Bon, ce n'est décidément plus mon jour depuis une bonne semaine... Songea sombrement Elias en resserrant avec un certain dégoût sur ses épaules la cape de laine rêche trop grande pour lui.
Arrivé sur un monde inconnu depuis moins d'un mois, le quarantenaire à l'apparence d’adolescent avait commencé par suivre une rivière pour trouver une bourgade. De là, il s'était encquis de l'endroit où il se trouvait, mais ormis lui dire "vous êtes dans les contrées du Chaos sur Terra", il n'avait rien réussi à tirer de plus du tenancier du débit de boisson où il avait cherché ses renseignements. De même, Elias n'ayant pas un sous vaillant devant lui, il s'était enquis de la possibilité de travailler.
La première personne qui l'avait entendue s'était moquée ouvertement de lui quand il avait dit être docteur en magie, docteur en biologie et chercheur. La seconde personne lui avait proposé de passer un contrat avec lui, pour essayer ensuite de le pousser dans une sorte de cage sur roues. Elias s'était fâché, il portait désormais la cape de son agresseur ainsi que ses maigres avoirs pécuniaires. Et comble de la malchance, la cape sentait mauvais. Son agresseur ne devait pas avoir la moindre notion d'hygiène corporel de l'avis d'Elias.
Plus tard, le quadragénaire adolescent aux cheveux blancs avait été chassé par un autre homme fermement décidé à lui faire passer un étrange collier de métal couverts de symboles autour desquels les particules de magie qu'Elias distinguaient semblaient comme folles. Celui-là, avait bien failli réussir son coup et dans un moment de panique, Elias avait forcé magiquement son squelette à sortir de sa chair. Il n'en avait pas fallu plus pour que la population locale le chasse à coup de pierres et le poursuive en agitant des fourches et des torches, hurlant dans son sillage "mort au sorcier".
Birne aurait bien expliqué au villageois à qui ils avaient affaire, mais il avait alors trop faim pour se risquer à manipuler les énergies engagées dans la transformations de toute une foule en morts-vivant pour s'y risquer. Il avait évoqué un nuage de brume et s'était perdu dedans.
Il errait maintenant depuis deux jours, son estomac grondant comme un animal furieux. Il n'avait pu trouver que quelques petit ruisseau auquel il avait bu en trouvant à l'eau un goût étrange, mais depuis il mourrait de faim.
Il avait repéré cette forêt en matinée, se disant qu'il lui restait toujours assez de force pour tenter d'y abattre un animal qu'il pourrait ensuite faire rôtir d'un claquement de doigts.
Mais alors qu'il approchait, il constata un certain remue-ménage dans ladite forêt. Des voix s'apostrophaient, se hurlant des instructions auxquels il n'y comprenait pas grand-chose. Cela ressemblait fort à une traque et il se fit la réflexion qu'il devait s'agir d'une bande de chasseurs en vadrouille. Mais en s'approchant de plus près, il tomba sur un objet qui chassa tout doutes dans son esprit : une autre charrette à taille humaine recouverte d'une grande cage en acier.
Malgré la faim, ce fut la colère qui monta en lui.
Encore des chasseurs de raretés. Et bien qu'on se le dise, un Atlantean averti en vaux deux !
Une sentinelle repéra Elias et s'approcha de lui, pointant dans sa direction non pas une arme, mais une longue perche dont l'extrémité s'ornait d'une corde nouée en boucle pour pouvoir être accrochée à une créature humanoïde. L'homme avait un gabarit plutôt large que grand, une énorme moustache ornais un visage au teint basané, ses cheveux noirs étaient bouclés et par le col de sa chemise entrouvert on distinguait que l'homme avait une pilosité certaine au niveau du torse.
- Tu es perdu petit ? Lui demanda l'homme d'un ton soupçonneux.
- Plus maintenant... Répondit Elias avec un air de mépris sur la figure.
Il était faible, c'était un facteur qu'il ne pouvait pas ignorer, mais même une petite force, bien appliquée, peut avoir de gros effets. Et Elias était spécialiste du corps humain.
Il ouvrit son esprit aux courants de magie bien étrange de ce monde où il avait attéri et regarda l'homme droit dans les yeux.
