Répétition très privée (avec Doutzen)

Noah  Carter était un étudiant âgé de 17 ans. Arrivé au lycée de la ville il y a un an, suite à la promotion de son père, il n’avait pas tardé à trouver sa place dans ce lieu. Il faut dire qu’il était plutôt  sociable et qu’en plus, il n’avait jamais eu du mal à se faire des contacts. Le fait de faire du théâtre n’y était  pas étrangé. Lui qui jusque ses 12 ans était timide, avait vu sa vie basculer quand il avait découvert le théâtre. Il avait appris à s’exprimer, à prendre confiance en lui et à ne plus avoir peur du regard des autres sur lui.

Il faut dire qu’en plus, il avait pu compter sur le soutien d ‘une famille unie et aimante. Son père travaillait pour une marque automobile et c’était dans ce cadre là qu’il avait été envoyé au Japon. Sa mère quant à elle avait décidé de consacrer sa vie à l’éducation de ses enfants car elle pouvait se le permettre. Noah  était donc celui du milieu dans une fratrie contenant une fille et un garçon en plus que lui. L’ainée avait 22 ans et  était déjà mariée et vivait aux Etats Unis avec son mari.Le petit frère de  Noah quant à lui n’avait que 10 ans et allait dans l’école internationale de la ville. Noah avait une bonne relation avec tout le monde et il avait conscience qu’il aurait pu tomber bien plus mal. Certes, il y avait parfois des conflits entre eux, mais c’était normal. Et puis il savait aussi que ses parents voulaient le meilleur pour lui comme pour le reste de la famille.

D’ailleurs au niveau des études, Noah était un élève plutôt brillant. L’esprit vif et agile, il n’avait pas tardé à se faire remarquer positivement de ses professeurs. Quand il était arrivé au Japon les choses n’avaient pas changé pour lui. Il avait rapidement intégré le club de théâtre du lycée et travaillait dans l’équipe de rédaction du journal de l’école. Pour se lier d’amitié avec d’autres, c’était le meilleur moyen. Pour s’acclimater aussi. C’est dans ce soucis qu’il avait souhaité logé ici même. Ses parents avaient acceptés d’autant qu’il pouvait passer à la maison quand il le voulait et que la seule condition était que ses notes restent bonnes.

Ne sachant pas d’ailleurs quoi faire de son avenir après le lycée , surtout qu’il pouvait tout aussi bien quitter le Japon suivant ce que faisait son père, Noah voulait avant tout profiter de ses deux dernières années ici avant de réfléchir à la suite. Et puis il était plutôt bon en théâtre, doué en écriture, excellent aux échecs et donc en matière de logique, il avait tout un pannel d ‘opportunités qui s’offraient à lui.

Et les filles dans tout cela me direz vous ? Et bien Noah était un jeune homme avec du charme. Ce n’était pas forcément le mec sur qui on flashait d’office mais il avait de magnifiques yeux bleus  qui ressortaient à merveille avec ses cheveux  blonds couleur or même. Le trait juvénile, il avait le sourire charmeur et un certain charisme. Très fin d’esprit, il avait aussi une intelligence habile qui lui permettait d’assez bien cerner les gens. Somme toute, on pouvait dire sans se tromper qu’il n’y avait pas de quoi s’en faire pour lui.

D’ailleurs aux Etats Unis il avait eu quelques copines dont une relation avec Jenifer qui avait duré 8 mois. C’est avec elle qu’il avait été dépucelé à l’âge de 15 ans. Certes c’était pour le moment c’était sa seule expérience réelle, mais au moins il avait pu se faire la main avec elle. Il avait pu parfaire sa technique et progresser autant que possible.

Dès son arrivée au japon, il avait rencontré Mina, une fille de 18 ans qui tomba amoureuse de lui assez rapidement et qui bossait au journal avec lui. Pour Noah, le coup de foudre n’avait pas été immédiat car  dans un premier temps c’est Doutzen qu’il voulait. Noah la trouvait superbe mais il comprit assez vite que c’était le genre de filles pour laquelle  à la base il n’avait pas grande chance. Voilà donc pourquoi il s’était mis avec Mina, sans forcément oublier Doutzen, convaincu que tot ou tard il aurait sa chance avec elle s’il savait se montrer habile et patient. Et puis Mina était amie avec elle, c’était bien vu de la part de ce joueur d’échec confirmé.

Fréquentant le club de théâtre, lui et Doutzen se détachaient nettement du reste de la troupe. Rien donc d’étonnant à ce que le professeur leur confie le rôle majeur  pour la pièce de fin d’année : Roméo et Juliette.  Noah avait donc la chance de fréquenter Doutzen d’un peu plus près et c’est dans ce cadre qu’en ce jeudi en fin d’après midi, il lui avait proposé de venir travailler la pièce dans sa chambre. Elle avait d’abord refusé mais ensuite, Noah l’avait vu parler avec Mina à la pause et ensuite elle avait dit être ok pour venir vers 16 h 30. Le jeune homme de 17 ans avait compris que sans doute, Mina lui avait demandé de venir plaider sa cause. Car oui, entre elle et lui, c’était fini. Noah avait mis un terme à cette relation il y a 6 jours car il voulait aller plus loin et elle ne se sentait pas prête. Or si elle avait beau être gentille et être bien avec elle, il estimait avoir certains besoins à assouvir. Surtout qu’il avait déjà attendu pas mal de temps. Ne voyant aucune évolution,  il avait dit stop au grand dam de la jeune femme qui semblait très éprise. Mais pour Noah les choses étaient claires : il avait assez patienté. Depuis,elle n’avait cessé de vouloir le relancer mais chaque fois il avait dit non. Doutzen pourrait-elle profiter de cette répétition pour le faire changer d’avis ? C’est ce que Mina avait du penser. Mais l’important était qu’elle avait accepté de venir et qu’il l’attendait. Car plus que jamais c’est elle qui occupait ses pensées. Et ce même si depuis un moment, Noah savait qu’elle fréquentait un type plein aux as. Ce qui avait bien sûr le don de l’agacer même si d ‘apres Mina c’était quelque peu compliqué sans en savoir davantage.

(voici l'avatar)

« Ô Roméo / Roméo, mais pourquoi donc es-tu Roméo ? Renie ton père et dépouille-toi de ton nom / Ou, si tu ne veux pas, fais serment de m'aimer / Et moi, je cesserai d'être une Capulet [...] Il n'y a que ton nom qui soit mon ennemi / N'étant pas Montaigu, tu resterais toi-même / Qu'est-ce que Montaigu ? Est-ce la main, le pied, / Est-ce le bras, la face ou quelque autre partie / Du corps humain ? Mais non. Oh ! Prends un autre nom ! / Qu'est-ce après tout qu'un nom ? Ce qu'on appelle rose / Sous un autre vocable, aurait même parfum / Roméo, s'il n'était « Roméo », garderait / Cette admirable perfection qui est la sienne / Sans ce nom-là. Alors, défais-toi de ton nom, / Car il n'est pas toi, Roméo, et en échange / Tout entière prends-moi. »

