L'attaque n'était pas une stratégie finement ciselée ou une frappe bien pensée. C'était le fruit de la rage et de la fureur accumulée, de la pensée des pertes, du sang coulée, de son foyer détruit. Mirna mit toute sa force dans le coup qu'elle porta à son visage, jubilant en voyant la lame déchirer la chair du visage. C'était une pécadille, une blessure qui n'allait pas stopper le monstre mais au moins ça lui permit de laisser échapper un peu de l'énergie qui la faisait bouillir. Souffrir ? Il la ferait souffrir ?! Mais elle souffrait déjà. La Garde avait éduqué chacun de ses membres dans la douleur physique mais désormais ses blessures n'étaient plus que mentales. La jeune femme eut un léger rictus lorsqu'elle perçut l'insulte, qu'elle perdit vite fait lorsqu'il la frappa à l'estomac, l'envoyant contre le mur derrière elle. L'armure, pourtant résistante, ne résista pas au choc et commença à se fissurer.
Ses mains serraient ses côtes alors qu'elle tentait en vain d'happer un peu d'air. Le choc lui avait coupé le souffle et désormais elle se tordait par terre, tentant de se relever, chutant de nouveau à chaque tentative. Les énormes battoirs qui servaient de main à l'homme vinrent agripper son armure, l'arrachant pour la jeter un peu plus loin. Ce fut à la moitié de ses frusques de subir le même sol, découvrant une partie de sa poitrine et ses cuisses. Le type ne retrouvait pas l'objet convoité. C'était une petite victoire qui perçait dans la douleur lancinante. Mais le Cœur vint remplir son office, réparant la chair abîmé lui rendant son aspect lisse et doux. Plus les minutes passaient et plus elle sentait l'artefact s'enraciner en elle.
Mirna resta muette lorsqu'il lui brailla sa question. Bien sur qu'il allait s'en rendre compte. Elle ne comptait absolument pas lui rendre la tâche facile. La jeune femme laissa échapper un cri de douleur lorsqu'il tira un peu plus ses cheveux afin de la redresser.
« Va... te... faire... foutre, ordure. », siffla-t-elle en se tortillant avant de lui cracher au visage. « Tu l'auras pas. Tu peut me tuer, tout ça aura été pour rien. » Il avait bien vu les fins dessins qui couraient sur sa peau. Peut-être connaissait-t-il l'existence des Gardiens... peut-être pas du tout. Mirna s'en moquait. Elle ria, un brin de folie perçant dans sa voix.
- « Il... il est... en moi désormais, tu peut rien y faire. Je suis le Cœur maintenant. » cria-t-elle alors qu'il resserrait son emprise sur son cou. Les chairs meurtries la faisaient souffrir, mais au fond d'elle, la chaleur de l'artefact qui se mêlait à son être lui fournissait un peu d'énergie, la faisant tenir. Bien sur la souffrance était là, il ne pouvait pas tout lui donner... bientôt il serait sans doute plus malédiction que bénédiction, la faisait survivre à travers les pires tortures, effaçant ses blessures, comme un supplice sans fin.