Quand la pluie noie les esprits. [PV Hades]

Music box: I’ll be waiting – Lenny Kravitz

Le soleil disparaissait très lentement, donnant une teinte rosée aux nuages. Hana leva les yeux vers ce décor magnifique et soupira, une journée de plus. Au loin, un gros nuage noir pointait son nez, et celui-ci, le soleil ne l’embellissait pas. Une brise se leva subitement et fit voler les cheveux décolorés de la jeune fille. Enfin, après un petit arrêt en pleine rue, elle se remit à marcher, d’un pas léger, on aurait presque cru qu’elle flottait dans les airs, cette démarche était la même que celle d’une ballerine. Une ballerine, seule, dans une ruelle. Son appartement était au coin de la rue, elle ne voulait pas rentrer, elle voulait rester dehors. Alors, comme une enfant abandonnée, elle s’assit, ses genoux repliés, contre un mur, à l’ombre. Les minutes passaient et elle repensait à ses jours passés ici, ses souffrances, ses jouissances, ses envies, ses déceptions. Le temps passait, et Hana était toujours là, fixant le mur d’en face, et pensant, pensant, jusqu’au moment où l’orage arrêta de penser et une goutte vint se glisser dans les cheveux de la blonde, puis une deuxième, et enfin des trombes d’eau s’écoulèrent. Elle ne bougeait pas, peu importait tout ça, ce qu’elle aurait souhaité, c’était retourner à Paris, oublier sa première fois, oublier ce qu’elle avait vécu ici, et retourner auprès de ses deux amis lycanthropes. Une larme lui échappa et vint se mêler à l’eau de pluie qui s’accumulait dans la petite rue où la nuit était tombée.

La Terre... retour aux origines si on pouvait dire ça ainsi... Moi qui régnais sur des milliards d'âmes, je m'ennuyais, divinement même. Terra m'avait amusé un temps... maintenant j'essayais de voir combien la Terre avait changé durant ces deux millénaires où je n'étais pas monté à la surface. Les humains étaient fascinants de par leur aptitude innée à créer, à inventer. Dans mon palais des Champs Elysées j'avais souvent convié de nombreux artistes et intellectuels à me faire part de leurs découvertes et de leur talent. Cela m'avait longtemps occupé, ce n'était malheureusement plus le cas aujourd'hui. Durant mon séjour sur le nouveau monde, j'avais entendu parler des portails reliant la Terre et Terra... mais à la réflexion je n'avais pas besoin de ce genre d'artifices pour voyager. Car mon royaume empiétait sur les deux réalités, et de ce fait je pouvais me rendre dans l'un comme dans l'autre à volonté. C'est pour cela que je m'étais décidé à visiter Seikusu, ville japonaise unique en son genre, lieu de concentration de la plupart des portails reliant les deux mondes, réunissant en son sein une quantité faramineuse d'énergie magique de tout genres. J'avais trouvé cela étrange, et j'avais espéré qu'une petite ballade m'éclairerait sur cet étrange phénomène.

Bien entendu, j'en eus pour mon argent... Pas le moindre petit indice, rien... C'était à se demander si je ne rêvais pas lorsque j'avais décelé cette puissance... Ennuyeux pour le moins. Enfin, si cette ville se révélait aussi étrange que je le pressentais, j'allais bien trouver un être qui se révèlerait capable de m'étonner. Tâche plutôt ardue d'ordinaire... Ainsi, dissimulé par ma kunée, je me baladai dans les rues de la ville, dépeuplées à cause de l'orage qui menaçait. C'est alors qu'il la vit, une jolie jeune fille assise seule dans la rue, semblant perdue dans ses pensées, son visage affichant une tristesse à peine contenue. Toujours invisible, je m'approchai d'elle puis je m'assis à côté d'elle, sans un bruit, à peine à un petit mètre de l'endroit où elle s'était posée. La pluie commença à s'abattre sur nous, mais elle ne bougea pas d'un geste. Intéressant, pour en arriver à ce point elle devait en avoir gros sur le cœur... ou alors ne pas avoir de toit. Enfin, cela revenait parfois au même.

Sans un geste, sans un mot, un dôme translucide me recouvrit, repoussant l'eau qui me mouillait quelques instants auparavant. Bien sûr, on pouvait deviner sa présence, car même en étant invisible on voyait les gouttes rebondir dessus et glisser sur sa surface. Je songeai au bien fondé de révéler ma présence à cette jeune fille, puis je n'hésitai plus et formai au dessus d'elle aussi un bouclier invisible. Il bougeait avec elle donc elle ne se sentirait pas enfermée, mais par contre l'eau ne la toucherait plus... Elle le remarquerait sans doute, c'est pourquoi je lançai d'une voix grave mais mélodieuse :

Ce n'est pas trop conseillé de rester dehors par un temps pareil mademoiselle... Vous risqueriez de prendre froid.

HJ-

C'est alors qu'il la vit, une jolie jeune fille assise seule dans la rue, semblant perdue dans ses pensées, son visage affichant une tristesse à peine contenue. Toujours invisible, je m'approchai d'elle puis je m'assis à côté d'elle, sans un bruit, à peine à un petit mètre de l'endroit où elle s'était posée.