Classique de la culture anglaise, classique du théâtre occidental, « Roméo Et Juliette » avait été la pièce choisie par le club de théâtre pour interpréter, en fin d’année, un spectacle. Le thème de l’année avait été Shakespeare, et, après plusieurs hésitations, le club avait voté, non pas pour « Hamlet » ou « Jules César », mais pour une autre pièce du célèbre dramaturge anglais, « Roméo Et Juliette ». L’histoire d’un amour impossible, la lutte entre le prénom et le nom, la lutte entre la famille et l’amour, l’opposition entre l’individualisme et le collectivisme, entre les normes sociétales et les désirs individuels... Il y avait tant de lectures et d’interprétations possibles de cette pièce... C’était l’un des grands chefs-d’œuvre de Shakespeare, et Doutzen comprenait pourquoi. Limiter la pièce à son simple aspect romantique, c’était passer à côté de la majorité des éléments de réflexion sur la pièce. Doutzen avait été choisie pour interpréter Juliette Capulet, et l’homme choisi pour interpréter Roméo Montaigu était Noah Carter... Un jeune homme qui s’était rapproché de Doutzen par le biais de Mina, qui était l’une des amies de Doutz’. Une amie qui n’avait jamais été chez elle, et qui savait, comme les autres amis de Doutzen, que cette dernière se défilait toujours quand il s’agissait d’aller chez elle... Mais qui, paradoxalement, adorait toujours aller chez les autres. Ce n’était toutefois pas plus mal, car les quelques amies de Doutz’ qui avaient vu le père adoptif de la jeune déléguée de classe, Reto, avaient eu très peur. Massif et charpenté, Reto semblait inspirer automatiquement une certaine forme de suspicion, de forte méfiance.

Doutzen avait réussi à rejoindre le club de théâtre, et c’était pour elle l’une des meilleures chances qui lui soit arrivée... En plus d’avoir Aoki Kou comme formatrice privée. Doutz’ n’avait jamais abandonné son plus grand rêve : devenir une actrice, finir dans des cinémas, et atterrir à Broadway, puis à Los Angeles, et être une nouvelle Marilyn Monroe. C’était en suivant cette logique qu’elle se retrouvait là, deux soirs sur sept au début, puis de plus en plus. Les répétitions se multipliaient, et le professeur se chargeant du club de théâtre leur avait dit de répéter davantage, afin de renforcer l’osmose entre Roméo et Juliette.

« Je veux des personnes qui soient réellement amoureuses l’une de l’autre... Je veux que le public sente le lien les unissant, je veux sentir la force entre vous deux... Alors, continuez à répéter ! »

Le professeur était exigeant. Doutzen que Tomohoro-senseï, son nom, était un homme qui avait voulu être directeur de théâtre. Il avait même dirigé une troupe, avant qu’elle ne ferme. Il avait réussi à rebondir en devenant professeur de littérature, et avait repris en main le club de théâtre de Mishima. Il était exigeant et difficile, mais c’était tout ce que Doutzen voulait, afin de progresser. Elle s’entraînait chez elle, devant le miroir, sous le regard interrogateur de Khyri. Doutz’ s’y était habituée, mais elle savait qu’il fallait maintenant travailler avec Noah. Voilà pourquoi elle avait accepté de s’entraîner chez lui.

Dans la foulée, elle avait aussi passé la matinée, avec ses amies, à consoler Mina. Noah l’avait plaqué depuis une semaine, et, après avoir épuisé ses paquets de mouchoirs, Mina allait progressivement mieux. Doutz’ savait qu’elle était aussi amie avec certains amis du cercle de Mélinda Warren, et que ces femmes avaient une manière très à elles de consoler les autres... Néanmoins, Mina allait de mieux en mieux, mais Doutz’ ne lui avait pas dit qu’elle allait chez Noah cet après-midi. Elle ne voulait surtout pas déclencher une crise de jalousie avec ses amies.

Voilà comment Doutzen se retrouvait chez l’homme. Elle descendit du bus de transport en commun, portant un jean et une chemise blanche, avec des lunettes de soleil, et marcha le long du trottoir, jusqu’à approcher de l’immeuble où se trouvait Noah, et tapota sur l’interphone. C’était un immeuble japonais, avec l’escalier à l’extérieur, les couloirs formant de longues terrasses avec une porte menant à chaque studio.

« Noah ? C’est Doutz’... Je viens d’arriver ! »

Le logement de Noah était situé dans les immeubles en ville que le lycée avait acheté il y a peu. La raison était simple, les dortoirs du lycée étaient pour le moins vetustes et surchargés. Dès lors, depuis un court moment,  l’école grâce à des donations parvenaient à compenser cela en proposant des logements alternatifs en ville. Rien de bien claquant mais au moins c’était plus moderne. Cet immeuble était réparti sur 5 étages  divisés en petits studios. Dans chacun d’entre eux il y avait  cette imitation de parquet au sol et ces panneaux en bois aux murs peint en beige.  C’était une chambre standard avec une petite porte juste après l’entrée qui donnait sur les sanitaires. Pour le reste, il n’y avait qu’une grande pièce. Pas le grand luxe mais avec le confort nécessaire

« Vas y entre c’est le 3b »

Il ne savait plus ce qu’il lui avait dit donc il précisa de peur qu’elle ne sache pas le lieu. Mieux valait être prévoyant. Noah n’avait pas tardé à se signaler car il était sur le lit, occupé à surfer via son smartphone. Rien d’exceptionnel, il savait qu’elle devait arriver sous peu et il ne s’était lancé dans rien d’exceptionnel.

Se redressant,  il était en chaussettes blanches et portait de son côté l’uniforme du lycée. Il était rentré il y a peu du journal de l’école et il n’avait pas vraiment eu le temps de se changer. Portant donc son pantalon noir règlementaire avec une chemise blanche et la cravate rouge, cela lui donnait un air assez sérieux. D’ailleurs l’uniforme lui allait assez bien et c’est aussi pour cela qu’il l’avait gardé. Autant paraitre sous son meilleur jour après tout.

«  Entre donc Doutzen je suis content de te voir »

Lui ouvrant la porte et se décalant pour laisser le passage,  elle avait le loisir de voir le bureau droit devant elle contre la fenêtre qui était juste au dessus. Il y avait le lit à droite et la petite table basse au centre de la pièce.  Il y avait sur la gauche  diverses étagères avec une télévision  fixée dans le mur et son ordinateur portable qui était sur une des planches ainsi que des livres essentiellement. Il y avait aussi la petite porte des sanitaires juste sur la gauche après l’entrée aussi. Pour le reste, il y avait une décoration assez sobre avec quelques cadres photos sur son bureau ou sur les étagères ou sa table de nuit faisant référence à sa famille ou aux amis  présents ou futurs. Enfin il y avait la commode à vetements juste a coté du lit aussi. Il était aussi utile de préciser qu’à chaque étage il y avait une cuisine commune.

« J’avais peur que tu ne saches pas venir vu le contexte avec Mina et vu que tu as un copain maintenant. Après tout je ne veux pas qu’il réagisse mal  ou te causer des soucis avec ton amie»

La remerciant avant toute chose, il l’avait bien sûr regarder. Elle était habillée simplement mais cela lui allait très bien. D’ailleurs c’était à cela qu’on reconnaissait les jolies femmes. Avec un rien elle étaient sublimes.

« je peux te débarasser de ton sac à main ? »

C’était une question. La fenêtre légèrement ouverte permettait de laisser un peu d ‘air frais dans cette pièce. Il faisait chaud dehors et le soleil brillait. Le printemps était radieux. Attendant qu’elle lui réponde, il était debout près d’elle souriant. Forcément il pensait à elle et à son attirance pour elle. Même si pour le moment il était nulle part.

