Promotion et conséquences (pv avec alice)

Liam Miller portait un nom célèbre et reconnu dans le milieu des cosmétiques. En effet, son père, John, avait fondé et developpé l'entreprise du même nom au gré des années et du temps qui passait. Parti de rien ou presque, c'était une vraie succes story à l'américiane.  Aujourd'hui à la tête d'une vraie multinationale, « Miller corporation » s'était bati une réputation solide en matière de parfums ou de produits de beauté.  En terme de marché mondial, John Miller et son entreprise se positionnait dans le peloton de tête.  Et peu importe finalement tout ceci s'était fait aussi à coup de renvois, de marketing agressif ou de rachats de concurrents potentiels de manière un peu trop véhémente.  Seul le resultat comptait et pour le coup, il était glorieux .

Mais revenons en à Liam Miller. C'était le dernié né de John, le troisième de ses fils. Le moins malléable aussi. Liam était celui qui avait eu le parcours le moins droit. Notamment au niveau scolaire. Oh, il avait aussi pour lui des diplomes prestigieux dans des écoles de haute réputation. Mais pour certains, cela s'était fait dans une certaine douleur. En d'autres termes, ce n'était pas l'élève le plus sérieux au monde. Et si son père n'avait pas usé d'une certaine influence mêlée à une grande force de persuasion, jamais Liam n'aurait continué dans cette voie.

Et puis il n'y avait pas que pour les études que le jeune homme de 24 ans avait du se faire tirer l'oreille.  Liam était un jouisseur de la vie, le type de personne qui aimait le plaisir, en donner comme en recevoir. Venant d'un milieu aisé, ce beau blond aux yeux bleus avait vite compris qu'il plaisait et qu'il avait un statut privilégié.  Et frocement il en avait joué. Regulièrement abonné aux diverses sorties nocturnes les plus exubérantes, son père avait fini par siffler la fin de la récré apres une  incartade de trop. Sommé de rentrer dans le rang, Liam avait été envoyé ici, au Japon, loin de l'agitation américaine et des excès qu'il pouvait y trouver.

Travaillant pour la branche japonaise de l'empire paternel, Liam savait que son père lui avait par cette action envoyer un message clair. C'était sa façon à lui de le punir. Il devait lui faire ses preuves, faire amende honorable en quelque sorte. Liam avait accepté, conscient qu'il n'avait pas vraiment le choix et que porter ce nom l'obliger à agir de la sorte.Sinon il serait simplement exclu de cette vie si confortable et agréable.

Voilà donc pourquoi et comment Liam s'était retrouvé ici. Depuis maintenant six bons mois, il travaillait avec et sous les ordres de Oguro Grashi, le patron de l'aile japonaise et asiatique de « Miller corporation ». C'était un bon ami de son père et Liam se savait doublement surveillé.  Il devait lui rendre des comptes mais pas seulement. Il était aussi responsable du projet «Dynamics ». C'était pour faire simple un projet qui avait pour but de viser un public plus jeune et donc de tenter d'attirer un autre type de clientèle. Notamment en jouant sur les réseaux sociaux. Pour Liam ce projet , et sa réussite ou pas, c'était le meilleur moyen de marquer des points auprès de son père. De lui montrer qu'il pouvait ausis etre sérieux quand il le fallait finalement. Raison pour laquelle il s'investissait sans compter là dedans. Et vivre au japon lui avait aussi permis de se calmer un peu au niveau des sorties ou de ses envies nocturnes. D'ailleurs, il était même en couple depuis quelques temps avec Jenifer, une mannequin qui travaillait pour l'entreprise. Elle était belle, issue d'une famille respectable et avait de la conversation. C'était la compagne parfaite pour un homme de son rang et comme en plus elle voyageait pas mal, cela lui laissait un peu de liberté d'action et n'avait pas la sensation d'étouffer dans une vie de couple.

En apparence donc on pouvait croire que Liam adoptait enfin l'attitude respectable que son père attendait de lui. Mais ne dit -on pas « chasser le naturel il revient au galop » ?Poiur Liam en tout cas c'était revenu depuis quelques temps. Depuis finalement qu'il devait choisir celle qui serait son assistante pour le projet « Dynamics ».  3 candidates etaient en liste et pour etre franc les 3 méritaient le poste. Elles avaient toutes de solides références et avaient fait leurs preuves dans l'entreprise. Seulement il n'y avait qu'une place. Il fallait donc faire un choix et finalement cela faisait partie du boulot.

Seulement quelque chose chifonnait Liam ; et plus precisement, le hantait. Des  trois candidates , il y en avait une qui l'intéressait particulièrement. Et pas forcément du fait de ses états de services non. C'était autre chose et Liam avait fini par comprendre ce que c'était. Et alors qu'il venait de rejoindre le parking souterrain où son véhicule était garé, cet intéret particulier pour l'une des employées en course pour le poste continuait de l'amuser et de lui plaire.Peut être parce qu'il savait ce que cela pouvait vouloir dire ?

Milla North faisait partie de ces Américaines qui avaient grandi au Japon. Son père, un Américain, avait émigré au Japon pour se marier avec une Japonaise. Mais Milla avait davantage hérité des traits paternels que maternels. Femme intelligente très à la mode, elle avait rejoint il y a plusieurs années, après avoir fait de brillantes études, Miller Corporation. Une solide multinationale basée sur les cosmétiques. Étant douée dans le marketing, elle avait pu directement devenir cadre, et était maintenant sur un gros projet. Un projet visant à développer une nouvelle gamme de parfum haut de gamme, « Dynamics 3 ». La firme centrale avait confié à la branche japonais ele soin de développer ce projet et de le mettre en application sur le sol nippon, pour une exportation ensuite à grande échelle. Autant dire que le rôle des publicitaires et des individus du pôle marketing était central, car c’était à eux qu’il revenait de commercialiser le nouveau produit.

