Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

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Yukka

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    Dernière des Nunaat. Herboriste solitaire, un brin bagarreuse.
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Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

Réponse 15 mercredi 07 juillet 2021, 19:58:49

Quand bien même ai-je décrassé mon corps avant-hier, dans la chambre de taverne, je ne rêve que d'une chose : un bain...Une délicieuse baignoire remplie d'eau chaude, sans avoir à rester sur mes gardes pour ne pas me faire voler mes affaires, ni même me faire attaquer par une bête ou des esclavagistes. J'aimerais pouvoir profiter enfin d'un moment de pure tranquillité, sans me soucier de rien. Me retrouver seule avec moi-même, trouver une véritable paix intérieure ne serait-ce que pour un court instant. Non pas que la crasse me dérange en soi. J'ai bien l'habitude de la vie en extérieur, d'être recouverte de boue assez longtemps qu'on pourrait se demander si quelqu'un ait déjà vu la véritable couleur de ma peau. Et cela, je pourrais sûrement en profiter quand je serais arrivée à Lenwë. Quand j'aurais livré le colis à l'Académie, là où il sera entre de bonnes mains, j'aurais tout le temps pour m'occuper enfin un peu de moi. L'idée de me baigner dans le point d'eau ne me dérange pas. Loin de là d'ailleurs...Mais il y a un énergumène qui pourrait se rincer l'oeil et je n'hésiterai pas à utiliser de force pour le castrer et ne plus lui donner envie de regarder mon corps nu. Quoique...

Hein ? Quoi ? Mais qu'est-ce que j'imagine moi, encore...Je dois avoir les hormones qui me travaillent...Je suis pathétique, encore une fois...C'est pourtant la voix de l'autre pervers là, qui me sort de mes pensées. Le paysage avait évolué autour de nous. Nous avions bien avancé dans la journée. Après avoir quitté les hauts arbres de la forêt qui nous avait servis d'abri pour la nuit, c'est une immense prairie qui s'étendait à perte de vue devant nous. Se dessinaient plus loin quelques champs où y travaillent de bien courageux paysans. Certains y labourent leurs terres, pendant que d'autres gardent leurs bêtes qui vagabondent ici et là...L'une d'elle vient s'approcher de moi. Un minuscule et ridicule agneau vient à mes côtés et me renifle les jambes. Je le chasse gentiment d'un léger coup de pied, le repoussant avec douceur alors que son berger le siffle pour l'ordonner à revenir à lui. Cette mignonne petite chose disparaît dans les hautes terres pour mon plus grand bien. Mais évidemment, il y a quelqu'un qui n'allait pas râter une occasion pour me taquiner.

- Il semblerait que tu ais un bon feeling avec les animaux.
- C'est peut-être pour cela que l'on s'entend si bien.

Tu voulais me tacler, bonhomme ? C'est raté ! Tu croyais que j'allais seulement grimacer comme à mon habitude ? Et bien non. Ras l'cul que tu m'balances des...Merde, je ne m'attendais pas à la suite. Il m'a prise par surprise, l'enculé ! Et puis, c'est assez rare d'entendre des compliments, ne serait-ce qu'un seul. C'est vrai que sa remarque ne sonnait pas comme une moquerie mais...

Bref, c'est rien. Je secoue brièvement la tête et j'entame de nouveau la marche. Je n'ai qu'une envie : rentrer à Lenwë, voir Miuggrayd me ferait le plus grand bien. Le ciel s'assombrit de quelques nuages et une odeur particulière me chatouille le nez. Je n'ai pas le temps d'en chercher la source que mon compagnon de route tourne la tête en sa direction. Le nez retroussé et les narines dilatées, j'en fronce les sourcils. Tout cela ne me dit rien qui vaille.

Et quand on parle du loup, on en voit toujours le bout de la queue. Mes tympans vrillent l'instant d'après. Un cri perçant accompagne la sortie d'une silhouette, apparemment chancelante, de la lisière du bois. Cela sent les ennuis à plein nez, mais étrangement, ça ne me dérange pas tant que ça. Pour faire bonne figure, j'émets un grognement comme si cela m'agaçait de voir Zorro filer à toute allure. Et bien, je n'ai pas le choix. Allons-y...Je ne vais tout de même pas laisser ce zigoto s'amuser tout seul. Je ne lui ai pas dit que j'aimais me battre, mais peut-être qu'il verra sur mon visage.

Une jeune fille accourt maladroitement vers nous, suivie de ses agresseurs : trois hommes, avec l'un d'eux qui se met alors en retrait. Un archer qui tend déjà sa corde pour finir sa chasse. Je ne serais jamais assez rapide pour éviter la mort à cette gamine, même avec ma magie ! Putain ! J'en serre les dents de rage devant mon impuissance du moment. Mais à peine ai-je le temps de cligner les yeux que j'aperçois Zorro foncer au devant du danger pour dévier la flèche de sa cible. Et le voilà qui fonce vers ce foutu merdeux. Bien, bien...À moi les deux autres. Je ne vais pas me gêner.

Un rictus déforme le coin de mes lèvres foncées et charnues alors que je continue ma course vers les deux lourdeaux. Attrapant fermement ma grande hache, j'en déploie toute la magie qu'elle renferme, recouvrant mon corps d'une toute nouvelle armure, ainsi que mon arme d'un halo glacial. Certes, la situation n'est pas la plus joyeuse au monde, mais au fond de moi, je la trouve très grisante. J'avais besoin de me défouler et j'ai trouvé deux personnes pour faire les cobayes.

Mon cœur bat un peu plus vite. Me propulsant en avant à l'aide de mes sabots, je fonce directement sur le premier assaillant laissé de côté par Zorro. D'un coup d'épaule, je le fais tomber en arrière. Un peu sonné, c'est son autre compagnon qui vient me faire la peau. Approche, le gueux, je sais qui va mourir aujourd'hui. Tenant avec fermeté et adresse ma lourde lame à deux mains, j'effectue quelques mouvements pour esquiver le tranchant de mon ennemi encore debout. J'ai beau être lente avec ce type d'armes, il semble l'être encore plus que moi. Adieu, fils de pute. Fendant l'air, ma hache vient tailler son ventre chaud, y restant un instant dedans. Oups, c'est coincé. Rendant son dernier soupir, je lui asseigne un coup de sabot dans le torse pour libérer ma lame. Son corps inerte tombe sur le dos, du sang ruisselant de ma hache. Inspirant longuement et bruyamment, je lui crache dessus. Et un gros porc en moins.

Le tout premier se relève, ayant retrouvé ses esprits. Il voit enfin l'horreur qui l'attend, mais la vengeance se lit dans son regard. Cela tombe bien : dans le mien aussi, ce sentiment doit briller. Il ne m'a clairement rien fait, mais il tente de me tuer et il a déjà fait assez de mal comme ça. Je fais sûrement une projection de mon traumatisme mais ça me soulagera quelques instants. Serrant les dents de rage, je n'attends pas qu'il m'attaque pour donner le premier coup. Ce manant esquive bien mais j'arrive à le déstabiliser en enchaînant une autre estocade, trop près de son corps. Il ne s'y attendait pas et tant mieux. Cela le fait tomber en arrière, du moins presque. Il perd l'équilibre et j'en profite pour le saisir autour de son cou. Il n'est pas si grand. Il n'est pas si fort. Ma poigne se serre alors que je le soulève, qu'il décolle du sol. Son visage rougit avant de prendre une teinte tirant plus vers le bleu ou le violet, alors qu'il essaie de dégager mes doigts. Dans un ultime soupir, il gargouille un mot.

- Pitié...

- Tu n'en as pas eu pour cette gamine. Et je n'en ai pas pour les enfoirés de ton espèce...

Mes doigts empoignent davantage la chair de son cou jusqu'à entendre un craquement.  Je laisse retomber son corps inerte au sol. Un fin sourire se dessine sur mon visage. Buter ses enculés était purement et simplement jouissif. Mes yeux sans pupille viennent fixer le cadavre, avant de trouver la silhouette de Zorro un peu plus loin. Il s'approche de la jeune fille encore allongée dans l'herbe, alors que je rengaine mon arme dans le dos, mon armure enchantée disparaissant dans une légère brume. À mon tour, je m'avance vers elle, tandis que mon compagnon la soulève très légèrement. Tout ce sang...C'en est fini pour elle, malheureusement. Même dans ses derniers instants, elle ne pense pas à elle. À quoi bon ? Si elle avait fini dans cet état, avec trois gros porcs à ses trousses, il ne reste probablement rien des villageois dont elle parlait. Cela me fatigue déjà, mais si ce sont des esclavagistes, on risque d'avoir des problèmes.

Je suis Zorro après qu'il est redéposée le corps glacé de la jeune femme. Il semble avoir un meilleur odorat que moi. C'est alors en de grandes enjambées que nous arrivons rapidement dans la forêt, sur les lieux du crime. Les quelques gourbis qui servaient d'habitations ne sont plus que ruines et cendres. Je laisse mon compagnon chercher des preuves ou des survivants, tandis que j'utilise très légèrement ma magie pour éteindre le peu de flammes et braises qu'il reste. Une fois cette infime chose finie, j'observe à mon tour ce que ces monstres ont laissé derrière eux : la désolation, la mort...et des putains d'empreintes qui vont dans la direction où nous devons aller. Un soupir exaspéré s'échappe de ma bouche sans que je ne cherche à le retenir.

- Ça pue...Mais c'est par là qu'on doit aller, alors autant faire d'une pierre deux coups, non ?

Je n'ai pas envie de laisser ces connards trouver nos traces et les guider à Lenwë. C'est une académie et non un camp de soldats, et bien qu'ils sachent en partie se défendre, je ne peux pas savoir combien il y a d'hommes. Faisant un signe de tête à Zorro, je suis minutieusement les traces de charrette qui mènent plus loin, vers l'aval de la montagne. Mes sabots se font lourds à chaque pas. J'espère que ce sont des esclavagistes, sincèrement, car cette rage qui monte en moi, j'ai besoin de la déverser. Je ne suis guère très bavarde, mais je crois que je dois lui expliquer les choses.

- N'y vois pas un quelconque sentiment de justice de ma part. Dans ce monde, c'est “marche ou crève”. C'est juste que je ne veux pas mener ce genre d'ordures là où on doit se rendre.

