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La NémésisBurt n'était pas un honnête marin et le drapeau noir à la tête de mort qui claquait au vent au bout du grand'mât racontait bien que lui et les siens étaient un équipage de forbans de la pire espèce, des rats des mers redoutés et pourchassés. Burt et les siens étaient des pirates, la lie des océans. Et en bons forbans depuis longtemps préparés à se faire pendre haut et court, ils tenaient la dragée haute aux impériaux qui les avaient vaincus lors de la bataille navale avant de les aborder. Insultes et crachats fusaient du côté des pirates et coups de poings et de crosse étaient leur réponse. Tous savaient que la partie était bel et bien perdue, car tous avaient lu le nom du bâtiment qui les avaient laminés dès lors que les canons avaient tonné dans l'air frais de cette mâtinée d'hiver.
A la poupe du navire, Burt avait lu le nom tout de lettres d'or. L'
Aube Glorieuse avait été leur adversaire et leur bourreau. C'en était presque un honneur puisque l'Aube était l'un des plus puissants navires de la flotte impériale ashnardienne, qui sillonnait les mers de Terra pour les pacifier mais surtout pour se les approprier au nom de l'empereur noir. La flotte se voulait maîtresse des océans terrans et ne ménageait pas ses efforts pour le prouver. Mais les impériaux avaient trouvés une résistance inattendue au coeur des embruns et des récifs, des adversaires qui battaient pavillon noir et qui ne toléraient nulle autre autorité que la leur. Les pirates.
Loin de se vouloir justiciers, les forbans avaient trouvé là une nouvelle manne à exploiter et l'insistance de Mordret à vouloir les mettre au pas avait lancé un nouvel âge de piraterie. Combats sanglants, rapines et plans fumeux répondaient aux raids sur les îlots abritant tant d'honnêtes pécheurs que de fieffées raclures. Et l'empire n'avait pas de méthodes plus propres que celles des pirates, en vérité. Bien, Mal... Ces notions s'envolaient dès lors que les voiles s'abattaient. L'océan serait à celui qui dominerait l'autre et chacun des camps usait au mieux de ses avantages dans une guerre sans fin. Cet âge connu par tous les marins sous le nom d'"Age de conquête", avait engendré de nombreuses personnalités et fait apparaître de nouvelles légendes.
Et la femme qui s'avançait sur le pont alors que les impériaux s'alignaient pour saluer avec déférence était une des figures de cette période de l'Age de conquête.
Burt naviguait depuis assez longtemps -toute sa vie, pour ainsi dire- pour savoir qui était le commandant du navire impérial qui avait sommé par un jeu explicite de pavillons codés le bateau sur lequel il servait de se rendre avant de finalement lui signaler que la bataille serait sans merci. Et à présent que Burt pouvait la voir en chair et en os, il était à même de dire que les légendes mentaient. La capitaine de l'Aube Glorieuse et commandante d'une partie des forces marines impériales était une créature encore plus désirable que tout ce qu'on pouvait raconter sur elle dans les tavernes les plus mal famées et les ports les plus crasseux. Sa beauté et les lignes parfaites de son corps semblaient presque magnifiées par l'air austère et dur qui tendait un visage qu'on ne savait que trouver beau comme la mort. Ses yeux étaient des lames plus affûtés que celles des sabres d'abordages et sa bouche une invitation à des caresses dévergondées. Tout chez elle respirait le désir et le stupre, chaque respiration qui soulevait sa ferme poitrine insolemment décolletée était pour les hommes du bord une torture morale. Et pourtant, nul pirate prétendait-on n'aurait jamais assez de cran pour toucher cette créature à l'âme plus noire que la nuit.
Car elle était
Héloïse de Saint-Ange, navigatrice d'exception, bretteuse de génie et "Premier Fléau" de l'Age de conquête. On lui prêtait l'émasculation de ses mains de dix hommes lors de la prise de Turtle Bay, ancienne capitale des pirates et encore plus de malhonnêtes passés par le fil de son épée. Sa légende était peut-être très enjolivée, mais Burt constatait qu'un autre point était incontestable : elle faisait pendre les prisonniers le long du bastingage de son propre navire en guise d'ornement. Déjà trois hommes étaient à rendre l'âme sur l'ordre de la délicieuse démone, qui répétait inlassablement la même question. On parlait chez elle d'une véritable obsession envers un seul et même homme, un des rares pirates l'ayant défiée et étant encore en vie pour s'en vanter. Les marins racontaient que si Saint-Ange était si vindicative, c'était pour avoir le plaisir de passer elle-même ce seul et unique forban par les armes avant de veiller à emporter par ses propres soins son âme dans les tréfonds de l'Enfer afin de s'assurer que le Diable la conserverait pour que jamais il ne revienne.
Ce que cet homme lui avait fait ? Cela relevait du mythe, de ces histoires qui changeaient au gré des bouches par lesquelles elles passaient. Seul le concerné avait la véritable version, mais la rage qu'il faisait naître chez cette folle impériale suffisait à contribuer à son succès. Pas que les massacres de Saint-Ange plaisaient, non... Mais même les pirates avaient un certains sens de l'honneur et tous préféraient mourir plutôt que de vendre un des leurs
Quand elle approcha de Burt à qui on passait déjà le nœud coulant autour du cou, il savait par avance ce qu'elle allait lui demander et sur quel ton. Décidé à ne pas répondre avant de mourir, il se paya le luxe d'un regard appuyé sur les seins de celle qui allait le condamner à la pendaison.
"
Où se trouve Nathaniel Cross, chien ? Où se trouve Barbe d'Os ?"
Comme tous ses compères survivants de l'attaque ce matin là, Burt alla se balancer au bout d'une corde alors qu'il emportait la réponse dans son silence. Nul n'aurait sut toutefois dire si l'érection qui le saisit alors que sa gorge était broyée et sa nuque brisée sous le choc venait d'un phénomène courant chez les pendus ou simplement de l'excitation que la dernière vision qu'il emportait d'Héloïse de Saint-Ange.
