était représenté, et même bien plus encore. Chloé fixait une scène où une femme qui lui ressemblait étrangement croulait sous la masse de ses nombreux partenaires. Son visage était extatique.

"J'aimerai bien ...." s'entendit-elle dire avant de s'interdire de commenter plus.

"Oui ... oui, en effet, c'est ... suggestif."

Devant elle, l'autel était tout aussi remarquable. Alors qu'elle y posait son regard, les silhouettes féminines représentées frémirent et prirent son apparence. Elle cligna des yeux, surprise. Un souffle dans son cou la fit se redresser et elle se retourna brusquement. Damien n'avait pas bougé. Elle ne distinguait pas ses traits mais il lui semblait qu'il dégageait une aura démentielle.

Chloé fut prise d'une furieuse envie de baiser, là, tout de suite, maintenant.

Elle posa ses fesses contre le rebord de l'autel et libéra l'autre Chloé, celle dont les hommes raffolaient quand il la découvrait si sauvage. La pose qu'elle prit augurait l'annonce d'un viol.

"Ce sera parfait! Viens te servir!"

Chloé semblait particulièrement intimidée par tout ce qu'elle voyait — et ressentait — en ces lieux. Pendant une seconde, Damien songea qu'il avait peut-être mal choisi, mais non : il avait bien senti le pouvoir de la luxure en elle et pouvait jurer qu'elle était emplie de désirs inavouables. Si elle était aussi assaillie par les énergies démoniaques imprégnant ces artefacts et baignant les lieux en conséquence, c'était parce que ses vices étaient si puissants qu'elle ne pouvait qu'attirer l'attention des forces démoniaques de toute part. Elle était probablement toujours accompagnée d'un ou deux esprits se nourrissant de son stupre, mais ici elle pouvait les ressentir comme elle ne les avait probablement jamais ressentis. La frontière entre le physique et le spirituel était ténue ici, et il y avait encore plus d'invités que d'habitude attirés par sa présence — et par ce que sa présence près de cet autel voué à la luxure pouvait provoquer —.
L'Antéchrist laissa faire le pouvoir des démons éthérés qui sévissaient autour d'elle, et il laissa son propre pouvoir, devenu identifiable et palpable à proximité de tant d'objets chargés en pouvoir démoniaque, s'exprimer, un sourire malicieux s'étirant sur son visage. Il pouvait presque entendre les pensées que Chloé n'exprimait pas en paroles, mais il se tut, la laissant se focaliser sur ces petites choses qu'elle sentait et voyait, sur ce qui ne tarderait pas à la faire flancher.
Et il put sentir l'instant où sa volonté s'effondra face à ses vices. Il croisa son regard et sut qu'il était temps de se servir avant qu'elle ne se pose contre l'autel en le déshabillant du regard.
— On va bien s'amuser.
Doucement, il défit les boutons de sa chemise en s'approchant d'elle. De son côté, Chloé pouvait presque sentir les doigts invisibles qui se faufilèrent autour de ses hanches et le long de ses courbes. Il y en avait bien plus qu'une paire, et les boucles fermant sa robe commencèrent à lâcher et à se défaire, à tel point qu'en arrivant à elle Damien n'avait qu'à glisser les mains entre ses genoux et à les écarter pour que ses jambes obéissent en congédiant l'étreinte de la jupe crayon qui les fermait.
Il se glissa entre elles sans un mot, mais il aurait tout aussi bien pu allumer Chloé de mille noms cochons au vu de son regard. Il aurait aussi bien déjà pu être en train de la baiser. Mais au lieu de la prendre tout de suite, une de ses mains glissa dans le creux de ses reins et l'autre entre ses cuisses, et il la serra contre lui tandis qu'il se mettait à la caresser avec intensité, n'hésitant pas à écarter ses lèvres intimes de ses doigts pour s'attaquer à sa vulve dans son entièreté.

"BAISE MOI !"

