«
Arame Arakawa… On y est.-
Je te laisse taper à la porte, tu fais ça très bien. »
L’
agent spécial Lloyd Dawkins tourna la tête vers Natalia, laissant planer quelques secondes d’hésitation, avant de froncer les sourcils, et de se retourner vers elle. Il la dépassait d’une bonne tête, et était plus musclé qu’elle, ce qui donnait au duo une drôle de forme.
«
Qu’est-ce que c’est censé vouloir vous dire ? Miss-Iceberg ferait de l’humour, maintenant ? -
Je n’attends pas d’un Américain qu’il saisisse l’humour russe. -
Ah… Ouais, tu m’en diras tant. Pourquoi tu t’inscris pas à un concours de blagues avec Hawkes, hein ? On se fendrait la poire… »
Natalia Romanov croisa les bras contre sa poitrine en secouant la tête, faisant virevolter ses cheveux roux. Elle portait des vêtements civils, masquant sa combinaison : un jean, et une veste en cuir. Lloyd, lui, portait une chemise noire, un pantalon, et une veste bleue marine… Ainsi que son éternelle barbe mal rasée. Il approcha sa main de la porte, et tapa à cette dernière.
«
De toute façon, les Allemands restent les plus nuls à l’humour. -
Hein ? »
Il se retourna vers elle, et, voyant qu’elle n’avait pas saisi la référence, finit par soupirer.
«
Demain, je file voir l’agent qui se charge de ton programme culturel, et j’y ajouterais quelques modifications substantielles. Si tu veux vraiment connaître la culture américaine dans toute sa profondeur, Natalia… Il faut regarder ‘‘South Park’’. -
Oh… Je pensais que tu t’étais arrêtée aux vignettes de ‘‘Snoopy’’ dans le journal. »
Lloyd esquissa un léger sourire, tout en attendant que la femme se trouvant dans l’appartement, Arame, ouvre la porte. Pendant ce temps, Natalia se rappela tous les évènements qui avaient amené le duo devant cette porte, dans un quartier quelconque de Seikusu.
Tout avait commencé il y a quelques semaines, quand une enquête classique du SHIELD avait mené le duo sur la poursuite d’une mutante, Lucy, qui avait apparemment des pouvoirs qui la classaient dans la catégorie officieuse des «
emmerdes-sur-pattes », pour reprendre l’expression polie de Lloyd. Il s’était avéré que l’expression était totalement fondée. Lucy était en réalité une
diclonius, un terme désignant des individus ayant des capacités paranormales leur permettant de générer autour d’eux des
vecteurs, des espèces de bras artificiels qui pouvaient être meurtriers. Lucy s’était échappée d’un centre de recherches qui se trouvait sur une petite île se trouvant au large de Kamakura, dans la préfecture de Kanagawa, se trouvant à environ 450 kilomètres de Kyoto. Un centre de recherches souterrain se trouvait sur cette île, se découpant en deux parties :
- La partie à la surface du centre, la partie visible de l’iceberg. Elle se trouvait au milieu d’une île escarpée et dangereuse, faite de falaises inhospitalières, ce qui décourageait les touristes ;
- La partie sous terre, le cœur de l’iceberg. Le SHIELD manquait encore d’informations sur cette partie, mais soupçonnait qu’il existait entre les deux parties un ascenseur permettant de les relier.
L’enquête du SHIELD avait permis, par ailleurs, d’établir plusieurs points. Les diclonius étaient des tueurs nés entraînés par les responsables du laboratoire pour être des soldats surpuissants. Le gouvernement japonais était très probablement derrière toute cette histoire, et les agents du SHIELD n’avaient aucune difficulté à deviner les objectifs à long terme du progrès. Les tensions entre le Japon et la Chine s’accentuaient, et tout le monde savait que, si une guerre devait éclater, le Japon n’était pas déclaré favori. Les diclonius pouvaient constituer leur arme défensive face aux troupes du Parti communiste chinois. Pour Lloyd, il était certain que ce programme était financé par l’armée japonaise, et que les véritables responsables de ce programme avaient dû faire tout ce qui était en leur pouvoir pour éviter qu’on ne remonte jusqu’à eux.
Lucy avait réussi à s’échapper du centre il y a longtemps, et une autre diclonius avait été libérée, Nana, une diclonius particulièrement gentille, si gentille que Lloyd pouvait la qualifier de «
demeurée ». Grâce à elles, l’organisation avait commencé à enquêter activement sur le centre de recherches, en utilisant tous les moyens technologiques mis à leur disposition. Concrètement, ils avaient utilisé un satellite-espion afin de surveiller le centre, et d’obtenir des informations sur leur personnel. Leur objectif était de préparer une attaque du complexe, afin de libérer les diclonius, et de les soigner. Un projet que le gouvernement américain désapprouverait très certainement, mais le responsable du SHIELD au Japon était prêt à prendre le risque. Trop de choses étaient en jeu, et, surtout, le SHIELD sentait que le programme était en train de foutre complètement le camp.
Infiltrer le centre était difficile, et, pour l’heure, l’agence en était encore à étudier les différents plans possibles : envoyer une équipe par l’eau pour entrer dans le complexe, ou passer par les hauteurs ? Pendant ce temps, l’équipe qui continuait à enquêter avait commencé à obtenir des noms, et celui du docteur Arakama avait fini par jaillir sur le tapis.
Une chercheuse japonaise plutôt douée. Ils avaient accédé à son CV, empiétant volontiers sur les frontières de la vie privée, comme le SHIELD aimait le faire. Ils avaient ainsi accédé au compte en banques d’Arakama, et avait appris que cette dernière avait payé une pharmacie à plusieurs reprises. À partir de là, les spécialistes en informatique avaient réussi à avoir accès aux registres numériques de la pharmacie, et avaient ainsi appris que le sympathique docteur prenait régulièrement des antidépresseurs. Leur théorie était que le docteur se sentait mal en point à cause de ce qui se passait dans son boulot, et qu’elle pouvait peut-être leur cheval de Troie. C’était risqué, mais l’organisation manquait d’informations pour se mêler à une attaque sur le centre.
La porte finit par s’ouvrir, et Lloyd brandit sa carte, mettant fin aux souvenirs de Natalia :
«
Arakama-san ? Agent Lloyd Dawkins… Voici l’agent Romanov. SHIELD. Nous aimerions nous entretenir avec vous, si ça ne vous dérange pas. »