"Un peu des deux", plaisantèrent quelques impériaux. Sûrement avaient-ils raison.
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Le CapitaineLe léger roulis du navire n'avait jamais été un problème pour ceux qui y vivaient. Difficile, après tout, d'imaginer un pirate passant son temps la tête par-dessus bord à vomir le rhum jusque là ingurgité, pas vrai ? Le roulis, donc, n'était pas un problème. Mieux, on pouvait lui trouver un avantage certain lorsque par exemple l'une des filles du bord daignait à ouvrir les cuisses pour une petite partie de genoux tremblotants dans un coin du vaisseau. Bon, debout contre une paroi alors que le bateau s'agitait, ce n'était pas si pratique. Mais allongé dans une couche comme celle du capitaine, c'était un élément supplémentaire à ajouter au plaisir des acrobaties. Et ce n'était pas
Beth qui aurait prétendu le contraire, elle qui avait eu les faveurs de son si désirable cap'tain durant ce début de soirée. Entre la ferveur des coups de reins de son supérieur et le tanguage du navire, la jolie mousse avait jouit à plusieurs reprise entre deux éclats de rire. Les situations cocasses qui pouvaient naître des efforts produits pour tenir le cap durant l'excercice faisaient un bien fou. Le capitaine ne s'en était pas privé non plus d'ailleurs et les deux avaient passé un bon moment.
Tout en finissant le haut trop petit pour ses seins fort alléchants, Beth regardait son capitaine et se délectait de la vision qui s'offrait à elle dans la lumière tamisée des bougies qui parsemaient la cabine. Nathaniel Cross -plus connu sous le nom de Barbe-d'Os- était un très bel homme. Ce corps aux muscles saillants qui roulaient sous une peau basanée faisait généralement l'envie des filles du bord, d'autant que le cap'tain ne portait généralement rien d'autre que sa longue veste rouge aux brodures d'or au large col de fourrure ("de la chevelure de sirène !", aimait-il à dire) et la laissait ouverte sur sa plastique avantageuse. Un mètre quartre-vingt dix de musculature dessinée avec une légère pilosité qui remontait du bas-ventre vers son nombril. Cross n'était pas barbu, contrairement à la plupart des capitaines pirates que Beth avait déjà croisés. Lui se contentait d'un bouc discret qui lui avait valu le surnom d'abord moqueur de Barbe-d'Os, puisque l'on voyait plus ses mâchoires qu'autre chose. Et Cross avait accepté le sobriquet bien volontiers, entré depuis dans les moeurs comme un titre presque honorifique.
Son visage ? Beth l'aimait beaucoup. Si les traits étaient sans conteste virils et très rapidement amenés à se durcir lorsque la situation l'exigeait, ils faisaient de Nathaniel un bel homme au charme indéniable malgré sa cicatrice le long de l'oeil gauche. Sûrement avait-il failli finir borgne, car son oeil droit était caché derrière cache-oeil. "Dommage", se disait Beth. Deux yeux verts auraient mieux valu qu'un, mais la semi-cécité de Barbe-d'Os faisait partie de son charme. Comme les dreadlocks qui composaient sa coiffure d'un noir de jais et qui descendaient sur ses épaules. Quelques mèches étaient mêlées à des perles d'acier et battaient autour du visage du capitaine, qui contenait sa chevelure par un bandana écarlate porté sous son chapeau.
La petite touche en plus, selon Beth ? Le piercing labial de son si sexy capitaine, bien qu'elle hésitait avec celui qu'il portait à la langue. Et dont il savait se servir, comme elle l'avait constaté.
Elle soupira d'aise quand un Cross à demi-nu lui proposa un godet de rhum. Elle accepta volontiers ce petit plus à sa ration quotidienne et trinqua avec lui, continuant à le détailler. Il ne portait que son pantalon de cuir noir et ses hautes cuissardes. Les ceintures de sa pistole et de son sabre n'avaient pas encore rejoint sa taille, ni ses gants ses doigts ô combien agile. Seul artifice qu'il avait repassé à son cou, le collier à tête de mort. Un souvenir de son premier pillage, d'après ce qu'il racontait. Beth en était à adopter une position suggestive pour que Cross ait envie de la prendre de nouveau lorsque trois coups brefs résonnèrent sur la porte de sa cabine. Avant que le capitaine n'ait le temps d'autoriser l'entrée, la battant s'ouvrit à la volée et laissa entrer une furie à la chevelure de feu. La saisissant par le bras,
Miss Fortune, Second du navire, envoya Beth vers les quartiers de l'équipage avant de refermer la porte sur elle à la volée.
Et tandis que Beth pestait tous ses diables contre le Second, elle se réjouissait tout de même de pouvoir aller se vanter de ses exploits en cabine auprès de ses compagnons de mer.
Fortune semblait remontée, comme toujours. Elle était d'une nature emportée et dotée d'un fort caractère, qui ne s'était pas amélioré quand la sulfureuse rousse avait embrassé la piraterie. Si les femmes étaient acceptées sur les navires de Terra sans trop de superstition, les habitudes avaient la vie dure même à bord. Et à ceux qui pensaient trop facilement que les filles de bord était faciles, Fortune avait fait passer de ses poings le goût du pain. C'était une sacrée tête de mule que la rumeur disait purement insensible à la peur et même Cross n'était jamais parvenu à la voir effrayée alors qu'ils avaient traversés ensemble des situations périlleuses où bien d'autres auraient baissé les bras. Barbe-d'Os et Miss Fortune se complétaient merveilleusement lorsqu'ils commandaient le navire, mais ne parvenaient pas à s'entendre pour autant.