Fais attention, tu mélanges les focalisations. 
-HJ

Alors qu'elle sentait l'eau traverser ses cheveux et couler le long de ses épaules, les larmes lui échappaient toujours, discrètement, passant inaperçues dans les gouttes de pluie. L'idée de revenir à Paris lui paraissait cruelle, elle se demandait comment elle pourrait affronter ses deux anciens amis Lycans, son sang se remettrai à chauffer comme il le faisait à pr.. Son sang chauffait ! Elle essaya de retrouver la vue, ses pensées l'ayant plongé dans le vide, elle vit alors que les gouttes d'eau ne lui tombaient plus dessus, elle se sentait comme dans un bocal, elle voyait les gouttes le heurter et y glisser le long. Elle regarda autour d'elle et ne vit rien, étrange, elle avait l'impression qu'un ange l'avait vu, perdue, et avait décidé de la protéger. Mais sa température continuait d'augmenter.

Peut-être que maintenant, son "don" prophétique s'emballait, n'était plus si fiable, ou sinon, il y avait quelqu'un là, près d'elle. Une voix froide mais charmante lui entra dans l'oreille et vint se glisser dans son cerveau, elle résonnait. Elle regarda encore une fois à côté d'elle, rien. Elle se transformait en médium clairentendant, comme Jeanne d'Arc, elle perdait la tête, c'était ça la solution à sa température, elle devenait folle, et l'idée de marcher vers l'asile psychiatrique le plus proche lui paraissait raisonnable. Le pluie avait du lui faire attraper froid, elle devait avoir de la fièvre, mais pourtant, au fond d'elle, son délire lui paraissait peu imaginaire. Elle se risqua, quitte à passer pour une jeune femme en plein psychose, à ouvrir la bouche, peu importait finalement, la ruelle était desserte vue le niveau de l'eau :

"Pardon ?"

[HRP] mea maxima culpa, ça arrive quand je fais pas gaffe[/HRP]

La surprise était visible sur le visage de la jeune fille... je compris rapidement qu'elle se demandait si tout ceci n'était qu'une hallucination, ou alors si j'existais réellement... Ma foi, savoir réagir rapidement face au surnaturel n'était pas l'apanage de tous, et on pouvait dire que Hana s'en tirait mieux que le commun des mortels. Malgré son étonnement, elle prononça un "pardon?" qui montrait qu'elle envisageait le fait qu'il puisse y avoir quelqu'un... Le commun des mortels aurait cherché partout la personne qui avait parlé, sans la trouver bien entendu. Car révéler ma vraie apparence au milieu de la rue était clairement hors de question, même si elle était déserte. Après tout, même si je n'étais pas monstrueux, mon inhumanité apparaissait assez clairement. Et l'offrir à la vue de tout le monde n'était pas mon but premier. Par contre, pour ce qui était de cette fille... Je repris la parole, soucieux de dissiper tous ses doutes.

Voyons, je suis sûr que vous m'avez à la fois entendu et compris. Quelqu'un capable de vous protéger de la pluie peut tout aussi bien se rendre invisible non ?

Je laissai cette information atteindre son cerveau et s'y graver. Pour le futur de cette conversation, il se révélait indispensable de bannir tout doute de son esprit. J'existais, qu'elle le veuille ou non, qu'elle en ait envie ou non, qu'elle le croie ou non. A partir de là, tout serait plus simple, et m'ignorer relèverait d'une impolitesse aussi malvenue que dangereuse. Habituellement on n'essayait pas de mécontenter un dieu, ça tournait généralement très mal.

J'adorerais continuer cette conversation avec vous sous ces trombes d'eau, assis sur le trottoir, mais cela manque de confort. Vous avez quelque part où aller ?

Question d'intérêt pratique et de confort. Regarder les gouttelettes d'eau s'écraser sur le dôme d'énergie avait bien sûr un petit quelque chose s'hypnotisant, mais rien qui ne remplace le confort voire le luxe d'un petit chez soi. Et puis voir quelque chose de moins grandiloquent que mon palais m'amusait, ça changerait agréablement... trop de luxe tue le plaisir de vivre luxueusement. Je me levai prestement et invitai la jeune femme à faire de même en lui tendant la main. Bien entendu par souci de facilité, j'avais rendu cette dernière visible. Ainsi, Hana devait avoir la bizarre impression de voir une main, vêtue d'un gant noir en soie, et le début du bras, laissant entrevoir un habit coloré de rouge et de noir. Pour pas qu'elle soit trop surprise, je murmurai, juste assez fort pour qu'elle m'entende par dessus le vacarme de la pluie :

Histoire de vous faciliter les choses.

Le vouvoiement était de mise. Bien entendu, elle m'était sensiblement inférieure en temps qu'entité. Mais j'avais côtoyé trop d'humains durant ma longue existence pour les sous estimer. J'avais un profond respect pour eux et leur créativité, et si je devais en vouvoyer un pour ne pas paraitre trop rustre, alors je le faisais sans même m'en offusquer.