- Mervos y suinane... Murmura-t-il en se concentrant sur le regard de son interlocuteur.
Il invoqua ainsi une très fine onde de magie pour sonder le cerveau de sa victime en la propageant à travers le nerfs optique. L'homme cligna des yeux, mais Elias savait déjà ce qui l'intéressait. Il avait repéré le réseau veineux parcourant le crâne du chasseur d'esclave. Ayant déjà un point d'encrage pour sa magie, il n'eut pas besoin d'incanter pour lancer un autre sort. D'un simple claquement de doigts et d'une impulsion magique extrêmement fine, il lacéra plusieurs veines dans le cerveau de sa victime.
L'esclavagiste s'immobilisa soudain, puis ses yeux se révulsèrent tandis qu'il se mit à tituber avant qu'il ne tombe à la renverse au bout de quelques secondes. Il venait de faire un accident vasculaire cérébral (AVC) aussi impressionnant que foudroyant. Et, à moins d'un chirurgien de l'acabit d'Elias ne l'opère immédiatement, il serait mort dans quelques minutes. Et Elias n'avait aucune intention de pratiquer sur lui une intervention chirurgicale de cet acabit.
Cependant, en tombant, l'esclavagiste révéla à Elias une chose qu'il n'avait pas remarquée auparavant : une besace accrochée à la cage dont dépassait de la nourriture.
- Atlok ! Sourit Elias en utilisant une expression qui sur son monde s'apparentait à "jackpot".
Il décrocha la sacoche et commença à s'empiffrer pendant que les bruits de la traque s'éloignaient dans la forêt.
Je me demande bien ce qu'ils cherchent avec autant de vigueur... Songea Elias en avalant de grosses bouchées de pain et de fromage trouvé dans le sac.
Le pain avait un goût de sciure de bois et presque la même sécheresse. Le fromage avait eu chaud et sentait très fort, si bien que le quadragénaire ado se boucha le nez pour pouvoir l'avaler. Il y avait avec les deux précédents, dans un emballage de toile cirée, un peu de viande séchée qui avait la consistance d'une vieille semelle et presque le même goût. Mais malgré tout, Elias se remplit l'estomac en essayant de penser à autre chose pour oublier la saveur ignoble de son repas. Et plus le nécromancien réfléchissait, plus il était convaincu que quoi qui intéresse les chasseurs d'esclave à ce point, il s'en moquait. Mais il voyait d'un très bon œil l'idée qu'ils ne l'obtiennent pas.
Avalant sa dernière bouchée qu'il fit passer avec de longues gorgée d'eau pris à une outre trouvée dans la besace, il rangea le tout à son côté et se tourna vers sa dernière victime en date.
Alors... Est-il décédé ?
Un rapide contrôle du pouls de sa victime lui apprit que le cœur de celle-ci battait toujours. Poussant un soupir agacé, Elias usa à nouveau de ses pouvoirs pour immobiliser le palpitant de sa victime. Ajoutant à l'AVC la crise cardiaque, celle-ci mit moins d'une minute pour finir de décéder.
Bon, maintenant j'ai un cadavre... Songea Elias avec un sourire mauvais.
Pour l'Atlantean, il n'y avait besoin de rien d'autres pour commencer à être réellement dangereux. Il découvrit les avant-bras de sa victime avant d'appeler à lui son pouvoir, imaginant une lame de magie si fine que le fil faisait à peine une molécule de largeur, en dessinant le contour exacte dans sa tête.
- Si kri'hu ten'hoq ! Marmonna-t-il en faisant apparaître la lame au bout de son index et de son majeur joints.
Puis il incisa les avant-bras pour les trancher en biais en partant du poignet en direction du torse de la victime selon un angle de quarante-cinq degrés. Tendons chair et os cédèrent comme s'il s'agissait de beurre mou et une fine flaque de sang commença à perler par l'incision. Changeant ensuite la densité de sa lame, Elias fit le tour des bras au niveau du coude avant de pratiquer une incision sur la longueur le long de l'os sans le toucher. Le tout lui prit moins de trois minutes, mais il avait un cadavre dont les radius et cubitus étaient désormais des pieux disposant de pointes et dont les chairs des avants-bras pouvaient tomber au moindre choc violent pour libérer une vingtaine de centimètres d'os propres à s'enfoncer dans la première victime venue. Sans outils plus sophistiqués, ça faisait partie du mieux que le nécromant pouvait produire, mais ça fournissait toujours une unité de base.