Un sifflement de narines m'échappe un peu. C'est la vérité ou une simple excuse ? Au fond, je ne saurais vraiment le dire, et peut-être bien que je n'ai pas envie de le savoir. Nous avançons toujours jusqu'à ce que la nuit voile le ciel de son tulle sombre, et que des points lumineux éclairent le bas de la montagne, à travers les arbres parsemés ici et là. Leur camp est donc là. Quelques tentes de toiles, une maisonnée de bois, un énorme feu de camp et surtout, une cage...Avec leurs prises, certainement, du village précédent ou d'autres rafts. D'un mouvement de main, je montre à mon compagnon de voyage que je m'accroupis et cherche à faire le moins de bruit possible. Avec ma grande taille, mais aussi simplement par ce que je suis, une Nunaat, je ne suis pas la mieux placée en terme de discrétion. Avant de trop s'approcher du camp, je me tourne vers Zorro.

- Une idée ? Parce que sinon, je fonce dans le tas. Je ne suis pas du genre à faire dans la finesse, ni même à porter secours aux autres.

Après, je pourrais toujours utiliser la glace pour les déstabiliser, et comme j'ai pu voir une partie de ce qu'il pouvait faire, notamment en terme de rapidité et de force, je ne crains en rien pour la vie de mon étranger. Ehm...”Mon étranger” n'est pas vraiment ce que je souhaitais dire...Pensées de merde.

Zorro Wolfen

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Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

Réponse 16 samedi 21 août 2021, 18:46:13

Dans le village dévasté, l'air était lourd. Lourd de cette odeur pestilentielle de sang et de mort. Lourd de la terreur des villageois massacrés, de la soif de carnage de leurs assaillants. La forêt, le vent eux-mêmes s'étaient tues, plongeant les lieux dans un silence angoissant, comme la crypte de quelque cruel animal, à peine éclairés par la lueur sanglante des feux qui brûlaient encore.

Alors que Yukka éteignaient ces quelques incendies, empêchant les flammes de se propager au reste de la forêt, Zorro marchait parmi les décombres, errant au milieu des cadavres mutilés et des maisons effondrées. Et sous son regard éteint se rejouaient des scènes semblables, vues tant et tant de fois qu'elles finissaient par se fondre dans un brouillard grisâtre. Des scènes auxquelles il n'avait jamais su s'habituer réellement.
Il ne cherchait pas de survivant. Le silence inhabituel qui régnait en ces lieux, l'odeur qui dominait… Cela lui suffisait pour savoir qu'il n'y en avait aucun. Du moins pas ici.
La tête penchée, le pas lent, il observait les traces au milieu du chaos, cherchant à comprendre comment s'était déroulée l'attaque. Qui, combien, pourquoi. Parfois il s'arrêtait, examinant une piste, ou retirant d'un corps l'empan humiliant d'une flèche brisée. Autour de lui, la plupart des morts étaient soit des personnes âgées, soit des hommes. Les femmes et les enfants n'étaient guère présents. Et il n'était pas très difficile de deviner ce qui leur était arrivé.

L'attaque avait dû être fulgurante. Les agresseurs, une bonne vingtaine, étaient arrivés en milieu d'après-midi, à l'heure où les hommes, épuisés, rentrent de leur dur labeur. Quelques cavaliers, une poignée d'archers et le reste à pied. Des hommes durs, violents et sanguinaires, à l'image des trois qui étaient sortis de la forêt devant la nunaat et le mercenaire.
Ils n'avaient laissé aucune chance aux villageois. Les maisons incendiées, les vieillards, inutiles, éliminés, toute résistance réprimée par le fer et le sang. Un carnage éclair et unilatéral…

Il revint vers sa compagne alors que celle-ci poussait un profond soupir.

-Ca pue … Mais c'est par-là qu'on doit aller, alors autant faire d'une pierre deux coups, non ?

Il répondit d'un bref grognement. Puis sans attendre plus longtemps, il se mirent en route, suivant les traces clairement visibles du chariot et des brigands.
Ils marchaient ainsi de plusieurs minutes, concentrés, lorsque Yukka brisa le silence qui s'était installé, sa voix résonnant étrangement entre les arbres dense. Zorro haussa un sourcil et laissa échapper un sifflement entre ses dents, couverts par le souffle agacé de sa compagne.

Pas une question de justice hein ? Juste empêcher ces monstres d'arriver jusqu'à chez toi ? Allons Yukka, cesse de jouer les cyniques. Je ne dis pas que tu ne veux pas effectivement protéger ton foyer, mais tu cherches autant que moi à faire s'abattre la justice sur le crâne de ces ordures.
Et même si je te connais mal, j'ai bien vu que tu manifestais une rage inhabituelle, violente, lorsque tu as affronté les deux esclavagistes tout à l'heure. Parce qu'il s'agit sûrement de foutus esclavagistes !
Alors quelque chose me dit que même si ce n'est pas pour les villageois, tu cherches tout de même la justice pour toi. La justice, et la vengeance.


Mais il garda tout ça pour lui, se contentant de lui adresser une grimace peu convaincue et un bref hochement de tête. Et tant pis si son expression dubitative froissait la jeune femme ! De toute manière, elle n'avait pas l'air de croire elle-même à ses propos …

Ils poursuivirent leur route.
La piste, qui menaient toujours plus loin vers les montagnes, était maintenant plus ouvertes, les arbres plus espacés, le sol plus rocailleux et une pente légère commençait à se faire sentir. Sans y être totalement, ils approchaient des premiers contreforts des massifs tout proches.
Au-dessus de leurs têtes, la lune se cachait timidement derrière un voile sombre, enveloppant le monde dans un linceul ténébreux. Ils continuaient de suivre la piste, avec plus de difficultés, quand soudain, au détour d'une crevasse, une dizaine de points lumineux en entourant un plus gros percèrent l'obscurité. Là, un peu plus bas, se dressait le camp des ravisseurs.

D'un même mouvement, l'herboriste et le mercenaire s'accroupirent, l'homme nettement plus bas qu'elle et s'approchèrent un peu plus, aussi furtivement que possible.
Alors qu'elle exposait sa proposition, Zorro jeta un œil à sa compagne, avec un sourire à moitié moqueur.

-Pour la discrétion, je ne dis pas, tu es une femme remarquable. Dans tout les sens du terme, ajouta-t-il, charmeur. Mais pour ce qui est de porter secours aux autres, c'est exactement ce que tu t'apprêtes à faire !

Il détourna le regard, observant la configuration des lieux, la maisonnette, les tentes, les feux, l'emplacement de la cage.

-Le souci c'est que si on fonce dans le tas, ils risquent fort de se servir des prisonniers comme otages. Tu as beau ne pas être du "genre à porter secours", je doute que tu veuilles aggraver leur situation. Laisse-moi une minute …

En silence, il fixa intensément le campement en contrebas, remuant les lèvres sans bruit, comme s'il calculait, ou planifiait. Finalement il se tourna vers sa compagne.

-Voilà ce que je te propose. Je vais m'infiltrer dans le camp, par derrière, et essayer de libérer les villageois, discrètement. Toi, tu te planques derrière le bosquet là-bas. Dans … Six minutes, tu lances l'assaut. Soit la plus bruyante possible. Utilise le feu, la glace, tout ce que tu veux. Si tu peux, incendie les tentes et la baraque. Je veux que ça pète comme un feu d'artifice. Ca couvrira la fuite des prisonniers. Si j'ai le temps, j'en profite pour libérer les chevaux et les faire charger. Ca ajoutera à la confusion. Dans tous les cas, je te rejoins en les prenant à revers. Tu es prête ?

Avec cet air d'assurance et d'autorité qu'il avait à l'époque où il était leader de commando d'éclaireurs dans son ancien monde, il planta son regard d'émeraude dans les yeux de lait de Yukka, attendant qu'elle soit sûre, puis il se releva, à moitié courbé.

-Au fait, tu devrais arrêter d'être aussi cynique. Et surtout… Ne meurs pas.

Avant qu'elle ne puisse répondre, il avait disparu dans les ombres.

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La première sentinelle ne vit absolument rien venir. Elle marchait dans le noir, peu attentive, en sifflotant. La morsure glacée d'une lame fut la dernière chose qu'elle perçut.
La seconde n'eut pas beaucoup plus de chance. Elle s'était éloignée pour soulager sa vessie. Elle n'avait pas fini quand la mort vint l'emporter.
La troisième fut plus attentive. Une ombre à la lisière de son regard l'alerta. Elle se leva, suspicieuse, sortant son poignard du fourreau. Un bref mouvement, à sa droite. Elle fendit l'air de sa lame. Son bras fut brutalement bloqué. Un choc violent à la tempe l'étourdit. Un second lui fit perdre l'équilibre. Puis ce fut le noir.

Deux hommes se tenaient devant la cage aux esclaves, regardant les femmes aux frusques déchirées qui s'y blottissaient, apeurées, cherchant à rassurer les quelques enfants. Dans le regard des hommes brillaient une lueur malsaine, avivées par le vin et un sentiment de supériorité.

-Bonnes prises cette semaine !
-Ouais, on a bien bossé ! Tu crois qu'le chef nous laisserait en avoir une ou deux avant de …
-J'sais pas. P't-être.
-Tu choisirais laquelle toi ?
-Hmmm … La gamine là. J'les aime bien plus jeunes …
-Ouais mais laisse tomber, le patron voudra pas. Valent trop chers.
-Pas faux. Celle-ci al
-Bonsoir messieurs.

Les deux bandits se retournèrent, surpris, clignant de leurs petits yeux stupides pour essayer de distinguer la silhouette qui se découpait à contrejour.

-Que … ?

Son crâne percuta violement celui de son compagnon, les envoyant tout les deux au pays des songes.

-Sales ordures...

Avançant vers la cage, Zorro se retint de cracher sur les corps étendus. A la place, il saisit une torche allumée et éclaira son visage, souriant aux prisonniers pour les rassurer.

-Pas d'inquiétudes, nous sommes venus vous aider, mon amie et moi.

Au même instant, un terrible vacarme retentit à l'autre bout du campement.

-Quand on parle du loup … Voilà les renforts. Il va falloir faire vite. Fuyez aussi loin et rapidement que possible ! Et écartez vous un instant.

Le mercenaire leva haut sa lame et en abattit le pommeau sur le cadenas qui fermait la cage. Celui-ci se gondola. Un second coup, et il tomba au sol, la porte s'ouvrant dans un grincement stridant.

-Allez-y. Fuyez ! Vite !

