Deux filles brillantes [Lucia]

S'il y a bien une chose que Mira aimait plus que la traque d'Inferno, travailler sur ses inventions ou se repasser en tête la façon magique dont elle a perdu sa virginité aux côtés d'Eris, c'était de traîner à la bibliothèque pour y dévorer tous les ouvrages qu'elle pouvait y trouver. Même si tous les ouvrages scientifiques étaient clairement en dessous de son niveau de connaissances, elle s'intéressait beaucoup aux ouvrages parlant d'histoire, de géographie, et toutes les grandes œuvres littéraires de cette planète. Chaque jour, poussée par son besoin d'apprentissage liée au virus formien en elle, elle en découvrait un peu plus sur ce monde et en comprenait les rouages. Même si elle ne comprenait toujours pas pourquoi Inferno avait choisi cette planète encore si archaïque, habitée par des êtres aussi peu évolués, pour se cacher. Sans doute espérait-il que l'isolement de ce monde à l'échelle de l'univers en ferait une bonne planque.

Il était environ 17 heures quand Mira entra dans la bibliothèque. En habituée des lieux, elle fut accueillie personnellement par la bibliothécaire.

« Bonjour Mira. Comment vas tu aujourd'hui ? »
« Bien, merci. »
« Ah, au fait, nous avons reçu le nouvel ouvrage de Stephen King. Je te l'ai mis de côté, si ça t'intéresse. »
« Merci, mais je suis venue pour travailler aujourd'hui. Dites moi, où est ce que je peux trouver « L'art de la guerre » par Sun Tzu ? »
« Par là bas. »
« Merci. »

Mira alla chercher le livre, puis s'installa seule dans un coin. Elle ne voulait pas être dérangée au milieu de sa lecture car, pour elle, ce livre était un l'un des plus grands monuments de la lecture humaine. Elle éprouvait de la fascination pour l'auteur, Sun Tzu, un général chinois du VI ème siècle avant J.C. A chaque fois qu'elle finissait de lire un autre chapitre de ce livre, elle se convainquait un peu plus que Sun Tzu était un génie parmi les hommes : il avait été le premier de son espèce à montrer que, pour gagner une guerre, il n'était pas forcément nécessaire de se battre. Que la ruse, l'espionnage et la connaissance de l'ennemi était des armes bien plus puissantes que tout ce que les hommes pouvaient fabriquer grâce à leurs mains. La mercenaire s'était d'ailleurs inspirée de nombreux passages de ce livre pour créer divers scénarios d'affrontement une fois qu'elle aurait trouvé Inferno. Elle aimait tellement ce livre qu'elle aurait été prête à mettre une raclée à toute personne la dérangeant pendant qu'elle lit.

Mira en était au 4ème chapitre du livre, « De la mesure dans la disposition des moyens », traitant de l'importance d'assurer ses défenses avant d'attaquer l'ennemi pour ne pas lui laisser de répit et s'assurer des conditions de victoire avant de songer au combat. Ce chapitre inspira grandement la mercenaire, et elle se mit à imaginer comment elle pourrait transposer ces idées dans ses plans de bataille contre Inferno.

Soudain, Mira fut interrompu dans sa lecture : un garçon était en train de discuter à voix haute avec une fille, à quelques mètres d'elle. Le ton montait très vite, et la mercenaire perdit alors son calme. Elle alla vers les deux personnes en train de discuter avec l'intention d'en assommer au moins un.

Lucia était en train de se faire déranger par un abruti qui n'avait que ça à faire, la déranger. Lucia ignorait ce type, elle se contentait de lire et de lui sortir quelques fois un "laisse moi", mais rien de plus.

Allez, fais pas ta connasse, réponds ! Tu sors avec Ryujin ou pas ?

Laisse-moi tranquille.

Mais allez réponds !

Lucia ne répondit pas, elle en était à la partie intéressante du livre, c'était bien mieux de lire que de discuter, d'ailleurs, surtout quand toute la classe pense qu'elle sort avec un autre élève et que tout le monde a l'air de haïr Lucia. Dans son sens, elle détestait beaucoup de gens dans sa classe, ils étaient tous idiots, et honnêtement, elle aimerait en changer, de classe.