Hana regardait les gouttes d'eau s'écraser sur son bocal imaginaire, elle se trouvait stupide à présent, pourquoi avoir parlé ? Il n'y avait personne, la ruelle était vide, et sûrement qu'elle était entré dans une profonde psychose pour s'imaginer enfermée dans un bocal. Elle ne bougerait pas de cette ruelle, même si son inconscient essayait de la forcer à le faire, en provoquant des hallucination. Hana voulait du calme, de la solitude, elle voulait pleurer en paix, et à présent son sang était si chaud que les larmes s'évaporaient au contact de sa peau. C'est alors que la voix réapparut, elle lui disait qu'elle ne rêvait pas. Bien sûr, Hana ne peut pas croire ça, elle avait vu Harry Potter, et n'avait ni cru à la cape d'invisibilité, ni à la poudre d'obscurité, alors quelqu'un qui se rend invisible et qui la protège de la pluie, c'est le délire total. Mais ignorer la voix, Hana ne le souhaitait pas, car elle vivait dans l'étrange depuis le jour où elle avait lu ce morceau de papier. Elle ouvrit la bouche, mais aucun son ne réussit à s'en échapper, elle sentait un nœud dans sa gorge, une boule dans son ventre, sa tête tournait de façon légère et régulière. Tout à coup, elle vit une main sortir de nulle part, une main vêtue d'une gant de soie, et qui continuait sur un bras. Elle avait des hallucinations auditives, et maintenant elle voyait une main se tenir devant elle, dans le néant, elle se tendait vers elle pour l'aider à se relever. Son inconscient voulait vraiment qu'elle fiche le camp d'ici.

Résignée, la blonde saisit la main, hésitante, et vit que son bocal n'était pas si solide que ça, car elle n'avait rien heurté. Une fois sur ses deux pieds, un vertige la rendit aveugles quelques secondes, puis elle se mit à marcher, comme si elle était seule, vers la coin de la rue où elle tourna d'un pas lent et incertain. La porte de son appartement s'ouvrit, et, au moment d'en passer le pas, elle dit, jouant le jeu de son délira psychotique :

"Entrer si vous le souhaitez, monsieur invisibilité."

Elle haussa les épaules, et tourna le dos à la rue, laissant la porte ouverte, et allant chercher une serviette dans sa salle de bain pour se sécher les cheveux. Elle se déshabillant dans le salon et se mit en soutient gorge, sachant pertinemment qu'elle était seule, puis se mit une chemise d'homme, qu'elle avait volé à un de ses amis lycanthropes de Paris. Puis elle marcha vers le frigo et saisit la bouteille de soda ainsi qu'un verre sur le rebord de l'évier, et rigolant à voix basse elle en saisit un second et les posa sur le comptoir, les remplit de soda, puis dit, sur un ton assez intriguant :

"Si vous voulez boire avec votre main flottante, vous êtes servi, j'espère que vous avez une bouche ahah, vous pouvez refermer la porte s'il vous plait."

Et la porte claqua. Les yeux d'Hana s'écarquillèrent, elle fit tomber son verre au sol, il s'éclata en milles morceaux, elle marcha vers son canapé et s'y laissa tomber lourdement, après un instant d'hésitation et un soupir, elle se décida à parler à nouveau :

"Je ne suis donc pas seule. Excusez moi de ne pas vous avoir prit au sérieux, je voulais un peu de normalité et un peu moins de surnaturel dans ma vie ce soir."

Elle avait beau avoir pris ma main, je constatai avec un brin de déception que la jeune femme faisait comme si je n'existais pas. Alors elle pensait être folle, voir des hallucinations, les toucher même... Pourquoi pas, si ça lui faisait plaisir. Mais il viendrait un moment où je m'imposerais à elle, et où elle ne pourrait plus me nier. Plus dure sera la chute disaient certains. Elle était tout de même sacrément dans le vague pour croire que le sortilège précédent ainsi que ma main, dont elle avait bien vérifié l'existence en s'en étant servie pour se relever, n'étaient que des créations de son esprit. Ah, les affres psychologiques des humains... ça me manquait presque. La folie était très peu présente aux enfers. Comme disent certains, la mort guérit de tout. Sauf de la cupidité, de l'ambition, de l'amour et de tant d'autres... qualités humaines... enfin, ceci était une autre histoire. Elle entra dans son appartement à quelques pas de là. Rester sous la pluie alors qu'on habitait à même pas vingt mètres de là était un choix intéressant, quoique révélateur de ce qui se tramait dans la tête de la jeune fille. Nostalgie, désespoir, déprime ? En tout cas, elle n'allait pas bien mentalement. La cause m'était inconnue, et ça aurait été une intrusion malvenue dans la vie privée de Hana que de lui demander... elle m'en parlerait si elle en avait envie.