Troisième étage, porte B... Doutzen ouvrit la porte grillagée, passa devant la rangée de boîtes aux lettres, puis grimpa le long de l’escalier.  Elle portait, outre son jean et sa chemise blanche, dont les plis étaient rentrés dans le jean, des bottes rouges en cuir. Sous cette tenue civile, Doutzen arborait fièrement un corset de la même couleur. C’était toujours Reto qui l’habillait le matin, et, généralement, son choix était pour les corsets. Il trouvait cela élégants et plutôt beaux, et adorait prendre sa fille adoptive avec ce vêtement. Elle portait enfin aussi une simple culotte rouge à dentelles. Pas de jarretelles, un jean n’était pas très approprié pour les porter.

Atteignant le troisième étage, la jeune femme blonde s’engagea sur la terrasse, l’esprit plongé dans ses pensées. « Roméo Et Juliette » était une raison de stress, mais elle n’était pas la seule. Ce matin encore, elle avait reçu un nouveau SMS d’Alex, et elle ne savait pas comment gérer cette situation. Alex s’accrochait à elle, et Reto ne lui avait pas dit de le larguer, mais, au contraire, « d’entretenir la flamme, sans pour autant que ce soit un feu de forêt ». On ne pouvait pas dire que ce soit particulièrement clair ! Reto ne voulait pas que Doutzen lâche ce jeune milliardaire avec qui elle avait baisé comme une louve en rut, mais il ne voulait pas non plus que les choses aillent trop loin entre eux. Pourtant, Doutzen avait bien fait tout ce qu’il fallait, et ça, Reto le lui avait bien montré, car il ne l’avait pas battu, ou enfermé dans la cave. Il n’avait pas daigné lui en expliquer les raisons, et, ce faisant, Doutzen ignorait qu’elle était entrée dans une course avec l’ancienne conquête d’Alex, Kelly Brooks... Une course dans laquelle Reto avait fini par devenir une sorte d’arbitre. Tout ce que la jeune blonde savait, c’est qu’il n’était pas moral de jouer ainsi avec les sentiments des autres, et elle était à chaque fois gênée quand Alex’ venait la parler. Difficile de se confier à qui que ce soit. Reto la giflerait, ses copines du lycée trouveraient ça « trop cool » qu’une gaijin puisse sortir avec l’un des héritiers les plus fortunés de la ville. La seule qui pouvait l’aider était Khill, une Terranide qui se trouvait au manoir. Cependant, l’amour était une chose bien obscure pour Khill, et ses conseils manquaient donc d’efficacité.

*Bon, bon... Ressaisis-toi, et pense à autre chose !*

Elle n’était pas là pour discuter d’Alex, mais de la pièce. Arrivant devant la porte B, elle toqua à cette dernière, puis entra.

« Bonjour, Noah... »

Doutzen pénétra dans un petit studio. Les logements sociaux fournis par le lycée n’étaient pas mirobolants, et, d’après ce que Doutz’ avait cru comprendre, le lycée s’était entendu avec l’université pour pouvoir protéger des résidences faisant office de cités universitaires. Elle s’avança un peu, jaugeant la pièce d’un simple regard, puis se retourna vers Noah, en lui faisant un léger sourire.

« J’avais peur que tu ne saches pas venir vu le contexte avec Mina et vu que tu as un copain maintenant. Après tout je ne veux pas qu’il réagisse mal  ou te causer des soucis avec ton amie. »

La jeune femme papillonna des yeux. Mina, okay, mais... Son « copain » ?  Doutzen soupira intérieurement. Elle en avait parlé à sa meilleure amie du lycée, Gia... Visiblement, l’idée d’avoir une amie qui sortait avec Alex Sanderson était trop grosse pour qu’elle la retienne dans sa bouche ! Gia avait parlé de ça, et Mina en avait probablement entendu parler, puis en avait parlé à Noah... Les joies du lycée, les joies du téléphone arabe. Elle n’eut rien le temps de dire que Noah proposa alors de prendre son sac à main.

« Euh... Et bien, si tu veux. »

Elle le lui tendit, tout en se demandant pourquoi Noah lui avait dit que le fait qu’elle ait un copain puisse l’empêcher de venir ici... Est-ce que c’était parce qu’il croyait Sanderson possessif ? C’était ce qu’elle avait semblé comprendre. Doutzen pourrait en parler, mais, dans la mesure où elle n’était pas très sûre de ses sentiments vis-à-vis d’Alex, ou de la situation actuelle, elle préférait ne pas s’étaler inutilement... Mais, vu qu’il avait insisté dessus...

« Sinon... Je sais pour Mina, mais j’estime que ça ne me regarde pas. Nous avons une pièce à travailler, et c’est ce que j’entends faire. Donc, tu n’as pas à t’en faire, personne ne viendra nous déranger pendant que nous répéterons. »

Elle estimait la réponse suffisamment générale pour permettre de noyer le poisson.

Débarassant son invitée,  Noah alla même le sac au prote manteau juste après l’entrée. L’écoutant parler,  il avait compris qu’elle n’avait pas trop envie de s’étendre sur son mec. Il pouvait le comprendre et cela ne le genait pas outre mesure. Après tout, il avait fait une erreur à en parlant.  Du moins il l’avait peut être mis mal à l’aise

« je suis désolé si jamais ma remarque t’as déplu concernant ton copain. C’était pas intentionnel »

Courtois comme toujours, il restait face à Doutzen. Elle disait ne pas vouloir se mêler de ses affaires avec Mina. C’était louable comme attitude. Peut être ne le pensait elle pas mais au moins elle jouait la discrétion et la retenue. C’était un signe d’intelligence pour lui

« J’apprécie le fait que tu sois venue. Je tenais à le dire. Je ne sais pas ce que Mina a pu te dire mais je me doute que tu dois en savoir assez que pour poser un regard différent sur moi. »

Souriant, il avait bien compris qu’il devait commencer à répéter. Elle avait bien préciser cela et il comprenait qu’il n’était pas judicieux de vouloir continuer à converser comme si de rien était.Cependant, il avait quand même tenu à aborder le sujet car il était important pour lui de savoir si elle avait une autre vision de lui ou pas.

« je peux t’offrir à boire ? »

Se dirigeant vers son petit frigo situé à droite du bureau, il sortit une bouteille d’eau pour lui et en sortit une seconde pour la jeune femme. Si jamais elle ne la voulait pas, de toute façon, il la boirait vu la chaleur qui régnait ici. La déposant sur la table basse, lui de son côté but une gorgée, prenant le temps de poser  et peser ses mots. La fixant toujours de ses yeux bleus, il la trouvait superbe mais en même temps qui pourrait dire le contraire.

Revenant au sujet de sa visite, la pièce, elle avait certainement pu voir que le texte  était posé sur son bureau.  D’ailleurs, déposant la bouteille d’eau également sur la table, il alla le chercher, et Doutzen put remarquer qu’il y avait des annotations, beaucoup de remarques ou de passage surligné. Il bossait sérieusement il n’y avait pas à dire.

« Tu sais j’ai beaucoup réfléchi aux remarques de Tomohoro-sensei.  C’est vrai qu’il faut mettre de la passion dans nos rôles respectifs, instaurer une alchimie physique et mentale,des connexions entre nos corps et nos esprits.  Roméo et Juliette, c’est le mythe de tous les amoureux bafoués. Cela fait rêver depuis des décennies et donne envie. Même si souvent on a tendance à un peu trop idéaliser et oublier la partie violente et cruelle de l’histoire »

Parlant avec emphase et enthousiasme, on sentait qu’il était dans son élément. Le théâtre était quelque chose qui le tenait à cœur.