Le projet avait été confié à Liam Miller, un golden boy que tout le monde accusait d’être un parachuté. Liam voulait former une équipe spéciale, une team avec une chief executive, et organisait, à ce titre, des entretiens, dans le but de vérifier qui était la plus compétente. Un poste crucial, et ce d’autant plus que Milla avait besoin d’argent. Elle avait après tout une bouche à nourrir, celle d’un petit garçon, ce qui l’amenait à passer trop peu de temps chez elle. Son mari, un Japonais, Kenji, était également très occupé dans son boulot, qui l’amenait à voyager d’un bout à l’autre du pays, dormant dans ces fameux hôtels-capsules où la chambre d’hôtel se résumait à un lit. Elle avait une nourrice qui prenait soin de Jonah, son fils, et Milla espérait bien avoir un meilleur salaire, et pouvoir passer plus de temps avec lui. L’avantage de ce poste, c’est qu’il y avait une part de télétravail, ce qui était l’idéal pour elle.

Motivée, Milla avait aujourd’hui un entretien privé avec Liam Miller. Elles n’étaient plus que trois en lice, véritablement, et avaient toutes un CV brillant. Milla était de plus en plus motivée, et attendait dans la salle d’attente du bureau de Liam. Elle portait une veste en cuir assez moulante, avec une élégante robe noire se terminant en minijupe dessous, et des jarretelles noires. Milla s’était également parfumée, et très légèrement maquillée. Une bien belle tenue, qui réussissait à allier élégance et professionnalisme.

*Après tout, un peu de charme ne fait pas de mal...*

Tout ce que Milla attendait, maintenant, c’était que Liam l’appelle, et d’être à la hauteur de ce qu’il attendait, quoi que ce puisse être...

Liam avait pris l'ascenseur en direction de son bureau après avoir garé son véhicule. En tant que cadre supérieur il avait droit à un ascenseur différent. C'était quelque chose qu'il appréciait chez les japonais : leur sens naturel pour la hierarchie. Il n'y avait pas besoin de rappeller qui était le chef , ils le savaient de manière naturelle.

Arrivé à l'étage de son bureau, il se dirigea vers le secrétariat. Il prit ses messages auprès de sa secrétaire et demanda de ne pas le déranger jusqu'à nouvel ordre. C'est qu'aujourd'hui, c'était le début des hostilités en quelque sorte.

Liam allait commencer l'entretien des 3 personnes retenues pour le poste vacant à pourvoir. La première sur sa liste n'était pas un choix innocent. C'était même celle qui l'intéressait le plus des trois. Il s'agissait de Milla North.  Son cv parlait d'elle même et elle avait tout ce qu'il fallait pour  occuper le poste qu'elle visait. Mais Liam portait aussi un tout autre intéret à cette femme.

Pourquoi le nier, le jeune homme de 24 ans etait sous le charme de cette mère de famille et femme mariée. Elle avait réveillé chez lui certaines pulsions. Il avait beau avoir en quelque sorte mis entre parenthèses sa vie d'antan , il n'en restait pas moins un homme sensible au charme féminin. Avec bien entendu, tout ce que cela impliquait bien sûr. Autrement dit, il ne pouvait pas avoir un regard neutre et purement professionnel sur elle. Certains auraient pu y arriver mais pas lui.

Alors concrètement qu'avait il en tête ? Lui même  ne le savait pas. Et alors qu'il entrait dans son bureau par une porte de passage dérobée, histoire de ne pas se montrer, il profita d'un court moment de temps mort pour relire le dossier qui portait le nom « Milla North ».  Il savait qu'elle l'attendait dans le petit couloir d'attente confortable qui lui servait de salle d'attente. Il l'avait ammenagé avec des tables , des chaises confortables et de quoi lire. Pourquoi relire cela ? Il voulait avoir  un maximum d'infos en tête. Il la savait ambitieuse , motivée et avec un enfant en bas âge. Cela pouvait être un frein comme un levier intéressant et il allait devoir  le déterminer lui même

Reposant le dossier sur son bureau , il se regarda dans le miroir qu'il avait dans son bureau. Il portait un costume bleu avec une chemise blanche dessous. Tres chic, tres élégant, il était sur son 31 comme régulièrement. Il n'aimait pas paraitre negligé, c'était un trait de caractère hérité de son père.

Finissant par aller ouvrir la porte de son bureau, il vit qu'il était 10h22 du matin et qu'il avait laissé un peu de retard  conventionnel par rapport à l'heure fixée.

« Entrez Milla »

Il lui sourit et laissa un passage pour qu'elle puisse pénétrer dans le bureau. Ce dernier était immense et plutot bien meublé. C'était la première fois qu'elle avait vraiment l'occasion d'y pénétrer Elle pouvait voir le bureau qui occupait la place centrale de la pièce, mais aussi un coin canapé avec une table basse, une grande bibliothèque, un ecran plat fixé à un des murs, une bibliothèque et un coin bar. Il y avait aussi une magnifique vue qui donnait une sensation de hauteur appréciable ainsi qu'un tableau representant John Miller, accroché sur un autre mur, rappelant qui était à l'origine de tout cela

« Vous désirez à boire ? »

Il avait envie d'instaurer un bon climat avant d'entrer dans le vif du sujet.

