Dans l’effusion d’explosions et de coups de feu, Maria prit vaguement conscience qu’elle avait perdu Mike, mais il était, hélas, trop tard pour faire marche arrière. Elle courait rapidement, et enjamba une clôture, fit une roulade sur une rue, puis courut à nouveau, la traversant, en entendant le moteur vrombissant du VBCI. Elle eut tout juste le temps de bondir de l’autre côté de la rue, et s’abrita derrière la clôture, tandis que le véhicule blindé s’arrêtait au carrefour, pivotant à droite et à gauche.
*
Merde, merde, Mike, ne me fais pas le coup de crever ! Attends que je retrouve Bryan, et je reviendrais t’engueuler chez nous... Toi et lui, putain !*
Elle avait l’impression que son cœur allait exploser, tandis que des miliciens s’approchaient. Elle se retint même de respirer, voyant, à travers des ouvertures le long de la clôture, leurs bottes. C’était bien eux, les miliciens étant aisément reconnaissables à leurs
uniformes, et à leurs puissants fusils d’assaut. C’était la section militaire de la milice, car la section civile avait des armes non-létales. Les miliciens avaient de puissants fusils d’assauts dotés de lance-grenades. Des armes terriblement efficaces, qui servaient avant tout contre les Autres... Les
infectés. Mais ils étaient aussi tout autant efficaces contre de simples humains.
Les soldats se déplaçaient lentement, utilisant les faisceaux de leurs lampe-torches, et, cette fois, comme tant d’autres fois, Maria bénit le Ciel, si tant est qu’il y avait, là-haut, quelqu’un pour l’écouter, que les miliciens n’aient plus de chiens. Jadis, les chiens avaient équipé toutes les zones militaires, car leurs aboiements permettaient de repérer les infectés. Cependant, avec les multiples vagues de famines, et le fait que, petit à petit, les infectés étaient de moins en moins nombreux à traîner près des Zones, les chiens avaient trouvé d’autres fonctions.
«
Elle est sûrement morte... -
Raison de plus pour retrouver son cadavre. Il faut la brûler, je ne tiens pas à ce qu’elle se réanime. »
Une théorie très en vogue, qui avait plus la forme d’une superstition qu’autre chose, était de voir les infectés comme des zombies. Suivant cette théorie, l’infection avait commencé quand le
cordyceps s’était répandu sur des morts, et avait réveillé ces derniers. C’était, bien sûr, une théorie totalement extravagante, car le cordyceps était un parasite qui infectait les organismes vivants, mais les militaires préféraient incinérer les corps, par précaution. Maria se pinça donc les lèvres, et tenta alors de s’extirper prudemment de là.
Elle se trouvait à
South-West Othello Street, une petite rue étroite, avec quelque scarcasses de voitures, et fila par l’arrière, s’aventurant dans l’allée d’un garage pour aller derrière une maison faisant l’angle entre
SW Othello Street et
Vashton Pl SW, une rue encore plus petite, dans le prolongement du VBCI, et qui menait à
Solstice Park, une sorte de petite butte d’herbe à proximité de
Lincoln Park.
Contournant la maison, Maria arriva ainsi du côté de
Vashton Pl SW, et attendit que le VBCI s’écarte pour remonter la rue. Elle avait mal à un genou, et s’inquiétait désormais, non seulement pour Bryan, mais aussi pour son mari. Mike, néanmoins, était quelqu’un qui en avait vu d’autres, et elle ne s’en faisait pas spécialement pour lui. Des coups de feu l’arrachèrent alors à ses pensées, émanant du côté du parc, et elle reprit l’allure.
Au sommet de
Vashton, la rue décrivait un lacet, continuant ensuite sur
Fontanelle Street, ou filant par un sentier qui serpentait dans
Solstice Park. Maria, époussetant de la main la sueur qui commençait à couler sur son front, décida de filer par le parc, composé de hautes herbes sauvages, pour se rapprocher du parc.
*
Tiens bon, Bryan, j’arrive...*
Le petit sentier sur
Solstice Park menait à d’anciens courts de tennis qui étaient vides, mais, entre les courts et le parc, il y avait encore une rue,
Faunteroy Way, et le VBCI était en train de s’y rapprocher, descendant depuis
Othello Street pour remonter l’avenue.
*
Merde !*
Des lumières et des coups de feu continuaient à venir de l’intérieur du parc. Maria hésita un peu. Elle avait longé les courts de tennis, et voyait les projecteurs des renforts de White se rapprocher. Finalement, après quelques hésitations, elle traversa la rue, courant à toute allure, et son corps se retrouva happé dans les faisceaux des projecteurs du camion blindé.
Elle bondit alors dans les bois, entre les arbres, tandis que les balles la poursuivaient...
...Et que l’étau, lentement, se resserrait.