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[FINI] A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]

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Shad Hoshisora

Terranide

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Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]

Réponse 15 samedi 01 mars 2014, 17:36:13

L’excuse du thé semblait être un bon alibi pour explorer un peu plus les environs du manoir. Sans pour autant  prendre trop de temps, ce qui aurait comme effet  de réduire tous leurs efforts à néant. L’Okami aurait donc comme tâche de visiter aussi rapidement que possible le plus de pièce qu’elle serait capable, sans éveiller les soupçons et cela, dans un temps imparti. Enfin, pour sa part, la Terranide aurait pensé que la dite cuisine se trouverait un peu plus  à l’écart de la présente salle et non juste à côté. La Louve cacha son désarroi, comprenant qu’il faudrait trouver une autre idée.

Idée qui fut gracieusement offerte par le maître du manoir lui-même. La lycane l’observa un instant, clignant des yeux, avant d’hocher la tête en signe d’affirmation.  Tournant son regard vers les deux femmes, la Louve attendit leurs accords avant de pouvoir prendre la parole et répondre à la demande de Mandus.

« Non Monsieur Mandus, cela ne me gêne pas le moins du monde. Au deuxième étage c’est cela ? Je vais d’abord préparer le thé et je vous rapportez votre dossier »

S’éclipsant, la Lycane fila en premier lieu vers la cuisine comme elle l’avait indiqué. Au préalable, elle n’avait pas oublié de demander quelle concoction elle devait préparer pour chaque personne présente. Le thé est une boisson aux nombreuses arômes et certaines de ces dernières étaient plus préférées par certains.  L’eau sur le feu,  Shad cherchait les trois sachets d’arômes qu’on lui avait commandés, soupirant doucement. La pièce où elle se trouvait était juste à côté de la salle à manger et sur le peu de trajet qu’elle avait pu faire, elle n’avait rien vu d’éloquent.

La seule chose qui persistait pour l’instant était cette odeur de sang, de mort, de peur et ce faux problème de locomotion de la part de Monsieur Mandus, mais cela n’était pas encore suffisant. Non, il fallait plus, ou au moins un élément important pouvant le lié à ce meurtre horrible et à cette abomination.  La lycane songea qu’elle trouverait tout cela en montant à l’étage, ou du moins elle l’espérait.  Elle darda par la suite la casserole d’eau qui refusait de bouillir, l’eau frémissante à peine.

La Terranide émit un léger grognement, claquant des doigts, renforçant  ainsi la flamme pour que l’eau soit plus rapidement à la bonne température.  L’effet escompté survint et le thé put être servi plus rapidement. Avec précaution, la domestique royale versa le liquide bouillant dans trois tasses différentes disposées sur un plateau d’argent. Chacune des tasses se mirent à dégager des arômes propres  au choix du thé choisi plus tôt.

Mettant le plateau à plat sur une main, le tenant ainsi en équilibre, la Louve rejoignit la pièce adjacente, allant vers chaque personne présente pour que ces dernières prennent leurs tasses. Bien entendu, elle n’avait pas besoin de leur préciser de faire attention au risque de se brûler, quoique, cela aurait pu être comique dans un certain sens.  Il ne lui restait plus qu’à chercher ce fameux dossier. Retournant dans la cuisine, la lycane y déposa le plateau vide avant de se rendre dans le hall d’entrée, là où se trouvaient plusieurs gardes.

« Hmm, est ce que l’un d’entre- vous pourrez m’accompagnez à l’étage ? »

Petit moment de flottement. La Terranide observait les gardes royaux en attendant un volontaire et crû au bout de quelques secondes qu’elle devrait s’y rendre seule. Finalement, et par chance, l’un des gardes s’avança, se proposant pour l’accompagner. Il fallait avouer que ce manoir ne donnait aucune envie de s’y aventurer plus en avant. Shad remercia le garde avant de monter les marches d’escaliers, parvenant au deuxième étage. Poussant la double porte, elle pénétra dans l’aile principale de cet étage, cherchant le bureau de Mandus.

La décoration était tout aussi sobre que celle du bas. Des tableaux des anciennes expéditions de Mandus, une espèce de tapis rouge sur le sol, quelques statues posées ici et là le long des corridors. Rien qui pouvait mettre la puce à l’oreille.  Pénétrant finalement dans le bureau, la Terranide se figea un instant. Pile face à elle, sur le mur au-dessus du bureau se trouvait quantité de masques tribaux. Des masques représentants chacun un animal, mais celui qui attira le plus l’œil de Shad fut le masque représentant un cochon.

Ce dernier ressemblait trait pour trait au masque porté par l’individu sur le toit.  Le doute n’était ainsi plus permis. Il ne lui resterait plus qu’à redescendre avec le fameux dossier et patienter jusqu’au départ pour faire part de ce qu’elle avait découvert à la Reine. S’approchant du bureau, la Terranide fut parcouru d’un léger frisson en observant une nouvelle fois les masques avant de s’emparer du dossier mentionné.

« C’est bon on peut descendre, je l’ai trou….Euh…Vous êtes passés où ? »

Le garde  qui était censé l’accompagner n’était plus là et la Terranide ne pouvait croire qu’il s’était simplement égaré. Mettant le dossier sous le bras, elle se mit à regarder la porte du bureau, s’attendant à entendre un bruit ou à voir une silhouette. Pourtant, ce qu’elle ne savait pas, c’était qu’elle regardait dans la mauvaise direction.

Elena Ivory

Humain(e)

Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]

Réponse 16 dimanche 02 mars 2014, 01:39:51

Thibault Gwyndwÿn ne partageait pas le patriotisme exacerbé de son supérieur, Grégoire de Montmirat. Ce garde royal, qui était également un chevalier, avait des origines métisses : père humain, mère elfique. Sa mère était une Haute-Elfe venant de la Sylve, qui avait, il y a une trentaine d’années, participé à un voyage vers Nexus. C’était une érudite, qui était venue participer à un colloque à l’académie magique de Nexus. Elle y avait rencontré son père, qui était aussi magicien qu’un vieux clou. Comment ces deux-là avaient fini par tomber amoureux l’un de l’autre, c’était là l’une des plus grandes énigmes de ce siècle : sa mère avait pour elle le mépris classique des elfes à l’égard des humains, mais elle était suffisamment curieuse pour avoir été à Nexus. À cette époque, les grandes discussions portaient toutes sur l’esclavage, que le Lion entendait abolir. C’était un sujet très à la mode, et Thibault soupçonnait que son père avait du appâter l’elfe sur ce point, les elfes étant un peuple plus hostile que les autres à l’asservissement. Il avait décidé de devenir un chevalier pour honorer la mémoire de son père, qui était mort lors du naufrage du Royal’s Wings, et s’était avéré plutôt doué dans cet art.

Comme les autres gardes, il savait que la petite Terranide n’était nullement une servante royale, et il ressentait naturellement une certaine forme de méfiance à son égard. Thibault n’avait pas confiance, mais il était suffisamment intelligent pour garder pour lui ses soupçons. Un ordre de la Reine ne souffrait aucune contestation, et cet homme était encore suffisamment fidèle à ses serments pour se rappeler ce sacro-saint principe. Il grimpa donc à la suite de la Terranide. Si la Terranide ressentait une odeur de mort, lui sentait que cet endroit était dangereux... Comme une intuition, un sixième sens. Une menace insidieuse rôdait ici, entre ces murs. Le chevalier le sentait. Cet endroit n’était pas sain.

Entre-temps, dans le salon, Oswald continuait à discuter, tout en rembourrant parfois sa pipe quand le tabac commençait à manquer.

« ...Connaissez-vous le père Lamb, Majesté ?
 -  Ce nom ne me dit rien », avoua Elena.

Il esquissa un léger sourire contrit, comme s’il s’attendait à cette réponse.

« Il dirige une église proche de mon abattoir. Je vous le confesse, c’est en partie à cause de lui que je dois cette réputation de mécène. C’est une belle église. Avant que ce quartier ne tombe en décrépitude, les touristes venaient admirer la richesse des vitraux. Lamb continue à l’exploiter, et cette église représente un sanctuaire et un havre de paix. »

La Reine acquiesça légèrement. Honnêtement, elle ignorait tout de cette histoire, ou du père Lamb. Nexus comprenait des milliers d’églises, au bas mot. C’était une ville si vaste qu’elle comprenait plusieurs diocèses, ces derniers correspondant, plus ou moins, aux circonscriptions administratives datant de l’époque où Nexus comprenait plusieurs cités. Elle avait déjà du mal à se souvenir du nom des évêques de Nexus, les simples prêtres officiant une charge ecclésiastique lui étaient méconnus.

« Je me permets de vous le signaler, car, dans le cadre de votre visite, je pense qu’il pourrait être judicieux pour vous de vous y rendre. Père Lamb et moi sommes de vieux amis, et c’est en partie à cause de lui que j’ai pu financer mon abattoir. Voyez-vous, il offre ses locaux pour permettre de loger mes ouvriers les plus démunis, dans la limite de ses moyens. C’est un homme fort simple, mais je suis convaincu qu’il sera très honoré d’accueillir la Reine dans la maison dont il a l’intendance. »

La Reine réfléchit brièvement, étudiant cette idée.

« Et bien, ma foi, je ne vois aucune raison de m’y opposer. Ce sera pour moi l’occasion de prier pour le bien-être de tous ces individus à qui vous offrez généreusement un emploi. »

Oswald en sembla ravi. Thibault, quant à lui, choisit de se poster dans le couloir, et s’avança vers le parapet. En contrebas, tout en bas, il pouvait voir les autres gardes. Certains étaient toujours debout, disciplinés, tandis que d’autres avaient commencé à s’asseoir. Depuis sa position, Thibault pouvait voir les superbes lustres qui étaient au plafond. On y avait installé des bougies. Les lustres étaient fixés sur des espèces de rampes de glissement, ce qui permet de les amener à hauteur du couloir, d’où on pouvait changer les bougies. Thibault se fit la réflexion que cet Oswald devait passer bien du temps à entretenir les bougies, mais il avait spécialement choisi des bougies enchantées. Elles duraient bien plus longtemps.

L’homme entendit alors un choc sourd venant de la droite, et porta sa main à son arme à sa ceinture, une élégante épée. C’était comme si un objet était tombé, et il s’avança dans l’embrasure du couloir. Un tapis rouge recouvrait le parquet, s’enfonçant dans un couloir plongé dans la pénombre. Le chevalier hésita un peu. Il y avait beaucoup de poussière, des portes fermées, et il entendit alors une porte grincer faiblement, comme si elle essayait de s’ouvrir. En s’avançant un peu, il vit alors une porte entrouverte sur sa gauche, au fond du couloir, qui remuait lentement. Le chevalier décida de se rapprocher. Cette maison l’intriguait, et i voulait se renseigner. De toute façon, il n’y avait personne, ici, et, que diable, il n’allait pas se laisser impressionner par des ombres.

