Kusanagi [Doppelgänger]

La légende disait qu’Amaterasu, Déesse du Soleil, ancêtre de tous les Empereurs japonais, aurait offert au père du Premier Empereur du Japon, Ninigi-no-Mikoto, trois objets, trois reliques sacrées, qui constituent le socle du pouvoir de l’Empire. Ces trois objets symboliques traversèrent les âges, se retrouvant dans la culture japonaise, même moderne, ayant au Japon une importance similaire à d’autres objets sacrés de la culture occidentale, comme Excalibur :

• L’épée Kusanagi no tsurugi, dont une copie était entreposée au temple Atsuta, à Nagoya ;
  
• Le miroir Yata no Kagami, au temple d’Ise ;
  
• Le magatama Yasakani no magatama, à Kōkyo, le Palais Impérial.

Ces trois objets sacrés sont entourés de mysticisme, notamment pour Kusanagi. La légende disait que l’épée légendaire avait été perdue en 1185, lors d’une bataille navale, au terme de laquelle l’Empereur Antoku, déçu devant l’issue de la bataille, se serait jeté à la mer, emportant avec sa dépouille Kusanagi. L’épée, depuis lors, sommeillerait dans les profondeurs du détroit de Kanmon, au sud du Japon. Depuis cette période, bon nombre de chasseurs de reliques et d’archéologues avaient tenté de la retrouver, et le gouvernement japonais avait lui-même, à bien des reprises, organisé des expéditions archéologiques. Maintenant, ces expéditions avaient un peu coupé court, au profit de la construction du Pont Kanmon. Le détroit était une petite bande de mer, et, pour tous, il était admis, soit que Kusanagi avait été emportée par le courant au large, soit que l’épée n’avait jamais existé.

Ceci n’empêchait pas un petit bateau de voguer au sud du détroit, sur une bande de mer délicate cerclée par trois des principales îles japonaises : Shikoku au sud, Kyūshū à l’ouest, et Honshū au nord. Un paysage magnifique, typique des cartes postales japonaises, avec des îles minuscules qui flottaient ici et là, et des espèces de pierres qui jaillissaient du sol. Le bateau s’avançait lentement, afin d’éviter les récifs. La mer intérieure de Seto était une zone dangereuse, où il fallait circuler lentement :

Ce paysage magnifique faisait le paradis des surfeurs ou des touristes, et le bateau de Lara et de Nathan s’approchait d’une zone précise, où Nathan stoppa les machines.

« C’est par là, d’après mes sources... »

Lara acquiesça lentement. En tenue de plongée, la femme n’avait plus que ses bonbonnes d’oxygène à enfiler, ainsi qu’un masque.

« J’espère que tes sources sont fiables, Nathan... »

Ce dernier fronça lentement les sourcils, et hocha la tête.

« Écoute, d’après ce que les surfeurs dans le bar ont dit, il y a un navire détruit là-dessous... Avec un peu de chance, c’était celui d’Atoku...
 -  C’est quand même peu probable.
 -  Sincèrement, Lara, je trouve ce scepticisme anglais des plus irritants...
 -  Je dis juste que des informations récoltées par des Australiens bourrés dans un bar sur une plage ne sont pas si fiables que ça... Mais ça vaut le coup de vérifier. »

Il était tout à fait possible que la carcasse d’un navire ait dérivé jusqu’ici, après tout... Cependant, durant la bataille de Dan-no-ura, des centaines et des centaines de navires s’étaient affrontés... Partant de là, il était difficile de dire si le navire hypothétique se trouvant là-dessous était le bon. Néanmoins, s’il y avait une petite chance de trouver Kusanagi, Lara se devait de la tenter. C’était un trésor national, que le Japon méritait de récupérer. Enfilant donc ses lunettes, puis ses bonbonnes, elle vérifia si l’appareil radio fonctionnait bien.

« Je te rappelle que les ondes ne fonctionneront pas si tu t’enfonces trop profondément...
 -  Je sais, je sais...
 -  Et tu es sexy dans ta combi’...
 -  Va te faire mettre, Nate. »

L’homme émit un sourire idiot, puis s’approcha des ordinateurs de mesure. Lara s’approcha ensuite du rebord du bateau, puis plongea dans l’eau... Elle avait déjà farfouillé les profondeurs de la Méditerranée et de l’Océan Arctique, à la poursuite des Atlantes et de Mjöllnir... Ce n’était pas une mer intérieure qui allait l’effrayer...

Elle s’enfonça donc dans les profondeurs de l’eau, sans savoir ce qui l’attendait en contrebas.

Quelques mois auparavant, en Hellheim:

C’était terminé... J’en avais enfin fini avec Natla. J’avais mené ma dernière mission avec brio. J’avais tué cette déité atlante et ce non sans en éprouver beaucoup de satisfaction. La voir se noyer dans ce liquide mortel que l’on nommait Eitr, fut des plus délectables. J’étais enfin débarrassée d’elle et pouvais enfin dorénavant mener ma propre vie. Grâce à Lara Croft, j’étais libre...libre de faire ce qui me plaisait...libre de devenir qui je voulais. Le fait de savoir cela était tout simplement enivrant...surtout pour moi qui jusqu’à présent n’avait jamais eu mon mot à dire sur quoique ce soit et qui jusqu’à présent n’avais jamais pu pleinement ressentir les sentiments, qui à l’heure, actuelle m’animaient.
A vrai dire, il s’agissait d’une grande première pour moi. Je n’avais jamais expérimenté quoique ce soit jusqu’à présent. Jusqu’à ce que l’archéologue me libère, je me contentais d’obéir aux ordres que l’on me donnait. Mon âme tout entière ou ce qui me tenait lieu d’âme était enchainé à ses instructions que l’on m’imposait... Mais désormais ce n’était plus le cas. Ainsi, je pus ressentir cette émotion que les êtres humains nommaient joie...et je dus avouer que ce fut particulièrement...jouissif. J’étais tout simplement heureuse, chose qui jusqu’à présent ne m’étais jamais arrivé.

Malheureusement pour moi, je fus ramené à la réalité par ma toute nouvelle condition d’être libre. Je l’étais bel et bien maintenant mais...un problème demeurait. Qu’allais-je donc faire maintenant ? Je savais déjà que je n’étais pas humaine.. Je n’étais qu’un être qui avait été crée de façon artificielle à l’aide d’une technologie ancienne. Je n’étais que le fruit d’une éprouvette. Etant donné cela...quelle était donc ma place dans ce monde ? Je n’aurais su le dire. Au vu de mes capacités, de mon apparence et de mes origines, j’étais sans doute un monstre au yeux des humains...
Cette question sur ma place dans ce monde en souleva bien d’autres qui, en l’occurrence, provoquèrent la naissance de plusieurs sentiments en moi dont la tristesse, la confusion et la colère. Même si j’avais conquis ma liberté, que devais-je faire maintenant ? Quel était exactement mon but ? Devant toutes ces questions, auxquelles je ne trouvais pas de réponse, je ne pus m’empêcher de donner un coup de poing dans un mur... J’avais été crée pour servir et non pour penser. Je n’étais qu’une marionnette dont on avait coupé les fils et qui désormais étaient complètement désarticulé. J’avais été crée pour être une esclave et seulement être une esclave.

Devant cette simple constatation, ma colère gagna en intensité. Je n’aimais pas cette situation dans laquelle je me trouvais pour la simple et bonne raison que j’étais impuissante. Mon impuissance n’était pas la seule raison de ma colère...il y en avait une autre qui était inhérente à ma condition. Je n’étais qu’une vulgaire copie...un sosie de Lara Croft...Pourtant malgré mon statut de copie, je lui étais supérieure dans tous les domaines... Je n’avais aucun de ses défauts...J’étais tout simplement parfaite... Mais malgré cette perfection...je n’étais qu’un vulgaire clone... Je n’étais pas elle... Contrairement à Lara, je n’avais aucun but, aucune famille, aucune place dans ce monde dans lequel elle évoluait.
Autant dire que je ne manquais pas de trouver la situation, dans laquelle je me trouvais, particulièrement injuste. Bien que je sois supérieure à Croft dans tous les domaines, elle me surpassait quand même ce qui n’améliorait pas mon moral.  Elle avait tout ce qu’il me manquait et pour cela je ne pouvais pas m’empêcher de la jalouser. Je n’étais que son ombre et rien d’autre...à moins de la tuer ce qui en soit n’était pas très dur. Après tout, à de multiples reprises, j’avais tenu sa vie entre ses mains et avait été à deux doigts de la tuer. Seule la chance l’avait épargné. Je pouvais donc l’éliminer et prendre sa place afin d’enfin obtenir une place et un but... Oui... C’était une bonne idée. Elle était tout à fait réalisable... Il ne me restait plus qu’à la retrouver et à la tuer.

Heureusement pour elle, je me rendis compte que je ne pouvais pas la tuer et ce pour plusieurs raisons. Déjà, même si je lui ressemblais, je n’avais pas tous ses souvenirs et je n’avais pas la même apparence qu’elle. Autant dire que si je prenais sa place, la supercherie ne durerait pas longtemps. Qui plus est...je ne pouvais pas le faire car j’avais une dette envers elle. Elle m’avait libérée de l’emprise de Natla...et même si ma situation était désespérée, je lui étais reconnaissante de m’avoir libérée... Le moins que je pouvais faire, en retour, était de ne pas la tuer et de la laisser tranquille et ce même si j’éprouvais le désir d’aller la rejoindre dans son manoir... Pourquoi la laisser tranquille ? Et bien c’était très simple. Déjà j’avais tué un des membres de son équipe... Par conséquent, elle devait légèrement m’en vouloir. Qui plus est, j’étais son double. Or, je doutais que Croft réussisse à me côtoyer sans éprouver une certaine forme de malaise vis à vis de ma personne... Il valait donc mieux que je ne la recroise pas...
Bref, j’en revenais au constat de départ...je n’avais aucun but si ce n’est...peut être celui de veiller sur Hellheim qui était en quelque sorte mon lieu de naissance. Bien que l’endroit soit en ruine et que les Thralls aient tous été tué, ce lieu demeurait dangereux et ce pour plusieurs raisons. Déjà, même si Lara avait neutralisé le Serpent de Midgard, ce dernier pouvait être réparé. Or il fallait à tout prix éviter cela à moins de vouloir provoquer le Ragnarok... De plus de l’Eitr coulait en ces lieux ce qui en soit n’était pas un problème. Le problème était que si des êtres humains tombaient dedans, ils finiraient transformer en mort vivant. Pour éviter ces désagréments, j’allais devoir faire en sorte de condamner ces lieux, d’effacer toutes les données à ce sujet et récupérer toutes les épées qui permettaient de faire fonctionner  les portails menant ici. ...

Etre la gardienne de ces lieux était une perspective peu réjouissante et ce même si je m’y sentais comme chez moi. Néanmoins, c’était un but...un but temporaire qui pouvait non seulement m’occuper mais aussi me permettre de trouver ma voie dans ce monde qui, malgré mes connaissances, m’était inconnu. Je pouvais mener à bien cette mission. Cette simple constatation eut le don de me réjouir quelque peu. Je n’étais peut être pas totalement un pantin après tout.


Période actuelle au large du détroit de Kanmon :


Fixant l’horizon, je ne manquais pas de sourire en me rappelant de ce souvenir. Tant de choses s’étaient passées depuis ce fameux jour. J’étais parvenue, non sans difficulté à remplir certains objectifs que je m’étais fixée. Ainsi, j’avais réussi à condamner toutes les voies d’accès menant à Hellheim ce qui m’avait d’ailleurs permis de retrouver Mjollnir, le marteau de Thor, que Lara avait jeté sur Natla alors que celle-ci accomplissait son sinistre rituel.  Cette relique, bien que très précieuse, ne m’était d’aucune utilité pour la simple et bonne raison qu’il fallait des gants et une ceinture pour pouvoir le manier...ce que je n’avais pas. Je l’avais donc entreposer dans un lieu sûr, en attendant de pouvoir le livrer, sans que personne ne se doute de rien, au Manoir des Croft.
Condamner mon lieu de naissance et tout le royaume de Hellheim me prit beaucoup de temps pour la simple et bonne raison qu’il y avait plusieurs voies d’accès mais aussi car il avait fallu que je psoe plusieurs explosifs tout autour de l’installation afin qu’en cas d’intrusion, la structure s’effondre sur ces intrus. Je préférais, au vu de la menace, éviter de faire dans la dentelle. J’en avais également profiter pour boucher les différentes « salles de naissance » depuis lesquelles les morts pouvaient surgir. Même si je les avais tous tué, je préférais être prudente.
Enfin en dernier lieu, j’avais du me rendre dans le monde réel afin de faire main basse sur toutes les données qu’Amanda Evert et Natla avaient laissé derrière elle ce qui ne fut guère facile  vu que je ne n’étais guère douée en informatique... Malgré tout, j’avais réussi et avait tout mis sur une clé USB que j’avais également caché en lieu sûr. Les seules données, qui auraient pu permettre à quelqu’un de connaitre la localisation exacte de Hellheim, étaient celles que mon double avait en sa possession. Autant dire que personne ne risquait de mettre la main dessus.

Il ne me restait plus désormais qu’à accomplir la dernière partie de ma mission à savoir récupérer toutes les épées de pouvoir semblable à Excalibur qui existaient à travers le monde. D’après ce que je savais sur la question, elles n’étaient guère nombreuses. A vrai dire la majeure partie d’entre elles avaient été détruites. Seule Croft avait en sa possession deux de ces épées.  Toutefois, même si je savais que ces épées avaient été détruite, une note dans les archives de mon ancienne maitresse avait eu le don d’éveiller ma curiosité. En effet, dans ses notes, Natla s’était contentée à un moment de mentionner une épée du nom de Kusanagi et avait ponctuer cette mention d’un point d’interrogation sans rajouter quoique ce soit de plus.
Du fait de cette note et de mes maigres connaissances, je dus me renseigner au sujet de ce qu’était cette épée nommée Kusanagi. D’après les informations que  j’avais pu récolté, je savais que cette dernière était une épée qui, en compagnie de deux autres reliques faisaient parti, du trésor impérial du Japon. Ce trésor, toujours d’après ces mêmes informations, avait été offert au premier Empereur du Japon par la Déesse du Soleil Amaterasu.
La mention de cette dernière ne manqua pas d’éveiller ma curiosité mais également ma méfiance vis à vis de cet objet et ce pour la simple et bonne raison que cette histoire ressemblait fortement aux légendes qui tournaient autour des épées que je recherchais.  Cela ne pouvait pas être une coïncidence, du moins à mes yeux. Malheureusement pour moi, mettre la main sur cette épée afin de la mettre en lieu sûr, n’allait guère être aisé étant donné le fait que le modèle original avait été perdue en 1185 lors d’une bataille navale au cours de laquelle l’Empereur en charge s’était jeté à la mer avec l’épée,  suite à une bataille particulièrement désastreuse. Selon la légende, cette épée, ainsi que la dépouille de l’Empereur, reposerait au fond du détroit de Kanmon... ce qui par conséquent expliquait les raisons de ma venue au Japon.

Voyager jusqu’au pays du soleil levant ne fut pas une mince affaire vu que je n’avais aucun papier et pas un seul centime en poche... J’avais donc du voler plusieurs embarcations et jouer les passagers clandestins à de multiples reprises avant de pouvoir arriver dans ce pays, qui par bien des aspects, me semblait charmant au vu de son histoire passé. Bien évidemment du fait de la nature de mes projets, j’avais également du rechercher du matériel de plongée ce qui pour le coup ne fut guère un problème... Le Japon étant une île, il y avait beaucoup d’endroits où l’on pouvait trouver ce que l’on désirait.
Malheureusement pour moi, j’avais du faire face à un problème...quelque peu épineux. En effet, grâce à une carte, j’avais pu observer, sur une carte, que la zone que je m’apprêtais à explorer était particulièrement vaste... Autant dire que trouver l’épave d’un navire ou la dépouille d’un Empereur, serait aussi facile que de trouver une aiguille dans une botte de foin. Cette difficulté, n’avait pas manqué de m’exaspérer, bien évidemment vu que je manquais de moyen contrairement à Croft... J’avais donc du procéder à l’ancienne afin de délimiter la zone que j’allais explorer. Pour cela, je m’étais servi d’un ordinateur afin de discerner les zones qui avaient été exploré et les zones peu profondes. Autant dire que cela m’avait facilité la tâche. Mais maintenant, je savais où aller même si je ne savais pas ce qui m’attendais là-dessus.

