Depuis longtemps passé maître dans l'art des petits jeux de séduction, Vaelh savait parfaitement interpréter le langage du corps. Il le sentait d'ici : la peau de Madame s'embrasait lentement mais surement. Et ça n'était évidemment pas pour lui déplaire.
C'est dans un silence absolu que le Démon l'avait écouté. Pas un son ; pas même le moindre mouvement, du moins jusqu'à ce qu'elle s'installe devant sa coiffeuse. Habile, il parvint à rapidement exploiter l'angle du miroir pour anticiper ce coup d’œil que la jeune femme lui jeta. Il fit mine de ne rien voir à ce moment là pour ne pas la déranger dans son observation, se laissant volontiers dévorer du regard. Après tout, ça n'était pas comme s'il avait quelque chose à cacher. Si ?
Toujours en silence, il patienta le temps qu'elle rende ses plans plus explicites, frémissant d'inpatience lorsqu'il fut témoins des noirs préparatifs que la sorcière déployait devant elle. Il n'était pas bien sûr de ce qu'elle avait voulu dire par "achever" le tenancier... Réduire son corps en miette ? Son âme en lambeaux ? Servirait-il de sacrifice pour commander à de grandes puissances ? Cela semblait logique puisque ça constituait le "retour sur investissement" qu'avait été le petit numéro de charme au rez-de-chaussé...
Ou peut être qu'elle s'apprêtait simplement à donner à cet homme un coup de grâce d'une nature bien plus langoureuse ? Hautement improbable, mais sait-on jamais.
Quoi qu'il en fut Vaelh trépignait comme un jeune diablotin, persuadé que cette attraction qui allait suivre vaudrait la peine qu'il s'y intéresse. Il échafaudait déjà des théorie fabuleuses qui lui obnubilèrent tant l'esprit que lorsqu'il fut de nouveau attentif, il perçut un vague "commençons", avant de profiter de la silhouette dénudée de Salomée.
Du point de vu de Vaelh, la pudeur n'avait pas le moindre sens. La nudité intégrale d'une personne n'avait jamais affecté le Démon. Il avait vu nombre d'entités dans leur plus simple appareil et tout ce qu'il en avait conclu, c'était que les êtres conscient qui s'enorgueillissaient à trop se couvrir le faisait par désir de marquer une pseudo supériorité. Et quand ces mêmes êtres était mis à nu, ils devenaient les plus misérables des vermisseaux transis de honte.
Mais il arrivait que certaines créatures, grâces à leur charmes naturels, leur majesté, leur prestance, parvenaient à être d'autant plus royales à mesure qu'elles se délestaient de leurs atours. C'était rare mais saisissant, et coup de chance pour l'Incube, il profitait d'un tel spectacle rendu d'autant plus intéressant par le fait que l'attraction principale n'était pourtant qu'une humaine -c'est dire à quel point elle ne partait pas gagnante-.
Un trop vaste sourire satisfait et appréciatifs étira les lèvres du Démon, ouvrant toute la beauté de son visage comme les pétales d'une fleur s'épanouissant dans une lumière chiche pour révéler toute l'intensité de leur couleurs. Il se leva avec légèreté, n'essayant ni de toiser la jeune sorcière, ni d'afficher une attitude soumise, affirmant ainsi inconsciemment qu'il se tenait bien au delà d'un tel petit jeu ; ou qu'il avait la conviction que rien ne serait jamais au dessus de lui.
Alors souffla-t-il, ses murmures chargés d'une sincérité touchante et d'une note d'appétit :
- C'est très bien.Il sembla alors vaciller sur la gauche, son corps menaçant de s’effondrer sur lui même, avant de se déporter sur la droite et de profiter de son élan pour se mettre à décrire une lente valse à la grâce aquatique autour de Madame. L'aisance désinvolte avec laquelle il évoluait autour de la sorcière chatouillait l'air comme une caresse franchement indecente et éhontée, chargeant l'atmosphère du timbre de l'Incube ; ainsi, il semblait murmurer à l'oreille de la jeune femme depuis toutes les directions possibles :
- Mais que peut bien attendre exactement Madame ? Peut être...Faudrait-il que mon souffle filtre au travers de ta crinière
Devrais-je laisser planer ma paume
Écartant sur sa route ses pans de ténèbres
Vais-je me voir ordonner de te gratifier de
Pour s'échouer contre sa nuque ?
Toute ma présence en veillant à ce que mon corps épouse l'arrière du tiens ?
En une frustrante presque-caresse contre
L'étreinte de mes bras pour
Ton cou palpitant qui n'attend que mes lèvres ?
Souhaites-tu que je me montre plus vigoureux
Que je monte à l'assaut de
Qui jamais ne se concrétiserait ?
