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Des retrouvailles sous une lune rouge [Le Scorpion]

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Cahir

Humain(e)

Des retrouvailles sous une lune rouge [Le Scorpion]

vendredi 12 février 2016, 00:37:45

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« Laissez-le moi... »

Morts. Ils étaient tous morts. Vision d’horreur. Corps déchiquetés, massacrés, ensanglantés, lui-même recouvert de sang. Mais il n’abandonnerait pas. Cahir ne leur offrirait pas ce plaisir. L’apatride se redressa lentement, soulevant son armure broyée, et cracha du sang, sous le rire goguenard des hommes noirs. Des ombres flottaient autour d’eux. Étaient-ils humains ? Comment le savoir ? Ses poumons étaient envahis par les flammes des charniers, les corps déchiquetés de cette ancienne grande ville, qui n’était maintenant plus qu’un cimetière infecté par les goules, et par ces charognards.

L’Affiliation... Jadis, ils étaient un mouvement politique qui avait émergé dans les Badlands, sous la férule de John Farson. Maintenant, ils étaient l’une des milices les plus dangereuses du monde, organisant un énigmatique trafic d’esclavages à travers le monde. Ils sévissaient principalement dans les Landes Dévastées, une zone géographique désignant une importante frontière limitrophe de l’Empire d’Ashnard, composée de royaumes ruinés, ravagés, qui étaient destinés à être reconstruits, et à étendre les frontières impériales en plein cœur du supercontinent de Terra. Une tâche longue et ardue, car ces zones étaient très sauvages, avec des ruines qui dataient de plusieurs siècles.

Cette ville était l’une des colonies avancées de l’Empire, et les garnisons en place affrontaient, en vain, les forces de l’Affiliation. Des forces terribles, qui se livraient à un combat acharné, les Impériaux réclamant en vain des renforts du Conseil Impérial, qui était déjà bien occupé sur d’autres fronts. L’Affiliation venait de lancer une attaque massive sur cette ville, qui était maintenant en ruines, et Cahir s’était battu en vain. Ces agents de l’Affiliation n’étaient pas que de simples tueurs, c’était comme si une force maléfique les possédait, mais ça, encore, ce n’était rien par rapport à l’individu se trouvant face à lui.

Individu ? Pouvait-on seulement qualifier cette chose effrayante « d’individu » ?

« Qui vous envoie ? Pourquoi ces raids ?!
 -  Petit apatride... rigola doucement la créature. Petit apatride qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Nous agissons au nom de Sa Majesté. »

Cahir secoua la tête, brandissant son épée.

« Vous ne servez pas l’Empereur, cela ne se peut ! »

L’individu, à cette idée, se mit à ricaner grassement, et secoua la tête.

« Mordret ? Ce vieux fou est Empereur d’un tas de cendres. Non, nous servons le vrai Roi. Et le Roi a posé son Œil sur toi, Cahir-Sans-Nom. »

Et, suite à cela, Blackheart l’attaqua. Sa lourde épée, se planta dans le sol, Cahir bondissant en arrière, avant de faire une pirouette, pour le frapper, son arme venant entailler sa peau, faisant reculer le monstre. Rougeglace n’avait jamais perdu de son tranchant.

« De l’acier valyrien...
 -  Un acier qui tranche les monstres dans ton genre...
 -  J’en doute, petit homme... »

La blessure du monstre était en train de se refermer, et l’homme attaqua à nouveau. Les lames s’entrechoquèrent, mais Blackheart était une terrible montagne, qui repoussa Cahir, puis ses doigts s’allongèrent démesurément, formant comme un fouet mortel qui frappa l’homme, manquant le renverser. Son heaume lui empêcha de perdre sa joue, mais Blackheart s’élança rapidement, faisant un bond vertigineux. L’apatride bondit sur le côté, évitant le violent impact, qui fit trembler le sol, provoquant des lézardes sur ce dernier. Cahir en fut déstabilisé, et l’homme le frappa ensuite avec le pied, le renversant, l’envoyant s’étaler sur le sol. Crachant du sang, Cahir tenta de se relever, mais, du corps du monstre, des tentacules jaillirent, et frappèrent Cahir au torse, avant d ele soulever comme un fétu de paille, et de le balancer dans le décor. Le guerrier en lâcha son épée, et heurta violemment un mur, avant de s’étaler sur le sol.

Blackheart se déplaça alors en se téléportant, et arriva à côté de lui, où il l’attrapa par la gorge, le soulevant à bout de bras.

« Tu as bravé les ordres de ton Empereur pour revenir ici, n’est-ce pas... Car tu sais que l’on t’a menti, tu l’as vu à Skellige... Mais il est trop tard, petit-homme. Cahir Sans-Nom, les Sphères seront bientôt toutes en nos mains. Que la Reine sonne le ban et réunisse les Immortels, plus rien ne peut l’empêcher. La Première-Blanche sera nôtre, et l’Arc-En-Ciel sera reconstitué. Transmets ce message à la Reine quand ta carcasse misérable la rejoindra... La Convergence approche. »

Cahir n’avait pas compris la moitié du délire de ce monstre à l’haleine fétide, puis le monstre posa la main sur son armure, et la lui arracha. Cahir sentit les morceaux d’ébonite voler en éclats, puis son heaume fut enlevé, arrivant auprès de l’un des pieds du monstre, qui l’écrasa sous son pied, le broyant, avant de lui arracher ses épaulières... Nu, humilié, la chemise déchirée, Cahir fut ensuite balancé dans un charnier proche, et s’écrasa au milieu des cadavres.

Ce charnier-là ne fut pas incendié, et l’Affiliation partit, laissant la ville entre les mains des goules, qui se dirigèrent vers les charniers pour se nourrir.
DC d’Alice Korvander.

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Le Scorpion

Humain(e)

Re : Des retrouvailles sous une lune rouge [Le Scorpion]

Réponse 1 vendredi 12 février 2016, 02:43:21

- Par là ! Elle s'est tirée par là !