Dès que les villageois seraient sortis, il foncerait vers l'enclos des chevaux avant de filer aider Yukka. Il fallait faire vite : aussi formidable soit-elle, à une contre trente ou quarante, elle n'allait pas pouvoir tenir éternellement !
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Yukka

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Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

Réponse 17 samedi 30 juillet 2022, 20:27:48

Je ne suis pas aveugle, mon cher Zorro. Crois-tu que je n'ai pas remarqué tes traits de visage se déformer quand je t'ai avoué les raisons de cette poursuite ? Il est vrai que je déteste les esclavagistes. Ce sont des déchets, des personnes qui se croient au dessus de tout le monde, parce qu'ils sont lisses de toute différence réellement visible. Et ce sont les gens comme moi qui en pâtissons. Nous qui devons payer le prix de cette différence. Nous sommes considérés comme des simples marchandises, bons à devenir de simples servants pour les biens-heureux d'entre nous, des sacs à foutre pour ceux encore destinés à vivre. D'autres encore serviront de cobayes pour je ne sais quelle expérience, et je ne veux pas l'imaginer.

Il m'est arrivée plus qu'une fois d'être poursuivie par ce genre d'ordures. La plupart du temps, pour ne pas dire tout le temps, j'arrive à m'en défaire. Mais parfois...J'ai pu être sauvée par quelques âmes bienveillantes, heureusement. Je pense qu'on ne pourra jamais les éliminer totalement. Ils sont comme de la vermine. On aura beau essayer de tous les défaire, il en refleurira de nouveau. Mais si je peux écraser quelques uns de ces insectes, je le ferai avec joie. Moins il y en aura, moins Lenwë risque d'être attaquée par ces enculés.

Suis-je trop lisible ? Ou as-tu appris à me comprendre plus rapidement que moi ? Mpf...Peu importe. Le chemin jusqu'au devant du camp se fit sans encombre. Mais quoi faire pour la suite ? Si j'y vais en rentrant dans le lard, les prisonniers seront tous exécutés, ou bien, ils seront emmenés autre part alors que nous serons occupés au combat. Et pour être totalement sincère, à part à la chasse où je suis plutôt discrète, lorsqu'il s'agit de combat, je ne suis pas des plus délicates. Peut-être est-ce le fort de Zorro ?

Je fais part de mes « compétences » à mon compagnon vengeur. Il me laisse alors prendre connaissance de son plan et je dois avouer que c'est le mieux que l'on pourrait faire. Que je fasse l'appât et que j'en profite pour faire le plus de bruit possible.

« Ça me va ». J'accompagne mes paroles d'un froncement de sourcils, démontrant que j'étais prête à rentrer dans le lard. Un « toi non plus » s'échappa de mes lèvres bleutées. Certes, il pouvait être énervant, à trop savoir me lire, mais ce n'était pas pour autant que je lui souhaitais la mort. Par contre, ce n'était pas le cas de ces esclavagistes...Maintenant, comptons...

Doucement, les nombres défilent dans mon esprit. Mes yeux fouillent la scène qui se passe un peu plus loin. Quelques hommes se trouvent autour du feu de camp, d'autres filant dans leurs tentes, voulant se reposer pour changer de rôle au milieu de la nuit pour monter la garde. Cela va être mon tour. Je délie mes jambes, fais quelques flexions pour m'échauffer et sors enfin du bosquet. Zorro voulait du spectacle, alors il va en avoir.

Avançant vers la lumière du grand feu, je me mets à siffloter un petit air qu'un homme de petite taille m'a apprise à Lenwë.

- La maison est derrière...Le monde est devant...Nombreux sentiers ainsi, je prends...

Ma voix n'est pas aussi belle que mon petit ami mais elle n'est pas horrible pour autant. Il m'avait racontée qu'il l'avait chantée pour un roi assez fou pour envoyer son dernier fils à la mort, sans l'ombre d'un remord.  Je chante assez fort pour être entendue, comme si je leur chantais déjà leur marche vers l'au-delà.

- À travers l'ombre jusqu'à la fin de la nuit...Jusqu'à la dernière étoile qui luit...

- C'est quoi ce bordel ?

- J'crois qu'on a d'la visite...

- Brumes et nuages, noyés dans l'obscurité...

C'est le cas, et pas des moindres. D'un mouvement ample, je dégaine ma hache. Alors que régnait l'obscurité, une brume légèrement bleutée semble gagner l'herbe. Une petite étincelle semble briller dans la nuit, se rapprochant davantage du camp éphémère d'esclavagistes. Dans les ténèbres de la nuit, ces connards ne peuvent voir que les volutes bleutées de magie qui se dégagent de mon armure, métamorphosant son allure, la renforçant. Il sera bien difficile de l'entailler. Un voile givré enveloppe doucement la lame de mon arme.

- Un feu-follet, tu crois ?

- Abruti, ça chante pas c'te conn'rie. À vos armes !

Dans mon esprit, c'est le foutoir. Tous ces sentiments qui s'entremêlent et se nouent...Amertume, colère, satisfaction, extase...

- Tout va se mêler...Ooooh, tout va se mêler...

En voilà quatre qui viennent sur moi, un cinquième allant dans l'obscurité du camp, sûrement pour prévenir le reste du groupe de mon attaque soudaine. J'espère que tu auras celui-ci en douce, très cher Zorro. Pour les autres, je ne vais pas me retenir. Aucune retenue est de mise avec de sombres merdes comme eux. Les mains tenant fermement ma hache enchantée, je les attends. Deux hommes en capes, munis de simples épées, se jettent sur moi, pensant m'avoir en sandwich. J'ai beau être une combattante avec une hache, cela ne m'empêche pas d'être plus rapide qu'eux dans mes mouvements. Quand ils me foncent dessus, je me baisse et me décale sur le côté. Les deux imbéciles...Leurs corps s'entrechoquent en un bruit sourd, tombant ensuite lourdement sur le sol. Je ne leur laisserai pas le temps de se relever. Plaquant ma main droite dans l'herbe, je murmure quelques mots dans une langue peu commune. Deux pics de glace se dressent vers les cieux, traversant les tripes des deux gus assommés à l'instant. Et de deux de moins. Je ne compte pas faire dans la dentelle...

Ceux encore présents s'arrêtent net et hurlent après des renforts de toute urgence. Au loin, j'entends des voix qui portent davantage. Je n'en connais pas le nombre mais il y en aura plus que quatre d'ici quelques secondes, et au mieux, quelques minutes...Mais devant moi, il en reste encore. Ils n'osent pas m'attaquer de front, de peur de finir comme leurs camarades, cloués au sol, et ils semblent attendre l'aide promise. Tss...Ils n'ont même pas les couilles de se lancer alors qu'ils sont déjà en supériorité numérique. À moi de leur rentrer dans le lard. Ils se mettent sur mes côtés, l'un à gauche, l'autre à droite. Encore un sandwich, sérieusement ? Levant les yeux au ciel le temps d'une seconde, je pousse un soupir las devant leur incroyable connerie, ou leur manque d'imagination. Ou même d'art du combat. Bref, je n'ai pas affaire à des lumières. Allez...

D'un bond sur ma droite, je surgis devant mon adversaire. Ce n'est pas la lame de ma hanche qui heurta son corps, mais bien l'extrémité de son manche qui rencontra élégamment son menton. Il me semble avoir vu, dans le feu de l'action, des dents volés. Bien fait, connard ! J'en profite qu'il soit désorienté, presque assommé, pour m'occuper de son ami. Claquant des sabots à chaque pas qui me rapproche de lui, j'émets un son guttural, comme une bête. Enragée ? Je le suis, je me laisse porter par mes pulsions et sûrement par cette furieuse envie de vengeance, comme une plaie toujours ouverte, qui me brûle jusque dans les tréfonds de mon âme. Ma petite « comédie » semble fonctionner, et le gars recule doucement, comme effrayé. Tu peux l'être, pourriture...Il est déstabilisé, alors j'en profite. Je fonce sur lui et lui assigne un coup tranchant sur son torse. Le sang gicle et j'en reçois un peu sur mon visage. Me voilà avec des peintures de guerre.

Alors que j'entends la cavalerie arriver, d'autres murmures s'échappent d'entre mes lèvres et un nouveau piquet de glace vient transpercer le connard encore dans les vapes. Deux autres en moins...Mais là, y'en a beaucoup qui se pointent. Zorro, t'as intérêt à te grouiller. J'ai beau être douée en combat, seule contre je sais pas combien, c'est un peu chaud, tout de même. Et je ne dois pas mourir ici, clairement pas.

Une dizaine d'ordures rappliquent, observant les morts au sol. Je grogne une nouvelle fois, prête à rentrer dans le lard. Un des esclavagistes, qui s'avère être une femme, s'approche du gars dernièrement abattu au sol. Elle touche son cou, cherchant un pouls, puis me fusille du regard, hurlant des ordres.

- Abattez-moi cette garce!

Plusieurs gars foncent dans ma direction. D'un coup de sabot puissant dans la terre, le sol se refroidit fortement jusqu'à se glacer totalement sous les pieds de ces enculés.  Un peu de patinage artistique, ça ne leur fera pas de mal ! Certains tentent de rester debout sur cette patinoire, mais d'autres les entraînent dans leur chute. Je ne fais pas attention sur le moment, trop concentrée sur ceux qui s'effondrent pour mieux profiter de cette dégringolade. Déshonneur sur moi. Des archers, arrivés ensuite, me visent et tirent leurs premières flèches. J'en esquive quelques unes, les faisant se planter dans des pics de glace mais l'une d'elle vient se nicher dans mon épaule droite. Celle qui n'est pas protégée, bien évidemment !

- Argh, merde !

Bordel...D'un mouvement brusque de la main, je casse la flèche, ne laissant que la pointe et un petit bout de bois dépassé de mon épaule. Du sang ruisselle sur ma peau et mon armure. Fait chier, putain ! Je dois me concentrer...Prise d'une forte colère, je me rue vers l'un des gaillards qui s'est pété la tronche pour lui planter le bout de flèche que je tiens en main, dans sa putain de gorge. Crève, fumier ! Cherchant à massacrer les autres abrutis au sol, je marmonne des paroles magiques pour faire dresser un mur de glace devant les archers pour éviter de me faire tirer comme du gibier. Un à un, je viens les achever au sol. Plus vite Yukka, plus vite...

Mais ces insectes sont toujours là. Une vraie fourmilière, il en arrive encore. Des bourrins viennent péter les  murs de glace, créant des failles. Une nouvelle volée de flèches. Je bouge aussi vite que je le peux. Une autre volée. J'esquive autant que je le peux. Encore une. Une autre flèche transperce ma queue, presque à sa base. Cela m'arrache un râle rauque.