*Je suis garde royal, pas un vulgaire pêcheur.*

Pendant ce temps, Shad eut la surprise de constater que son garde du corps n’était plus là. Si elle était partie sur sa droite, elle l’aurait probablement vu en train de s’enfoncer dans le couloir, mais, alors qu’elle regardait la porte du bureau, il y eut du mouvement dans son dos... Ce fut comme si un petit individu, à peine plus grand qu’un gnome, venait de sortir sous le bureau. Il courut rapidement vers Shad, et attrapa brièvement sa queue.

« Touchée ! s’exclama l’apparition d’une voix enjouée et enfantine. C’est toi le chat ! »

Ce qui s’apparentait alors à un enfant se mit à filer hors du bureau, et partit sur la gauche en gloussant. Il avait de longues chaussettes rayées, un long caleçon bleu, et une élégante veste pourpre sur le corps. Si on allait dans le couloir, on pourrait voir qu’il n’était plus là, mais l’écho de ses pas résonnait sur la gauche.

Vers un escalier qui filait au grenier.
DC d’Alice Korvander.

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Shad Hoshisora

Terranide

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Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]

Réponse 17 dimanche 02 mars 2014, 18:54:28

Le dos contre le bureau de Mandus, la Louve fixait un instant la porte servant d’unique accès en guide d’entrée ou de sortie. A vrai dire, elle ne pensait pas que quelque chose pouvait sortir de la pièce où elle se trouvait, mise à part elle-même, mais plutôt qu’elle pourrait voir ou entendre quelque chose venait de l’extérieur. Tous ses sens aux aguets, la lupine attendait, nerveusement cela va s’en dire.  Plus elle restait dans ce manoir et plus cette dérangeante sensation ne faisait que s’accroître. De plus, le garde qui était censé l’accompagner s’était écarté et au vue de la taille du manoir, il n’était pas aisé de de s’y retrouver sans se perdre.

La louve tressaillit, sa queue se hérissant dans la main du petit être qui venait de l’agripper par jeu.  Ses oreilles se relevèrent également, secouées par une légère vague de frisson.  Faisant rapidement volte-face, la Terranide n’eut le temps que de  voir une petite forme,  une silhouette ressemblant à un enfant partir rapidement vers le couloir.  Ceci était bien étrange d’autant plus qu’aucune âme ne devait vivre en ces lieux, mise à part celle du propriétaire de l’abattoir.

Méfiante, la Lycane s’approcha de la porte, l’ouvrit et regarda d’abord à sa droite et à sa gauche dans le couloir. Cette dernière vérification lui permit de voir la silhouette de l’enfant, courant au loin dans cette même direction, riant gaiement.   Shad huma un instant l’air, à la recherche de l’odeur du garde, cette dernière partant également vers la gauche. Si elle voulait retrouver  le garde et tirer cette  histoire au clair, elle n’avait pas d’autre choix que de virer à gauche. Et c’est ce qu’elle fit.

Le dossier sous le bras, la Louve  partit au pas de course dans ce long couloir à l’allure très peu engageante.  Les faibles bougies posées ici et là ne parvenaient pas réellement à l’éclairer de manière correcte et les flammes vacillantes faisaient naître de par leurs ombres, certaine silhouette  les unes plus incongrues que les autres. Pourtant, ce simple petit effet de lumières et d’ombres ne stoppait pas la Louve, elle devait tirer les choses au clair, quitte à s’attirer d’autres ennuis. Après tout, n’était-elle pas là pour observer plus en détails le manoir à la recherche d’indice ? Et cette apparition, plus qu’anormale n’en était-elle pas un ?

Les pas de la Terranide la menèrent devant un escalier. Posant son pied sur la première marche, un grincement strident  put se faire entende. Niveau discrétion, il y’avait mieux, mais il était fort peu probable que quelqu’un l’entende, à part le garde qui restait introuvable.   Montant les marches deux par deux,  Shad souleva par la suite la petite trappe, atteignant le grenier, s’y engouffrant.

A une certaine époque,  l’Okami aurait avancé les mains contre son corps, dans une posture lui permettant de toucher le moins d’éléments possible au risque de sentir une toile d’araignée ou même l’une de ces tisseuses par simple peur. Mais cette époque était révolue et la Terranide marchait avec prudence néanmoins dans ce vaste grenier.  L’air dans ce dernier était humide, renfermé et brouillait quelque peu l’odorat de la lycane. Afin de s’y retrouver, elle n’avait d’autre choix que de faire confiance à son ouïe et sa vue.  Encore une fois, elle interpella le garde, mais n’eut comme réponse que le silence.

Du moins,  ce fut avant qu’un autre rire d’enfant se mis à retentir. Les murs du grenier faisaient office de caisses de résonnance et le rire semblait venir de tous les coins. Grognant, la Terranide jugea cependant qu’il serait plus avisé de redescendre au rez-de –chaussé, elle espérait également y retrouver le garde. Mais elle ne pouvait rester plus longtemps. Arès tout, elle en avait assez vu.  Reprenant le chemin inverse et s’apprêtant à redescendre par l’escalier du grenier, la Louve eut juste le temps de sentir une main lui attraper fermement la cheville et la tirer en arrière. Ce petit mouvement eut pour effet de lui faire perdre l’équilibre et la fit choir tête en première sur le sol.

Reprenant peu à peu ses esprits, Shad put entendre comme un petit déclic venant d’un recoin du grenier et  au moment où elle tenta de se relevait, la Louve reçu un violent coup derrière la tête, un coup qui la plongea dans les ténèbres de l’inconscience sous le rire joyeux d’un petit enfant. Et le fameux dossier  fut lâché par la Terranide, tombant au pied des escaliers menant au grenier.
« Modifié: dimanche 02 mars 2014, 19:07:57 par Shad Hoshisora »

Elena Ivory

Humain(e)

Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]

Réponse 18 lundi 03 mars 2014, 01:56:16

C’était une simple fenêtre entrouverte. Depuis cette dernière, on pouvait voir, au loin, la mer. Le vent maritime avait écarté cette fenêtre, et la porte devait probablement être ouverte. Lentement poussée par les courants d’air, elle claquait contre la clenche, sans se refermer. Thibault se sermonna d’être aussi superstitieux, et se permit d’étudier un peu la pièce. Elle n’était pas bien grande, comprenait quelques meubles, ainsi que des objets encombrants, recouverts par des bâches. La tentation était grande d’écarter les bâches pour voir ce qu’il y avait dessous, mais il savait que Monsieur Mandus était un explorateur, et un collectionneur aguerri. Il ne trouverait probablement rien d’autre que des objets tribaux que l’homme avait acheté il y a des années. Il aurait tout à fait pu ne pas voir le tableau. Il se dirigea vers la fenêtre, et la referma lentement, non sans se permettre d’observer la zone. En contrebas, il y avait l’épaisse grille noire pointue qui entourait la propriété. Le vent était frais, et il referma la fenêtre, avec l’intime conviction de devoir retourner devant le bureau. La Terranide risquait de s’inquiéter, et il ne devait pas la laisser sans surveillance.

Il aurait pu retourner sans problème vers le bureau. Parfois, les choses les plus grosses étaient celles qu’on ne voyait pas, et, sur sa gauche, trônait un tableau géant. Un tableau étrangement dérangeant, curieux, qui semblait être une ode à la démence. Il lui aurait suffi d’aller tout droit, de se laisser distraire par quelque chose. Ses problèmes amoureux, par exemple. Sa mère ne cessait de le lui dire : Thibault, il était temps que tu te trouves une dame, et que tu assures la descendance. Elle pensait qu’il était encore vierge, ce qui était amusant, et témoignait bien de cette naïveté dont les mères, surtout elfiques, pouvaient faire preuve. Ce dont Thibault était sûr, c’était qu’il n’avait aucun bâtard. Il n’avait jamais été dans un quelconque harem, et avait offert sa virginité à une autre soldate, Johan. Un excellent souvenir. On disait les elfes gauchots avec leur appareil, et il fallait croire qu’il tenait là plus de son père que de sa mère. Il hésitait à se demander si c’était sérieux avec Johan ou non, une question qui le turlupinait. Il aurait pu penser au physique de Johan, à sa plastique éblouissante, à ce sourire éclatant qu’elle lui offrait quand elle le voyait, mais, au lieu de ça, il ne pensait qu’au manoir... Et c’est ainsi qu’il vit le tableau.

Muet, interdit de stupeur, pendant de longues secondes, il ne sut quoi dire, hésitant à se demander ce qui semblait le plus incongru dans cette grosse peinture murale.


La scène, manifestement, représentait une mère en train de donner le sien à son enfant. Un bébé au visage méconnaissable, mais elle avait découvert l’un de ses seins. Elle fixait le spectateur avec un regard de démente, et, surtout, arborait dans la main un poignard, et était en train de préparer une curieuse mixture. Thibault voyait une jambe de bébé en dépasser, et, sans pouvoir se l’expliquer, ressentit un frisson. Malsain. Voilà comment il qualifierait cette œuvre.

Il n’y avait aucune trace de signature sur cette dernière, et il ne pouvait détacher les yeux de cette femme. Elle avait deux pupilles noires, les sourcils relevés, comme si elle était en train de rire aux éclats. Est-ce que le peintre voulait amener le spectateur à rire avec elle ? Fallait-il y lire une sorte de plaisanterie sur la banalité de la vie ? Sur le fait qu’on ne vivait que pour mourir, et que, partant de là, l’absurdité était la principale chose caractérisant cet univers ? Thibault ne savait pas comment interpréter une telle œuvre. Le peintre qui l’avait faite était-il fou ? Ou censé ? Il chercha une trace d’une quelconque signature, mais n’en trouva aucune.

Il entendit alors un choc sourd venant du plafond, et releva la tête, s’arrachant à la contemplation hypnotique de ce tableau. Thibault sortit, et retourna vers le bureau. Comme il s’y attendait, la Terranide n’était plus là. Était-elle redescendue ? Il s’approcha du rebord, et pencha sa tête dans le vide, observant les gardes en contrebas. Aucune trace de la Terranide. Il ne l’avait pas vu dans le couloir, et partit sur la gauche.