Fortune regarda son capitaine avant de faire claquer sa langue d'agacement. Lui se contenta de lui proposer un peu de rhum, qu'elle ne se gêna pas pour prendre directement au goulot de la bouteille. Quand elle eut avalé sa longue rasade et reposé la bouteille sur le bureau du capitaine, Fortune s'essuya la bouche d'un revers de main et ôta son chapeau.
- Saint-Ange s'est emparée de la Surprise, hier dans la mâtinée. L'Aube-Glorieuse dispose d'nouveaux ornements, maint'nant.
- Et nous savons tous les deux qu'elle ne s'arrêtera pas tant que je ne serai pas exhibé à la proue de sa coque de noix, Fortune. Donne moi donc de VRAIES nouvelles : sommes nous en vue de Port Victoria ? - Pas encore, nan. Mais ils ont lâchés les albatros rouges, cap'tain. La vigie en a vu deux, c'pour ça que je suis v'nue te prévenir. Mais si tu ne sautais pas la p'tite mousse, tu le saurais d'jà ET tu aurais donné les ordres en conséquences.
Les albatros rouges. Un des signes les plus connus des marins, même si ils étaient à l'origine destinés aux pirates. Les albatros rouge étaient des oiseaux peinturlurés à terre couleur sang et lâchés dans la nature pour prévenir de de la proximité avec leur point d'origine d'un des plus grands dangers maritimes : la présence au large des côtes de Port Victoria (l'île principale des pirates, sorte de capitale des océans et plus protégée de l'empire que la chatte d'une pucelle) d'un
Kraken. Si l'océan comptait d'autres menaces tout aussi terribles et redoutées, le Kraken jouissait d'un statut particulier puisque ses semblables s'attaquaient parfois à des îlots plus qu'à des navires. Et si Port Victoria avait les moyens de combattre pareil fléau approchant de ses côtes, les marins étaient eux bien plus démunis.
- Nous passerons par Isla Nublar, alors. Nous avons besoin de ravitaillement, surtout si nous voulons la prime de chasse ! Sors moi la grand'voile et tout le tremblement, hop hop ! - Ben voyons...
Fortune soupira. Elle savait pertinemment que ce serait à peu de choses près la réaction de son capitaine et en bon second avait acté en conséquence. La prime de chasse... La récompense pour les navires qui braveraient le kraken malgré l'avertissement et qui feraient voile vers Port Victoria tout en donnant du canon ou de tout ce qu'il pouvaient pour éloigner la bête, contribuant ainsi à la levée du blocus. Barbe-d'Os courrait après, parce que cela signifiait ravitaillement gratis et filles pressées de se faire enfiler par le héros de la Prime de Chasse.
Décidément, la volcanique rousse connaissait trop bien Nathaniel Cross. C'était un forban sur bien des points puisqu'il pillait, combattait, abordait et tuait avec l'allégresse qui caractérisait généralement les rats des mers. Pourtant, Cross n'était pas le pire de tous. Par certains côtés c'était un homme bien -selon les standards de la piraterie, qui étaient eux-même plutôt vagues si ce n'était dévoyés- qui tenait son équipage par la qualité de ses ordres de navigateur et son charisme que Fortune ne pouvait nier aimer. Pour preuve, elle ôtait déjà son corset de cuir et libérait ses seins tout en approchant de son capitaine pour le coller contre une des parois de la cabine, l'embrassant goulûment.
Nathaniel Cross n'était pas un homme qu'on se prenait à aimer et ce n'était pas le sentiment que Fortune ressentait pour lui. Elle se donnait à lui parce que le capitaine lui plaisait physiquement bien sûr, mais aussi moralement. C'était un pirate qui respectait un certain sens de l'honneur et du devoir, qui avait maintes fois prouvé qu'il tenait à son équipage. Même si il beuglait parfois comme un veau ses ordres lors des manœuvres, motivant ses troupes à grand coup d'insultes imagées. Cross était un rat des mers et il était aimé pour ça. Impitoyable au combat et lors des prises de butin (il fermait les yeux sur les viols et autres exactions tant qu'elles n'étaient pas commises à son bord et parmi les membres de son équipage, chose qu'il n'aurait sû tolérer), c'était pourtant un capitaine qui trinquait avec ses subordonnés sans hésiter pour autant à les châtier très sévèrement quand le besoin s'en faisait sentir. Surtout, ne jamais faire perdre à l'équipage de vue que le capitaine était seul maître à bord avant même tous les dieux de Terra... Sauf peut-être Poséidon.
Barbe-d'Os était aussi un menteur qui aimait à raconter d'improbables histoires avec tant de verve qu'on ne savait jamais dire si elles étaient véritables ou pas. C'était un beau parleur très porté sur la séduction, manipulateur à ses heures perdues. Dans ses manières ou ses mots il était toujours aisé de se perdre, tableau sur lequel il jouait sans vergogne aucune pour parvenir à ses fins. Pour Cross, tout valait toujours le coup d'être monnayé et sur tout prétexte. On le savait joueur (et tricheur, comme tout bon pirate) et incroyablement sûr de lui. On l'ignorait davantage érudit en revanche, féru d'instruction et de littérature en tous genre comme en témoignaient les ouvrages qui tombèrent à terre alors que le corps dénudé de Fortune soutenait les assauts sévères du cap'tain tandis qu'elle gémissait sans honte ni retenue.
Nathaniel Cross était tout ça, en plus d'être un farfelu. On en voulait pour preuve son animal de compagnie.