- Enfoiré !

La douleur me lance jusque dans la chute de reins...Saloperie. J'essaie de donner un autre coup de sabot pour déstabiliser les archers. Espérons que ça fonctionne...

Zorro Wolfen

Créature

Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

Réponse 18 dimanche 19 mars 2023, 18:52:41

- Allez, allez, dépêchez-vous !

Dans le campement, c’était l’effervescence. De là où il se trouvait, Zorro entendait distinctement les cris et les appels aux armes qui résonnaient à travers les tentes, ponctués de hurlements à glacer le sang. Il avait demandé à Yukka d’attirer l’attention le plus possible. Elle l’avait manifestement pris au mot. Il espérait juste qu’elle n’en ferait pas trop ; même s’ils ne se connaissaient pas depuis longtemps, il appréciait sincèrement la jeune femme et son foutu caractère, et il ne supporterait pas que les brigands lui fassent du mal. Et surtout ne la blessent gravement.

Inquiet, anxieux même, il essayait d’inciter les villageois prisonniers à accélérer le mouvement. Une chaîne s’était formée entre l’immense cage et l’orée de la forêt où les premiers évadés s’étaient réfugiés, accélérant l’organisation, mais la fuite demeurait bien trop lente.
Trop lente, et trop bruyante, risquant d’attirer une attention inutile de la part des esclavagistes. Et la situation empira encore lorsqu’un jeune enfant, apeuré par la tension ambiante, se mit à pleurer bruyamment, entraînant les autres avec lui, malgré l’intervention paniquée des adultes essayant de les calmer.

Les secondes s’égrainaient, interminables, épaisses comme la poix sortant d’un chaudron. Peu à peu la cage - combien de personnes peut donc contenir une foutue cage ! – se vidait. Il ne restait plus qu’une poignée de prisonniers. Plus que cinq. Plus que deux.

- C’est quoi ce bordel !?

Ce que Zorro craignait venait d'arrivait. Un esclavagiste était apparu. Il tourna la tête, la bouche grande ouverte pour donner l’alarme de ce côté-là, les poumons déjà remplis d’air. La lame tourbillonna en vrombissant comme un frelon furieux, accrochant dans sa course létal un éclat sombre venu du ciel, comme une promesse, avant de se teinter brusquement de pourpre. Un gargouillis bref, à peine audible, et le bandit s’effondra, la gorge à jamais emplie du dernier cri qu’il n’avait pas eu le temps de pousser.

- Courez ! Ne vous retournez pas !

Pas le temps de regarder si les derniers fuyards disparaissaient bien dans les fourrés protecteurs. Et tant pis pour l’idée des chevaux ! Le mercenaire filait comme le vent, la lame à la main. Malgré le chaos qui régnait au centre du campement, son ouïe sensible avait perçu un ordre, rapidement suivi d’un cri de douleur. D’une voix qu’il connaissait. Un murmure fila entre ses lèvres, emporté par le vent de sa cavalcade.

- Merde, Yukka … Plus vite !

Soudain, la chance sourit au mercenaire.
Alors qu’il avait abandonné toute idée les concernant, les chevaux apparurent soudain dans son champ de vision. Presque sur sa route. Et manifestement déjà affolés par le combat qui faisait rage à plusieurs mètres de là. Sans hésiter, il dévia sa course. Sa lame siffla dans le vent, tranchant violement les cordes qui constituaient la barricade.
Les bêtes n’eurent même pas besoin d’être encouragées. A peine la barrière était-elle tombée qu’ils partaient au grand galop, comme un torrent enragé, droit vers le cœur des affrontements.
Sautant de côté au dernier moment, le mercenaire esquiva de justesse la cavalcade furieuse, évitant de se faire renverser et piétiner à mort, avant de bondir à nouveau dans la masse. Sa main saisit la crinière volante d’un étalon et il parvint à se hisser sur son dos, profitant de l’inertie du destrier et retombant lourdement avec une grimace. Pas de selle, évidement, ni de rênes. Qu’importe, le troupeau affolé filait dans la bonne direction.
Agrippé à la crinière de sa monture, Zorro atteignit le cœur du campement bien plus rapidement qu’il ne l’aurait pu. Ou même qu’il ne l’aurait voulu.

Le chaos régnait tout autour de lui. Que ce soit à cause de l’arrivée des chevaux ou de la fureur des combats, un incendie s’était déclenché, dévorant rapidement les tentes les plus proches et se propageant au toit de la bâtisse en bois.
Dans la lueur sanglante des flammes, le guerrier aperçu Yukka, brandissant hache et magie, abattant ses ennemis et les gelant sur place, telle une déesse vengeresse de glace et de sang. Elle était terrible et magnifique, une vision propre à fouetter le sang de ses alliés et à pétrifier ses adversaires d’effroi.
Hélas, pour redoutable qu’elle fut, et malgré les corps qui gisaient déjà autour d’elle, malgré l’arrivée impromptue des chevaux hallucinés, les brigands demeuraient nombreux. Bien trop nombreux. Et c’était sans compter sur les archers qui, profitant de leur portée, tiraient volée sur volée, faisant pleuvoir une pluie de flèches sur la combattante nunaat.

Soudain, la monture de Zorro fit une embardée, sauta par-dessus un brasero renversé qui crachait son magma incandescent, et retomba lourdement, une flèche plantée dans la cuisse.
Alors que l’animal flanchait et s’écroulait, le mercenaire se redressa et bondit vers les archers, se réceptionnant en roulade, sans s’arrêter.
Deux moururent alors qu’ils s’apprêtaient à décocher. Un troisième tomba avant d’avoir pu réagir. Un autre se retourna et, apercevant le corps de ses camarades, poussa un cri d’alarme tout en tirant sur l’homme qui lui fonçait dessus. Le projectile mortel siffla furieusement aux oreilles de l’hybride sans le ralentir, et il percuta l’archer. Le choc fut rude. Soulevé de terre, l’homme lâcha son arme, l’air quittant violement ses poumons en un cri étouffé, avant de se retrouver embarqué dans la course du combattant. Un instant plus tard, un choc sourd résonnait dans l’épaule de Zorro, et le poids qu’il transportait s’affaissa soudain, deux flèches plantées dans le dos.

Sans ralentir, l’hybride chargea les deux derniers archers, propulsant de toute ses forces le corps qu’il transportait. Le premier brigand fut renversé sous le coup. Il n’eut jamais l’occasion de se relever. Le second, plus agile, évita le corps et lâcha son arc. Quand le mercenaire vint sur lui, il avait sorti sa lame et donné l’alarme, en dépit du chaos qui régnait. L’acier teinta contre l’acier. Parade. Feinte. Douleur. Le dernier archer tomba.
Zorro dégagea sa lame et se retourna, juste à temps pour bloquer une attaque. Il se dégagea, sa lame crissant affreusement contre celle de son nouvel adversaire. L’alarme avait porté ses fruits, les esclavagistes s’étaient séparés en deux groupes ; un pour Yukka, l’autre pour Zorro.

L’homme leva son épée, accrochant un reflet vif sur le sang qui y coulait, semblable à celui qui scintillait dans ses yeux assombris. Et le chaos s’accentua.

Parade. Coup. Esquive. Coup, encore et encore. Douleur vive, vite oubliée dans le courant du combat. L’odeur du sang, de la fureur, celle des flammes qui à présent embrassaient toute la clairière, transformant l’endroit en véritable enfer. Un goût métallique dans la bouche, une sensation poisseuse sur la peau. Le sel de la sueur, dans les yeux, sur les plaies. Les cris, de rage ou d’agonie. Et soudain un contact contre le dos. Puissant, grand.

- Salut Yukka. Comment va ?

La voix du mercenaire, légèrement moqueuse, presque enjouée, devait sembler surnaturelle dans la violence qui les entourait, un contraste marquant avec l’intense concentration qui se voyait dans son regard émeraude.
Comme un serpent, il se détendit et sa lame vola, trouvant une faille dans le cuir qui protégeait un coupe-jarret, juste au creux de l’aisselle, avant de filer à l’opposée et de dévier le coup de masse qui était destiné à lui défoncer le crâne.
A nouveau, l’épée, prise plusieurs semaines en arrière à un autre malfrat, usée et mal-entretenue par son précédent propriétaire, émit une plainte de mauvais augure, une première fissure apparaissant sur son tranchant. Zorro grimaça. Encore deux coups comme ça, et l’arme volerait en éclat.
Il repoussa son adversaire, une femme massive tout en muscles, d’un puissant coup de pied en plein ventre et jeta un œil sous le bras de Yukka, aux prises avec ses propres adversaires, moins imposants mais plus nombreux dans l’immédiat.

- Yukka ! On échange !

La jambe prête à le propulser, le mercenaire n’attendait plus que la réaction de la nunaat pour échanger leur place et leurs adversaires, la hache et le style de combat de la jeune femme étant probablement plus adaptés pour affronter des colosses comme la pillarde que l’épée ébréchée du mercenaire.
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Yukka

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    Description
    Dernière des Nunaat. Herboriste solitaire, un brin bagarreuse.
    Interdiction de l'appeler Biquette.

Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

Réponse 19 dimanche 06 août 2023, 00:49:05

Mise en place de l'at-mos-phère.

___***___

Je n'aurais jamais pensé que ma journée se serait déroulée de la sorte. L'agréable chaleur du bain et du lit de l'auberge du Coucher de Lune me donnent la sensation d'être un si lointain souvenir...La douleur me rappelle à la réalité. Putain d'flèche de merde ! J'ai beau avoir cassé la flèche de mon épaule, il m'en reste un sacré bout dans la chair et ça me lance énormément. Puis merde, ça n'a pas suffi à ces enculés, je m'en suis prise une dans la queue aussi ! Vous allez le regretter, je le jure ! Et bon sang, ça me lance dans tout le bassin. Je ne dois pas flancher, le combat est loin d'être terminé. Je ne mourrai pas ici ! Yukka, ressaisis-toi !

Je serre les dents, faisant fi de cette douleur qui me lancine le corps petit à petit. Mes coups continuent de pleuvoir, et même si j'ai mal, ça ne fait que renforcer la puissance de mes attaques, comme si un feu me brûlait de l'intérieur, reflet insatiable de ma rage à l'instant même. Je me mets à psalmodier aussi des paroles dans ma langue maternelle pour reconstruire des murs gelés me servant de boucliers. Cela n'évite pas tout mais c'est déjà pas mal.