« Shad ? Shad ? »

Lentement, lez garde s’avança dans le couloir, et crut alors entendre un rire. Sans pouvoir se l’expliquer, il était subitement aussi nerveux que tout à l’heure, quand il avait commencé à s’aventurer dans le couloir, et l’image de cette femme riante continuait à le hanter. Il se rapprocha de l’escalier, et observa alors, surpris, un empilement de papiers sur le sol. En se penchant, il put voir une feuille d’un acte notarié décrivant une partie de l’immeuble.

L’escalier montait vers le grenier, et il grimpa lentement, sentant les marches craquer sous ses bottes. L’escalier décrivait un angle menant à une porte, ouverte, et il aperçut un bras qui pendait. Inquiet, l’homme se pressa davantage et vit, étalée sur le sol, couchée sur le ventre, la Terranide. À ses côtés, il y avait une lampe. Sur la droite, un gros meuble.

« Hey, petite, petite ! »

Il la secoua légèrement, se flagellant à nouveau pour sa stupidité. La raison revenait à lui. En ouvrant la porte, la Terranide avait du faire tomber la lampe, et elle lui était tombée dessus.

Une forte odeur de renfermé régnait dans ce grenier, signe que son propriétaire ne devait pas y être allé depuis belle lurette.

« Tu vas bien ? Tu t’es pris cette lampe sur la tête, je crois bien... »

Ils étaient dans une petite pièce avec aucune porte visible... De fausses cloisons, naturellement, car cette pièce était beaucoup trop petite pour correspondre à la superficie du grenier.

« Qu’est-ce que tu es venue faire par ici ? » demanda-t-il lentement.
DC d’Alice Korvander.

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Shad Hoshisora

Terranide

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Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]

Réponse 19 lundi 03 mars 2014, 17:59:14

L’Okami se réveilla avec  quelques difficultés, se sentant légèrement secouée par le garde. Le corps et l’esprit ne réagit pas immédiatement, encore sous l’emprise de son précédent état. Chuter et tomber une fois dans l’inconscience, vous verrez bien dans quel état vous vous trouverez après cela, sans doute pas au meilleur de votre forme dès les premières secondes. Et comme si elle venait de se réveiller d’un horrible cauchemar en pleine nuit, la Louve sursauta face au garde, son cœur manquant un battement, ses oreilles et sa queue s’étaient hérissées face à une menace qui n’était pas là.

« Ha hem…Désolé. »


Portant sa main à son front, l’Okami  massa ses tempes avec son pouce et son index par quelques mouvements circulaires.  Elle devait remettre ses idées en place et vite.  Tournant son visage, elle observa à nouveau la pièce où elle se trouvait, apercevant la dite lampe que venait de mentionner Thubault.  L’observant un court instant, la lupine fut prise d’un doute. Elle n’avait aucun souvenir quant à cet objet et avait plutôt le pressentiment qu’il avait été déposé là, à côté d’elle, juste après sa chute.

« Tu ne me croirais pas, mais j’ai suivi une sorte de…gamin filant vers cet endroit et il me semblait que tu étais aussi partit dans cette direction…. »

Il l’avait tutoyé, elle fit donc de même. Après tout,  elle ne devait parler qu’avec une certaine retenue à la Reine et ici, elle ne risquait nullement de se faire entendre par Mandus.   Posant ses mains à plat contre le parquet du grenier, la Louve pris appuie sur ses dernières et se releva, avant de s’abaisser et de saisir la lampe, la regardant en silence, avant de la poser sur le bureau situé juste derrière eux.

« Je ne crois pas que je me suis cognée contre cette lampe, je me rappelle d’avoir été..agrippée par quelque chose à la cheville…Enfin, quittons cet endroit, j’en ai assez vu et je n’aime pas ce manoir…Toi non plus non ? »

Qui serait assez dément pour apprécier ce lieu si froid ? Si morbide ? La Terranide descendit donc du grenier suivit par le garde royale. En bas, elle ramassa le dossier, le remettant en place, soufflant un peu dessus pour retirer la poussière qui était tombée sur les feuilles. Décidemment, ce manoir était bien lugubre.  Shad se retourna un instant, observant le grenier, se demandant si quelque chose n’allait pas surgir de ce dernier. Mais rien ne vint.   Par chance.

Il était donc temps de retourner dans la salle de séjour. Sur le chemin du retour, l’attention de la lupine fut attirée par le même tableau qui avait rendu confus Thibault.  Tout en observant, un léger frisson la parcouru, cette œuvre, si autant on pouvait la nommer ainsi,  avait tout d’une peinture crée par un dément.  En la contemplant, ce n’était pas la  paix qu’on peut retrouver en  observant une œuvre mais bel et bien une certaine angoisse, un certain malaise.

« Ce Mandus a vraiment des goûts….Enfin… »

Shad détourna ses yeux de cette œuvre « macabre »  redescendant au rez-de-chaussée.  Au pied des escaliers, elle remercia une dernière fois  Thibault. Prenant une petite inspiration pour se remettre dans la peau du personnage qu’elle devait jouer, elle se dirigea par la suite vers la salle de séjour, s’excusant pour son retard, donnant le dossier à la personne qui l’avait chargé de le chercher. Par la suite, elle se mit debout, à l’endroit où elle se trouvait précédemment, près de la Reine, les mains jointes calmement derrière son dos. La Louve extérieurement adoptée une altitude sereine mais elle n’avait qu’une envie : Sortir d’ici et faire part de tout ce qu’elle avait vu à la Reine et sa seconde.

La Terranide se demandait également si Thibault avait été témoin de phénomènes tout aussi étranges.  Elle aurait pu bien sûr rester dans le grenier et mener une petite enquête, mais son choix de retourner dans la salle de séjour lui avait semblé le plus approprié. De plus, cela aurait pu durer un bon laps de temps, ce qui aurait pu éveiller les soupçons du maître du manoir. Et indirectement, la Louve sentait que ce grenier cachait bien plus de choses qu’il n’en montrait.  Par ailleurs, en cet instant, elle préférait être ici au lieu de se jeter dans la gueule du loup et se retrouver à nouveau dans une belle galère.

Silencieuse, elle écoutait d’une oreille la discussion, restant disponible pour toute demande qu’on lui conférait.  Comme  la bonne domestique qu’elle devait être.

Elena Ivory

Humain(e)

Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]

Réponse 20 mardi 04 mars 2014, 01:57:32

[HRP. – Je l’affiche ici, maintenant que j’ai trouvé une image potable : voici l’apparence d’Oswald Mandus.]

Qu’elle le tutoie étonna un peu Thibault. C’était comme si elle était du même rang que lui... Certes, il l’avait tutoyé, mais il se voyait mal vouvoyer une esclave, ou, à défaut, une servante. Néanmoins, il eut la sagesse d’esprit de ne faire aucune remarque désobligeante à ce sujet. Il avait de toute façon l’esprit assez préoccupé comme cela, et était bien d’accord avec un point : il était temps de partir. La Terranide lui expliqua qu’elle avait le sentiment que quelqu’un l’avait tiré, mais Thibault ne voyait aucune cache dans cette pièce étroite... Cependant, il était possible qu’il y ait un quelconque dispositif caché. Quoiqu’il en soit, Thibault était également pressé de partir d’ici.

« Enfin, quittons cet endroit, j’en ai assez vu et je n’aime pas ce manoir…Toi non plus non ?
 -  Pas vraiment, non... J’irais même jusqu’à dire qu’il me fiche les jetons. »

Encore cette peur irrationnelle qui revenait. Ce manoir était-il donc hanté ? On disait qu’il avait connu la mort de deux enfants, ainsi que de leur mère. Il y avait là un potentiel émotionnel fort suffisamment fort pour déclencher des réactions magiques. Thibault savait que les fantômes hantaient généralement les vieilles maisons parce qu’elles étaient chargées en émotion. Or, la magie, avant d’être une question de raison, d’apprentissage, restait fondamentalement une affaire de passion. Des choses s’étaient terribles avaient eu lieu dans ce manoir, et cet antre le montrait. Thibault frissonna donc, et redescendit en contrebas. Il aida la Terranide à regrouper les documents, et, en s’avançant le long du couloir, les deux virent alors ce que Thibault n’avait pas vu : un autre tableau, dans le couloir, similaire à celui qu’il avait vu dans la petite pièce.

Un nouveau frisson le traversa à nouveau en contemplant cette œuvre dérangeante. Il était sûr que cette femme tuait ses enfants pour les manger. Une sorcière. Ou une démente. Et, maintenant qu’il le regardait plus attentivement, il voyait des espèces de lignes filant le long du cou du bébé, et en vint à se demander si cette créature sur les jambes de la femme était toujours en vie. De même, n’y avait-il pas du sang au bout de son poignard ? Il s’y arracha à nouveau, pressant le mouvement, redescendant au rez-de-chaussée, et laissa la Terranide filer vers Mandus et la Reine.

« Et ben, mon vieux Thibault, on dirait que tu as vu un fantôme ! lâcha l’un de ses camarades.
 -  Je crains fort que tu n’en sois pas si éloigné... »

Quand Shad rejoignit Adamante, Elena, et Oswald, ce dernier était en train de leur expliquer comment il s’était retrouvé à boiter.

« C’est là l’une de ces ironies dont le sort a le secret, en réalité. J’ai traversé le monde de part en part, j’ai affronté d’horribles bêtes, des créatures ignobles, vu des autochtones xénophobes et cannibales... Et, pourtant, c’est un banal accident d’escalier dans mon entreprise qui m’a luxé les os. Ironique, vous dis-je ! Ah, mais je parle, je parle, et je ne remarque pas que votre charmante majordome nous a amené le thé. Je vous remercie, ma chère. »

Elena la remercia également, trouvant que la jeune femme avait pris son temps. Elle avait du en profiter pour fouiner un petit peu. Elle déposa le thé, et chacun prit une tasse, tandis qu’Oswald leur montra le dossier.