Si beaucoup de marins aimaient à avoir un compagnon lors de leurs longs séjours en mer, c'étaient souvent de grands classiques : perroquets et autres petits macaques qui se baladaient sur les ponts qu'ils animaient de leurs facéties. Cross avait adopté lui un drôle de petit habitant qui se cachait actuellement dans le chapeau de son maître posé sur un coin du bureau ou gisaient également cartes et instruments de navigation. Il s'agissait de
Kranky, curieuse bestiole aux grands yeux et à l'air niais qui semblait être une pieuvre. Kranky n'était pas dérangé par les ébats de son maître en eux-même mais plutôt par le bruit qui l'empêchait de roupiller. Il avait toutefois reconnu Fortune -qu'il n'aimait pas, elle menaçait toujours de le rôtir pour le bouffer- et savait donc que l'accouplement ne durerait pas. Le navire ne pouvait décemment pas rester sans capitaine trop longtemps.
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Le parcoursNathaniel Cross et Héloïse de Saint-Ange.
Leurs liens ainsi que la haine de l'une et la prétendue indifférence de l'autre n'étaient pas les seules choses qui mettaient en relation deux personnages si différents. Il y avait bien sûr l'océan, cette immensité qui les rapprochaient involontairement tout en les gardant paradoxalement à bonne distance l'un de l'autre. Dans les ports et autres points de mouillage, ceux qui pensaient connaître l'histoire de deux des plus célèbres rivaux de l'Age de Conquête y allaient tous de leur petite version. Pour certains, Cross était une sorte de démon échappé de l'enfer et Saint-Ange un envoyé du ciel lâché sur les mers pour l'occire. Pour d'autres, Saint-Ange essuyait volontairement les revers pour que la prime sur Cross augmente, ce qui ferait qu'elle empocherait un joli petit paquet et un nouveau grade quand on enlèverait au pirate ses bottes après sa pendaison. Pour quelques farfelus, Cross était en fait l'ombre de Saint-Ange devenue homme de chair et elle courait après pour pouvoir de nouveau la coller à ses basques.
Bref, bien des versions couraient et ne cesseraient sûrement jamais réellement de le faire. Les mythes de l'océan étaient ainsi faits, plus changeants que les vagues et plus vagabondes que des voiles de flibuste ! Toutefois, l'histoire avait une vérité exactement connue de ses deux protagonistes seulement.
La voilà, qui prend racine prêt de trente ans en arrière et loin des océans, en Nexus exactement.
A cette époque, la riche famille de marchands qu'étaient les Sylvenin se réjouissait de la venue au monde de leur premier enfant. En effet, la grossesse de
Lilya Sylvenin avait tardé à venir et s'était périlleusement passée quand cette respectable dame avait enfin eu le plaisir de porter la vie. La gestation avait grandement affaiblie la future maman qui avait passé le plus clair de son temps alitée pour supporter les douleurs et la grande fatigue qui n'avait eu de cesse de s'emparer d'elle, jusqu'au jour de la délivrance. Quel combat cela avait été pour Lilya ! Héroïque, elle s'était battue pour donner naissance à un fils qu'elle avait eu peur de perdre en couches mais il n'en avait rien été et le gaillard avait braillé à gorge déployée en respirant sa première bouffée d'air frais. Quant à sa mère, on s'était rapidement inquiété pour sa santé. L'accouchement n'avait pas été de soi et l'hémorragie avait manqué de l'emporter, mais elle s'avéra survivre. Néanmoins, comme une plante délaissée, Lilya n'eut dès lors de cesse de se faner inexorablement.
Mais le temps était encore à la fête alors que le nourrisson -prénommé Nathaniel - emplissait la demeure de ses pleurs et
Rudolfo Sylvenin n'était pas en reste. Le jeune père avait de très grands projets pour son fils, qu'il voyait déjà lui succéder à la tête de son empire. Echoppes et autres navires marchands de la compagnie que Rudolfo avait lui-même héritée de son père reviendrait à son fils, un battant avant l'heure si il en était. Après tout, n'avait-il pas survécu à un enfantement difficile ? Rudolfo ne s'inquiétait pas outre mesure pour Lilya, en vérité. Les deux ne s'aimaient pas spécialement, mariés par leurs parents à contre-cœur. A peine éprouvaient-ils assez de sympathique pour se supporter poliment malgré les infidélités à peine cachées du mari, qui veillait depuis le début à honorer platement son épouse dans l'espoir qu'elle lui donne un héritier légitime. La naissance tant attendue ne les avait guère rapprochés et Rudolfo se désintéressait de sa femme. Peut-être était-ce cette indifférence qui précipita la belle Lilya dans la tombe moins de deux ans plus tard ?
Rudolfo, à peine sa femme enterrée, retourna compter fleurette à un très beau parti de Nexus, la veuve
Charista de Saint-Ange, ancienne femme d'un commandant de l'armée royale. Le séduisant Rudolfo eut plus d'aisance à mettre Charista enceinte qu'il n'en avait éprouvé avec sa propre femme, aussi la Saint-Ange donna t'elle naissance quelques mois plus tard à une enfant encore illégitime, Héloïse. Sylvenin et Saint-Ange s'unirent par les liens sacrés du mariage contre l'avis de la bonne société nexusienne dont les époux ne semblaient avoir cure. Ils étaient en effet assez puissants pour passer outre certaines convenances et ne s'en privèrent donc pas.
Nathaniel se montra aimant et protecteur envers sa jeune demie-sœur, qu'il vit grandir durant dix années. Les deux bambins tirèrent de ces liens une proximité très forte, à tel point qu'ils en oublièrent qu'ils n'étaient pas issus du même ventre. Eux se considéraient comme frère et sœur pas seulement à moitié et leur complicité ainsi que certaines ressemblances qu'on pouvait leur trouver entérinèrent pour tous ce lien fraternel.
