Le monstre, avec sa force surhumaine, la projette vers le lit conjugal sur lequel elle s'écroule sans résistance. Lorsqu'elle s’aperçoit qu'il ligote son mari à une chaise, elle comprend enfin ce qui va arriver. Un sentiment de désespoir l'envahit et lui tire des larmes d'impuissance. Elle pensait que l'inconnu était intéressé par son corps : en réalité, la violer ne semble être qu'un prétexte : ce qu'il veut, c'est les humilier, les rabaisser plus bas que terre. Elle serre les points, toujours étendue sur le dos, immobile. Elle se contente de fixer le plafond dont elle connait déjà les moindre craquelures. Résister ne ferait que la mettre en danger, et son mari également. Elle essaie de vider son esprit : peut être que si elle arrive à être suffisamment ailleurs, ce moment passera rapidement. L'inconnu fera son affaire et s'en ira comme il était venu.
"Nous y sommes ma jolie, laisses-toi faire et ce sera agréable, je n’ai pas envie de t’esquinter ma beauté. Restes tranquille que je te câline."
Celui-ci s'approche enfin d'elle et la fait se redresser ; elle lui obéit, toujours aussi raide, se laissant mettre assise. Impossible de résister, elle commence à le comprendre. Il commence alors à défaire son chignon, et elle devine vaguement, par ce geste, que s'il est d'abord venu pour infliger une punition, le démon n'en est pas pour autant insensible à ses charmes. Pourquoi se donnerait-il la peine de l'apprêter à son goût, sinon ? Il se penche ensuite sur elle pour embrasser sa gorge ; dès qu'il approche son visage, celui de la blonde se froisse sous l'effet d'un sanglot incontrôlé, qu'elle tente de garder silencieux, qui secoue ses épaules dans de petits spasmes nerveux. Elle ferme les yeux comme si sa vie en dépendait alors que tout son corps se crispe.
Elle sent alors son souffle sur elle, puis ses lèvres qui s'introduisent au creux de son cou. Elle aurait préféré qu'il la saillisse immédiatement, même dans la douleur, plutôt que de subir ces caresses. Cette "tendresse" a quelque chose de déplacé et d'inadmissible.
Il s'accapare ensuite sa poitrine à travers la robe, la pressant doucement ; elle a tourné la tête pour ne pas voir son visage, ni celui de son mari, et la porte d'entrée de la chambre, essayant d'ignorer ce qui lui arrive, gardant son esprit le plus loin possible de l'instant présent.
Ses efforts sont vains ; pire encore elle ne peut s'empêcher d'imaginer la suite ; le chevalier déchirant sa robe pour couvrir son corps de baisers humides, avant d'activer son bouton de plaisir d'un doigt habile, pour enfin la prendre, à quatre pattes sur la couche, la tirant par les cheveux pour la ramener vers lui, alors qu'elle hurle malgré elle de plaisir. Ces images la frappent l'espace de quelques secondes, faisant battre sa poitrine et accélérer sa respiration malgré l’écœurement et la honte, et lui faisant perdre immédiatement pied : elle se dégage, paniquée et rampe se réfugier à la tête du lit après avoir poussé une plainte de frayeur. Qu'est ce qui lui prend de s'imaginer des choses pareilles ? Elle déteste ce type !
Elle se recroqueville sur elle-même, toujours en larmes, alors qu'il s'approche à nouveau, jetant un regard furtif à son mari qui fixe la scène. Jamais elle ne l'a vu dans un tel état de colère impuissante : sont visage crispé par la rage a viré à l'écarlate sous ses hématomes, et des larmes ruissellent sur ses joues. Elle même pleure de plus belle. Elle en est réduite à supplier le démon : alors que celui se trouve à nouveau près d'elle, elle se laisse tomber en avant le front et les paumes contre le drap.
"S'il vous plait ! Pitié..."
Elle sait que quoi qu'il arrive elle sera violée : la créature ne partira pas les mains vides. Mais l'idée que son mari la voit traitée comme une trainée lui est insupportable. D'autant qu'elle commence à avoir peur de ses propres réactions, de son corps et même de ses pensées.
"Pas devant mon mari... je vous en supplie ! Je ferais tout ce que vous voudrez !"