Il révoqua la lame de mana et posa la main sur les yeux révulsés de la victime.
- Insa'la ragdra siro vis ! Marmonna-t-il en laissant s'écouler les énergies magiques de son corps, imaginant les flux électriques et sanguin nécessaire au fonctionnement du corps, les formant mentalement, avant de les imaginer fonctionner à nouveau.
Les pupilles du cadavres revinrent alors en face, fixant le vide, mais son torse ne se souleva pas pour manifester un quelconque signe de vie. Le manipulant comme un pantin, Elias le fit se relever.
Trouve tes camarades et massacre-les tous ! Commanda le nécromant à son serviteur.
Avec des mouvement machinaux et un peu saccadés, le mort abandonna ses mains derrière lui, laissant dans son sillage une traînée de sang alors qu'il entrait dans la forêt, attiré par les bruits des traqueurs.
Elias se leva à son tour et le suivit à bonne distance. Se donnant ainsi l'occasion de réfléchir et de régénérer ses forces.
Au bout de quelques minutes, un homme émergea de derrière un arbre et apostropha son collègue qui se dirigea droit vers lui. Il était grand, sec comme un coup de trique, une fine moustache très peu fournie de poils brun essayait vainement de se faire une place sur le visage pâle, pour ne pas dire blanc, d'un homme plus vraiment adolescent, mais pas vraiment adulte.
- Salvador ! Bougre d'imbécile, tu es censé garder la carriole et les chevaux ! S'agaça l'autre en voyant s'avancer vers lui son ancien compagnon dont les larges manches cachaient encore les mutilations.
- Je crains qu'il n'y ait un changement de planning, intervint Elias d'un ton guindé en captant l'attention du second chasseur.
Celui-ci se tourna prestement vers lui, ne regardant plus approcher le mort et sa démarche mécanique qui n'eut pas manqué de susciter sa méfiance.
- Qui es-tu gamin ? Demanda l'homme d'un ton agacé.
- Ton nouveau maître, annonça Elias avec un rictus alors que le cadavre de Salavador plongeais ses deux moignons dans le torse de son ex-compagnon.
Celui-ci portait une armure de cuir, mais il ne s'attendait pas du tout à une attaque venant de son collègue, aussi resta-t-il paralysé par la surprise quand les os aux angles vifs comme des lames traversèrent sa protection. Avec un bruit de déchirement écœurant, les muscles tranchés des avant-bras cédèrent leurs dernières attaches et tombèrent en masse de chair morte et inutile et sanglantes au sol. Cela fait, un deuxième mouvement termina d'empaler le nouveau-venu dans lequel Salvador enfonça les os de ses bras jusqu'à ce que la chair de ses coudes l'empêche d'aller plus loin.
La victime du mort-vivant n'avait pas émit plus qu'un gémissement de surprise en sentant le premier coup, elle poussa ensuite un hurlement de douleur et d'horreur lors du deuxième mouvement avant de s'éteindre dans un gargouilli abjecte.
Il ne pouvait pas mourir en silence lui ? Songea Elias en remarquant que les bruits de la traque s'étaient interrompus.
D'une pensée, il fit en sorte que le mort Salavador se retire de son comparse.
Va traquer les autres ! Lui commanda-t-il en se doutant que la première surprise passée, son zombie ne ferait pas long-feu.
Celui-ci s'éloigna tandis que le nécromant se penchait au chevet de sa dernière victime. Celle-ci n'était pas tout à fait morte et luttait pour respirer à travers ses poumons transpercés.
Je vais devoir tous les achever aujourd'hui ? Se lamenta intérieurement Elias en posant sa main sur le front de son interlocuteur.
Voulant éviter de perdre du temps, il usa de ses pouvoirs pour créer une décharge électrique qu'il canalisa dans le cerveau de sa victime afin de griller les neurones et la tuer avant que celle-ci ne le réalise. Avec un unique spasme d'une violence incroyable, le nouveau cadavre retomba aux pieds D'Elias, les yeux exorbités, les muscles tendus comme des cordes d'arbalète.
