Un mois après le départ de Arthas Moebius, Titus était rentré dans mon bureau avec un air déconfit, il tenait dans sa main une lettre qui était parvenue par corbeau. Il hésitait à me la donner et son visage en disait long. Arthas devait rentrer à Ashnard mais il m'avait soufflé qu'il allait faire un crocher par Sylvandell afin de transmettre mes voeux auprès de la Princesse Alice. Donc, je savais qui était l'expéditeur de cette lettre et Titus ne savait plus quoi dire, je l'avais fait s'assoir afin qu'il reprenne un rien confiance en moi.
- Je sais qui m'envoie cette lettre et je sais que maintenant tu hésites sur mes intentions. Je te comprends Titus, donne moi cette lettre et sors d'ici si tu n'as pas confiance.Titus me tendait la lettre en la faisant glisser sur mon bureau, lorsqu'il s'était redressé.
- Expliquez moi Capitaine, expliquez pourquoi notre ennemie vous envois une lettre.Le sceau avait été brisé et je comprenais à ce moment précis que tout le gratin de Nexus était au courant de cette lettre et de son contenu. Je savais que maintenant personne n'avait confiance en moi, il devenait impératif que je sorte du bureau afin de me sauver la vie.
- Titus, Sylvandell n'est pas notre ennemie...Le caporal s'était mis debout et avait frappé du point sur mon bureau.
- Sylvandell est notre ennemie et vous êtes de Sylvandell, vous êtes en conséquence notre ennemie. Capitaine Lunia, enfin Capitaine Altrion ou Générale Altrion de Sylvandell, je vous démets de vos fonctions avec effet immédiat. Je n'avais plus rien à lui dire, étant mon bras droit, c'était à lui que les responsabilités de mon poste incombées maintenant. Il était devenu Capitaine faisant fonction en attendant un successeur ou qu'il prouve sa valeur. Voyant qu'il avait la main sur le pommeau de sa lame, je m'étais mise debout afin de voir sa réaction. Je devais partir libre, c'était la priorité absolue maintenant. J'avais rangé la lettre sous mon armure en faisant un pas de coté, doucement je m'approchais de la porte afin de sortir.
- Je dois vous remettre aux autorités de la cours, mais je ne le ferais pas, du moins pas tout de suite, vous avez toujours été bonne avec moi Capitaine, je vous laisse une heure avant que j'aille dénoncer votre disparition. Il avait le visage triste, limite en pleur, mais je ne pouvais rien faire pour lui, ma vie avait été décidée au moment de la réception de la lettre. Ilinia Altrion de Sylvandell, voilà bien longtemps que quelqu'un m'avait appelé comme ça.
- Titus, tu seras un excellent Capitaine de la Garde, prends soins de toi et des tes hommes.Et au moment où je voulais sortir.
- Ilinia...Je me retournais vers Titus et ce dernier se jetait dans mes bras pour une dernière embrassade. Un merci sortait peinement de ma bouche et lorsque nos corps se séparaient, je sortais de la pièce comme pour fermer un chapitre de ma vie. Je marchais rapidement vers les écuries, prenant soins de croiser le regard de personne, comme pour leur dire que je pars en patrouille. Mais je le sentais bien que des yeux étaient sur moi, ils avaient compris qui j'étais réellement, le chemin que j'empruntais longeait les différentes casernes de garde, il y en avait huit, huit casernes rien que pour le palais et le neuvième bâtiment servait d'écurie. Là mon cheval m'attendait déjà scellé avec un papier de Titus.
Cela te fera gagner une quinzaine de minute sur l'heure que je te laisse. Titus.
Je me mettais à sourire et voir même pleurer par ce geste salvateur de mon ex Caporal mais je n'avais pas le temps. Je posais mon pied gauche sur l’étrier et je montais sur le dos de mon cheval. En un claquement de talon, je démarrais au triple galop, fonçant vers la porte de la ville la plus proche qui était celle de l'Est et en cinq minutes je l'avais atteinte. Les gardes des portes m'avaient laissé le passage libre afin que je puisse quitter la ville sans me demander mon reste. Pour eux, je faisais une ronde autour des murs d'enceinte. Et quelques instants après, les portes s'étaient fermées pour toujours, enfin je le croyais à ce moment là. Maintenant, je n'avais plus le choix, Sylvandell n'était plus que ma dernière possibilité afin de pouvoir vivre. Je m'éloignais de Nexus avec regret et tristesse mais après un temps, les cloches s'étaient mises à sonner l'alerte, Titus avait tenu parole et moi j'étais déjà loin et hors d'atteinte.
Le matin du début laissait la place à une après midi ensoleillé et doux, la distance séparant les deux cités était de trois jours de voyage en passant par la route normale, mais un petit raccourci allait venir abréger le voyage à vingt quatre heures seulement. La route était calme, à part une petite tentative de bandit qui s'était soldée par la mort de leur chef et le restant avait pris la fuite. Pauvres petits bandits. La nuit, je m'étais abritée sous les branches d'un énorme arbre et mon cheval pouvait se reposer tranquillement. Au petit matin, un géant m'avait réveillé avec le bruit de ses pas, il cherchait de la nourriture mais moi je voulais pas servir de diner farci aux pommes. Je continuais ma route jusqu'aux portes de Sylvandell qui me semblait beaucoup plus grande que dans mes souvenirs. Mais bon soit, ne faisons pas la fine bouche, ici je n'étais pas recherchée par mes confrères. Mais les gardes de la porte, eux, n'étaient en verve de me laisser passer car je venais de l'Ouest et donc ils pensaient, à raison, que je venais de Nexus. Je bataillais verbalement avec eux pendant de longues minutes avant de me rappeler la lettre de la Princesse qui me convoquait. Les gardes s'étaient résignés à me laisser passer.
Dans a ville, mes souvenirs d'enfances étaient revenus en un éclair, j'étais redevenue Ilinia Altrion une fille du coin quoi, mais trêve de connerie, la Princesse m'attendais maintenant. De là où j'étais, je voyais le petit palais de la ville et je comblais la distance qui me séparait de ce dernier. Je montrais encore le message de la Princesse aux gardes devant la porte et enfin me voilà dans le palais de la famille Korvander. J'allais enfin voir le joyaux de Sylvandell de mes propres yeux. Un long couloir avec des ornements hors de prix ainsi que des drapeaux avec le blason de la famille décoraient à merveille l'intérieur. J'avais déjà visité ce palais par le passé, mais tout avait changé, en mieux surtout. Une double porte finissait le couloir et trois gardes me stoppaient dans mon élan. Une dernière fois, je sortais la lettre mais le garde la prenait et il ordonnait aux deux autres d'ouvrir la porte. Le porte ouverte donnait sur la salle du trône qui avait subi la même décoration que le couloir et au centre de la pièce contre le mur du fond, le grand trône dont la personne assise n'était rien d'autre qu'une jeune femme blonde à l’apparence frêle. Mais je savais qui elle était et surtout ses exploits. Le traité sur l'esclavage c'était elle, le rapprochement entre le peuple et la couronne c'était elle et la liste était bien longue. Plus je m'avançais et plus je la trouvais mignonne cette gamine. Le charme de Sylvandell en état de grâce, elle portait bien son titre: Princesse Alice Korvander le Joyau de Sylvandell. A trois mètres du trône, j'avais posé un genou à terre alors que le garde lui, avait continué sa marche jusqu'à coté de la Princesse et lui avait remis la lettre.