« Vous connaissez sûrement Maître La Volace, chère Adamante, puisque vous fréquentez le Centaur Club. C’est un notaire, et c’est à lui que je me suis adressé pour organiser la succession de mon bien. Voyez-vous, le père Lamb est membre d’une organisation, un ordre religieux : le chapitre des Hospitaliers de Nexus. »

Les Hospitaliers étaient un groupe religieux très populaire au sein de la population, en ce sens qu’ils juraient d’accomplir un service particulier auprès de la population bénie, se tournant généralement vers les plus faibles et les plus démunis : pauvres, malades, réfugiés de guerre... Ils étaient la facette positive de l’Ordre Immaculé, une facette que des organisations comme l’Inquisition avaient tendance à masquer. L’ordre des Hospitaliers se divisait en une multitude d’ordres, qu’on avait pour coutume d’appeler « chapitres ». Le Chapitre de Nexus était un ordre très connu pour son bénévolat, officiant énormément dans les bas-fonds. Tekhos avait également son chapitre, qui officiait dans les ghettos de mâles, et, de ce qu’Elena en savait, il était très mal vu de s’en prendre aux moines hospitaliers. Pour certains, l’origine de leur nom faisait référence à une ancienne prérogative militaire datant des nations antiques, l’hospitalitas. En temps de guerre, et dans des circonscriptions administratives bien précises, cet ordre obligeait la population civile à héberger en son sein les militaires. Les anciens coutumiers indiquaient aussi que, généralement, les troupes allaient dans les grandes propriétés, et s’entendaient avec le propriétaire foncier pour qu’il leur attribue une partie de ses terres, le temps de leur passage. L’hospitalitas était fondé sur la paix et sur la sécurité juridique des citoyens, afin de leur éviter d’être pillés par leurs propres soldats, et, de manière plus générale, sur la nécessité d’entraide et de solidarité au sein de la population.

Mettant fin à cet aparté spirituel, la Reine posa une question :

« Vous comptez vendre votre bien ? » demanda-t-elle.

L’homme se mit à sourire, et secoua la tête de gauche à droite :

« Non, je compte le donner à ma mort... Ou même avant. Je le donnerais aux Hospitaliers de Nexus, qui le reconvertiront en orphelinat, en crèche, ou que sais-je encore... Ce beau manoir accueillera quantité d’enfants venant des bas-fonds, des gosses qui sont des réfugiés de guerre, ou tout simplement des fils de miséreux, et qui crèchent dans de vrais dépotoirs insalubres. Savez-vous combien meurent de la grippe chaque année ? Alors, je leur ferais don de mon manoir, voilà ! Et j’espère que voir tous ces miséreux donnera à réfléchir à ces gens bienpensants du Centaur Club. »

Elena hocha lentement la tête. C’était une offre... Inattendue. Il y avait suffisamment de mobilier chic ici pour entretenir le manoir pendant des années, et payer sans problème les taxes foncières. D’un point de vue juridique, faire une donation ne posait aucun problème, Oswald ayant assurément suffisamment d’argent pour payer les taxes royales. Et, d’un point de vue social, une telle œuvre ferait assurément jaser. L’idée était bonne, visant vraisemblablement à un décloisonnement, à rapprocher les pauvres des riches. Elena était suffisamment perspicace pour savoir que ce rapprochement se ferait par les enfants. Les gosses du quartier, des fils de bourgeois, de marchands, de négociants, iraient voir tout ce fatras. Aussi folle soit-elle, cette idée pouvait marcher.

La Reine consulta brièvement les papiers. L’acte authentique était, fort justement, authentique, même s’il n’était pas terminé. Ce vieux fou comptait donc vraiment vendre son manoir... La Reine ne savait pas quoi en penser, et, pour le coup, on pouvait dire qu’elle était surprise.

« Moi, je vivrais dans mon abattoir, fit-il en haussant les épaules, il n’y a que là que je me sente bien, que là que j’ai l’impression d’avoir donné un sens à ma vie. »

La conversation tirait à sa fin. La délégation royale finit par partir, non sans remercier chaleureusement Oswald. La Reine commencerait donc par visiter l’église, avant d’aller à l’abattoir, et s’en tiendrait au programme d’Oswald. Le duo se retrouva donc dans une calèche, ensemble, accompagnées par Shad.

« Je suppose que nous te devons quelques explications, maintenant, Shad... Mais je n’ai jamais apprécié beaucoup l’idée de parler en calèche. Je suppose que tu as du jeter un œil dans ce manoir, et je te propose de résumer ce que tu as vu dans ta tête, pendant que j’en ferais de même. Nous en discuterons chez moi... Au Palais d’Ivoire. »

Adamante se permit un sourire, et se pencha vers Shad.

« Voilà ce qui s’appelle être chanceuse... Rassure-toi, le palais royal est beaucoup moins austère que le manoir de ce cher Monsieur Mandus. »

Pour le coup, Elena ne put que sourire.

Elle était entièrement d’accord.
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Shad Hoshisora

Terranide

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Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]

Réponse 21 mardi 04 mars 2014, 17:42:56

La Terranide resta silencieuse pendant l’échange entre la Reine et Mandus, pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de repenser à tout ce qu’elle avait vu et surtout aux sensations qu’elle avait ressenties depuis son arrivée en ces lieux. Etrangement, la mention d’utiliser le manoir en tant qu’orphelinat pour les jeunes démunis de Nexus n’arracha pas le moindre sourire à la Louve.  A la mention des enfants, l’image du tableau avec l’image d’une mère au regard dément lui revint en mémoire. Pour sa part, elle imaginait très mal des enfants ou toutes autres personnes censées dans ce genre d’endroit.

Un endroit remplit de bien de mystères. A bien y réfléchir, Shad aurait encore pu fouiner pour trouver d’autres éléments mais quelque chose lui disait de ne pas continuer et de retourner dans la salle de séjour.  De toute façon, ce n’était pas comme si elle rentrait bredouille, de plus, le garde qui l’avait accompagné pourrait également faire acte de son ressenti. Elle était sûre que lui aussi avait été témoin de phénomènes étranges à l’étage. Mais quoi qu’il en soit pour le moment, elle devait attendre la fin de la visite.

Enfin la conversation se terminait et cela signifiait bien entendu le départ des trois femmes. Ainsi que ceux des gardes royaux.  Toujours dans son rôle, l’Okami salua humblement avec respect le propriétaire de l’abattoir avant de rejoindre la calèche, y entrant avec la Reine et Adamante. Une fois à l’intérieur, elle poussa un long soupir, comme si elle pouvait enfin relâcher une pression accumulée depuis des heures. Ceci étant fait, elle s’apprêtait à prendre la parole avant d’être devancé par la Reine qui lui proposait de se rendre au Palais d’Ivoire pour discuter de tout ce qu’elles avaient découvert chacune de leur côté.

« J’imagine oui. Je ne pense pas que beaucoup de Terranides ont la chance d’entrer dans la demeure royale en tout cas. Mise à part des esclaves peut être ? »

Elle haussa les épaules en disant cela, après tout, cela l’importait peu. Mais il était vrai que d’un certains point de vue, la Louve avait une sacré chance.  Comme l’avait suggéré la Reine,  Shad garda le silence pendant le voyage du retour, se remémorant silencieusement ce qu’elle avait vu dans le manoir de Mandus,  Son regard se porta également sur l’extérieur et sans le vouloir, elle laissa son esprit vagabonder un peu, comme pour se libérer de tout ce stress.  Dans quelle galère s’était-elle donc encore fourrée ? Au fond d’elle-même, la lycane espérait que la prochaine discussion mettrait fin  à cette affaire. Du moins, pour sa part. Bien que sa tête devait encore être mise à prix.

Le palais d’Ivoire fut bientôt en vue.  En réalité, la Terranide ne l’avait jamais vu d’aussi prêt et elle ne pouvait nier qu’il imposait d’un certains respect. Rentrer au sein de ces murs n’était pas offerts à tout le monde et la Louve se demandait bien quel secret pouvait bien cacher le palais d’ivoire.  Oui, elle était curieuse d’en voir l’intérieur mais qui ne le serait pas ?  Elle se tourna finalement vers la Reine alors que la calèche arrivait à destination.

« Je dois continuer à jouer un rôle ou ? »

Shad préférait être sûre sur ce point. Peut-être que si elle viendrait à agir  de façon normale, habituelle, elle attirerait plus d’attention qu’il en faudrait. Dans un sens, son rôle n’était pas bien difficile en soi et elle pourrait le prolonger si besoin.  Mais la seule chose qui l’importait surtout c’était de pouvoir discuter de ce Mandus et l’Okami avait plusieurs éléments à donner à la Reine. Notamment le fait qu’il n’était pas si blessé qu’il semblait l’être, qu’elle avait découvert un masque semblable à celui porté par l’étrange individu sur les toits et surtout ces étranges phénomènes  et sensations ressentis chez cet homme.

[Hrp : Court sorry D : ]

Elena Ivory

Humain(e)

Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]

Réponse 22 mardi 04 mars 2014, 18:24:04

Pour rejoindre le Palais d’Ivoire, il fallait passer par une falaise, la plus grande de Nexus. Au pied de la falaise, il y avait une épaisse muraille blanche avec une grille en fer forgée servant de portail. La grille était habituellement ouverte aux visiteurs, et donnait sur un corps de garde. Hors des murs, on ne pouvait pas voir le Palais en étant dans la rue, et on ne le voyait qu’en sortant du corps de garde, où ce dernier s’imposait alors à la vue des gens, dans toute sa splendeur et dans toute sa magnificence. La Reine avait aperçu le Palais d’Ivoire pour la première fois (en tout cas, la première dont elle se souvienne) en revenant du monastère de Saint-Antoine, vers ses dix ans. Elle était alors dans un navire royal, remontant la côte depuis l’Archipel Mélisi, pour rejoindre l’arsenal, et avait vu le Palais d’Ivoire. Il se découpait fièrement en hauteur, et elle avait cru, avec les reflets du soleil, que le Palais était en train de flotter au-dessus de la mer. Quand il faisait beau, le matin, à l’aube, et le soir, au crépuscule, les tours donnaient l’impression de flamboyer, car la lumière solaire se réfléchissait sur les tours. « Palais d’Ivoire » n’était pas le nom d’origine du château, qui, à la base, était apparemment un palais elfique, mais c’était un surnom... Un surnom qui avait fini, au fur et à mesure des siècles, par s’imposer.

Il était composé d’une multitude de tours, et, le long du chemin menant à ce dernier, des poteaux étaient plantés dans le sol avec, à leur extrémité, une multitude de drapeaux, représentant toutes les maisons et toutes les bannières de Nexus. Il y avait également quelques statues, des bancs, et des patrouilles. Devant le Palais, il y avait une petite cour, et un épais mur, protégeant l’accès au château, et à la seconde cour, la cour d’entrée du palais. Il fallait bien avoir à l’esprit que la falaise sur laquelle le Palais était planté n’était pas une simple falaise ; les Terriens, pour la désigner, auraient parlé d’une mégafalaise, car elle s’élevait à plusieurs centaines de mètres au-dessus du sol, et avait donc une superficie très étendue.

« Je dois continuer à jouer un rôle ou ? » demanda la Terranide alors que la calèche s’approchait du second corps de garde, menant à l’intérieur du château.

Cette dernière haussa les épaules.

