Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Rosée du matin [Vian]

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Ermengarde Carrisford

Terranide

Rosée du matin [Vian]

lundi 06 mai 2013, 00:29:04

Si Ermengarde se considérait à peine comme faisant partie de la vie des Carrisford, eux l'avaient depuis longtemps acceptés au sein du cocon famillial. Elle était adopté depuis son premier jour de service, mais peinait toujours à y croire, préférant garder une limite professionnelle pour ne pas trop s'éprendre de ses propriétaires. Mais de côté-là, ce fut un échec.
Car elle aurait fait n'importe quoi pour son maître, y compris mettre son instinct de survie de côté. Pour quelqu'un qui provenait d'une race aussi bestiale et téméraire que la sienne, c'était déjà une grande preuve de self-control, que de la voir traîner dans cette forêt.

Elle aurait fait n'importe pour que cette famille, si bienveillante à son égard, ne s'éparpille pas dans le chagrin d'un passé resplendissant.
C'est ce souhait plus que tout autre qui l'avait poussé à accepter de sortir de chez elle, alors qu'en temps normal, il lui fallait déjà prendre sur soi pour sortir s'occuper du jardin du manoir ou faire les courses.

Pendant l'hiver dernier, son Maître était tombé malade. La saison passé, ses maux avaient perdurés. On était à la fin du printemps, et il n'avait pas pu quitter le lit depuis longtemps. Aussi fortunés soient-ils, les Carrisford n'avaient trouvé aucun médecin capable de corriger ce malheur.
Le don qu'avait Ermengarde l'avait informé très tôt de la rareté de cette maladie, mais elle n'avait pas osé en informer l'épouse ou les enfants, de peur qu'ils ne s'enfoncent encore plus dans leur malheur déjà bien trop grand. De son côté, elle avait recherché un moyen de chasser ce fléau terrible, et la réponse avait résidé dans un grimoire poussiéreux, ainsi que dans la bouche d'un sorcier de l'Antiquerie.

Sans un bruit dans la nuit, la terranide était sortie du domicile, En emportant une fiole de cette potion qui lui permettait d'obtenir des jambes en un clin d’œil, et en ne laissant qu'une simple note sur laquelle elle décrivait sa découverte et demandait pardon pour son impertinence. C'était en effet la première fois depuis le début de son service qu'elle sortait sans autorisation.

Néanmoins, en abordant la lisière de la forêt qu'elle cherchait, Ermengarde avait commencé à ressentir de l'appréhension. Elle était arrivée jusqu'aux terres sauvages par le biais de transports qu'elle avait payé avec son propre salaire... mais sitôt arrivé ici, elle ne pourrait pas éviter les monstres divers et variés qui devaient peupler cette forêt. Sa force principale résidait dans ses tentacules, mais elles n'étaient pas encore réapparues... cela n'adviendrait que dans plusieurs heures. Les créatures n'attendraient probablement pas si longtemps...

Vian

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    Description
    Fée enragée par la perte des siens et la régression de la nature par l'action humaine. Tempérament vengeur tendance tours malsains.
    
    Déteste la civilisation et tous ses représentants. Possède de nombreux pouvoirs en lien avec sa forêt. Plus faible en dehors.
    
    Métamorphe, aime adopter l'apparence d'animaux roux ou rouges.

Re : Rosée du matin [Vian]

Réponse 1 lundi 06 mai 2013, 02:19:13

Les deux canidés grisâtres étaient intimement collés. Cela faisait bientôt vingt minutes qu'ils étaient ainsi l'un sur l'autre, croisant leurs pattes blanches. Celui du dessus était un peu plus maigre que sa partenaire, ou du moins sa fourrure, plus sombre et striée de noir, était moins touffue. Son pelage était également plus net, ses traits, notamment au niveau de sa tête, mieux définis, soulignant mieux son regard jaune. Son arrière-train bougeait très rapidement, mais avec assez peu d'amplitude. L'odeur d'urine qui imprégnait la femelle, au dessous, ne trompait pas : elle était en pleine période de chaleur. Des envies que partageait visiblement volontiers le mâle.