Je suis aux aguets. Je suis attentive à tout car je suis seule contre beaucoup d'entre eux, Zorro encore derrière pour évacuer les esclaves. Soudainement, je sens une présence dans mon dos. Je sursaute un peu et je suis prête à bondir sur la personne derrière moi...En plus de s'appuyer sur moi, putain, j'ai mal à l'épaule ! Les blessures réveillent la douleur, en particulier dans l'épaule mais aussi dans le bassin, faisant remonter un grognement du plus profond de ma gorge. C'est aussi pour montrer mon mécontentement. C'est lui, Zorro...Et tu m'demandes comment je vais ? Cette blague, putain !

- T'occupes et concentre-toi!

Même avec l'arrivée de Zorro à mes côtés, le nombre d'esclavagistes ne diminue pas. J'ai l'impression de me voir dans une fourmilière et que des milliers de soldats cherchent à défendre leur reine. Je ne me défile pas pourtant. Un coup, j'utilise ma magie pour les déstabiliser, de l'autre, je sais toujours agiter ma hache avec férocité, tranchant les chairs et brisant les os. La vue du sang ne me fait rien, celui des crapules de ce genre, tout du moins. Ils n'ont que ce qu'ils méritent : la mort. Mais je ne vais pas mentir, je sens la fatigue me gagner. Je n'ai pas pour habitude de comprendre autant d'hommes d'un seul coup, même si l'engouement du combat me grise énormément. C'est mauvais signe...

Alors que je vois d'autres hommes de main arriver sur le champ de bataille en flammes, Zorro fait face à ses propres ennemis et j'entends le métal de leurs armes s'entrechoquer. Alors que j'entends un arme s'abattre sur lui, Zorro me souffle l'idée d'échanger d'adversaires, chose que j'accepte de suite en hochant du chef. Il déstabilise la personne en face de lui et c'est ainsi qu'on échange de place.

Me voilà face à une femme, plutôt grande. Je dirais qu'elle a le même gabarit que moi, la connasse. Rouquine, je peux voir sur sa peau des muscles superbement dessinés, sa peau marquée par le soleil ici et là, aussi couverte de multiples cicatrices. Ses yeux d'un vert pâle me transpercent, son regard accentué par le maquillage blanc qui lui barre le visage à la verticale. On pourrait presque croire à une copie de moi, en version humaine. Elle transpire la force, maniant une hache avec un plus petit manche que la mienne. Je dois me méfier...

Un sourire carnassier illumine mon visage, heureuse d'avoir une telle adversaire. Il est rare que je combatte des femmes, alors je jubile. Cependant, je me refuse à me battre en utilisant davantage la magie. Si je continue à me servir de mes sortilèges, je vais finir à genoux, voire pire que ça...Et il faut dire qu'il y a un peu de mon ego qui souhaite mettre à mal cette guerrière par la seule force de mes bras.

Les frappes pleuvent, le bruit de métal s'entrechoquant fait vriller nos tympans. Alors qu'aucune de nous ne prend le dessus, la rouquine vient me taper dans l'épaule blessée, m'arrachant un cri de douleur. Prise de rage, je lui attrape le poignet qui cherche à me mutiler davantage, celui tripotant le reste de flèche transperçant ma chair, et d'un coup vif de mon sabot, je la renverse au sol en hurlant.

- Crève, salope !

J'abats ma hache avec force sur cette catin, mais elle roule sur le côté et en profite pour se redresser. Ma hache étant plus longue que la sienne, j'ai des mouvements légèrement plus lents que cette putain. Ce combat ne va mener à rien. Cela a beau être une humaine, une femme même, elle sait se battre. C'est grisant de combattre une telle personne. Mais, il faut dire que je commence sérieusement à fatiguer, la douleur dans l'épaule et le bassin me lancinant de plus en plus. À cette allure, je ne tiendrai pas longtemps. Je m'épuise...

Dans mon ras-le-bol, je tente le tout pour le tout. Enrageant de tout mon saoul une dernière fois, allant chercher la fureur au plus profond de mon âme, je frappe la lame de ma hache, la plantant dans le sol avec force. Psalmodiant des mots glaçants en nunaat, je fais apparaître une aura bleutée autour de mon arme ainsi que mon corps. Ma chevelure de jais se met à flotter dans les airs, mèche par mèche. Je hurle et une aura glaciale s'échappe de mon corps, en un coup fulgurant.

- Assez !

Des stalactites de glace sortent de terre, venant trouer les ennemis de part et autre, sur une quarantaine de mètres à la ronde, évitant Zorro de justesse. Ces pics bleutés se teignent d'une magnifique cascade rouge. Je n'entends plus rien, pas même ma propre respiration. Juste un puissant son strident me perforent les tympans. J'essaie de me redresser à l'aide de ma hache, mais mon corps se fait si lourd. Même ma tête pèse beaucoup. Ma vue se trouble. Les flammes s'éteignent, le monde devient blanc. Puis vient le néant...

Zorro Wolfen

Créature

Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

Réponse 20 lundi 25 septembre 2023, 00:49:51

-Yukka ! On échange !

A peine la nunaat avait-elle hoché la tête pour marquer son assentiment que Zorro passait à l'action. Il se détendit d'un coup, passant sous le bras de son alliée comme une ombre et asséna un brutal coup de coude au bandit le plus proche, qui émit un gémissement des plus satisfaisant alors que sa tête partait en arrière, le nez et quelques dents brisées.
Le soudain changement d'adversaire perturba les autres esclavagistes, un bref instant, suffisant pour que le mercenaire se remette en garde, la lame devant le visage, son regard émeraude bien plus acéré que le fil de son épée, un sourire carnassier placardé sur son visage maculé de sang.

-Messieurs, après vous …

Le combat repris, violent, sauvage. Bien que leurs rangs aient été clairsemés, les malfrats restaient nombreux ; il en arrivait sans cesse, comme une armée de fourmis en colère, des vermines patibulaires déterminées à éradiquer les inconscients qui avaient osé s'attaquer à eux.
Zorro dansait au milieu du nombre, frappait comme un serpent, esquivait comme un courant d'air, parait des coups qui faisaient hurler son épée mal en point, mais la fatigue commençait à se faire sérieusement sentir. Les coupures, légères encore, s'accumulaient de plus en plus sur son corps, et son armure ne valait pas beaucoup mieux que son arme, percée de toutes parts, devenue moite de sueur et du sang qui s'échappait de dizaines et de dizaines de plaies en tout genre.
Alors qu'il tourbillonnait et virevoltait tel un derviche en transe mystique, le mercenaire avait vaguement conscience qu'à quelques pas de là Yukka menait son propre combat. Un combat qui devait s'avérer plus compliquer que prévu, la "jeune" femme ne l'ayant pas encore rejoint dans la mêlée.
D'un coup de pied, il envoya à terre un énième adversaire, la jambe brisée, et fit vrombir son épée à deux mains autour de lui, produisant le bruit de mille bourdons furieux et se ménageant un petit espace pour souffler, le temps de jeter un regard à l'Amazone à la hache.

Ce fut à ce moment précis qu'un enfer de glace se déchaîna.
Provenant de la jeune femme, des pieux de glace surgirent soudain de sol, à une vitesse démentielle, empalant tout ceux qui se trouvaient sur leur chemin. Par miracle, Zorro fut épargné, esquivant et parant de justesse un pic qui se dirigeait vers son ventre et transperça finalement le renégat qui se trouvait derrière.

Brusquement un silence assourdissant tomba sur la scène, presque aussi violent que les combats un instant plus tôt. Sur presque cinquante mètre, de toutes parts, les corps des esclavagistes reposent sur des stalagmites acérées, teintant lentement la glace de rouge, immobiles, comme si le temps lui-même s'était arrêté. Et au centre de ce carnage, Yukka, la hache plantée dans le sol, couverte de sang, semblable à une déesse vengeresse avec ses mèches sombres qui paraissaient flotter au gré d'un vent invisible. Une déesse redoutable. Magnifique. Et qui, comme au ralenti, presque avec grâce, commença à chanceler.
Zorro se précipita, manquant de glisser sur la glace qui recouvrait les lieux, et arriva juste à temps pour rattraper la tête de la nunaat avant qu'elle ne touche le sol, inconsciente.

Le temps reprit alors son court. Autour du mercenaire et de la jeune femme, en dépit de la glace, l'incendie continuait de faire rage, consumant tentes et maisonnette avec un grondement sourd. Il leur fallait fuir, fuir avant de se retrouver piégés par les flammes ou que d'éventuels renforts n'arrivent. Pas le temps de fouiller les corps. Et impossible pour l'heure de se diriger vers le village de charbonnier ou de suivre les ex-prisonniers, la voie étant barrée par les massives aiguilles de glace.

Sans plus attendre, espérant seulement que les villageois étaient saufs, le mercenaire chargea Yukka sur ses épaules et se releva, trébuchant soudainement. Diantre ! Bien que grande, il ne s'attendait pas à ce qu'elle pèse ce poids !
Rajustant sa prise, il se mit en route, slalomant entre le feu et la glace, aussi rapidement que possible. Dès qu'il eu dépassé les abords du camp, il accéléra, trottinant dans la forêt en évitant autant que possible de secouer son précieux fardeau, éclairé par la lueur de la lune à travers les feuillages.
Au bout d'une longue course, il tomba à genoux, épuisé. Le combat et ses blessures réclamaient leur dû, le privant de sa force et de son endurance. Posant délicatement sa compagne au sol, il reprit son souffle en observant les alentours, aux aguets. Ils ne pouvaient rester là, ils étaient encore bien trop proche du champ de bataille ; il en percevait encore le son, au travers des fourrés. Avisant des arbres proches, couchés au sol, il se releva en grimaçant et se mit au travail.
Quelques minutes plus tard, il marchait à nouveau d'un pas vif, trainant derrière lui Yukka qui reposait sur un brancard improvisé, fait de branches et de leurs capes nouées à la va-vite.

Il marcha ainsi longtemps, longtemps, la lune poursuivant sa course dans le ciel nocturne. Aux premières lueurs de l'aube, il parvint à un terrain plus accidenté. Et là, comme un heureux coup du sort, il découvrit un trou dans une paroi rocheuse. Une rapide inspection de l'endroit lui apprit ce qu'il voulait savoir : la grotte était sèche, inhabitée depuis longtemps, haute et assez profonde. Un refuge idéal.
Il y traina la guerrière inconsciente, toujours sur son brancard, et se laissa tomber à côté d'elle, adossé au fond de la grotte, en poussant un grognement de fatigue. Il se laissa aller quelques instants, le temps de reposer ses muscles endoloris, avant de se relever en se tenant les hanches.