« Tu n’es obligée de jouer rien du tout. Tu n’es pas mon esclave, je n’ai compté que sur ta coopération. De toute manière, ceux qui me connaissent savent que je n’ai pas d’esclaves. »

C’était une petite pique envers la précédente question de Shad, mais en toute honnêteté. Tout comme ses parents, Elena désapprouvait l’esclavage en son royaume, mais en venir à bout, c’était une autre paire de manches. Elles sortirent de la calèche, et Elena salua les quelques gardes qui se présentèrent à elle, sans toutefois trop s’attarder. Elle avait à faire, et elle ne pouvait pas non plus réquisitionner éternellement une femme qui ne lui appartenait pas. Si son propriétaire venait au Palais, furibond, en réclamant sa propriété, elle n’aurait d’autres choix que de la lui remettre, tout en essuyant quelque chose s’apparentant à un scandale. L’autorité de la Reine était trop vacillante en ce moment pour qu’elle daigne s’y permettre. Elle se dépêcha donc de rejoindre, avec Adamante, et Shad, une petite salle pour discuter. En chemin, elle put sentir l’odeur délicieuse de graillon et de viande émanant des cuisines. L’heure du déjeuner approchait, et Elena n’allait pas cracher dessus.

Le trio réussit à se poser dans une petite pièce chaude et agréable, les fenêtres donnant sur les jardins du Palais.

« Bien... Je crois que tu mérites quelques explications, Shad. Si j’avais eu plus de temps, je te les aurais dit plus tôt. Tu pourras en parler à ton maître, s’il te le demande, je ne veux pas créer un conflit d’intérêts. Et il vaut mieux qu’il sache que sa Terranide est en danger, de toute manière. »

Elena laissa planer quelques secondes, le temps de faire le point dans son esprit, et reprit :

« Depuis plusieurs mois, le château reçoit des rapports de plus en plus nombreux sur d’inexplicables disparitions d’individus dans les bas-fonds. En soi, des gens disparaissent sans raison depuis des années dans cet endroit, mais ces rapports sont suffisamment troublants pour que je me sois décidée à, en secret, ordonner une enquête autour de ces disparitions... Celle squi ont pour dénominateur commun d’être autour de l’abattoir Mandus.
 -  Nous nous méfions de cet homme, avoua Adamante. La disparition de ses enfants, le fait qu’il vive seul dans un manoir, et, surtout, tout cet argent qu’il trouve pour financer son entreprise. Nous ne sommes pas cyniques au point de croire que n’importe quel philanthrope est forcément une mauvaise personne, mais nous pensons que son activité est liée à ces histoires de disparition... Cependant, ne nous fais pas dire ce que nous n’avons pas dit. Nous n’avons aucune preuve, et nous n’accusons personne. Nous constatons simplement que cet abattoir se retrouve mêlé dans de sinistres affaires louches.
 -  Nous escomptions voir Monsieur Mandus chez lui pour voir de quoi il avait l’air. L’intuition féminine est chose redoutable, mais je dois bien admettre que je ne suis pas plus avancée qu’auparavant. Il a l’air honnête, et d’être soucieux de l’intérêt des autres. J’en viens même à me demander si je ne devrais pas m’inspirer de son exemple, et reconvertir une partie du château en orphelinat... Mais je m’égare. »

Elena s’humecta la gorge, et Adamante poursuivit :

« Le récent homicide de cette nuit nous incite à penser qu’il se passe quelque chose autour de cet abattoir. Quand j’ai appris qu’il y avait eu un témoin de ce meurtre, j’ai pris sur moi de venir te voir, en craignant que tu ne sois également victime de ce meurtrier. »

Adamante s’humecta les lèvres, et reprit :

« Le cadavre que tu as vu a disparu. Il ne reste que quelques traces de sang, mais il n’y a aucun corps. Rien qui puisse faire penser à un assassinat, et tu es la seule à pouvoir le dire. Je pense que cet assassinat n’était pas voulu, que quelqu’un a vu quelque chose, et qu’il est mort. Et je pense que tu encoures les mêmes risques. Que tu aies vue quelque chose d’utile ou pas ne change rien au fait que lui doit croire que tu as vu quelque chose. Cependant, nous ne pouvons te soustraire à l’autorité de ton maître, et, en l’absence d’indices suffisamment graves, nous ne pouvons pas non plus ordonner que tu fasses l’objet d’une mesure de protection policière. »

C’était la loi, tout simplement. Elena espérait avoir été suffisamment claire pour Shad.

« Et toi ? Je suppose que tu n’as pas fait que préparer le thé dans ce manoir... Qu’as-tu pensé de ce cher Monsieur Mandus ? »
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Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]

Réponse 23 mardi 04 mars 2014, 21:33:47

La Terranide hocha simplement la tête quant à la réponse de la Reine.  Pour tout avouer, elle était bien contente de n’avoir plus de rôles à jouer et était quelque peu étonnée d’apprendre que la Reine de Nexus  n’était pas une partisante de l’esclavagisme. Ce qui était en soit un peu ironique vu que sa ville état l’un des bastions de cet ordre. Mais même si la Reine désirait retirer cette pratique primaire, elle devrait faire face à de nombreux déflecteurs, à de nombreux nobles qui n’auraient aucune envie de  se séparer de leurs précieux esclaves. En d’autres termes, ce sujet risquait d’être remis sur la table encore un bon nombre incalculable de fois. Mais là n’était pas la question de la présence de Shad au sein du Palais d’Ivoire.

Sur le trajet les menant à  une pièce accueillante, la Louve observa les lieux. Elle admira la structure du palais, son architecture, tous les éléments qu’elle découvrait pour la première fois.  Dans un sens, qui donc rentrerait dans un palais royal sans en observer sa décoration ? Sa magnificence ?  Personne de censé en tout cas. Donc, la Louve profitait de cette petite visite guidée en tout bien tout honneur. L’odeur de viande grillée provenant des cuisines lui arracha un petit réflexe animal : La Terranide se pourlécha rapidement les lèvres, dans l’expectation d’un succulent repas.  Enfin, elle ne pouvait pas s’imposer et doutait pouvoir goûter aux mets qui se préparaient en cuisine.

La Louve s’installa dans un fauteuil, en face de le Reine et d’Adamante.  Elle ne put également s’empêcher de jeter un rapide coup d’œil sur les jardins du palais royal, admirant leurs  grandeurs, leurs beautés. Elle nota toutes sortes de végétaux, allant de la simple fleur, à l’arbre majestueux. Et tout ce florilège de couleurs. Il y’avait de quoi émerveiller le plus malheureux des hommes. Elle se retourna par la suite, écoutant attentivement ce qu’avait à lui dire Elena et Adamante.

« Adamante m’avait déjà expliqué une partie de la raison de ma convocation, quant à mon maitre, ne vous en faites pas pour cela »

Le « vous » s’adressait bien entendu aux deux personnes présentes en face de la Terranide.  Elle laissa par la suite reprendre la parole, attentive. Ainsi, elle apprit  plus en détail la raison de toute cette affaire tournant autour de ce Monsieur Mandus.  En écoutant la Reine, Shad dû admettre un fait : Elle n’avait pas vraiment fait attention sir le meurtre dont elle avait été témoin s’était passé ou non proche d’un abattoir ou non. Mais le fait qu’elle comprit parfaitement était que de par sa présence, de par le fait qu’elle avait vu cet odieux meurtre, sa vie était également mise en jeu. A vrai dire, la Louve ne disposait pas de beaucoup d’éléments pouvant aller contre Mandus, ou du moins, elle n’en possédait pas jusqu’à maintenant.

La mention de l’orphelinat la fit frémir.  Non pas car cela était une bonne cause mais rien que repenser à ce lieu sinistre la faisait doucement tressaillir. Comment des enfants  pourraient seulement s’épanouir dans ce manoir sentant la mort ? Pour la Terranide,  l’habitat de Mandus était plus un cimetière qu’un lieu de vie.  Tout en écoutant la Reine et sa conjointe parler, la Louve croisa ses jambes ainsi que ses bras, son index tapotant doucement contre son avant-bras. Tout cela ne l’enchantait guère à la base et plus elle les écoutait, plus elle se disait qu’elle préférerait être dans un autre lieu, loin de tout cela.

«  Hmm, je pense que je peux encore être absente quelques jours, après tout, un jour de plus ou de moins ne risque pas de changer grand-chose et  vous l’avez-vous-même dit. Cet homme pense que j’ai vu des choses que je n’aurais pas dû voir et veux ma mort afin d’éviter que je ne dévoile ce que j’aurais pu voir. LA question de savoir si je dois rentrer ou non n’est pas importante. »

Oui oui, la Terranide disait bien ouvertement qu’elle pouvait se permettre de rentrer quand bon lui semblait. Ce qui était un fait assez étrange pour une personne censée être l’esclave d’une autre. L’une des raisons pour laquelle Shad restait auprès de son » maître » était belle et bien celle-ci. Indirectement, elle était « libre », bien plus libre que bon nombres d’esclaves dans la capitale. La lycane laissa sortir un petit soupir d’entre ses lèvres quand la dernière question fut posée.

« Non, je n’ai pas fait que du thé chez cet homme. » Commença-t-elle avant de chercher ses mots. Par où devait-elle commencer ? Le masque de porc était pour elle, le point le plus important de son résumé et elle décida donc de commencer par ce dernier.

« Quand Mandus m’avait envoyé à l’étage chercher ce fameux dossier,  j’ai pu voir un masque de cochon semblable à celui que portait l’individu sur les toits la nuit du meurtre. Ce masque était accroché au-dessus de son bureau, entouré de pleins d’autres d’ailleurs, chacun représentant un animal différent.  A ce même étage, j’ai aussi pu assister à d’étranges phénomènes notamment l’apparition d’un enfant qui me mena jusque dans un grenier où, je cherche encore à comprendre comment, je m’étais retrouvée évanouis. »

Mais fort heureusement, Thibault avait su la retrouver à temps.

« A l’étage, le garde et moi-même avons également noté un tableau des plus dérangeants, une ode à la démence je dirais presque. Ce tableau représentait une femme en train de donner le sein à son enfant. Enfant dont le visage était voilé. Oh, la scène aurait pu être attendrissante si la femme en question n’avait pas un sourire de démente, un couteau avec du sang dans la main et n’était pas en train de préparer une mixture où l’on pouvait voir un pied de nourrisson en sortir. Enfin… »

Elle ne savait pas si cela avait vraiment une importance, mais elle joua bon d’en parler. D’un côté, les tableaux reflétaient un peu l’esprit de la personne qui les avait achetés. Ou à moins que c’était Mandus lui-même qui l’avait peint.