Il y avait parfois, de cette façon, des louves qui n'avaient pu trouver de conjoint pendant le début du printemps, qui marquait la saison des accouplements. Sous ces latitudes, avril était le dernier mois où elles pouvaient encore espérer trouver un partenaire. Cela voulait dire qu'en tant habituel, elle serait resté toute l'année frustrée. L'excitation était à son point culminant, le loup, agité de petits spasmes, ouvrit une gueule pleine de crocs comme pour aspirer une grande bouffée d'air. Enfin, avec un petit grognement, il lâcha les derniers jets de sa semence dans le vagin de sa compagne occasionnelle. Puis il s'effondra sur le côté, essoufflé.

La reproduction de cette espèce était au moins aussi longue qu'intense, songea Vian, en léchant de sa langue râpeuse le museau de sa femelle. Elle aussi aurait une portée, et il veillerait à ce qu'elle ne manque pas de viande pour la nourrir. La population de loups était sur le déclin. Leurs territoires décroissaient de façon alarmante face à celui de l'ennemi tant haïe, de l'homme destructeur de faune et de flore. L'esprit follet devait alors jouer l'inséminateur pour tenter d'augmenter leur natalité et ainsi freiner l’expansion humaine. Les loups, mangeant le bétail et terrifiant ces êtres superstitieux, étaient à défaut une bon moyen de les tenir à l'écart. Ce n'était pas la tâche la plus désagréable du monde, loin de là, néanmoins, elle était tout de même épuisante.

Sa truffe vint encore caresser celle de sa partenaire, avant qu'il ne reprenne finalement une apparence humanoïde, le garçon aux bois de cerf et au regard farouche qu'il appréciait incarner. Celui-ci était toujours allongé, nu, sur le ventre, mais il souffla à l'oreille de la louve, presque tendrement :

-Est-ce que tu peux rassembler ta meute ? Nous avons un visiteur...

Un humain épiant la scène aurait sans doute fait preuve d'anthropocentrisme en croyant distinguer un signe de tête affirmatif de la part de l'animal gris, toutefois, celui-ci partit presque aussitôt, filant entre les branches basses des arbres. Vian resta là quelques minutes encore, à contempler le sol sans objectif particulier. Il se serait bien reposé plus longtemps, hélas, le devoir l'attendait. Il soupira. Il ne s'agissait encore probablement que d'un étranger perdu. Les locaux évitaient, à raison, depuis un temps déjà de pénétrer dans son bosquet. L'esprit follet allait tout de même sans doute s'amuser. Peu de choses, en réalité, le distrayaient autant que d'effrayer un humain. Enfin, il prit la forme d'une mésange et s'envola à son tour.

On entendit, en plein jour, quelques hurlement lupins, événement assez singulier. L'intruse, vite repérée par une poignée de bêtes discrètes, fut cernée avant même de s'en rendre compte. Avançait sous la végétation dense une dizaine de prédateurs, sans qu'elle ne puisse d'abord le réaliser. Il n'y avait que des bruissements dans les herbes, qui laissaient présager des animaux assez gros, sans que ceux-ci se montrent. Il était impossible pour la proie de déterminer qui, et combien ils étaient. L'ambiance oppressant prit cependant rapidement fin.

Un museau noir et allongé émergea d'un massif de fougères, suivit par un implacable regard jaune. Derrière elle, sur les côtés, plusieurs autres chasseurs apparurent. Pour un œil non exercé, ils se ressemblaient tous. Ils étaient tous aussi terrifiants. Ils se révélèrent un par un, comme s'ils jubilaient à l'idée de dévoiler leur planification sans faille. Les muscles tendus de leurs pattes donnaient l'impression qu'ils étaient près à bondir sur ce qui semblait être une humaine. L'un d'entre-eux grogna, agressif, révélant sa dentition redoutable.