Si la plupart des blessures qu'il avait reçu au cours du combat étaient maintenant refermées et ne laisseraient bientôt plus aucune marque visible, Yukka aussi avait été blessée, et elle n'allait probablement pas guérir aussi vite que le demi-lycan.
Il fouilla dans leurs affaires et parvint rapidement à rassembler de quoi faire des bandages rudimentaires. Dans la besace de la nunaat, il trouva aussi de nombreuses plantes. Hélas, malgré les leçons des enfants, il n'y a pas si longtemps, il ne connaissait pas encore assez la flore locale pour savoir si l'une d'elle était d'une quelconque utilité. Rassemblant ses trouvailles, il se rapprocha de sa patiente et entreprit de l'examiner. De nombreuses coupures zébraient le corps musclé de la guerrière, et plusieurs bleus marbraient sa peau de tâche plus sombre. Rien de cela ne m'était sa vie en danger dans l'immédiat, même s'il faudrait sans doute les nettoyer plus tard, et le mercenaire ne s'y attarda pas. Plus inquiétant, deux flèches étaient profondément enfoncées dans sa chair, l'une dans l'épaule et l'autre à la base de sa queue. La première en particulier le préoccupait : la hampe avait été brisée et à cause des mouvements du combat le bout restant s'était enfoncé plus loin encore, compliquant la prochaine extraction.

Se redressant, Zorro sortit de la grotte à la recherche de bois sec.
Quelques minutes plus tard, un petit feu brûlait dans la grotte dans lequel Zorro plongea la dague qu'il venait de réaffuter. Alors que la lame chauffait, il revint vers Yukka en se grattant la tête.

-Yukka, tu vas sans doute me tuer quand tu le découvriras, mais là, je n'ai pas trop le choix …

Et avec des gestes précautionneux, il entreprit doucement de la déshabiller. Il fit ça en essayant de préserver au maximum la pudeur de sa patiente, mais il ne pouvait s'empêcher de noter, bien malgré lui, la chaleur de sa peau, les muscles puissants qui roulaient dessous, élégamment dessinés et qui ne gâchaient en rien la féminité de la femme, ou les magnifiques courbes qui se dévoilaient à mesure qu'il retirait son armure.

-Franchement Miss, tu ne pouvais pas tomber dans les vapes à un autre moment ? Proche d'un hôpital par exemple ? Non, vraiment, il fallait que tu le fasses ici et maintenant …

Il parlait pour détourner son attention alors qu'il lavait le corps étendu sous yeux, usant d'un bout de tissu et de l'eau de leurs gourdes, essuyant le sang coagulé pour mieux voir ce qu'il faisait, en profitant pour vérifier qu'elle n'avait aucune plaie dissimulée.

-Bon au plus dur maintenant … Pour le coup, ce n'est pas plus mal que tu sois inconsciente …

Revenant à la dague maintenant désinfectée, il la saisit et la remua un instant dans les airs pour la refroidir avant de retourner s'agenouiller à côté de Yukka.

-D'abord la queue. On extraie, on nettoie à nouveau, on bande. Puis on passe à l'épaule. Et s'il reste des bandages, on couvre les plaies les plus sérieuses.

Et c'est ainsi qu'il procéda, retournant la belle sur le ventre le temps d'opérer, aveugle à tout ce qui n'était pas la queue et la flèche plantée dedans. Zorro était doué, bien que n'ayant pas la dextérité d'un chirurgien, et la flèche vint assez rapidement. Poser le bandage fut plus compliqué, le mercenaire devant jouer avec la queue qui le gênait. Finalement il y parvint, entourant les hanches, la queue et une des cuisses de la guerrière dans une bande de lin pour maintenir le tout. Après quoi il s'occupa du trait fiché dans l'épaule de sa patiente.

Comme il le craignait, l'extraction s'avéra bien plus délicate, et lui fallut plusieurs minutes pour y parvenir. Le bandage, en revanche, fut très rapidement mis en place.

Son travail achevé, Zorro se releva en épongeant la sueur sur son front et observa le résultat d'un œil critique. Il connaissait plusieurs personnes qui l'auraient sans doute traité de tous les noms en voyant ce qu'il avait fait, mais dans l'ensemble il s'estimait satisfait.
 Il couvrit Yukka de sa cape, la laissant dans le brancard – toujours mieux que la poussière de la grotte – et retourna s'asseoir auprès du feu en buvant à sa gourde, presque vide.

-Et maintenant, il n'y a plus qu'à attendre, et espérer.

La journée s'écoula lentement. Pour s'occuper et assurer leur sécurité, Zorro avait bricolé de quoi dissimuler l'entrée de leur abri, à l'aide de lierre et de buisson. Il avait aussi répandu tout autour de nombreuses brindilles sèches qui serviraient d'alarme rudimentaires, si jamais quelqu'un ou quelque chose s'aventurait par là. Régulièrement il vérifiait l'état de sa compagne, stable pour l'heure, et retournait à ses occupations, songeant aux pouvoirs qu'elle possédait, au combat qu'ils avaient mené ensemble, et espérant que les villageois étaient sains et saufs, et même à l'abri.
Vers la fin de la journée, alors que le soleil commençait lentement à disparaître et que l'obscurité gagnait les fourrés, Yukka s'agita soudain dans son sommeil. Zorro se rapprocha, constatant que son visage était couvert de gouttelettes de mauvais augure. Il lui toucha le front. Elle était brûlante.

-Par la sainte culotte de Maya ! C'est pas vrai !

Ramassant leurs gourdes, il poussa un nouveau juron, particulièrement vulgaire.

-Et évidemment, on n'a plus d'eau !

Il regarda la femme qui s'agitait, se mordant la lèvre.

-Bon, pas le choix …

Il s'agenouilla près d'elle, murmurant à son oreille qu'il revenait vite, qu'il allait chercher de l'eau, et se mit en route, prenant juste le temps de graver un morceau de bois à l'intention de Yukka si elle se réveillait pendant son absence.
Une fois encore, la chance lui sourit. En longeant la paroi rocheuse, son ouïe aiguisée perçu le glougloutement joyeux d'un cours d'eau. Suivant le bruit, il parvint rapidement à un petit ruisseau clair qui coulait entre les rochers. Il le goûta. L'eau était fraîche, presque froide comme un torrent de montagne. Il en remplit les deux outres et revint à leur grotte. Il ne s'était pas absenté plus de dix minutes.

A l'intérieur, Yukka était toujours allongée. Il s'installa auprès d'elle, saisissant un linge propre dans ses affaires qu'il imbiba de l'eau de source et tamponna doucement le front brûlant de la nunaat. Elle fini par se calmer, bien que toujours brûlante. Avec un soupir, Zorro remonta la cape qui était descendu et ferma les yeux, assis à côté de la jeune femme, tenant sa main dans la sienne.

-Ne t'avise surtout pas de me claquer entre les doigts, compris ?

Inquiet pour elle, inquiet à l'idée que d'éventuels bandits survivants ne les trouvent, il ne dormit pas beaucoup cette nuit-là.

Le lendemain, l'état de Yukka ne s'était pas amélioré, emplissant le mercenaire d'une sourde angoisse. Certes, ils ne se connaissaient pas depuis longtemps, à peine plus de deux jours à vrai dire, mais malgré tout il s'était attaché à la jeune femme et à son fichu caractère. La voir ainsi, si vulnérable, lui était presque insupportable.
Puisant à nouveau dans leurs réserves d'eau, il épongea la sueur qui la couvrait, jusqu'au sommet de sa poitrine, avant de vérifier l'état des bandages improvisés et des blessures en-dessous. Modérément satisfait, il se redressa en jetant un œil critique aux outres. Si la fièvre continuait encore, il allait falloir qu'il trouve une autre solution. Et hors de question de déplacer Yukka dans son état. En somme, il n'avait pas d'autre choix : il allait devoir retourner au camp des esclavagistes, en espérant que quelque chose d'utile avait résisté … Et que personne ne serait présent !

Résolu, il recouvrit la nunaat de sa cape, lui caressa le visage en remettant une mèche de cheveux en place et se mit en route, prenant soin de bien remettre le camouflage de la grotte derrière lui.
Il revint une grosse heure plus tard, un sourire aux lèvres.

-Me revoilà la belle à la grotte dormante. Et j'ai de bonnes nouvelles !

Revenant près de Yukka, il vérifia comment elle se portait avant de raviver leur feu de camp.

-Je suis retourné au campement des bandits. C'était un sacré bordel, je ne vais pas te mentir. Mais première bonne nouvelle, l'incendie qui s'y était déclaré ne s'est pas répandu outre mesure. Seconde bonne nouvelle, j'ai croisé une meute de loup pendant que je fouillais.

Alors que le feu prenait de l'ampleur, Zorro dégageait l'entrée de la caverne, permettant à l'air de pénétrer les lieux.

-Je crois qu'il y en a un qui m'a repéré, mais je ne me suis pas approché plus. Et surtout ça signifie qu'il n'y a plus personne dans le coin. Donc nous ne risquons plus rien. Et enfin j'ai trouvé ça !

Bien que Yukka soit toujours inconsciente, il lui désigna deux seaux en fer blanc déjà remplis d'eau, l'un deux posé sur le feu ronflant.

-Donc je vais pouvoir laver tes bandages et éviter d'avoir à aller faire le plein tous les jours. Merveilleux non ?

