Hello tout le monde.
J'écrivai pas mal de connerie lorsque j'étais jeune, et j'avoue que pas mal de mes textes m'ont fais mal... Mais je suis retombé sur ce-dernier qui, malgré qu'il fut l'un de mes premiers VRAIS textes, reste l'un de mes préférés. Amusez-vous bien !
Note : vous pouvez retrouver ce texte sur mon ancien blog (toujours en ligne mais déserté), fautes d'orthographes vendues avec :p
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Restons à jeun(e)
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Plusieurs personnes m'ont, un jour ou l'autre, jugé. Comme chacun de vous, j'ai dû avoir, dans l'esprit des autres, mille et un surnoms. L'imbécile, le connard, le démon, le serviteur de Satan, le menteur, le pervers, etc. Nombre de ces surnoms ne furent jamais avoués, mais je lisais dans le regard des personnes qui m'entourent ce genre de paroles cachées.
Mais un jour, on me donna un surnom qui m'interpela : le gourmand. De tous les surnoms qu'on m'avait donnés, je me reconnaissais en partie ou pouvait comprendre leur origine, avérée ou non, mais dans celui-ci, j'eus quelques difficultés. Cela venait du pourquoi de ce surnom : je n'étais pas si gourmand que cela. Je mangeais toujours ce que mon ventre me disait de manger, sans excès. Quand je n'en avais plus besoin, je m'arrêtais. Aucun acte de gourmandise venant de moi, me disais-je.
Et puis, j'ai réfléchi : pouvais-je manger moins que ce que je mange déjà, sans ressentir le besoin vital de me nourrir encore ? J'ai donc essayé, afin de voir si j'étais vraiment "le gourmand" qu'on m'avait adressé. J'ai commencé par éviter les desserts trop lourds : tartes, gâteaux, glaces furent remplacés par petits pots, fruits de saison ou petite boisson fruitée. Je ne ressentais pas vraiment de changement, alors j'ai continué.
Je suis passé ensuite aux fromages : les bries et camemberts furent changés en tome de chèvres ou comté. Là encore, je n'avais pas l'impression d'être mal nourrir, et continua une nouvelle fois, en changeant de viande : je délaissais les steaks et les cuisses de poulet pour préférer les blancs ou le poisson cuit à la vapeur. Ensuite, mes légumes : j'ai oublié les frites ou les poêlés pour prendre les légumes vapeur. Quel délice ! Et pourtant, pas de changement sur mon appétit. Finalement, ce fut l'entrée qui m'indiqua mon problème de surnom : la salade.
Quand j'avais l'occasion d'en prendre, je prenais toujours une petite salade, ou m'en faisait une moi-même. Je décidais, un matin, de passer devant, sans en prendre. Cela surprit mon entourage, mais je n'y fis pas attention. Je n'ai pas eu de problème avec mon appétit, mais cela changea le regard des autres à mon égard. Pourquoi ? Parce que mon plateau n'était plus en train de déborder.
Je m'explique : en cantine, on vous donne des plateaux suffisamment grands pour contenir : une entrée, un plat, un fromage, un dessert, des couverts, un verre, une serviette et du pain. Seulement, il arrive que les plats ou les desserts prennent plus de place que le plateau ne peut en supporter. N'ayant jamais fait attention, mon plat de salade débordait sans arrêt de l'assiette.
Tous ceux qui voyaient que j'avais du mal à faire tenir en équilibre la petite salade se sont dit que j'étais affamé, car je prenais plus que ce que le plateau pouvait en supporter. Mais comme cela se répétait souvent, tous virent à la conclusion que j'étais gourmand.
J'ai tenté une petite expérience : j'ai pris la salade, mais enlevait le dessert, laissant de la place sur tout le plateau. Aucune réaction extérieure, tout n’allait bien. Le lendemain, j'ai fait la même chose avec le fromage, puis de même avec le dessert. Rien du tout. Mais quand je repris tout sur le même plateau, affrontant les lois de la gravité avec mon petit-suisse, plusieurs regards se tournèrent vers moi. Le gourmand était à nouveau dans les yeux des autres.
J'ai alors compris que le surnom qu'on nous attribue n'est pas tant un signe de mépris qu'une preuve de notre existence aux yeux des autres : ceux qui nous surnomment nous regardent, nous observent et connaîssent la ou les faiblesses qui leur ont mis sur la voie du surnom. Ceux qui me surnomme, au point de me blesser, font partis de ceux qui me prouve mon existence, et je les en remercie... en leur rendant la pareille.