Dans une branche, Vian regardait, songeur, l'étau se refermer.
« Modifié: lundi 06 mai 2013, 02:40:09 par Vian »

TelkaArchieVianOzvelloCyriel
MP

Ermengarde Carrisford

Terranide

Re : Rosée du matin [Vian]

Réponse 2 samedi 11 mai 2013, 22:33:01

En regardant les quelques rayons de lune filer entre les feuilles au-dessus de sa tête, Ermengarde était de plus en plus indécise. L'idée lui avait paru simple en soi : retrouver cet esprit des bois et lui faire clairement sa requête, en espérant ne pas l'offenser. Sa nature l'empêchait d'être cartésienne, une raison de plus pour être venue ici. D'ailleurs, elle était toujours persuadée que cette créature existait, le problème n'était pas là.

Elle n'aurait simplement pas du venir toute seule. Mais en même temps, ses fréquentations n'étaient pas énormes. Celles qu'elle connaissait étaient actuellement occupés à tenir le chevet d'un pauvre homme malade. Son choix avait donc été restreint. Pour une fois, elle devait être courageuse. La santé de son Maître en dépendait.
Ermy allait se ressaisir à cette pensée, quand elle entendit un grognement distinct.

En se retournant, ses yeux s'écarquillèrent d'horreur : entre les feuillages, dix ou quinze loups la regardaient d'un air féroce. Ils l'avaient entouré sans qu'elle ne puisse ressentir leur présence, et se rapprochaient d'elle avec lenteur. Elle ne pouvait ni reculer, ni s'enfuir. l'octopi déguisée laissa un hoquet de terreur lui échapper.
En mettant ses mains en arrière, elle effleura cependant la cape de voyage qui entourait son dos, et sous qui était dissimulé un cadeau de son conducteur, il y a quelques heures de cela. L'homme n'avait pas pu la laisser partir sans lui donner ce paquet dont elle ignorait encore la contenance.
Se sachant de toutes façons perdante, la servante déroula le tissu qui entourait l'objet. le bout d'un canon émit une lueur claire dans la nuit nourrie par les épais feuillages aux alentours. La terranide se retrouva avec une carabine de plomb entre ses mains délicates. Un contraste intensifié par le fait qu'elle n'avait jamais encore utilisé une arme pareille. Cependant, son travail d'antiquaire l'avait emmené à tenir des armes à feux et à savoir les utiliser pour éviter les mauvaises surprises. C'est pourquoi, après s'être ressaisie, elle mit en joue un des membres de la meute. Elle n'avait pas l'intention de tous les tuer, mais juste de les effrayer suffisamment pour provoquer la fuite et la laisser passer.

Quelque chose l'empêcha cependant de tirer. Ce petit déblocage dans sa tête, cette sensation de découverte qu'elle connaissait bien et qu'elle vivait sans arrêt sur son lieu de travail, à l'Antiquerie. C'était son don qui se déclenchait, comme un instinct primitif qui lui signalait que quelque chose de rare et de précieux se trouvait à proximité.
Ce don si particulier lui permettait de détecter combien un objet pouvait être peu commun. Mais il fonctionnait aussi sur des choses plus immatérielles, et sur des êtres également. Grâce à ce déclic, Ermengarde pouvait maintenant être certaine que la créature qu'elle recherchait se trouvait dans le périmètre.

Les écrits parlant de cet être mystique dénotaient noir sur blanc qu'il était capable de se changer en animal. Si elle le meurtrissait par mégarde, son plan tomberait à l'eau. Suite à cette réflexion, la maid ne savait plus trop quoi faire. Elle n'avait pas envie de blesser celui qui pouvait lui venir en aide. A vrai dire, elle n'avait pas envie de blesser qui ou quoique ce soit, d'ailleurs.
Alors, après avoir dégluti bruyamment et s'être concentré, elle décida de tirer à côté du loup mis en joue. Ce qu'elle fit dans la seconde quand elle vit que le loup en question lui montrait les crocs.