C'est ce que Chloé hurlait intérieurement. Une vague de vice s'était emparé d'elle et elle attendait que Damien lui montre ce qu'il avait dans le pantalon. Le riche héritier de comptait plus, le bénéfice qu'elle aurait pu tirer d'une relation avec lu était effacé, l'attrait qu'elle exerçait n'était plus qu'un lointain exercice. Elle voulait juste le sentir en elle, elle voulait juste se faire prendre comme une damnée sur cet autel dédié au plaisir. Elle aurait voulu lui arracher ses vêtement et se saisir de sa virilité mais quelque chose l'en empêchait. Ses mains restaient posées sagement à côté d'elle et à l'approche du jeune homme, elle écarta les cuisses. Il finit de faire le reste et sembla franchir la distance qui les séparait en un instant. Le temps qu'elle comprenne et il était déjà tout contre elle à explorer son jardin secret, d'un doigt, de deux, puis rapidement de trois. Elle, de son côté, n'eut aucuns remords à enfoncer les ongles dans la nuque du garçon qui la malmenait si délicieusement. Trois n'étaient rien, elle s'était déjà amusée avec sa copine Noriko à des expériences bien plus volumineuses.

"J'en veux plus!" feula t'elle, invitant Damien à ne pas hésiter.

Ses attentes furent en partie comblée quand il accepta. Elle ondulait comme une salope sous ses caresses et dans un élan d'excitation, s'écrasa contre lui pour l'enlacer. Elle lui suça un lobe d'oreille.

"Plus loin, plus fort!"

Qu'importe le nombre d'orgasmes qu'elle aurait, elle savait qu'elle s'en satisferait toujours. Elle croisa ses jambes derrière lui et l'attira plus étroitement encore. il fouraillait en elle et elle adorait ça. Tellement que quand l'orgasme explosa, elle hurla et le mordit sauvagement dans le cou. Du sang perla et elle le lécha. Quand elle avala ces précieuses gouttes, elle crut que son crâne allait exploser et son corps irradia d'une incandescence folle. Les boucles de sa robe sautaient une à une et la dernière libéra sa poitrine orgueilleuse. Un murmure invita Chloé à saisir l'entrejambe de Damien et le branler furieusement à travers le tissu fin. Son visage collé au sien, elle laissait sa langue suivre les arêtes du menton du jeune prodige. Elle susurra perfidement.

"T'aurais pas envie de me faire un truc sale?" avant de poser les pieds au sol, de se retourner et pousser ses fesses contre le chibre éveillé.

"Ou peut être par là?" Elle se laissa couler contre lui et s'accroupit pour venir saisir la pince de la braguette entre ses dents. Elle descendit le zip dans un crissement odieux et fourra son visage dans l'ouverture pour inhaler le parfum du mâle.

Elle remonta lentement, imprégnant le corps de Damien de l'odeur de sa peau et de la douceur de sa poitrine. Elle se contorsionna et l'agrippa au cou d'une main tandis que l'autre disparaissait dans le pantalon pour se saisir de sa proie. Elle entoura ses doigts autour de cette queue qu'elle avait envie de déguster et la masturba sans douceur.

Les murmures augmentaient autour d'elle, tous dédiés au sacre de la luxure, lui intimant des ordres pervers, la guidant dans les tréfonds de ses vices. Elle grogna et opposa une résistance psychique farouche. Elle voulait Damien pour elle, sans personne pour la guider. Le combat fut âpre et se ressentait dans une forme de violence qu'elle exerçait sur lui. Elle griffa l'air et chassa un volute avant de revenir embrasser l'homme violemment.

"JE ... TE ... VEUX!"

Elle hurla et une vitrine se brisa, tout proche d'eux.