Milla North était un peu nerveuse. Elle avait toujours réussi ce qu’elle entreprenait, à la sueur de son front. Ce poste était important pour elle, car il lui permettrait d’avoir une plus grande flexibilité dans ses horaires, et même de faire une partie de son taf’ à domicile. Le télétravail, c’était l’idéal pour elle, car elle avait envie de s’occuper de son fils. Milla avait souffert, pendant son enfance, du désintérêt parental, ses parents étant occupés à travailler. Elle ne voulait pas répéter la même erreur avec son enfant, et avait donc mis toutes les chances de son côté. Elle s’était renseignée sur Liam Miller. Le golden boy était toutefois assez mystérieux, vu qu’il venait de récemment arriver. Outre son CV, Milla avait donc mis son corps en valeur. Elle portait à ce titre des jarretelles, une robe noire terminant à hauteur des cuisses, dissimulée par la veste en cuir qu’elle portait, et avait opté pour de simples escarpins.

Tout ce qu’elle avait à faire, maintenant, c’était d’attendre, tout simplement. Elle ignorait totalement sur quoi cet ultime entretien allait reposer. Son regard se posa sur sa montre.

*Qu’est-ce qu’il fout ?*

La gestion du temps était toutefois une manière classique de montrer qui avait de l’autorité. Quand on arrivait en retard, et qu’on faisait attendre les autres, on démontrait simplement qu’on avait le pouvoir, les autres ne pouvant rien faire sans vous. C’était vieux comme le monde, un poncif qui marchait à chaque fois. Elle attendait donc, lorsque la porte s’ouvrit. Elle se redressa brusquement, sentant la nervosité monter en elle, les minutes d’attente supplémentaires ayant souvent ce don-là. Quantité de raisons étaient possibles pour justifier ce retard, et Milla se contenta de sourire, avant de se courber légèrement, saluant l’homme à la japonaise.

« Bonjour, Miller-sama. »

Un choix curieux, vu qu’ils étaient tous les deux d’origine occidentale... Mais Milla ne se posa guère de plus amples questions, et rentra dans le bureau. Miller était très élégant, une beauté ressemblant à un Prince charmant dans les contes de fées. La jeune femme rentra donc, et vit un bureau immense, massif, servant à autre chose que le simple travail, comme en témoignait la présence d’un minibar. Légèrement intimidée devant ce bureau qui faisait cinq à six fois la taille du sien, elle resta debout, n’ayant pas reçu l’autorisation de s’asseoir.

Se déplaçant lentement, Liam Miller lui demanda alors si elle avait envie de rafraîchissements, et elle répondit rapidement :

« Euh... Comme vous voulez. Je dois admettre que j’ai la gorge un peu sèche... »

Un patron qui vous invitait à boire au boulot... Autant dire que les choses commençaient bien !

La tension était palpable et Liam savait très bien qu'il l'avait en quelque sorte installée. Il ne reniait pas ce choix de stratégie car pour lui c'était de cela dont il était question. Une façon de déjà la maintenir dans un certain stress. Il voulait qu'elle sente l'enjeu de la situation autant que possible

« Vu l'heure matinale je suppose qu'un verre d'eau fera l'affaire »

Il n'attendait pas vraiment une réponse. Le jeune homme de 24 ans servit un verre puis deux avant de revenir vers elle et de lui tendre. Lui même prenait grand soin de son corps et de sa santé. Il avait certes connu quelques exces, ; mais il avait toujours été sportif et en dehors de sa vie nocturne, c'était une personne qui prenait grand soin de lui. Il voulait entretenir son corps pour garder un esprit vif. Du moins c'était sa philosophie de vie qui en bien des points pouvait s'avérer finalement juste.

Buvant une gorgée il lui fit un signe de la main pour venir s'asseoir mais pas au bureau non. Plutot dans le divan  qu'il avait, sans doute pour instaurer un peu plus de confiance entre eux. Tout en la suivant , il avait eu le loisir de détailler. C'était une tres belle femme, pas de doute la dessus. Elle avait du charme, de la classe et un mélange du fait de ses origines qui lui plaisait. Elle dégageait quelque chose d'assez plaisant et sa tenue du jour était à son image : sobre ; classe mais diablement sexy.

« Vous savez si j'ai tenu à commencer par vous ce n'est pas innocent »

Dit il en guise d'intoduction. Liam était de ces personnes à l'éloquence facile et au charisme certain Il n'avait pas de mal à prendre la parole et souvent, quand il le faisait, le silence se faisait presque naturrelement. Les cours de theatrre de son père et de déclamation y avaient sans doute contribué même s'il ne le dirait jamais vraiment.  Buvant une gorgée, il reposa son verre sur la table basse et poursuivit son propos

« Je vais être franc , j'ai bien envie de vous offrir ce poste. Seulement le conseil d'administration a des réticences. Mon père aussi. Notamment parce que vous avez un enfant. C'est assez injuste mais  c'est un paramètre qui visiblement entre en compte à un certain niveau. Il ya aussi le fait que pour certains vous manquez encore d'une certaine expérience et d'autres estiment que vous excellez dans votre travail actuel et que par conséquent, ce serait stupide de vous mettre ailleurs. Bref vous l'avez compris je suis un peu seul contre tous »

Il lui sourit la fixant de ses grands yeux bleus.  Il la fixait, la trouvant encore plus troublante de pres.  C'était une drôle de sensation. Mais elle avait quelque chose de spécial c'était certain

« Ceci dit vos etats de service sont plutot bons et en plus j'ai pour habitude de ne pas me laisser compter par l'attitude des autres. D'autant que le responsable du projet c'est moi et personne d'autres. »

Concrètement cela voulait dire quoi ? Il n'avait rien ajouter d'autres pour le moment. Mais il continuait de fixer la délicieuse Milla qui devait sans doute se torturer les méninges.

