En montant chez elle, puisque son ascenseur fonctionnaire, elle, Kara se regardait sans se voir dans le miroir un peu sale aux nombreuses traces de doigts… Souta avait accepté d’aller boire un verre, et également de continuer à être son prof d’auto-défense. Evidemment, il n’avait pas pu s’empêcher de faire de l’humour, ce qui l’avait fait, bien sûr, rire. Là, elle se demandait encore si c’était une bonne idée d’avoir proposé cela, si ça voulait dire des choses, où ça mènerait…
Elle avait acquiescé quand il avait parlé timing, vingt minutes c’était suffisant, assurément, parce que Kara n’était pas vraiment une femme des plus sophistiquées, ou alors, elle allait au plus urgent : une chemise un peu repassée, sa veste, elle changea de jupe et de sous-vêtements aussi. Maquillage rapide, le minimum d’hygiène évidemment.
Comme il l’avait demandé, Kara avait replié le t-shirt d’un air bizarre, avant de le laisser dans sa chambre, ne sachant pas vraiment ce qu’il convenait d’en faire… Le garder, c’était pas un peu… too much ? Quel intérêt de conserver un vêtement d’un mec, si c’était pas « son » mec ? Un frisson la glaça, elle se dépêcha de remettre ses chaussures et descendit, pile à l’heure !
Elle sursauta en voyant Souta l’attendre, de délicates attentions en main. Merde… C’est assez surprenant. Pinçant les lèvres, elle s’avança vers lui en ricanant, se sauvant d’un air moqueur pour éviter de montrer qu’elle était assez touchée.
« Ah, carrément, toi tu me sors le grand jeu, dis donc ! »
Elle prit le café qu’il lui tendait et inspira l’arôme, les yeux pétillants. « Han, j’adore le café ! » Elle sautilla à peine et but une gorgée, oui, en se brûlant. Ah, c’était celui de la boutique américaine deux rues plus loin, elle reconnaissait son goût particulier. Après consultation de son smartphone, Kara soupira avec une petite moue.
« Désolée de te presser, mais je vais être à bourre, Don Juan. »
Elle piocha dans le sac une viennoiserie grasse qu’elle croqua en deux bouchées, s’installant les joues rondes dans la voiture. En machant, elle lui indiquait la route à prendre, des fois qu’il ne sache pas forcément relier son appartement au quartier de son entreprise.
Arrivés devant l’immense immeuble, Kara avait pratiquement fini sa boisson chaude et avalé assez de trucs pleins de sucre et de calories pour tenir deux heures de réunion intense d’équipe. Elle se racla la gorge, moins empotée depuis que Souta avait accepté de la revoir.
« Bon. Euh… Merci. » Plusieurs de ses collègues marchaient sur le trottoir où la voiture de sport était stationnée, et en la voyant sortir, ils avaient l’air de hiboux interloqués, les yeux ronds, visiblement persuadées que jamais Kara ne pourrait rouler dans pareil coupé.
- Descoooo, ton mac’ paye bien !
Elle tendit son majeur bien tendu en direction d’un grand type en costume crème, qui fumait avant d’entrer, proche d’eux, avant de se pencher dans l’habitacle.
« Appelle-moi, t’as ma carte. » Sourit-elle à Souta, avant de se tordre complètement pour faire claquer un baiser sur sa joue, et s’enfuir, disparaissant dans l’imposant bâtiment gris. Avant qu’il n’entre le fameux collègue pencha la tête pour apercevoir qui conduisait, leva un sourcil en mimant vulgairement deux énormes obus en guise de seins.
- Belle prise, camarade.