La jeune fille se demanda pourquoi Ce type l'importunait de la sorte, elle sonda donc ses pensées. Alors comme ça, il voulait se foutre d'elle ? Il allait avoir du mal. Elle continua de chercher dans l'esprit du garçon. Voilà un truc intéressant.

Tu veux que je dise à tout le monde que tu as déjà eu des relations avec un animal ?

Qu'est-ce que tu racontes ?! J'ai jamais fait de trucs comme ça de ma vie ! Tu divagues ma pauvre.

Touché. Le garçon était déstabilisé, il stressait, c'est exactement ce qu'elle voulait: faire pression pour être tranquille. Mais, ne comprenant pas comment elle avait fait pour savoir ça, il décida de l'attraper et d'essayer de la déshabiller pour la prendre en photo et l'afficher sur internet. Lucia ne réagit pas, elle espérait que quelqu'un vienne l'aider, car ce garçon ne parlait pas, ni ne criait, il beuglait, purement et simplement. Et Lucia n'avait pas de compte sur les réseaux sociaux. Elle se moquait complétement de se faire prendre en photo nue, car en fin de compte, le photographe est toujours plus sale que la personne qui pose.

Mira alla vers la source des voix, et vit un garçon en train de s'en prendre à une fille qui était tranquillement en train de lire. La mercenaire avait entendu la fin de la conversation et pouvait comprendre que le garçon ait pété un câble : l'accuser de zoophilie sans preuve, il fallait oser. Mais en le voyant tenter d'arracher les vêtements de cette fille innocente, qui ne se débattait même pas, et sortir son téléphone pour la prendre en photo à moitié nue, elle se mit très en colère. Elle lâcha son livre et alla vers eux, son envie de combat ranimée par cette vue de violence gratuite.

« Hé ! Lâche la. Maintenant. »
« Dégage. Ça ne te concerne pas. »

Il tourna le dos à Mira. Une erreur fatale qu'il allait amèrement regretter. La mercenaire lui attrapa le bras, l'obligeant à lâcher la fille. Quand cet idiot essaya de frapper celle qui le tenait, elle esquiva son coup, lui mit un coup de poing dans l'estomac, l'envoya à terre d'une balayette de la jambe et le maintint contre la moquette de la bibliothèque par une clé de bras. Elle appuyait son genou sur sa colonne vertébrale, au niveau de son bassin, et tirait sur son bras pour qu'il souffre un maximum. Autour d'elle, les élèves présents dans la bibliothèque s'attroupaient pour voir le spectacle.

« Ah ! Lâche moi, putain ! Ah ! »
« Par quoi je commence ? »
« Quoi ? »
« Voyons voir... tu as essayé de prendre une photo de nue d'une fille contre sa volonté, tu as voulu me frapper, et tu hurles dans une bibliothèque, ce qui empêche les gens comme cette fille et moi de lire en paix. Hum, voyons voir... Je crois que je vais commencer... par te déboîter le bras. »

Mira tira plus fort sur la jonction entre son bras et son épaule. Le garçon beugla comme un cochon qu'on égorge, ce qui fit tellement pitié à la mercenaire qu'elle se décida à le lâcher pour qu'il puisse se relever.

« Ah... Espèce de salope, tu m'as fait hyper mal. »
« Tu viens de me traiter de salope ? Tu veux perdre un œil, c'est ça ? »

Mira fit un pas en avant, il vit quatre pas en arrière.

« Je préfère ça. Maintenant dégage. Et si jamais je te revoie en train de t'en prendre à quelqu'un de plus faible que toi, je te ferais regretter d'être venu au monde. »

Le garçon partit sans demander son reste. Les élèves se dispersèrent. Mira ramassa son livre, puis alla voir la fille qui se faisait attaquer.