« Je ne sais pas ce que tu en penses mais il faudrait trouver un moyen de briser la glace et se rapprocher pour rendre nos rôles plus crédibles encore. Qu’en penses-tu ? »

Avant d’aller plus loin il lui demandait son avis. C’était logique et assez normal somme toute.

Parler de Mina ne faisait clairement pas partie des envies de Doutzen en venant ici. La jeune femme n’avait guère envie de perdre son temps avec ça. Quand Noah proposa à boire, elle acquiesça de la tête, regardant à nouveau autour d’elle, un peu nerveuse. Chaque fois qu’elle était seule avec un homme, ça finissait toujours dans le lit... Ou sur le canapé, voire à même le sol... L’homme apporta une bouteille d’eau, et Doutzen le remercia en souriant, puis, comprenant qu’elle était surtout venue ici pour parler de « Roméo Et Juliette », il alla dessus. Doutz’ ne lui avait envoyé aucun signal qui aurait pu lui permettre de penser autrement... Et, à force d’allumer des mecs en soirée, ces signaux, elle les connaissait. Adopter une posture nonchalante, sourire, avoir un regard un peu trop insistant... Autant de choses qu’il fallait savoir manier et manipuler. Doutzen conservait une attitude neutre. Elle s’était légèrement parfumée, sans excès, car elle n’était ici que pour la pièce... Du moins, c’est ce qu’elle pensait.

L’homme se mit à parler, évoquant une « alchimie physique », une « passion », une « connexion » entre leurs corps... Autant de mots à double sens qu’elle comprenait bien, à force de les manipuler elle-même en soirée pour séduire des gens. L’homme lui confia alors qu’il fallait briser la glace entre eux... En un sens, elle était d’accord. « Roméo Et Juliette » était une pièce qui parlait avant tout d’amour. C’était le thème central, vu à travers différents prismes et différents aspects du jeu. L’amour était vu comme l’expression de la liberté individuelle, comme quelque chose de profondément personnel, subjectif, contraire à la raison, qui pouvait vous faire aimer le pire ennemi possible... Combien de fois ce mythe s’était-il vu appliquer en réalité ? Une Juive amoureuse d’un nazi, un Soviétique amoureux d’une Américaine, un esclave noir de la fille d’un grand propriétaire terrien du Mississippi en pleine Guerre de Sécession... Les exemples étaient légion, et la lutte entre les Montaigu et les Capulet n’en était qu’une allégorie. L’une des forces de Shakespeare : évoquer l’Histoire à travers des personnages forts. Du grand théâtre, fait à la fois pour le bas-peuple et pour les nobles. Doutzen savait que, à l’époque de Shakespeare, les représentations théâtrales étaient très longues, bien plus longues que maintenant, et très baroques, avec des festivals, des pauses...  Rien à voir avec ce qu’on faisait actuellement.

Doutzen sortit de ses pensées, et hocha la tête.

« Oui... Tu as raison.  Plus on se connaîtra, et mieux nous serons capables de jouer nos rôles. »

Le théâtre, c’était sa grande passion... Et ce même si ses parents n’y connaissaient rien. Doutz’ était incapable de s’expliquer cet attrait, qui était un amour de jeunesse. Elle pensait que cela remontait à l’époque où elle avait vu des films de Marilyn Monroe... Cette femme était son grand modèle... Elle s’était le symbole de la glorieuse American way of life, annonciatrice des femmes fortes modernes, capables de se faire un nom. Certes, Marilyn n’avait pas été une femme parfaite, mais, en un sens, c’était rassurant pour Doutzen. Sa vie privée avait été chaotique, sombre, faite de déceptions, de querelles amoureuses, et était la preuve que même Doutzen pouvait y arriver... Car la vie privée de la jeune femme n’était guère préférable à celle de Marilyn.

Comment se projetait-elle dans le futur ? Où serait Doutzen dans cinq ans ? Dans dix ans ? Elle était incapable d’y songer. Arriverait-elle à percer ? À quitter Reto ? Après tout ce qu’elle avait vu, et tout ce qu’elle avait fait, elle ne pensait que Reto la laisserait un jour tomber... Et, pour l’heure, elle préférait se concentrer sur l’instant présent, plutôt que de se perdre dans de grandes perspectives... Shakespeare. La pièce de théâtre. Noah Carter.

« Alors, on joue au jeu des dix questions ? Et... Je n’ai pas de mec. Tu ne devrais pas écouter toutes les rumeurs qui circulent à mon sujet au sein du lycée. »

Pourquoi cette obstination sur le fait de son mec ? Par deux fois, sans même qu’elle ne l’y invite, il lui en avait parlé ! Doutz’ savait que le Diable était dans les détails.

Parfois, c’était là où un individu parlait le moins qu’on trouvait tout ce qu’il voulait vraiment dire.

Noah avait compris que tout comme le sujet Mina, le sujet du copain était à éviter. Il se demandait bien pour quoi car il connaissait assez  Mina que pour savoir qu’elle avait du se confier  à Doutzen. Cette dernière devait donc savoir  pourquoi c’était fini et le fait qu’elle n’en parle laissait penser que peut être elle jugeait que ce n’était pas là ses affaires. C’était louable comme attitude  Mais cela ne servait pas forcément ses affaires car Noah avait justement pensé que peut être cela pouvait servir sa cause d’aborder le sujet avec elle. Mais soit, il fallait éviter de commettre un impair. Tout comme avec le sujet du copain d’ailleurs. Là aussi, Noah avait eu plusieurs sources qui confirmaient l’info mais puisqu’elle niait cela, il se contenta de dire

« Je suis désolé si je parais indiscret »

En disant cela, il montrait qu’il était de bonne foie avec elle ce qui était le plus important. Noah n’était pas une personne qui cherchait les ennuis . Il était respectueux  et à partir de là, il n’allait pas chercher outre mesure  à insister. C’était pas dans son caractère


« Je suis content que tu sois sur la même longueur d’onde que moi Doutzen »

Souriant et détendu,  elle proposait de jouer aux dix questions. C’était  quelque chose qu’il connaissait même s’il y avait diverses adaptations. La finalité était finalement de chercher à en savoir plus sur une autre personne. Or, c’était un peu leur cas, même si fondamentalement cela ne pouvait pas  non plus  tout régler d’un coup. Et puis, ils étaient étudiants dans le même lycée, connaissaient les mêmes personnes, sans forcément le vouloir ils en avaient déjà pas mal l’un sur l’autre.

« Tu entends quoi exactement par cela ? »

A vrai dire Noah de son côté n’avait pas vraiment cherché à  trouver un moyen  de  briser la glace. Il fallait quelque chose de correct, de respectueux vis-à-vis de son invitée. Il n’était pas un balourd sans manière, il avait de l’éducation, du savoir vivre. Et il respectait la jeune  femme bien entendu. C’était le plus important finalement.