Milla fut assez surprise d’entendre Liam Miller dire ouvertement que ce qui faisait défaut à ce poste était le fait qu’elle ait un enfant. C’était, soit un sacré aplomb, soit la preuve que ce golden boyn’était pas très intelligent. Il aurait suffi que Milla utilise son téléphone portable pour l’écouter afin d’avoir un moyen de pression et obtenir le poste à coup sûr... Ou de substantiels dommages-intérêts. Même au Japon, pays encore assez rétrograde sur le droit des femmes, c’était lez genre de propos machistes qui ne passaient pas. Milla resta toutefois de marbre. Peut-être ne s’agissait-il que d’une forme de provocation ? Elle y réfléchit, essayant de comprendre à quoi il jouait, et décida de jouer franc-jeu :

« Vous savez que je pourrais vous avoir mis sur écoute, là ? Et ce n’est pas votre coupe moderne et votre visage de playboy parfait qui vous aurait sauvé... »

Après tout, il l’attaquait frontalement, elle réagissait de la même manière. Tu me piques, je te mords ! Le monde des affaires, ce n’était pas le monde des Bisounours, c’était un monde fait de rivalité, d’hostilité, où il fallait savoir se battre bec et ongles, défendre sa position, et écraser les autres... Le tout en essayant autant que possible de respecter le cadre légal.

« Et, si je veux ce travail, c’est justement pour avoir la possibilité d’aménager mes horaires pour pouvoir m’occuper de mon enfant. Navrée de devoir le dire, mais je ne compte pas me couper de l’éducation de mon fils. Je suis une mère-courage, mais, tout ce que je fais, c’est pour lui. Alors... Il va falloir faire avec. »

C’était aussi simple que ça, et elle ne comptait pas transiger là-dessus. Milla fixait tout simplement ses conditions, et elle n’avait pas l’intention de jouer la femme outragée parce qu’elle avait envie de s’occuper de sa famille.

« Alors, pourquoi me parler de ça, si ça n’entre pas en compte dans vos critères d’appréciation ? Comme vous l’avez dit, mes états de service sont plus que satisfaisants. Alors, pourquoi évoquer ça ? »

C’était elle qui retournait la situation. Elle ignorait ce que Liam attendait, mais elle n’allait clairement pas jouer la soumise quand on se ruait comme ça sur elle...

La virulence de la réponse le désarçonna un peu. Il ne pensait pas à mal à la base. Il voulait juste lui faire comprendre que sa situation privée pouvait influer sur le travail. Mais cette réaction ne le déstabilisa pas non plus outre mesure. Tout simplement parce que ce côté « tigresse » lui avait plus. Elle avait du caractère et cela lui plaisait beaucoup.  Restant calme et courtois, il tenta donc de préciser sa pensée autant que possible.

« Il y a méprise je ne vous reproche pas d'avoir un enfant. Loin s'en faut. Je dis juste que pour certaines personnes, cela peut etre vu comme un frein car cela sous entend que vous pourriez manquer au boulot à cause de lui ou que vos priorités sont familiales. C'est un constat connu du monde des affaires et mon but n'est pas de vous reprocher quoique ce soit. J'essaie juste de vous faire comprendre pourquoi vous n'avez pas encore le poste malgré vos compétences. Rien de plus rien de moins »

Il restait assis et posé dans le divan. Il la fixait toujours, cherchant à savoir si elle avait compris qu'il n'était pas forcément son ennemi sur ce coup.  Il s'agissait de business, avec tout ce que cela impliquait. Elle connaissait les règles du milieu, à commencer par le côté machiste.

« Je vous parle en toute franchise. Pourquoi me méfiez de vous ou croire que vous puissiez m'enregistrer ? Cela ne vous aiderait pas. Vous savez très bien que vous seriez grillée dans le milieu . Aussi injuste que cela puisse paraitre ce genre de raisonnement existera toujours. Néanmoins..... »

Bon ce qu'il voulait c'est qu'elle se calme un peu et comprenne que sur le fond, aussi degoutant cela soit, il avait pas tort sur tout. Elle pouvait tout aussi bien partir mais si elle était ici , c'est qu'elle voulait le poste. Il devait donc capitaliser là dessus. D'autant qu'elle avouait vouloir ce boulot en partie pour lui. C'était parfait pour ce qu'il avait en tête .

« j'entends bien prendre sur moi de pousser votre candidature car je crois en vous. Sinon vous ne seriez pas là. Seulement, je vais devoir batailler fermement avec certains autres membres du conseil d'administration et je vais jouer une partie de mon crédit auprès de mon père. Je conçois aisément que vous vous en moquiez, mais je veux juste que vous compreniez dans quelle pièce on risque de jouer tous les deux. Les enjeux sont importants. »

Il marqua une pause la laissant s'imprégner de ses mots. Elle devait bien assimiler de quoi il était question. Il n'y avait pas de retour en arrière possible, Ni de compromis. Où ils y allaient ensemble, ou c'était mort pour elle.

« J'ai besoin d'être certain de votre détermination et de votre motivation. D'autant que vos deux rivales sont prêtes à tout pour empocher la mise. Et vous ne savez pas jusqu'à quel point. »

La tension était palpable et surtout on pouvait presque avoir l'impression que Liam ne faisait pas forcément référence qu'au domaine professionnel. Tout en se gardant bien d'en dire trop.