A compter de ce moment, une routine s'installa pour le mercenaire.
Au réveil, il relançait le feu puis examinait sa patiente, épongeant la sueur qui recouvrait son corps, pressant un peu d'eau sur ses lèvres violettes pour l'hydrater, avant de vérifier l'état de ses blessures et de laver puis changer les bandages. Considérant que l'hygiène était importante pour guérir, il la lavait elle aussi lorsque le besoin s'en faisant sentir.
Dans ces moments-là il éprouvait toujours une pointe de gêne un peu coupable. Il n'était pourtant un homme prude à l'excès, et il faisait de son mieux pour préserver la pudeur de sa compagne de grotte, mais ses sens étaient bien trop affûtés pour que quoique ce soit lui échappe, que ce soit le contact de sa peau mauve, les cicatrices qui la marquait ou l'odeur que son corps enfiévré dégageait.
La toilette terminée et les bandages remis, il la rhabillait, utilisant sa chemise de rechange, plus simple à enfiler et plus confortable que l'armure de la guerrière, puis il s'occupait de lui, mangeant, faisant ces exercices et se décrassant lui-même.
Ensuite, il vaquait à ses occupations, aménageant la grotte - il avait commencé par faire un véritable lit pour la malade, plutôt que de la laisser sur le brancard – rassemblant du bois pour le feu, ramenant de l'eau au besoin et chassant ou cueillant leur futur repas.
Le soir venu, il préparait le repas, le plus souvent un bouillon épais qu'il pouvait administrer à la souffrante puis s'amusait à sculpter de petits bouts de bois avant de remettre en place la "porte" qu'il avait confectionné le premier soir et de se coucher. Et à chaque occasion il parlait à Yukka, même pour ne rien dire, ignorant si elle pouvait l'entendre ou non, racontant sa journée, des anecdotes insignifiantes, affirmant qu'elle allait guérir et que tout irait bien, persuadé qu'au moins comme ça elle saurait qu'elle n'était pas seule.

Cette routine dura plusieurs jours durant lesquels la fièvre de Yukka fini par diminuer pour finalement disparaître complètement. Ses plaies aussi avaient commencé à bien guérir, et le stade critique où une infection pouvait se déclarer était passé.
Le lendemain, Zorro était occupé à déplumer et vider des oiseaux devant la grotte, assis sur une souche qu'il avait ramené, quand un bruit venant du refuge lui parvint.
Abandonnant sa tâche à moitié achevé, il se précipita au chevet de la jeune femme et contempla le visage qu'il connaissait désormais par cœur et qui semblait vouloir s'éveiller.
Délicatement, il passa une main derrière sa tête pour la soutenir et lui parla d'une voix douce, sourire aux lèvres. Un sourire rassuré, presque tendre.

-Bonjour belle demoiselle. Tu as bien dormi ?
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#A1A9D1

Yukka

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    Description
    Dernière des Nunaat. Herboriste solitaire, un brin bagarreuse.
    Interdiction de l'appeler Biquette.

Re : Bienvenue à Loudpard, école de sorcellerie

Réponse 21 vendredi 12 avril 2024, 23:55:18

Et la nunaat sombra.

Attendez, est-ce que je suis dans un rêve ? J'ai cette sensation d'être là sans l'être, de voir mon corps comme si j'étais quelqu'un d'autre, d'être en face de moi sans pouvoir me contrôler. Est-ce que je suis...morte ? Non, s'il-vous-plaît...Je ne peux pas partir ainsi. Miuggrayd...Je n'ai pas encore accompli ma mission. Je...Je devais venger les miens. Je suis désolée, Père. Je n'apporte que le déshonneur sur notre famille. Déjà de par ma survie, d'avoir été la seule et unique encore debout, mais surtout, de n'avoir pas réussi à vous rendre hommage, ni fier comme il se doit...

Tout est sombre autour de moi. Pas même une étoile ne vient éclairer mon chemin dans ce désert obscur baigné d'une aura mystique impalpable. Mes lèvres s'entrouvrent comme pour crier, mais aucun son ne sort. Rien ne vient troubler ce silence de mort. Je me laisse happer par cette force invisible qui m'attire comme un aimant dans un sommeil qui me semble infini, ce sommeil que je ne veux pourtant pas du tout...

___***___

Aujourd'hui, je suis descendue dans les plaines. Ce n'est pas un fait rare, mais il est pourtant important de le noter. J'ai prévenu mon père que je partais cueillir quelques plantes pour célébrer la future union de Mebe et Drom. Ils se connaissent depuis si longtemps mais, étant de grands timides tous les deux, ils ne se sont déclarés qu'il y a quelques mois. Il n'a pas fallu longtemps pour que ça finisse par un mariage. Cela m'arrache un sourire. Certes, c'est un peu niais mais ça reste mignon. Ce n'est pas à moi que cela arriverait. Il est vrai que je suis toute jeune encore et que je ne connais rien à l'amour, mais je ne m'y suis jamais intéressée et j'ai cette sensation que c'est quelque chose qui n'est pas fait pour moi. Mon père me rabâche que ma mère m'aurait dit qu'il y a de l'amour pour toute personne sur Terra, même pour une bourrue comme moi, mais ces paroles sonnent creuses. Non pas que mon père est un menteur mais vu mon caractère, le garçon manqué que je suis, j'émets de réels doutes. C'est aussi cela de vivre dans une grande fratrie composée que de garçons, mis à part ma personne. Mais je ne m'en plains pas. Malgré l'absence de ma mère, j'ai toujours été heureuse. Et c'était tout ce que je souhaitais aux futurs jeunes mariés !

L'air est si agréable, plus doux que dans les hauteurs du village. Il faut dire que les plaines ne subissent pas les blizzards violents, ni même les tombées de neige incessantes. Ici, cela respire le printemps ou même l'humidité des forêts. La végétation y pousse joyeusement, et ce n'est pas pour rien que je me retrouve ici aujourd'hui.  C'est un sourire aux lèvres que j'avance vers la lisière pour y récupérer de la digitale pourpre. À l'aide de ma serpe, je cueille quelques plantes supplémentaires pour faire des guirlandes afin de décorer la scène, mais aussi quelques petites choses en plus pour préparer de succulentes boissons. Ce soir, c'est plus qu'une simple fête ! C'est l'amour qu'on célèbre ! ...Ergh. J'ai eu un léger dégoût dans le fond de la gorge, qui m'est remonté. Un frisson me prend un instant dans le dos. Bon, faisons vite. Je dois encore faire le chemin retour, la besace pleine, jusqu'au village, et préparer tout ce que j'ai ramené. Personne ne pourra résister à mes cocktails !

Adieu le printemps, en route vers les glaces éternelles ! Le vent se met doucement à hurler à travers les montagnes, soulevant des tourbillons de poudreuse, obscurcissant le ciel déjà bien gris. La tempête fait rage, engloutissant tout sur son passage, mais je reste debout. J'avance péniblement à travers ce chaos blanc, mes sabots marquant à peine le sol balayé par une épaisse couche de neige fraîche. Je n'ai pas froid. Les Nunaats ne le craignent pas. Des légendes disent que c'est pour cela que nous avons la peau bleutée, voire violacée. Je sais, par des échos, qu'on nous dit sauvages, mais surtout très cruels. Comment peut-on nous décrire ainsi alors que ma mère était une crème ? Alors que nous vivons principalement reclus dans les montagnes. Il n'y a quasiment aucun étranger qui ose s'aventurer à travers les glaces pour rejoindre le village et échanger avec nous. Mais les Nunaats n'ont que faire de ces paroles.

Les yeux plissés pour éviter le vent qui me fouettait le visage, je scrute l'horizon. À mesure que j'avance, la neige craquant sous chacun de mes pas, les ombres des bâtiments du village se dessinent faiblement à travers la tempête. C'est le sourire aux lèvres que je me dirige vers ma maison, accélérant le rythme, histoire de mettre à l'abri mes plantes, durement récoltées à la sueur de mon front.

Cependant, alors que j'approche du village, un frisson étrange me travers l'échine. C'est désagréable. J'ai un très mauvais pressentiment. Une atmosphère sinistre s'installe assez rapidement. Pourtant, c'est censé être un jour de fête, non ? Mis à part le vent qui crie sa présence, pas un bruit. Où sont les chants d'amour ? Où sont les gens qui crient pour installer les tables ? Où sont les cuistots qui hèlent pour terminer le repas ? Aucun son. Aucune lumière. Rien ne venait briser ce silence qui me rend nauséeuse. Difficilement, j'avale ma salive, m'arrachant la gorge comme si j'avalais des rasoirs...

Je...Je ne sais décrire ce que je vois devant moi. La neige...est rouge. Le vent hurle, interrompant uniquement le silence pesant au sein du village. Celui que j'avais laissé si animé est désormais un énorme tombeau taiseux. Les portes des maisons étaient ouvertes, non pas pour accueillir les invités, mais pour démontrer les scènes sanglantes qui s'y sont déroulées. Mon père ? Mes frères ? Tous éparpillés autour du village, ils ont dû se battre pour protéger tout le monde mais...Des corps gisent ici et là, dans des positions...Un peu comme s'ils avaient été des marionnettes. Ils sont désormais les témoins muets du massacre qui m'a rendue orpheline.

Je sombre. Ce doit être un mauvais rêve. Je vous en prie...À bout, je m'effondre à genoux, des larmes gelant sur mes joues. Ma gorge se noue. J'ai beau hurlé, personne n'entend ma peine. La tempête ne cesse de battre la poudreuse qui recouvre petit à petit le corps de mes proches, faisant disparaître à jamais les Nunaats. Le blizzard étouffe mes pleurs, mes cris de désespoir, lui si indifférent à ma douleur...Lui qui ne fait qu'accroître ma solitude. Lui qui fera cesser d'exister...

Je ferme doucement les yeux. À quoi bon vivre maintenant ? Qu'est-ce qui m'attend ? Je m'allonge dans ce lit de glace. La mort me paraît être une bonne amie. Neige, absorbe-moi. Nourris-toi de moi, comme tu l'as fait de mes frères, de mes pères...Une douce lueur caresse mon visage. Je sens même mon corps se chauffer un peu. Serait-ce la délivrance ?

___***___

- Miuggrayd...

Un son, comme un bourdonnement, résonne dans ma tête. Je sens mon corps si lourd que même mes paupières peinent à s'ouvrir. Une légère lumière m'éblouit mais rapidement, une ombre semble approcher de moi. Ma vision est trouble et je ne parviens pas à distinguer le visage de ce compagnon, si cela en est un. Suis-je encore en train de rêver ? J'essaie tant bien que mal à me redresser, grimaçant à la douleur qui me lancine le corps.

J'ai l'impression d'être plongée en plein brouillard. Le peu de formes que j'arrive à distinguer sont comme vaporeuses, pour le peu que je puisse voir. C'est...Cette sensation ne m'est pas agréable DU TOUT ! Je dois être plongée dans un songe. J'ai comme un nœud dans la gorge, comme si les mots ne voulaient pas que je les prononce. Cette interdiction m'indique-t-elle qu'on m'a arrachée la langue ? Ou alors, suis-je beaucoup trop faible pour dire le moindre mot ?