Ainsi au petit matin, j’avais pu amener mon embarcation ou devrais-je dire mon raffiot, vu qu’il s’agissait d’une simple barque, aux coordonnées que j’avais fixé et qui se trouvaient non loin de la zone dans laquelle devait, en théorie, se situer Kusanagi. Il ne me restait plus qu’à m’équiper pour pouvoir explorer ce détroit...ce que je fis sans plus attendre. Je commençais donc par retirer tous mes vêtements et par  enfiler un maillot ainsi qu’un masque et deux bombonnes à oxygène. Bien évidemment je tâchais d’attacher autour de ma taille ma ceinture contenant mon équipement et mes holsters histoire de pouvoir me défendre. Même si j’étais capable d’affronter la plupart des menaces existantes sur cette planète à main nue je préférais être prudente... Après tout j’ignorais ce qu’il y avait là-dessous... Sans plus attendre, je plongeais et m’enfonçais dans les profondeurs.

Au bout de plusieurs minutes je parvins à apercevoir le fond ce qui me permit de véritablement commencer mon exploration...qui fut pour le moins infructueuse durant plusieurs heures. A vrai dire, je fus même obliger de retourner à bord de mon embarcation afin de changer de bombonnes à oxygène et de changer la position de mon embarcation.
Recommençant donc à explorer les lieux, je ne pus m’empêcher de ressentir de la frustration ainsi qu’un zeste de colère. Tâtonner pendant des heures sans trouver la moindre trace de ce que l’on recherche n’était guère une expérience plaisante...bien au contraire. Comment étais-je sensée mettre la main sur cette dépouille ou sur cette épée alors qu’il n’y avait rien ici si ce n’est du sable, des roches et des poissons ? Sans même ne serait-ce qu’un indice,  je ne risquais pas de mettre la main sur cette fichue épée... Devant mon manque de résultat, je commençais même à douter de cette fameuse légende. Peut être ne s’agissait-il que d’un vulgaire canular... Peut être étais-je en train tout simplement de perdre mon temps... Mais si tel était le cas, pourquoi Natla aurait inscrit dans ses notes le nom de cette épée ? Il y avait forcément une raison. Même si mon ancienne maitresse était une personne peu appréciable, elle ne faisait jamais rien au hasard.  Cette épée devait donc exister !

Soupirant, je continuais malgré tout mon exploration jusqu’à ce que mon attention se porte sur une fosse sous-marine située non loin de ma position. Celle-ci semblait  être profonde mais pas inaccessible pour autant. A vrai dire, elle semblait être assez large pour permettre le passage d’un sous-marin... Finalement, j’avais peut être trouvé l’endroit où reposait Kusanagi. Il ne me restait plus qu’à descendre désormais, ce qui au vu de l’oxygène qu’il me restait n’était pas un problème. Je pouvais encore rester 1 heure et 20 minutes sous l’eau... ce qui, en toute logique, devait être suffisant...du moins je l’espérais.
Continuant ma descente, je dus allumer une torche afin de pouvoir distinguer mon environnement étant donné le fait que la lumière du jour avait du mal à éclairer les lieux.  Cette descente dans les profondeurs continua pendant prêt de 35 minutes...jusqu’à ce qu’enfin je puisse atteindre le fond...et jusqu’à ce que je puisse observer quelque chose de relativement intéressant qui depuis ma position ressemblait vaguement à une structure accolée contre une des parois de la fosse dans laquelle je me trouvais. Sans attendre, ne serait-ce qu’une seconde, je nageais le plus vite possible vers cet endroit et ce que je vis me coupa le souffle . Il s’agissait, d’après ce que je pouvais en juger, d’un navire asiatique ou plutôt des restes d’un navire. En effet, il ne restait quasiment plus rien de ce navire si ce n’est sa coque qui était renversée...

Même si l’état du navire n’augurait rien de bon, cette découverte me remonta le moral. La légende disait peut être vrai après tout... Il ne me restait plus qu’à explorer ce bateau ce que je fis sans plus attendre. Pénétrant donc à l’intérieur de ce dernier, grâce à une brèche située en contrebas, je pus commencer à mener ma petite investigation...qui se révéla être bien vite infructueuse... Hormis quelque crâne et quelques tonneaux, il n’y avait rien de bien intéressant à bord du moins en apparence. De ce que je pouvais en juger, aucun des hommes ici ne pouvaient être l’Empereur étant donné qu’ils n’avaient aucune armure sur le dos et étant donné le fait qu’il n’y avait aucun bijou sur les lieux... Il y avait donc deux possibilités... soit je m’étais trompée de navire ce qui était fort probable...soit encore l’Empereur et quelque un de ses compagnons étaient sortis de l’épave avant de mourir noyer...
Mais où avaient-ils bien pu aller ? Telle était ma question... Pour y répondre, j’allais donc devoir penser comme un être humain qui était sur le point de mourir, qui n’avait aucun moyen technologique à sa disposition et qui surtout avait perdu une bataille... Me mettre à la place de cet homme ne fut guère compliquer fut qu’il s’agissait d’être logique. Dans un premier temps, il était clair, à mes yeux, que cet Empereur n’avait pas pu remonter à la surface à moins de vouloir mourir. En effet, s’il était remontée à la surface, il aurait été tué par ses ennemis ou recueillis par ses alliés ce qui aurait été notifié dans les chroniques de l’époque. Il n’avait pas pu, non plus, aller bien loin. Contrairement à moi, il ne pouvait pas respirer sous l’eau... ce qui limitait par conséquent la zone dans laquelle je devais effectuer mes recherches...

Ressortant de l’épave,  je jetais un coup d’œil à l’oxygène qu’il me restait et vit qu’il ne me restait plus qu’une demi heure d’autonomie... Autant dire, que je pouvais seulement rester encore 10 minutes ici après quoi, j’aurais juste assez d’oxygène pour remonter à la surface. Pestant contre cette limite, je regardais attentivement les alentours autour du navire. Il devait forcément y avoir un indice quelque part qui aurait pu m’indiquer ce que cet Empereur avait fait après s’être jetée à l’eau....
Alors que je commençais à perdre tout espoir de trouver une solution à mon problème, je remarquais la présence d’une sorte de caverne ou de cavité, située non loin du navire. Cette découverte me réjouit quelque peu. Finalement, j’allais peut être avoir un indice. Sans attendre, plus que nécessaire, je pénétrais, une fois arrivée, dans cette grotte... Cette dernière, comme n’importe quelle grotte, était particulièrement sombre et grouillait de poissons qui à mon approche, s’enfuirent. M’amusant de leur réaction, je continuais mon chemin jusqu’à ce que celui-ci me conduise à remonter...vers la surface...

En effet, ce n’est pas sans surprise, que j’émergeais à l’air libre. Cet endroit était décidemment plein de surprise.  M’approchant du bord, je décidais de me débarrasser de mon matériel de plongée afin de pouvoir continuer ma petite exploration. Après tout, je n’avais plus besoin de tout ce barda sur mon dos... Autant donc le laisser ici...et puis il n’y avait aucun risque pour que quelqu’un ose me le chaparder. Il n’y avait que moi en ces lieux. Et puis si jamais...quelqu’un venait me chercher des noises, j’avais toujours mes armes avec moi...

M’étirant quelque peu, je me saisis de ma lampe et pénétrais plus en avant dans cette grotte qui ne manquait d’éveiller ma curiosité même si sur le coup je ne pus m’empêcher de murmurer une prière silencieuse afin d’éviter que je ne fasse chou blanc...

« Faites que la relique soit ici... Je n’ai guère envie de faire les globe-trotters pour cette vulgaire épée qui de toute façon finira enterrer six pieds sous terres... »

Tandis que Lara barbotait avec les poissons, Nathan hésita un peu... Devait-il s’affaler sur un transat pour profiter du soleil ? Après quelques secondes de réflexion, il décida qu’il avait la peau suffisamment sombre comme ça, et choisit de se rendre vers les ordinateurs installés dans la cabine. L’avantage de bosser avec une milliardaire, c’était qu’on avait accès à une technologie de pointe. Sur son masque de plongée, Lara avait greffé une petite caméra résistant à l’eau, et il pouvait donc suivre sa progression, et même lui parler. Elle disposait d’un micro dans son oreille qui lui permettrait d’entendre ses consignes, et ainsi de pouvoir la guider. Il disposait, sur ses écrans, de plusieurs informations, certains écrans ressemblant à des graphiques mathématiques complexes, indiquant juste le niveau de pression. Le sous-sol aquatique japonais était riche et dangereux, car composé de multiples crevasses et de failles volcaniques s’enfonçant très profondément. Si Lara tombait là-dedans, la pression réduirait son corps en bouillie, en l’emmenant dans les abysses. Nathan surveillait donc, grâce à des capteurs préalablement jetés dans l’eau, ce genre d’informations. Une micro-faille sismique ouvrant un puits d’air pour aspirer Lara était toujours à craindre.

Ainsi, tout en se plaçant sur la chaise pliante, il en profita pour sortir un soda, et mit, en toile de fond, un peu de musique, Yellow Light, l’une des musiques de Miss Croft, déferlant dans l’habitacle.

« Okay, Lara... Est-ce que je t’ai raconté celle du Gaulois et du Wisigoth ? »

Aucune réponse, si ce n’est quelques bulles, et un sourire amusé sur les lèvres de Nate. Lara était en train de descendre, utilisant également une lampe pour explorer les fonds marins.

« Alors, c’est l’histoire d’un Gaulois et d’un Wisigoth qui se rencontrent dans une auberge... Et là, le Wisigoth, il s’avance vers le Gaulois, et il lui dit : ‘‘Dis donc, toi, l’homme avec le casque cornu, présente-moi ta femme, tu sauras pourquoi t’as des cornes !’’ »

Nouvelles bulles dans l’eau, ainsi qu’un grognement diffus. Ça, Nathan adorait... Déblatérer des conneries en sachant que cette petite Anglaise ne pourrait pas le contrer, ça valait tout l’or du monde.

Lara, quant à elle, se promit qu’elle tuerait Nathan dès qu’elle en aurait l’occasion... Ce qui devait être la trentième fois, en une semaine, qu’elle se disait qu’elle allait le tuer. Ce type était tout simplement insupportable. Qu’il ait pu trouver le royaume légendaire de Shambhala, ou la cité perdue d’Iram, voilà qui était impensable. Lara le trouvait insupportable, et, pour autant, elle voulait bien reconnaître que, malgré son humour foireux et ses tentatives de drague dignes d’un adolescent attardé et boutonneux, il était doué dans ce qu’il faisait. Sans lui, elle ne serait pas là, à explorer les fonds marins. Les anciennes reliques ancestrales avaient toujours été quelque chose que Lara convoitait, et ce parce qu’elle savait que ces vieilles reliques avaient souvent de véritables pouvoirs magiques. Ainsi, outre la nécessité de les récupérer comme trésors archéologiques afin de les exhiber dans de grands musées, et ainsi enrichir le patrimoine de l’Humanité, elle voulait aussi empêcher des individus dangereux de mettre la main sur ces reliques. Que ce soit l’île perdue de Yamatai, où elle avait combattu une redoutable secte voulant sacrifier l’une de ses amies pour ressusciter la Reine Himiko, ou Mjöllnir, qu’elle avait su protéger des mains de la redoutable et cruelle Natla, Lara était sur tous les fronts.

Maintenant, elle explorait les fonds aquatiques, voyant le corail, les bancs de poissons, les algues. La vie sous-marine était riche et variée, et, avec la lumière du soleil, diffuse, venant d’en haut, le spectacle était magnifique. Cependant, Lara n’était pas là pour commenter, et, tout en nageant, elle devait essuyer les plaisanteries insipides de Nathan.

« ...Alors, c’est un ours qui tourne autour d’un trou, et qui s’exclame : ‘’27 ! 27 ! 27 !’’ Surpris, un chasseur s’approche de lui, et lui demande : ‘‘Mais pourquoi tu répètes ce nombre ?’’ Et, là, l’ours le pousse dans le trou, et s’exclame : ‘’28 ! 28 ! 28 !’’ Elle est bonne, hein ? »

Lara secoua la tête, et des bulles s’échappèrent à nouveau. Elle avait ri... Mon Dieu ! Cet homme allait la tuer ! Lara s’avança à nouveau, et finit par voir, dans un trou, derrière une falaise sous-marine, le navire tant recherché.

« Ah, et bien voilà ! Il n’en reste plus grand-chose... »

Lara hocha lentement la tête, et s’approcha. Cette région était proche d’une ligne de démarcation entre la plaque tectonique des Philippines et la plaque eurasienne. Il fallait donc se méfier des crevasses. Autour du navire, Lara vit des bouts de bois, des planches envahies par des coquillages. Le haut du bateau avait été arraché, ainsi que les mâts. Il n’y avait plus que la coque, un bout d’escalier. Lara ne mit que quelques secondes à explorer ce navire, en ne trouvant rien... Seulement quelques cadavres squelettiques qui étaient coincés dans l’eau.

« Au moins, on pourra en parler auprès des autorités pour qu’ils aient enfin une sépulture décente... Putain, ne me dis pas qu’il y a rien ?! »

Lara ne répondit pas, et arriva au bout de la coque, puis sortit par un trou, se retrouvant dehors. Elle regarda autour d’elle, puis remua à nouveau des jambes. Elle chercha alentour, repoussant quelques algues, mais ne voyait rien, absolument rien... Est-ce que la piste de Nathan était foireuse ? Certes, il y avait bien un navire, mais... Bah, ce n’était pas comme si Lara s’attendait à trouver Kusanagi plantée dans le bateau, mais elle espérait, au moins, avoir des informations. Est-ce que l’épée s’était perdue dans une faille sismique ? Si tel était le cas, à moins d’avoir un équipement vraiment très solide, ce dont Lara n’avait pas en l’état, Kusanagi resterait dans les abysses.

La jeune archéologue continua à tourner autour du pot, cherchant quelque chose, puis aperçut alors un trou dans l’un des amoncellements rocheux.

« Lara, si tu vas là-dedans, la connexion risque de se rompre... »

Autant dire qu’elle n’entendrait plus les blagues moisies de Nathan. Rien que pour ça, ça valait le coup ! Elle se rua donc à l’intérieur, et suivit une galerie, jusqu’à remonter. Dans sa tête, elle se disait qu’un naufragé avait pu aller jusqu’ici, afin de trouver de l’air libre. Difficile de remonter à la surface si une bataille faisait rage au-dessus... L’archéologue remonta donc, jusqu’à atteindre une surface, et se hissa, atterrissant sur une surface pierreuse. Elle entreprit de retirer ses bonbonnes d’oxygène et ses palmes... Puis vit alors un matériel de plongée sur le sol.

*Hein ? Merde...*

Elle n’était pas seule ici... Encore l’une de ces coïncidences dont elle se passerait bien ! Lara s’avança prudemment, et ce d’autant plus qu’elle n’était pas armée. Elle avança donc lentement, et tenta de contacter Nathan.

« Nathan ? Nathan ?! »

Malheureusement, seuls les neiges lui répondirent. Se pinçant les lèvres, elle recommença sa marche, jusqu’à approcher d’une grande surface... Et voir, en contrebas, des reflets lumineux. Elle était arrivée devant une grande grotte, circulaire, avec des stalactites au plafond, des stalagmites au sol, une rivière... Et des cadavres poussiéreux. Les survivants de l’épave... Ainsi que le mystérieux explorateur inconnu. Lara entreprit de se dissimuler derrière un rocher, afin de voir à quoi ressemblait l’étrange inconnu... Et, ce faisant, elle fit tomber un petit caillou, qui tomba tout droit sur l’épaule de son double, située juste en contrebas.

J’espérais sincèrement ne pas faire chou blanc... Je te tenais pas beaucoup à parcourir le monde à la recherche d’une épée qui autant n’avait rien à voir avec ce que je recherchais...ce qui aurait été le comble. Je n’osais imaginer mon état d’esprit si cette quête venait à prendre cette direction. Une chose était certaine...c’était que si cela venait à se produire, je risquais d’être d’humeur massacrante pendant un très long moment. Certes, tout comme mon sosie, j’aimais bien l’aventure et les mystères avaient tendance à titiller ma curiosité mais cela avait ses limites ou plutôt...je tenais vraiment à en finir avec les artefacts qui avaient un lien avec Hellheim même si d’un autre coté je n’étais pas vraiment pressée et ce pour une raison simple : depuis le commencement de cette escapade au Japon, je m’étais rendue compte que cette quête allait arriver à son terme et que par conséquent il me faudrait trouver un autre but dans la vie...
Normalement, une telle chose aurait du m’enchanter mais ce n’était pas le cas. A vrai dire, j’appréhendais cet instant. Oui..moi le double d’une archéologue de renom avait peur que son aventure ne se finisse trop vite sous prétexte qu’elle ne savait pas quoi faire par la suite... C’était des plus ridicules ! Mais pourtant, il s’agissait de la vérité. Je n’avais jamais été programmé pour évoluer sans but... De base, je n’étais qu’une esclave qui se contentait d’exécuter les ordres qu’on lui donnait. Mais désormais grâce ou à cause de Croft, j’étais libre. On m’avait retiré ma laisse ce qui faisait de moi non pas un être libre..mais plutôt un chien errant...