Le coup de feu tomba dans la nuit avec bruit, et la balla alla se planter comme prévu dans l'herbe, creusant un trou profond. La meute entière gémit et s'écarta un peu, sans toutefois laisser de trous dans le cercle. Plus confiante, Ermengarde attendit que les gémissement se tarissent pour parler :


"Je ne suis pas venue ici pour tuer qui que ce soit. J'aimerais parler à quelqu'un en particulier, et je sais que ce quelqu'un est tout prés de nous. Que ce quelqu'un sache qu'il ne craint rien, et ses amis non plus."

La douceur de sa voix contrastait avec l'évènement qu'elle venait de provoquer. Elle semblait plus parler à des nourrissons qu'à des bêtes féroces...

Vian

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Re : Rosée du matin [Vian]

Réponse 3 dimanche 08 septembre 2013, 17:21:33

Si Vian n'était pas encore intervenu, c'était pour plusieurs raisons. D'abord, il savait qu'une menace inconnue était plus persuasive qu'une menace bien tangible lorsqu'il s'agissait de faire travailler l'imagination. Il réservait sa présence à des menaces éthérées et difficiles à cerner, à des apparitions horrifiques dans l'ombre dense. Si tout c'était passé comme prévu, il aurait laissé la bande de loups effrayer l'intruse, la blesser, en dévorer quelques morceaux, peut-être, mais quel que fut son désir de voir l'individu en pièces, il ne l'aurait pas laisser mourir. Les voyageurs perdus, si on les effrayait assez, allait ensuite colporter les rumeurs d'une forêt tueuse, et la chose avait tendance, du moins l'espérait-il, à décourager les colons et marchands en quête de nouvelles routes ou habitats. Ensuite, à part peut-être lors de crises de colères, il se laissait toujours un temps d'observation. Au cas où ; c'était presque comme s'il accordait une chance au visiteur impromptu.

Cela lui avait servi quelques fois, et cela, à l'évidence, allait encore lui servir.

L'esprit follet ne connaissait que trop bien le bruit qu'il entendit résonner dans son bosquet, et le bref éclat qui l'illumina un imperceptible instant. Il y avait bien des outils humains, même parmi les plus primitifs, dont il n'avait pas la moindre idée de l’existence : il y avait quelques semaines, il s'était laissé surprendre par le briquet que transportait sur elle une orque vagabonde. Cet objet, cependant, il l'avait vu en action des dizaines de fois, pendant la longue guerre qu'il avait mené contre les envahisseurs. Lorsqu'il n'y avait, au début, que les épées et les flèches, les fées avaient réussi à garder le dessus, mais les mousquets avaient scellé le sort de bien des forêts. Et à chaque fois que leur sceptre de feu tonnait, c'était une bête qui s'effondrait, ou de ses frères qui tombait, paralysé, sa chair criblée d'éclats de métal.

Il sentit la fureur monter, alors que d'anciennes blessures, parmi les plus douloureuses de sa courte vie, se réveillaient. Son esprit, confus, luttant contre la rage qui s'installait, peinait à garder le contrôle de son enveloppe physique. Sans qu'il y prenne gare, il poussa à la petite mésange une rangée de crocs, et celle-ci doubla de volume. Était-ce parce qu'une bonne partie de son ardeur, de son agressivité masculine était passée dans l'accouplement avec la louve ? Était-ce parce que la jeune femme avait parlé sur un ton particulièrement peu guerrier ? Miraculeusement, au prix d'un effort surhumain, il parvint à se retenir de prendre n'importe quelle forme dotée de crocs tranchants et de sauter au visage de la tireuse. Toutefois, même s'il semblait faire preuve de miséricorde, il ne goûtait pas à ce qu'il percevait comme des menaces, et à l'instant, il n'avait aucune envie de jouer.