Bon, pour toi on va faire dans le moins subtil puisque je suis grillé au niveau discrétion...
Tirant les armes du chasseur, une hache et une massue à tête métallique d'une primitivité qui rebuta Elias, il les posa dans les mains du cadavre avant de fusionner la chaire et les os des mains sur les manches de celles-ci. Il raccourcis ensuite certains tendons du cadavre et densifia un peu les muscles des jambes. Obtenant ainsi un nouveau zombie d'un genre bien plus rapide que le précédent, il le releva à son tour.
- Insa'la ragdra siro vis !
Le corps bougea, levant vers lui des yeux sans expression.
Va, cours et tue mes ennemis ! Lui commanda Elias.
Dans un mouvement qui n'avait plus rien d'humain, le corps se releva subitement en fonça en courant à une vitesse prodigieuse, ventre à terre, tout droit en direction d'où Elias entendit les cris d'un chasseur qui venait visiblement de rencontrer Salvador.
Bon, ça va attirer les autres...
Mais il n'avait toujours que deux zombies contre un nombre qu'il estimait dépassant facilement les dix individus. Les probabilités n'étaient toujours pas en sa faveur.
Avisant la position du soleil, Elias constata que celui-ci était très proche de se coucher, ce qui pourrait lui conférer un avantage. Il connaissait de très nombreux sorts et ceux très pratique permettant d'adapter ses pupilles à une vue nyctalope, voir une vision dans le noir complet, faisaient partie de cette gamme. Mais avant cela, il lui fallait s'assurer que les joueurs ne quitteraient pas le terrain avant la fin de la partie. Il ne manquerais plus qu'un témoin gênant aille parler partout de ce qu'il avait vu.
Debout bien droit, les bras écartés, la tête rejetée en arrière, Elias invoqua ses pouvoirs et forma mentalement l'image d'un dôme. Une demi-sphère suffisament grande pour englober toute la forêt.
- Massra Nic Sha'hanock ! Prononça-t-il à vois basse.
Très haut au-dessus de la forêt, l'air commença à prendre un reflet étrange, flou, comme si une cloche de verre était soudain apparue. Satisfait de sa protection, Le nécromant baissa ensuite les mains, paumes vers le sol, imaginant cette fois une brume qui s'élèverait lentement du sol, recouvrant tout jusqu'à une hauteur d'un mètre cinquante, ce qui lui rendrait facile de s'y cacher rien qu'en s'y baissant, mais lui permetterait toujours de lever la tête en cas de besoin. Il modela et imagina la brume, humide, épaisse, glissant lentement sur le sol comme un animal tentaculaire digne de cauchemars.
- Sic torir niq ! Prononça-t-il et des creux du terrain, une fine brume brillante commença à s'élever pour courir entre les arbres.
J'ai ma cage et mon camouflage est en cours de déploiement, ne reste plus qu'à obtenir plus de moyens de frappe...
hors de portée de vue mais pas de voix, les cris qui avaient au début trahi une certaine peur, puis une horreur certaine, commencèrent à succéder à ceux d'une troupe en train de s'organiser. Ses deux morts-vivants n'avaient pas l'ombre d'une chance de tous les vaincre, mais avec un peu de chance ils lui auraient fourni quelques cadavres supplémentaires pour continuer la partie.
L'ennui quand on joue contre un nécromancien, c'est qu'il a tendance à utiliser les pièces qu'il vous prends contre vous.
Elias s'agenouilla et posa la main au sol avant de fermer les yeux, laissant les bienfaisantes volutes du brouillard le recouvrir et le dissimuler aux yeux des chasseurs. À nouveau il concentra son énergie et imagina la sol de la forêt. Il imagina qu'il était le sol, que la terre était sa chaire, que les pierres étaient ses os, les rivières ses veines, l'eau son sang et la végétation ses cheveux. Il s'investi de cette image et se plongea en elle.