Si tout semblait idyllique, il n'en était rien. Car Rudolfo était un homme à l'ambition dévorante qu'il peinait de plus en plus à cacher. Il avait voulu avoir un héritier légitime pour lui donner la suite de l'exploitation de sa compagnie marchande et Nathaniel était déjà formé à cette activité chaque jour, mais il avait épousé en secondes noces Charista de Saint-Ange pour se découvrir de nouveaux appuis tant économiques que militaires. Sylvenin avait gagné au fil des années en assurance et se décida à "passer à l'offensive" lorsque Nathaniel eut treize ans. Par quelques truchements politiques et autres pots de vins bien placés, Rudolfo chercha à gangrener la cour pour en devenir le marchand royal. Se précipitant trop, il s'attira les foudres de bien du monde. Certains de ses ennemis lui tendirent un piège dans l'ombre et rapidement, Rudolfo se retrouva mêlé à un faux complot soi-disant destiné à faire tomber de nombreuses têtes fortes de la cour nexusienne. Avide de pouvoir, Sylvenin se jeta dans le piège la tête la première et se retrouva coincé. Accusé de haute trahison, publiquement humilié, Rudolfo tenta de sauver sa tête en prétendant que sa femme était de mèche et allât même jusqu'à réussir à la faire passer pour l'éminence grise derrière ses agissements. En âge d'être interrogé par la garde, Nathaniel pensa bien agir en abondant dans le sens de son père et en montrant du doigt une marâtre qui -véritablement, pour le coup- ne l'avait jamais appréciée.
Ainsi décriée et menacée de mort, Charista parvint à s'enfuir de Nexus pour rallier Ashnard en emportant sa fille. Héloïse fut séparée à cors et à cris de son aîné, trop jeune pour comprendre tout ce qui s'était réellement passé.
Rudolfo fut condamné à mort et exécuté dans la foulée quelques semaines plus tard. On laissa Nathaniel tranquille, considéré comme innocent dans les manigances de son père. Il fut néanmoins dépouillé de ses droits de succession et se montra suffisamment malin pour dérober une bourse bien pleine dans la maison familiale avant de s'enfuir de Nexus. De là, le jeune homme abandonna son nom et parcouru le pays dans la longueur, finissant par échouer dans la ville portuaire d'Alhambra. Facilement engagé comme mousse, Nathaniel découvrit une triste ironie du sort. La Belle Rolande, le navire marchand qui était devenu son foyer, était dirigé par un capitaine issu de la flotte de son père. Ce fût à bord de la Belle Rolande que Nathaniel s'ouvrit au monde de la mer au point d'en tomber amoureux. La volonté d'apprentissage de ce gamin et son obstination le firent passer progressivement sous l'aile du capitaine du navire, Joshua Cross. Un vieux loup de mer, qui avait trouvé en Nathaniel (surnommé bien vite Nate) un digne successeur. L'enfant et le marin s'entendirent aisément et la vie maritime de Nate s'amorça alors, dans l'honnêteté. De son enrôlement à bord de la Belle Rolande, le gamin apprit tout ce qu'il y avait à savoir sur la vie maritime. De ses codes à ses lois en passant par ses légendes et la façon de récurer au mieux un pont, Nathaniel se montra curieux et tout disposé à tendre l'oreille pour engranger ce qu'on avait à lui transmettre.
Voguant ainsi de ports en îlots, le mousse découvrit une façon de vivre loin de celle qui l'avait bercé jusque là. Son enfance, l'héritié désavoué la perdit totalement entre les cuisses d'une jolie putain, cadeau d'anniversaire de l'équipage à son fier petit rejeton. Nate y découvrit également son amour immodéré des jolies femmes et du sexe, mais son plus grand choc devait rester à venir.
Lorsqu'il eut quinze ans, Nathaniel vécu le premier abordage d'un navire par des pirates. A cette époque, il était encore du côté des abordés. Bien sûr, on lui avait souvent parlé des pirates, ces êtres sans coeur ni honneur. Tous les honnêtes marins les craignaient et la Belle Rolande avait jusque là eu de la chance, pensait-on. C'était une erreur.
Joshua Cross était en fait de mêche avec un pirate, une ordure nommée
Barracuda Karl. Pour blanchir un peu les affaires de Barracuda aux yeux des impériaux qui commençaient déjà à s'étendre considérablement sur les mers, Joshua récupérait un peu de son butin pour l'écouler "honnêtement". Mais Joshua s'était montré trop gourmand et Karl l'avait pourchassé pour enfin l'attraper ce jour là. Cross fut attaché à un canon et allât rejoindre les abysses, sort que connaîtrait visiblement tout l'équipage... Jusqu’à ce qu'un navire impérial ne vienne changer la donne en sortant brusquement de la brume pour attaquer et couler le navire de Barracuda. Les matelots de la Belle Rolande furent donc sauvés et tous appelèrent Nathaniel "Cross", en souvenir de leur vieux capitaine.
Et tandis que les impériaux inspectaient le bateau qu'ils venaient de libérer, Nate fit une rencontre à laquelle il était loin de s'attendre.
Héloïse était devenue matelote impériale par la force des choses, comme elle le révéla à Nathaniel dans le port où ils avaient convenu de se retrouver lorsqu'il s'étaient revus à bord de la Belle Rolande. Elle et sa mère étaient parvenues en Ashnard pour y réclamer la protection d'un seigneur de guerre qui était amant de Charista, mais cela ne tourna pas comme elle s'y attendait de prime abord. Accusée de faire double-jeu, Saint-Ange eu maintes fois à prouver sa bonne foi et n'hésita pas à donner de son corps pour se faire valoir. Considérée comme une traînée, elle tomba en disgrâce et fut reléguée au rang de jouet sexuel de luxe tout en parvenant à mettre Héloïse à l'abri grâce à un officier de marine dont elle avait les faveurs. L'homme emmena la gamine à son bord, loin d'Ashnard et ses turpitudes. Comme son frère, Héloïse tomba amoureuse de l'océan et décida de faire carrière dans la flotte impériale.