Est-ce qu’elle s’était énervée ? Oui, peut-être... Milla avait souvent tendance à le faire quand on lui parlait de son enfant. C’était une attaque basse, facile, et mauvaise, comme s’il était impossible d’avoir un enfant et de mener une carrière professionnelle réussie. C’était un sujet d’autant plus sensible au Japon que la société japonaise était encore très patriarcale, et que les femmes célibataires étaient plutôt mal vues... Et surtout les mères célibataires. Milla en savait quelque chose, vu qu’elle avait souvent vécu ce type de discrimination. Elle avait ainsi appris à réagir avec virulence, pour poser rapidement les termes du débat, et pour montrer qu’elle ne se laissait pas faire. À prendre ou à laisser, tout simplement !

Liam essaya d’arrondir les angles, mais sans vraiment améliorer la situation. Il expliqua ainsi qu’il essaierait d’insister auprès du conseil d’administration, mais que ce n’était pas gagné... Précisément parce qu’elle avait un enfant ! À une époque où le harcèlement sexuel était très mal vu, et où une campagne mondiale avait lieu pour « balancer les porcs », de tels propos sonnaient à rebours, rappelant cette époque maudite où les femmes n’étaient pas libres de faire ce qu’elles voulaient.

*Encore un peu, et tu vas mériter ton tweet, toi...*

De tels propos n’étaient pas tolérables, mais Milla s’efforça malgré tout de se calmer, afin d’éviter de déclencher un nouveau scandale, et de perdre définitivement ses chances de perdre ses chances. Liam avait visiblement envie d’elle, mais tenait aussi à s’assurer de sa « détermination ». Sans rien dire, Milla cligna les yeux pendant quelques secondes, redoutant l’arrière-pensée de ce qu’il disait. Comme si le fait d’évoquer son bébé ne suffisait pas...

« Je... Je ne comprends pas ce que vous voulez dire par là. Il me semble avoir très largement prouvé ma détermination, au vu de mes résultats. Enfin, mon bilan parle pour moi, j’ai amélioré le rendement de mon service de façon significative, et je n’ai jamais lésiné sur le fait de travailler très tard le soir. »

Elle ne comprenait donc pas ce qu’il voulait dire, et ce qu’il pouvait vouloir remettre en cause par ses assertions...

Elle ne comprenait pas ? Ou elle ne voulait pas comprendre ? Peu importe Liam traçait sa route, en sachant très bien que celle-ci pouvait le conduire dans une direction douteuse. Mais il avait quelque chose de precis en tête . Il était là pour cela, elle aussi d'ailleurs mais elle ne le savait pas encore. L'espace d'un moment, il douta malgré tout un peu. Devait il aller jusqu'au bout ?  Ce n'était pas rien et il était clair qu'il allait pas pouvoir par la suite faire machine arrière. Si les choses tournaient mal, il risquait gros. D'un autre côté , il avait aussi son statut qui parlait pour lui. Il pouvait toujours retomber sur ses pattes. Il l'avait toujours fait jusqu'ici. Et puis merde, il avait envie d'elle. Cette femme mariée, appartenant à un autre l'intéressait au plus haut point. C'était une pulsion forte qui le prenait aux tripes. Il ne cherchait pas vraiment à nier et il avait tout mis en place pour elle aussi. A quoi bon reculer maintenant ?

Seulement il devait tout envisager et la seule inconnue résidait dans la détermination qu'elle avait pour obtenir ce poste. Le voulait-elle à n'importe quel prix ? Ou au contraire, avait elle une certaine limite ? Est-ce que son ambition était plus forte que son amour pour son mari ? Liam avait essayé de se renseigner sur elle, sur sa vie privée. Visiblement c'était un mariage qu'on pouvait qualifier d'heureux. Bien que le mari était souvent absent , accaparé par son boulot. Et puis il y avait son fils. C'était peut être là finalement son meilleur atout. Il avait bien senti qu'elle tenait à lui et que cette promotion était importante à ses yeux aussi pour cela. De toue façon il n'allait pas tarder à être fixé.

« Vous savez que dans ce genre de promotions ce n'est pas qu'une question de compétences ou de bilans chiffres »

Il avait dit cela d'un ton presque semblable à celui de la confidence. Posant une main par dessus la jupe, au niveau du genou, il la fixait de ses yeux. Il voulait voir quelle reaction elle pouvait avoir. D'ailleurs il ne lui laissa pas vraiment de répit.

« Une de vos rivales pour le poste m'a clairement fait comprendre qu'elle était prête à aller très loin pour obtenir ce poste. Et comme elle n'est pas forcément en dessous de vos compétences je me dois de prendre en compte cet argument. Après tout il s'agit là d'une réelle preuve de détermination. Néanmoins je veux vous laisser une chance de faire preuve vous aussi de la même détermination »

Il avait laissé sa main et continuait de la fixer. Il n'en avait pas fini et il décida d'aller au bout des choses.

« Vous êtes libres de partir maintenant si vous le voulez. Vous pouvez aussi tenter d'aller faire un scandale mais ce sera ma parole contre la votre et vous savez très bien que mon père se fera un point d'honneur à préserver le nom familial quitte à détruire votre carrière. Ou alors vous restez et on discute d'une façon de prendre le dessus sur vos rivales. »

Voilà c'était assez limpide finalement. Degeulasse oui, mais limpide sans aucun doute.

Milla était, en soi, un produit de la méritocratie. Une femme qui avait réussi à se hisser sans aucun piston, et sans rien devoir à personne. Certes, le métier qu’elle faisait n’était pas non plus le métier du siècle. Elle n’était pas juge, ou ce genre de métier qui faisait instantanément tourner les têtes, mais... Eh bien, elle avait au moins cette fierté de ne jamais s’être abaissée à se prostituer pour devoir avoir une promotion. Elle n’était pas suffisamment naïve pour prétendre que la promotion-canapé n’existait pas, bien entendu, mais elle savait aussi que les temps avaient changé. Maintenant, plutôt que de coucher avec son patron, les filles étaient un peu plus malignes pour l’enregistrer, et le faire ensuite chanter.  Mais ça, Milla aurait pu s’en passer. Honnêtement, elle n’était pas une fan ardue de justice, mais, quand Liam se retrancha derrière son père, Milla fronça lentement les sourcils.