- Nish'num cram badur... Souffla-t-il tandis qu'il perdait la sensation de son corps, oubliait ce qu'était le souffle, pour devenir une entité si vieille et en même temps si jeune qu'il peinait à garder sa cohésion mentale tant il était partout en nulle part à la fois. Elias senti une immense lassitude l'envahir, l'inertie même du roc, la lenteur des continents, le désintérêt de ce qui pouvait bien évoluer sur son dos. Pourtant c'était cela qui intéressait Elias et il dût monopoliser toute sa concentration pour enfin sentir cette minuscule part de lui-même, si insignifiante, même pas un grain de beauté à l'échelle de sa colossalité. Et pourtant, Elias fouilla ce minsucule terrain, tel un géant qui cherche les poux qui ont parasité sa chevelure. Il finit par sentir celui avec lequel il avait le plus d'affinité, cette forme insignifiante, à genoux, qui avait les deux mains posées sur sa peau de terre. Puis à partir d'elle, il put rayonner et chercher les autres parasites.
Le nécromant ignora combien de temps il passa ainsi, mais il finit par localiser les chasseurs. Il en dénombra dix-neuf qui grouillaient sur son cuir chevelu comme autant de poux malvenus. Deux étaient inertes et démembrés, mais partageaient une énergie semblable à celle de celui qui était à genoux un saut de puce plus loin. Deux avaient cessé de respirer, trois autres répandaient leurs humeurs chaudes et si riche en fer sur le sol, ni bougeant plus, mais pas encore mort. Enfin, deux autres se répandaient aussi mais dans une moindre mesure, s'agitant encore.
Satisfait, Elias quitta la terre pour reprendre chaire, il abandonna la pierre pour le calcium de ses os, il céda l'eau en échange d'un amalgame de globules rouges et blanc arrosé de fer, il abandonna la chaleur d'un cœur en fusion pour celle de celui qui battait dans son torse. Ouvrant les yeux, le nécromancien prit très doucement une inspiration douloureuse.
Se servir de la terre comme d'une matrice de recherche est très pratique, mais à chaque fois je suis mort de trouille à l'idée d'oublier où j'ai laissé mon vrai corps.
Sachant manitenant où aller et la brume ayant eu le temps de se lever, Elias remonta ses lorgnons sur son nez et s'aida de cette capacité innée à son peuple : celle de voir les atomes de magie plutôt que les objets qu'ils constituaient. Les sorts pour modifier les pupilles afin d'avoir une vue plus adapté à l'obscurité n'étaient d'aucun secours quand c'était un obstacle comme la brume qui vous bouchait le champ de vision. Mais la magie elle, ne trompait jamais pour qui savait en discerner les courants et les couleurs.
Progressant plié en deux sur lui-même, le nécromancien parcouru plusieurs dizaines de mètres avant de distinguer les énergies de ses poursuivants encore vivants qui essayaient de se regrouper tout en cherchant leurs morts. Elias trouva le premier avant eux sans grande difficulté, masse bien plus sombre de magie morte au milieu de celle étincelante et presque aveuglante de toute la vie végétale ambiante.
- Insa'la ragdra siro vis... Souffla l'Atlantean en posan sa main sur le front lacéré du cadavre encore chaud.
Celui-ci tourna des yeux morts dans sa direction.
Cherche ceux qui se meurent sous la brume. Utilise tes oreilles, traque leurs gémissement, entends leurs appels, trouve-les et tue-les sans un son ni lever la tête.
Le mort remua bras et jambes et partis en rampant à une vitesse que le plus motivé des hommes n'eut atteint que frappé d'une peur panique.
Elias trouva le deuxième cadavre, toujours dissimulé sous la brume alors que certains chasseurs commencèrent à crier qu'ils avaient entendu quelque chose remuer dans le brouillard. À nouveau, il le releva.
Amène-moi les morts, trouves aussi les morceaux des démembrés, reste hors de vue et trouve-moi également les blessés.
Le zombie parti à son tour, pour revenir quelques instant après, traînant dans son sillage la forme humanoïde d'un autre chasseur d’esclave par un bras, tenant dans l'autre l'un des bras aux os dénudé de Salvadore.
Elias intervint, ajoutant le troisième bras à l'aide de sa magie sur le cadavre tout chaud tandis que son récolteur disparaissait encore une fois dans la brume. Les chasseurs s'appelaient les uns les autres, désormais persuadés que quelque chose remuait autour d'eux.