Une fois chez elle, je pris pleinement la mesure de Hana. Elle croyait toujours être folle, et tout dans son comportement le montrait. Si je n'avais été aussi expérimenté dans ces choses là et ne l'avais remarqué plus tôt, ça ne pouvait que me sauter aux yeux. Déjà se déshabiller en présence d'invités n'était pas la norme chez les humains aux dernières nouvelles. Cependant, j'en profitai pour observer attentivement mon hôte. Elle était plutôt grande, mais un petit peu moins que moi. Plutôt maigre, sa silhouette n'en demeurait pas moins agréable à la vue, et sa longue chevelure blonde embellissait le tout. Voir une européenne dans une ville Japonaise était quelque peu surprenant, mais je ne me laissai pas dépasser par les circonstances. Moi même étais européen en quelque sorte... Puis elle me servit un verre d'un liquide étrange et pétillant, tout en faisant un commentaire sarcastique sur mon invisibilité et en me demandant de fermer la porte. Je songeai un instant à partir, la laissant croire qu'elle divaguait, mais la perspective de voir sa tête lorsque la porte se fermerait vraiment risquait de se révéler hilarante. Et intéressante. Un geste de la main, je m'exécutai, peut être un petit peu plus brutalement que nécessaire, histoire de bien la tirer de sa rêverie. Le résultat fut à la hauteur de mes attentes. Je manquai de rire lorsque son visage refléta l'indicible surprise qu'elle ressentait en constatant ma réelle présence. Le verre se cassa, lâché un instant plus tôt, et elle se laissa tomber dans son canapé en soupirant avant de s'excuser de sa conduite... Un bon début, un peu hésitant mais un bon début.

Je pris la parole une fois de plus, décidé à profiter du fait que la femme soit assise sur le canapé pour lui révéler mon identité. Ça aurait le mérite de ne pas la faire tomber par terre, que ce soit à cause de l'incrédulité ou de la peur.

Je suppose qu'après ce malentendu que je vous pardonne volontiers, des présentations sont de rigueur... En bon gentleman, je vais commencer, en commençant par retirer ce camouflage aussi pratique qu'inconvenant dans cette situation.

Aussitôt je m'exécutai, révélant toute mon inhumanité à la jeune femme et essayant de profiter un maximum de sa surprise.

Je m'appelle Hades, je suppose que vous avez déjà dû entendre parler de moi.

Music Box : Lenny Kravitz - Lady

Hana, enfoncée dans le cuir de son divan, avait la tête tournée vers sa porte d'entrée. Elle ne voyait toujours rien, mais cessa de songer à l'hypothèse du délire psychotique. La voix se manifesta une autre voix, et puis son sang était toujours chaud, il y avait quelque chose dans sa maison.Un fantôme, une créature, un E.S.P.er ? Ce qui était à présent sûr c'est qu'elle n'était pas seul pour le moins du monde. C'est après ce long moment de réflexion qu'au milieu de la pièce apparut un homme, très grand, et très peu humain en vue de son apparence. Hades.

"Hades.."

Hana avait à présent tout comprit. Elle était morte, et Hades remplaçait la grande faucheuse, et comme Hana avait pêché, il venait la chercher pour l'emmener en enfer.

"Je suis morte c'est ça.. Je ne veux pas aller en enfer !"

Une larme se mit à couler le long de sa joue. Elle se leva d'un bon et partit éponger le soda sur le sol de sa cuisine. Elle voulait laisser sa maison propre avant de partir, à jamais. Elle commença à bouger partout dans la maison, nettoyant quelques petites choses, courant dans sa chambre se mettre un beau pantalon et son plus beau t-shirt. Elle fouilla dans ses placard et prit un pot de beurre de cacahuète, on ne sait jamais qu'il n'y en aie pas en enfer. Puis, après tout ça, elle se mit, droite devant Hades, et déclara :

"Je suis .. prête."

Et cette fois-ci, elle éclata en sanglots et tomba à genoux au pieds du dieu des enfers. Ses larmes coulaient et tombaient sur la moquette beige de son salon. Sa vie était terminée, elle reprit la parole, entre une poignée de sanglots :

"Je, je voulais pas partir, je ne voulais pas venir ici, pas vraiment, j'ai eu peur, c'est pardonnable, j'ai eu peur de mes deux meilleurs amis, parce que j'étais liée à eux, comme à tout ce qui n'est pas totalement humain. Mon sang chauffait auprès d'eux, et ici il a chauffé auprès de Don, cet homme qui m'a violé, et auprès des autres créatures avec lesquelles j'ai fait l'amour, cette fois ci avec plaisir. Non vraiment, je regrette, j'aimerais retourner à Paris, je voudrais qu'ils me pardonnent. Mais j'ai trop pêché, je dois aller en enfer, c'est ainsi.."

Et les sanglots redoublèrent, une espèce de petite flaque de larme était apparue sur le sol. Elle griffa le sol avec ses ongles, y laissant de longues lignes profondes. Puis elle releva les yeux, et capta ceux du dieu, qui était vraiment très grand, une dernière larme s'échappa de son oeil et coula le long de sa joue.

Je ne m'attendais pas à cette réaction, et j'en fus bouche bée... Cette fille avait vraiment un problème... Enfin, sa conclusion pouvait paraître logique, mais je me demandais si elle n'était pas hystérique. Avec un sourire sur les lèvres, je la vis mettre en ordre sa maison alors que des larmes coulaient le long de ses joues... je ne voulais pas la détromper tout de suite, non, j'attendais un peu qu'elle soit vraiment prête pour lui dire. Sa tête serait réellement hilarante, et divertissante. Oh, elle risquait un peu de m'en vouloir, mais bon, j'étais prêt à ce genre de sacrifices pour un peu de distraction. Je la vis partir dans sa chambre, puis mon sourire s'agrandit lorsque je la vis revenir avec de beaux vêtements... Elle était vraiment prête à quitter ce monde et voulait le faire en beauté. Je gravai ça au fond de ma mémoire... lorsque le temps serait venu, je me déplacerais peut être pour l'accompagner en mon royaume. Mais le temps n'était pas venu.