« Votre père ? »

Elle sourit alors. Elle n’allait pas hurler à la mort pour ça, mais elle comptait bien, à son tour, lui montrer qu’elle ne se laissait pas faire.

« J’ignore si c’est de la vantardise ou autre chose, Monsieur Miller, mais je crains que votre père n’accepte guère que les médias révèlent que son fils pratique du harcèlement sexuel sur une employée en échange d’un poste. »

La femme renchérit alors :

« Vous ne suivez pas les actualités ? Même sans preuve, il suffit de jeter le doute pour que ça marche. »

Sur ce point, elle ne mentait pas. En quelques mois, les mentalités avaient sensiblement changé. Ce qui était silencieusement tolérable ne l’était plus, et la façon très old school dont Liam avait de l’approcher, qui plus est en se retranchant derrière l’autorité de son papounet, voilà surtout qui l’agaçait. Pour elle qui n’avait jamais eu à dépendre de quelqu’un, voir un individu qui avait tout du golden boy riche et égocentrique, se réfugiant derrière l’autorité paternelle pour chaque connerie qu’il faisait, voilà qui avait le don de la mettre en rogne.

« Je croyais que cette entreprise fonctionnait sur le mérite et sur l’investissement personnel, pas sur le piston. Je croyais avoir un entretien d’embauche avec un supérieur hiérarchique, pas avec un golden boy privilégié qui appelle son papa à chaque fois qu’il rencontre des difficultés. Est-ce cela que vous proposez, Monsieur Miller ? »

Une nouvelle fois, elle sortait les griffes. Liam était un peu surpris car sur le fond, il n'avait encore rien dit de mal. Il avait juste évoqué la possibilité qu'elle doive payer de sa personne pour favoriser l'obtention du poste. Bon y avait de quoi être vexée, mais il ne la forçait pas non plus. Et puis, il notait aussi qu'elle avait pas retiré sa main posée par dessus la jupe. Ce qui était étrange pour quelqu'un de visiblement scandalisé.

Toujours calme, la référence au père était de bonne guerre. Mais un peu trop facile. Si elle avait pris la peine de réfléchir un peu, elle aurait sans doute compris que Liam était ici pour faire ses preuves et que son père ne lui facilitait pas la vie. Mais qu'effectivement, au nom du sang , il le defendrait toujours coute que coute. Calme, assez relax, il envisageait la suite avec une certaine quiétude étant donné qu'il ne risquait pas grand chose non plus. Il n'avait pas la pression

« Tout de suite les grands mots Milla. Je crois que depuis le début vous vous méprenez sur ma démarche »

Bon il voulait la sauter. Encore plus maintenant. Mais s'il ne le faisait pas, il n'allait pas non plus se mettre en boules et hurler à la mort. Il voulait qu'elle comprenne bien que sur le fond, lui n'avait rien de plus à perdre par rapport à elle

« Je tente juste de vous expliquer que vous êtes libres de vos choix rien d'autres. Je vous ai énoncé la situation. Vous pouvez la prendre ou la laisser. Si vous voulez partir , vous le pouvez je ne vous retiens pas. Cela ne vous portera pas prejudice pour la suite de votre carrière ici. Vous avez ma parole. Vous garderez votre emploi et peut être que vous aurez d'autres occasions de recevoir une promotion suivant les opportunités qui se présenteront. Comme vous l'avez dit vous êtes compétentes. Seulement, malgré ce que vous pouvez pensez, le sexe et l'argent ont toujours été les deux moteurs de ce monde. Et en l'occurence certaines de vos rivales pensent la même chose. »

Est-ce qu'il la harcelait sexuellement ? Sans doute même si pour Liam c'était plus une sorte de proposition indécente. Touché dans sa fierté par la remarque sur son père, il ne résista pas à l'envie  de clarifer les choses, comme pour se justifier

« Je ne me cache pas derrière mon père mais vous savez trees bien qu'il ne me brulera pas sur la place publique même s'il en avait envie. Ne serait-ce que pour le nom que je porte et dont il est si fier. Pour le reste je ne me suis jamais caché derrière lui et je suis ici justement, loin de chez moi, pour faire mes preuves. Seulement si je peux joindre l'utile à l'agréable je vais pas m'en priver.Ma remarque a juste comme intérêt de vous faire comprendre qu'il serait stupide d'ébruiter cela d'autant qu'encore une fois vous êtes libres de partir et que je n'exige rien sans votre accord. Cela ne sert à rien de tout déballer d'autant que les mouchards sont parfois plus mal vus que les bourreaux eux memes. et que vous avez aussi des proches autour de vous et une carrière à défendre  »

Ouais. C'était pour la théorie. Gardant sa main par dessus la cuisse de la mère de famille, il etait difficile de savoir si il avait convaincu. Se levant, il alla vers le coin bar pour se remplir un autre verre d'eau. Lui tournant le dos , il dit encore

« La question est simple : vous comptez tenter votre chance sur base de vos qualités professionnelles en sachant que d'autres la jouent differemment ? Ou vous restez et vous êtes prête à envisager les choses différemment pour vous assurer le poste que vous voulez tant pour vous et votre vie de famille ? »

Ouais. Liam finalement pouvait  être un bel enfoiré aussi.