Damien pouvait sentir l'insistance des esprits qui hantaient ces lieux. Il pouvait aussi sentir la luxure grandir en Chloé, la submerger, presque la dominer. Il avait déjà senti la prédominance de ce vice dans la personnalité de la jolie demoiselle, mais l'influence démoniaque la poussait à un niveau qu'elle n'avait probablement jamais ressenti que lors des expériences sexuelles les plus enivrantes de sa vie courte mais, on s'en doutait, bien remplie à ce niveau. Il existait le risque que l'expérience la brise, mais Chloé faisait preuve d'une bonne résistance mentale, plus élevée qu'on aurait pu le penser, dopée, ironiquement, par son propre égoïsme de princesse gâtée.
Damien ne se faisait alors pas prier pour l'exaucer. Ses doigts avaient trouvé, un à un, le chemin de son vagin humide, et il avait frotté à l'intérieur la boule de plus en plus grosse et dure qui lui tirait ses meilleures sensations. Elle gonflait rapidement et il se retrouva littéralement assailli par le désir de Chloé, peinant à maintenir la pression dans son étreinte acharnée.
Mais son propre désir de stupre le dominait également et, dominé par l'ambiance lascive qui dominait leurs esprits, il accrut même ses caresses, la conduisant irrémédiablement à un orgasme qui le prit par surprise par ses réactions. Il couina, grogna en sentant les dents déchirer son épiderme, mais il ne râla pas, amenant ses doigts trempés à sa bouche et dégustant sa cyprine en la fixant des yeux comme elle s'attaquait à sa queue par-dessus le pantalon. Déchaînée, Chloé était en demande urgente de fornication. Elle se serait probablement empalée directement si le pantalon n'avait pas été fermé, ce qui ne dura pas de toute manière. Et la manière dont elle s'exécuta, avec les dents, en se frottant à lui, acheva de tendre une trique rageuse, dont elle ne pouvait que constater la rudesse en venant l'attraper.
Résister aux esprits devenait compliqué pour elle. Elle était en passe de perdre pied et se débattait avec des entités invisibles qu'ils étaient les seuls à voir, lui par son sang démoniaque, elle par la tentative de possession multiple dont elle faisait l'objet. On voyait toujours le Démon quand on était en passe d'être sa victime. Là encore, la résistance de Chloé était farouche. Le cri qu'elle poussa mit même un des démons à terre, l'explosion de la vitrine étant en fait l'effet de ce qu'on allait appeler, à défaut de meilleure image, un claquage psychique. La pression se relâchait à peine sur elle, mais Damien compensa par ses propres pouvoirs psychiques, la ramenant à plein régime.
— Tu vas m'avoir, t'inquiètes pas pour ça Chloé.
Rapidement, Damien ouvrit son pantalon, luttant avec les avant-bras et les poignets de Chloé qui avaient plongé sous sa ceinture. Le bouton y passa, le boxer roula de lui-même sous l'effet des mains de la belle, le revers englué par le présperme qui s'écoulait tant sur le tissu que sur les doigts et les mains de Chloé. La verge érigée entre eux n'avait aucun obstacle maintenant que la robe avait été totalement ouverte par les soins des esprits malins, et il lui attrapa les cuisses, remonta ses genoux et la fit basculer allongée sur l'autel matelassé. La robe s'étala sous elle comme un écrin.
N'attendant pas, Damien se débarrassa de son pantalon et sauta à son tour, se glissant entre ses jambes en la dévorant du regard. Il la laissa s'amuser avec sa queue pendant qu'il tirait les habits ridicules de son corps. A genoux, il reprit ses cuisses et la tira vers lui cette fois, surélevant son bassin qui vint reposer sur ses cuisses. Et sans cérémonie son membre se ficha entre ses lèvres intimes et entra en elle, avant qu'il ne fasse jouer ses reins et son bassin et ne commence à coulisser en elle.

Dans une situation normale, c'est à dire qu'elle aurait préparer sa proie à ce qu'elle voulait, comme elle le voulait, Chloé l'aurait gratifier d'un regard signifiant qu'elle contrôlait tout et qu'elle lui permettait d'entrer en elle. Sur cet autel, nue et offerte à Damien, ne conservant que ses  cuissardes, elle n'exprimait qu'une bestialité sauvage dont il allait devoir s'accommoder. L'aboutissement de ces longues minutes de flirt, muées en provocations indécentes, était sur le point de finaliser ce que les deux jeunes gens voulaient depuis qu'ils s'étaient touchés. Le corps de Chloé brulait d'une ardeur difficilement gérable et dans les méandres de son esprit occulté, elle lui fut gré de commencer de cette manière et pas par des préliminaires plus classiques, qui pourraient venir après bien sûr. Damien l'avait tirée sur ses cuisses et s'offrait le luxe de la pénétrer sans aucun compliment préalable. En vérité, elle s'en foutait un peu, écoutant cette envie récurrente de le sentir en elle. Le jeune homme n'eut  aucune difficulté à la posséder, elle était déjà trempée de désir et les doigts de Thorn avaient fait le reste. Il s'enfonça si facilement qu'elle émit un petit cri quand il se ficha tout au fond d'elle, envahissant son intimité de sa présence si ... chaude ? Un détail interloqua la jeune femme, la ramenant de son évasion psychique.