Un souvenir vient me faire grimacer, un peu comme si un rayon de soleil m'aveuglait, à l'instant. Ah oui, c'est vrai...J'étais en plein combat et j'ai perdu connaissance. Hin...Je crois qu'il me prend de sourire, à moins que ce ne soit une grimace. Je ne saurai dire. Cette sensation que mon corps ne m'appartient plus, putain, que j'la déteste !

Cette ombre qui s'approche, est-ce Zorro ou bien un ennemi ? Je prends le temps de réfléchir deux secondes, et ne sentant pas un coup de dague dans ma gorge, mon flanc, ou mon cœur, c'est qu'il s'agit de cet idiot. Un grondement rauque fait vibrer ma langue contre mon palais, essayant de retrouver ne serait-ce qu'un peu de parole. Je dois lui répondre. Il m'a appelée « belle demoiselle », après tout !

- Bâ...tard..Tu p...p-perds rien p...pour at-attendre...

Bordel, c'que ça a été compliqué ! Un léger rire me secoue un peu, mais j'ai sacrément mal, putain. Je suis lessivée ! Comme si je m'étais faite piétiner par une horde de chevaux sauvages. Au moins, je suis avec quelqu'un que je connais un peu. Bon, depuis deux jours mais ce n'est pas un total inconnu ! Ce n'est pas un ami mais je suis encore en vie ici, c'est bien grâce à lui. Je devrais le remercier...Mes sourcils se froncent légèrement, accompagnant mes dires.

- M...Grmph...M-merci...

Argh, ma gorge, bordel de merde ! J'ai avalé du sable ou quoi ? À moins que ce ne soit des cendres...Cela n'en reste pas moins dégueulasse. J'essaie de lever un peu mon tronc, d'appuyer sur mes bras, mais je n'ai pas de force...J'dois tirer une de ces gueules...En même temps, avec la douleur pulsante dans ma tête, y'a peu de moyen pour que je sois divine. Et puis en fait, qu'est-ce que je m'en tamponne le coquillard, moi ? Depuis quand je pense à ça ? C'est le malaise qui m'a fait perdre la ciboulette ? Mh. Mh ? Y'a quelque chose qui me gêne...Baissant ma tête, toujours les yeux dans la brume, j'observe mon corps, recouvert d'une sorte de chemise, en peu trempée, et des bandages. Où est mon armure ? Attends, ça veut dire que...Je grogne un peu plus, sentant que je m'enflamme, mais mon état général me rappelle vite à la réalité, soufflant de douleur au moindre soubresaut de colère.

- J'espère pour toi que t'en as pas profité ! Putain...

Un frisson de gêne me parcourt l'échine alors que je jetais un regard confus autour de moi. Dans la précipitation, je croise le regard de Zorro puis grimace une nouvelle fois, ressentant comme de la confusion...Mêlée à de l'inconfort. Argh, il a dû voir tout ce que je cache...À quand remonte le dernier homme qui m'a vue ainsi ? Sans compter Miuggrayd, bien sûr...La honte, putain. Est-ce que je rougis ? Je n'espère pas. Putain, faites que non.

La nunaat se sentait encore engourdie et désorientée. Faible et honteuse.

- Q-qu'est-ce qu'il...s'est p-passé ?

Bordel, on dirait une vierge, gênée de faire sa première fois ! Je le vois bien qu'il est conscient de la situation délicate dans laquelle on se trouve, mais il ne prend aucun détour pour m'expliquer tout ce qu'il s'est passé depuis que je suis tombée dans les pommes. Elle est belle, la guerrière nunaat, n'est-ce pas ? PUTAIN ! J'enrage ! Même si je lui en suis très reconnaissante d'avoir pris soin de moi alors qu'il aurait pu me laisser pourrir sur le champ de bataille et me faire dévorer par les flammes, je me sens trop vulnérable. C'est désagréable d'être autant exposée à une personne qu'on apprécie, même si on vient de la rencontrer...Je me retrouve dans une situation inhabituelle qui me perturbe au plus haut point. C'est comme si...Comme si on m'avait mis du poil à gratter sur tout le corps et je n'avais aucune possibilité de pouvoir me soulager. C'est très TRÈS frustrant !

___***___

Il m'a fallu quelques heures de plus pour me remettre un peu plus sur pieds. Nous avons décidé de partir du lendemain, malgré les légères remontrances de Zorro par rapport à mon état. Je crois m'être suffisamment reposée pour reprendre la route vers l'académie. Un long voyage nous attend. Il nous faudra probablement plus d'une semaine pour atteindre les sommets enneigés de Lenwë, dans mon état. Je ne suis pas totalement requinquée mais on s'en suffira. 

Forêts de conifères et chemins rocheux ont été sur notre trajet pendant un bon moment, avant de finalement s'engouffrer dans les hauteurs enneigées. C'est au bout d'un long périple, un peu sur les rotules, que Lenwë se dessine enfin devant nous. L'Académie est une école de magie trônant majestueusement sur des sommets presque inaccessibles pour ceux qui manquaient de courage. C'est en quelque sorte un rite de passage pour pouvoir bénéficier du droit à l'étude de la magie.

L'Académie était facilement dissimulée par le blizzard balayant la montagne. Il servait généralement de barrière naturel la cachant des yeux d'autrui. Il pouvait arriver qu'un sort d'illusion ou d'invisibilité soit déployé pour masquer sa présence en cas de problème. Les tours élancées et les murs en pierres blanchâtres semblaient fusionner harmonieusement avec la nature environnante, créant une certaine atmosphère mystique autour d'elle. Les toits pointus des bâtiments étaient perpétuellement couverts de neige fraîche, reflétant les différentes lumières, solaires comme lunaires. Quelques sculptures telles que des gargouilles ou visages de grands mages prônaient sur le haut des tours et de l'entrée de l'école. Des fenêtres étroites et élégamment habillées de vitraux très clairs parsemaient les façades, émettant une lueur chaleureuse et discrète. D'ici, le jardin de l'Académie n'était pas visible mais il offrait un spectacle des plus bluffants, démontrant une nature figée dans le temps. L'ensemble créait une sensation de sûreté et de mystère bluffant, où le savoir mystique et les arts occultes sont enseignés et préservés dans un lieu d'une beauté enchanteresse.

Une fois à l'intérieur de Lenwë, l'atmosphère y était tout aussi envoûtante que son extérieur majestueux. Les vastes corridors en pierre sont éclairés par des chandeliers magiques qui projettent une lumière douce et vacillante, créant des ombres dansantes le long des murs ornés de tapisseries aux couleurs et symboles de différentes enseignements prodigués en ces lieux. Elle regorgeait d'un nombre incalculable de salles, aussi bien de cours, de bibliothèques, que de chambres pour les étudiants et professeurs.


- Bienvenue chez moi. Mais on attendra pour la visite complète. J'aimerais prendre un bain chaud et m'écrouler dans le lit. Et manger aussi. Enfin...Peut-être pas dans ce sens-là.

C'est au fin fond d'un couloir tranquille que je l'emmène. Et non, je ne vais pas le coincer contre le mur et...Bon, vous avez compris. J'ai besoin de cette paix propre à moi-même, y compris dans cette « maison ». Je m'arrête devant une lourde porte en bois sculpté. Certains ont dû nous voir sur le chemin jusqu'à ma chambre : ils vont sûrement parler de mon retour à Miuggrayd. Ouvrant ma main gauche, j'y condense de la glace pour former la clé de mon habitation, celle-ci disparaissant dans la serrure une fois la porte ouverte. Ma chambre me paraît basique...Enfin, je crois. La simplicité, c'est ce que je préfère.

La chambre de l'herboriste est un lieu aux multiples essences. Elle ressemblait à un sanctuaire mystique où quiconque passait le pas de la porte était accueilli par une explosion de couleurs et d'arômes envoûtants. Qui aurait pu croire que la propriétaire était une Nunaat belliqueuse et grognon ? L'habitation restait assez spacieuse. Des fioles scellées contenant des extraits de plantes rares reposent soigneusement sur des étagères spéciales, chacune étiquetée avec une écriture calligraphique. Des livres étaient éparpillés un peu partout, aussi bien dans les bibliothèques que par terre, sur les tables que sur le lit, certains encore ouverts sur les recherches de Yukka.

Au fond de la chambre se trouvait la seule fenêtre, dont les boiseries se voilaient de plantes au feuillage chatoyant. Des rideaux en soie fluide teintée de vert foncé encadrent la fenêtre, permettant à la lumière naturelle de filtrer délicatement à travers les feuilles des plantes magiques qui ornent le rebord. Des lampes aux teintes chaudes, semblables à des lucioles capturées, planent au-dessus du bureau se situant sous la fenêtre, créant une lueur douce qui accentue le caractère mystique de l'endroit. Le bureau est ce que l'on pourrait dire...en bordel monstrueux. Le bois foncé de celui-ci n'était visible que sur les pieds, le reste étant presque entièrement couvert par des grimoires anciens, fermés ou non, des mortiers en pierre, certains mêmes en marbre, accompagnés d'autres instruments d'alchimie et d'extraction.

Il faut dire que le vieux parquet était usé à certains endroits de la chambre, notamment autour du bureau et des étagères. Sûrement que les sabots de l'Edelweiss n'avait fait que maltraiter ce pauvre sol. Seul un tapis de fourrure reposait devant le lit. Celui-ci était assez grand pour y accueillir deux personnes massives. La Nunaat n'avait pas la folie des grandeurs, mais le confort, lorsqu'elle prenait le temps, ça lui faisait du bien.


Je dépose mon sac à dos non loin de mon bureau, en bordel comme je l'avais laissé. Malgré tout, la poussière n'avait pas pris place dans ma chambre. Je suis sûre que Miuggrayd y passait pour l'enlever et que celle-ci reste propre jusqu'à mon retour. Soupirant de fatigue, je me tourne vers Zorro.

- C'est pas l'grand luxe, mais voilà. S'tu veux, j'peux aller chercher de quoi grailler pendant que tu enlèves toute cette crasse accumulée.

Je pointe d'un doigt une porte entre deux étagères pleines, celle-ci menant vers un coin hygiène, idéal pour les petits besoins et les bains.

- Et j't'assure que toi comme moi, on en a besoin. Ou si tu veux, on prend un bain et on repart ensemble chercher d'la bouffe. Ça t'fera faire un p'tit tour du proprio, en plus d'être l'occas' pour demander une chambre pour toi.

Je baille un grand coup, soufflant ensuite fortement par mes narines. Et l'estomac chante...Ta gueule, deux minutes, ça va venir.


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