« Au passage, cet homme ment très bien. En réalité, il fait semblant de boiter, cela se voit parfaitement qu’il bluffe. Enfin, moi j’arrive à le voir. Je dois aussi souligner le fait qu’à peine on était rentré dans son manoir qu’une sensation de peur et de mort m’avait envahi ? Et pas d’une mort datant d’il y’a quelques années, je parle d’une mort récente.  Je ne peux réellement vous expliquer mon ressenti, mais je sais juste que je n’avais qu’une seule envie en arrivant chez Mandus, partir le plus vite possible. »

Elle s’arrêta un instant avant de reprendre.

« Je pense que le point à retenir est celui de ce fameux masque non ? Pour ma part, je pense qu’il peut y ‘avoir un lien et…

Nouvel arrêt. Mais cette fois, ce dernier était dû aux odeurs provenant de la cuisine qui se faisaient de plus en plus forte. L’odorat fin de la lycane parvenait à en déceler chaque arômes et elle se laissa un instant  « partir » dans ce voyage olfactif, avant de reprendre ses esprits.

« Hem pardon. C’est juste que ça sent rudement bon, le chef cuisiner doit faire des merveilles. Enfin, revenons à notre sujet ? »

Elena Ivory

Humain(e)

Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]

Réponse 24 mercredi 05 mars 2014, 15:46:17

Elena fut effectivement surprise quand elle apprit que Shad pouvait rester deux ou trois jours en roue libre sans que son maître ne s’inquiète. Était-ce un grand voyageur ? Ou quelqu’un qui avait des idées modernes sur l’esclavage ? Ça n’avait rien à faire avec leur problème actuel, naturellement, mais Elena rangea cette information dans un coin de sa tête. Quand elle serait enfin en âge pour se débarrasser de son conseil, elle savait qu’elle tenterait de reprendre le rêve inachevé de ses parents : faire entrer Nexus dans une nouvelle ère de prospérité en abolissant ces pratiques païennes et ignobles Que l’esclavage soit forcé ou conventionnel, elle voulait l’abolir, car elle estimait que l’esclavage était l’une des causes principales de l’aggravation de la condition sociale à Nexus, de la hausse de la paupérisation dans les bas-fonds. On offrait aux entrepreneurs le choix entre avoir de bons esclaves dociles qui seraient payés une misère, ou des salariés, où il fallait respecter toute une législation. Les entrepreneurs n’hésitaient pas beaucoup avant de faire leur choix. En abolissant l’esclavage, Elena savait qu’elle rapprocherait son peuple. Rapprocher... Voilà l’idée centrale. Il fallait que les riches cessent de voir les pauvres comme des parasites, et que les pauvres cessent de voir les riches comme des exploiteurs. L’idée de Mandus avait pour elle qu’elle était, outre son insolence, suffisamment bonne pour marcher. Les enfants étaient toujours la clef ou le problème des conflits sociaux. Il était beaucoup plus difficile de faire changer d’avis un adulte, mais, un enfant...

L’esprit de la Reine s’égarait, et elle revint au moment présent. La mystérieuse Shad leur fit donc un compte-rendu. Il reposait beaucoup sur des présomptions, des sentiments, des impressions... Rien de très concluant de ce point de vue. Elena avait pu sentir un malaise dans ce manoir, mais il venait simplement du fait qu’Oswald vivait en reclus. Ce manoir était trop grand pour une seule personne. Néanmoins, ça ne constituait pas une infraction pénale... Tout comme l’absence de goût. Shad avait été troublée par une peinture, mais l’art, à Nexus, était très libre. Il faisait l’objet de plusieurs ordonnances royales protégeant la création artistique, et ces dernières étaient particulièrement vieilles, ce qui suffisait à dire qu’elles étaient entrées dans les mœurs. En tant que nation civilisée et cultivée, Nexus s’était toujours attaché à promouvoir et à défendre l’art. Avant leur décrépitude, plusieurs des quartiers des bas-fonds étaient de petits quartiers artistiques, où on croisait des bohémiens, des artistes sur rues. De ce qu’Elena avait lu en consultant des chroniques d’époque, il s’agissait de quartiers très conviviaux, où les accents musicaux rimaient en accordéon avec les peintures sur rue et les rires des troubadours amusant les enfants. Ce genre de quartiers était maintenant rare à Nexus, trop rare. Un autre problème contre lequel Elena allait devoir, un jour, trouver moyen de s’occuper.

« Je pense que le point à retenir est celui de ce fameux masque non ? »

Sur ce point, Elena était d’accord. Ça, ainsi que le fait que, selon Shad, Oswald boitait. Il devait sans doute s’agir d’une sorte d’intuition propre aux Terranides, car Elena avait effectivement vu un éclopé, et, même si ce n’était pas le cas, pourquoi mentirait-il ? Vu le succès qu’Oswald rencontrait dans la ville, il n’avait pas vraiment besoin de ça pour susciter la sympathie. Adamante comprit qu’elle allait devoir se renseigner là-dessus. Le masque, quant à lui, représentait concrètement le seul élément objectif, mais il ne tiendrait pas longtemps dans une cour. Un bon avocat aurait tôt fait de balayer cet argument d’un revers de manche. Il faisait nuit lors des faits : Shad pouvait-elle prétendre avoir bien vu le bon masque ? Et, de plus, il pouvait exister d’autres exemplaires de ce marque. Cependant, Elena avait envie de la croire. Si Oswald simulait son infirmité, ce pourrait être un élément à charge, car on pouvait l’interpréter comme la volonté, de sa part, de se faire passer pour un infirme, afin qu’on ne puisse pas le soupçonner

L’argument était tordu, et Shad poursuivit très rapidement :

« Pour ma part, je pense qu’il peut y avoir un lien et… »

La Terranide s’arrêta soudain, et Elena l’entendit renifler. Depuis la porte entrouverte, les arômes de la cuisine se rapprochaient, et l’odorat plus fine de Shad avait du le sentir.

« Hem pardon. C’est juste que ça sent rudement bon, le chef cuisinier doit faire des merveilles. Enfin, revenons à notre sujet ? »

Les deux Nexusiennes sourirent franchement, amusées par cette atypique réaction.

« Le chef se débrouille plutôt bien, en effet...
 -  Pour en revenir à notre affaire, l’interrompit Elena, je ne sais pas quoi en penser. Il y a effectivement quelque chose d’instable chez Mandus, mais, enfin... Quand on a perdu sa famille, on peut avoir ce genre de réactions. Ça, je peux le garantir. »

Elena aussi avait perdu sa famille, et, bien que ce fut à un bas âge, d’après Jamiël, cet évènement l’avait durablement affecté. Qui sait où elle en serait, actuellement, si elle n’avait pas eu Adamante pour la réconforter.

« Te concernant, Shad, si tu es libre de tes mouvements, le mieux me semble, provisoirement, que tu restes en ma compagnie. J’ai cru discerner en toi un certain potentiel magique, et je suis moi-même une magicienne. Aux curieux, il suffira de dire que j’ai décidé de te prendre provisoirement sous mon aile. Je m’assurerais personnellement de mener l’enquête autour de cet abattoir. S’il y a eu un meurtre, je devrais trouver des traces. Dès lors, je pense que nous avons tout intérêt, Shad, à aller sur les lieux cet après-midi. »

Elena pencha la tête vers elle.

« Après avoir mangé, j’espère... Si tu veux partager notre repas, Shad, tu es la bienvenue à ma table. »
DC d’Alice Korvander.

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Shad Hoshisora

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Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]

Réponse 25 mercredi 05 mars 2014, 18:54:16

Avoir une partie animale en soi pouvait être un fait pratique, mais des fois, cette part vous obligez à avoir quelques réactions qui pouvaient  être mal vu en société humaine. Mais  la Louve dans un certain sens ne se plaignait pas.  Si elle avait des sens aussi développé s’étaient bien pour s’en servir non ? Et on ne pouvait réellement lui reprocher d’avoir cette petite mimique avec les arômes qui se dégageaient de la cuisine.  Bien sûr, elle reprit rapidement contenance et s’excusa sous le regard compréhensif de ses deux interlocutrices.

Le vif du sujet fut remis rapidement sur le tapis.  En repensant à ce qu’elle leur avait raconté, la Louve ne voyait réellement pas de preuves formelles pouvant lier Mandus à ce meurtre. Surtout qu’en  ce bas-monde la parole d’une Terranide n’était pas considérée comme juste et en tant que témoin, sa seule nature pouvait faire tourner un procès en faveur de Mandus.  La Terranide croisa les bras et fit un signe de négation avec la tête.

« On peut avoir ce genre de réaction mais là, je trouve que ça fait un peu trop. De plus, vous savez réellement comment il a perdu sa famille ?  Il n’y aurait pas un point d’ombre à ce sujet ? »

La Louve se tourna par la suite vers Adamante écoutant sa proposition et dû admettre que c’était là, la meilleur des solutions. En restant près de l’amie de la Reine, elle profitait de la protection de la garde royale et pouvait également continuer à travailler sur cette affaire.  Bien sûr, rien de la retenait à rester et elle aurait pu refuser, prétendant qu’elle pouvait revenir les voir le lendemain. Mais le risque était là et mieux valait finir cette affaire au clair.  Shad afficha un regard étonné en entendant Adamante certifié qu’elle avait remarqué qu’elle avait un potentiel magique.

Certes, l’Okami savait contrôler à un certain niveau le feu et était doué de polymorphie mais elle n’en avait pas fait part et elle ne l’avait pas utilisé pendant cette fameuse nuit. Alors comment pouvait-elle savoir ?  En d’autres circonstances, la Louve aurait pu être septique mais elle ne craignait pas à un mauvais augure de la part d’Adamante.  Bien qu’elle ait préféré garder ce point secret pour l’instant, ne trouvant pas en quoi sa magie pouvait être utile dans une affaire comme celle sur laquelle elles étaient confrontées.  La seule chose qu’elle lui permettait était de lui offrir un alibi de sa présence au sein du palais royal, un bon alibi même.

« Je dois dire que…Je suis impressionnée. Je n’ai pourtant pas parlé de ma magie mais oui, j’ai quelques notions et à bien y réfléchir, ta proposition n’est pas une si mauvaise idée.  Quant à la visite de l’abattoir, ou du moins du lieu du crime, je préfère il  aller en journée plutôt qu’en pleine nuit. Mesure de sécurité peut –être ? En espérant que nous y trouverons des indices plus concluant »

La nouvelle proposition de la Reine étonna la Terranide. Elle se demanda même s’il lui  arrivait souvent de proposer à une personne du peuple de partager sa table.  Car il était coutume de penser que la haute société restait dans son coin, à l’écart du peuple. Ainsi la lupine ne pouvait nier qu’elle avait beaucoup de chance et un sacré privilège.  Enfin, à bien y repenser, ce n’était pas la première fois qu’elle partageait un repas avec une personne royale et cette pensée la fit doucement sourire.

