Le Zodiac filait le long d’une grotte souterraine, faiblement éclairée par le trou dans la paroi qui permettait d’éclairer ce canal. Nathan continuait à piloter le hors-bord, dont l’allure avait décru, et il finit par voir une sorte de petite crique au bout du passage, avec un petit quai en bois.
« Tout ça ressemble à une ancienne cache de contrebande, commenta Sullie. Rapproche-nous, Nate, mais fais gaffe, il y a des stalagmites qui sortent du sol.
- Je sais piloter ce bébé, t’en fais pas pour ça. »
Le Zodiac se balança à gauche et à droite, et Nathan l’arrêta devant le ponton, puis grimpa sur ce dernier. Ils étaient dans une grotte, tout simplement, et il commençait à faire sombre, si bien que les deux sortirent leurs lampes-torches, et les enclenchèrent. Ils avaient amené un sac à dos comprenant du matériel, notamment deux pistolets, des Glock. Chacun en prit un, ainsi que quelques chargeurs. Les dernières explorations archéologiques de Nathan l’avaient amené à comprendre qu’il était toujours bon de se protéger un minimum. Silencieusement, les deux homes regardèrent ensuite les murs, ne voyant aucune peinture rupestre, aucun tatouage tribal. L’endroit semblait tout simplement complètement abandonné, à l’exception du ponton en bois, mais le chemin filait droit devant eux, dans une sorte de tunnel souterrain.
C’est par là-bas que le duo s’avança, Nathan transportant le sac à dos. Il y avait également, à l’intérieur, des baudriers, des cordes, des pitons... Du matériel d’escalade, en somme, ainsi que plusieurs gourdes d’eau fraîche, et quelques rations. Sans parler de son carnet de notes, bien entendu. Le duo s’avança pendant plusieurs minutes. On entendait le bruit de l’eau au loin, s’estompant progressivement, jusqu’à ce qu’ils empruntent un chemin qui était en train de monter. Une sorte de pente, parfois relativement raide, qui finit par les conduire à un mur en pierre.
« Hum...
- Sûrement un passage secret. »
Sullie tapa contre le mur, et constata, effectivement, que le son était creux, signe qu’il y avait de l’écho derrière. Il ne restait dès lors plus qu’à trouver le mécanisme, et Nathan finit par le repérer. Sullivan étudiait le mur, et Nathan analysa plutôt le décor, et finit par remarquer une stalagmite qui était différent des autres, pointant dans un sens différent. Il posa sa main dessus, et le tira en arrière. Il y eut un déclic, et le mur coulissa alors, leur permettant de rejoindre un couloir.
Nathan fila sur la gauche, et ne tarda pas à pénétrer dans une pièce immense. Un vaste hall à plusieurs étages, et plusieurs petits escaliers intérieurs, menant à une espèce d’énorme porte, en hauteur, au fond, et close. Plus troublant encore, il y avait, sur tout le rebord cette pièce, des espèces de grosses boîtes noires alignées les uns à côté des autres. Globalement, la pièce avait la forme d’un œuf, avec des espèces de grosses boîtes sur tout le pourtour. D’étranges lettres ornaient chacun des caissons, dans une langue incompréhensible pour Nathan.
« C’est quoi, ces trucs ? »
Victor se contenta de hausser les épaules en se rapprochant d’un des caissons. Il y avait une petite trappe dessus, comme pour voir ce qu’il y avait à l’intérieur. Il posa sa main dessus, mais, alors qu’il allait l’ouvrir, les deux entendirent alors les échos de coups de feu. Instantanément, Nathan porta la main à son Glock, et tourna sa tête vers Sullie.
« T’as une explication pour ça ?
- Elle veut dire quoi, cette question ?
- Je dois encore te rappeler l’Amazonie ?
- Putain, Nate, ce que tu peux être susceptible ! Pire qu’un gosse, je te jure ! Okay, j’avais perdu quelques dollars au poker... Et alors ? T’as jamais fait de conneries, toi, peut-être ?
- Jamais une qui...