Soupirant longuement, je tâchais de mettre de coté ces pensées et de me concentrer sur l’instant présent. Ce n’était ni le moment ni l’endroit pour faire une dépression et pour commencer à se poser des questions existentielles. J’étais venue ici afin de trouver une relique et je comptais bien la déterrer !
Ainsi sur ces entrefaites, je pénétrais plus en avant dans la grotte tout en veillant à être prudente. Même si j’étais probablement seule dans cette grotte, je savais par expérience que ce genre d’endroit pouvait recéler de nombreux pièges mais aussi d’anciens locataires qui bien souvent n’appréciait guère qu’on vienne soudainement envahir leur espace vital.  D’un autre coté, je savais que je ne risquais pas grand chose. Je n’étais pas à proprement parler une humaine... J’avais une apparence naturelle mais des capacités surnaturelles qui pouvaient me permettre de faire face à peu prêt à n’importe quoi.  Autant dire, que je ne risquais pas grand chose même si je détestais être surprise.

Continuant ma progression, je remarquais que mon environnement se constituait comme n’importe quelle grotte de stalactites et de stalagmites. Ce relief ne manqua pas de me faire sourire car il me rappela un  des mercenaires au service d’Amanda qui, au cours d’une de nos explorations dans une grotte semblable à celle que je visitais, s’était mis à disserter à haute voix sur la différence entre des stalactites et des stalagmites. Il avait espéré sans doute que l’un d’entre nous réponde à ces questions... Au final c’était l’environnement lui même qui avait répondu ces questions...vu que lorsqu’il avait mentionné le mot stalactites, il s’était cogné la tête et que lorsqu’il avait parlé de stalagmites il avait trébuché. Autant dire que l’ironie de la situation associée à la série de jurons qu’il prononça par la suite, n’avait pas manqué de faire rire toute la compagnie.
Observant les alentours à l’aide de ma lampe, je remarquais la présence d’une rivière qui s’écoulait mais aussi la présence de plusieurs cadavres. Ces derniers, comme je le notais grâce à leur équipement, devait être les compagnons ou du moins les hommes qui avaient suivi Antoku dans la mort. Avec de la chance, la dépouille de celui-ci et son épée était dans les parages...

Néanmoins avant de poursuivre je tâchais de fouiller ces cadavres pour voir ce que pouvait bien contenir ce qui leur tenait lieu de poche. Ainsi, sans prendre de gant, je  débarrassais ces hommes de leur possessions qui n’étaient pas bien nombreuses. Hormis quelques armes rongées par la rouille, des os, et des puces les quelques cadavres que j’avais sous les yeux n’avaient rien d’autre sur eux... Pourtant il devait forcément y avoir un indice... Si ces hommes étaient parvenus à pénétrer dans cette grotte, l’un d’entre eux avait du forcément vouloir conter son aventure et ce qui s’était passé ici...sauf s’ils étaient tous analphabètes ce pouvait être également le cas.
Dirigeant ma lampe vers une autre partie de la grotte, je constatais la présence d’une cavité ainsi que d’autres cadavres... l’un d’entre eux avait très certainement quelque chose avec lui. Outre cette cavité et ces macchabées, je pus visualiser depuis ma position un petit objet scintillant. S’agissait-il d’un objet contemporain ou bien d’un vulgaire bout de métal ? Je n’aurais su le dire à cette distance...

Alors que je m’apprêtais à m’approcher dudit objet, je sentis un caillou heurter mon épaule gauche...ce qui m’alerta aussitôt. Je n’étais pas seule dans cette grotte comme je l’avais cru jusqu’à présent. Ainsi, sans tarder une seule seconde, je me retournais, l’arme au poing, vers l’endroit probable d’où provenait le morceau de roche qui avait heurté mon épaule.  Visualisant attentivement les environs avec ma lampe afin de pouvoir déceler ou non la présence d’un quelconque intrus, je reculais quelque peu afin d’obtenir un meilleur visu de ma cible s’il y en avait une..
...ce qui pour le coup aurait été étonnant. Après tout, j’étais arrivée par là et je n’avais rencontré personne... Il ne pouvait donc pas s’agir d’un piège ni d’un mort vivant...du moins en théorie. Il n’y avait que deux explications logiques pour expliquer ce qui venait d’arriver : soit une autre personne était présente dans cette grotte ce qui était peu probable au vu de sa profondeur et au vu de la nature de mes recherches...soit une vulgaire bestiole  avait été dérangée par ma petite visite et désirait probablement déménager...ce qui était quand même plus probable. Un crabe avait très bien pu circuler sur ce rocher et heurter cette pierre qui du fait de la gravité était tombée sur moi... Mais alors une question se  posait. Pourquoi n’avais-je rien entendu ? Avais-je été trop sûre de moi au cours de cette escapade au point de négliger mon environnement et ses surprise ? C’était probable... Il était vrai qu’avec mes capacité, j’étais particulièrement arrogante..et puis je m’inquiétais pour rien. Si une personne m’avait suivi, elle aurait très certainement donner un signe de vie et ce que ce soit en m’interpellant ou en me tirant dessus ce qui n’avait pas été le cas. Il devait sans doute s’agir d’un vulgaire crabe voire même d’un rat...rien de plus.

Me morigénant pour ma stupidité, je rangeais mon arme dans son étui et repris ma petite exploration. Quel était donc cet objet que j’avais pu apercevoir quelques minutes auparavant ? Me rapprochant de ce dernier et ignorant les cadavres, je remarquais que l’objet que j’avais vu scintiller était en fait la boucle d’un sac ou plutôt de ce qu’il restait d’un sac. A première vu, cet objet semblait plus récent que ceux que trimballaient les guerriers de cette grotte... Quelqu’un avait donc du déjà venir ici mais qui donc ? Voulant répondre à cette question, j’entrepris de fouiller ledit sac et trouvais, non sans surprise, un morceau de tissu enroulé. Déroulant cet objet, sans plus tarder, je pus voir que ce morceau de tissu servait à envelopper et à protéger une carte...une carte qui représentait une île et sur laquelle de nombreuses inscriptions en japonais étaient inscrites. Malheureusement pour moi, j’ignorais si cet objet allait s’avérer utile ou non pour la simple et bonne raison que je ne savais pas lire le japonais...ce qui au vu de la situation était particulièrement problématique...

« Une carte recouverte d’inscriptions de niak...c’est super... Au lieu de trouver une épée, il a fallu que je tombe sur une carte incompréhensible qui semble être aussi vieille que ma conceptrice... C’est vraiment génial... Au lieu de me casser le cul ici, j’aurais eu mieux fait de me casser une jambe à Hellheim tiens ! »

Soupirant, je tâchais de continuer de fouiller le sac pour voir ce qu’il contenait... Avec de la chance, il y avait d’autres indices dans ce sac ou bien dans le reste de la grotte...enfin je l’espérais.

Il était curieux, presque comme une sorte de curieuse ironie du Destin, que ce soit à ce moment précis, alors qu’elle entreprenait d’explorer cette grotte souterraine, que quelqu’un d’autre soit aussi en train de le faire. Dissimulée, Lara entendit des bruits de pas s’arrêter, puis reprendre ensuite, et elle tourna la tête. Elle ne remit pas sa lampe-torche en marche, et fronça les sourcils, vigilante et attentive. Il y avait une seule autre personne, mais, dans la pénombre, voir son visage était difficile. Lara attendit un peu, puis se déplaça lentement, laissant ses yeux s’habituer à l’obscurité. C’est ainsi qu’elle comprit que la personne semblait être une femme, et qu’elle inspectait les cadavres. Est-ce que l’Empereur Antoku se trouvait parmi eux ? Ce serait... Très amusant. Faute de trouver Kusanagi, Lara aurait au moins trouvé quelque chose de sacré, que le Japon aurait été très intéressé de récupérer. Toutefois, il ne restait plus grand-chose des cadavres, si ce n’est des squelettes poussiéreux et des vêtements rapiécés et usés. La femme était en train de fouiller les corps, et Lara s’avança lentement, évitant de faire du bruit, notamment en veillant là où elle posait ses pieds. Le chemin descendait progressivement pour rejoindre cette grande grotte, et elle descendit donc, la main sur sa lampe-torche. Lara n’avait aucune arme à feu, et elle ignorait les intentions de cette personne... Or, vu son passé, elle avait toutes les raisons du monde d’être méfiantes.

La jeune archéologue s’avança donc, en entendant la femme fouiller les sacs, trouvant des papiers, avant de les relâcher... Et, progressivement, ses yeux discernaient les sources lumineuses, et elle reconnaissait cette silhouette, assez élégante, avec une combinaison moulante, mouillée, en cuir, et noire.

*Ne me dites pas que...*

Ayant un très mauvais pressentiment sur l’identité de cette personne, Lara s’avança un peu plus lentement. La femme soupira, un soupir féminin, reconnaissable, le même que Lara pouvait poser quand elle tombait sur une énigme qu’elle n’arrivait pas à résoudre, ou quand Nathan l’énervait en sortant une plaisanterie grivoise. Lara s’avança donc, puis sortit sa lampe-torche, et l’alluma. Le projecteur engloba alors le corps de la femme, et elle la reconnut. C’était bien elle...

« Toi ! »

Lara ignorait comment appeler cette femme... C’était un clone d’elle-même, qui avait été conçu par Natla et Amanda Evert, quand elles étaient à la traque d’une cité nordique légendaire, Helheim. Doppelgänger, puisque c’était la seule manière de l’appeler, avait attaqué Lara en piégeant le manoir, détruisant ce dernier. Elles s’étaient battues, s’étaient retrouvées à Helheim, et, ensuite, Lara avait réussi à arracher cette femme du contrôle mental que Natla lui avait fait subir, en lui disant de vivre une nouvelle vie, et d’abandonner la violence et le meurtre. Mais, pour autant, ce n’est pas comme si Lara était très rassurée de retomber sur elle. Elle n’avait pas ses armes à feu, et elle savait que cette femme était très forte, qu’elle avait des capacités physiques surhumaines, et qu’elles étaient toutes seules ici... Et aussi qu’elles s’étaient déjà battues à mort dans le passé.

On pouvait donc sentir la nervosité dans le corps de Lara, mais elle fronça malgré tout les sourcils en regardant cette femme.

« Qu’est-ce que tu fabriques ici ?! »

C’était une question très idiote, tant la réponse était évidente, mais c’était bien la seule qui était venue à la tête de Lara. Elle ne s’attendait franchement pas à rencontrer Doppelgänger ici. Il ne restait plus qu’à espérer que ses intentions soient pacifistes... Plus ou moins.

Fouillant toujours le sac, je ne manquais pas de trouver plusieurs autres objets dont un petit carnet en piteux état. Contrairement à ce dernier, les autres éléments que contenaient ce sac n’étaient guère intéressant même s’ils me renseignaient sur l’identité de la personne qui avait du les posséder. En effet, au vu de la relative vétusté de ces reliques et si l’on tenait compte de la carte, il devait très certainement s’agir d’un sac de soldat...qui devait dater d’il y a au moins 50 ans. Cette découverte, bien évidemment, me poussa à me poser une question : Mais qu’est ce que faisait un soldat, ici, il y a un demi siècle ? Je n’aurais su le dire. Je savais, d’après mes connaissances que le Japon était en guerre à l’époque...mais j’étais loin de m’imaginer que les japonais, aient perdu leur temps à chercher d’antiques reliques et ce dans l’optique de gagner la guerre contre les alliés. Cette explication au sujet d’une probable expédition me semblait être la meilleure étant donné le fait qu’aucun soldat n’aurait pu venir se réfugier ici il y a 50 ans...sauf s’il avait voulu déserter mais au vu des faibles moyens de l’époque, c’était tout simplement inenvisageable. Il aurait fallu un sous marin pour venir jusqu’ici !
En conséquence, des gens étaient venus ici...et très certainement des japonais. Toutefois, cette hypothèse soulevait une autre question : qu’était-il arrivé par la suite ? Est ce que les troupes nippones avaient réussi à ramasser le jackpot ou bien avaient-ils fait chou blanc car Kusanagi n’était rien d’autre qu’un mythe ? C’était difficile à dire. D’un coté, si l’épée avait été retrouvée, du temps de l’empereur Hirohito, les archives auraient très certainement parler d’elle et cette arme ne serait donc pas demeurer un mystère sauf si lesdites archives avaient été détruites. D’un autre coté, peut être que cet objet, n’était qu’un mythe...parmi tant d’autres... une vulgaire légende que l’on racontait aux enfants au coin du feu. Cette explication aurait pu être la bonne mais pourquoi alors Natla se serait-elle évertuée à mentionner le nom de cette épée ? Cela n’avait pas de sens !

Soudainement, alors que je m’apprêtais à soupirer une nouvelle fois, de la lumière m’éclaira ce qui m’obligea à me retourner, vers la source de cette clarté. Sur le coup, je ne pus m’empêcher de plisser des yeux, étant donné que le faisceau lumineux agressait quelque peu ces derniers. Bien évidemment, j’avais pris soin également de poser ma main droite sur le holster de l’un de mes pistolets, au cas ou cette soudaine perturbation s’avérait hostile... Après tout, on était jamais trop prudent... Il pouvait très bien s’agir d’un simple touriste comme cela pouvait être un poulpe géant cracheur de feu...
...Sur le coup, la voix qui m’apostropha, me semblait étrangement familière. Bien évidemment, vu l’endroit ou j’étais, je mis cette impression sur le compte de mon imagination... Puis j’entraperçus le visage de la personne qui était devant moi...et autant dire que cela me surprit grandement. Ce timbre de voix...ce faciès... ce physique si semblable au mien et pourtant si différent d’un autre coté...c’était Croft... Lara Croft. Mais qu’est ce qu’elle fichait ici ?!  C’était impossible qu’elle soit ici. J’avais pris soin de camoufler mes traces et n’avait fait mention de ma quête à personne.. Alors pourquoi était-elle ici ?!

Etrangement, je n’étais pas la seule à me poser cette question car mon interlocutrice n’hésita pas à me la poser. Natla avait décidemment bien fait son travail lorsqu’elle m’avait crée... J’étais vraiment le double de Lara et ce que ce soit au niveau physique comme au niveau mental. Je pensais de la même manière que Croft...du moins, j’étais presque comme cette dernière... vu que moi, contrairement à elle, je n’avais pas réellement de conscience  ou plutôt de morale. Tuer quelqu’un ne me posait aucun problème. A vrai dire, j’aurais pu commettre un génocide que j’aurais continuer à « vivre » comme si de rien n’était.
D’ailleurs en parlant de tuer, je ne manquais pas de noter que mon interlocutrice était quelque peu mal à l’aise en ma présence ce qui était compréhensible...du moins en partie. Faire face à son double maléfique n’était jamais très appréciable. Qui plus est, j’avais des pouvoirs redoutables et avait prouvé à Lara à de multiples reprises, que je pouvais la transformer en passoire et ce juste en utilisant certains de mes pouvoirs. D’un autre coté, son malaise était assez peu compréhensible. Même si les souvenirs qu’elle gardait de moi n’étaient pas appréciables, je lui avais fichu la paix et n’avais jamais cherché à la recontacter pour lui apprendre que j’avais tuer Natla. Si j’avais voulu la tuer, après m’être occupée de cette pseudo déité atlante, j’aurais pu le faire sans aucun problème et pourtant je ne l’avais pas fait..ce qui par conséquent en disait long sur mes intentions.

Même si tout comme Lara, je me demandais ce qu’elle fichait ici, je pris soin de répondre à sa question :

« Comme tu peux le voir, je fais du tourisme et profite d’une petite séance de thalasso...sœurette » Je lui souris de toutes mes dents et adoptais un air d'attardé momentanément« Plus sérieusement, je suis venue ici afin de trouver et de mettre en sécurité, si besoin est, une antique épée japonaise qui pourrait bien être une autre Excalibur. J’aimerais donc éviter si possible que cette épée ne tombe entre de mauvaise mains. Il serait quelque peu fâcheux, pour vous autres êtres humains, qu’une personne malintentionné ne décide de visiter mon lieu de naissance et ne veuille réparer et activer le Serpent de Midgard afin de provoquer le Ragnarok et l’avènement du Septième Age comme le disait si bien cette chère Natla. ça m’a déjà pris pas mal de temps de nettoyer tout le bordel que tu as foutu quand tu es venu, il est hors de question que je repasse le balai une seconde fois ! Sinon, et toi qu’est ce que tu viens foutre les pieds dans ce tombeau ? On songe déjà à la mort et on veut donc déjà savoir comment construire un caveau ?»