Je la vis s'agenouiller devant moi, en sanglots, alors qu'elle me racontait ses malheurs. Je comprenais un peu mieux ses réactions désormais, elle avait passé de terribles épreuves, et cette liaison à tout ce qui était surnaturel n'y était pas pour rien. Je songeai un instant à la faire patienter un peu plus...

Premièrement, mon domaine n'est pas l'enfer mais les enfers... tous y vont, vertueux comme pêcheurs. Ensuite seulement l'âme des gens est jugée... n'aies pas trop de craintes de ce côté là, le jury est impartial depuis des millénaires...

Je souris gentiment à la jeune fille à mes pieds et m'accroupis. Puis, je fis apparaitre une pièce d'or, infime partie de mon trésor, et la lui tendis.

Deuxièmement, encore plus d'un pot de beurre de cacahuète, t'auras besoin de ça pour traverser le Styx...

Je me savais cruel, mais jouer ainsi avec la peur de la jeune fille ne rendait que plus amusant le dénouement de cette scène.

Et Troisièmement, il se trouvait que je m'ennuyais dans les enfers, donc j'ai décidé d'un peu me balader dans le monde... désolé de te décevoir jeune fille, mais c'est pas aujourd'hui que tu visiteras mon domaine.

Je profitai de l'instant de flottement puis lui prendre, d'un geste vif et précis, le pot de beurre de cacahuète des mains. Un sourire malicieux et amusé se forma sur mon visage.

Ceci dit, je te remercie de cette offrande.

Hana se sentait pitoyable, elle écoutait le discours d'Hades, et était prête, par force, à la suivre. Mais lorsqu'il éclaira un troisième point, la blonde leva les yeux, le regarda, honteuse, surprise, et d'un air débile. Il saisit le pot de beurre de cacahuète après lui avoir donné une pièce d'or. Hana mit cette pièce dans sa poche puis s'évanouit sur la moquette de son salon, mouillée par ses larmes. Quand elle reprit conscience elle était sur son lit, seule, elle ouvrit les yeux, et crut à un mauvais rêve, et également qu'elle était totalement givrée. Elle se releva, et vit ses habits, les même que dans le délire..
En entrant dans le salon, elle vit Hades, assit sur le canapé de cuir blanc, devant l'écran de télévision. Elle prit le verre de soda posé sur le bar de la cuisine et vint s'assoir à côté de lui sur le canapé, elle en but une gorgée puis dit :

"Je suis désolée, je ne suis pas très bien en ce moment."

Puis elle but une seconde gorgée et, hésitante, demanda, tout en fixant l'écran de la télé :

"Vous voulez pas de Coca, vous êtes sûr ?"

Et elle posa son verre vidé sur la table basse, avant de se coller contre Hades, hésitante. Elle se recroquevilla sur la canapé, et posa sa tête contre l'avant bras du dieu. Elle ne comprenait  pas vraiment la situation, le dieu des enfers était en train de regarder la télévision dans son appartement. Et d'ailleurs, son sang n'avait pas trop refroidit, comme quoi, plus le surnaturel est fort, plus sa température est haute. C'est pas mal comme "don" pour repérer l'anormal, après il ne faut pas vivre dans la psychose comme la blonde. Le dieu avait dû se marrer quand même, même si en apparence il n'avait pas rigolé.
Le silence stressait Hana, il fallait qu'il lui parle, ou au moins qu'il la repousse de contre lui. En même temps, de quel droit la blonde s'appuyait-elle contre un Dieu ? Sa vie était vraiment étrange depuis qu'elle avait quitté Paris. Et après avoir cru qu'elle était morte, elle proposait du soda à Hades, le dieu des Enfers. Elle soupira et ferma les yeux, pour calmer ses esprits et essayer de croire qu'Hades était ici seulement par courtoisie. Il fallait quand même qu'elle le lui demande une dernière fois, d'un air gêné, les joues rouges de honte :

"Mais je suis pas morte, c'est sûr ?!"

[HRP]N'aies pas peur de la taille, et ne te sent pas obligée de réponde par un pavé d'une dimension similaire... c'est juste que je trouve ce post amusant et intéressant[/HRP]

J'avais bien fait de faire cela maintenant, la tête qu'elle avait fait valait allègrement le détour. Un mélange de surprise, de honte et d'un petit quelque chose d'autre qui rendait le tout hilarant. Bien entendu par pure politesse je ne m'esclaffai pas devant ma nouvelle rencontre... Gâcher un premier contact par des moqueries n'était pas mon fort. Cependant, je ne m'attendais pas à ce qu'elle s'évanouisse devant moi. Légèrement honteux, le maximum que l'on pouvait l'être en étant un dieu c'est à dire, je pensai que j'avais peut être poussé la farce trop loin. Pensant que c'était au moins le minimum que je me devais de faire pour cette jeune fille que j'avais égoïstement embarrassée au point qu'elle en tombe de... je ne sais quoi, je la pris dans mes bras et la portai jusqu'à sa chambre, puis la déposai sur son lit. J'allai ensuite dans le salon pour réfléchir à tout cela. Me posant dans son canapé, agréable soit dit en passant il me faudrait en créer un ou deux au palais, je me demandai si la jeune femme n'était pas complètement folle. Bien sûr, je ne l'en blâmai pas, après ce qu'elle avait vécu, et avec sa réaction naturelle au surnaturel elle avait dû enchaîner les galères. Mais bon, et de un elle ne s'était toujours pas présentée... et je ne comptais pas l'appeler jeune fille encore longtemps. Un nom serait bien plus agréable à prononcer. Et de deux, elle avait un peu trop tendance soit à sauter aux conclusions, soit à ne pas y aller de tout et à rester dans une espèce de brume opaque lui cachant la réalité. Et de trois, ce que les humains appelaient la télévision était tout bonnement... étonnant. Si tout était pareil qu'au japon avec leurs shows délirants, alors les humains ne risquaient pas de s'ennuyer.