Dans un petit village commerçant ordinaire, une scène malheureusement fréquente se déroulait alors que le jour commençait à peine à se lever. Une jeune orpheline du nom de Maïna s'était offerte cette nuit même à un important commerçant de la région et en avait profité, quelques minutes plus tôt, pour lui dérober une bourse remplit de pièces d'or. La jeune femme avait l'habitude de voler pour subvenir à ses besoins et jusque là elle s'en était toujours bien tirée. Mais ce matin, elle n'avait pu échapper à la vigilance des sbires du riche commerçant et se retrouvait à courir à perdre haleine dans les ruelles étroites. Terrifiée, elle tournait et se faufilait dans des rues au hasard, sans même savoir ou aller ni quoi faire pour semer les dangereux individus. Que lui arriverait-elle si elle se faisait prendre ? Est-ce qu'elle serait violée, assassinée et jetée dans une ruelle comme son amie Diane deux ans plus tôt ?

Elle tourna à droite, puis à gauche, sentant les sbires se rapprocher et soudain, un bras solide l'agrippa au poignet et la tira violemment. Elle poussa un cri aiguë qui s'étouffa contre une paume imposante, puis fut plaquée contre un corps de forte stature qu'elle devina appartenir à un homme. Pendant un instant, elle cru qu'il s'agissait d'un autre type travaillant pour le marchand et se mit à gesticuler. Tout à coup, elle sentit un souffle près de son oreille :

- Chuuut....

Le cœur de la jeune Maïna battait la chamade. L'endroit où elle se trouvait désormais était particulièrement sombre. C'est alors qu'elle vit ses deux poursuivants, un peu plus loin sur la droite. Elle retint son souffle. Mais après un bon moment à fouiller les environs, les deux individus abandonnèrent les recherche et s'éloignèrent.

Une fois certain que les deux types se soient assez éloignés, Mézias relâcha sa prise sur la jeune orpheline qui se tourna immédiatement vers lui pour dévisager celui qui l'avait surprise, mais qui lui avait bel et bien sauvé la vie. Pendant quelques secondes, elle resta silencieuse, muette devant la silhouette imposante entièrement vêtue de noir et le visage masqué. Puis, enfin, elle lui demanda qui il était. Une question qui revenait souvent lorsqu'il sauvait des vies.  Et sa réponse était la même à chaque fois :

- Tu peux m'appeler Scorpion. Alors comme ça... tu voles les honnêtes marchands ?

La petite s'empourpra et serra un peu plus fort la bourse contre sa poitrine, les sourcils froncés. Un comportement amusant. Elle répliqua alors vivement :

- Ce porc n'a rien d'honnête ! Il s’enrichit sur le dos des honnêtes gens ! J'ai simplement voulu lui donner une leçon et... et pouvoir me payer de quoi manger.

Mézias leva une main apaisante.

- Ne te tracasse pas, garde cet argent. Quant à ce terrible marchand et bien... disons que tu n'as plus à t'inquiéter. Il ne te causera plus d'ennuis.

C'était peu de le dire étant donné qu'il l'avait assassiné au moment même où la frêle orpheline avait quitté lé chambre. Il avait alors eut juste le temps de la rattraper et de lui éviter une sacrée mésaventure entre les mains des deux sbires. Qui allaient tirer une sacrée tronche en découvrant leur maître poignardé d'ailleurs.

Après de rapides remerciements et au-revoir, Maïna observa l'assassin filer et disparaître comme il était apparut. Soupirant et reprenant prudemment sa route, elle se demandait à quoi pouvait bien ressembler son sauveur sous cette capuche.

*

Mézias passa le reste de la journée dans son repère à entretenir soigneusement les nouvelles armes dont il avait fait l'acquisition et, évidemment, à se reposer. Vivre aussi dangereusement de nuit était assez épuisant pour un assassin et il ne chômait pas ces temps-ci. Dormir était donc un véritable plaisir. Il n'avait pas spécialement prévu de sortir avant la nuit. Mais lorsqu'il se leva pour se servir quelque chose à manger, il se rendit compte que son stock de nourriture était vide. Il se gratta l'arrière de la tête avec un air déconfit, puis soupira et enfila sa tenue, prenant un soin tout particulier à être impeccable. Ce n'est pas parce qu'il vivait comme un marginal qu'il devait se négliger. Une fois prêt, il traversa les nombreuses galeries menant aux puits et l'escalada avec agilité pour se retrouver à l'air libre. Il faisait encore jour, mais qu'importe.
L'homme s'étira longuement, fit rouler ses épaules et l'ensemble de sa musculature, puis se dirigea d'un pas tranquille en direction de la ville la plus proche, là où il avait l'habitude de se rendre pour faire des provisions. Il avait ses habitudes chez un vieil homme discret qui ne posait jamais de question et où il n'y avait jamais grand monde. En effet le vieillard avait une réputation de mangeur d'enfant et de sorcier. Allez savoir pourquoi... c'était un pauvre type inoffensif vivant reclus dans sa tanière poussiéreuse. Enfin... sa bouffe était mangeable c'était le principale.  

La ville se tenait à quelques kilomètres. Cela faisait une distance assez conséquente, mais Mézias avait préféré s'installer loin de tout pour éviter que ses allers et venus soient remarqués.
Une fois arrivé, il s'apprêtait à se rendre chez le vieil homme lorsqu'un type déboula sur la place, campé que un cheval paniqué et à la robe luisante de sueur. L'air complètement terrorisé, le type hurla à qui voulait l'entendre que tout le monde était mort, que c'était un carnage, que tout avait brûlé et autres inepties atroces sans que personne ne daigne vraiment le croire et lui prêter attention. Pourtant, l'assassin sentait que ce fou ne mentait pas. Quelque chose d'horrible s'était produit.
Alors que la foule s'écartait de l'hystérique, le jeune homme s'approcha et agrippa fermement l'individu par l'épaule et le fit descendre de sa monture.

- Calme toi mon grand. Qu'est-ce qui s'est passé au juste ? D'où tu viens comme ça ?

Après avoir écouté le récit tremblant et sanglotant de l'inconnu, Mézias enfourcha le cheval, le lança au galop et quitta la ville.
Toute cette histoire n'était peut-être que les mensonges d'un fou, mais il devait en avoir le cœur net.
Il chevaucha un bon moment dans la direction que lui avait indiqué le pauvre homme, jusqu'à apercevoir des colonnes de fumée. Bientôt, une odeur insoutenable de mort et de brûlé emplit ses narines. Une fois arrivé sur place, il fit stopper le cheval qui ronflait d'angoisse et de fatigue et sauta à terre.