Il se trouvait sur un arbre légèrement derrière l'intruse lorsqu'il se laissa tomber, avec un bruit feutré, sur un tapis de mousse. La chute avait été douce, audible, mais étouffée, et donc assez difficile à localiser dans l'espace. À l'opposé des canidés qui entouraient la voyageuse, ce fut un félin d'un mètre cinquante au garrot qui toucha le sol. L'énorme lynx était fauve strié de noir, arborant une collerette épaisse qui n'avait pas grand-chose à envier à celle d'un lion. Ses yeux tout aussi jaunes que ceux des loups étaient dans la nuit plus larges et plus brillants encore, et son pelage le rendait donnait l'illusion qu'il était beaucoup plus large qu'eux. En réalité, c'était une forme agile et véloce, capable de brusques changements de direction, avec laquelle la fée espérait pouvoir esquiver une éventuelle chape de plombs, là où un ours ou un cerf auraient été des cibles beaucoup plus aisées à toucher.

-La forêt n'a rien à craindre d'une lâche et de son sceptre de feu. Ce que tu tiens entre les mains est une insulte à tout ce qui est vivant, femme. Mais aussi profonde soit sa dégénérescence, elle ne te rend pas toute puissante ici. N'essaie pas de me tromper, ça n'a rien d'un instrument pour parler.

La voix qu'il avait employé était rauque, proche du rugissement, sans pour autant être forte. Aussitôt eut-il prononcé ces paroles qu'il bifurqua derrière le couvert de buissons, pour réapparaître furtivement à un autre espace découvert, puis le quitter immédiatement. Le félin restait toujours en mouvement, s'approchant ainsi, en un ballet sournois, de son objectif et interlocutrice. Il pensait savoir qu'il fallait un certain temps pour qu'une telle arme fonctionne de nouveau, mais il n'aurait juré de rien, et continuait de se montrer particulièrement méfiant.

-C'est un instrument de chasse ou de guerre. Les femelles humaines chassent rarement, et ne combattent pas. Et les elfes ne sont encore devenus assez pervers pour se servir de ces armes. Alors ?

La meute de loups, elle, s'était remise du coup de feu. Toutefois, elle avait cessé de se rapprocher, et les prédateurs avaient même légèrement desserré les rangs. Ils paraissaient à présent moins agressifs, leurs crocs moins saillants, leur posture moins arquée, presque simple spectateurs.

-La forêt n'est pas loquace. Surtout lorsqu'on la menace d'une arme.

En se fiant à la voix, il n'y avait pas de doute possible. Le lynx n'était plus qu'à quelques mètres de la jeune femme. Juste assez proche pour bondir.

TelkaArchieVianOzvelloCyriel
MP

Ermengarde Carrisford

Terranide

Re : Rosée du matin [Vian]

Réponse 4 samedi 16 novembre 2013, 20:48:37

Son cœur battait à cent à l'heure, la chair de poule lui comprimait la peau, les pupilles dilatées tressautaient dans ses yeux... tout laissait penser à de la terreur, et pour la jeune femme qui n'était pas habituée à laisser paraître autre chose qu'un sourire convivial et une posture professionnelle, le choc était rude.

Pourtant, les créatures comme elles étaient d'habitudes les plus dangereuses des océans.
Elle faisait partie d'une espèce avide de chair et de sang, qui avait l'habitude de réagir aux menaces par des batailles sanglantes et des guerres meurtrières.

Néanmoins, si Ermengarde faisait toujours partie de cette espèce, elle avait abandonné sa communauté. Elle avait donc perdue les habitudes de la troupe, cet instinct de défense n'était plus présent en elle depuis longtemps.
Elle était devenue douce et docile, passant du loup à l'agneau. Mais en perdant cette défense, Ermy avait aussi perdue son envie de tuer ou de faire mal. Le fusil n'était là que pour dissuader, du moins à la base.