« Chacun se poserait une question  c’est bien cela ? Et je suppose qu’on ne parlerait pas forcément de la pluie et du beau temps. Sinon cela n’aurait aucun sens »

C’est vrai, pour se connaitre, il fallait se dévoiler l’un à l’autre. Briser la glace, cela voulait dire cela. Mais  ne sachant pas vraiment ce qu’elle attendait exactement, il ajouta

« Je vais te laisser commencer, honneur aux dames après tout »

Posant son regard bleu ciel sur elle, il but une autre gorgée. Pour être franc, il était un peu impressionné. Doutzen lui plaisait énormement. Depuis le début en fait. Et se retrouver la avec elle dans sa chambre avait quelque chose d’agréable pour lui. Pour être honnête, il savait que ses chances avec elle étaient comptées. Il ne se sous estimait pas mais il était plus jeune qu’elle.Et elle était sans doute  très courtisée. Mais Noah avait comme arme un esprit brillant, vif et un physique pas dénué de qualité non plus. Bref la partie allait être serrée mais il était prêt à saisir la moindre chance. Et peut être était-elle là aujourd’hui.

Doutzen avait proposé un jeu, car elle savait que, souvent, les activités ludiques permettaient de délier plus facilement les langues que les choses sérieuses. Un jeu impliquait des notions plus rassurantes, plus détendues... Pour elle, c’était donc une excellente occasion de la saisir, mais, soit Noah n’avait pas compris, soit il feignait de ne pas comprendre. L’un dans l’autre, Doutzen ne savait pas trop quoi en penser, et laissa planer quelques secondes, le laissant parler, s’exprimer...

« Peu importe la question posée, tant qu’on la pose, et que l’autre en face dit la vérité... »

De fait, le jeu commençait généralement par des questions anodines, montant progressivement en intensité, jusqu’à atteindre des questions vraiment osées. Sincèrement, Doutzen ne voyait pas trop comment briser la glace entre eux que par le biais de jeux de rôles, des expériences ludiques qui, progressivement, permettraient justement de se détendre, de se familiariser... La jeune femme se voyait mal se mettre à parler d’entrée de jeu sur ce qu’elle aimait et détestait, sans aucune connaissance clairement approfondie sur l’homme.

Il lui laissait la main, ce qui semblait normal, vu que c’était elle qui avait lancé cette idée. Elle réfléchit un peu, se déplaçant lentement, s’humectant les lèvres.

« Hum-hum... »

Qu’est-ce qu’elle pouvait bien lui poser comme question ? La belle blonde réfléchissait silencieusement, se tapotant les lèvres, en faisant quelques pas, déambulant sur elle-même, de droite à gauche.

« Qu’est-ce que tu aimes dans Roméo Et Juliette ? »

C’était une question neutre, et qui, selon elle, pouvait constituer une bonne base de départ.

Noah avait l’éclaircissement souhaité.Il savait maintenant quel genre de questions Doutzen voulait poser. C’était le principal. Ce n’est pas qu’il n’avait rien compris à ses attentes, mais il voulait être certain de ne pas dire n’importe quoi. Mieux valait éviter de dire ou faire des conneries. Ce qui était somme toute assez normal comme attitude. Surtout quand comme Noah on était intéressé par Doutzen. Qui d’ailleurs était plus radieuse que jamais.

« Ok je comprends mieux ce que tu voulais dire »

Souriant, il avait donc bien pris note de sa question. Cette dernière était de circonstance et Noah n’en attendait pas moins. Forcément, ce jeu allait commencer doucement, c’était inévitable et logique. Prenant le temps de réfléchir, il n’avait pas de réponse toute faite à sa demande. A vrai dire, cette pièce de théâtre ne faisait pas partie de celle qu’il aimait. Essentiellement parce que trop connue déjà. Elle avait été reprise des centaines de fois et au fil du temps, édulcoré un peu trop à son gout. Ce n’était pas une belle histoire d’amour ni une pièce toute gentille.Or, les gens en avaient fait cela. Ce qui avait le don de l’agacer.

« Pour être franc à la base j’aime le côté sombre de cette histoire. Cela montre bien ce qu’est l’amour, un sentiment aussi fort que dévastateur. Et que en son nom, on peut parfois aller jusqu’à trahir et remettre en cause sa famille. Je déplore qu’au fil du temps on ait un peu perdu de vue ce côté de l’histoire. »

Il le disait de manière sincère et sans calcul. Pour lui Roméo et Juliette avait perdu de son éclat et il trouvait cela dommage et stupide. Mais il précisa malgré tout

« cela reste un classique ceci dit. Et je suis heureux de pouvoir en être un des personnages principaux »

Comprenant que c’était à lui de poser la question, il ne savait pas vraiment par où commencer. Il ne voulait pas se montrer trop indiscret ni trop timoré. Il fallait donc quelque chose entre les deux. Réfléchissant assez rapidement, il finit par dire

« A mon tour maintenant. Quel est ton rêve le plus fou ? »

Cela semblait être une bonne question pour commencer. Après tout, c’était souvent quelque chose qui en disait long sur une personne. Pas étonnant donc qu’il y ait pensé.

Son « à la base » dans sa réponse fut assez explicite. De fait, Doutzen se moquait un peu de ce que Noah ressentait pour la pièce. Comme elle l’avait dit, l’intérêt (et le risque) de ce genre de jeu était que les questions montaient progressivement en crescendo, au fur et à mesure qu’on les disait. De base, le jeu était biaisé, car il y avait des questions auxquelles Doutz’ ne pourrait pas répondre honnêtement, si jamais Noah venait à les poser... Aussi bien pour elle-même que pour le propre salut du jeune homme. Ainsi, elle ne pourrait pas lui dire qu’elle était le Petit Chaperon Rouge de Reto, qu’elle passait certaines soirées à séduire des hommes qui auraient pu être son père afin de permettre à Reto d’obtenir sur des informations confidentielles ou des moyens de pression. Elle ne pouvait pas lui dire que son père adoptif couchait régulièrement avec elle... Mais, pour le reste... Disons qu’elle essaierait d’être la plus honnête possible, bien que ce soit difficile.

Cette répétition chez Noah l’intriguait. Elle ne pouvait guère plus prétendre être innocente, ou naïve, pas après tout ce qu’elle avait vécu en étant au service de Reto. Mina lui avait souvent parlé de Noah, du fait qu’il avait semblé plus intéressé, au début, par Doutzen, que par elle... Sur le coup, Doutz’, avec tous ses soucis, n’y avait guère fait attention, mais, maintenant, avec le recul... Elle repensait aux discrètes remarques de Noah sur son prétendu petit copain, faisant écho à ce que Mina lui avait parfois dit. Les femmes sentaientce genre de choses, et Mina avait senti que, quand Noah lui demandait qui étaient ses copines, ce qu’elles faisaient ensemble, il cherchait surtout à savoir ce que Doutzen faisait. En soi, Doutzen pouvait comprendre cet attrait : elle était déléguée de classe, souriante, belle... Et blonde. Au Japon, les blondes étaient un grand fantasme, encore plus quand elles étaient Européennes. Il suffisait de lire quelques mangas pour constater que les blondes étaient souvent assimilées aux femmes fatales, aux séductrices. Noah lui expliqua qu’il ne voyait pas grand-intérêt dans la pièce, terminant en disant que c’était un « classique », ce qui, dans le fond, semblait justifier l’intérêt qu’on en portait.

Doutz’ hocha lentement la tête, acquiesçant à cette réponse, puis entreprit alors de s’asseoir sur un fauteuil, tandis que Noah lui posait, à son tour, une question...

« À mon tour maintenant. Quel est ton rêve le plus fou ? »

Son rêve... Facile, celle-là ! Et, pour le coup, Doutz’ n’avait pas besoin de mentir...