Le spectacle n'était pas beau à voir. Vraiment pas. C'était un véritable carnage, un massacre. Qui avait donc bien pu faire ça ? Et pour quelle raison ? Curieux, mais sur ses gardes, l'assassin s'arma de l'un de ses kukri et fit le tour des environs. Tout semblait plutôt calme, jusqu'à ce qu'il aperçoive un groupe de goules en train de se repaître des cadavres encore fumants. Mézias comptait simplement s'éloigner un peu et voir s'il pouvait trouver des survivants, mais une des goules choisit ce moment pour se retourner et le repéra.

- Merde.

Le jeune homme sortit son autre kukri et décida de se débarrasser de ces saloperies. Elles étaient nombreuses, mais pas assez pour qu'il recule. Ses copines se joignirent rapidement à la fête et décidèrent de se jeter sur lui, la gueule dégoulinante de sang.
Mézias banda ses muscles et porta la première attaque, tranchant sans mal la gorge de la goule la plus proche avant de repousser une deuxième d'un puissant coup de pied dans le plexus. L'assassin bondissait, frappait, tranchait et tournoyait dans un bal incessant et meurtrier, aussi agile et vif qu'un chat, ne manquant jamais sa cible. Au bout de quelques minutes, il tua la dernière goule en enfonçant l'une de ses lames entre les deux yeux de la créature qui s'écroula.

Satisfait, Mézias essuya soigneusement ses armes avec un chiffon qu'il avait toujours sur lui, puis décida de continuer ce qu'il avait entreprit : trouver d'éventuels survivants. Il lui semblait peu probable que quelqu'un puisse encore respirer parmi tous ces tas de cadavres et surtout après le passage des goules. Et pourtant... pourtant quelque chose attira son attention.
Plissant les yeux, l'homme aperçut un corps qui semblait plus propre et en meilleur état que les autres, un corps qui n'avait pas été brûlé. Pour s'en assurer, l'assassin s'approcha, grimaçant alors que l'odeur nauséabonde devenait de moins en moins supportable.

Mézias s'accroupit près du corps a priori sans vie au premier coup d’œil, puis chercha un pouls. Il en trouva un. Si faible, d'ailleurs qu'il faillit ne pas le sentir. Un miracle que ce gars ait survécu. Par pure curiosité, l'assassin prit délicatement la mâchoire ensanglantée de la victime pour pouvoir voir son visage. Il le reconnu instantanément et son corps fit un bond violent dans sa poitrine. Cahir. C'était bien lui, ça ne faisait aucun doute. Mais comment s'était-il retrouvé au milieu de ce cauchemar ? Préférant ne pas perdre de temps avec des interrogations inutiles, Mézias rangea ses armes dans sa ceinture et agrippa son ancien compagnon d'arme pour le hisser sur son dos. Il pesait son poids, mais le jeune homme avait connu pire.

Alors qu'il s'apprêtait à quitter les lieux, il aperçut une épée sur le sol. Ce n'était pas une arme comme les autres, celle-ci avait sans aucun doute une grande valeur et quelque chose lui disait qu'elle appartenait certainement à l'apatride. L'assassin prit donc le temps de la récupérer et rejoignit le cheval qu'il avait eu la bonne idée d'attacher à un arbre pour ne pas qu'il décampe.
Il installa Cahir sur le dos de l'animal et accroché l'épée à la selle. Comme l'animal était déjà bien fatigué, Mézias décida qu'il était plus sage pour sa part de faire le chemin à pied. Cela prendrait plus de temps pour rejoindre sa planque, mais tant pis.

Le voyage dura un moment et l'ex soldat ashnardien vérifiait régulièrement que Cahir tenait le coup. Lorsqu'il atteignirent enfin le puits, la nuit était tombée. L'homme vira la cheval d'une claque sur les fesses et fit descendre tant bien que mal son ami et l'imposante épée dans les galeries. Il reprit ensuite le tout sur son dos et marcha plusieurs minutes avant de pouvoir déposer le blessé sur son lit. Mézias entreprit alors de nettoyer et soigner les blessures de l'apatride, de le débarrasser du peu de tissu déchiré qu'il avait encore sur lui et l'installa confortablement sous une chaude couverture. Après avoir vérifié qu'il n'avait pas de fièvre, l'homme prit le temps de s'asseoir, d'enlever son masque et d'observer pensivement son ancien compagnon ashnardien.

Cahir n'avait pas beaucoup changé. Il avait le visage un peu durcit par les épreuves, mais il était resté le même. Et face à cet homme qu'il avait tant aimé, Mézias sentit ses sentiments ressurgir et son cœur se serrer. Non, malgré tout ce temps son amour pour lui n'était pas mort, il s'était simplement endormit. Délicatement, l'assassin repoussa une mèche de cheveux sombre du front de Cahir et soupira :

- Tiens bon, mon ami. Bats toi, je t'en prie.

Durant les jours qui suivirent, l'homme laissa l'apatride se reposer. Il ne sortit pas beaucoup, trop préoccupé par l'état de son ancien compagnon d'arme. Une nuit, Cahir n'ayant toujours pas reprit ses esprit, mais son état étant stable, Mézias s'octroya donc un aller-retour à la ville pour aller chercher de quoi manger et de quoi soigner plus efficacement les plaies du blessé.

Lorsqu'il revint, Cahir était réveillé. Il était toujours allongé sur le lit, mais semblait avoir retrouvé ses esprits. Mézias s'approcha, silencieux, puis une fois assez prêt il prit la parole :

- Tu as l'air d'aller mieux.

L'apatride le regarda. Comme il avait toujours le visage caché, l'assassin fit tomber sa capuche et fit descendre son foulard noir sur son cou, dévoilant pour la première fois son visage.

- Bonjour Cahir. Ça fait un bail.