"Mais ... t'es super gros?"

Elle avait pu palper entre ses doigts la mesure du sexe de son partenaire qui lui paraissait normale, à son échelle à elle. Mais alors qu'elle l'avait maintenant bien caler dans son ventre, il lui paraissait vraiment hors-norme. Cette pensée s'effaça au premier coup de reins et elle fondit sous l'étreinte du prodige. Elle lança son bassin à sa rencontre et d'un début qui aurait pu être attentionné, le coït passa de doux à furieux en l'espace d'une seconde. Elle ne voulait pas de douceur, tout dans cette pièce était dédié à la fornication frénétique. Elle croisa ses jambes derrière lui pour appuyer sur son dos et accentuer l'intensité de la pénétration. Elle aimait ça et son corps criait son approbation. Thorn s'écrasait sur elle, malmenant son vagin de la meilleure des manières. Elle décroisa ses jambes une fois le rythme imprimé et afficha sa souplesse en agrippant ses chevilles et étirant ses longs fuseaux en un V parfait. Il pouvait la pilonner sans aucune résistance et elle en riait autant qu'elle gémissait de bonheur. Loin en elle, il la rendait folle. Encore une fois, étrangement, et bien trop tôt comparé à ses habitudes sexuelles, un torrent de plaisir l'emporta avant qu'elle ne puisse se retenir. Elle se tendit sous lui et une fois retombée, lui colla une gifle magistrale, sortie de nulle part, en guise de remerciement. Un geste inconsidéré, pas maitrisé, guidé par un instinct qui n'était pas le sien, ou en tout cas, pas des plus habituels mais la claque sèche,  l'impact de sa main contre la joue de Thorn, fit briller dans ses yeux un éclat mauvais imprégné de luxure malsaine.

Autour d'eux, une présence éthérée fléchit et connut la peur. Aller trop loin avec cette humaine, la pousser à l'irrespect envers le maitre était une erreur tragique. Des volutes protecteurs plus consistants saisirent la jeune femme par les poignets et la clouèrent à l'autel, les bras en croix.

"Bordel ....mmmmmffffff"

Un autre spectre long s'introduisit dans sa bouche, l'empêchant d'émettre un commentaire négatif à l'encontre de la situation. Folle, elle mordit dedans sans que cela ait un quelconque effet. Elle avait l'impression d'avoir un sexe dans la bouche mais sans en discerner la consistance ni les contours. Elle secoua la tête pour s'en débarrasser et râla quand Damien recommença à la marteler. Ses yeux roulèrent dans ses orbites, la sensation était exquise. L'idée d'être baisée ainsi pour l'éternité s'imposa à elle en une évidence qu'elle approuvait. Tandis que l'homme l'oppresait sous son poids, d'inquiétantes formes s'érigèrent autour d'eux. Des membres spectraux la caressèrent, saisirent sa poitrines, agrippèrent son cou, se lovèrent le long de ses courbes. Un curieux vint titiller son anus et elle sursauta en serrant les fesses. De brèves accalmies lui permettait de reprendre conscience mais le regard de Damien fiché dans le sien occultait tous les à-côtés étranges qu'elle aurait pu relever.

"J'ai ... chaud ..."

C'était évident, sa peau ruisselait de fines gouttes de sueur et celles de Thorn s'écrasait en tombant sur sa peau. Tiens ... elle pouvait parler maintenant ... Où était le truc qu'elle avait senti dans sa bouche?