« Voilà, il ne t'embêtera plus. J'espère que tu vas bien. »

Mira s'en souciait vraiment. Après tout, s'il y a bien une chose qu'elle ne supportait pas, c'était les agressions sexuelles. Pour elle, le sexe était avant tout une forme d'expression de l'amour ressenti entre deux personnes. Peu importe qu'il s'agisse d'une histoire d'une nuit ou d'une vie.

Elle jeta un rapide coup d'œil au livre que la jeune fille tenait, mais elle ne parvenait pas à en voir le titre.

« Excuse moi, je peux te demander ce que tu lis ? »

Sauvée par Mira, Lucia se releva et renfila ses vêtements. Elle allait bien, elle ne s'était pas fait mal.

Oui, ça va, merci.

Puis Mira demanda à Lucia ce qu'elle lisait. Lucia répondit donc:

"Biologie fondamentale et Cycles de la vie et grandes fonctions".

Elle regarda la jeune femme de haut en bas. Mira avait l'air d'être quelqu'un de violent, mais aussi de quelqu'un d'intelligent, sûrement allait-elle pouvoir taper la discute avec elle. Lucia ramassa les morceaux de son haut.

Tu lisais quoi ?

Pour une fois, Lucia posait la question, c'était rare qu'elle en pose d'ailleurs, elle pouvait directement se servir dans la tête de la personne qui lui parlait, mais elle ne voulait pas le faire. Ryujin lui avait appris que c'était mal. Mais elle s'en servait toujours en cas de recours.

"Biologie fondamentale et Cycles de la vie et grandes fonctions".

Mira était un peu surprise. Même si elle n'espérait pas rencontrer une fille aussi intelligente qu'elle dans ce lycée ou même ou sur cette planète, elle fut étonnée de voir que cette fille ne lisait pas des livres niais à l'eau de rose pour adolescente, ou profitait de la bibliothèque pour flâner et sécher les heures de cours. Elle était même étonnée qu'une lycéenne puisse lire un livre traitant d'autant de principes fondamentaux de la biologie, qu'elle avait elle même parcouru il y a peu. Et même si les concepts avaient été grandement simplifiés, la mercenaire était convaincue qu'aucun élève de Mishima ne pourrait s'y intéresser.

Ouah... elle doit être plus intelligente que les autres élèves. J'ai peut-être enfin trouvé quelqu'un avec qui être amie.

Mais elle ne s'emballait pas trop. Sa priorité était avant tout sa mission.

La jeune fille lui demanda ensuite ce qu'elle était en train de lire avant de venir l'aider.

« ''L'art de la guerre'' par Sun Tzu. C'est vraiment un très bon livre. Je te conseille de le lire. »

Touchée par la présence de cette lycéenne semblant être au-dessus de la moyenne, Mira lui donna un petit conseil.

« Tu devrais lire ''Biologie supérieure'' quand tu auras terminé ce livre. Il aborde les points expliqués dans ce livre de manière beaucoup plus poussée.
Enfin, ce n'est qu'un conseil... »

Pour Mira, donner un conseil à quelqu'un était très dur, car elle n'était jamais sur de comment les gens allaient réagir. Et en plus, elle était tellement timide.

Oh... Pourvu que je n'ai pas dit une bêtise.

"L'art de la guerre", hein ? Lucia n'aimait pas ce livre, elle détestait les guerres et les conflits. Pour elle, le monde idéal serait en paix, où qu'aille quiconque. Jamais aucun problème. Les conflits et la violence, c'était idiot et c'est en partie la raison pour laquelle elle s'est laissée faire. La personne la plus idiote est celle qui frappe, elle en était sûre. Lucia regarda Mira et lut dans ses pensées. Elle aussi voulait se faire des amis ? Dans ce lycée de brutes idiotes et dégoutantes au possible ? Sur le coup, elle était plus vexée qu'étonnée, la fille en face d'elle venait tout de même de penser que tous les élèves de ce lycée étaient idiots, heureusement qu'elle se démarquait des autres.