Milla n’était pas totalement idiote, ni complètement naïve. Elle savait comment le monde marchait. La promotion-canapé était souvent vue comme le symbole de la domination masculine, mais elle croyait volontiers Liam en disant que certaines compétitrices étaient prêtes à donner de leur corps. C’était d’ailleurs généralement d’elles dont il fallait se méfier, car c’était ce genre de femmes qui enregistraient les conversations, et n’hésitaient pas à les ressortir. Ceci dit, Liam n’avait pas tort non plus. Si Milla s’engageait dans un bras-de-fer avec la direction, elle serait isolée, mise au placard, et n’aurait pas l’occasion d’obtenir une nouvelle promotion, puisque l’étiquette de la balance lui collerait toujours au corps. Tout cela était comme une sorte de jeu de rôles où il fallait déterminer qui était sincère ou non. Elle n’était pas naïve, elle savait qu’elle était bien fichue, Devant elle, Liam s’écarta, continuant à lui exposer ses arguments, qui, somme toute, se résumait à : « Voulez-vous jouer à armes égales avec vos concurrentes, ou retenter votre chance plus tard ? ».

La jeune femme se pinça les lèvres, hésitant. C’était tout de même de son corps qu’il s’agissait ! Mais, d’un autre côté... Ce poste lui permettrait d’aménager son emploi du temps, d’avoir du télétravail, de pouvoir être avec son fils. La vraie question, en réalité, c’était de savoir jusqu’où Milla était prête à aller pour son enfant.

« Je veux ce poste, trancha-t-elle finalement. Et je connais suffisamment mes collègues pour savoir que, si elles se proposent spontanément, c’est qu’elles n’ont pas beaucoup d’honneur, ni de vertu. Si j’étais vous, je me méfierai. Vous vous les taperez, et elles vous feront chanter ensuite. Même votre père ne vous supportera pas si vous êtes au cœur d’un scandale sexuel. Il vous ramènera sous son autorité, et vous aurez perdu la chance de faire vos preuves. »

Par les temps qui courant, c’est tout ce qu’une entreprise ne voulait pas : que son nom soit associé à « harcèlement sexuel ». Autant dire que si c’était le fils du grand patron en personne... Milla se releva alors, et se rapprocha de lui, ses talons claquant sur le sol. Après tout, elle-même avait misé sur son corps, puisqu’elle était venue en portant une tenue qui, somme toute, lui allait plutôt bien. Et elle était sincère, pour le reste. Il ne fallait jamais sous-estimer la perfidie naturelle d’une femme, surtout quand il s’agissait de son corps.

Elle se mit à côté de lui, et l’observa silencieusement.

« Pour ôter tout doute, je n’enregistre pas cette conversation... Maintenant, comme vous l’avez dit, je veux me rapprocher de mon fils. Je n’irais pas jusqu’à dire que je suis prête à tout... Mais je suis prête à accepter... Certaines conditions, tant que j’ai la garantie que ce poste me permettra de mieux aménager mon temps de travail, et de pouvoir passer plus de temps avec mon fils. »

Milla était mariée, certes, mais il s’agissait davantage d’un mariage de façade qu’autre chose. Au Japon, les mères célibataires n’avaient pas bonne presse... Comme partout ailleurs, soit dit en passant.

Liam avait la sensation étrange que depuis le début elle le sous estimait. Etait-ce lié à son âge ? À son nom de famille sous entendant  le pistonnage ? Possible que ce soit un peu des deux. Mais il n'était pas né de la dernière pluie. Même si son attitude pouvait  laisser paraitre le contraire. Buvant une gorgée de son eau, il soutena un instant son regard puis s'éloigna un peu, faisant quelques pas, allant redéposer son verre vide. Laissant un certain silence régnait, il décida au bout d'un instant de le rompre.

« Vous savez Milla, j'apprécie beaucoup votre sollicitude à mon égard. Cela confirme mes impressions plutôt positives à votre égard. Vous êtes  la candidate idéale pour ce poste, alors si nous pouvons trouver un arrangement, c'est juste parfait. »

Liam avait des défauts mais ce n'était pas un baratineur ou un homme qui parlait dans le vide. S'il disait qu'il l'appréciait, elle pouvait être certaine que c'était le cas. Tout comme elle aurait le travail et tout ce qui allait avec. Et puis elle voulait ce job, elle l'avait dit.

« Néanmoins il va sans dire qu'il faut nous entendre sur les conditons dont vous parlez. Je n'ai pas envie de paraitre trop insistant ou de donner l'impression de vouloir vous forcer la main, dès lors je vais vous laissez m'en dire un peu plus sur le sujet. Je jugerai ensuite si cela peut le faire ou pas. Il va s'en dire que vous comme moi devons avoir la sensation d'un accord équilibré où chacun gagne quelque chose.»

Une façon de lui dire qu'il  était disposé à lâcher du lest mais pas forcément à s'écraser sur tout. D'une façon ou l'autre il comptait assouvir ses pulsions vis à vis d'elle. Et pourquoi le cacher, ne pas pouvoir le faire lui aurait fortement déplu même s'il n'allait pas le crier sur tous les toits.

S'approchant d'elle, il lui faisait face, la couvant des yeux. Avec ses bottes à talons, elle était un peu plus grande et il avait quasi la sensation de lui parler d'égal à égal. La jaugeant du regard, ses yeux bleus étaient très clairement plein de désirs et de passions pour elle. Tendant la main droite vers la joue gauche de la mère de famille, il ne résista pas à  l'envie de la caresser. Une façon aussi de tester les réactions de Milla et de savoir si elle était déjà prête mentalement à franchir le cap et laisser une nouvelle proximité s'installer entre eux deux.

