Bataille de New York, 1947 Terre-8193Chronologie- Septembre 1939 : l’Allemagne envahit la Pologne. La France et l’Angleterre, en réaction, déclarent la guerre au Troisième Reich ;
- Juin 1940 : défaite de l’armée française ;
- Juillet 1940 : lancement par l’armée anglaise de l’Opération Catapult, dont l’objectif était de détruire la flotte française amarrée en Afrique, à Dakar, à Mers-el-Kebir, à Alexandrie, afin d’éviter que les bâtiments français ne tombent entre les mains des forces de l’Axe. L’opération sera un échec retentissant. À Mers-el-Kebir, l’échec des négociations donnera lieu à un affrontement entre la flotte britannique et la flotte française. La seconde prendra l’avantage sur la première ;
- Septembre 1940 : grâce aux navires récupérés par la Marine française, l’Axe lance en Juillet de multiples offensives sur l’Angleterre, consistant en une série de bombardements et en l’envoie de navires pour débarquer sur Albion. L’Angleterre sera vaincue avant l’automne, et, ce faisant, le Troisième Reich assura son emprise sur toute l’Europe de l’Ouest, et s’emparera ensuite des territoires du Maghreb avec l’aide des Italiens et des Espagnols ;
- 1943 : la bataille contre l’URSS se termine par la chute de Stalingrad. Le front Ouest étant sécurisé, l’Allemagne enverra un grand nombre de forces pour renverser le régime soviétique. Avec la chute de Stalingrad, le moral soviétique s’ébranle, et l’Allemagne assure son emprise sur toute l’Europe ;
- 1947 : la Marine américaine s’embourbe dans le Pacifique. N’ayant jamais recouru à la bombe atomique, et préférant parvenir à des accords commerciaux avec l’Europe, notamment pour lutter contre les cellules communistes se développant aux Etats-Unis, elle est prise par surprise quand l’Axe envoie ses forces le long de l’Atlantique. Une terrible bataille a lieu à New York, les Allemands utilisant leurs nouvelles fusées depuis New York pour bombarder les grandes usines américaines, et déferlent ensuite dans le continent ;
- 1948 : les révoltes dans les colonies impériales, comme en Inde, sont matées dans le sang et l’autoritarisme. En Inde, un révolutionnaire prônant la non-violence, Gandhi, sera abattu par les forces impériales, déclenchant une guerre civile qui sera résolu par le gazage de grandes villes indiennes, et la mort de centaines de milliers de personnes ;
- 1949 : capitulation des Américains après la Bataille de Washington ;
- 1951 : utilisant les recherches développées par les Américains, le Reich assure son emprise sur le reste du monde en faisant exploser une tête nucléaire à Kyoto, convainquant ainsi l’Empire japonais d’abdiquer ;
- 1956 : les derniers foyers de résistance le long de la Côte Est sont éradiqués par les Allemands, notamment à Los Angeles, où un immense autodafé a lieu ;
- 1960 : une révolte éclate à New York après l’exécution d’un chanteur de jazz noir. La répression est sévère, et l’Empire interdit les « musiques de nègres » ;
- 1965 : une bombe explose à Berlin, provoquant la mort d’Adolf Hitler ;
- 2015 : Werner von Schmidt, actuel Empereur du Saint-Empire aryen, est un Empereur vieillissant devant faire face au délitement de son Empire. Les révoltes se multiplient aux Etats-Unis, et il peine à maintenir la cohésion de son Empire avec l’aile asiatique, qui n’a jamais pardonné aux Allemands la destruction de Kyoto. Le monde vit sous la surveillance généralisée, et quantité d’autodafés ont été pratiqués au cours des siècles. Un rêve, toutefois, parcourt le peuple, alors que de vieux écrits sont retrouvés, et que, ici et là, un mot interdit est retrouvé le long des rus de Berlin et des grandes capitales européennes : la démocratie…
«
…La récente déclaration du Gouverneur Landsey Williams illustre avec toute la sagesse possible la parcimonie de nos illustres dirigeants. N’oubliez pas que nos jours sont menacés par… -
Hum… Sans intérêt. »
Les doigts gantés de la femme glissèrent le long de l’écran, et allèrent voir ailleurs, sur une autre chaîne de sa tablette graphique. Elle finit par la reposer, et s’empara d’un journal, le trempant sans vergogne dans l’eau savonneuse de sa baignoire.