Allait-il seulement le reconnaître, lui, le simple camarade de bataille dont il avait toujours ignoré les sentiments ?
« Modifié: mardi 16 février 2016, 15:39:59 par Le Scorpion »

Cahir

Humain(e)

Re : Des retrouvailles sous une lune rouge [Le Scorpion]

Réponse 2 lundi 15 février 2016, 07:34:42

Pendant les jours qui suivraient, Cahir, sans cesse, reverrait ce combat en boucle, dans sa tête. Mentalement, il en étudierait chaque seconde, afin de trouver où il avait manqué d’adresse, où il aurait pu s’améliorer. Et, à chaque fois, c’est à la même conclusion que, systématiquement, il arriverait. L’apatride avait agi de la meilleure des manières. Ce Blackheart avait tout simplement été plus fort que lui. Une force de guerre, un mastodonte de magie, confirmant les pires théories que les autorités faisaient sur l’Affiliation, à savoir que ces hommes s’amélioraient avec la magie noire. Et, tout en somnolant, en pleine convalescence, il se rappellerait les propos de l’homme. Il le connaissait. Et, plus troublant encore, Blackheart l’avait épargné. Pourquoi ? Comment interpréter les énigmatiques propos de la créature ?

Et ce qu’il avait vu à Skellige... Une autre histoire, mais qui était lié aux raisons de l’homme de voyager jusqu’à Ashnard, de retourner dans un endroit où il pouvait être mis à mort sans procès, dès lors que quelqu’un le reconnaîtrait. Il était revenu afin de découvrir la vérité. La vérité sur les causes ayant provoqué son apatridie.  Bien sûr, il pouvait aussi courir après des chimères, mais il avait néanmoins décidé de tenter le coup. Et, tandis que l’apatride errait entre rêverie et inconscience, un passé fragmenté revenait à sa tête, essentiellement constitué des femmes qu’il avait rencontré au cours de ses pérégrinations dans les Contrées du Chaos. Louane, cette Terranide qu’il avait rencontré à Flotsam, puis de nouveau à Nexus, avant d’en être séparé à nouveau... Vincente, la voleuse des bas-fonds, dont il ignorait si elle était en vie ou non... Ïrika, Sayana... Des visages qui flottaient autour de lui, ainsi que son passé, Cahir le Corbeau Noir, le guerrier d’élite, qui avait dû s’entraîner d’arrache-pied pour rejoindre un corps d’élite où, par définition, les simples humains n’avaient pas leur place. Il avait combattu des démons massifs, des Drows, des monstres...

Une vie de guerrier. Même en étant devenu un apatride, en perdant son statut de citoyen impérial, il avait continué à se battre, comme si on ne changeait pas ce qu’on était. Ses racines étaient marquées en lui.

Il erra pendant plusieurs jours, entre de brèves phases de conscience, et d’autres où il s’endormait. Les blessures contre Blackheart étaient les dernières. Depuis des semaines, l’apatride menait une vie épuisante. Il était parti de Skellige, laissant derrière lui Ïrika, avec la promesse de revenir la voir. Refuser qu’elle le suive avait été difficile, car il s’était attaché à la Princesse, mais c’était un départ provisoire. Il fallait qu’il mette les choses au clair avec son passé. Mais la route avait été difficile. Des tempêtes, des assauts, des monstres... Les Landes Dévastées semblaient s’être encore aggravées depuis la dernière fois, et, comme il ne pouvait pas emprunter les routes sûres, il avait erré dans des villes en ruines.

Les jours passèrent donc, puis Cahir finit par ouvrir les yeux, et par revenir à lui.

Il portait plusieurs bandages le long du corps, et constata être dans le lit d’une chambre, avec une cheminée devant lui, où un feu brûlait.

« Hum... »

L’apatride soupira lentement, et vit une silhouette face à lui... Et fronça les sourcils, parlant d’une voix affaiblie :

« Mé... Mézias ? »

Oui... C’était lui ?!

« Mézias ?! » répéta-t-il, pour s’en convaincre.

Un souvenir lointain qui explosa dans sa tête. Un ancien camarade d’armes, lorsqu’il était à l’académie.

« Mais... Que fais-tu là ? »
DC d’Alice Korvander.

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Le Scorpion

Humain(e)

Re : Des retrouvailles sous une lune rouge [Le Scorpion]

Réponse 3 mardi 16 février 2016, 16:25:46

Durant ces derniers jours à veiller sur l'état de Cahir, Mézias n'avait pu s'empêcher de repenser aux années qu'il avait vécu à Ashnard. Ses yeux avaient dévisagé son ancien camarade pendant de longues heures, perdu dans ses pensées, peinant à croire que sa route avait de nouveau croisé l'apatride. Il aurait pu essayer de le retrouver après sa désertion, bien sûr. Mais à quoi bon ? Cahir était ce qu'on pouvait appeler un homme à femme, un homme marié en plus de cela. Qu'aurait-il gagné à le retrouver et à lui parler si ce n'est pour avoir le cœur brisé ? Alors il avait mené sa vie de son côté, tentant d'oublier le Corbeau Noir qu'il avait tant aimé. Et jusqu'à aujourd'hui, il y était plutôt bien parvenu.

La vie sentimentale de Mézias jusque là se résumait au néant. Ce n'était pas si étrange quand on y pensait. Pour commencer, il ne s'était jamais totalement assumé. Ensuite, il s'évertuait à vivre en solitaire, fuyant le contact des autres pour préserver son anonymat et éviter de s'attacher de nouveau inutilement. L'amour, comme le sexe, pouvait être fatal, c'était bien connu. Il avait pratiqué les plaisirs en solo cela dit... il restait un être vivant avec des envies naturelles. Et il avait même pensé à Cahir pendant ces instants, il devait bien l'avouer. Même s'il en avait un peu honte.

Désormais il était là, planté face à lui, affrontant son regard à la fois fiévreux et surpris. Il l'avait reconnu et semblait ne pas comprendre pourquoi il était là. Sans un mot, Mézias se détourna et alla poser le sac contenant la nourriture et les soins qu'il avait acheté en ville. Il en extirpa un petit flacon qui lui avait coûté la moitié de ses économies et s'approcha de nouveau de Cahir pour le lui tendre.

- Tu es chez moi. Ça paye pas de mine, je sais. Bois ça, ça te fera du bien.

Ce petit élixir était rare et coûteux, mais il permettrait au guerrier de reprendre plus rapidement des forces et de mieux cicatriser. L'assassin avait eu un mal fou à se le procurer, mais ça en valait la peine.

Il le laissa boire, ne sachant quoi dire. Se retrouver face à Cahir était beaucoup plus perturbant et compliqué qu'il ne l'avait imaginé. Plutôt que de se lancer dans une conversation hasardeuse, Mézias alla ranger les différentes denrées dans le garde-manger, gardant quelques légumes de côté qu'il commença à éplucher et découper soigneusement. Le silence étant finalement plus angoissant qu'autre chose, il ouvrit la bouche :

- Qu'est-ce que tu foutais là-bas, Cahir ? Tu sais ce qui t'attend si l'Empire te remet la main dessus. T'es devenu suicidaire ?