« Devenir une actrice... C’est pour ça que j’ai rejoint le club de théâtre, et que je suis des cours particuliers dans une école privée... »

Une école privée très particulière, où sa formatrice et manager s’appelait Kou-san. Ce n’était, d’ailleurs, pas vraiment une école, plutôt une sorte d’agence ayant pour but de permettre aux jeunes actrices de rentrer dans le monde du show-biz en faisant office d’intermédiaire... Cependant, des cours étaient aussi prodigués... Et cette école avait des mœurs très légères, mais Doutzen ne voyait aucune raison de préciser cette partie des choses, ni de spécifier que Reto l’avait inscrit à cette école dans le but initial de parfaire son éducation sexuelle.

C’était au tour de Doutzen, et cette dernière réfléchit un peu, avant d’opter pour une question un peu plus osée :

« Pourquoi est-ce que tu as rompu avec Mina ? »

Noah n’était pas surpris. Il connaissait assez Doutzen que pour savoir qu’elle avait toujours voulu devenir actrice. Il l’avait déjà entendu dire plusieurs fois mais il ne savait pas que c’était à ce point. Il sentait une réelle détermination chez elle et il était persuadé qu’elle pourrait y arriver. On disait souvent que la volonté et l’envie étaient 75% du boulot.Et Noah pensait cela aussi. Le talent était important mais il fallait pouvoir se donner les moyens de ses ambitions. Et visiblement la jeune femme les avait.

« Je savais que tu en parlais souvent mais je me rends compte que c’est vraiment important pour toi.Et j’espère que tu pourras y parvenir. T’es une jeune femme pleine de ressources et je ne m’en fais pas pour toi Doutzen. Tu as du talent et en plus le physique qui va avec. Et dans ce domaine c’est toujours un plus »

Il avait pu lui glisser un compliment tout en étant correct et respectueux. C’était l’idéal. Par contre il ne s’était pas attendu à cette question. Car depuis son arrivée ici, elle avait semblé vouloir ne pas aborder le sujet de Mina. Noah l’avait compris. Sauf que maintenant, c’est elle-même qui le remettait sur le tapis. S’asseyant sur le lit, il mit un certain temps à répondre. Noah n’avait pas l’intention de lui cacher la vérité. Sans doute devait-elle la savoir en plus. Et il ne pouvait pas écarter l’hypothèse que c’était aussi un test qu’elle lui faisait passer. Elle agissait pêut être à la demande de Mina. En tout cas, il opta pour la vérité dans sa réponse

« Tu sais à la base ce n’est pas Mina qui m’avait tapé dans l’œil mais une autre fille. Seulement j’ai vite compris qu’elle avait sans doute mieux à faire que s’embarrasser de mes états d’âmes. Mina était plutôt sympa et elle me faisait bien rire en plus d’avoir du charme. Je suis sortir avec sans trop vraiment y croire mais au fil du temps je me suis pris au jeu bien plus que j’aurai pu l’imaginer. Je pense même que j’ai développé certains sentiments pour elle. On s ‘entendait bien, on passait de chouettes moments et cela aurait pu encore durer finalement »

Noah parlait avec l’accent de la vérité.C’est vrai, il aurait pu rester avec elle. Mina était toujours dans ses pensées comme le montrait la photo d ‘eux sur la table de nuit qu’il regarda brièvement. Seulement il y avait un mais, et un grand mais

« Le soucis c’est qu’elle refuse d’avoir des rapports sexuels avec moi. Contrairement à elle, je ne suis plus vierge, j’ai eu une copine aux Etats Unis avant de venir ici. Au début je comprenais qu’elle ait des doutes et qu’elle ait besoin de temps. Mais après 6 mois d’attente, la frustration est devenue plus grande. Hormis des baisers, il n’y avait rien. Même la caresser, elle me repoussait. Tu sais Doutzen, j’ai 17 ans et certains besoins. J’ai essayé d’être patient mais là c’est devenu trop dur à gérer. J’ai des pulsions, des envies que je ne peux plus renier. J’ai essayé de lui expliquer mais chaque fois elle se braque et refuse le dialogue. »

Noah donnait l’impression finalement d’être la victime de l’histoire. C’était sa grande force de pouvoir  être si persuasif et si convaincant. Il omettait certains détails, comme celui du fait que quelques fois, il s’était offert les services d’une professionnelle via internet. Il savait très bien que dévoiler ce genre d’infos nuirait à son image auprès de Doutzen. D’ailleurs il ne l’avait fait que deux fois, pas plus, car cela coutait de l’argent et qu’il craignait de se faire pincer. Mais au moins il avait gagné un peu de temps et évacuer une certaine pression même si cela remontait à un mois.

« j’ai tout fait pour lui montrer que je tenais à elle. Mais 6mois c’est beaucoup pour moi. L’idéal aurait été de pouvoir trouver un moyen de me soulager un peu, ne serait-ce qu’une fois. Et autrement que par moi-même »

 Ces derniers mots sonnaient un peu étrangement. Que voulait-il exactement ? Noah avait choisi et pesé chaque mot.Il voulait voir la réaction de Doutzen.

« Enfin je m’égare. C’est à mon tour je pense »

Plongeant ses yeux bleus dans ceux de Doutzen, il marqua une nouvelle pause puis  balança sa question

« Suis-je désirable Doutzen ? »

Cette question osée était dite de façon à finalement paraitre légitime vu tout ce qu’il avait dit avant. D’ailleurs il précisa

« je sais que c’est spécial mais avec ce que j’ai vécu j’ai besoin de l’avis d’une femme pour me rassurer. Je m’excuse si ca te blesse »

Prenant son air de chien battu, Noah jubilait intérieurement. Un vrai numéro d’équilibriste qu’il venait d e livrer.

Noah lui expliqua qu’il avait plaqué Mina parce qu’elle ne voulait pas coucher avec lui... Ciel, dans le genre des raisons nases, celle-ci se posait haut ! Mina était pourtant une femme extrêmement gentille, qui avait le cœur sur la main... Mais elle était une Japonaise traditionnelle, ne voulant offrir sa virginité qu’à celui qui accepterait de se marier avec elle. C’était la conception traditionnelle de l’union japonaise, où une femme avait avant tout pour fonction de se marier, plutôt que de se construire une carrière professionnelle. Elle trouvait cette raison un peu décevante, pour le coup... Mais elle était honnête. Noah n’avait effectivement que 17 ans, et semblait plutôt intéressé par l’idée de distiller sa jeunesse comme il faut, plutôt que de songer à son avenir.

*Ce qui est sûr, c’est que je ne pourrais pas dire ça à Mina comme ça...*

Elle savait que Mina lui poserait la question... Doutzen avait souvent hésité, car elle savait que Mina était intéressée par le sexe, mais bien trop timide et bien trop douce pour aller de l’avant. Le sexe l’effrayait, tout simplement, et elle abritait sa peur derrière son envie de se réserver pour la nuit de noces. Noah aurait pu la convaincre... Mais il avait visiblement eu d’autres envies. N’avait-il pas dit, dès le début, qu’une « autre fille » suscitait son intérêt ? Qui donc ? Curieusement, Doutzen avait une petite idée de la réponse, mais elle préférait ne pas trop s’y aventurer, afin de ne pas dire de bêtises, ou faire n’importe quoi. Noah ajouta, en semblant comprendre que Doutz’ trouvait son argument moyen, qu’il avait attendu un semestre entier avant de la plaquer... Et la manière dont il le dit... Trouver quelqu’un pour se « soulager un peu »... Quel homme romantique ! Doutzen ne savait quoi en penser, mais elle n’avait rien à dire... C’était les règles du jeu, et, effectivement, c’était à lui de poser une question.

