«
Plus je regarde cet endroit, et moins je comprends pourquoi tu aimes tant les regarder, Alastar... »
Depuis les passerelles surplombant les Cours, Alastar ne releva pas tout de suite. Debout au milieu des longues passerelles qui permettaient de rejoindre les différentes ailes du vaste palais des Magoa, il pouvait voir, en contrebas, le spectacle navrant et sinistre des corps enchevêtrés. Régulièrement, des panneaux s’ouvraient dans les coins, ouvrant la voie sur de sombres tunnels où des goules et autres serviteurs traînaient des corps nus pour les balancer dans la mêlée. Il s’agissait des âmes récupérées depuis les Limbes. Alastar pouvait entendre les soupirs, et sentait une odeur perpétuelle de crasse et de luxure qui s’échappait de cette immense orgie grouillante, crasseuse, et sale. L’odeur, il fallait bien dire, était infecte. Entre les corps en putréfaction, les déjections naturelles, et la sueur permanente, il y avait une sorte de cumul d’odeurs malsaines et nauséabondes.
La femme qui lui venait de parler,
Araxan, était une Succube qui se tenait depuis une terrasse en hauteur. Elle était une puissante Succube, un membre du clan Magoa, proche d’Onyxian, et une amante d’Alastar... Comme le reste des membres du clan. Le Diablotin releva la tête vers elle, et haussa les épaules.
«
Je me renseigne sur mes futurs partenaires... »
Araxan esquissa un sourire amusé et goguenard, les observant encore.
«
S’ils le voulaient, ces rats pourraient se lever... Le sexe les englobe et les inhibe. On a beau dire tout ce qu’on veut sur la grandeur et la civilisation des Humains, face à leurs pulsions sexuelles, ils sont aussi primitifs que des animaux. -
C’est notre lot commun, ma chère... Mais j’admets que l’odeur est particulièrement désagréable. »
Il s’écarta un peu, et Araxan lui expliqua ensuite que l’audience devant le Palingène avait été annoncé. Ils avaient quelques heures pour rejoindre le Palais Infernal, et Alastar était requis, dans la mesure où il avait été le premier à voir Shad. L’homme acquiesça donc. C’était prévisible... Belzébuth n’avait pas traîné, ce qui laissait entendre que ce qui s’était passé le préoccupait. Qu’est-ce que tout cela cachait ? Alastar l’ignorait, et n’avait pas spécialement envie de le savoir. Contrairement à Onyxian, il ne nourrissait pas de profondes ambitions. Son seul désir était de creuser son trou tranquillement, et de continuer à butiner des minettes. Tout le reste était secondaire.
Alastar retourna dans le palais, et s’occupa en couchant avec plusieurs esclaves.
Un quart d’heure avant l’heure du rendez-vous, Le Diablotin se retrouva dans l’une des pièces du vaste palais. Onyxian était déjà là, en compagnie de Shad... Et de personne d’autre.
«
Toujours aussi lent à venir, Alastar... -
J’avais quelques esclaves qui avaient besoin d’une correction disciplinaire... »
Onyxian ne se faisait aucun doute sur ce que cette «
correction disciplinaire » signifiait.
«
Nous allons rejoindre le Palais Infernal par un Portail, Shad, expliqua Alastar à cette dernière.
-
Même en volant, il nous faudrait des semaines pour rejoindre le Palais Infernal. Je suis étonnée que Belzébuth nous convoque si tôt... »
Alastar haussa les épaules. Onyxian se dirigea ensuite vers une orbe magique se trouvant devant un grand miroir. Elle posa sa main dessus, se concentra, et utilisa la magie à l’intérieur pour que le miroir s’illumine. La surface translucide se voila pendant quelques secondes, puis montra une autre pièce. Le trio passa par là, et rejoignit le Palais Infernal, Alastar à côté de Shad, Onyxian devant.
Ils débarquèrent dans une petite pièce en marbre, face à un escalier intérieur montant vers une porte à double battant. Onyxian grimpa, et, alors qu’elle marchait, des torches s’allumèrent à gauche et à droite, éclairant leur chemin. Ils arrivèrent ainsi dans une énorme et gigantesque cour, avec, droit devant, un massif palais composé de multiples tours pointues, de drapeaux flottant au vent, et, derrière ce palais, d’une paroi rocailleuse immense avec une cascade de lave qui coulait derrière. C’était une cour grandiloquente, dédiée à l’ego surdimensionné des Princes Infernaux.
À droite et à gauche de la cour, il y avait, entre plusieurs structures, des colonnes en marbre, et d’énormes statues, gigantesques, représentant tous les Princes Infernaux. Il y avait des démons ailés qui patrouillaient, ou des gardes au sol.
«
Bienvenue au Palais Infernal, Shad ! Structure centrale des Démons... Jadis, Satan dirigeait les Légions depuis cet endroit. En cette époque, cette grande cour, et les autres, abritaient les immenses Légions, et les structures pyramidales qui font le tour du Palais généraient d’immenses Portails permettant aux Légions de déferler dans les Plans Intermédiaires. Aujourd’hui, tout ce qu’il reste, ce sont des statues poussiéreuses et des cours vides. »
Le Palais Infernal était bâti au-dessus de rivières volcaniques, et, à travers les failles et les crevasses entre les cours, on pouvait voir ces dernières. Ils s’avancèrent le long de cette immense cour, jusqu’à rejoindre un massif perron, face à une immense porte, extrêmement longue, qui s’ouvrit lentement, en deux, dans un bruissement infernal, au fur et à mesure qu’ils grimpaient.
Une silhouette se tenait à l’entrée de ce Palais gigantesque...
Le Chambellan. Il portait une longue cape rouge, une armure, un casque recouvrant son visage, et un livre dans le creux d’une de ses mains.
«
Le Chambellan est le responsable des audiences devant Belzébuth... Une sorte de mélange entre un huissier, un greffier, et un Procureur, si tu veux un élément de comparaison. »
Le Chambellan était un démon qui avait toujours accompagné Satan, où il était alors un chroniqueur. On l’appelait aussi «
Le Rédacteur », car il était l’un des rares démons à écrire, et ces actes étaient recensées dans les entrailles du Palais Infernal. Le Chambellan était immensément fort, et masquait sa puissance continuellement.
«
Bien... Vous voilà. L’audience est presque complète. Shad Hoshisora, je présume ? »
Il avait tourné sa tête vers elle. Shad était alors nichée entre Alastar et Onyxian.