Regardant attentivement mon interlocutrice, je ne manquais pas de sourire de nouveau mais cette fois-ci de façon normale . Il était vrai que j’étais particulièrement arrogante et joueuse mais là au vu de la question, je pensais que celle-ci était justifiée, tant cette dernière était stupide. Il était évident que j’étais venue ici pour mettre la main sur Kusanagi. Aucune force sur cette planète ou ailleurs, n’aurait pu me pousser à visiter ce trou s’il n’y avait pas eu cet artefact. Je supposais d’ailleurs que Lara était très certainement venu pour la même raison ce qui dans un sens arrangeait mes affaires. Après tout, je venais de trouver une carte à laquelle je n’y comprenais rien...si l’on rajoutait le carnet en piteux état, cela faisait probablement un autre objet que je ne pourrais pas déchiffrer...Mais elle...elle saurait très certainement déchiffrer le japonais. Il s’agissait après tout de Lara Croft : l’une des plus grandes archéologues de son temps, si j’en croyais ce que j’avais pu entendre. Elle devait donc savoir se débrouiller.
Néanmoins, même si je supposais que Croft savait lire et parler niak, il y avait peu de chance qu’elle coopère si elle se sentait en danger ou si elle se méfiait de moi. Or, je désirais obtenir des réponses et ce coute que coute ! Je voulais savoir où se trouvait cet artefact et pour cela j’avais avoir besoin de l’aide de Lara.  Et pour cela, j’allais devoir la mettre en confiance...
Pour obtenir son aide, j’aurais pu également la torturer mais une telle méthode aurait été contreproductive. Qui plus est, cette idée me répugnait quelque peu car malgré tout, je sentais que j’avais une dette envers cette femme...une dette dont je ne pourrais jamais m’affranchir et qui me liait à elle. Par respect pour ce qu’elle avait fait pour moi, je ne comptais pas employer des moyens brutaux et je comptais encore moins la menacer.

Ainsi afin de mettre mon interlocutrice en confiance, j’éloignais ma main de mon arme et lui tendis, la carte, ainsi que le carnet, que j’avais pris soin de ramasser et lui tint ce langage :

« Si cela peut te rassurer, même si j’imagine que tu continueras à te méfier, à juste titre, de moi et ce quoique je dise quoique je fasse, je ne suis pas une menace pour toi et je ne compte pas te tuer... A vrai dire, ton aide me serait précieuse. J’ai découvert cette carte et ce calepin mais elles sont écrites en japonais. Or je ne sais absolument pas lire cette langue et ce malgré le fait que je sois ton double. On aurait pu croire que Natla aurait bien fait son boulot lorsqu’elle m’a créée ou programmé mais il semblerait que cela ne soit pas le cas... Si tu pouvais donc traduire ces objets et me dire de quoi il en retourne, cela m’aiderait grandement pour la suite de ma quête. »

D’un certain point de vu, la présence de Croft en ces lieux, m’arrangeait aussi mais pour d’autres raisons. Je savais que chasser Kusanagi était la dernière chose que j’avais à faire. Après cela, je n’ignorais quel serait mon but...qu’est ce que je ferais de ma vie. Or Lara était une humaine et sans doute l’humaine la plus « proche » de moi étant donné qu’une partie de ma psyché correspondait à la sienne. Par conséquent, en restant un peu avec elle, j’avais l’opportunité de pouvoir observer un comportement humain et de comprendre...comment vivre une vie...normale ou quasi normale. En somme, la côtoyer était une opportunité pour moi de voir quoi faire du cadeau que m’avait fait mon double.

Si elle était nerveuse… Bien évidemment ! Certes, Lara savait que son double maléfique avait été un peu arrangée, mais… Et bien, ce n’était pas pour autant que c’était toujours agréable de tomber sur votre clone, et ce encore plus quand ledit clone avait incendié votre manoir, et tenté de vous tuer. Lara ignorait comment appeler cette créature. Elle était comme elle, tant physiquement que mentalement, sans pour autant ne pas être elle… C’était une sorte de Lara Croft améliorée dénuée de scrupules et d’empathie, conçue par Natla, l’une des pires ennemies de Lara Croft. Une Déesse atlantéenne maléfique, enfermée par ses congénères divins dans une cellule, et qui avait été réveillée en 1945, lorsque, vers la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les Américains, dans le cadre du Projet Manhattan à Los Alamos, avaient fait péter une bombe nucléaire dans le désert. L’explosion avait heurté la prison de Natla, et l’avait réveillé. Lara avait pendant un temps travaillé pour Jacqueline Natla, une femme qui avait utilisé sa redoutable intelligence pour fonder une compagnie, Natla Technologies, et qui recherchait des artefacts légendaires péruviens. La première rencontre de Lara avec Natla avait bien failli coûter la vie à l’archéologue à plusieurs reprises, et elle s’était retrouvée à affronter pour la première fois Natla en Égypte, afin d’empêcher cette dernière de mettre à exécution son redoutable dessein : utiliser des artefacts ancestraux pour constituer une machine, le Scion, qui permettrait de transformer une partie de l’humanité en redoutables monstres sous ses ordres. Lara avait vaincu Natla une première fois, mais Jacqueline n’avait alors pas dit son dernier mot.

L’archéologue avait ensuite retrouvé sa Némésis à plusieurs reprises, mais leur véritable nouvel affrontement avait eu lieu quand Natla s’était associée avec une ancienne amie de Lara, Amanda Evert. Amanda, elle, avait toujours eu envie d’atteindre la mythique Avalon, et Lara avait dû jongler avec les deux femmes, Natla étant la seule à avoir les clefs d’Avalon… Qui s’était en réalité avérée être une autre cité légendaire, Helheim. Le petit détail subtil dans cette histoire était que Natla avait omis de dire à Amanda que l’objectif de Natla, en accédant à Helheim, était de déclencher un apocalypse mondial, son objectif étant d’atteindre un antique artefact se trouvant dans les tréfonds de la cité scandinave engloutie sous les eaux, le Serpent de Midgard. Lara avait affronté Natla au cœur d’Helheim, et avait réussi à la vaincre en lui balançant le Marteau de Thor à la figure, ce qui avait eu pour effet d’envoyer Natla disparaître.. Lara avait alors cru la tuer.

Malheureusement, Natla avait la peau dure. En l’affrontant, Lara l’avait balancé dans un eitr, une sorte de liquide magique qui avait une grande importance dans la mythologie scandinave, puisque c’était de cette substance que toutes les choses vivantes étaient censées avoir émergées. On disait l’eitr très toxique, et Lara avait cru que ce serait différent pour se débarrasser de Jacqueline Natla. Il n’en avait rien été, et la Déesse avait réussi à ressortir, et avait alors retrouvé… L’autre. Lara-2. Natla avait demandé l’aide de Lara-2, notamment en lui demandant se débarrasser de Lara Croft, en la tuant. Lara-2 avait traversé Helheim jusqu’à retrouver Lara, mais la jeune femme avait réussi à la libérer de l’envoûtement, et à la convaincre de se débarrasser de Natla… Ce qu’elle avait visiblement fait.

Lara-2 avait été conçue par Natla et Evert, car les deux femmes savaient qu’il n’y avait pas meilleure archéologue que Lara. Elle était une aberration génétique, mais aussi quelqu’un qui disposait de son code génétique, de son visage, de son apparence, et qui pouvait donc récupérer son argent. Lara était en réalité riche, encore plus depuis l’incendie du manoir. Winston Smith, son majordome, était son Alfred Pennyworth. Il avait contacté de vieux amis avocats afin de poursuivre la compagnie d’assurances et obtenir une indemnisation du manoir, la rénovation ayant, de plus, été assurée par des fonds publics et privés, Winston ayant insisté sur le caractère patrimonial du manoir, et sur le côté criminel du manoir. Elle savait qu’elle surveillait ses comptes, afin de conserver un œil sur son clone… Car Lara-2 pouvait tout à fait récupérer de l’argent dans ses comptes.

*La réalité, c’est que je ne sais pas quoi faire d’elle… C’est une tueuse, mais cet instinct de tueur, elle l’a de moi… Car j’ai moi aussi commis des meurtres. La différence entre nous deux, c’est qu’elle n’a jamais eu de parents pour lui apprendre à dissocier le Bien du Mal. Je l’ai laissée partir à Helheim, ce qui était une erreur… Mais, en toute honnêteté, j’étais à bout de souffle là-bas.*

Une erreur, oui, car elle aurait dû surveiller davantage Lara-2. Il suffisait d’une altercation malencontreuse dans un bar pour qu’elle tue quinze personnes, et demande ensuite, le plus naturellement du monde, un mojito au barman. Donc, oui, Lara était tendue, car, même si elle savait que son clone ne voulait pas la tuer… Et bien, ça restait son clone ! C’était forcément flippant de la voir, surtout dans une grotte aquatique !

Lara-2 lui offrit un sourire sinistre en s’expliquant.

*Il va falloir qu’on travaille ses interactions sociales…* se dit à ce moment Lara.

Le clone lui expliqua être sur les traces de Kusanagi, et Lara hocha la tête, avant de sourire.

« Oh, tu t’essaies à l’humour, maintenant ? Et bien… Je dirais que nous avons eu la même idée. J’ai mené mon enquête pour essayer de savoir où le navire d’Antoku avait pu échouer, et j’explore cette région depuis plusieurs jours. »

Lara était toujours la même : une passionnée d’Histoire et d’archéologie. Mais, pour l’occasion, elle avait en stock un élément que Lara-2 n’avait pas… Elle comprenait le japonais. Cette dernière lui brandit un document écrit en japonais. Lara ne put s’empêcher de sourire, et rétorqua, en récupérant la carte et le carnet, sur un ton moqueur :

« Alors, comme ça, tu as besoin de mon aide ? Ma pauvre, ça doit être horrible pour toi… Mais je serais ravie de travailler avec toi. »

Ce serait surtout un bon moyen de garder un œil sur un élément troublant de son passé. Lara commença donc par éclairer la carte. C’était… Une île.

« Le Japon comprend plusieurs centaines d’îles… Il va falloir que je fasse davantage de recherches pour trouver de quelle île il s’agit. »

Elle observa ensuite le carnet, et tourna les pages, précautionneusement.

« Hum… C’est le journal d’un des soldats personnels de l’Empereur… Qui a survécu… »

Lara continua à tourner les pages, mais sentit la résistance du livre faiblir, et se pinça les lèvres.

« Il est en train de tomber en morceaux… ‘Fais chier… »

Elle continua à lire. C’était du japonais ancien. Heureusement que Lara avait eu une amie japonaise à l’époque de la fac’ ! Et qu’elle avait fait un petit séjour sur l’île de Yamatai, aussi… Elle comprit, en lisant le carnet, que l’homme avait pleuré sur la mort de son défunt Empereur, et s’était décidé à récupérer Kusanagi, et à nager. Il avait laissé ce carnet ici, sur la dépouille d’un de ses frères, au cas où des secours arriveraient, en disant qu’il retournerait avec Kusanagi chez lui.

« Un bon soldat aurait ramené Kusanagi auprès du Palais impérial, mais, à cette époque, Kyoto, la capitale, avait été prise par leurs ennemis… S’il a survécu, il a donc dû retourner chez lui… Mais en supposant qu’il ait survécu… »

Son adresse ne figurait pas dans le carnet, mais Lara vit, à la fin du carnet, son nom de famille, son grade, le soldat demandant de dire à son père, si son corps était retrouvé, qu’il s’était battu avec honneur jusqu’à la fin, et avait tâché de défendre l’Empereur autant que possible. Lara nota ce nom, en se disant que ce serait sans doute sa seule piste.

« Je crois qu’on ne tirera rien d’autre de ce carnet… Il faudra se renseigner dans les archives militaires, afin de voir s’il n’y a pas, dans un registre quelconque, des informations sur ce soldat. Peut-être qu’il a eu un illustre père, ou quelque chose comme ça… »

C’était mince, mais il s’agissait de Kusanagi, l’épée légendaire…

« Et, bien sûr, en supposant qu’il ait réussi à sortir de la grotte avec l’épée, et à rejoindre la côte… Peut-être faudrait-il commencer par se renseigner à Kitakyūshū, non ? »

C’était la ville la plus proche du détroit de Kanmon, et aussi une très grande ville, avec environ un million d’âmes. Il devait probablement y avoir des archives, des registres publics, quelque chose comme ça… Ces vieilles salles poussiéreuses qu’on montrait toujours dans les films, où l’explorateur se tenait sur une table, en pleine nuit, avec une petite bougie en train de faiblir, tandis que, nerveusement, il empilait les bouquins à la recherche de la précieuse information. Néanmoins, ne voulant pas donner à Lara-2 l’impression de tout décider par elle-même, elle la regarda :

« Tu en penses quoi ? »

Ma supposition était juste...Lara était bel et bien venu ici pour mettre la main sur Kusanagi. En soi, qu’elle soit venue ici pour mettre la main sur cette relique légendaire n’était pas très étonnant, bien au contraire. Il s’agissait d’une archéologue et comme tout archéologue digne de ce nom elle essayait de mettre à jour des pans oubliés de notre passé. Or Kusanagi faisait partie de notre passé voire peut être même de notre avenir et ce que ce soit en bien ou en mal. Toutefois, même si je savais que les raisons de sa présence dans cette grotte étaient justifiées, je ne pus manquer de saisir une certaine forme d’ironie dans toute cette histoire. Après tout, combien y avait-il de chance pour que nous nous retrouvions ensemble dans cet endroit et ce au même moment ? Presque aucune ! Et pourtant le sort ou le destin en avait décidé autrement... Pour le coup, je ne pus m’empêcher de me demander à quoi donnerait lieu notre collaboration... Cela serait sans doute assez explosif.

Sur le coup, mon « appel » à l’aide amusa quelque peu l’archéologue qui ne put s’empêcher de faire un trait d’esprit sur mon incapacité à pouvoir lire du japonais...moi qui pourtant avait prétendu à Lara lors de notre première conversation que j’étais son double et ce sans ses défauts...Mais voila que j’en avais un de défaut, que Croft n’avait pas ! Autant dire que cela était particulièrement ironique. Malgré tout, ce trait d’humour me fit sourire vu qu’il n’était pas pensé à mal et que j’imaginais que la britannique voulait me rendre la monnaie de ma pièce par rapport à ce que j’avais dit avant. Nous étions donc à égalité...pour le moment !
Le coté positif dans toute cette histoire, c’était que malgré le fait que j’ai fait explosé son manoir et tuer l’un de ses amis, elle était prête à travailler avec moi ce qui ne manquait pas de m’étonner...du moins si je tentais d’adopter un mode de pensée plus...humain. Si j’avais été humaine, il y avait de forte chances pour que je n’accepte jamais de travailler avec quelqu’un qui avait pu, par le passé me faire du mal. Mais n’étant pas humaine, je ne pouvais pas envisager les choses sous cet angle. Dans le fond, il était au contraire logique que nous nous formions une sorte d’alliance afin de mettre la main sur ce que nous cherchions... Mais vu que Lara était humaine, je ne pouvais pas m’empêcher de me demander pourquoi elle avait accepter de travailler avec moi... Elle, qui d’habitude était si mal à l’aise avec moi, semblait avoir fait fi de ses états d’âmes ou de mes états de service pour collaborer avec moi. C’était étrange, inattendu mais aussi appréciable. Cela me changeait de mes fréquentations habituelles qui par le passé m’avaient soit traité en esclave soit  considérer comme une ennemie. Là on me considérait comme une alliée à défaut d’être sans doute une personne de confiance.

La laissant examiner les objets que je venais de lui confier, je continuais de l’écouter pendant que j’examinais la cavité que j’avais pu remarqué quelque instant auparavant. Utilisant ma lampe, j’éclairais du mieux que je pouvais cet endroit pour voir s’il y avait quelque chose d’intéressant mais hormis du sable et de la roche, je notais la présence d’un seule et unique cadavre ou plutôt d’un reste de squelette humain. Autant dire que ce n’était pas grand chose.
Alors que j’essayais de voir si ce squelette n’avait pas quelque chose de précieux sur lui, j’écoutais attentivement les paroles de l’archéologue, qui m’apprit que le journal que j’avais découvert était un objet appartenant à l’un des soldats de l’Empereur qui avait réussi à survivre et qui aurait embarqué l’épée avec lui lorsqu’il s’était décidé à quitter ce mausolée afin de retrouver la terre ferme. Bien évidemment, ce soldat avait très bien pu mourir lorsqu’il était remonté à la surface ce qui n’aurait pas été très étonnant au vu de la profondeur...mais peut être qu’à l’époque cet endroit n’était pas si profond peut être qu’il avait eu de la chance. Il aurait fallu une machine à voyager dans le temps pour le savoir...ou sinon il fallait que l’on poursuive nos recherches à l’extérieur et ce en nous servant de la carte que j’avais trouvé mais également du carnet qui comportait, d’après ce que j’avais pu comprendre, l’identité de ce soldat. En soi, cet indice était capital vu qu’il nous offrait une piste...même si je me demandais encore maintenant à quoi pouvait bien servir cette carte.