Marla Drake consulta alors les titres du journal. Depuis quelques années, le Reich avait décrété tous les journaux papiers comme étant hérétiques et illégaux, préférant les voies numériques, plus faciles à contrôler. De fait, il était maintenant impossible de télécharger n’importe quelle vidéo ou n’importe quelle information médiatique. Tout était disponible uniquement en
streaming, à travers des médias qui, tous, appartenaient au pouvoir en place : la Chancellerie Impériale. Le Bureau de Contrôle Informationnel exerçait sur les journalistes un contrôle total, et le seul fait de publier une revue qui n’était pas assortie du sceau du BCI exposait le publicitaire à de fortes sanctions pénales. Tout cela, Marla le savait… Mais elle aimait tenir entre les mains des journaux illégaux. Juste comme ça, pour le plaisir… Entre les mains, elle avait ainsi le dernier exemple du
New York Inquirer, qui parlait de l’état catastrophique des dernières réformes agraires du Gouverneur Williams, ainsi que de la guerre civile faisant rage dans les provinces du Sud.
Marla soupira lentement, et reposa le journal sur une table, puis se releva, et sortit dans son salon. Toute nue, sans aucune serviette sur son beau corps, la richissime héritière alla chercher une longue cigarette. D’ici quelques jours, la Conférence sur l’Économie aurait lieu à Washington. Elle le savait, car son mari,
Friedrich, était parti ce matin pour s’y rendre. Son objectif était de lutter contre toutes les personnes voulant réduire les dépenses militaires au profit de la crise économique qui faisait rage dans le pays. Il était parti,
non sans lui avoir fait passionnément l’amour la veille.
Elle attendait une invitée importante, afin de discuter de quelque chose… De central. Friedrich avait été un aviateur au sein de la Lutwaffe, avant d’être victime d’un acte terroriste. Son avion avait explosé, et il avait été grièvement brûlé sur toute une partie de son corps. Marla était restée avec lui. Parfois, elle essayait de se convaincre qu’elle l’aimait. Il était un bel amant, endiablé, qui la faisait toujours jouir… Mais la vérité était que la femme avait du mal à être amoureuse d’autre chose qu’elle-même, et qu’elle avait été obligée de se marier pour pouvoir bénéficier pleinement de l’héritage familial. Marla Drake, de fait, était l’une des femmes les plus riches de New York, car son grand-père avait, lors de la guerre mondiale, judicieusement choisi de soutenir l’Axe. Quand les Allemands avaient fermé les entreprises juives, il avait repris ces derniers, et avait lancé un véritable empire industriel spécialisé dans bien des domaines. Son père avait fait fructifier cet héritage, mais, entre-temps, le Reich ne s’était guère montré progressiste sur les droits des non-Aryens, en considérant qu’un non-Aryen ne pouvait pas hériter d’une trop grosse fortune sans payer d’écrasants droits d’impôts. Elle avait donc réussi à se dégoter un bon Aryen, Friedrich, né à Cologne, un aviateur qui avait participé aux bombardements de Téhéran. Maintenant, Marla dirigeait son Empire… Et d’autres choses. Elle avait toujours été une femme forte, ce que Friedrich aimait. S’il aimait le Recih, il n’était pas très attaché aux théories eugéniques, qui était prodiguées parle Chancelier Schmidt.
«
Le Chancelier et ses idées sont en perte de vitesse… La plupart des députés ne quittent pas le cœur de l’Empire, et ne savent pas que l’Islam est encore fortement implanté dans les provinces africaines et arabes. »
Après le Grand Incendie de Jérusalem, le Reich avait décrété que, désormais, la seule religion officielle et reconnue serait le christianisme. L’argument officiel avait été qu’il ne pouvait exister qu’un seul Dieu unique, et que, partant de là, seul Jésus-Christ était le Sauveur. La religion avait été remaniée en conséquence. L’Église avait réuni, en 1957, un conseil œcuménique, et le conseil avait décidé que les écrits relevant de l’Ancien Testament seraient tous apocryphes. La Bible ne se composerait donc plus que du Testament, et des témoignages des Évangiles. L’Islam avait été décrété culte païen, et il avait fallu le chasser. Ceci avait donné lieu à de multiples conflits au Moyen-Orient, conflits qui n’étaient toujours pas totalement terminés, même si, avec le soutien des grandes dynasties arabes, davantage intéressés par leurs capitaux que par le respect des croyances, l’Empire raffermissait son emprise.
Grâce à Friedrich, Marla avait droit à une actualité qui n’était pas biaisée par la propagande impériale. Officiellement, Schmidt était l’Empereur incontesté du Reich. En réalité, les rivaux menaçaient l’Empereur vieillissant et fatigué, qui commençait à sombrer dans la paranoïa. Les vieilles instances dirigeantes berlinoises peinaient à accepter que l’Europe n’était plus le cœur économique du monde, et que la plupart des richesses venaient maintenant des Länder américains.
Marla se prépara donc, et se rendit dans le petit salon, habillée dans
une élégante robe noire avec des gants blancs et un chignon serré, attendant son invitée…
La Baronne.