« Avec grand plaisir même ! »

Comment aurait-elle pu refuser pareille offre de toute manière ?  La lycane se leva donc, accompagnée de la Reine et d’Adamante jusqu’à une salle annexe, une salle à manger. Bien plus accueillante que celle du manoir de Mandus cela va s’en dire.  La luminosité qui régnait en ce lieu contrastait avec la noirceur régnant dans la demeure de cet homme. A bien y réfléchir, le Palais d’Ivoire était l’exacte opposé au niveau ambiance du manoir de Mandus. La Louve fut invitée à s’assoir et tout en attendant que le service d’entrée arrive, elle reprit la parole, s’adressant particulièrement à Adamante :

« Pour cette après-midi, tu as un projet précis ? je veux dire, tu souhaites d’abords aller sur les lieux ou d’abord passer près de l’abattoir de Mandus ? »

Si l’abattoir avait un lieu avec le meurtre de la nuit précédente, des indices devaient se trouvaient tout autours, ou du moins  à un endroit proche de ce dernier. Mais il était bien sûr plus évident de commencer là où se trouvait le cadavre et de remonter sa piste petit à petit.

Elena Ivory

Humain(e)

Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]

Réponse 26 mercredi 05 mars 2014, 22:48:56

La conversation allait reprendre, cette fois autour de la table à manger. C’était une petite pièce, et il y avait, sur la table, une superbe nappe. Les murs étaient également magnifiques, faits dans une belle tapisserie, et un grand miroir dominait une partie de la pièce. Plusieurs majordomes se chargèrent de mettre les couverts, agissant avec célérité et efficacité. La présence d’une Terranide détonait dans le décor, mais ils étaient suffisamment professionnels pour ne rien dire. La Reine était la Reine, et les personnes invitées à sa table étaient des invités de marque, qu’ils soient de basse extraction ou non. Généralement, Elena mangeait avec Adamante, mais il était fréquent qu’elle partage leur table avec d’autres personnes, notamment Jamiël, ou encore Langley, quand il ne mangeait pas avec ses hommes.

Tantôt, Shad avait posé une question sur la mort de la famille d’Oswald. Plongée dans ses pensées, Elena n’y avait pas répondu. En attendant, Shad avait posé une question supplémentaire, destinée à Adamante, qui y répondit assez rapidement :

« Ça, c’est à toi de me le dire. Quand tu as été au poste, et que tu as parlé de ce meurtre, la patrouille n’a rien relevé, et n’a rien signalé dans son rapport. Il faudrait déjà que tu fasses un effort de mémoire pour essayer de te rappeler où ce meurtre a eu lieu. Comme tu l’as remarqué, je suis une magicienne plutôt douée pour ce qui est d’obtenir des renseignements et des informations. »

Adamante disposait d’une forte intuition, affinée par sa magie, et c’était cette intuition qui lui avait permis de savoir que Shad était une magicienne. De fait, la plupart des magiciens expérimentés étaient capables de sentir la magie chez les autres. Théoriquement, toute personne était réceptive à la magie, mais cette sensibilité était plus affinée chez certaines personnes que sur d’autres. Adamante l’avait senti, mais, visiblement, Shad manquait encore d’apprentissage. Cependant, elle n’avait pas pour projet de la soumettre à un entraînement.

« Il me paraît donc nécessaire d’y aller de jour, reprit-elle. Nous nous y retrouverons bien plus facilement. »

Un domestique arriva alors.

« Les petits fours, Mesdames. »

Il posa un plat abritant des petits pains chauds, et Elena en prit un, le remerciant poliment, puis le fit tournoyer dans ses doigts, avant de se mettre à parler.

« Tout à l’heure, Shad, tu as demandé comment la famille d’Oswald est morte... Le fait est que les corps d’Enoch et Edwin Mandus, les fils d’Oswald, n’ont jamais été retrouvés. Partant de là, toutes les interprétations sont possibles, bien entendu, mais la version d’Oswald est fort simple. Comme tu l’as peut-être vu, sa propriété comprend un jardin, un grand et beau jardin. Enoch et Edwin étaient des aventuriers, comme leur père. Ils adoraient se cacher, et faire tourner les domestiques en bourrique. Surtout, ils avaient, au fond du jardin, une petite cabane en bois, sur un arbre, faite par leur père. C’était leur base spatiale, un endroit vers lequel ils s’envolaient dans d’autres mondes. Les plaisanteries habituelles des enfants, en quelque sorte... »

Elle lui expliqua qu’il y avait eu une forte tempête un soir. Un ouragan violent. Le port avait été fermé pendant une journée, et des rafales de vent particulièrement fortes s’abattaient dans la région. D’après Oswald, Enoch et Edwin se trouvaient dans leur cabane quand la tempête était arrivée. Des orages s’étaient abattus dans la ville, provoquant plusieurs incendies. La Reine s’en souvenait encore. Une tempête violente, un véritable cyclone, qui avait ravagé plusieurs entrepôts, et beaucoup d’ouvriers municipaux avaient du travailler sous la tempête pour éteindre les incendies. Un éclair était tombé en plein sur l’arbre où les jumeaux Mandus avaient fait leur cabane.

« L’incendie s’est propagé dans les arbres et les buissons. Les domestiques ont essayé de sortir, mais, comme tu l’as remarqué, le manoir est exposé. Les rafales étaient terribles, il pleuvait à torrent, on n’y voyait goutte, et, mis à part les flammes qui dansaient dans le ciel, il était impossible de voir autre chose. L’arbre a émis des craquements, il s’est fissuré, et la cabane... La cabane est tombée depuis l’arbre, et a glissé le long de la falaise, pour s’écraser dans l’eau, où elle a explosé en mille morceaux. Il y avait un tel courant que les corps ont du être emportés au large. Leur mère s’est suicidée de désespoir. »

Bien des personnes avaient perdu la vie en cette soirée, et personne n’aurait remis en cause la version d’Oswald.

Le repas arriva ensuite. De la délicieuse viande rouge en rôti, superbement assaisonnée, et fournie avec des fruits et des légumes.

« Et bien... Bon appétit ! »
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Shad Hoshisora

Terranide

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Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]

Réponse 27 jeudi 06 mars 2014, 14:40:12

Comment ne pas remarquer le regard d’étonnement que lançaient certains des serviteurs à l’égard de la Louve ? Cette dernière sentait très bien que voir une Terranide en compagnie de la Reine à sa table n’était pas un fait courant. Peut-être penseraient-ils qu’elle se mettrait à manger d’une façon sauvage, sans propreté en mettant de la nourriture partout ? Après tout, n’était-elle pas en partie un animale ? Les réputations ont la dent dure et il était parfois difficilement de sortir des convictions de la population locale. Après tout, sa race était tout le temps rabaissée, la lycane ne fut donc pas étonnée du regard qu’on lui portait. Et elle les ignora.

Une des réponses posées précédemment par la Terranide écopa de sa réponse. Faire un travail de mémoire en étant témoin d’un fait de jour était bien plus facile que d’en faire un où l’incident s’était passé en pleine nuit. Pourtant ce n’était pas ce qui inquiétait le plus Shad. Si elles devaient trouver des indices, elles en trouveront. Du moins, s’était ce qu’elle pensait.

« Je ferais en sorte de nous rapprocher au mieux du lieu. Si il y’a encore du sang comme vous me l’avez dit, on devrait réussir à trouver la scène du crime. »


Une tache de sang en pleine rue, cela ne passait pas inaperçu. Shad hocha simplement la tête en signe d’affirmation face à la dernière déclaration d’Adamante. Il était en soi beaucoup plus aisé d’aller jours les inspecteurs et les enquêteurs de jour plutôt que de nuit, surtout au sein des  Bas-fonds, et la Louve doutait fortement de rencontrer l’un de ces cochons humanoïde en plein milieu de l’après-midi. C’était là encore, un gage de sécurité. 

L’entrée arriva, un petit plateau de plat au four. La lycane en discerna plusieurs assortiments. Ces petits œuvres-d ‘œuvres n’avaient que pour objectif de faire patienter les convives jusqu’à l’arrivée du repas. Il  était impossible de sortir repu en mangeant seulement ces petits fours. Mais la lycane comptait bien en goûter deux-trois. Si l’odeur était alléchante, le goût devait être de même facture. Par respect, elle laissa d’abord la Reine et Adamante se servir avant d’en attraper un, écoutant attentivement l’histoire de la mort des enfants de Mandus.

L’histoire tenait la route et Shad ne pouvait en contester sa véracité, d’autant plus qu’elle n’avait pas été présente dans la capitale le jour de ce fameux drame. Il ne lui était donc pas possible de contester certains points. En repensant au manoir de Mandus, tout semblait concordait avec l’histoire contait par Elena. Pourtant, Shad ne put s’empêcher de poser une question, une interrogation qui lui trottait en tête.

« Je sais qu’il n’est pas évident de trouver des corps emportés par une mer déchainée, mais, même avec la magie, cela n’était pas possible ? »

La magie permettait de nombreuses chose alors pourquoi pas celle d’aider à retrouver des cadavres ? La surface de recherche était bien sûre  immense mais la Terranide doutait qu’un puissant mage ne parvienne pas à quadriller la zone et à l’inspecter jusqu’à trouver les corps recherchés. Bien sûr, cela n’était qu’une hypothèse et au vue des années écoulées, il serait maintenant bien difficile de retrouver les cadavres des fils Mandus.

« Et bien..Bon appétit également »

Attendant d’être servi et attendant également que la Reine et Adamante aient pris leur première bouchée, la Louve entama le repas d’une manière normale. Ceux qui auraient pensé qu’elle se  serait jetée sur le rôti pour le manger avec les mains s’étaient fourvoyés.  La Louve se délecta du met, sentant la viande fondre sous la langue, distinguant un panel d’aromates qui avaient été utilisés pour sa confection. Il aurait été malheureux d’apprendre que la Reine ne possédait pas un chef cuisinier digne de ce nom. Le repas se fit surtout en silence, la Louve était particulièrement plongée dans ses pensées pour la suite à venir. Finissant son dernier morceau, elle déposa les couverts dans l’assiette.