Un peu confuse, en se demandant bien qui était cette élue, Doutz’ le laissa poser sa question... Et elle écarquilla les yeux sous l’effet de la stupeur. Désirable... Tu parles d’une question vicieuse ! Elle se pinça les lèvres sous le signe de la réflexion, et Noah s’empressa de préciser sa question :

« Je sais que c’est spécial mais avec ce que j’ai vécu j’ai besoin de l’avis d’une femme pour me rassurer. Je m’excuse si ca te blesse... »

Doutzen ne dit rien de plus, trouvant son excuse... Justifiable. Un sourire amusé se dessina donc sur ses lèvres, et elle hocha lentement la tête, laissant planer quelques secondes, avant de lui répondre :

« Et bien... Disons que, si j’étais vraiment Juliette, tu serais, physiquement parlant, un parfait Roméo. »

C’était une manière polie de répondre par l’affirmative, sans pour autant trop s’engager. Doutzen avait en ce moment bien trop de problèmes avec Alex Sanderson sans pour autant en rajouter davantage avec un autre homme. Elle le laissa donc avec cette réponse, et, après quelques secondes d’hésitation, posa une nouvelle question :

« De mon côté... Il y a une chose qui m’intrigue, maintenant. Tu as dit qu’il y avait eu une ‘‘autre fille’’ avant que tu ne te tournes vers Mina... Qui est-ce ? »

Ce qu’elle devait reconnaître, c’est que l’homme avait du culot... Ce qui n’était pas toujours une mauvaise chose.

Noah avait bien conscience que sa réponse pouvait paraitre futile. Mais il tenait à être honnête. Il savait bien que de toute façon, dire autre chose n’aurait servi à rien.Et  puis cela n’avait pas l’air de déranger Doutzen. Ou alors, elle ne le montrait pas. Ce qui était certain, c’est qu’elle se prêtait au jeu. Assis sur le bord du lit, toujours face à elle, elle venait à sa manière de lui apporter réconfort. Il ne savait pas si c’était sincère ou pas, mais il avait l’impression qu’elle n’avait aucune raison de mentir. Il pouvait donc prendre cela pour un compliment. Les sourires de Doutzen contribuaient à rassurer et une certaine forme de complicité s’installait entre eux. Peu à peu, il parvenait à lui fendre l’armure

« je suis touché par ce que tu dis. Mais honnêtement tu es mieux que Juliette,enfin je pense »

Un peu de flatteries ne faisait jamais de tort. Surtout si elle était bien amenée et placer dans un contexte qui s’y prêtait bien. Or c’était le cas.

« Tu sais Doutzen je sais très bien que les raisons qui m’ont poussé à mettre un terme à ma relation avec  Mina peuvent déranger. Certains trouveraient sans doute que je suis égoiste ou que je ne respecte pas l’intégrité et les désirs de Mina. Mais sache que j’ai essayé un maximum.Qui sait peut être ai-je fait une erreur.Peut être devrais-je nous accorder une seconde chance ? »

Arretant là sa réflexion, il essayait de voir ce que Doutzen exprimait comme avis. Mais surtout, sa question ne tarda pas à venir. Et encore une fois, il ne l’avait pas vu venir. Continuant d’aborder la sphère privée, elle voulait savoir qui était la jeune femme dont il avait parlé. Le jeune homme de 17 ans comprit assez vite qu’elle attendait une réponse que sans doute elle connaissait déjà. Elle devait avoir compris qu’on parlait d’elle effectivement. Et de manière très habile, elle cherchait une confirmation. Là aussi, Noah savait qu’il devait ruser et marcher sur des œufs. Il ne servait à rien de mentir et puis elle lui tendait une perche finalement. Peut être voulait-elle savoir exactement où ils en étaient tous les deux. Il ne pouvait pas laisser passer cette chance. Buvant un peu d’eau, il décida de tout dire

« cette fille c’est toi. Pour être franc, je t’ai toujours trouvé attirante oui, mais ausis intelligente, drôle, pleine de vie et de personnalité. Seulement j’ai vite compris que t’avais d’autres chats à fouetter qu’un gamin de 17 ans. Attention, je ne me suis pas servi de Mina pour rester près de toi. Je l’aime vraiment bien et j’ai jamais triché avec elle. Mais si je dois être honnête, je dois avouer que j’ai toujours un peu jalousé tous ces hommes qui avaient la chance d’être avec toi, comme je l’imagine que c’est le cas.C’est peut être con à dire mais pendant longtemps j’ai voulu avoir la chance de boire un verre avec toi, t’emmener au cinéma, t’offrir des fleurs, marcher main dans la main dans un parc sous un soleil radieux. C’est peut être naif ou quelque peu  dépassé dans l’époque actuelle, mais c’est ce que je désirais. Bien évidemment il y avait aussi une part de charnel et d’attrait sexuel, mais ce n’est pas forcément ce que je visais en premier lieu. Pendant quelques semaines je t’ai ecris des lettres, des poèmes qu’ensuite je déchirais car j’avais l’impression d’être débile et d’avoir aucune chance. Puis il y a eu Mina et je me suis investi avec elle. »

Il s’arrêta. Ce qu’il venait de dire n’était pas faux mais il avait quand même tourné cela de manière à se mettre en valeur lui-même. Il savait via Mina que Doutzen était assez fleur bleue. Et dès lors, son discours n’avait rien d’innocent non plus. Il voulait faire mouche et toucher la corde sensible de la jolie demoiselle. La fixant toujours de ses yeux bleus, il sentait le désir pour elle monter. Il se rendait compte qu’il avait peut être un coup à jouer Passant une main dans ses cheveux, il posa à son tour la question

« Une chose m’interpelle aussi…Mina t’as demandé d’essayer de savoir pourquoi je l’avais quitté ? je demande cela parce que en principe je lui ai déjà expliqué assez clairement la raison. Ou alors elle t’as demandé d’essayer de plaider ta cause auprès de moi. Je t’avoue que j’y pense depuis le début et cela me semblerait logique »

Il la fixait toujours. Il voulait savoir s’il était dans le bon comme il le pensait.

Doutzen avait effectivement un léger doute sur l’identité de cette mystérieuse personne... Et, quand Noah confirma qu’il s’agissait d’elle, elle aurait menti en prétendant être surprise. Est-ce qu’il avait intrigué pour devenir son partenaire à cette pièce ? Quand Noah avait rejoint le club de théâtre, Doutz’ y était déjà... Et, maintenant qu’elle y repensait, il l’avait assez rapidement rejoint. Il avait sorti la carte qui marchait toujours dans ce genre de situations, celle de l’étranger désireux de se rapprocher d’autres étrangers, puis était ensuite sorti avec Mina.