Légèrement amusé, je suivis avec amusement les émissions que la télé me proposait, grignotant de temps à autre une grenade que j'avais fait apparaitre depuis les enfers. Ça, pas question que la jeune fille le voit ou en mange. Car manger la nourriture des enfers revenait à être condamné a ne plus les quitter. J'étais sûr qu'elle ne le voulait pas vraiment, certain même. Enfin, je considérai le verre de coca posé sur la table. Intrigué par ce breuvage, j'y trempai les lèvres. Ce n'était pas mauvais, mais habitué à boire nectar, ambroisie et hydromel, je ne le trouvai pas franchement folichon. La cuisine mortelle avait ses charmes, mais ça ne dépasserait jamais les mets divins. Je reposai le verre sur le bar de la cuisine et me reposai sur le divan en cuir blanc, attendant avec impatience le retour de la jeune humaine. Elle ne se fit pas tarder et apparut quelques minutes après, l'air légèrement perdue. Ses excuses ne firent que confirmer cette première impression. Et puis ce n'était pas comme si je n'avais rien remarqué. J'étais un dieu quand même... enfin, le préciser était relativement important sans doute pour elle, cela excusait ses actes. Pour ma part, l'ayant compris depuis longtemps, je l'avais déjà pardonnée.

C'est bien ce que j'avais cru comprendre.

Mon ton était doux, malgré cette légère froideur intrinsèque à ma personne. Le dieu des enfers pouvait difficilement être un bon vivant, et encore moins en avoir la voix. Elle me demanda si je ne voulais pas du coca. Je le lui signifiai par un léger hochement de la tête. Puis, après avoir posé son verre sur la table, elle se blottit contre moi. Je ne m'attendais pas à ça...peut être une conséquence du don qu'elle avait pour repérer le surnaturel. Je me demandai quelques instants comment réagir. Cette fille était perdue, et la repousser froidement allait sans doute compliquer les choses. La laisser trop s'attacher à moi était tout aussi dangereux pour elle... mais cela faisait longtemps que je n'avais pas été avec une femme, et l'idée avait le mérite d'être intéressante. Enfin, je n'étais pas comme mon frère à essayer de séduire à tout va. Je serai moi, et si elle se trouvait attirée par moi, ça serait de sa propre volonté. J'avais toujours essayé de respecter le libre arbitre des humains.

Lorsqu'elle me redemanda si elle n'était vraiment pas morte, je me contentai de lui sourire. En effet, être assise contre moi, le dieu des enfers pouvait avoir quelque chose d'intimidant. Elle devait sans doute se demander ce que je faisais là, assis à côté d'elle, à regarder la télé. Elle ne considérait pas la possibilité que je sois avec elle par pur hasard. Et pour elle il faisait sans doute bien les choses. J'allais m'efforcer de la guérir de ses appréhensions si c'était possible, simple échange de bons procédés. Elle reconnaissait ma présence, donc croyait en moi, ce qui, je le savais par expérience, augmentait d'une manière infime ma puissance. A moi de consolider cette croyance en faisant en sorte qu'elle ne se fasse pas tuer tout de suite... Ce que les humains pouvaient être complexes.

Absolument certain, ce n'est pas aujourd'hui que je je te ferai visiter mon royaume.

Je lui posai ma main sur la tête, essayant de la rassurer légèrement comme un adulte rassurerait un enfant. C'était sans doute la comparaison la plus proche de la situation présente. Esquissant un petit sourire amusai, je lui murmurai.

Avec tout ça tu ne m'a toujours pas dit ton nom... quelle impolitesse, vraiment...

Avec un peu de chance elle croirait que je lui en voulais, ou alors que j'étais déçu par sa conduite. A part si elle remarquait le sourire amusé que j'arborais. J'avais envie de la taquiner un peu, elle réagissait tellement bien à mes modestes plaisanteries. Le hasard avait bien fait les choses, j'était tombé sur une fille intéressante, sinon amusante.

Music box : Blue Foundation - Eyes on Fire.

