- Tu veux mourir ?
Encore une fois l'homme ricana doucement, après tout il n'y avait rien en ce monde qui était capable de le toucher réellement, et seule l'essence divine de la femme avait sut le mettre un tant soit peu en danger, même si l'esquiver fut d'une facilité déconcertante. Dans le fond, il faisait partit de ces gens dont la nature même les empêchait de mourir, comme les plus puissants des démons ou les divinités. Ils étaient, en somme, des êtres créés par des idées, des concepts, une volonté qui les obligeaient de ne jamais mourir, car leur fin signifierait la fin de ce qui les a produit. Dans le cas de ce cher Lestrange, l'élément qui le caractérisait était le non-sens, l'illogisme, et tant que rien ne saurait se prouver dénué de tout manque de sens, il existerait, à sa manière. Du moins était-ce ce qu'il avait cru comprendre tandis qu'il fut emprisonner par son père adoptif dans les tréfonds Ashnardiens.
- Même sans tes soins j'aurais régénéré complètement, je suis bien plus puissante qu'une homonculus classique, car après tout j'ai de l'essence divine en moi, ce qui me dresse d'office au-dessus des autres mortels. Tu pourrais me mettre en charpies, je régénérerais. Au pire demande des infos aux gardes, ils n'ont jamais réussi à me sectionner définitivement un membre.
- Oh cela est bien possible, mais j'ai préféré faire attention pour éviter infections et autres petites souffrances inutiles...
L'on venait au cas de Superbia. Si Archibald avait naturellement une capacité à se défendre contre la mort, l'homonculus quand à elle semblait posséder un corps qui ne voulait pas la laisser mourir autant que faire se peut. La différence se faisait réellement dans le comportement de leur être, Lestrange ne laisse rien le toucher et peut absorber des assauts parfois phénoménaux, tandis que la femme se fait blesser mais retrouve finalement une vitalité excellente au bout d'un long repos. En gros, tout était dans les termes immortels et éternels. L'on pouvait considérer que la jeune femme, si l'on ne dépassait pas son facteur de régénération, était "immortelle", tandis que le démon était par sa nature même "éternel". La différence pratique s'était vu durant l'affrontement, où l'homme aurait largement put achever la femme si il en avait eut l'envie, mais qui as bien sur préféré veiller sur elle à la place.
- Si je suis vraiment dans ta "famille" sache que je serais le mouton noir et que tu vas en baver. D'autant que je peux m'occuper de moi-même toute seule pas besoin de "maître" pour me dicter ma conduite. Cependant ...
- Ouiiiiii ?
Toujours jovial, les élans d'orgueil et de supériorité de la jeune femme n'avait clairement pas d'effet sur le nouveau maître, qui lui observait sa servante avec le savant regard de celui qui contemple un sujet d'expérimentations pour en comprendre tout les secrets. Dans le fond il connaissait déjà pas mal de la façade externe de cette jeune femme, mais il souhaitait chercher à la connaître plus en détail, de manière à pouvoir s'occuper d'elle de la meilleure des manières possible. Avait-elle des goûts particuliers, des envies ? Avait-elle des préférences en matières de vêtements ou encore de repas ? Plus encore, il voulait savoir si la jeune femme possédait une sorte d'affection pour certaines choses, ce que d'autres appelleraient des faiblesses, mais ce qui permettrait à Archibald de lui faire un cadeau de temps à autres, par pure et simple bonté. Il ne pouvait pas le nier, pour un démon, il avait largement récupéré de sa famille adoptive et de leur regard particulier sur les êtres vivants.
- Cependant, tu m'as sortie de ce trou à rat donc je veux bien concéder d'agir, pendant un temps, de manière plus modeste. Mais n'abuse pas de ma générosité, sinon je promets de détruire ta famille avant de te tuer.
- Je n'en abuserais pas, n'ai nulle crainte à ce propos. Comme je l'ai dit, et ce même si je t'ai battue à mort pour pouvoir y parvenir, je compte veiller désormais sur toi comme un père, un frère, ou un amant.
Il parlait naturellement sans pour autant appuyer sur les mots, ne voulant pas forcer une réaction qu'il voulait naturelle chez la jeune femme, cherchant à situer le genre de relation que cette homonculus pouvait fuir ou rechercher. Bien sur il y avait aussi un peu de taquinerie dans ses mots, comme toujours, Superbia étant tellement facile à faire tourner en bourrique qu'il serait dommage de ne pas en profiter, mais avant tout ce qu'il disait était fait pour chercher les petites failles dans les défenses de cette charmante enfant, qu'elle soit ou non d'origine divine. Après tout il serait malhonnête de dire qu'il ne l'appréciait pas beaucoup, avec sa mine toujours en colère, son orgueil très mal placé, ou encore ses habitudes rebelles de jeune noble Ashnardienne en pleine crise d'adolescence. Oserait-il dire qu'il la trouvait presque attendrissante ?
- Le collier que tu portes au coup n'est qu'un symbole, et si je peux être sur que tu respecteras notre marché, je l'enlèverais sans soucis. Tu as d'ailleurs due remarquer que je te fais assez confiance pour ne pas t'avoir restreinte au niveau de tes actions envers moi, pour la simple et bonne raison qu'à mes yeux, tu n'es pas une pauvre servante asservie, mais bien une personne qui compte au même titre que ma personne.
La regardant avec une certaine douceur, il fait un mouvement de main pour désigner les canapés molletonnés de la cabine et sourit délicatement avant de reprendre la discussion :
- Enfin assis-toi, je pense qu'il est de bonne usage de refaire de vrais présentations... Je suis Archibald Lestrange, démon du non-sens et de l'illogisme, je fais désormais surement partis des plus anciens de mon espèce, et cela va de pair avec mes capacités. J'ai atteint ce monde il y a quelques mois et m'est venue l'idée d'y voyager mais pour cela je voulais quelqu'un à mes cotés pour échanger et profiter de ce petit tour des lieux. Bien sur il me fallait quelqu'un compétent, capable de se défendre, et je t'ai ainsi remarquée, ce qui justifie mes quelques provocations et le duel. Voilà pour moi, et toi donc ?