Troisième étage, porte B... Doutzen ouvrit la porte grillagée, passa devant la rangée de boîtes aux lettres, puis grimpa le long de l’escalier. Elle portait, outre son jean et sa chemise blanche, dont les plis étaient rentrés dans le jean, des
bottes rouges en cuir. Sous cette tenue civile, Doutzen arborait fièrement un
corset de la même couleur. C’était toujours Reto qui l’habillait le matin, et, généralement, son choix était pour les corsets. Il trouvait cela élégants et plutôt beaux, et adorait prendre sa fille adoptive avec ce vêtement. Elle portait enfin aussi une simple culotte rouge à dentelles. Pas de jarretelles, un jean n’était pas très approprié pour les porter.
Atteignant le troisième étage, la jeune femme blonde s’engagea sur la terrasse, l’esprit plongé dans ses pensées. «
Roméo Et Juliette » était une raison de stress, mais elle n’était pas la seule. Ce matin encore, elle avait reçu un nouveau SMS d’Alex, et elle ne savait pas comment gérer cette situation. Alex s’accrochait à elle, et Reto ne lui avait pas dit de le larguer, mais, au contraire, «
d’entretenir la flamme, sans pour autant que ce soit un feu de forêt ». On ne pouvait pas dire que ce soit particulièrement clair ! Reto ne voulait pas que Doutzen lâche ce jeune milliardaire avec qui elle avait baisé comme une louve en rut, mais il ne voulait pas non plus que les choses aillent trop loin entre eux. Pourtant, Doutzen avait bien fait tout ce qu’il fallait, et ça, Reto le lui avait bien montré, car il ne l’avait pas battu, ou enfermé dans la cave. Il n’avait pas daigné lui en expliquer les raisons, et, ce faisant, Doutzen ignorait qu’elle était entrée dans une course avec l’ancienne conquête d’Alex, Kelly Brooks... Une course dans laquelle Reto avait fini par devenir une sorte d’arbitre. Tout ce que la jeune blonde savait, c’est qu’il n’était pas moral de jouer ainsi avec les sentiments des autres, et elle était à chaque fois gênée quand Alex’ venait la parler. Difficile de se confier à qui que ce soit. Reto la giflerait, ses copines du lycée trouveraient ça «
trop cool » qu’une
gaijin puisse sortir avec l’un des héritiers les plus fortunés de la ville. La seule qui pouvait l’aider était
Khill, une Terranide qui se trouvait au manoir. Cependant, l’amour était une chose bien obscure pour Khill, et ses conseils manquaient donc d’efficacité.
*
Bon, bon... Ressaisis-toi, et pense à autre chose !*
Elle n’était pas là pour discuter d’Alex, mais de la pièce. Arrivant devant la porte B, elle toqua à cette dernière, puis entra.
«
Bonjour, Noah... »
Doutzen pénétra dans un petit studio. Les logements sociaux fournis par le lycée n’étaient pas mirobolants, et, d’après ce que Doutz’ avait cru comprendre, le lycée s’était entendu avec l’université pour pouvoir protéger des résidences faisant office de cités universitaires. Elle s’avança un peu, jaugeant la pièce d’un simple regard, puis se retourna vers Noah, en lui faisant un léger sourire.
«
J’avais peur que tu ne saches pas venir vu le contexte avec Mina et vu que tu as un copain maintenant. Après tout je ne veux pas qu’il réagisse mal ou te causer des soucis avec ton amie. »
La jeune femme papillonna des yeux. Mina, okay, mais... Son «
copain » ? Doutzen soupira intérieurement. Elle en avait parlé à sa meilleure amie du lycée,
Gia... Visiblement, l’idée d’avoir une amie qui sortait avec Alex Sanderson était trop grosse pour qu’elle la retienne dans sa bouche ! Gia avait parlé de ça, et Mina en avait probablement entendu parler, puis en avait parlé à Noah... Les joies du lycée, les joies du téléphone arabe. Elle n’eut rien le temps de dire que Noah proposa alors de prendre son sac à main.
«
Euh... Et bien, si tu veux. »
Elle le lui tendit, tout en se demandant pourquoi Noah lui avait dit que le fait qu’elle ait un copain puisse l’empêcher de venir ici... Est-ce que c’était parce qu’il croyait Sanderson possessif ? C’était ce qu’elle avait semblé comprendre. Doutzen pourrait en parler, mais, dans la mesure où elle n’était pas très sûre de ses sentiments vis-à-vis d’Alex, ou de la situation actuelle, elle préférait ne pas s’étaler inutilement... Mais, vu qu’il avait insisté dessus...
«
Sinon... Je sais pour Mina, mais j’estime que ça ne me regarde pas. Nous avons une pièce à travailler, et c’est ce que j’entends faire. Donc, tu n’as pas à t’en faire, personne ne viendra nous déranger pendant que nous répéterons. »
Elle estimait la réponse suffisamment générale pour permettre de noyer le poisson.