Brûles-tu d'éprouver la vigueur de ma
Ta poitrine frémissante ?
Pries-tu pour que mes doigts se laissent couler
Poigne autour de ces deux monts de chair qui se raidissent déjà des régals à venir ?
A la surface de tes cuisses pour en suivre
Le galbe élégant ?
La sensation d'entendre la voix chargée d'envie du mâle venir de partout avait quelques chose de déstabilisant, d'étourdissant, mais d’infiniment délicieux tandis qu'il exposait, superposait tous ces tourments qu'il pourrait bien faire subir à Madame.
Mais son petit manège n'était pas fini.
La chaleur magmatique de la peau de Démon vint flatter l’épiderme éprouvé de la jeune sorcière en une caresse éthérée tandis qu'il s'était mis à rôder au plus près d'elle. Seul l'épaisseur d'un cheveux séparait encore le couple. En expert, le mâle exploita cette proximité intime pour que ses murmures se fassent plus intenses, plus lourds de sens, passant parfois directement les tympans de la sorcière pour s'incruster dans son âme comme une idée qui y aurait germé :
- Mais je sens bien que Madame en voudrait bien plus que ça. Sans doute...Meurs-tu d'envie que se dessine contre ton fessier
Préfères-tu que je souligne que derrière tes airs de grande de ce monde
Le profil d'une évidente virilité qu'il te plairait
Tandis que je serais dans ton dos
Nourris-tu l'espoir que la légèreté de cette lingerie fasse écho à
La violence que je pourrais déployer pour t'en déposséder ?
De prendre en bouche ?
Te faire prendre par un mâle qui aurait le dessus sur toi ne te laisse pas indifférente ?
Tu me possèdes.
Réclames-tu la présence de mes lèvres contre les tiennes
Et tu le sais.
Exiges-tu que je t'attaque sur deux front
Une paume palpant ton sein gauche
Vaelh, se présenta-t-il un peu plus bas, malicieux
Toute ma personne t'appartient.
Espères-tu que je te fasse face pour mieux laisser glisser mes lèvres
Tu n'as qu'a te pencher et prendre ce que tu veux
T'impatientes-tu tandis que je me demande si je vais finir par m'agenouiller
En un étourdissant baiser qui ne prendrais fin que quand
Prendre ma chair.
De ta bouche à ta poitrine, la bombardant de baisers, de sucions ?
Rêves-tu de ma bouche toute entière occupée
Prendre ma vie.
A baiser ton étroitesse trempée ?
Et éprouver ta sensibilité du bout de ma langue ?
Attends-tu que je prenne les devant
Que je te fasse t'agenouiller pour remplir ta bouche de mon large pieux ?
Prendre ma raison.
L'autre fouillant cette fournaise qui te consumes déjà ci-bas ?
Devrais-je attraper cette crinière pour t'empêcher toute fuite lorsque
Prendre mon âme.
Le plaisir te secoue ?
Prendre mon membre à pleine main.
Je me défoulerait contre ton palais et ta langue comme s'il avait s'agit de ton sexe ?
Tout est à toi.
Tu n'as qu'a te pencher et le dévorer.
T'allonger et m'implorer.
Te faire plus étroite sous mes assauts
Abandonne toi.
Abandonne toi.
Abandonne toi.
Abandonne toi, Salomée.
*
**
Et tout cessa brusquement. A présent, la jeune sorcière pouvait se contempler devant le miroir de sa coiffeuse, sa chair vibrante, une grande main pâle immobile écrasée sur sa poitrine, l'autre sur sa cuisse tirant vers le bas sa lingerie fine. Il n'aurait fallu qu'un millimètre de plus vers le bas pour que son petit bouton de plaisir soit visible. Il n'aurait fallu qu'une once de pression supplémentaire pour que les doigts sur ses seins percent son coeur.
Et dans son dos, tout contre elle, se tenait le beau mâle poitrine nue, ses lèvres jouant avec l'un des lobes de la jeune femme.
Ses yeux d'or rayonnant fixaient le reflet de sa victime dans le miroir. Ou peut être qu'il fixait son âme meurtrie aux désirs mis à nu ? Non, il entrait lentement en elle, il marchait d'un pas lourd jusqu'à son âme pour s'arrêter aux portes de sa raisons et de sa pudeur. La sorcière pouvait le sentir : elle seule pouvait décider de s'ouvrir corps et âme au Démon.
Mais si elle s'y employait, elle pouvait être persuadée que ce dernier allait retourner sauvagement sa raison, pulvériser son âme jeter ses fragment haut dans le ciel pour qu'un soleil rouge passion viennent mettre en lumières ses fantasmes les plus inavouée, pour les assouvir.
D'un autre côté si elle refusait... Une telle chance se présenterait-elle à nouveau ?