- Tu tiens à ce qu’on évoque Londres ? »
Il n’y tenait pas vraiment.
« Je vais aller voir. Toi, couvre mes arrières, on ne sait pas sur quoi on va tomber.
- On devrait y aller tous les deux, imagine que...
- Tu me couvres, c’est tout !
- Okay, okay..., soupira Sullie. Foutu gosse… »
Un vrai chien fou. Sullie en oublia le caisson, et ce qu’il y avait à l’intérieur. Nathan se dépêcha de courir vers l’origine des coups de feu, tenant son Glock à deux mains. Il grimpa un long escalier en colimaçon, et ralentit progressivement le rythme, afin qu’on ne surprenne pas l’écho de ses propres pas. Il se mit à longer le mur, jusqu’à atteindre un couloir plutôt bien éclairé, avec des meurtrières sur la droite. Elles permettaient de voir le lac, mais il n’avait pas le temps d’admirer le paysage. Il continua à marcher, le dos légèrement courbé, et entendit alors des bruits au bout du couloir, dans un angle. Les bruits venaient de la gauche, et il se plaqua contre le mur, et tourna brièvement la tête.
Un groupe d’hommes en combinaison en cuir intégral entouraient une femme prostrée sur le sol. Nathan resta dans l’ombre, et put voir que la dame avait également du cuir sur le corps, tandis que les hommes l’entouraient.
« On a capturé une intruse... lâchait un homme dans son talkie-walkie.
- ...
- Non, identité inconnue, mais elle a des pouvoirs.
- …
- Vous croyez que ?
- ...
- Le plus prudent serait de l’abattre, Sire, mais...
- …
- Non, bien sûr, ce n’était qu’une hypothèse, mais…
- ...
- Il y a des manifestations magiques ici, oui, mais la source est... »
Ils étaient bien armés, ce qui laissait entendre des professionnels. Nathan s’avança un peu, accroupi, faisant le moins de bruit possible. Ils en comptaient six, leur chef discutant. Impossible de s’approcher. Nate se dissimula dans un abri, mais constata vite qu’il ne pouvait rien faire pour cette fille depuis sa position. Il n’avait qu’un petit Glock, et il n’était pas Lucky Luke. Il remarqua que l’un des six hommes avait sorti une espèce d’appareil ressemblant à un compteur Geiger. Il se mit alors à biper, tandis que celui qui discutait abaissait son talkie-walkie.
« Monsieur ! Il y a des interférences à proximité !
- Ça doit être elle. Gemmins, surveillez cette fille, il ne faut pas que l’anomalie nous échappe ! »
Gemmins hocha lentement la tête, et les cinq autres s’éloignèrent en courant. Nathan tenait sa chance. Il vit l’homme sortir des menottes adhésives, tout en se rapprochant de la femme, prostrée sur le sol.
« Hum... Les sorcières sont décidément sacrément bonnes... Ils en ont sûrement pour vingt bonnes minutes. Ça nous laisse le temps de s’amuser, toi et moi, poupée... »
L’homme ne put résister à la tentation de caresser le buste qui était offert, et posa ensuite ses mains à l’emplacement des seins de la femme. Il pressa un peu... Et se reçut un solide coup de crosse derrière la nuque.
« Navré, mon pote, mais, s’il y a un homme qui touchera à ce corps-là, ce sera moi » grommela Nathan.
Il se pencha ensuite vers la femme. Elle avait l’air plutôt bien sonnée... Il passa un bras derrière sa nuque, et la souleva, se disant que ce serait mieux pour elle que de la porter comme un sac de patates sur l’épaule. Nathan s’écarta alors prudemment, s’avançant dans le couloir, traînant la femme, jusqu’à atteindre une autre pièce, où il la posa délicatement sur le sol.
« Oh ! La belle au bois dormant, réveillez-vous ! Ce n’est pas une place totalement sûre par ici ! Allez, debout, chérie ! »
Comme pour l’aider à se réveiller plus vite, il lui donna de petites gifles sur chaque joue.