« Vous êtes une très belle femme Milla. Désirable, classe, intelligente, brillante. Votre mari est un homme chanceux. J'espère qu'il le sait. »

La flatter n,e pouvait pas faire de tort. Les femmes aimaient toujours s'entendre dire qu'elles étaient désirables. Et l'allusion au mari n'était pas innocente. D'abord parce qu'il savait très bien qu'il était souvent absent. Ensuite parce que l'alliance au doigt symbolisait son appartenance à un autre. Ce qui pourtant n'allait pas constituer un frein à ce qu'il risquait de se passer entre eux.

Un « accord équilibré », dit-il... Une manière élégante et très polie de lui demander comment organiser au mieux un plan cul sans que personne ne le sache. L’idée était assez loin de séduire Milla, en réalité. C’était dégradant, et même assez humiliant. Que penserait son fils s’il apprenait qu’elle avait couché pour avoir une meilleure promotion ? Une femme mariée, qui plus est... Même si elle n’aimait pas Kenji. Pendant un bref instant, Milla en vint même à remettre en cause tout le cheminement qui avait pu la conduire jusqu’ici, jusqu’à accepter de s’offrir à cet homme. Il avait beau avoir une gueule de Prince de conte de fées, il restait juste un homme qui la considérait comme un bout de viande. Milla avait certes choisi de se mettre en valeur, mais ce n’était pas pour autant qu’elle était prête à aller jusqu’à de tels extrémités... Du moins, c’est ce qu’elle voulait s’évertuer à croire. Le fait est qu’elle avait toujours voulu donner le bon exemple, et elle savait que ce qu’elle risquait de faire écornerait un peu sa réputation.

Enfin... Avait-elle une autre option ? Si elle refusait, cet homme était susceptible de la mettre au placard, de modifier son emploi du temps pour qu’elle ait du mal à voir son fils. Il lui proposait la carotte, mais elle savait aussi qu’elle risquait là-dedans un sacré retour de bâton... Et ça, elle ne pouvait pas se le permettre ! Elle se pinça donc les lèvres, soucieuse, observant son interlocuteur pendant quelques secondes. Comme s’il sentait son hésitation, Liam la flatta alors, ce qui la fit doucement sourire, mais un sourire aigre, amer :

« Vous oubliez de dire que je suis aussi bien baisable. En définitive, c’est bien de ça qu’il s’agit, non ? »

Milla vivait dans un monde fait d’une novlangue financière, où on enrobait les termes déplacés et durs par des expressions creuses, mais plus acceptables. Cependant, vu ce qu’ils comptaient faire, elle n’allait pas enrober les mots, et rajouta rapidement, en dévoilant sa seule véritable condition :

« Tout ce que je veux, c’est que personne ne le sache. »

Et surtout pas sa famille...

Ne rien dire ? C'était l'évidence même. D'ailleurs si c'était là sa seule exigence, il n'allait certainement pas s'en plaindre. Et puis c'était logique que ce type d'accord n'aille pas sur la place publique. Que ce soit pour lui pour elle, c'était mieux que cela ne se sache pas et que chacun puisse en quelque sorte sauver ses apparences. Continuant de lui caresser la joue, il pouvait savourer sa victoire d'une certaine façon. Il allait la faire sienne et il avait eu ce qu'il désirait. Une fois de plus serait-il tenté de dire. On avait beau dire que le monde changeait, évoluait, au fond tout restait le même. Ici bas, c'était toujours les gens qui avaient un certain statut qui dictaient la marche à suivre. Et au fond, les compétences, les mérites des gens ne comptaient pas vraiment. Tout était affaire d'arrangement, de magouilles, de complicité volontaire ou involontaire. Et même les gens les plus respectables devaient suivre cette façon de faire. Milla n'échappait pas à cette règle. Elle avait beau être mariée, être mère, avoir des principes, au fond, elle était comme les autres : elle devait accepter de jouer ou alors elle prenait le risque de perdre.

« Bien entendu que cela restera entre nous. C'est notre intérêt commun »

Ne relevant pas son autre remarque, il arrêta pour l'instant de lui caresser la joue et lui saisit le poignet pour l'amener vers le divan. La faisant s'asseoir à sa gauche, il avait les yeux qui brillaient et trahissaient son désir pour elle. Liam avait eu bon faire des efforts, il restait un homme à femmes, un séducteur, un jouisseur de la vie. Et forcément, Milla ne pouvait que réveiller chez lui ses plus basses pulsions. On avait beau vouloir changer, on restait ce qu'on était et lui même devait bien admettre qu'il ne pouvait pas être autre chose que la personne qu'il était. Tout au plus, il devait simplement sauver les apparences pour garder une certaine image de propreté.

Posant sa main droite au niveau de la jambe gainée par les bas collants, il avait l'air d'apprécier ce contact et cette sensation, alors que la main gauche était retournée sur le visage. La main sur la jambe remontant lentement, il n'avait pas l'air d'hésiter beaucoup ou d'avoir des doutes. Approchant son visage, il chercha la langue de sa partenaire en forçant le passage entre ses lèvres. Il voulait venir chercher sa jumelle et entamer une danse sensuelle avec elle, avant de plonger sa bouche dans le cou de la jeune femme et venir lui mordiller un lobe d'oreille, le droit.

Parallèlement à cela, la main sur le visage était descendue au niveau de la poitrine par dessus la robe, en se glissant sous la veste en cuir noir. L'autre elle continuait de caresser la jambe gainée par les bas et le seul moment où il la quitta, c'était pour guider sa main à elle sur son entrejambe. Une façon pour elle de déjà sentir son désir et son attrait pour elle. Il n'avait pas besoin de parler. Au fond son corps parlait pour lui ainsi que ses gestes et attitudes.