Bien évidemment, Croft considérait elle aussi ce nom comme un indice, mais contrairement à moi, elle sut planifier la suite des opérations ce qui était appréciable. Il fallait avouer que, j’étais quelque peu...perdue. Du temps ou j’étais encore une esclave, je bénéficiais d’importantes ressources...ressources qui appartenaient soit à Natla soit à Amanda...Mais désormais, je n’avais plus rien...plus aucune possession...plus aucune ressource. Je savais que de par mon code génétique, je pouvais emprunter l’identité de Lara mais cette méthode m’avait répugnée étant donné le fait que j’avais une dette envers elle. Par conséquent, je n’avais jamais cherché après les évènements de Hellheim à usurper son identité... En clair, du fait de mes maigres moyens, il m’était impossible de planifier les choses comme venait de le faire la britannique. Je devais constamment me débrouiller et ce en toutes circonstances.
Néanmoins, contre toute attente, Lara se tourna vers moi afin de me demander mon avis ce qui me surprit quelque peu. A vrai dire cela me désarçonna complètement. C’était bien la première fois...oui la première fois que l’on me demandait de m’exprimer  sur quelque chose. Jusqu’à présent, je ne faisais qu’obéir aux ordres...rien de plus. Autant dire que sur le coup je ne pus m’empêcher de hausser un sourcil et de regarder mon double d’un air interrogateur. Cela faisait vraiment bizarre.
Toutefois, même si jusqu’à présent, je n’avais jamais pu donner mon opinion, j’étais malgré tout, capable de réfléchir et donc formuler des propos adaptés à la question qu’elle venait de me poser et à ce qu’elle impliquait ce que je fis sans plus tarder :

« Et bien...je n’ai pas grand chose à ajouter à ce que tu viens de dire. Après tout c’est ton boulot. Tu sais mieux que moi ce qu’il faut faire et tu as les moyens d’obtenir ce que tu désires. » Je réfléchissais quelques instants puis reprit la parole « Toutefois, je trouve ça un peu trop...facile. Nous sommes toutes les deux parvenus à trouver cet endroit et nous avons mis la main sur ce carnet qui contient quelque informations... J’ai un jour lu que vous autres Archéologues, ne déchiffriez pas de cartes pour exhumer un trésor et qu’un X n’a jamais, jamais marqué son emplacement. Par conséquent, je ne peux pas m’empêcher de trouver tout ceci suspect.»

Oui, c’était suspect... Pourquoi un homme qui avait perdu son empereur et dont le pays était gouverné par ses ennemis aurait-il indiqué  dans un carnet, qu’il aurait laissé sur un cadavre,  qu’il avait retrouvé Kusanagi et qu’il l’emportait avec lui ? ça n’avait pas de sens. Si des personnes avaient fouillés cet endroit, à l’époque, ils auraient très certainement rapporté leur découverte au nouvel Empereur qui aurait tôt fait de s’emparer de cette affaire et de l’épée. Et puis... il y avait aussi la question de cette carte. Que faisait-elle ici ? Quelle île représentait-elle ? Je n’aurais su le dire. Peut être s’agissait-il d’une bête carte comme autant il pouvait s’agir d’un autre indice. Seule Lara était en mesure de le déterminer.
Pour ma part, je trouvais juste tout ceci louche. A vrai dire, je trouvais que tout ceci était trop beau pour être vrai. Cela sentait le piège à plein nez...ou peut être était-ce tout simplement un énorme bobard... Je n’en savais rien. Néanmoins, je ne pouvais m’empêcher de me méfier.

« Nous oublions un point, maintenant que j’y pense. Rien ne nous dit que ce soldat, une fois sur la terre ferme, a gardé le même nom. Si son pays était gouverné par ses ennemis et si les registres de l’époque étaient très bien tenus, il aurait eu tôt fait de se faire arrêter comme déserteur ou comme serviteur d’un usurpateur. A sa place, j’aurais très certainement changé de nom ou chercher à disparaitre de la circulation. Je pense par conséquent, qu’il te faudra consulter les chroniques de l’époque s’il y en a. L’une d’entre elle, avec de la chance aura peut être parlé d’un homme qui serait remonté à la surface. Et puis il y a aussi cette carte. Nous ne savons encore rien d’elle. Peut-être s’agit-il d’une autre pièce du puzzle. »

Je regardais attentivement Lara et la laissais méditer sur mes paroles même si je me doutais qu’elle avait du très certainement songer à tout ce que je venais de dire. A vrai dire, mon avis n’avait certainement pas du l’aider. Nous avions quasiment les mêmes schémas de pensée... Autant dire que ce que je venais de dire correspondait peut être au dialogue qu’elle avait du tenir avec elle même. Cette situation était vraiment étrange et quelque peu troublante. Enfin, elle devait l’être beaucoup plus pour l’archéologue que pour moi vu que cela ne me dérangeait pas. En fait, je trouvais même cette conversation assez...agréable. Cela me changeait de mon quotidien de ces derniers mois.
D’ailleurs en y songeant, j’oubliais que notre collaboration ne risquait pas de plaire à tout le monde vu ce que j’avais fait à Lara et à son équipe.

« Dis moi... Tu es sûre que ma présence ne dérangera pas ton équipe ? La dernière fois, j’ai tué un de tes amis après tout...et je doute qu’ils l’aient digérés. Si l’on compte aussi, que j’ai fait sauté ton manoir, l’ambiance ne risque pas d’être au beau fixe et il serait dommage qu’un de tes collaborateurs ne tente quelque chose de regrettable.»

Ce que je venais de dire, n’était en aucun cas une menace...du moins pas pour moi. Il s’agissait surtout d’informer Lara sur ce qui pourrait arriver si quelqu’un cherchait à m’abattre ou à me faire du tort. Contrairement à elle, je n’étais pas esclave de mes vieux démons ou de ma conscience. Ainsi, à mon sens, tuer une personne était quelque chose de normal. Néanmoins, je savais que si je faisais cela, Croft risquait de ne pas aimer. D’un coté, je me fichais de savoir si ce que je commettais ou non lui plaisait mais d’un autre coté...du fait de cette dette, je ne voulais pas lui déplaire ou du moins lui causer du tort... Ma relation, si tant est que l’on puisse appeler ça une relation, vis à vis d’elle était ambigu et je ne savais pas comment la qualifier... Moi qui pourtant aimait avoir le dernier mot... Sur ce sujet, j’étais aussi démunie qu’un enfant ce qui ne me plaisait pas trop.

« Nous n’avons que trop tarder dans cet endroit. Hormis cette carte et ce carnet, il n’y a que des types qui ont canés dans cette grotte...donc à moins que tu ne veuilles emporter un tibia souvenir ou que tu désire des crânes presse-livres, je pense qu’il est temps de nous en aller. J’espère d’ailleurs que tu es venue avec un moyen de transport suffisamment spacieux... car je doute que la ridicule barque que j’ai...hm...emprunté fasse l’affaire. »

Alors que je commençais à me diriger vers la sortie, une autre question me vint à l'esprit... Une question qui pouvait tout changer sur la nature de nos rapports d'ici la fin de notre expédition. Si nous étions ici, toutes les deux, c'était bien pour Kusanagi...mais nous n'avions pas les mêmes buts de toute évidence. Si cette épée était une relique de Hellheim, il était clair, à mes yeux, qu'il fallait l'emmener vers mon lieu de naissance afin que jamais au grand jamais l'homme ne mette la main sur cet objet. En somme, je voulais garder secrète cette épée... mais peut être que Lara ne l'entendrait pas de cette oreille. Si c'était le cas, je risquais de devoir l'affronter à nouveau même si cela me déplaisait. Si par contre cette épée n'était qu'une vulgaire relique, je savais que je la laisserais à Croft vu qu'elle ne représenterait rien pour moi.

« Lara, que comptes-tu faire de Kusanagi s’il s’agit d’une épée ressemblant à Excalibur et donc par extension d’une clé conduisant vers Hellheim et vers le Serpent de Midgard ? »

Lara-2 exprima des doutes sur le raisonnement de Lara, et cette dernière en tint naturellement compte. Elle avait beau avoir été une esclave, elle n’en restait pas moins une copie d’elle-même, livrée vraisemblablement avec l’intelligence légendaire des Croft. Si l’exploration et l’aventure n’avaient pas autant passionné Lara, tout laissait à penser qu’elle aurait pu devenir une femme d’affaires redoutable… Ou peut-être une brillante avocate de Londres, voire une juge. Qui sait ? En tout cas, elle n’avait jamais regretté sa vie d’aventurière, d’archéologue, et d’exploratrice. Quand elle serait trop vieille, peut-être se rangerait-elle dans le professorat, mais… Honnêtement, ça ne la tentait pas. Non, elle continuerait à voyager jusqu’à sa mort, très probablement. Ce qui, en revanche, risquait de poser problème, ce serait d’assurer la succession des Croft. Il fallait bien qu’elle ait une descendance, car la famille Croft était une illustre famille, et il y avait, dans le manoir, patrimoine archéologique à léguer… Lara avait offert au British Museum tout ce qu’elle pouvait offrir, mais il existait aussi des trésors propres à la famille, des tableaux, des statues, ou encore des artefacts dangereux, qu’il fallait préserver. Or, légalement, si elle venait à décéder sans aucun héritier, tout ce trésor finirait à des ventes publiques aux enchères. Néanmoins, la question d’un enfant était assez délicate à envisager chez Lara, car elle supposait, d’une part, de trouver un mari, et, d’autre part, de renoncer à sa vie d’aventurière pour éduquer ses enfants… Hors-de-question d’explorer des jungles sauvages ou des temples abandonnés si elle devait allaiter un bébé de quatre mois.

L’archéologue choisit de revenir dans le vif du sujet. Il était fascinant de voir comment le fait d’avoir un clone invitait aux introspections. Comment Lara-2 survivait-elle depuis Helheim ? Est-ce qu’elle avait tué ? Lara avait été incapable de remonter sa trace, son clone n’ayant jamais accédé à ses comptes bancaires. Or, Lara se sentait coupable d’avoir abandonné son clone là-bas… Car, même si ce clone était une aberration de la Nature, elle restait un être humain avec une conscience, un être humain qui avait été manipulé, et dont le manque d’empathie pouvait faire des drames. Maintenant que Lara l’avait récupéré, elle comptait bien assumer ses responsabilités, car, qu’elle le veuille ou non, son destin était lié à celui de cette femme perdue.

Attentivement, elle écouta donc les explications de Lara-2, qui lui souleva que le soldat aurait pu prendre une fausse identité, ce qu’elle confirma en hochant la tête.

« Il s’est probablement fait passer pour un rescapé du clan Minamoto… »

La bataille de Dan-no-ura avait opposé le clan Minamoto et le clan Taira. Il fallait bien noter qu’à cette époque, Antoku, l’Empereur, n’avait eu que six ans. Il s’était suicidé en sautant dans la mère avec sa grand-mère, Tokiko. L’homme qui avait le carnet était un homme lettré, car il savait lire et écrire, ce qui, selon Lara, signifiait qu’il avait dû être un haut-gradé, probablement un proche de Taira no Munemori, le commandant, qui avait été capturé lors de cette bataille, et exécuté. La mort plutôt que le déshonneur… Ensuite, les courants du détroit avaient déporté les corps. Antoku s’était probablement noyé avec sa grand-mère, mais, d’une manière ou d’une autre, l’homme avait réussi à récupérer Kusanagi, et à se traîner, probablement par miracle, dans cette grotte.

« Je ne serais pas aussi péremptoire que toi… Euh… Lara. Nous avons eu énormément de chances en trouvant cette grotte. Elle est profonde, et, quand les Taira et les Minamoto se sont affrontés, la marée était forte. Les Taira avaient eux-mêmes divisé leurs forces en trois, afin de tenir compte de la marée, y voyant là leur avantage, car leur flotte était plus petite que leurs ennemis. Néanmoins, je t’accorde un point sur ton scepticisme. Le mieux, ce serait donc d’analyser ce carnet afin d’en déterminer la date, de manière à s’assurer de son authenticité. »

Comment faire ? Lara sortit de ses affaires son appareil photo. Pour elle, il était impossible de sortir dans la mer avec le carnet, car il risquait de s’effriter, et elle l’ouvrit, et photographia plusieurs pages.

« Toutes les langues évoluent, expliqua-t-elle ensuite. En analysant la forme des kanjis, le choix utilisé, je suis sûre qu’un spécialiste en langue pourra déterminer la période historique à laquelle ces symboles ont été écrits. Et je connais, fort heureusement, un linguiste spécialisé sur l’évolution de la langue japonaise. »

La datation au carbone 14 aurait pu être efficace aussi, mais présentait l’inconvénient de faire sortir le carnet.

« Je pense que cet homme devait être un noble… La plupart des gens qui se sont suicidés lors de cette bataille étaient des personnes nobles, raffinées, et cultivées… Et des gens qui préféraient la mort au déshonneur. Dans ces grottes, il a pu trouver un moyen d’écrire ses mémoires, pour un jour prochain… Et puis, si c’était un piège, pourquoi serait-il aussi compliqué ? Si personne ne voulait remonter la trace de Kusanagi, on aurait fait sauter cette grotte. »

Pour elle, elles avaient surtout eu un coup de pot incroyable de trouver cette caverne.

Lara-2 lui demanda ensuite si sa présence ne risquait pas de déranger le reste de l’équipe, et Lara haussa les épaules.

« Après Helheim, mon équipe a fait autre chose… Enfin… »

Son clone avait tué Alister Finch, l’un des trois membres qui assistaient Lara, en compagnie de Zip et de Winston.

« Winston se charge de la reconstruction du manoir et de la gestion de mon patrimoine… Quant à Zip, après l’incendie du manoir, il a choisi d’aller travailler dans un endroit plus sécurisé. J’ai une autre équipe, maintenant… »

Le ton de Lara avait changé. Alister… Il n’était pas le premier ami de Lara qu’elle perdait, mais elle n’avait jamais oublié les morts, comme un sinistre rappel de la dangerosité perpétuelle de sa mission. Zip en avait toujours voulu à Lara pour la mort d’Alister, car il avait mis en garde l’aventurière de ce qui leur arriverait, s’ils continuaient à affronter Natla et Evert. Lara avait choisi de n’en faire qu’à sa tête, comme une Croft, et s’était toujours sentie responsable de la mort d’Alister… Une plaie qui n’était pas encore totalement fermée, et qui revenait maintenant en tête.

Comme si Lara-2 s’en était rendue compte, ou alors juste par hasard, elle lui demanda ensuite ce que la femme comptait faire avec Kusanagi. Lara, qui lui avait tourné le dos, se pinça les lèvres, soupira, et se retourna vers elle.

« S’il s’agit d’une simple épée, je la remettrais aux autorités japonaises. En revanche, si elle dispose vraiment du même pouvoir qu’Excalibur… Je ne pourrais pas la rendre au public, il faudra trouver un moyen de la dissimuler, afin qu’elle ne soit jamais volée. »

Elle se retourna, et s’avança vers Lara-2, et lui sourit gentiment.

« J’ai un bateau en hauteur… Nous n’avons qu’à remonter dessus, puis on ira prendre un verre à Kitakyūshū. »

Elle rajouta ensuite :

« Tu sais, histoire de parler de ce qu’on a fait chacun de notre côté depuis Helheim… Comme deux copines, quoi. »

Parler de « copine » était un terme un peu fort pour désigner leur relation… Mais Lara devait faire abstraction de l’incendie de son manoir et du meurtre d’Allister, en se disant que, à l’époque, Lara-2 n’était pas responsable de ses actes, car elle était sous le contrôle mental de Natla. C’est ce qu’elle se répétait… Mais elle avait du mal à s’en convaincre.

Les paroles de Croft ou du moins l’un de ses mots ne manqua pas de me désarçonner sur le coup car je ne m’y attendais absolument pas. Je savais, rien qu’en admirant mon reflet, qu’il était aisé de me confondre avec l’archéologue et que par conséquent l’on utilise son prénom pour m’apostropher...mais là en l’occurrence c’était elle qui venait de m’appeler Lara ce qui était quelque peu étrange. Sans doute ne savait-elle pas comment me prénommer...ce qui n’était pas très étonnant. A vrai dire, même moi je ne savais pas comment me définir. Je n’avais jamais eu de prénom jusqu’à présent. Natla, Amanda, et Lara s’était contentées jusqu’à présent de me tutoyer ou de m’apostropher en disant « toi »... A la mesure, certains m’avaient qualifiés de monstre voire même d’abomination mais ces termes ne constituaient en aucun cas des prénoms. Double et Doppelganger n’était pas non plus  très adaptés...
En clair, pour le moment je ne savais pas répondre à la question la plus élémentaire qui soit : Je ne pouvais pas dire mon nom ce qui en soit était quelque peu problématique. Même si je tenais compte de Descartes et de sa philosophie...le « je pense donc, je suis » me permettait certes de savoir que j’existais et ce en dépit de mon statut un peu particulier...mais je n’en demeurais pas moins un être à part que la société ne pourrait reconnaitre. En somme, je demeurais un être à part qui n’avait toujours pas sa place parmi les hommes et ce malgré le fait que je sois devenue libre. Ce simple constat, me frustra quelque peu et me mit en rogne même si je tâchais de ne rien en montrer à Lara. Néanmoins, je pris soin de corriger son erreur.

