Nanami proposa une sortie à Alice, qui réfléchit brièvement. Sa première tentative était de refuser l’offre, de la décliner poliment, éventuellement en invoquant la fatigue, ou les révisions. Cependant, il n’y avait pas beaucoup d’examens en ce moment. En réalité, la Princesse avait peur, mais elle était aussi excitée. Elle n’était encore jamais vraiment sortie avec une Terrienne pure souche, soit une autochtone qui ne soit pas liée à Mélinda, et qui puisse donc la considérer, non pas comme une invitée de marque venant d’une autre planète, mais clairement comme une Terrienne. Concrètement, que Nanami lui propose de sortir, c’était la preuve que la Princesse réussissait pleinement à se faire passer pour ce qu’elle voulait paraître : une lycéenne normale. La Princesse étudia donc cette possibilité, tandis que Nanami sortait, et se rhabillait. Alice la suivit. Le « violeur bleu » semblait n’être qu’une autre de ces légendes urbaines, et la Princesse n’avait plus rien à faire au lycée.
La jeune femme s’habilla plus rapidement qu’elle, et Alice lorgna délibérément sur ses fesses, qui étaient plutôt bien moulées. Elle ne doutait nullement que la jeune femme devait savoir se battre. Ce n’était naturellement pas le cas d’Alice, qui avait presque peur de se casser un ongle. Cependant, elle savait qu’un Commandeur devait veiller sur elle. Invisible, furtif, silencieux, se dissimulant dans les ombres. Sa sécurité ne risquait rien, mais ce n’était pas pour autant qu’elle avait envie de traîner dans des endroits louches.
*Après tout, je ne connais rien de cette femme... Qui me dit que, comme moi ou Mélinda, elle ne vient pas de Terra, et ne cherche qu’à se rapprocher de moi dans la perspective de me faire du mal...*
Sylvandell avait beau être un petit État, les dragons de Sylvandell faisaient de plus en plus parler d’eux, et, de plus, le récent mariage entre Alice et Sakura avait fait jaser jusqu’à Nexus, où on imaginait mal un noble se marier avec un esclave. C’était une remise ne cause totale du fonctionnement féodal, mais la Princesse acceptait son choix, et l’affirmait. Cependant, ce choix lui avait fait de la publicité, et il y avait donc à craindre qu’on ne cherche à la capturer, afin d’exiger une quelconque rançon. Alice se trouva soudain ridicule à envisager ça. Nanami était juste une camarade de classe, un peu isolé, un peu fermé sur elle-même, qui avait envie de se rapprocher d’elle. Il n’y avait aucun mal à ça.
« Alors ça te tente ? lui demanda Nanami, alors qu’Alice était en train de se vêtir, à son tour. Tu appelles ta copine chez qui tu es et tu viens avec moi t'amuser. On apprendra à se connaître et en plus tu pourras peut être faire des connaissances intéressantes. À part avec tes copines, je n'ai pas souvenir t'avoir vu avec quelqu'un d'autre. »
Alice hocha lentement la tête, et entreprit de s’habiller. Elle remit son soutien-gorge, une belle culotte, le tout en noir, des chaussettes, puis attrapa un jean, et le remonta le long de ses jambes, avant de le boucler, ses doigts jouant sur les boutons. Elle releva alors la tête vers Nanami, et hocha positivement la tête.
« Ça marche, Nanami, glissa-t-elle. Je vais appeler Mélinda, et lui dire que je passe la soirée avec toi. »
Elle enfila une chemise blanche à manches courtes, et veilla à glisser les plis sous son jean. Elle enfila enfin une élégante veste en cuir, un cadeau de Mélinda, puis récupéra son téléphone portable, un autre cadeau de Mélinda. Elle avait du mal à l’utiliser, et avait du s’entraîner pendant des heures pour réussir à passer un appel. Elle retrouva le contact « MELINDA » dans le répertoire, et contacta cette dernière, lui annonçant qu’elle passerait la soirée avec une amie... Et qu’elle serait prudente.
La Princesse raccrocha ensuite, et se plaça devant un miroir. Ses cheveux n’étaient pas en bataille, et elle regarda Nanami.
« Par contre, j’ignore ce qui est le mieux entre le club, le bar, et le karaoké... Enfin... Je m’imagine mal aller dans un bar, alors, je vais te faire confiance pour trouver un endroit. Ce qui te plaît me plaira. »
Elle le lui assura avec un léger sourire. Alice ne connaissait pas grand-chose de la Terre, et sa curiosité naturelle lui permettrait d’apprécier n’importe quoi.
Ou presque.