« Mes compliments au chef. A propos pour cette après-midi, serait-il possible de récupérer mes affaires ? Je me vois mal aller en robe dans les bas-fonds, surtout si ma vie peut être mise en jeu. »

Depuis son départ du manoir, la Terranide ne s’était pas encore changé et portait donc encore sur elle la tenue de domestique. Pourtant, comme elle l’avait souligné, elle se voyait mal aller dans les quartiers malfamés ainsi vêtues.  Elle irait donc se changer avant de rejoindre Adamante et de partir en direction du lieu où le meurtre avait été perpétré.

Elena Ivory

Humain(e)

Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]

Réponse 28 vendredi 07 mars 2014, 02:23:34

La question de Shad sur la capacité de retrouver les corps à l’aide de la magie obtint naturellement une réponse de la part d’Adamante, qui préféra toutefois commencer par mettre un peu de sauce sur son repas. Les plats et les couverts étaient en argent, comme il était de coutume dans le palais royal : une argenterie de luxe, délicate, et luisante.

« La magie permet très difficilement d’identifier des personnes. En créant des cercles de perception, un mage peut sentir la vie autour de lui, mais, par définition, la vie est partout. Pour dissocier la vie humaine d’autres formes de vie, il faut améliore ses cercles de perception. Cependant, et, là encore, par définition, un mort n’est pas vivant. On peut sentir un mort-vivant grâce au sortilège qui le maintient en vie, mais un cadavre... Un cadavre n’émet rien, aucune onde. La magie est plus une sorte de force naturelle qui relie entre elles toutes les forces vivantes de l’univers. Même un art magique comme la nécromancie, dans sa conception classique, ne consiste qu’à apprécier la survie du vivant après la mort physique. »

Il était impoli de parler la bouche pleine, aussi Adamante ménageait-elle des pauses tout en mangeant. Elle mit un peu de crème sur ses pommes de terre, les avalant, avant de reprendre, tandis qu’Elena les écoutait.

« Pour preuve, nous n’avons toujours pas retrouvé tous les corps qui ont péri lors du cyclone qui a détruit le navire royal il y a une quinzaine d’années. Certains sont parfois attrapés par les filets des pêcheurs, ou amenés par les sirènes, voire le courant... La tempête était particulièrement forte cette nuit-là, et... »

Adamante continua à parler, mais Elena ne l’écoutait plus. C’est vrai... Le corps de son père, par exemple, n’avait jamais été retrouvé. Elle savait que beaucoup de gens croyaient qu’il n’était pas mort, que le Dieu unique n’avait pas pu permettre la mort du Lion de Nexus. Elena savait que l’Ordre Immaculé avait longuement débattu sur le fait de savoir s’il fallait le canoniser ou pas. Liam était un paladin, et, au-delà de ça, un roi talentueux et avisé, quelqu’un qui avait vu la lente dégradation du royaume, et avait tenté de l’empêcher. Ses exploits, aussi bien militaires que civils, avaient été loués par tous les Nexusiens, et même les Ashnardiens avaient fini par le respecter, en le considérant comme l’un des ennemis les plus redoutables qu’ils aient jamais eu à affronter... Un homme qui, par sa seule présence, suffisait à redonner confiance dans les plus défaitistes des hommes. Malheureusement, selon le droit canon, il fallait un cadavre à canoniser, et, faute d’un corps, il était impossible de le faire.

Par ailleurs, vu l’aggravation des relations sociales dans le royaume, une légende circulait, sur le retour du Lion. Bon nombre de Nexusiens y croyaient, mais il s’agissait souvent de s’illusionner. Le Lion était bel et bien mort. Les survivants à cette catastrophe étaient rares, et n’avaient survécu que par miracle. À partir de la reconstitution des évènements, et des nombreux entretiens, il était clair que la première partie du yacht qui s’était brisée était justement la cabine royale. Nöly et Liam étaient morts ensemble, et le corps de Nöly avait été retrouvé, en triste état. Celui de Liam avait été emporté par les eaux. La légende du retour du Lion était un vain espoir, une promesse d’un monde meilleur, qui serait unifié sous la houlette d’un des plus grands dirigeants de ce dernier siècle.

Elena était plongée dans ses pensées, et revint progressivement à la réalité, en observant les belles lèvres d’Adamante remuer, la jeune magicienne continuant à parler :

« ...Le domaine inconnu par excellence, même pour les magiciens. »

Elle avait visiblement terminé, en concluant sur ce qu’était, selon elle, la mort. La Reine s’humecta les lèvres, et reprit alors, sur un autre sujet :

« Concernant tes affaires, Shad, Adamante pourra faire un crochet là où tu habites, afin que tu puisses te changer. En revanche, j’ignore s’il faut faire préparer une escorte.
 -  Ce ne sera pas nécessaire. Les bas-fonds ne sont pas une zone dangereuse le jour... Et puis, la garde a été renforcée, après tout. Nous n’avons rien à craindre. De plus, si des gardes nous accompagnent, ils risqueraient de nous gêner, d’empiéter sur la scène de crime, ou de compliquer mes recherches. »

La Reine acquiesça lentement de la tête.

« Oui, tu as raison. Enfin, soyez prudente, malgré tout. Vous connaissez le vieux dicton... Un malfaiteur revient toujours sur les lieux de son crime. »

Dans toute cette histoire, Elena avait un mauvais pressentiment, même si elle n’arrivait pas précisément à se l’expliquer.

Comme quoi, il fallait croire qu’elle avait, elle aussi, été atteinte par la visite dans le manoir de Mandus.
DC d’Alice Korvander.

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Shad Hoshisora

Terranide

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Re : A Machine For Pigs [Shad Hoshisora]

Réponse 29 vendredi 07 mars 2014, 14:25:37

La Terranide écouta attentivement les explications d’Adamante et dû en effet admettre que trouver un corps inanimé n’était pas l’action la plus aisée à effectuer. Pourtant, bien qu’elle admette le contraire, la Louve était sûre qu’une certaine source de magie en serait capable. Le seul bémol était que cette magie était plus liée à des pouvoirs occultes et demanderait donc un lourd tribut. Elle en avait déjà fait les frais lors de la bataille du Village des Toiles. Leur adversaire, un général nommé Brahmin avait usé d’une magie noire, chaotique pour les combattre.  Cet homme avait réussi à créer un puis de gravité et détenait la victoire entre ses mains après le lancement de son sort.

Du moins, il l’aurait eu si le prix à payer pour lancer un tel sortilège de destruction n’aurait pas goûté aussi cher et ne l’aurait pas autant affaibli. Un coup de chance en soi.  Donc si de telles magies étaient possibles, pourquoi pas celle de réellement détecter un mort ? Sauf que cette dernière devait également demander une certaine tribu. La lupine dû admettre qu’en termes de magie, elle avait encore beaucoup de théorie et de pratique à découvrir et apprendre. Les explications d’Adamante, bien que longue, furent donc écoutés avec  une attention non dissimulée, oreilles droites, dressées, à l’écoute.

La lycane se tourna par la suite pour répondre à la réponse de la reine, affichant un petit air amusé. Depuis la matinée, elles ne s’étaient pas quittées et  elle n’était pas venue directement vêtue en robe. Robe qu’elle avait enfilée dans la calèche royale lors de leur arrivée chez sir Mandus.  La Terranide but un peu de vin, avant de poser la coupe et de répondre aux deux femmes.

« Nul besoin de faire un crochet là où j’habite, mes affaires sont dans votre calèche. Pour ce qui est de l’escorte, Adamante a raison, mieux vaut y aller seul. De plus, on risque surtout d’attirer l’attention sur nous avec pareilles attroupent de gardes. Sur ce, si vous voulez bien m’excusez, je reviens sous peu. »

Shad se leva, saluant d’un hochement de tête la Reine et son amie avant de se diriger vers l’endroit où avaient été déposés ses effets. Sur le chemin, elle nota quelques regards interrogateurs mais les ignora simplement. L’Okami n’avait guère le temps de répondre à toutes les interrogations et le temps pour tous était compté.  L’un des cochers de la calèche royale la reconnu et lui rendit un coffre où se trouvait ses vêtements, lui indiquant par la même occasion une pièce dans laquelle elle pourrait se changer. Chose qu’elle fit bien naturellement.

La Terranide passa de la robe blanche d’innocente à une toge noire brodés de rouges semblable à un habit d’assassin. Lors de son excursion sur l’Archipel de Meisa ce fut ainsi qu’elle fut prise, désignée lors de sa première rencontre avec le souverain. Mais pour la Louve ce n’était qu’un simple habit lui permettant de se déplacer avec plus de tranquillité dans les rues de Nexus lors de ces différentes courses. Par ailleurs, elle pouvait aisément cacher ses attributs lupins, évitant ainsi plus d’ennuis du fait qu’on la prenait pour une humaine.   Remettant le coffre avec la robe précédemment empruntée au cochet, la Louve retourna dans la petite pièce où se trouvait les deux femmes, indiquant à Adamante qu’elle était prête à partir dès qu’elle le sera.

Elle laissa donc le temps à cette dernière de faire ses derniers préparatifs avant de se diriger vers les ruelles des bas-fonds en sa compagnie. La Terranide suivit un chemin bien précis jusqu’au fameux marché noir qui avait changé de déplacement. Un tel commerce était proscrit et les tenanciers déplaçaient leurs caches plusieurs fois par semaines pour éviter d’être repérés par les patrouilles. Surtout en cette période avec la visite de la Reine qui approchait à grand pas.

Pourtant, bien que le marché noir ne fût pas à sa place, l’Okami savait qu’elle était au bon endroit.  Elle observa les alentours, tentant de se rappeler des ruelles qu’elle avait empruntée après avoir entendu ce cochon grouiner d’une façon effroyable. Faisant signe à Adamante de la suivre, elle arriva au bout de cinq minutes devant l’endroit exacte où avait été le malheureux, du sang séché parsemé encore un mur et le sol de la ruelle.  Regardant la scène et ses alentours, la Terranide marqua subitement un arrêt, désignant à une vingtaine de mètres au loin un énorme bâtiment qui semblait en action.

« Ne serait-ce pas l’abattoir de Mandus ? »

Shad voyait très peu d’autres bâtiments qui pouvaient être en si grande action dans cette partie de la ville. Et comme  on lui avait expliqué, les disparitions récentes se passaient aux alentours de l’abattoir. La Terranide se dirigea vers ce dernier s’arrêtant après quelques pas, observant une tâche de sang sur le sol.

« Et bien, que faisons-nous ? »

Tant de possibilités. Il était possible de continuer à inspecter autours du lieu du crime ou bien de suivre les traces de sang jusqu’à l’abattoir.


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