« Bien que je sois ton double, je ne suis pas toi...je ne porte pas ton prénom. D’ailleurs, je n’en ai aucun...alors ne te tracasse pas à essayer de me désigner. De base, je ne suis qu’une esclave...un produit sorti d’une éprouvette atlante qui n'était destiné qu'à deux choses: exécuter les ordres et mourir... Natla n’a donc pas vu l’utilité de m’accorder ce privilège... »

Je soupirais longuement et regardait attentivement la britannique. Même si cette désignation m’avait perturbée, j’avais pris soin d’écouter le reste de son exposé qui était plus que sensé.  Ces suppositions  associés à ces connaissances nous mèneraient sans aucun doute jusqu’à l’épée. Il est vrai que je m’étais montré particulièrement méfiante concernant notre découverte. Il fallait dire que d’habitude, nous devions tous les deux faire face à des pièges et à des hommes armées avant de pouvoir mettre la main sur le jackpot. Autant dire que ce qui se passait en ce moment me changeait grandement de mon quotidien...si tant est que l’on puisse dire que tuer des morts vivants à Hellheim soit de la routine...
Malgré tout, elle tint compte de mes propos et prit en photo le carnet afin de pouvoir en déterminer l’âge et ce grâce aux symboles écrits sur ce dernier. Il s’agissait d’une excellente idée à laquelle je n’avais pas pensé... Même si j’étais son double et même si je n’avais pas ses défauts, Lara parvenait malgré tout à me surpasser dans certains domaines ce qui était frustrant d’un coté mais aussi quelque peut ironique. Natla avait voulu faire de moi un être supérieur et ce en se servant de tout ce qui était possible et inimaginable... Mais malgré tout dans le domaine de l’esprit, je n’étais clairement pas à la hauteur ou du moins pas encore. Mes connaissances étaient très certainement presque aussi étendues que Lara mais pas dans les mêmes domaines.

En tout cas, Croft n’avait pas totalement tort... Si personne n’avait voulu que l’on ne remonte la trace de Kusanagi, la grotte aurait très certainement été détruite. Or ce n’était pas le cas. Peut être que finalement, pour une fois, Lara et moi allions pouvoir mener nos petites recherches sans que l’on ait à se coltiner des ennemis. Certes cela rendait cette expédition beaucoup moins excitante mais au moins  nous serions plus tranquille ce qui n’était pas plus mal pour Lara sans doute. Déjà qu’elle avait du mal à se faire à ma présence...si en plus l’on rajoutait des  bestioles... cela ne risquait pas d’arranger la situation ou l’humeur de ma coéquipière.
Or cette dernière semblait être devenue soudainement plus triste lorsqu’elle avait mentionné son ancienne équipe. Le souvenir de l’homme que j’avais tué devait encore la faire souffrir. Pour le coup une petite voix dans le coin de ma tête me suggéra d’éviter de creuser davantage le sujet car je savais que si j’en parlais je risquais de tenir des propos qui froisserait mon double..ce que je préférais éviter de faire...même si je n’arrivais pas à comprendre sa soudaine morosité. Je n’arrivais pas à saisir pourquoi la britannique  était si triste en repensant à son ancienne équipe et à cet homme que j’avais exécuté... Il n’y avait pas de quoi pleurer.... Mourir c’était ce que les gens faisaient tout simplement...du moins selon moi. Qui plus est se lamenter sur leur sort n’allait pas changer grand chose... Nous n’étions tous que de vulgaires sac à viandes. Un de plus ou un de moins...

Enfin, il semblait que Lara n’était pas le seule à avoir mal vécue la mort de son coéquipier. Un autre membre de son équipe avait préféré partir ce qui n’était pas plus mal. Ce dernier me connaissait et ne m’appréciait guère... du fait que j’avais tué son ami. A vrai dire, je me demandais même si ce n’était pas à cause de la décision de Lara de m’épargner qu’il n’avait préféré quitter l’archéologue. Après tout j’avais tué de sang froid Allister, et voir ainsi son meurtrier s’en tirer à si bon compte avait du être inacceptable pour Zip...du moins je le supposais. Néanmoins son absence, était bénéfique dans un sens. Au moins, du fait que seul Lara et son majordome étaient au courant de mon existence, il ne risquait pas d’y avoir de problèmes. Je n’allais pas devoir faire usage, du moins en théorie, de mes armes pour mettre un terme aux menaces que l’on m’aurait jeté à la figure.
Un autre point était bénéfique et m’avait réjouie. Si Kusanagi ressemblait à Excalibur, Lara semblait prêt à la dissimuler aux yeux du monde afin qu’aucune mains mal intentionnées ne puissent l’utiliser. En somme, nos buts concordaient en tout point et je n’aurais nul besoin de m’opposer à elle si cette épée était en réalité un artefact atlante... J’allais donc pouvoir peut être disposer de la relique afin de pouvoir la cacher avec les autres en Hellheim ce qui par conséquent mettrait définitivement un terme à la mission que je m’étais assignée depuis la mort de Natla.

« Concernant Kusanagi... si c’est nécessaire, je pourrais m’en occuper. Mais sinon je suis d’accord. Seul un lettré et donc par conséquent un noble aurait pu rédiger à l’époque un tel manuscrit. J’espère que ton ami est aussi bon que tu sembles le croire et qu’il parviendra à authentifier ce carnet... » Je soupirais « En tout cas tu as raison...si quelqu’un avait voulu nous empêcher de mettre la main sur Kusanagi, il l’aurait déjà fait... A force de côtoyer la mort et Hellheim, j’en suis venue à oublier que parfois il n’y a pas de pièges  et que l’on peut obtenir ce que l’on veut sans que quelqu’un ne cherche à s’opposer à la réalisation de nos desseins... »

Un de ses autres propos m’avait aussi quelque peu étonné. Lara me demandait ou du moins me proposait de prendre un verre avec elle comme si nous étions...des copines... Me considérait-elle comme une amie ou avait-elle voulu illustrer ses paroles ? Je n’aurais su le dire avec certitude. Toutefois, je pouvais supposer que la britannique avait voulu sans doute illustrer son propos afin de me faire comprendre ce qu’elle avait en tête. Elle ne voudrait jamais d’une amie telle que moi... A vrai dire, personne sur cette terre ne voudrait de moi. Je n’étais pas un être qui avait été conçu dans le but d’avoir des relations sociales. Certes, je pouvais m’infiltrer et adopter le comportement d’un être vivant normal...mais cela ne serait que de l’imitation... Là on parlait de vraies interactions. Or, j’en étais incapable. Je n’étais qu’un chien de guerre errant tout simplement.
Qui plus est, je n’arrivais pas à comprendre pourquoi Croft tenait tant à ce qu’on aille prendre un verre ensemble. Si elle voulait savoir ce que j’avais fait à Hellheim, je pouvais tout lui dire maintenant. Il n’y avait nul besoin de s’arrêter pour cela. En outre, nous devions retrouver Kusanagi. Or, prendre un verre ne faisait pas partie de la mission. A vrai dire, cela allait plus nous retarder qu’autre chose dans notre collecte de renseignement. Décidemment, je n’arrivais pas à saisir les raisons de cette proposition.

Enfin pour le moment, nous avons beaucoup mieux à faire comme...sortir de cette grotte. Nous n’avons plus rien à faire ici. Ainsi sans dire un seul mot de plus, je pris la direction de la sortie. Récupérant mon équipement au passage, je plongeais de nouveau et entrepris de remonter à la surface tout en suivant la britannique. Bien que j’avais hâte d’en terminer avec cette quête et que je me demandais encore pourquoi Lara avait tenu à ce que nous buvions ensemble, je tâchais de faire le vide en moi et de profiter de l’instant présent...qui était magique. En effet, sur le coup je ne pus m’empêcher de fermer les yeux et de laisser l’eau qui m’environnait me bercer. Nager sous l’eau et à cette profondeur était une expérience particulièrement agréable qui me rappelait l’un de mes meilleurs souvenirs si ce n’est le meilleur. En effet, dans cet endroit, je trouvais que les sensations que je ressentais et ce silence omniprésent, avait beaucoup en commun avec les circonstances de ma conception.
Contrairement aux êtres humains, je me souvenais de ma conception et de ma « naissance ». Celle-ci s’était faite sans encombre à l’intérieur d’une bulle dans laquelle je flottais en permanence et dans laquelle le silence régnait en maitre. Autant dire qu’il s’agissait d’un cocon dans lequel je me sentais bien et en sécurité... et il s’agissait un peu de la même chose ici même si en l’occurrence la mer, contrairement à ma « bulle » pouvait être pleine de surprises et de dangers mais je n’en avais cure. J’étais bien...j’étais heureuse et cela n’avait pas de prix.  Néanmoins, je savais que cet instant passée sous l’eau allait être très court. Pour cette raison, j’essayais de profiter un maximum de ce que j’éprouvais  tout en faisant attention de ne pas perdre Lara de vue.

Comme lorsque vint ma naissance, c’est avec regret que je retournais à la surface et que je renouais avec « le monde » même si ici, en l’occurrence, je n’éprouvais pas ce sentiment de choc que j’avais ressenti lorsque l’on m’avait fait naitre... Entendre tout ce bruit, sentir toutes ses sensations m’avaient à l’époque particulièrement désorienté et attirer au passage le courroux de mon ancienne maitresse qui afin de me remettre les idées en place m’avait tout simplement gifler. En somme, cette expérience avait ressemblé à tout sauf à un moment de réjouissance.
Soupirant, je jetais un coup d’oeil à Lara et la vit monter à bord de son navire qui de toute évidence n’avait pas changé depuis le temps que je l’avais vu.  La suivant, sans prononcer le moindre mot, je gravissais l’échelle et grimpais sur son bateau. C’est alors que je remarquais, sur le pont, la présence d’une autre personne...d’un homme plus précisément. Celui-ci, tranquillement allongé sur un transat, semblait prendre du bon temps et ce en se dorant la pilule comme si de rien n’était. Je notais également la présence, à ses cotés, d’une bouteille de whisky ce qui ne manquais pas de me faire hausser un sourcil.  Croft m’avait certes dit qu’elle disposait désormais d’une nouvelle équipe mais j’avais du mal à croire que ce type puise en faire parti.  A vrai dire c’était même assez improbable. Jamais au grand jamais, un membre de l’équipe de la britannique n’aurait pris du bon temps pendant que celle-ci se cassait le cul en deux à la recherche d’une relique. Et pourtant...sous mes yeux...j’avais un feignant doublé d’un pochtron qui grillait comme une sardine.
Trouvant ce comportement bizarre et quelque peu déplacé, même si je savais que la connerie humaine n’avait aucune limite, je me débarrassais de mon équipement de plonger, sans faire preuve de la moindre once de discrétions et me retournais vers Lara :

« Je veux bien croire que suite à mon petit feu d’artifice dans ton manoir et aux évènements de Hellheim, tu aies du changer d’équipe...mais j’étais loin de m’imaginer que tu prendrais...ça. Il tient plus du pécore, glandu sur les bords, et coureurs de jupons que d’un véritable historien ou archéologue... »

Il y avait bien des liens entre Lara et Lara-2... Comme cet attrait pour la mer. Lara adorait nager. Elle adorait se mouvoir dans l’eau, ressentir ce profond sentiment de liberté et de coupure avec le monde qu’on pouvait ressentir en se perdant dans les immensités bleutées de l’océan. En fait, et à bien y réfléchir, Lara avait toujours aimé les endroits calmes et solitaires, aux environnements bourdonnant de vie et d’activité. Agoraphobe, elle ? Hum... Peut-être bien. Après l’épisode d’Himiko, Lara avait été suivie par un psychiatre, car elle multipliait les cauchemars, et le psychiatre avait diagnostiqué en elle une forme d’agoraphobie. Les évènements traumatisants d’Himiko avaient développé en elle une méfiance viscérale à l’égard du genre humain. Même des années après, on retrouvait cette méfiance, par sa fascination pour les espaces naturels, vierges le plus possible de la civilisation humaine. La Nature, elle, ne mentait pas. Elle était riche et variée, complexe, mais elle ne mentait pas. On pouvait l’apprivoiser quand on la connaissait suffisamment bien, mais les humains, eux, pouvaient toujours vous surprendre, vous planter un couteau dans le cœur, ou vous faire pleurer. On ne pouvait pas avoir confiance en eux, et ça, Lara le savait plutôt bien, maintenant. Et, tandis qu’elle remontait à la surface, elle se disait franchement qu’il allait être difficile d’apprivoiser Lara-2... D’une part, parce que Lara allait devoir faire fi dégoût naturel qu’elle ressentait envers cette femme, et, d’autre part, parce qu’il allait falloir trouver un moyen de lui apprendre que la vie ne se résumait pas qu’à tuer.

Lara remonta à l’air libre, près du bateau, et nagea vers ce dernier. C’était toujours le même... Le même que celui qu’elle avait eu en Méditerranée, jadis, quand Natla s’était manifestée à elle en tentant de la tuer. Nathan ne répondait pas, et elle grimpa sur l’échelle, se releva, sentant son clone dans son dos... Et elle sourit en voyant que ce dernier était en pleine activité. Chemise ouverte sur son torse, il était étalé sur un transat, visiblement en train de dormir. Lara sourit et releva la tête. C’était un beau ciel bleu, sans nuages, et le soleil tapait fort par ici. Lara-2 la rejoignit ensuite, mais, si la première prenait avec amusement le fait de voir son coéquipier en train de se reposer, ce ne fut pas le cas du clone, qui manifesta son mécontentement en faisant bruyamment tomber ses bonbonnes d’oxygène, et en le qualifiant de « pécore ». Lara ne put s’empêcher de pouffer, et Nathan ouvrit alors un œil.

« Que... ? »

En voyant deux silhouettes, il cligna des yeux à plusieurs reprises, et se releva subitement.

« Hein ?! »

Deux Lara se tenaient face à lui, et sa première réaction, après les avoir regardés de droite à gauche, fut de regarder la bouteille de whisky.

« Je savais que j’aurais pas dû taper dans les réserves de Sullie... Putain, j’vois double ! »

Lara leva les mains vers Nathan.

« Hey, on se calme, Casanova ! C’est mon clone, okay ? Rien de bien flippant...
 -  Ton... T’as un...
 -  Un clone, ouais. Elle a été conçue par Natla il y a quelques années... Elle a tenté de me tuer une fois, mais elle est cool, en vrai... Comme moi.
 -  Un clone... T’as un clone... »

Le regard de Nathan fixait le vide, et il passa sa main sur son front.

« Je crois que j’ai une migraine, là...
 -  Oui, ça surprend un peu, au début. Mais je lui apprends à sourire, pour qu’elle soit moins effrayante.
 -  Tu es descendue dans cette grotte, et... Tu es remontée avec un clone ? Et... Quid de Kusanagi ?
 -  Oh, on a trouvé une piste... Mais, comme je viens de retrouver mon clone, je me suis dit qu’on pourrait aller en ville. J’ai envie de savoir ce que tu as fait depuis Helheim... Euh... Clone. »

Elle avait lancé cette phrase en s’adressant à Lara-2, dans la mesure où elle ne voulait pas qu’on l’appelle ainsi. Nathan hocha la tête avant de se redresser, se rapprochant de la barre, afin de faire démarrer le bateau.

« Okay... Donc, tu as un clone... Génial... Je sens que ça va être super. »

Lara le laissa passer, puis elle se tourna vers Lara-2.

« C’est Nathan Drake... Ce nom ne te dit peut-être rien, mais, entre autre chose, c’est lui qui a découvert le royaume mythique de Shambhala. »

Et ça, ce n’était pas rien !