Damien ne connaissait ni l'étendue de ses pouvoirs, ni tout le potentiel résidant dans l'exploitation des démons venus s'amuser sur Terre. Il faisait confiance en son instinct, qui l'avait toujours bien servi, et son instinct lui avait dit d'amener Chloé ici. Instantanément, les entités hantant les artefacts de la pièce s'étaient éveillées et elles avaient commencé à gagner en puissance dès l'instant de leur approche. Plus le temps avançait et plus ils devenaient présents et, pour tout dire, palpables. L'obscurité des lieux rendait leur vision difficile, mais les ombres s'épaississaient et on ne pourrait bientôt plus nier leur présence autour et contre les deux êtres lubriques. Le pouvoir du vice leur donnait de la force et les ancrait dans la réalité. Encore un moment, et ils seraient redevables à Damien pour leur avoir offert leur première offrande depuis bien longtemps. C'était, du moins, ce qui était prévu.
Quant à ce que Chloé vivrait pour tout ça, cela restait à voir. Mais à en juger par l'initiative des démons, elle allait avoir droit à une expérience très particulière. Damien avait senti le voile d'ombres qui avait enveloppé son sexe, et s'il avait senti absolument tout comme si sa propre verge brûlante avait ouvert en grand les parois douces de Chloé, c'était moins lui qui l'avait pénétrée qu'un des démons par son intermédiaire. C'était étrange, même pour lui, mais les sensations et l'enthousiasme de Chloé suffisaient à faire monter en lui l'extase. Entre ses cuisses brandies aux cieux, son con offert à toutes les indécences, il se sentait porté par les vagues de la luxure.
Ajoutez à ça la colère lorsqu'elle l'eut giflé. Bien sûr, il avait aimé la spontanéité du geste, et il comptait bien jouer si elle insistait, mais la colère n'avait-elle pas sa place dans le genre de baise à laquelle ils s'adonnaient ? En tout cas, c'était l'opinion des entités qui l'avaient instantanément immobilisée sur l'autel. Quand elle avait voulu crier, une ombre noire était passée entre ses dents et s'était logée dans sa bouche. Damien pouvait sentir les ondes démoniaques autour de lui, l'excitation de la créature qui se régalait de sa salive sur ce membre qui n'avait jamais été aussi incarné depuis longtemps. Elle avait beau essayer de mordre, les agressions physiques ne leur feraient rien dans cet état.
Damien sentit le voile se lover à nouveau autour de lui et il revint en elle une fois de plus, la martelant cette fois de toute sa force. Il pouvait sentir une énergie étrangère courir dans son corps. On lui donnait les ressources pour accomplir le rituel, et comme il se relançait dans le vagin trempé de Chloé il sentait son être se revigorer malgré les signes extérieurs de fatigue, la sueur en premier lieu. Il braquait son regard embrasé dans les yeux roses de Chloé en se laissant aller aux plaisirs de la chair les plus simples, gémissant sa satisfaction alors qu'il sentait son membre plus vigoureux et plus sensible qu'il l'avait été jusque là.
— Ta... gueule !
Il plaqua une main sur la bouche de Chloé, qui était autrement assaillie de tous côtés par les démons qui se matérialisaient de plus en plus clairement dans leur réalité. Le pic d'autorité fut récompensé par les entités satisfaites, qui lui donnèrent une tonicité nouvelle. Des murmures se faisaient maintenant entendre clairement autour d'eux, dont certains semblaient scander un cantique obscur. Des profondeurs des ténèbres, une invocation se déroulait.
Mais où était l'ombre qui avait empêché Chloé de parler jusque là ? La réponse arriva bientôt, comme les deux amants étaient soudain soulevés de l'autel, pivotant en l'air pour voir leurs places échangées. Damien heurta l'autel confortable comme une masse, toujours en Chloé, et instantanément les mains démoniaques revinrent attraper Chloé, palper ses chairs et renifler son corps, la retenant en avant tandis qu'une des ombre se hissait derrière elle. Elle ne pouvait ni la voir ni la sentir, mais Damien pouvait assister à la scène. L'entité était une masse sombre et totalement opaque maintenant, en contact avec le monde. Elle se cala dans le dos de Chloé et vint pousser son membre lourd entre ses fesses, la forçant et la tentant à la fois, ouvrant son étoile convoitée par le charme et par l'autorité et s'y introduisant sans ralentir, diffusant en elle une vague de chaleur nouvelle tandis que chacune de ses terminaisons nerveuses s'excitait autour de lui.

"Ta... gueule !"

Un nouvel aspect de la personnalité de Damien qui ravit l'imaginaire de Chloé au plus haut point. La voix de Thorn vibrait de plaisir, ce qui rendit l'insulte d'autant plus plaisante. L'instinct sauvage qui s'était accaparé leur union bestiale réduisait la perception de la jeune femme a une seule perspective : se faire sauter jusqu'à ce qu'elle en crève d'euphorie. C'était bien parti pour !