Il parlait d'un ton calme, banal, comme s'il lui demandait où il avait passé sa dernière permission. Néanmoins il était réellement inquiet et était bien décidé à comprendre ce qui s'était passé là-bas. Vu l'état des lieux et la présence de tous ces charniers, nul doute que ceux qui avaient fait ça possédaient une grande puissance. Peu probable que les coupables soient une simple poignée de Nexusiens, surtout aussi près d'Ashnard.

Soucieux, l'assassin découpait les légumes à l'aide d'un grand couteau, préférant se concentrer là-dessus plutôt que sur le visage de l'apatride. Cahir n'avait rien mangé durant sa convalescence et la moindre des choses était de lui remplir l'estomac. Certes, une soupe n'avait rien de très consistant, mais ça irait pour commencer et lui fournirait les vitamines nécessaires à son bon rétablissement.
Il réunit donc les légumes dans une petite marmite d'eau bouillante et laissa cuire le tout, allant apporter un grand verre d'eau fraîche au guerrier en attendant.

Mézias avait du mal à se comporter de façon naturelle. Il aurait pu se montrer plus enthousiaste, plus souriant, plus bavard. Mais il n'y arrivait pas avec lui. Sa présence ici, entièrement nu dan ses draps, le perturbait au plus haut point. Mieux valait ne pas y penser, arrêter son regard sur son visage et surtout pas sur son torse musclé ou quoi sue ce soit d'autre. La gorge sèche, il se servit lui aussi un grand verre qu'il vida cul sec.

Cahir

Humain(e)

Re : Des retrouvailles sous une lune rouge [Le Scorpion]

Réponse 4 mercredi 17 février 2016, 18:17:37

L’état de sa pilosité faciale signifiait qu’il devait avoir passé plusieurs jours dans le sommeil. Cahir prenait grand-soin à se raser, car il estimait que c’était là une forme de discipline morale, de rigueur militaire qu’on devait appliquer au quotidien. Son apatridie avait forcément entraîné, de ce point de vue, un relâchement, et il s’était déjà fait pousser la barbe, avant de se raser à nouveau. Il s’épilait aussi le torse, qu’on voyait clairement à travers les bandages recouvrant ses plaies. Mais ces détails n’étaient pas le plus important. Ce qui comptait, c’était… Mézias.

L’apatride n’avait évidemment pas oublié son vieil ami. À cette époque, Cahir était un homme pétri d’honneur, qui savait qu’il se marierait. Un mariage politique, décidé il y a des années.  Son honneur faisait qu’il avait toujours refusé de se joindre aux orgies que l’Académie militaire organisait avec des prostituées, généralement pour célébrer une quelconque fête militaire. Lors de ces orgies, il restait à l’abri, généralement sur l’un des balcons de l’école, et c’était comme ça que lui et Mézias avaient progressivement fait connaissance. Mézias avait grandi dans les provinces centrales de l’Empire, avec un père soldat, et une mère travaillant la terre. Une vie classique. Son père était mort au combat, la mère avait reçu une indemnité, et lui, Mézias, avait reçu, comme tout jeune citoyen impérial, une convocation pour le contingent, terme désignant le service militaire obligatoire, qu’il avait ensuite prolongé en décidant de faire ses classes militaires. Cahir et lui s’étaient connus ainsi. Ils avaient sympathisé… Essentiellement parce qu’ils ne participaient pas aux orgies, Cahir au nom de son honneur de jeune époux, Mézias… Et bien, Cahir avait fini par comprendre pourquoi le jeune homme s’éloignait des fêtes, et pourquoi il était si proche de lui, et n’aimait pas parler avec lui des soldates qui jouaient de séduction avec l’apatride. Mais, à cette époque, ils avaient eu des affectations différentes. Cahir avait pu rejoindre les Corbeaux Noirs, et Mézias… Et bien, honnêtement, Cahir n’avait jamais su ce qu’il était devenu.

Visiblement, l’homme vivait maintenant dans la Bordure Extérieure de l’Empire, dans une mansarde tout ce qu’il y avait de plus humble. La paie impériale pour les simples soldats, ce n’est plus ce que c’était… Cahir, en ce moment, n’avait en effet aucune raison de se douter que l’homme était, comme lui, un déserteur.

« Merci, Mézias. »

Il observa l’élixir. Un décocté de Raffard le Blanc, reconnaissable à ce liquide pourpre qui le définissait si bien. Un élixir d’une rare qualité, surtout à en voir l’étiquette. Il venait d’un alchimiste ashnardien de renom, ce qui intrigua Cahir. Pourquoi vivre dans un si petit logis, quand on pouvait s’offrir de tels élixirs ?

Silencieux, Cahir était toujours aussi surpris de revoir son vieil ami, et ce dernier finit par lui demander ce qu’il fabriquait ici. Nu sous le lit, Cahir constata alors que la pièce, petite, n’abritait visiblement qu’un seul lit… Autrement dit, Mézias l’avait installé dans son lit. L’apatride ne savait pas comment interpréter, et vit l’homme en train de découper des légumes dans le coin cuisine.

Se raclant la gorge, qui était toujours un peu enrouée, Cahir passa une main dans ses cheveux. Il s’était assis sur le lit, la couverture arrivant à hauteur de son bassin, dissimulant son sexe.

« Je suis heureux de te revoir, Mézias… Même si je ne me souvenais pas t’avoir vu un jour me reprocher quoi que ce soit. Il faut croire que j’ai été inconscient de me rapprocher des lignes impériales, oui… »

Il s’éclaircit ensuite la gorge, avant de poursuivre, n’ayant rien à lui cacher :

« J’ai eu… J’ai obtenu des informations, récemment… Des informations qui laissent présager l’existence d’un complot à Ashnard, un complot qui viserait l’Empereur et son Conseil. Et… J’ai aussi appris que… Mon bannissement… Aurait des raisons cachées. »

Cahir y allait à petits pas, et choisit ensuite d’enchaîner rapidement :

« Et toi, Mézias ? Comment m’as-tu trouvé ? Tu as une femme, maintenant ? Tu fais partie de quelle unité ? Et… Hum… Merci de ne pas m’avoir présenté à ton supérieur. »

L’explication la plus logique que Cahir voyait, c’était que Mézias, ce jeune homme si maladroit avec les filles, avait dû finir par rejoindre les patrouilleurs, et qu’ils avaient fait une ronde dans la ville ravagée par l’Affiliation. Ensuite, restait à savoir comment l’homme avait fait pour le dissimuler au reste de l’unité, et le ramener ici…

En ce sens, Cahir était très éloigné de la réalité.
DC d’Alice Korvander.