*Quelle naïve je fais... Il me tourne autour, et je n’ai rien vu venir.*

Maintenant, les choses se clarifiaient... Une autre fille aurait peut-être été effrayée, mais, quand on avait comme père adoptif un homme violeur et brutal qui vous envoyait faire la pute auprès de pervers libidineux, on avait tendance à relativiser. Noah flashait sur elle ? Il n’était intéressé que par un plan cul ? En un sens, elle trouvait ça préférable à Alex’, pour qui le plan cul avait évolué en quelque chose d’autre, quelque chose de beaucoup plus savonneux, et sur lequel elle était partagée entre sa conscience, et les ordres de son père. Au moins, c’était ici plus simple... Et puis, ce n’est pas comme si Noah était désagréable à voir. Il était plutôt bien bâti, avec une chevelure blonde formant sur son crâne une épaisse tignasse. Elle appréciait l’idée de le regarder, et ne demandait qu’à un peu plus d’intimité. Certes, voir quelqu’un comme étant avant tout une relation sexuelle n’était peut-être pas très moral, mais, au point où la moralité de Doutzen en était, elle pouvait se permettre cet écart de conduite.

Dans tous les cas de figure, elle avait eu droit à sa réponse, et Noah avait tenu à la détailler un peu. Il essayait d’enjoliver le fait que ce n’était pas qu’une simple envie sexuelle, et elle espérait sincèrement que ce soit un mensonge... Doutzen avait déjà la tête en bourrique à cause d’Alex’, et elle ne tenait pas à créer un Sanderson-bis. Il avait surtout tenu à lui expliquer qu’il n’était pas sorti avec Mina dans le but de se rapprocher d’elle, mais Doutz’ n’y croyait pas trop... Ou peut-être que trop fréquenter Reto finissait par la rendre cynique.

Il lui posa ensuite une question, et elle s’humecta les lèvres, réfléchissant un peu, avant de lui répondre :

« Oui.... Elle a été très triste quand tu l’as plaqué, et nous lui avons dit qu’elle n’était pas aussi nulle que ce qu’elle croyait, et qu’elle avait plein de qualités. Mina était persuadée que tu l’avais plaqué parce qu’elle avait énormément de défauts... On s’est débrouillées pour la rassurer, et, comme elle sait que je fais la pièce avec toi, elle m’a demandé si je pouvais intercéder entre vous... Mais ça remonte à quelques jours. Mina va mieux, maintenant, et on se débrouille pour la mettre en relation avec quelqu’un d’autre. »

Quelqu’un qui serait un peu plus romantique que Noah, en tout cas. Doutzen laissa passer quelques secondes, afin de laisser à Noah le temps de méditer sur ce qu’elle venait de dire.

C’était maintenant à son tour de poser question, et elle laissa planer quelques secondes, avant de répondre :

« Est-ce que tu as participé à cette pièce uniquement dans le but de me voir ? »

Noah était quelque peu surpris. D’abord parce que Doutzen ne semblait pas vraiment surprise ou dérangée par son aveu. A vrai dire, il avait supposait la voir beaucoup plus mal à l’aise que cela. Et au final, il se rendait compte qu’il avait peut être commis une erreur en tentant d’enrober ses réelles intentions. Il avait cru que c’est ce qui marcherait avec elle mais il découvrait une nouvelle facette  de sa  personnalité. Elle était paraissait nettement moins sur la réserve qu’il ne l’avait pensé. Noah avait ce don de pouvoir cerner assez bien la personnalité des gens. Et en l’occurrence, la Doutzen face à lui n’était pas forcément la même que celle qu’il avait l’habitude de fréquenter. Néanmoins, elle restait une amie de Mina, il ne pouvait pas l’oublier, et il ne savait pas vraiment comment mesurer la loyauté de cette jeune femme en amitié. Est-ce que l’idée de coucher avec l’ex d’une amie pouvait la déranger ? Est-ce que cela pouvait changer la donne ? De plus, comme il le pensait, Mina lui avait demandé de venir lui parler. Il n’en était pas surpris a ce niveau là. C’était logique et cela confirmait que les deux jeunes femmes étaient plutôt proches. Noah se disait que ce n’était pas forcément un désavantage à tous les niveaux. Il pouvait aussi jouer la dessus. Ce n’était pas quelque chose qui le désavantageait complètement. Son esprit vif et malin avait déjà bien assimilé  quels bénéfices tirer de cela.

Quant au fait d’essayer de la mettre avec quelqu’un d’autre, cela faisait sourire Noah. Mina était amoureuse de lui et elle ne l’oublierait pas comme cela. Certes, elle avait pas l’air d’avoir bien compris les raisons de leur séparation, ce qui l’agacait car finalement il se rendait compte qu’il avait fourni des explications claires et précises. Ou alors, elle n’avait pas vraiment osé dire à ses amies pourquoi elle était célibataire. La connaissant c’était fort possible aussi. Après tout, elle était surement complexée sur le sujet. Mais le fait que Doutzen lui pose une question comme cela était révélateur. Elle cherchait en à savoir plus, ce qui était un bon point. D’ailleurs, la pièce de théâtre était assez loin pour le moment au niveau des préoccupations. Pour l’un comme pour l’autre

« je vais pas nier que cela  a joué. J’aime le théâtre, j’en fais depuis des années et cela m’a permis de prendre confiance en moi. Mais avoir la possibilité de te fréquenter dans ce club est aussi un paramètre dont j’ai tenu compte. C’était un bonus agréable. Après je ne pouvais pas prévoir la décision de notre professeur. Mais je me doutais que j’avais le talent et que tu avais le talent pour qu’on soit choisi »

Continuant de la fixer, Noah hésita un moment avant de poursuivre. Devait-il dévoiler son jeu de carte ? C’était un pari risqué certes mais il avait le sentiment que tout était possible dans cette situation. Doutzen n’avait pas envoyé de signaux hostiles.Elle pourrait directement couper court à la conversation mais au contraire elle l’avait relancé.. Faisant claquer sa langue contre son palet, il prit le parti de dévoiler son jeu de cartes.

« Le temps qu’on a passé ensemble dernièrement avec cette pièce n’ a fait que renforcer mon attirance pour toi. Tout à l’heure je t’ai dit qu’il n’y avait pas que du physique et j’ai menti parce que j’étais pas certain que je pouvais être cash. La vérité c’est que tu m’attires physiquement Doutzen. Quand je te regarde j’ai plein de choses qui me viennent en tête et toutes ont un même point commun : le sexe. C’est aussi pour cela que j’ai rompu avec Mina. Je te désirais toi bien plus qu’elle. J’étais bien avec, on passait de beaux moments, mais au niveau purement physique, c’est toi que je voulais. Je m’étais dit que coucher avec elle pourrait peut être changer la donne mais au final je n’en suis pas certain. Et puis elle m’aime sincèrement et je ne veux pas lui faire de mal outre mesure »

Il la fixait toujours, guettant ses réactions.Il venait d’être on ne peut plus honnête même si avec Noah,  chaque mot était toujours bien choisi et pesé.

« je sais qu’elle désire se remettre avec moi. Je ne sais pas ce qu’elle voua dit mais elle m’envoie des textos et des e-mails. Je pourrais céder à ses demandes mais il y aura toujours ce soucis de sexe entre nous. Et je ne veux pas qu’elle se sente obligée de coucher avec moi. L’idéal serait de pouvoir évacuer mes frustrations d’une manière ou l’autre avant de pouvoir envisager une éventuelle suite »

Une nouvelle fois son langage n’était pas clair et net mais entre les lignes certaines choses prenaient forme. La regardant toujours il posa enfin sa question

« Tu n’as pas tenté de me convaincre comme elle te l’avait demandé. Pour quelle raison ? parce que cela ne te regarde pas comme tu l’as dit plus tot ?Et jusqu’à quel point tu es amie avec Mina, »

Il y avait certes deux questions mais tout était lié. Il le savait et sans doute qu’elle aussi.