L'abus de rhum aidant, ils firent l'amour ensemble, ce soir là. Ce fut une fois qu'ils se rhabillaient en se demandant si ils devaient en être honteux ou heureux que tout dérapa. Par mégarde, Nate avoua à Héloïse avoir témoigné contre sa mère lors du procès de son père. Héloïse, proche de sa mère et furieuse du sort qu'elle connaissait, s'emporta. Et Nathaniel, plutôt que de tenter de calmer le jeu, se comporta en mâle : il haussa le ton pour avoir le dessus, traînant dans la boue celle qui était si précieuse à ses yeux et dont il avait la virginité. Bientôt, les sabres se percutèrent et la lutte qu'ils se livrèrent continua dans les couloirs de l'auberge puis dans la taverne qui se trouvait au rez-de-chaussée. Et voir qu'une impériale et un matelot se livraient bataille déclencha entre les deux camps stationnés autour de leurs godets une superbe bagarre générale dans le troquet, ce qui permit à Nate de s'enfuir dans la confusion générale après qu'Héloïse eut manqué de lui crever l'oeil gauche, manquant de le rendre borgne et lui laissant une belle cicatrice. Il fut récupéré par un équipage de forbans qui l'enrôla sans poser de question, le cachant à la vue de Saint-Ange qui vociférait sur les quais du port avant que le navire ne le quitte, hissant pavillon noir une fois loin dans la rade.
L’intimité entre Cross et Saint-Ange prit racine dans cette soirée funeste, contribuant à motiver leur ascension respective dans les deux visages que la marine qu'ils avaient épousé.
Nathaniel avait embarqué sans le savoir sur un navire pirate connu sur les mers comme étant le bâtiment qui avait déjà distancé nombre de bateaux impériaux tout en ayant coulé d'autres, le presque légendaire
Storm Rider . Le Rider était commandé par une femme, fait presque improbable à cette époque.
Christabel Windwalker tenait d'une poigne de fer un équipage hétéroclite dont elle choisissait ses amants occasionnels. Nate reprit son poste de mousse et fit profil bas, ignorant des codes de la piraterie et de ses habitudes. Comme toujours, il se montra volontaire et obstiné et s'attira très vite la sympathie de l'équipage mixte du Rider dans son ensemble, des matelots à la capitaine qui adorait profiter de la fraîcheur de son corps de jeune homme. Un petit avantage dont Nathaniel sut tirer profit au fil du temps, même si tout ne coula pas de source. Car sur le navire sévissait aussi une tornade rousse au sale caractère, véritable mascotte du bord, une certaine... Miss Fortune.
Les deux marins du même âge se tirèrent allègrement dans les pattes, s'affrontant dans d'épiques joutes verbales tout en cherchant à toujours faire mieux que l'autre tant dans les batailles navales que dans les tâches du bord. Rapidement et presque inévitablement, Cross et Fortune se rapprochèrent au point d'en devenir inséparables dans les coups de gueule comme dans les victoires.
D'honnête marin, Cross devint donc malhonnête pirate et trouva la voie parfaite pour lui. Bientôt, Nate se mit en tête de succéder à son capitaine à la barre du Rider. En compétition avec Fortune pour cet honneur, Cross ne ménagea pas ses efforts.
Christabel se considérait davantage comme une aventurière que comme une pirate, qu'elle disait être devenue plus par commodité que par vocation réelle. Pourquoi payer pour ce qu'on pouvait prendre de force, après tout ? Sous son commandement, le Storm Rider sillonna tous les océans à la recherches de trésors égarés et de légendes à vérifier. De l'antre prétendu des krakens à l'épave de galions perdus depuis des siècles en passant par les pires ports jonchant les côtés de tout Terra, le Rider passa des années à voguer en emmenant son équipage à travers nombre d'aventures qu'il serait fastidieux de détailler ici tant elles seraient nombreuses.
Une des plus remarquables pour Nate fut celle dite de l'Ile aux sirènes.
Alors que le Rider avait secouru une sirène qui s'était blessée en se libérant des filets d'un bateau de pécheurs, tout l'équipage se demandait dans quel port il serait bon de la vendre pour en tirer un prix réellement avantageux tandis que Christabel estimait qu'elle ferait très certainement une bonne navigatrice si elle était gardée à bord et Fortune partageait son avis. Nathaniel fut le seul à s’intéresser réellement à la captive. Certes, c'était surtout pour pouvoir prétendre à ses faveurs pour ensuite s'en vanter, mais la sirène se montra bavarde et révéla à Nate que ses sœurs seraient très larges dans la récompense qu'elles accorderaient aux membres du Rider qui auraient ramené une des leurs. Cross s'empressa d'en faire part à son capitaine, qui décida de faire voile vers l'île aux sirènes sur l'indication de celle qu'elle gardait à bord dans l'espoir de mettre la main sur un beau pactole.
La route ne fut pas de tout repos et les trois semaines de navigation mirent à mal tout l'équipage, qui pensa trouver un peu de paix sur l'île. Les
harpies, prédateur naturel des sirènes qui vivaient là, réduisirent leurs espoirs à néant et le Rider dû livrer une âpre bataille pour minimiser les morts à son bord tandis que Fortune et Cross se pressaient de se rendre dans le lagon au cœur de l'île pour y déposer la captive. Et ils y parvinrent ! Rendant la sirène à sa communauté, Nathaniel y gagna un trésor inespéré et plutôt inattendu. En échange de son oeil droit, il reçut le pouvoir de se doter de n'importe quel attribut appartenant à une créature marine. Pour symboliser ce don, son orbite vide fut rempli d'une pierre particulière et il le recouvra vite pour ne pas éveiller la curiosité. Fortune quant à elle reçu "simplement" un beau magot en or qu'elle se réjouissait déjà de rapporter à bord du Storm rider.