Le fait d'être blottie dans les bras Hades était insolite, mais assez naturel pour Hana. Elle songeait à s'attacher à lui, car ce n'est pas tout les jours que le dieu des Enfers vient regarder la télé dans votre appartement. L'ambiance était silencieuse, seul le show télévisé ravivait l'atmosphère froide. Il ne l'avait pas repoussé, finalement, il n'avait pas l'air si méchant, ce dieu, Hana réfléchit et vint à la conclusion suivante : Hades était un homme bon, et être gardien des enfers lui paraissait tellement morose qu'il avait décidé de se divertir sur Terre. Ceci dt cette conclusion était la plus logique de toutes celle qu'Hana avait faites ce soir. Croire qu'un Dieu était assit sur son canapé, relevait de l'incompréhensible, un humain parisien aurait prit peur et courut vers l'hôpital psychiatrique le plus proche. Mais Hana devait vraiment être différente, vraiment, l'idée de ne finalement pas être humaine la fit sursauter, elle se retourna vers le dieu et lui demanda, affolée et intriguée :

"Dîtes, je suis un humaine normale ?"

Pendant le bref silence qui suivit, un millier de question parcoururent la tête de la blonde, elle songeait à son existence si Hades lui disait que non, qu'elle ne l'était pas, si sa place n'était pas sur cette Terre là. C'est alors qu'elle se rappela de la question qu'il lui avait posé, son prénom.

"Je m'appelle Hana, juste Hana."

Et comme toujours, la même phrase sortit de sa bouche, juste Hana, elle n'était rien de plus, aucun titre ou rang ne pouvait suivre, ni un race précise. Elle était sûrement un humaine ordinaire qui était poursuivie par le surnaturel, sûrement un hasard. Et de plus, aucun autre endroit à part la terre et le royaume divin n'existait, à ses yeux. La rencontre d'Hades allait sûrement être un tournant de sa "banale" vie. Elle se releva soudain du divan et partit dans la cuisine pour faire cuire un steak haché, mais demanda quand même :

"Vous voulez manger quelque chose ?"

Encore une fois elle repoussa ma question, en posant une autre à la place... Je commençais à me demander si elle ne faisait pas ça exprès pour me faire languir. Enfin... la pauvre devait être perdue dans ses pensées, et faire attention au monde qui l'entourait devait être relativement difficile. Je lui pardonnai cette dernière fois, mais si elle recommençait encore une fois... Ah, et bien voila, enfin elle daignait me décliner son identité. Hana... charmant nom... prénom... surnom ? Aucune idée, pour une européenne c'était résolument étrange comme patronyme. Enfin, je lui accordai le bénéfice du doute... puis repensai à sa question. Voila une question ambigüe... comme si j'avais la réponse. Elle me semblait humaine, malgré une légère magie qui se dégageait d'elle, sans doute une séquelle de ce qu'elle appelait "avoir son sang qui chauffait". Après, je pouvais me tromper, cette ville recélait après tout un mystère que je n'avais pu saisir. Réfléchissant au meilleur moyen de répondre à la question de Hana, je fermai les yeux quelques instants. Oui, comme ça ça nous serait profitable à tous les deux...

Non, tu n'es pas normale... Mais en même temps, qu'est-ce que la normalité dans un monde ou chaque individu est différent ? Tu es Hana, une humaine avec un petit quelque chose en plus auquel je n'arrive pas à donner un nom... Quel intérêt d'être normale ? Si tu étais normale, insipide, je ne serais sans doute pas là pour te répondre en ce moment...

Elle se leva et me proposa de me préparer quelque chose à manger. J'aurais été ravi d'accepter mais avec mes goûts divins je n'aurais pas fait honneur à sa cuisine... J'étais un mauvais hôte, je ne pouvais savourer la cuisine mortelle, toute savoureuse qu'elle soit. Pour être honnête je n'avais même pas besoin de manger, même si j'appréciais plus que tout les grenades des enfers. Le fruit qui m'avait permis d'obtenir Persephone, de la sceller six mois sur douze en mon royaume. Invoquant un de ces fruits interdits aux humains, je commençai à le décortiquer prudemment, ne laissant aucun grain s'échapper. Si Hana n'en mangeait qu'un seul, elle serait condamnée. Je répondis à sa question.

Désolé Hana, mais je ne puis apprécier votre cuisine...

Songeant un instant qu'elle pouvait mal le prendre, je rectiviai le tir en ajoutant :

Enfin, la cuisine humaine...

Je ne savais pas comment elle réagirait lorsqu'elle me verrait manger ce fruit évoqué dans la mythologie, et pour ainsi dire je n'en avais cure en cet instant présent. La grenade des enfers était un des seuls aliments dont je ne me lassais jamais, et en manger était toujours une activité hautement intéressante...

Music Box : Carlos Baute y Marta Sanchez - Colgando en tus manos.

Hana mit le steak dans une assiette et revint s'asseoir sur la divan blanc, à côté de cet être sombre mais sympathique. Elle se demandait vraiment pourquoi elle, pourquoi il était avec elle, à cette heure-ci, mais elle ne voulait pas l'assommer de questions stupides. Sa tête était lourde, son sang très chaud, et elle se sentait encore fébrile après sa perte de connaissance. Elle le regardait, et lui trouvait un charme, une beauté, différente de celle des humains et des créatures qu'elle avait rencontré, il avait quelque chose en plus, sûrement la couleur de ses yeux, l'expression de son regard. Malgré sa gentillesse à ce moment là, il gardait un visage sombre et froid, mais peu lui importait, elle n'avait aucune envie qu'il parte. Elle le regardait manger un fruit assez bizarre qui ressemblait vaguement au fruit du grenadiers, ces fruits qu'elle mangeait dans son enfance du sud de la France, elle se rappelait encore de cet arbres aux fruits assez étranges, qui avait poussé seul entre les deux champs de pivoines, au bout de l'allée de cyprès, dans l'exploitation horticole de son père. Elle n'avait plus remangé ce fruit depuis son départ pour Paris, elle en goûter juste un grain la tentait énormément. Elle demanda alors :

"C'est une grenade ? Je peux en avoir un grain ?"