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Le Scorpion

Humain(e)

Re : Des retrouvailles sous une lune rouge [Le Scorpion]

Réponse 5 jeudi 18 février 2016, 01:19:49

Mézias avait bien entendu essayé de paraître totalement détaché. Le mieux aurait sans doute été de prendre une chaise pour s'installer non loin de lui et continuer la conversation avec le sourire, comme au bon vieux temps. Mais l'assassin avait ce besoin étrange de s'occuper, incapable de rester en place. Il était un peu comme un homme face à une femme à la poitrine énorme, ses yeux ne pouvaient s'empêcher de dévier là où il ne fallait pas. Se forcer à le regarder dans les yeux n'était pas une bonne solution, Cahir aurait finit par le trouver bizarre. Alors, quitte à paraître un peu froid et impoli, il s'occupa plutôt de la soupe, rangeait machinalement des bibelots par-ci par-là, puis finit par se débarrasser du plus gros de sa tenue d'assassin, ne gardant que son pantalon noir et un maillot de corps de la même couleur. Puis il plia soigneusement le reste et le posa sur le dossier d'une chaise.

Sous tout cet équipement, Mézias était un homme fin, mais musclé. En revanche, sa peau était assez abîmée, recouverte un peu partout de grandes cicatrices. Le métier d'assassin était dangereux après tout et Cahir en avait presque tout autant. Ils étaient des hommes vivant dangereusement et prenant souvent des risques.

Son ancien compagnon d'arme avoua qu'il avait un peu tenté le diable en s'approchant trop près d'Ashnard, précisant qu'il n'avait pas entendu son vieil ami lui reprocher quoi que ce soit autrefois. Cela fit sourire Mézias. Dans le temps il admirait beaucoup trop l'apatride pour lui faire la moindre remarque, c'est vrai. Mais c'était du passé.

Cahir lui fit une autre confidence, annonçant qu'il avait récolté quelques informations au sujet d'un complot contre l'Empire et son Conseil et que son bannissement cachait quelque chose de louche. Mézias, qui avait attrapé ses ustensiles pour les nettoyer interrompit son geste, le laissant quelques secondes en suspens. Pas trop longtemps tout de même pour ne pas alarmer l'apatride s'il le regardait. L'assassin se fichait éperdument de tout ce qui se rapportait à Ashnard et ce depuis longtemps. En revanche, la traîtrise dont Cahir et ses hommes avaient été victimes l'avait toujours inquiété. Et lorsqu'il avait un peu enquêté sur le sujet, il n'était pas parvenu à obtenir grand chose. Mais ce dont il était certain, c'était que ça venait de leur supérieurs et de l'Empire lui-même. L'apatride en avait-il conscience ?

Comme l'assassin restait silencieux, Cahir poursuivit, préfèrent changer de sujet pour s’intéresser à ce qu'était devenu son ancien compagnon. Évidemment, il ignorait complètement où il se trouvait et ce qu'avait vécu Mézias jusque là. Pour détendre l'atmosphère, le jeune homme décida de se secouer un peu et de faire preuve d'un peu d'humour. Cela ne leur ferait pas de mal. Il ricana et lança donc :

- Oh moi, tu sais... ça va. J'ai cinq femmes, une dizaine d'enfants et quand ça devient trop bruyant dans mon palais d'ivoire et de marbre blanc je me détend un peu en recueillant des types à moitié morts que je séquestre dans ma cave. Ce que je préfère c'est de les attacher à poil dans ce lit et de leur découper les doigts un par un...

Pour donner un côté encore un peu plus dramatique à la chose, il leva son grand couteau avec un sourire sadique. Puis, au cas où Cahir le prendrait un peu trop au sérieux, il éclata de rire et reposa l'objet. Mieux valait éviter qu'il ne se barre en courant. Reprenant un peu son sérieux, donc, il soupira et reprit :

- Hum... non en fait Cahir, j'ai déserté. Je supportais plus les horreurs qu'on nous demandait de faire, j'en ai eut marre de mener une guerre insensée pour un Empire pourrit jusqu'à la moelle. Alors quand mon lieutenant m'a demandé de violer et de massacre une petite même pas majeure devant sa famille et mes compagnons d'armes... j'ai craqué. Je lui ai tranché la tête et je me suis tiré.

Un peu angoissé à l'idée de livrer tout ça à Cahir, il touilla machinalement les légumes qui baignaient dans l'eau avec une cuillère en bois. Il ignorait si son ami était toujours aussi fidèle à l'Empire, mais en tous les cas, il ne pouvait pas lui cacher tout ça. Il s'éclaircit la gorge et continua :

- Depuis je me cache sous l'identité du Scorpion, un assassin qui se bat pour les justes et les faibles. J'essaye de réduire la population de sales enfoirés si tu vois ce que je veux dire. J'essaye peut-être de me racheter pour toutes les saloperies que j'ai faite sous l'ordre de l'Empire.

Abandonnant la cuisine, il finit enfin par se rapprocher et s'asseoir en bout de lit, plongeant son regard dans celui de l'apatride qui devait être assez étourdit par ce qu'il venait d'apprendre.

- C'est un survivant du carnage dans lequel tu t'es retrouvé qui m'a apprit ce qui s'était passé, alors je suis allé voir si je pouvais pas trouver des survivants. C'est là que je suis tombé sur toi. Alors dis-moi... qui a fait ça ?

C'était bien la question qu'il se posait depuis le début. Qui était l'auteur de ce massacre au juste ? Qu'est-ce qu'ils voulaient ? Qu'est-ce qu'ils cherchaient ? Il n'obtiendrait peut-être toute les réponses, mais il était bien décidé à en savoir plus.