Le retour ne fut guère triomphal. Les harpies avaient en fait attaqué peu après leur départ et les comparses avaient trouvé un équipage laminé et exsangue, qu'ils parvinrent à tirer de l'impasse en se jettant dans la mêlée par surprise. Donnant ordres et directives de façon presque naturelle alors que Christabel n'en était plus capable -trop blessée pour cela- ils arrachèrent le Rider et ses survivants à la fureur des assaillants et furent acclamés en héros. Le second étant mort lors de l'attaque, le capitaine nomma Cross à sa place et lui éleva Fortune en retour. Les nouveaux maîtres de bord mirent cap sur Port Victoria sans trop d'encombres et débarquèrent à regret une Christabel devenue inapte à naviguer. Élue parmi les huit seigneurs parias (les commandants de toutes la piraterie), elle abandonna finalement son commandement à Nathaniel. Le tout nouveau capitaine nomma Miss Fortune comme second et leur première tâche fut de reconstituer un équipage. Lorsqu'il fut en mesure de voguer à nouveau, le Rider reprit la mer et son capitaine qu'on pensait imberbe fut affublé du surnom de Barbe-d'Os.
Barbe-d'Os eut à cœur de suivre les enseignements successifs des deux capitaines qui lui avaient tout enseigné. De Joshua Cross, le capitaine tira une certaine sagacité nécessaire pour berner son monde à en tirer le meilleur profit tout en restant sur le fil d'une loi qu'il contourna allègrement pour ses propres intérêts, quand bien même cette loi fût celle de la piraterie. De Christabel, Cross avait apprit à laisser une chance égale à chaque personne du bord, se moquant de l'apparence, du sexe et de la race de la personne qui œuvrait sous son commandement. Son goût de l'aventure et du défi fûrent aussi l'héritage du nouveau capitaine du Storm Rider,qui ne manqua pas d’œuvrer à établir sa propre légende.
Sur les mers, Saint-Ange et Cross se retrouvèrent souvent et s'affrontèrent systématiquement. Leur rivalité devint le sujet de nombre de discussions de tavernes ou de quartier d'équipage. Et tandis qu'une Héloïse devenue commandant traquait sans relâche le pirate, celui-çi s'évertuait à lui faire la nique. Entretenant la haine de celle qui était devenue un véritable fléau des mers en raison de sa dureté et de sa sauvagerie, Cross n'avait de cesse de la braver encore et toujours.
Car l'âme des pirates, jamais ne mourra.
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Le navire et son équipageNathaniel Cross commande donc au
Storm Rider , bâtiment bien connu des marins parcourant les mers pour l'élégance de ses lignes qui lui assurent une excellente vitesse, mais aussi pour la puissance de ses canons qui lui ont déjà permis de remporter de très nombreuses batailles marines. Soixante-dix pièces d'artillerie dont quatre à l'avant et l'arrière, servies par les meilleurs canonniers des mers du sud. Trois-cent cinquante tonneaux pour une longueur de 150 pieds et pouvant accueillir jusqu'à 320 hommes. Le Rider est la fierté de son capitaine qui y a versé tant de sang qu'il aime à parler entre eux d'un lien de parenté que ne renie pas non plus le second. Le Storm Rider est également connu pour son voilage noir et la résistance de sa coque dont la légende dit qu'elle serait capable de résister plusieurs minutes durant à la puissance d'un Kraken. Mais heureusement -et l'équipage s'en félicite- ce fait n'a jamais été prouvé ni vécu.
Outre les faits de piraterie les plus ordinaires, le Storm Rider effectue également des livraisons d'esclave dans tous les ports où on peut lui proposer pareille mission. Il est cependant à noter que le capitaine n'est nullement un négrier et estime simplement livrer une marchandise d'un point A à un point B, traitant toutefois correctement les esclaves qui séjournent à son bord et en récupérant quelques uns pour son bord.
Le Rider est également connu pour être un navire d'exploration, contenant d'incroyables objets magiques récupérés lors d'aventures rocambolesques. Quant à Nathaniel "Barbe-d'Os" Cross, il est un capitaine très renommé dans le monde de la piraterie et nombre de forbans se prétendent tant ses amis que ses ennemis, ce qui fait que beaucoup de monde évoque son nom. Lui s'en amuse, son petit égo ne supportant pas d'être ignoré.
L'équipage du Storm Rider est très hétéroclite mais surtout mixte. En effet, si les femmes ne sont pas autant considérées comme des porte-guignes qu'elles pouvaient l'être lors de l'âge de la piraterie terrienne, elles restent estimées de façon populaire comme de mauvais marins et de passables "sac à foutre" et les pirates de sexe féminin n'échappent pas à la règle la plupart du temps, sauf à bord du Rider. Si le capitaine aime à prendre sur son navire de belles créatures qui ne manqueront pas de partager sa couche selon ses envies, elles sont aussi formées et aussi bien considérées que les hommes. Les mâles du Rider sont devenu moins machistes que leurs homologues à bord d'autres vaisseaux, même si ils gardent de vieux réflexes...
Toutes les races sont admises à bord du Storm Rider.
Voici présentés les membres les plus éminents du Rider, avec leur poste et un bref descriptif de ce dernier.
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Capitaine :
Nathaniel Cross, dit Barbe-d'Os •
Second :
Miss Fortune. responsable de la manœuvre nautique du navire. Elle détaille les ordres évasifs du capitaine en saisissant leur finalité. Il lui revient aussi de prendre des initiatives telles que faire part des faits importants. Sa position est décisive pour la conduite du navire. Amie de longue date de Cross, amante occasionnelle.
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Maître Canonnier :
Pat Paddy. Le maître-canonnier est le meilleur artilleur qui connaît les 70 ordres nécessaires à la charge et au pointage. Il veille à l’approvisionnement en gargousses de poudre et éventuellement à l’entretien des braseros qui chauffent les boulets rouges. Ses hommes sont repartis en petit groupe gérant chacun une pièce. Il transmet les ordres du canonnier en corrigeant les erreurs. Il doit souvent faire appel aux coups de triques (punition) pour faire régner la discipline. Un vieux de la vieille, qui servait déjà sous le précédent capitaine.