« Ouaip, confirma ce dernier. ’Même que je me suis retrouvé suspendu dans le vide après le déraillement d’un train, avec plusieurs côtes pétées, uniquement retenu à la dernière barre de sécurité du train par une main, le tout en sentant mes os commencer à geler... Ça, c’est autre chose que vos petits tours dans la jungle, les filles, mais ‘le prenez pas mal ! »

Devant ma soudaine remarque, Lara ne put s’empêcher de rire ce qui ne manqua pas de me faire hausser un de mes sourcils. Elle qui d’habitude prenait toujours soin de défendre ses amis ou ses proches, elle semblait sur le coup prendre beaucoup de plaisir à me voir humilier de la sorte cet homme...qui sur le coup se réveilla. La seule explication logique qui me vint à l’esprit était que ce pécore devait passer son temps à exaspérer ou du moins à titiller Croft ce qui parfois devait l’énerver quelque peu. Or en l’occurrence, ici elle devait très certainement savourer les piques que je venais de lancer à propos de son collègue. En d’autres terme, la britannique était en train de savourer sa vengeance...si tant est qu’on ait pu qualifier cela de vengeance.
Le comble dans tout cela ne fut pas le comportement de Lara mais plutôt...celui de son collègue qui se mit à s’agiter inutilement. Certes, je voulais bien croire que cela devait peut être perturbant de voir Lara aux cotés de son clone autrement dire moi mais de là à avoir une telle réaction...il y avait des limites. Les sosies ça existait que diable, que je sache !

Rongeant mon frein, afin de ne pas laisser mes bonnes vieilles habitudes prendre le pas, je laissais Lara expliquer à ce gusse qui j’étais...ce qui n’eut pas beaucoup de succès d’après ce que je pus en juger. A vrai dire, le type semblait complètement paumé... M’est avis qu’il avait très certainement un pois chiche à la place de ce qui devait lui tenir lieu de cerveau. Autant dire que ce n’était guère réjouissant...mais je n’étais pas au bout de mes surprises dans toute cette histoire.
Outre le fait d’apprendre que cet homme était sans aucun doute un pochtron qui tapait dans la boisson dès qu’il le pouvait, je pus constater que Croft, savait dédramatiser les choses comme moi je savais lire japonais... En clair elle se débrouillait assez mal. Ces diverses remarques à mon sujet ne manquèrent pas de me faire hausser un sourcil tellement elles étaient...étranges. M’apprendre à sourire qu’elle était donc encore cette histoire ? Je souriais normalement ! Certes, je faisais flipper un peu mon entourage mais  bon....il n’y avait pas de quoi en faire tout une histoire. A vrai dire, je ne comprenais même pas pourquoi elle le mentionnait vu que cela n’avait aucune importance... à moins que cela en est pour elle...ce qui n’avait aucun sens. Décidemment plus le temps passait et plus je bittais rien à cette conversation.
Mais ce ne fut pas la pire remarque ou la plus étrange...ce qui m’interloqua le plus fut qu’elle dise de moi que j’étais cool...tout comme elle. Depuis quand j’étais cool ? C’était une nouveauté ça...à moins qu’elle ne trouve cool de tuer des gens, ce que je comprenais tout à fait, je ne voyais pas pourquoi Lara m’affublait de cet adjectif... à moins qu’elle n’ait voulu rassurer son coéquipier...mais si tel était le cas, il s’agissait de l’argument le plus pitoyable qui ait jamais exister... Je savais que je n’étais pas douée dans les relations humaines étant donné le fait que je n’avais pas été programmé pour jouer la petite amie de Natla...mais pour ce qui était de Croft...c’était pire encore vu qu’elle était pleinement humaine ! Elle était aussi démunie qu’un enfant et semblait aussi à l’aise d’une poisson rouge dans un aquarium rempli de Piranha.

« Hm, j’apprécierais que tu évites aussi de m’appeler clone... A moins que tu ne veuilles me rappeler à tout prix ma condition d’être synthétique, je préfère que tu me tutoies tout simplement. Et si jamais cette solution te parait peu...pratique, et que tu tiennes absolument à éviter les quiproquos, tu peux toujours essayer de m’affubler d’un prénom voire même d'un sobriquet. »

Soupirant, je m’asseyais sur le bord du navire afin d’essayer de me détendre même si c’était peine perdue car cet humain...ce Nathan Drake comme me le présenta Lara, avait réussi à me mettre un peu en pétard. Non pas qu’il m’ait vexé en me qualifiant lui aussi de Clone ou qu’il m’ait énervé en ne comprenant rien à la situation... Ce qui m’exaspérait c’était tout ce bruit qu’il avait cru bon de faire en gesticulant à tort et à travers... Or moi qui venait juste de profiter d’un instant de silence sous l’eau, était de nouveau confronté aux bruits du monde extérieur...et je devais avouer que ce contraste si soudain avait le don de me casser les oreilles et de me mettre les nerfs à vifs... Pourtant dieu sait que j’étais calme la plupart du temps mais là les circonstances étaient exceptionnelles. ..
...comme cet homme, si j’en croyais ce que disait l’archéologue. Ainsi il avait découvert l’ancienne cité mythique...l’équivalait de la terre promise, de l’eldorado pour les moines tibétains. Finalement, ce Nathan n’était peut être pas aussi...incapable que cela. Après tout, seul une personne chevronnée aurait pu trouver cette cité. Même s’il avait l’air d’être un glandeur de première et d’un pervers en freelance, il avait su se sortir les doigts du cul ... Comme quoi l’habit ne faisait pas le moine. Toutefois alors que cet homme parvenait à remonter dans mon esprit, il réussit, une nouvelle fois à m’exaspérer vu qu’encore une fois il gesticulait et parlait pour rien dire...

Ainsi sans attendre une seule seconde de plus, je me levais, soulevais Nathan par son col et ce à l’aide d’une seule main et le balançais par dessus bord :

« Et avoir été balancé à la flotte par une nana, j’imagine également que c’est autre chose que tes petites expéditions bien tranquilles. Après tout c’est pas donner à tout le monde de pouvoir bousiller le cul d’une déesse atlante et de survivre dans le royaume des morts nordiques pendant des mois... Enfin...y faut bien des amateurs dans le métier....et il faut bien que parfois ils aient de la chance...au point de trouver par hasard une petite cité de rien du tout... » Je souriais d’un air mauvais puis pointais mon flingue sur sa gueule « A votre place je me calmerais et m’arrêterais de parler pour ne rien dire...mais si vous continuez et que vous continuez à raconter ce qui vous passe dans le pois-chiche, soit je vous tire une balle dans la tête soit je vous envoie l’ancre du bateau à travers la gueule. Vu ? »

Cela devait être la première fois que je me mettais en pétard mais pour le coup ses gesticulations m’avait refilé la migraine ce qui était également une première.  D’habitude, je ne réagissais pas de la sorte...Bon il fallait avouer que ces derniers mois, j’étais restée seule... Par conséquent, je n’avais jamais pu m’habituer aux joyeuseté de la vie...et la cacophonie semblait en faire partie. Pour l’instant j’aspirais qu’à un peu de tranquillité. Or au vu du comportement de Nathan, il y avait peu de chances pour que je puisse l’être...sauf si je mettais les choses au clair...ce que je décidais de faire au cas ou cet homme croirait que je mente. Ainsi sans me préoccuper de la réaction de Lara, je pointais mon pistolet légèrement à coté de la position de Nathan, et tirais ce qui fit siffler une balle juste à coté de l’une de ses oreilles :

« Ah oui, j’avais oublié...je ne bluffe jamais. Il serait fort regrettable pour Lara, que son coéquipier rencontre un terrain favorable à un décès prématuré sous prétexte qu’il avait la langue bien pendue.»

Il y avait donc bien un point commun entre Lara et son clone : les deux n’aimaient pas Nathan. Lara le trouvait... Désinvolte, exaspérant, et lourdingue. Non pas qu’il soit un macho ou la mésestime en raison de son sexe... Ou encore qu’il soit un glandu... C’est juste qu’il avait le don de faire des blagues foireuses, et qu’il faisait ressortir les aspects « british » de son éducation. Lui n’hésitait pas à sortir en boîte, et avait volontiers des contacts assez louches, comme ce type qui ressemblait à Jason Statham, Charlie Cutter. Cutter avait néanmoins de bons côtés : en tant qu’Anglais, il n’en ratait pas une pour se moquer des Yankees. Cependant, elle n’avait jamais vraiment su savoir en quoi consistait sa profession. Nathan lui avait expliqué qu’il traquait les vieilles fortunes, et ceci était conforme à ce qu’elle savait. Elle était sûre que, si elle avait été plus vieille, Cutter l’aurait approché. Et lui et Nathan sortaient régulièrement dans des bars... Et, quand Lara se disait ça, elle se demandait si elle n’était pas en train de devenir vieille fille...

Bref, Nathan lui tapait sur le système, mais il était diablement efficace. Son pedigree parlait pour lui, mais... Et bien, Lara-2 était encore moins patiente que la Lara d’origine, et semblait avoir vraiment été énervée par Nathan. Soit Nate avait un talent inné et une capacité naturelle renforcée pour mettre les nanas en pétard, soit il y avait autre chose... Peut-être une sorte de réaction chimique inconsciente ? Un genre d’attirance sexuelle entre les représentants de différents sexes ? C’était comme à la cour de récréation : quand une fille plaisait à un garçon, le seul moyen qu’il avait de le montrer était de tirer ses couettes.

*Et je ne dois pas oublier que, malgré sa force et son apparence, Lara-2 reste encore, mentalement et dans ses réactions, une gamine. Alors...*

Elle vit soudain le clone se saisir de Nathan, et le balancer par-dessus bord.

« Oh crap ! » hurla ce dernier.

Ses jambes tapèrent contre le rebord du bateau, et Lara se leva soudain.

« HEY ! Arrête ça, La... Euh... Arrête ça ! »

Il allait falloir qu’elle règle rapidement la question du prénom. Elle n’eut toutefois guère le temps de trop s’approcher, car Lara-2 avait sorti son pistolet, et Nathan, suspendu au-dessus de l’eau, sans possibilité de tenir la barre, secoua la tête.

« Woow, woow, woow... Évitons les débordements d’émotions trop hâtifs, chérie ! »

Lara-2 appuya alors sur la gâchette, et Nathan serra les lèvres, en sentant son oreille droite siffler.

« Oh crap ! » répéta-t-il encore.

Lara saisit alors le pistolet de Lara-2, mais, au même moment, le bateau, qui n’était plus dirigé par personne, fit une embardée. Nathan tourna la tête, et écarquilla les yeux, avant d’hurler, pour être sûr qu’on l’entende :

« LE BATEAU ! VITE, REDRESSEZ LA BARRE !! »

L’aventurière regarda devant elle... Pour voir un gros rocher vers lequel le bateau était en train de se ruer ! Elle se précipita vers la barre, tandis que Nathan, en hurlant, finissait son plongeon dans l’eau.

*Merde, merde, merde !*

Elle tenta de filer sur la gauche, mais le bateau allait trop vite. Il esquiva le récif... Mais se prit néanmoins un morceau de roche dépassant de l’eau. Il y eut un terrible bruit de craquement, et l’hélice du moteur, à l’arrière, se retrouva arrachée du reste du bateau, tandis que le moteur se mit à cahoter, et que de la fumée s’en échappait. En fait, ce dernier n’avançait plus du tout, et le bateau cessa sa course quelques mètres plus loin.

« Merde ! » pesta Lara, en tapant rageusement contre le tableau de bord.

Enervée (ce qui lui arrivait aussi rarement), elle se retourna vers Lara-2, ses yeux semblant sur le point de lancer des éclairs.

« Règle n°1 : on ne balance pas par-dessus bord des amis ! Règle n°2 : on ne les menace pas avec des flingues ! Et... Règle n°3 : on ne fait rien de stupide quand c’est le type sur qui on tire qui pilotait ! »

Lara tendit alors la main.

« Ton arme ! J’aurais dû te la prendre dès le début... Et tu vas me faire le plaisir de te trouver un prénom, aussi ! »

Entre-temps, Nathan nageait vers le bateau, toujours sourd d’une oreille.

Le vocabulaire de Nathan était pour le moins assez limité si j’en croyais ce que j’avais entendu mais j’étais déjà bien heureuse de lui  avoir rabattu plus ou moins son caquet et ce en l’envoyant paitre par dessus bord . Malheureusement pour moi, et heureusement pour cet énergumène, Lara décida de me confisquer l’un de mes flingues sans que je ne puisse faire quoique ce soit ce qui  m’exaspéra quelque peu. Je ne comptais pas le tuer...ou du moins pas tout de suite. Je tenais simplement à clarifier ma pensée avant que ce sombre idiot ne dise encore quelque chose de stupide qui me mettrait en rogne. Tout ce que je voulais, c’était de profiter d’un peu de calme et de rester seule...ce que je ne risquais pas d’avoir si cet empaffé ouvrait la bouche. Pour se faire, le seul moyen que j’avais trouvé pour le faire taire était de lui faire saisir que s’il continuait à se montrer aussi insouciant, il risquait de faire connaissance avec l’ancien coéquipier de Lara...
M’apprêtant à me retourner vers Lara, pour lui expliquer la situation, je me retrouvais soudainement au sol du fait de l’embardée du navire de Croft désormais sans contrôle grâce à moi. Bien évidemment, l’explorateur en herbe tenta de nous alerter mais il ne réussit qu’à me faire grimacer tellement sa voix eut le don de me percer les tympans. L’archéologue quant-à elle tenta de redresser la situation avant qu’il ne soit trop tard mais hélas, bien que cette dernière parvint à esquiver un récif, elle ne put éviter un autre morceau de roche qui arracha l’hélice du navire.

En clair...notre bateau n’avait désormais plus rien à envier au rafiot que j’avais volé à un japonais...et d’après ce que je pus entendre cela ne semblait guère enchanté Lara...bien au contraire. Elle enchainait les mots de Cambronne et semblait vouloir me faire passer de vie à trépas si j’en croyais l’expression de ses yeux qui me fusillaient littéralement. Je l’avais vu une seule fois aussi furieuse ce n’avait pas été très agréable à...voir même si la dernière fois, elle avait avec elle le marteau de Thor et qu’elle avait voulu m’électrocuter avec...chose qui fort heureusement pour moi n’était guère arriver.
La regardant droit dans les yeux, je la laissais évacuer sa rage même si de toute évidence elle semblait essayer de se retenir quelque peu car elle devait sans doute savoir que je risquais de réagir au quart de tour si jamais elle tentait quelque chose de...regrettable. Ainsi, je dus la supporter m’énoncer plusieurs règles qui me firent grimacer. J’étais libre que diable ! Je n’avais aucune règle à respecter et ce grâce à elle... Or la britannique semblait de toute évidence l’avoir oublié ! Mon dernier ordre ou mon dernier commandement était d’ignorer tous les ordres et ne plus être l’esclave de quelqu’un... A croire que ce qu’elle m’avait ordonné, ne représentait rien à ses yeux et était du flan !

Bref, je dus l’entendre dire d’abord que je ne devais en aucun cas balancer par-dessus bord des amis...mais ici en l’occurrence ce n’était pas mon ami mais simplement un vulgaire cloporte que j’avais tenté d’éduquer !  Je pouvais donc faire ce que je voulais ! Ensuite, elle me demanda ou plutôt m’ordonna de ne pas menacer ses camarades avec des flingues...mais vu que ce n’était pas mon ami...cette règle était par conséquent caduque. Qui plus est, cela pouvait s’avérer utile de les menacer avec des flingues quand ceux-ci te trahissaient ou se mettaient en travers de ta route... Bref je ne comprenais vraiment pas pourquoi, elle me demandait tout ça... Pour ce qui concernait la troisième règle, à la mesure, j’étais plutôt d’accord avec Lara..
Balancer le conducteur d’un véhicule en marche n’était pas la plus brillante idée que j’aurais pu avoir mais là pour le coup cela avait été plus fort que moi. Les propos et la voix de Nathan avaient comme  eu un effet nerveux sur moi. Dès que je l’avais entendu, cela m’avait donné des envies de meurtre. Il avait eu le don de me faire sortir de mes gonds ce qui n’était jamais arrivé jusque là. Pas ma faute, si je réagissais de façon...excessive pour elle même si pour moi c’était plutôt normal. Après tout, quand quelque chose vous dérange, vous cherchez à vous en débarasser...et bien c’est ce que j’avais tenté de faire ici et de toute évidence cela n’avait pas plu à Lara... Pourtant elle virait bien les personnes qui la dérangeaient quand l’archéologue partait en expédition... Elle avait même essayé avec moi alors bon...je ne comprenais pas du tout sa logique.