Je l'ai déjà lu. Honnêtement, ça me dégoute. Je n'aime pas la guerre ni ce qui s'en rapproche.

Mira lui conseilla "Biologie supérieure". Lucia se projetait déjà de le lire. Les autres élèves disaient de Lucia que l'on ne pouvait rien lui apprendre. Mais d'un autre côté, on n'apprenait rien de sa part non plus, elle était très refermée sur elle même, et ce n'était pas prêt de changer. Mais Mira lui semblait sympathique et elle aimerait bien apprendre à la connaître.

Je comptais déjà le lire, mais merci du conseil.

La réponse était peut-être dure, mais elle essayait de rester gentille, tout en la jaugeant, elle ne voulait pas se faire d'illusion, peut-être que Lucia surestimait Mira, qui sait ?

Tu t'appelles comment ?

Dégoûtée ? Cette fille était dégoûtée par un ouvrage aussi magistral et bien écrit que ''L'art de la guerre'' ? Mira était choquée sur le coup, mais elle comprit vite que, ce que la jeune fille critiquait, c'était le thème du livre, pas la façon dont il était écrit. Après tout, on peut respecter la manière d'écrire d'un auteur et ne pas être d'accord avec sa pensée. Mais ce que la mercenaire retint surtout de sa remarque, c'est qu'elle avait été totalement honnête, qu'elle n'avait pas cherché à se plier à la convention sociale du « mensonge amical », que les terriens utilisaient pour se faire bien voir des autres.

Mira trouvait Lucia très intéressante : à force de côtoyer des idiots, des pervers, des brutes et des menteurs, ça faisait du bien de rencontrer une fille intelligente et honnête. Qui plus est, elle semblait apprécier son compliment.

« Je t'en prie. »

Puis elle demanda à la mercenaire comment elle s'appelait.

« Mira. »

Portée par l'impression que le courant passait bien entre elles, Mira osa continuer la discussion. Ce qui, quand on la connaissait, montrait à quel point elle appréciait cette fille.

« Et toi, c'est comment ? »

La mercenaire avait quand même un peu d'appréhension.

J'espère que je ne l'embête pas...

Lucia. Et ne t'en fais pas, tu ne me déranges pas.

Effectivement, la jeune fille avait lu dans les pensées de Mira, elle avait toujours un petit doute lorsqu'elle rencontrait des gens amicaux, mais là, c'était vraiment quelqu'un de gentil, et timide aussi. Lucia appréciait ça. Mais cette dernière ne s'était pas rendue compte qu'elle avait répondu à la pensée de Mira, son secret allait sûrement voler en éclat. Ses yeux virèrent au gris, elle avait le cœur serré. C'était débile ce qu'elle venait de faire. Quelqu'un comme elle, commettre une telle bourde ? C'était impensable. Les idées défilèrent à toute allure dans la tête de Lucia, elle voulait changer la discussion, mais elle ne trouvait aucun sujet, dans sa tête, c'était la panique. Elle se senti bête, vraiment trop. Elle qui souhaitait tout savoir et être une des personnes les plus intelligentes au monde, venait de commettre une erreur vraiment idiote. Le don de lire en les autres est superbe, pour qui sait s'en servir.

Lucia répondit non seulement à la question que Mira lui avait posé à haute voix, mais aussi à celle que la mercenaire se posait dans sa tête. Elle retint un sursaut pour ne pas effrayer la jeune fille, mais elle avait vraiment du mal à retenir sa surprise.

Elle a lu dans mes pensées ou quoi ?

L'idée, qui traversa la tête de Mira, en ressortit tout aussi rapidement. Elle ne concevait pas une seconde qu'une humaine puisse être dotée d'un tel pouvoir. Ce genre de choses n'existait que dans ses mangas.

Elle a juste du remarquer que j'étais mal à l'aise... Oh, j'espère qu'elle ne pense pas que c'est de sa faute.

Mira se sentit un peu plus mal. La culpabilité qui venait s'ajouter à sa timidité ne l'arrangeait vraiment pas, sans compter que Lucia n'avait pas l'air très bien non plus.