Elle sourit à Hades, les yeux brillants, peut-être que ce fruit lui rappellerait sa vie ancienne, cette vie normale qu'elle avait, avant qu'elle ne trouve ce morceau de papier maudit. La télé lui donnait le tournis, voir ces gens bouger dans tout les sens était insupportable en vue de sa fébrilité. Elle saisit la télécommande et l'éteignit, plongeant l'appartement dans le silence total, et elle reposa son regard sur la grenade, qui lui donnait fort envie.

Je regardai quelque instants la jeune femme... elle devait sans doute aimer la grenade, et nul doute qu'elle adorerait celle ci. Le goût était incomparable... Mais elle ne devait sans doute pas se rappeler l'histoire de Perséphone, que j'ai gardé aux enfers grâce à ce fruit. Enfin, je pourrais me débrouiller pour lui diminuer sa peine, mais Hana deviendrait une habitante des enfers à part entière. Cela dit, l'idée était intéressante. Je n'avais jamais eu de prêtresse ni de prêtre, toujours dans l'ombre, beaucoup me craignaient mais peu me vénéraient. Peut être qu'en ces temps modernes il fallait que ça change... Toujours était il que je ne pouvais initier une jeune humaine à tous mes rites. Cela dit, elle avait clairement un petit quelque chose en plus, ça se tentait. Lentement, je pris un grain entre mes doigts et le lui montrai, parlant lentement afin que son esprit s'imprègne de chacun des mots que j'allais prononcer.

Ceci, Hana, est un des fruits des enfers. Tu as peut être entendu parler de ce qui arrive à ceux qui en mangent. Leur condamnation est de devenir des habitants à part entière des enfers, ne pouvant les quitter sans ma permission.

Je vis lentement tourner le grain entre mes doigts, avant de reprendre sur le même ton.

Ceci dit, tu m'intrigues, et il y a quelque chose au fond de toi que je n'arrive pas à cerner. Voici mon offre. Mange ce fruit et viens aux enfers avec moi. Une année durant, je te ferai connaitre mon monde, ses délices et ses secrets. Je ferai de toi ma prêtresse, ma main dans ce monde pour ainsi dire. Tout ce que j'attends de toi c'est de me divertir durant cette année, de me faire passer l'ennui qui me taraude depuis des siècles. Si tu refuse... et bah tant pis, je ne suis pas rancunier, et le libre arbitre, des vivants du moins, m'est cher. Réfléchis bien à ce que tu vas faire, cette offre risque de totalement changer ton existence, dans un sens comme dans l'autre, elle ne se prend pas à la légère.

Lentement, je fermai les yeux et me remis à manger, attendant avec une légère impatience se réponse. Même ce délicieux fruit ne suffisait pas à me faire perdre mon agitation. Quelle délicieuse idée j'avais eu là...

Music box : Michael Jackson - Billie Jean

Hana continuait à regarder la grenade, Hades en saisit un grain et mit sa main devant le visage de la blonde, lui expliquant l'histoire de cette grande maléfique. Hana était complètement captivée, entre le regard d'Hades et la couleur du grain de la grenade. Elle savait ce qui encourait si elle le mangeait, et le peur essayait de la posséder, sans vraiment de succès, sa vie était tellement sombre en ce moment qu'aller vivre aux Enfers n'allait pas la gâcher, voire elle pourrait la rendre plus belle. Elle dit alors:

"Peu m'importe cela, Hades."

Elle prononçait son prénom à voix haute pour la première fois, avec une banalité étrange. Puis il entama un autre discours, plus long, et avec des mots assez palpitants, devenir la prêtresse d'Hades, l'idée se révélait merveilleuse pour Hana, elle sourit à mesure que les mots sortaient de la bouche du Dieu sombre. Elle trouvait son idée plus que intéressante, malgré la poids de ces paroles. Vivre aux Enfers, devenir le lien entre Hades et le monde humain, le vénérer quoiqu'il arrive, et surtout le divertir. Cela était la plus dure mission, divertir le dieu des Enfers, cela ne devait pas être si simple, elle y risquerait peut-être sa vie, mais après une légère réflexion, son hésitation disparut totalement. Elle posa alors une question importante à ses yeux :

"Si jamais vous faites ça de moi, est-ce que je pourrai revenir sur Terre ? J'ai deux personnes à visiter, ça me tient vraiment à coeur."

Elle voulait revoir Jérémy et Anthony à tout prix, pour s'excuser, pour les prendre dans ses bras, et avoir leur pardon, pour avoir disparu, pour les avoir abandonné. Et elle comprit en elle-même que même si Hades refusait de céder à sa demande, elle accepterai sa proposition quand même, mais avant de faire cela, elle attendit sa réponse.