Mais le pire dans toute cette histoire ne fut pas toutes ces règles mais plutôt le fait qu’elle me demande de lui remettre le dernier pistolet que j’avais en ma possession...J’y tenais beaucoup et sans elle je me sentais un peu à poil même si du fait de mes compétences particulière, j’étais capable de tuer un homme à main nue voire même toute une escouade de morts vivants. Bref, je n’étais pas très chaude à l’idée de devoir lui confier mes armes ... On pouvait très bien nous attaquer à un moment ou à un autre et je tenais à être en mesure de riposter si jamais cela venait à se produire. Certes au vu de notre quête, nous ne risquions sans doute pas grand chose vu qu’il s’agissait d’une relique oubliée depuis plusieurs siècles et qu’un homme semblait avoir emporté avec lui. Nous ne risquions pas d’avoir affaire à Natla vu que je l’avais tué...mais nous n’étions jamais prudent. Après tout, je savais que ce pays était celui des Yakuzas...et même si ces derniers étaient plutôt corrects en règle général, ce n’était pas une raison pour me désarmer...
Néanmoins, je n’eus pas le choix vu que  Lara tendit sa main pour récupérer mon arme ce qui me fit soupirer longuement. Elle était têtue...et j’étais comme elle...mais là en l’occurrence je savais que la britannique resterait camper sur ses positions. Or j’étais pressée et tenais à savoir le plus rapidement possible si Kusanagi était une relique similaire à celles qui conduisaient à Hellheim ou non...je n’avais pas de temps à perdre en simple formalité...donc non sans rechigner je lui remis mon arme....

« Y’a pas de quoi s’exciter...voila mes armes...et je ferais ce que tu me dis de faire... du moins si cela ne va pas contre mes intérêts... mais j’avoue ne pas comprendre l’utilité de tes...ordres. Déjà tu m’as libéré de l’emprise de Natla en m’ordonnant d’ignorer toutes les règles que l’on pourrait me dicter...et voilà que désormais tu m’en dictes. Si ça c’est ce que l’on nomme la liberté...cela ne change pas grand chose de mon ancienne vie d’esclave. » Je me retournais vers Nathan et le fusillais du regard « Qui plus est, cet idiot n’est pas mon ami et je doute que tu le considères comme tel...donc je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas être en mesure de lui carrer par exemple un ou deux lingots d’or dans la paillasse .»

Haussant les épaules, je décidais de m’éloigner de Lara et d’aller à la proue du navire afin d’être seule et donc de pouvoir me calmer et me détendre...ce qui ne risquait pas d’être facile étant donné le fait que Croft m’avait également ordonné de me trouver un prénom ce qui sur le coup m’avait fait grimacé. Normalement c’était aux parents de trouver un prénom pour leur gosse et non le gosse qui devait le trouver...enfin jusqu’à preuve du contraire. Malheureusement pour moi, ce qui me tenait lieu de mère n’avait pas jugé bon de me fournir une identité...Qui plus est, je ne pouvais pas remédier ce problème en lui demandant de me fournir un sobriquet vu que j’avais légèrement tué ma pétasse de génitrice à savoir Natla...
Autant dire que j’allais devoir m’y coller ce qui ne m’enchantait guère. Ainsi, je me mis en quête de ma future identité et ce tout en tâchant de m’enfermer dans une sorte de bulle au sein de laquelle l’on ne pourrait pas me déranger même si je savais que c’était illusoire... Dès que Nathan ou Lara aurait quelque chose à me dire, ils allaient très certainement venir me voir et me déranger... Enfin pour l’instant il me fallait trouver un prénom...quelque chose de bien à moi. Malheureusement, je ne savais pas trop comment procédé. Il s’agissait de quelque chose d’assez...nouveau pour moi. J’étais donc un peu perdue...surtout que là en l’occurrence, le choix que j’allais faire, allait déterminer le reste de ma vie qui du fait de ma nature de créature atlantéenne risquait d’être éternelle... En somme, cette histoire de prénom représentait une grosse épine de cactus dans mon cul qu’il était impossible de déloger....et pourtant il allait bien valoir que je réussisse à la déloger si je voulais m’en débarasser... Pourquoi avait-il fallu que je refuse les différents noms que m’avait refourgué Lara ? Si j’avais accepté sans sourciller ce qu’elle m’avait dit, je n’aurais pas eu à me casser le cul...

Enfin bref, il fallait que j’opte pour un prénom qui ait du sens et ce que ce soit de façon symbolique ou bien même dans le sens du prénom. En cela je devais réfléchir à ce que j’étais. Même si j’étais une créature atlantéenne née dans un royaume nordique, mon identité de base s’inspirait de celle de l’anglaise...donc autant dire que cela me caractérisait que je le veuille ou non même si je ne devais pas avoir le légendaire flegme britannique. En somme, j’étais une créature anglaise issue d’un royaume légendaire. J’étais également une personne qui pouvait être à la fois autant un allié qu’un ennemi...
Sur le coup toute cette série de remarques me fit penser à un nom issue d’une légende bien connu de Lara. Savoir que ce nom était issue de cette légende me fit sourire car cela ne manquait pas d’ironie. Ce mythe avait poussé Lara à rechercher Excalibur...puis à trouver Mjollnir afin d’aller sur Avalon/Hellheim...et voilà que je voulais prendre un nom associé à ce mythe...et ce nom n’était autre que celui de Morgane la fée... Celle qui était considérée comme étant la dame d’Avalon et qui pouvait soit guérir et aider les gens soit les tuer...ce qui correspondait assez bien à ce que j’étais au final.

Maintenant, il ne restait plus désormais qu’à rejoindre la côte et à rechercher Kusanagi ce qui ne risquait pas d’être aisé avec une hélice en moins mais je n’en avais cure... Je pouvais toujours au besoin nager jusqu’au rivage sans aucun soucis...mais vu que j’avais besoin de l’expertise de Lara, je ne pouvais pas encore la quitter pour pouvoir mieux disparaitre...et ce quand bien même je l’aurais voulu. Tout ceci signifiait donc que j’allais devoir supporter Nathan pendant tout le long de cette expédition ce qui ne m’amusait guère. Comme je regrettais le temps ou j’étais toute seule en Hellheim à faire le ménage...
Enfin, peut être que cet idiot allait finir par comprendre qu’il fallait me laisser tranquille s’il ne voulait pas s’exposer à de terribles représailles. Qui plus est, j’imaginais que Lara avait sans doute eu tout le temps de s’expliquer avec lui à mon sujet. Je n’osais d’ailleurs penser aux explications qu’avait du lui fournir la britannique...qui semblait se donner beaucoup de mal pour accepter ma présence. Pourquoi s’intéressait-elle tant à moi ? Je l’ignorais. Je n’étais qu’un vulgaire produit issu d’une technologie avancée dont la vie s’était résumé à servir et à tuer. Bref, il n’y avait pas de quoi remplir un bon bouquin avec ça ni de quoi tenir une conversation. Et pourtant, même si Croft savait tout cela, elle voulait presque tisser un lien avec moi ce qui était totalement incompréhensible.. Or s’il y avait bien une chose que je n’aimais pas c’était de ne pas saisir mon environnement. J’étais un être curieux de nature qui utilisait la logique pour raisonner et appréhender son environnement ce que je n’arrivais pas à faire pour le coup. J’allais donc devoir demander des explications à Lara si je tenais à obtenir satisfaction... Et encore cette satisfaction ne serait que temporaire car un sujet plus fâcheux n’arrêtait pas de se présenter dans mon esprit et me harcelait...

« Que vais-je donc faire après toute cette histoire ? »

Telle était la question. Une fois que la nature de Kusanagi serait éclairci, je n’aurais plus de but et donc plus de raison de vivre vu que mon lieu de naissance était protégé et piégé. Ainsi, je n’étais plus obligée de veiller sur ce dernier ni de me préoccuper de ce qui allait arriver. J’allais être libre...et totalement perdue...

Lara avait du mal à le reconnaître, mais elle ne pouvait pas se mentir ; quand Natla avait conçu un double d’elle-même, elle avait réussi à en faire un parfait esclave. Lara n’avait jamais vraiment su comment Natla avait bien pu procéder pour réussir ce tour de force. De fait, malgré son apparence, Lara-2 n’avait que quelques années d’existence. Raisonnait-elle comme un adulte, ou comme un enfant ? C’était assez difficile à dire, et Lara n’était pas psy’. De fait, elle avait elle-même suivi une thérapie après Himiko, et elle savait qu’elle avait encore une bonne névrose en tête. Natla avait fait de son clone une véritable esclave, et cette dernière avait été faite ainsi. Ainsi, quand Natla avait été tuée, Lara-2 avait vu Lara comme sa nouvelle « maîtresse », même si ce devait être inconscient. C’est en tout cas l’interprétation qu’en fit Lara quand son clone lui rétorqua qu’elle lui avait ordonné, en Atlantide, d’être libre, avant de revenir sur sa parole, signifiant donc qu’elle n’était pas libre. Le reproche qu’elle employa avait clairement quelque chose d’enfantin, comme un enfant qui reprocherait à sa mère d’avoir dit qu’il pouvait jouer jusqu’à 18 heures, et qui le rappellerait ensuite à 17 heures.

*Je ne dois pas oublier qu’elle est encore jeune, même si elle a un corps bien formé et des réflexes de tueuse surentraînée du SHIELD...*

Est-ce que Lara-2 voyait Lara comme une sorte de seconde mère ? Natla était sa génitrice, mais Lara-2 avait été conçue sur le modèle de Lara, sur son génome. En soi, c’était une variante de l’accouchement. Lara y réfléchissait, tandis que Lara-2 s’assit au fond du bateau, semblant bouder... Ou être en pleine réflexion. Lara, elle, soupira, et ouvrit la porte menant à l’intérieur du navire. Fort heureusement, il n’y avait aucune infiltration d’eau, signe que la coque n’était pas fissurée. Il n’y avait que l’hélice qui avait sauté. Si le gouvernail n’était pas fissuré non plus, il serait possible d’utiliser une hélice de rechange pour la fixer sur le navire. Une réparation provisoire, mais qui leur permettrait de rejoindre la côte.

Lara observa brièvement l’intérieur du navire. C’était une pièce exigüe, avec un coin toilettes, et une caisse métallique abritant divers outils, dont des hélices de rechange. Il y avait ses notes, ainsi que le carnet de Nathan, dans un coin. Lara avait été convaincue pendant longtemps que l’homme devait y mettre des images perverses, et, en le regardant brièvement une fois, elle avait vu tout l’esprit méticuleux de l’homme. Son carnet était couvert de notes, de schémas, de dessins, de réflexions, confirmant que, sous son apparence d’ahuri, il était aussi méticuleux qu’elle. Lara avait alors compris qu’elle avait jugé Nathan sur de faux critères, sur des préjugés issues du peu de l’éducation britannique qu’il lui restait, et qui l’amenaient à voir les voyous, soit comme des escrocs, soit comme des charlatans. Nathan, cependant, n’était ni l’un ni l’autre. Ce n’était qu’un petit garçon orphelin, comme elle, mais qui n’avait pas reçu la fortune familiale de ses parents.

Elle remonta rapidement, et vit Nathan. L’homme était trempé, et regarda brièvement Lara-2, avant de se rapprocher de Lara.

« Ça va ?
 -  Et bien, mis à part le fait que je suis désormais sûr de devoir porter un sonotone quand j’avais 50 ans... Ouais. Mais je poursuivrais ta copine quand j’en aurais effectivement un. »

Lara sourit, puis entreprit de lui faire quelques explications. Elle lui parla de Natla, un nom qui n’était pas inconnu à Nathan. C’était une histoire importante de sa vie, mais, curieusement, elle ne l’avait encore jamais confié à Nathan. Cependant, elle savait qu’il s’était renseigné sur elle. Il était donc probable qu’il sache qu’elle avait réellement commencé sa carrière sur Himiko. Quand Lara était revenue de cette île maudite, le récit incroyable de ses aventures avait fait le tour du globe, et Lara était ensuite retombée dans l’oubli... Mais, dans le milieu très étroit des archéologues et des chasseurs de trésor, elle continuait encore à régulièrement faire parler d’elle. Natla Technologies, la société de Jacqueline Natla, était aussi bien connue des chasseurs de trésor, car, avant qu’elle ne soit dissoute et renommée après la disparition de Natla (les actionnaires pouvant ainsi se débarrasser d’une PDG qui dilapidait leur argent), Jacqueline finançait énormément de chasseurs de trésors, en leur proposant de travailler pour une branche spéciale de sa firme, dédiée à la recherche archéologique. Lara avait travaillé un temps pour elle, mais, ensuite, Natla avait disparu. Aucun médiane s’était rendu à Helheim, mais le nom n’était pas inconnu à Nathan.

« J’ai essayé de trouver cette antique cité, une fois... Mais mes pas m’ont mené ailleurs. »

Jacqueline Natla était une ancienne Atlantéenne, la représentante d’une civilisation disparue, qui avait tenté de détruire la race humaine à deux reprises : une première fois avec le Scion, en Égypte, et une seconde fois à Helheim.

« Natla voulait provoquer le Ragnarok. Helheim, en fait, était située le long d’une faille tectonique, et, en enclenchant un antique pilier niché dans une statue, il était possible, depuis Helheim, de provoquer une secousse sismique qui engendrerait de terribles tremblements de terre en faisant vibrer toutes les plaques tectoniques. Natla voulait détruire la race humaine pour pouvoir implanter la sienne. Je l’ai battu... Mais elle avait survécu, et c’est... Euh... Mon clone... Qui l’a définitivement achevé. »

Lara lui expliqua que Natla avait été impressionnée par les talents de l’archéologue, tellement impressionnée que, quand Lara avait vaincu Natla en Égypte, cette dernière avait lancé un programme génétique. Quand Lara avait rejoint son entreprise, elle avait dû se livrer à des prélèvements sanguins, afin de vérifier qu’elle ne se droguait pas. Une excuse officielle. Le sang avait permis à Natla de décortiquer son ADN, et de concevoir un clone.

« J’ignore ce qu’elle lui a fait, comment elle a fait son coup, mais l’autre Lara est un clone de moi, avec des capacités améliorées. Elle est plus rapide qu’un humain normal, plus forte... Elle a bien failli me tuer dans le passé. Natla l’avait totalement asservie à sa volonté, et je l’en ai libérée. Malgré sa taille, son apparence, et ses formes, il ne faut pas oublier que, mentalement, elle raisonne encore comme un enfant. Un enfant qui n’a jamais reçu la moindre trace d’affection, et qui se sent probablement rejetée, et sans but.
 -  Et c’est une raison pour tirer sur les gens ?
 -  Je suis désolée pour ça, et...
 -  Oh, t’en fais pas, elle ne sera pas la première femme à vouloir me tuer. Et puis, tu sais, j’ai été balancé d’un train dans les montagnes de l’Himalaya, j’ai erré dans un désert aride pendant des jours, et j’ai même fini dans les profondeurs de l’océan, dans un navire de croisière échoué. Je crois que je peux gérer un coup de feu... Même s’il va me rendre à moitié sourd. »

Nate avait une manière bien à lui de décrisper, et un sens de l’humour... Très particulière. Il s’approcha alors de la porte de la cabine.

« Écoute, je vais réparer cette hélice... Ça ne tiendra pas sur cent milles, mais ça nous permettra de rejoindre le port de plaisance. Toi, tu n’as qu’à... Euh... Discuter avec ton clone. »

Lara sourit lentement. L’avantage de Nathan, c’est que, après tout ce qu’il avait vécu, il était difficile de le surprendre... Car Lara aussi s’était renseignée sur l’homme. Il fila dans la cabine, et elle se retourna vers son clone. Pensive, elle était assise au fond du bateau, et Lara se massa l’arrière du crâne, puis soupira. Comment aborder ça ? Elle avait l’impression d’être une mère de famille devant expliquer à sa fille le concept de « Bien » et de « Mal ». Mais comment faire comprendre ça à une tueuse née, dont l’enfance se résumait à apprendre les trente-six mille manières possibles de massacrer son prochain ?

L’archéologue se rapprocha ainsi d’elle, jusqu’à s’asseoir en face d’elle. Elle décida de sortir la carte de l’intelligence :

« Tu ne trouves pas ça bizarre ? Je veux dire... Je t’ai dit d’être libre à Helheim, et tu as interprété ça comme un ordre... Et, maintenant,, tu dis que je te retire cette liberté. Mais comment pouvais-tu être libre si cette liberté t’avait été ordonnée par moi ? »

C’était une subtilité de langage, mais Lara-2 avait bien employé le terme « ordonné », un terme qui, selon Lara, était des plus évocateurs. Elle soupira à nouveau, et rajouta alors, jambes croisées :

« Je... Je n’aurais pas dû te laisser partir à Helheim... C’est juste que... Enfin, ce n’était pas de ta faute, mais toute cette histoire avec Natla m’avait épuisée, et... Je n’avais pas les idées claires. Mais je n’aurais pas dû t’abandonner, car tu es autant une victime de sa méchanceté que moi. Et puis, tu portes mon sang, alors, qu’on le veuille ou non... On fait partie de la même famille. Je t’ai largué dans un monde vaste et grand, qui ne doit rien vouloir te dire. J’ai essayé de te retrouver, après Helheim... Mais il faut croire que tu es aussi douée que moi pour dissimuler tes traces. Bref... Je suis heureuse de pouvoir te revoir, en tout cas. Et je te promets que je ne te laisserais pas tomber, cette fois. »