Sa réponse fut étouffée par la main de son partenaire qui lui couvrit subitement la bouche. Merde ! Qu'il était désirable dans cet état, sorti de son rôle de jeune premier. Sous l'emprise de cette transe sexuelle, Chloé ne vivait que les sensations exquises émanant de son corps en chaleur, sans se soucier de l'environnement sombre et des autres occupants de la pièce. Elle sentait bien que quelque chose d'inconnu était à l'œuvre mais ... elle se sentait si bien que cela ne pouvait être que bénéfique. Et puis, Damien gérait après tout. Il la baisait sans pitié et s'acharnait à la pénétrer le plus loin possible. De son côté, Chloé lui offrait toute latitude de s'exécuter en ramenant ses jambes vers elle, définitivement conquise.

Bordel! T'arrête pas! Elle en veut plus, il pourrait la plier qu'elle en demanderait encore. L'instant d'après, elle se retrouve au dessus de lui sans comprendre vraiment comment. Elle lui adresse un sourire carnassier, bien différent que le premier qu'elle lui a offert. Elle respire le stupre, dégouline de luxure, exhale mille et une façons d'atteindre les degrés de l'ultime dépravation. Elle ne dirait non à rien tant qu'elle en tirerait sa jouissance. Elle le chevauche à présent, l'écrasant sous les battements de ses hanches. Elle ressent le besoin de lui faire mal pour le lécher ensuite. Ses ongles se plantent dans les épaules du jeune homme et elle les y laisse profondément ancrés. A la chose qui se glisse derrière elle, elle adresse un ricanement provocateur. Si ce n'est que ça ....

Chloé n'est pas une novice en sodomie. Elle s'est déjà essayé outre les hommes, à tout un tas de jouets, dédiés au sexe anal ou non d'ailleurs. Sa copine Noriko a un penchant pour le champagne, enfin, les bouteilles de champagne. C'est un peu hard, mais bien bourrée, ça peut être marrant. En tout cas, la chose dans son dos a la même idée qu'elle et Chloé se cambre pour accueillir son nouveau visiteur. Curieusement, pas de douleur, pas de résistance non plus. Ce qui envahit ses fesses est dense et massif, mais écarte ses parois rectales sans difficultés pour aller se loger au fond de son rectum et buter jusqu'à ne plus pouvoir aller plus loin.

"Va falloir ... faire mieux."

Puis elle s'effondre sur Damien pour l'embrasser à pleine bouche en soufflant.

"Pas toi hein ... toi t'es parfait là où t'es."

La queue du garçon, bien en elle , lui fait l'effet d'un aphrodisiaque puissance dix. Elle la violente dans son vagin brulant, la moleste, se resserre autour d'elle pour l'aspirer en une succion interne affolante.

"HAAAaannn putain c'est trop bon."

Et dès qu'il veut répondre, elle lui mord une lèvre.

"Ta... gueule !"

Elle se love contre lui, se penche en avant pour lui écraser le visage entre ses seins tandis que l'autre derrière continue de prendre possession de ses reins. Chloé rue, il attend quoi lui?

Elle incite la chose à faire son office comme il se doit, l'insulte salement, la provoque. La queue dans son cul semble palpiter à chaque attaque verbale. Chloé se régale de se faire baiser de cette manière, prise entre deux hommes, non, entre deux ... deux quoi ...? L'espace d'un instant, elle tente de rationaliser ce qui lui arrive, résiste, hurle silencieusement, se débat dans une toile d'érotisme tendue au paroxysme, mais en vain. L'autre Chloé, la salope qui sommeille habituellement en elle prend le relais. OK, ils veulent du cul, elle va les vider. Ils veulent se la faire, elle va les renvoyer à leur état de morts-la-faim misérables.

"Putain, baisez-moi bordel!"

Les mains en appui sur le torse de Damien, elle donne des hanches et cogne dur en arrière. Les sexes  de ses partenaires plient en elle. Elle veut les sentir loin dans son ventre, elle veut les sentir remplir son ventre.

Le trio sur l'autel rend une image d'une incroyable vulgarité. La jeune femme donne autant qu'elle prend. Les corps claquent, marquent, s'épuisent. Le vagin et le cul en feu, Chloé rit de la passion qu'elle vit et provoque.