Cahir

Humain(e)

Re : Des retrouvailles sous une lune rouge [Le Scorpion]

Réponse 6 samedi 27 février 2016, 12:55:51

Le temps était surprenant sur l’évolution des individus. On en apprenait des sacrées, et c’était ce que Mézias venait de faire auprès de Cahir, en lui expliquant que, non, il n’était pas resté dans l’armée, mais avait fait le choix de déserter, ulcéré par les crimes de guerre dont les Ashnardiens se rendaient fréquemment coupables. Une réalité terrible, contre laquelle Cahir avait essayé de lutter, mais sans grand succès. Le fait est que la guerre réveillait le pire d’entre vous. Pendant longtemps, Cahir avait cru que cette spécificité ashnardienne se justifiait par les gènes démoniaques qui, après des millénaires, se retrouvaient dans la plupart des Ashnardiens, mais les humains n’étaient guère mieux. Ce que son exode lui avait montré, c’est que le crime n’avait pas de nation, qu’il était une constante au sein de la Nature. Mézias avait donc déserté, et était donc devenu un assassin, Le Scorpion.

Autant le dire, Cahir ne s’y était pas attendu, à ce coup-là, et la surprise pouvait se lire sur ses yeux. Il se rappelait encore de ce jeune étudiant, qui restait près de lui, et qui adorait qu’ils s’entraînent ensemble. Mézias était quelqu’un de talentueux, et Cahir lui avait appris à manier l’épée. Mézias n’avait pas eu la chance de Cahir de descendre d’une grande lignée, et, quand Mézias apprenait à battre la terre, lui, Cahir, avait déjà des maîtres d’armes qui le formaient.

Mézias s’assit face à lui, visiblement soucieux. Cahir ne s’était jamais douté des sentiments que l’ancien soldat avait pour lui, et il était encore un peu trop... Sonné... Pour le réaliser, ou pour s’y intéresser. Ilo avait été mis en pièces par ce Blackheart, et il revoyait maintenant un ami qu’il pensait ne jamais devoir revoir, et apprenait, comble du marché, que cet homme était un déserteur.

« Tu m’as suivi jusqu’au bout, Mézias, dit-il alors, dans un sourire. Je suis devenu apatride, et tu es devenu un déserteur. Nous formons une fine équipe ! »

Si Mézias n’avait pas perdu son sens de l’humour, c’était aussi le cas de Cahir, qui se recula ensuite un peu, avant de soupirer. Ce mouvement eut aussi pour effet de relever un peu son ventre, soulevant ses abdominaux. Fugacement, son regard se perdit par la fenêtre se trouvant sur le côté, montrant une rue où, parfois, quelques ombres passaient.

« L’Affiliation... Ce sont eux qui ont attaqué ce village. Une bande de rôdeurs, de pillards, de mercenaires... Ils sont originaires des régions sauvages de Tekhos, et on dit qu’ils ont des pouvoirs magiques. Et ils sont le bras armé d’une autre organisation, qui a des ramifications jusqu’au sommet de l’Empire... La Monarchie de la Rose. »

Cahir avait appris bien des choses lors de ses pérégrinations sur Terra. Il regarda à nouveau Mézias, en soupirant à nouveau.

« Ils sont forts... Et ils sont animés par la magie. Je suis tombé sur l’un de leurs lieutenants... Et je n’ai rien pu faire. Le plus troublant, c’est qu’il savait qui j’étais. J’ignore ce que cela veut dire... Peut-être ai-je eu tort de revenir ici. »

Il hésita à lui parler de ses aventures sur Skellige, de sa rencontre avec Ïrika, cette Princesse perdue à la recherche de son peuple... Finalement, il choisit l’option la plus sûre, en restant silencieux.

« Alors, tu es devenu un assassin ? reprit-il ensuite, après un léger silence. Commettre des crimes pour racheter ses anciens crimes... C’est assez ironique, non ? »
DC d’Alice Korvander.

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Le Scorpion

Humain(e)

Re : Des retrouvailles sous une lune rouge [Le Scorpion]

Réponse 7 lundi 28 novembre 2016, 20:49:53

Mézias eut un bref sourire amusé. Oui, un apatride et un déserteur. Ils formaient décidément un drôle de duo tous les deux. Les fines fleurs d'Ashnard. Ah ils étaient beaux à voir les deux soldats de l'Empire promit à un bel avenir, rêvant de bataille, de conquêtes et peut-être même de médailles ! Ils avaient bien changé. Mais c'était peut-être mieux comme ça. Le jeune homme ne regrettait rien au final. Déserter fut en quelque sorte un mal pour un bien. Mais qu'en était-il de Cahir ? De son côté il aurait peut-être sûrement préféré garder son honneur et son titre de Corbeau noir plutôt que d'être déshonoré et trompé de la sorte. Il était né pour faire de grandes choses parmi l'élite d'Ashnard, pas pour errer sur les chemins sans but et mourir seul dans un charnier. Heureusement qu'il était intervenu oui... ç'aurait été une grande perte.

Cahir se redressa un peu sur le lit, réveillant la nervosité de son hôte qui toussota l'air de rien en baissant les yeux sur ses pieds. Il chercha le meilleur moyen de ne pas faire durer le silence gênant, mais ce fut finalement l'apatride qui prit la parole à son plus grand soulagement. Il lui apprit alors enfin qui était à l'origine de ce merdier où il l'avait trouvé. Mézias écouta avec attention, l'air grave et soucieux. L'Affiliation, la Monarchie Rose... autant de noms qui lui étaient inconnus. De plus, le lieutenant qui avait terrassé son ami semblait le connaître. Étrange.

L'assassin caressa un moment sa mâchoire rasée de près, un peu perdu dans ses réflexions. Il y avait bien trop peu d'informations à propos de cette organisation mystérieuse. Pourquoi raser un village entier ? Quel était leur but exactement ? Et pourquoi ne pas avoir achevé la guerrier ? Cahir disait que ce lieutenant semblait le connaître... bizarre. L'ancien Corbeau Noir qu'il était avait certes une bonne réputation autrefois et était né dans une bonne famille. Mais tout de même...
Cahir l'extirpa dans ses pensées en le questionnant sur son rôle d'assassin, s'amusant de voir qu'il effectuait des crimes pour racheter ses anciens crimes. L'assassin redressa un peu son dos et fit de son mieux pour regarder un point fixe au loin devant lui plutôt que de faire face une fois de plus à la nudité de son camarade.

