Un couloir du lycée de Seikusu. Pour être précis, un couloir du bâtiment des dortoirs. Au loin, une horloge sonne les douze coups de minuit. Un homme d'apparence assez jeune déambule dans ce couloirs en sifflotant, une paire de crochets tournant autour de l'index de sa main droite. Son regard bleu turquoise montrait une certaine inquiétude, ainsi que beaucoup de crainte. Mais malgré cela, il ne pouvait réprimer un certain amusement, amusement dû à l'anticipation qu'il se faisait des évènements futurs.
C'était ici. Une chambre dont la plaque indiquant le numéro était rayée. Par volonté de se faire oublier peut-être... Sans doute. S'apprêtant à toquer, Daclusia repensa à la discutions qu'il avait eu, quelques instants plus tôt, avec son double...
Ils étaient tous les deux là, posés sur le toit du lycée, à admirer la lune... Tous les deux avaient un fort attachement à cet astre céleste, si beau et si plein de mystères...
Lui, le vendeur, portait une tenue d'infiltration, noire, où de nombreuses sacoches côtoyaient des morceaux de cuirs faits pour protéger le corps. Les cheveux attachés derrière la tête, seule une mèche dépassait du côté gauche de son visage. Il ne portait pas ses lunettes, ni son air habituellement si bienheureux, mais un visage sévère et sérieux, caché derrière un masque sur la partie basse de son visage. Ainsi vêtu, il ressemblait presque à un ninja, ou à un assassin.
L'autre, le chasseur, avait troqué sa blouse de scientifique contre un long manteau de cuir rouge, et son pantalon large vert kaki à un jean bien plus serré, noir comme la nuit. Ses sandales, troquées contre des rangers. Noires elles aussi. Toujours torse nu, il portait cependant sous son manteau quelques fioles de ses produits, ainsi que, dans les poches extérieures de son manteau, des balles pour une paire de pistolets qu'il portait rangées sur ses jambes. Les cheveux détachés, pendant sur le côté droit de son visage, un clope au bec.
Tous deux restaient là, sans mot dire. Quand on discute avec soi même, les mots sont superflus et inutiles. Mais pour le lecteur, qui n'est ni la tête de l'un ni de l'autre, le vendeur tentait de raisonner son double. S'attaquer à un lieu aussi lourdement investi par l'église était... Dangereux... C'était la grande ligne qui revenait dans le débat. Le reste ne regardait qu'eux... Et n'aurait pas grand sens pour le lecteur. Mais la conclusion de cette réunion au clair de lune fut la suivante:
" Tu sais bien à quel point il est difficile de trouver des humains qui méritent qu'on s'intéresse à eux... Me gâche pas mon plaisir, je sais que toi aussi tu cherches la même chose! "
De retour de ses souvenirs, Daclusia se conjura soi même d'être prudent. Il ne fallait pas prendre cette religion ci à la légère, de ce qu'il en avait pu voir... Trois petits coups à la porte. Elle n'était pas verrouillée. Même pas fermée, puisqu'elle s'ouvrir tout de suite sous les coups du JYL. La jeune fille était là. La Fouine... Voilà donc celle dont son autre lui s'était épris de chasser... Il resta dans l'ombre. Seule la lueur électrique de ses prunelles bleues étaient apparentes dans l'encadrure de la porte.
Elle, la fille ne dormait pas. Elle fixait, elle aussi, par la fenêtre à barreaux, la lueur de la lune... Après un petit moment, où sans doute la demoiselle avait senti la présence d'un autre être qu'elle, le vendeur fit un pas dans la chambre, les crochets tournant bien en évidence sur son index. Et alors qu'elle se retournait, leurs deux regards se captèrent. Pour lui, ce ne fut rien d'autre que de tâter, de tenter de comprendre la demoiselle. Pourquoi son autre lui s'y intéressait... Mais pour elle... C'était sans doute de la peur. De la peur, non pas à cause de son apparence. A cause de ses yeux. Ils avaient tous deux, lui le vendeur, lui le chasseur, les même yeux. Même si l'un les avait bleus et l'autre rouges, ils partageaient un petit quelque chose d'indescriptible, qui permettait à quiconque avait vu l'un de reconnaître l'autre... Tout en sachant inconsciemment qu'ils n'étaient pas la même personne.
" Je suis venu te faire sortir de là. "