Le mort à trois bras fut animé alors qu'un autre cadavre était amené à Elias ainsi que le bas du tronc de son zombie rapide. À partir de lui, Elias créa une créature dotée de deux jambes supplémentaires donnant ainsi un quadrupède capable de courir à toutes jambes tout en restant le dos à quelques centimètres du sol qu'il anima ensuite tandis que le quatrième zombie lui indiquait l'emplacement d'un des blessés dont il avait entendu les gémissements.
Vous deux, un homme saigne dans une clairière à trente mètres d'ici vers le nord-est. Trouvez-le, attrapez ses jambes et trainez-le aussi vite que vous le pourrez et égarez ses compères dans les bois avant de le tuer. Puis amenez-le moi.
alors que les deux hybrides semblant sortir du laboratoire d'un sculpteur dément d'éloignaient dans la brume, un autre corps fut amené à Elias, ainsi que le deuxième bras de Salvadore et un avant-bras tranché à la main encore fusionné avec le manche d'une hache.
Tandis que le nécromant créait cette fois une horreur que n'eut pas dédaigner la déesse Kali de la tradition hindoue, un homme hurla de peur puis au secours dans la forêt tandis que des cris d'alerte résonnaient un peu partout.
Le temps qu'Elias termine son nouveau zombie, les deux premiers hybride amenèrent le blessé achevé.
Traque les chasseurs isolés, surprends-les, fais les hurler puis tues-les. Commanda Elias à la nouvelle créature avant de s'attaquer à la prochaine, le bras muni d'une hache fusionné lui ayant été rapporté.
Dans la nuit qui tombait, les créature d'Elias se multiplièrent au fur et à mesure que les chasseurs tombaient, le nécromant incorporant épée, haches, arbalètes, boucliers supplémentaires aux divers cadavres qui lui étaient ramenés, ajoutant des membres au moyen de chairs, de tendons et d'os récupéré sur les cadavres trop endommagés pour être relevés tels quel. Ce début de soirée vit un véritable cirque des horreurs se dresser dans les sous-bois et traquer jusqu'au dernier des chasseurs qui furent abattus, sauf le dernier qu'Elias demanda à ce qu'il lui soit apporté.
Se présentant devant un homme terrifié, Elias, raide comme la loi, le visage sévère et fermé, considéra le dernier survivant entouré de ses créatures. L'homme aux longs cheveux noirs était le seul à porter une armure d'acier, mais ses bras étaient pris en étaux par ceux de ses camarades trépassés. Ses habits trahissaient une facture plus haute que celle de ses sous-fifres et l'Atlantean songea que la chance semblait l'avoir favorisé car il pensait pouvoir considérer la personne en face de lui comme le chef de la meute de chasseurs.
- Mais qui êtes-vous ? S'exclama l'homme terrorisé.
- Peu importe qui je suis, trancha Elias d'un ton sec. Vous autres avez tenté de m'ôter ma liberté. Je suis venu vous ôter vos vies.
D'un geste sec de la main, il commanda à une horreur dont les trois bras étaient soudés au manche d'une imposante hache à deux mains et celle-ci s'exécuta en l'abattant sur le cou de son interlocuteur, séparant sa tête de son corps dans un jet de sang artériel.
Elias, malgré son masque impassible n'en menait pas large. Sans catalyseurs ni systèmes de contrôles, il était dangereusement proche de sa limite sur le nombre de créatures qu'il pouvait garder sous sa coupe sans les laisser trop vagabonder. Avant que les choses ne dégénèrent, il usa une ultime fois de ses pouvoirs pour ramener à lui les énergies animant les morts.
- Iko nox ! Prononça-t-il en fermant son pooing devant son front.
Ceux-ci s'écroulèrent sans autre forme de procès, leurs orbites se révulsant tandis qu'ils reprenaient leur lent cycle de décomposition. Ayant par ce geste et ses mots annulé tous ses sorts sur la zone, Elias tomba ensuite à genoux, son organisme protestant vigoureusement contre la dépense magique qu'il avait consenti. Et, se croyant seul car il n'avait pas pensé à contrôler les arbres, il vomit le contenu de son estomac pile dans la clairière donnant sous l'arbre où se trouvait une créature au pelage de neige en train de l'observer.