- Ne dit-on pas qu'il faut combattre le feu par le feu ? On m'a apprit à tuer. TU m'as apprit à tuer. Je ne suis bon qu'à cela. Il est plus utile et plus facile de tuer des coupables plutôt que des innocents, tu ne peut pas me contredire là-dessus.

Il sourit légèrement, puis se décida à se tourner vers lui, posant une main au niveau de l'une de ses jambes dans un geste amicale avant de la retirer plus vivement qu'il ne l'aurait voulu et de se lever en s'éclaircissant la voix.

- Bien... je crois que la soupe est prête.

Il se dirigea donc vers la casserole fumante d'où s'échappait une délicieuse odeur et remplit un bol de son contenu à l'aide d'une louche. Il coupa également un morceau de pain, récupéra une cuillère et posa le tout sur un plateau en bois qu'il apporta à son ami.

- Mange. Nous éclaircirons cette histoire plus tard, lorsque tu seras complètement remit. Tu peux tenir debout ? Je vais faire chauffer de l'eau pour que tu puisse te décrasser et te trouver des vêtements propres...

Il n'attendit pas vraiment sa réponse avant de disparaître dans une pièce adjacente où se trouvait une vieille chaudière. Un mécanisme bien pratique pour faire chauffer l'eau qui passait ensuite dans un enchaînement de tuyaux et terminait sa course à travers un pommeau percé de trous. Une douche, quoi. Mézias aimait bien ce genre d'invention et étant plutôt grand, il préférait ce système aux petites baignoires étroites.
Tandis que le réservoir d'eau chauffait, il retourna dans la pièce où se trouvait Cahir pour fouiller dans une armoire et en sortir un pantalon de toile et une chemise. Une tenue simple, mais qui serait sans doute nécessaire si son camarade avait un coup de froid ou décidait de quitter le lit. Il alla déposer le tout dans la salle d'eau, puis revint une nouvelle fois.

- Ça se mange ? J'ai encore jamais cuisiné pour personne, mais bon, c'est pas bien sorcier. Quand tu auras terminé tu pourras aller dans la pièce à côté si tu veux...

Pour sa part, il se servit à son tour un bol de soupe qu'il entama sur la petite table présente non loin du lit. Il la trouvait pas mauvaise cette soupe, mais bon ce n'était que son avis. Peut-être qu'à force de manger sa propre cuisine il s'y était habitué... et qu'en réalité c'était dégueulasse. Peu importe. Ce n'était que des légumes après tout...

- Je vais attendre que tu ais terminé ta toilette, moi, avant d'y aller. A moins que... enfin à moins que ça ne te dérange pas qu'on fasse une pierre deux coups.

Horrifié par ses propres mots, il rougit furieusement. Il s'empressa de se reprendre comme il pouvait :

- Non enfin je veux dire... c'est qu'entre soldats ça se faisait des fois. Heu... on est entre mecs, quoi, y a pas de lézard !

Il rit nerveusement et ça sonnait faux. Il aurait aimé disparaître sous terre à cet instant précis. Mais le mal était fait et il espérait sincèrement que Cahir ne prenne pas ombrage de cette proposition plutôt insolite. Il décida, mort de honte, de replonger dans sa soupe.

Cahir

Humain(e)

Re : Des retrouvailles sous une lune rouge [Le Scorpion]

Réponse 8 jeudi 01 décembre 2016, 18:46:48

Mézias... Il était amusant de voir comment le passé pouvait se rappeler à vous dans les moments les plus incongrus. Revoir cet homme rappelait à Cahir ce passé lointain, qu’il avait tant de fois refoulé, quand il était un glorieux soldat, quand il était Cahir Mawr Dyffryn aep Ceallach, et non Cahir L’Apatride. Sa vie avait connu de grands changements. Il se rappelait des entraînements à la caserne, et de Mézias, qui le suivait toujours, et qui était toujours d’accord avec lui. Jadis, Cahir était empêtré au sein de l’armée, uniquement focalisé par le poids de son héritage, et le sens du devoir. L’apatride y repensait, maintenant, tout en avalant un peu de soupe. Mézias semblait... Extrêmement nerveux. Or, Cahir avait pu remarquer combien l’homme était sûr de lui.

« Tu as un autre talent que le meurtre, Mézias... Tu m’as rafistolé avec talent. »

Il avala de la soupe. Elle était bonne... Pour de la soupe. Les légumes avaient été bien écrasés, de sorte qu’il y avait peu de grumeaux, rendant l’ensemble très fluide. Avec une cuillère en bois, Cahir en buvait, tout en observant la maison. C’était une petite bicoque, probablement à un endroit central de la ville. Où est-ce que Mézias entreposait son arsenal ? Il avait sûrement une salle secrète, quelque part. Cahir continua à boire de sa soupe, et se redressa ensuite.

Son corps s’était plutôt bien rétabli, et Mézias l’invita à aller se doucher, pendant que lui comptait sortir... Avant de proposer quelque chose qui interpella Cahir. En réalité, sur le coup, l’apatride ne comprit  pas ce que l’homme disait, et y repensa pendant quelques secondes, avant de comprendre.

*Prendre une douche ensemble... Mais pourquoi est-ce que ça le trouble autant ?*

Comme Mézias l’avait rappelé, à la caserne, les soldats se douchaient ensemble, hommes ou femmes. La mixité avait cours à Ashnard, et il y avait autant de femmes que d’hommes dans l’armée. L’apatride était donc troublé, et laissa passer quelques secondes, avant de lui répondre :

« Y a pas de lézard... Je ne t’aurais jamais cru entendre dire une telle expression, Mézias, toi qui as toujours été si sérieux. Je pense que tu as besoin d’une douche, oui. »

L’homme se déplaça vers lui, et lui sourit encore, en posant affectueusement une main sur son épaule.

« Et puis, vu le prix de l’eau, nous avons intérêt à faire des économies, je m’en voudrais de t’appauvrir, Mézias. Nous avons encore beaucoup de choses à nous dire, mieux vaut que tu prennes un peu d’eau, ça te détendra. Sache que je ne suis plus ton officier supérieur, alors... Inutile de paniquer face à moi. »
DC d’Alice Korvander.

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