Pour la mettre à l'aise, la mercenaire tenta d'engager la conversation sur un sujet qu'elles aimaient toutes les deux.

« Dis moi, tu lis ce livre pour un devoir, ou juste pour le plaisir ? »

Elle remarqua alors que les iris des yeux de sa camarade venaient de devenir grises. Et elle trouvait ça très joli, même si elle se demandait d'où cela pouvait bien venir.

Mira avait bel et bien compris que Lucia lisait dans ses pensées, mais elle ne faisait que conjecturer, Lucia le savait. Elle était toujours un peu paniquée par ce qu'elle venait de lui répondre. Puis Mira pensa que la jeune fille imaginait que c'était de sa faute. Ce n'était pas bien de laisser quelqu'un penser avoir fait quelque chose qui n'était pas bien alors que c'était faux. Lucia décida donc de lui répondre, le cœur tambourinant dans sa poitrine, si quelqu'un d'autre entendait, elle allait se retrouver bien marron. Elle s'approcha et chuchota à Mira:

J'ai lu dans tes pensées, oui, mais garde le pour toi, je te prie.

Elle avait révélé son secret, c'était bien signe qu'elle se sentait bien, elle. Elle avait confiance en Mira. Lucia espérait qu'elle le comprenne. Sa "sauveuse" lui demanda maintenant pourquoi elle lisait ce livre.

Pour moi. J'aime bien lire et je m'intéresse à tout. C'est pareil pour toi ?

Elle tenait une discussion agréable, c'était sympa. Lucia lâcha un petit sourire qui s'effaça rapidement, elle continuait de lire les pensées de son interlocutrice, voulant s'amuser à répondre à toutes les question qu'elle se posait.

Lucia s'approcha de Mira. Cette dernière crut d'abord que sa camarade voulait s'en aller, mais elle fut agréablement surprise de voir qu'elle venait vers elle. Elle se pencha près de l'oreille de la mercenaire et lui chuchota qu'elle avait bien lu dans ses pensées. Sur le coup, la mercenaire perdit un peu ses repères. Elle avait du mal à concevoir qu'une humaine puisse être dotée d'un tel pouvoir, alors que ce genre de capacités se voyait plutôt chez des êtres venant de Terra. Mais ensuite, elle fut contente en l'entendant de la bouche de Lucia car, pour qu'elle lui révèle un secret aussi énorme, elle devait vraiment se sentir en confiance. Et cela mit le sourire aux lèvres de la mercenaire.

Merci de m'avoir révélé ton secret. Et ne t'inquiète pas, jamais je n'en parlerai.

La sincérité de ces pensées devait faire plaisir à Lucia.

La jeune fille dit à Mira qu'elle lisait son livre seulement pour le plaisir, ce qui conforta la mercenaire dans l'idée qu'elle allait bien s'entendre avec cette fille.

« Oui. Moi aussi, je lis pour le plaisir. Même si, pour ce livre là, il y a un autre but... »

Mira hésitait à lui en parler. Même si elle semblait digne de confiance, elle restait une simple humaine. Qui plus est, une humaine dont elle ne savait absolument rien. Et la politique de tout mercenaire envers les étrangers, c'est « Bien réfléchir avant de parler ». Il suffisait donc que Mira apprenne à connaître Lucia, et le problème était réglé.

Mira remarqua que sa camarade semblait s'interroger sur les motivations de la mercenaire.

« J'aimerais pouvoir t'en parler, mais... j'ai peur que ça te fasse un choc. »

Elle eut ensuite une pensée qui était fait pour être lue par Lucia.

Si tu te sens assez courageuse pour le découvrir, tu peux toujours venir chercher là-dedans. Hihi.

Effectivement, Lucia était contente de ça, on ne peut mentir lorsque le cerveau contient la vérité. Puis elle lui dit qu'elle aussi lisait pour son plaisir, mais elle lisait celui là dans un autre but.

Lequel ?