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Canonnier :
Gibson. C’est le responsable des tirs d’artillerie. C’est souvent un ancien chef de pièce aguerri. Au combat, il précise les ordres du capitaine au maître-canonnier. Il anticipe les mouvements du navire et les conditions de tir. En dehors des combats, il dirige aussi les exercices pour entraîner les artilleurs. Passe son temps à courir après Fortune et donc à manger de la trique. La paire qu'il forme avec Pat Paddy a valu au Rider ses plus belles victoires et lui évite la planche malgré son insistance libidineuse auprès du Second.
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Maître d'équipage :
Doubhée Tardis, dite la Sèche. Elle assure le lien entre les hommes et le commandement. Egalement chargée de la mise en œuvre des ordres du second. C’est elle qui motive les hommes, organise les groupes et coordonne leurs actions. Doubhée sert aussi de médiateur lors de litiges entre pirates. Comme pour le maître-canonnier, le maître d’équipage doit souvent faire appel aux coups de triques (punition) pour faire régner la discipline et son sobriquet vient de sa proportions à faire cingler trinques, martinets et fouet lorsque le capitaine l'autorise. Bien qu'elle soit homosexuelle, Tardis est réputée plus dure avec les femmes.
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Pilote :
Jack Daniels. C’est le navigateur, hydrographe, cartographe, géographe et météorologue. Il conseille le capitaine pour la navigation. Sept ans d’étude sont nécessaires pour ce poste sur les navires. Tandis que le timonier compense la dérive due au vent en fonction de ses ordres, le pilote essaie de prévoir les écarts de route dus aux courants et au louvoyage. Le pilote ne prend les commandes qu’en rivière. Il est capable d’évaluer les fonds marins et peux localiser bancs de sable grâce à ses connaissances en hydrographie. Jack est un ancien de la Belle Rolande, enrôlée par Nate dès que ce dernier l'eut reconnu après un abordage. Daniels a toute la confiance de son capitaine et c'est un compagnon très apprécié lors de beuveries, même si il préfère avant tout le whisky au rhum.
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Chirurgien :
Doc Troisrivières. Il est responsable des soins des blessés et des malades de l’équipage. Souvent obligé de couper un bras blessé, mais il vaut mieux cela que perdre la vie. Durant la marche du navire, il soigne quotidiennement les matelots dans leur hamac ou sinon dans sa cabine quand le cas est grave. Il tente de préserver l’équipage d’épidémie. Il conseille quelques fois le capitaine pour établir la route. Il dispose d’instruments de chirurgien et de registres pour des pathologies, notamment. Doc s'y connait en onguent et en magie de soin rudimentaire, même si on lui prête assez d'amputation pour reconstruite tout le Rider juste en membres sectionnés. Apprécié de l'équipage, on le dit si vieux qu'il aurait connu les arbres qui constituent aujourd'hui la coque du navire alors qu'il était lui-même jeune. Toujours une bonne histoire à raconter et une fesse à tripoter.
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Cambusier :
Einekken. La maintenance des vivres, de l’eau, du bois à brûler et autres réserves est assurée par le cambusier. Il accommode les vivres frais, salés ou séchés et fabrique les tonneaux pour les stocker. Il organise des battues afin de liquider les rats à bord. Il informe le commandement lors de pénuries. Choisi par Barbe-d'Os pour son physique qui évite généralement que les matelots ne s'énervent lors de l'annonce de mauvaises nouvelles et aussi parce qu'Einekken ne se nourrit, allez savoir pourquoi, qu'avec de l'eau salée. Ainsi, il ne touchera pas à la victuaille en cachette... Jamais le dernier à monter à l'abordage, se battant avec l'ancre d'un vieux voilier qu'il appelle affectueusement Cathy.
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Cuisinier :
Kentucky "Poulet frit" Smith. Il prépare la nourriture de l’équipage. Il tient souvent le moral des matelots entre ses mains. Il peut préparer toutes sortes de repas mais dépend des réserves et des produits de luxe saisis sur les navires de prise. Kentucky poursuit le grand rêve de faire manger du kraken à ses compagnons de bord. Appréciant le capitaine qui ne manque jamais de le féliciter pour son repas, Poulet Frit se verrait bien cuisiner Kranky. Dans certains ports, on dit de lui qu'il cuisine parfois les restes de matelots morts au combat mais personne n'a jamais pu le prouver. Sa cuisine est interdite à tout le monde sauf lui.
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Moucheur :
Manzana. Tandis que ses camarades gabiers se lancent à l’abordage, le moucheur ajuste son mousquet sur un membre du commandement adverse. Privé de son capitaine, un équipage ennemi ne tarde pas longtemps à se rendre. Certains moucheurs s’entraînent au maniement de la grenade à leurs risques et périls et à ceux de leur équipage. Manzana fait des merveilles dès lors qu'elle utilise d'une arme à feu. Si elle n'est pas le seul moucheur, c'est le plus efficace de tous.
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Quelques matelots : Trop nombreux pour être détaillés, certains sortent tout de même du lot. Comme
Rikard, un nain amateur de massacre et de jeux de dés,
Tequila Koka et ses seins dont les hommes disent qu'ils pourraient à eux seuls empêcher le navire de couler,
Cana-Dadry qui est un ancien barde dont les instruments savent animer les sauteries du bord[/url],
Pasoa "l'armada" et sa sale habitude d'être bardée d'armes en tout genre, le très peu sympathique
Ed la barbouze ou encore la cleptomane
Caramel et la gaillarde
Malibu Cocotte. N'oublions pas
Briquet-de-tempête dont tout le monde ignore la raison de ce sobriquet et également
Cola et Limonade, deux frères inséparables. Pour faire bonne mesure, évoquons la désirable et très amoureuse du capitaine
Beth, mousse très travailleuse de son état.