Elle lui dit qu'elle aimerait lui en parler, mais elle craignait de la choquer. Ce n'était pas un problème, juste après, Mira pensa pour que personne ne l'entende, que si elle voulait savoir, Lucia n'avait qu'à lire dans ses pensées, qu'à cela ne tienne.

Si tu fais de l'humour, dis le maintenant, c'est un conseil.

Lucia pensait que Mira s'amusait avec elle. Mais la mercenaire était très sérieuse. Son secret pouvait représenter un danger pour ceux qui étaient au courant. Mais de toute façon, elle ne pourrait pas le cacher à une personne capable de lire dans ses pensées. Alors autant le lui révéler.

Je ne plaisantais pas. Si tu veux vraiment savoir ce que je cache, tu peux toujours venir le chercher dans mon esprit. Mais je ne peux pas te promettre que tu ne regretteras pas ce que tu y trouveras. Quant à toi, tu devras me promettre que tu garderas pour toi ce que tu verras.
Sinon, tu peux attendre que je te connaisse assez bien pour te révéler mes secrets moi même.

Mira la mettait sincèrement en garde. Après tout, qui sait comment elle allait se sentir quand elle découvrirait que Mira était une mercenaire venant d'un autre plan, installée sur Terre pour traquer un criminel pyromane recherché sur tous les mondes où il a posé le pied.

Mira voulut revenir à sa lecture. Mais elle ne voulait pas laisser Lucia seule alors qu'elles commençaient à bien s'entendre. En plus, l'idiot qui l'embêtait tout à l'heure pourrait avoir envie de revenir.

« Tu permets que je m'asseye avec toi pour lire ? »

Je préfère attendre que l'on se connaisse bien. Ce serait plus agréable.

Du moins, c'est ce qu'elle pensait. Depuis sa rencontre avec Ryujin, Lucia restreignait son pouvoir, elle ne s'en servait plus que pour se défendre des autres, les faire taire, en leur parlant d'une chose dont ils avaient honte. C'était une bonne technique, lorsque les gens n'étaient pas prêts à tout pour la faire réagir, comme l'imbécile de tout à l'heure. Enfin bref. Mira lui demanda si elle pouvait lire à côté d'elle.

Pas de problème, après tout, ce n'est pas chez moi.

Lucia se rassit et recula une chaise, pour laisser Mira s'assoir. Elle était contente, elle pourrait se faire une autre amie, c'était son espoir, du moins.

Lucia laissa Mira s'asseoir à côté d'elle pour qu'elle lisent ensemble. Et même si elle semblait le faire parce qu'elle n'avait pas le pouvoir de dire ''Non'', la mercenaire était ravie.

« Merci Lucia. »

Une personne ordinaire se serait contentée de s'asseoir sans demander l'avis de la jeune fille. Mais pour Mira, c'était une tout autre histoire. A cause de sa timidité presque aussi forte que sa frustration sexuelle, elle n'allait pas facilement vers les autres. Elle préférait s'isoler, prétextant que personne ne l'aimait parce qu'elle était trop intelligente, trop bizarre ou pas assez féminine. Mais en réalité, elle ne cherchait qu'à se faire des amis et à se faire de beaux souvenirs. Quitte à passer du temps sur cette planète pour sa mission personnelle, elle voulait le passer en étant bien entourée. C'est pourquoi elle prit très à cœur que Lucia la laisse lui tenir compagnie. Après tout, le premier pas vers une amitié, c'est de passer du temps ensemble.

Mira lisait son livre en silence, jetant parfois un coup d'œil à la jeune fille assise à côté d'elle, en cherchant un moyen de briser la glace. La lecture avait beau être un de leurs passe-temps communs, il ne permettait pas d'interactions sociales entre les deux. Au fond, la mercenaire se dit que ce n'était pas si mal. Si c'est pour dire des choses idiotes, autant ne rien dire.

Pendant ce temps, près de la porte de la bibliothèque, le garçon qui avait attaqué Lucia observait les deux filles, ruminant sa rage et cherchant un moyen de se venger.