La servante se rendait compte que sa réaction n'avait pas été la bonne, et réfléchissait vite à ce qu'elle devait faire dés à présent.
La sensation ressentie auparavant - celle qui lui indiquait que la Rareté se rapprochait peu à peu - se renforça et lui faisait tourner la tête, l'empêchant de réfléchir correctement.


-La forêt n'est pas loquace. Surtout lorsqu'on la menace d'une arme, gronda la voix rauque qui semblait émaner du vent même et faire trembler la terre sous ses pieds.

Une forme épaisse se dessinait dans les contours des bois. En reculant, la terranide heurta un arbre derrière elle et se sentit vite prise au piège. Pourtant, les loups autour d'eux ne semblaient plus aussi hostiles qu'avant. Alors, Ermengarde finit par faire ce qui lui semblait le plus juste.
Elle baissa le canon du fusil et le laissa tomber sur la mousse, dans un bruit mat. A présent sans défense, ses bras tombèrent mollement le long de son corps, aussi tremblant que le reste, mais elle ne quitta pas le félin des yeux.


« Vous êtes celui que je cherche, souffla-elle, en s'efforçant de contenir le stress dans sa voix. Pourquoi tuerais-je la seule personne qui pourrait me venir en aide ? »

Son dos contre l'écorce de l'arbre, l'octopi y posa une main, ne rencontrant que du bois froid, si différent de la chaleur du bois des meubles de son habitation. Elle se détourna un peu, posant l'épaule contre le tronc.

« Votre estime des humains semble bien piètre... mais sachez qu'ils ne sont pas assez stupides pour détruire ce qui pourrait servir leur intérêt. »

C'était faux, bien sûr. Tuer les esclaves, piétiner les forêts, répandre la violence sur les champs de bataille... l'auto-destruction était présente en l'humain, il ne pourrait jamais changer cela. Mais Ermengarde l'espérait de tout son cœur, croyait qu'il y avait du bien en tous, et son altruisme était justifié dans sa seule personne : si la vie pouvait transformer un monstre tel qu'elle en maid bien élevée, il y avait un certain espoir, non ?

Vian

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Re : Rosée du matin [Vian]

Réponse 5 dimanche 15 décembre 2013, 21:34:27

Elle avait lâché son arme... Vian sentit sa tension baisser d'un cran. Toujours d'une méfiance extrême lorsqu'il s'agissait d'humains, il savait pourtant qu'elle avait renoncé par ce geste à son seul moyen de défense. Restait la possibilité qu'il s'agisse d'une mage, mais l'esprit follet ne croyait pas en la puissance des sorciers humains. Il n'en avait jamais affronté, et pour lui, aucune chance qu'ils égalent sa propre puissance, du moins, pas au sein de sa propre forêt. Ainsi, il en venait à considérer que tout danger était écarté. Elle était à présent inoffensive ; autant pour lui que pour son bosquet. C'était encore ainsi qu'il préférait les hommes. À sa merci. Toutefois...

Le fusil avait à peine touché le sol que le fauve sembla s'immobiliser, sa tête à la lourde crinière baissée, sa face invisible. Il resta ainsi un instant, pendant lequel ce fut le végétal qui s'anima. L'arbre sur lequel s'était appuyée la jeune femme trembla, alors que, subtilement, ses racines s'allongeaient. Dans un craquement de bois, les sarments s'enroulèrent autour de la carabine ; et il y eut un second craquement quand le canon de l'arme céda sous la pression. Le lynx leva alors le regard vers sa proie, une fraction de seconde, ses yeux comme un éclair jaune transperçaient l'obscurité.

-Je ne te crois pas. Les humains détruisent pour détruire. Détruire. C'est leur unique intérêt.

La seconde d'après, l'animal s'était jeté en avant, profitant de toute la force de ses pattes arrières. Toute son inertie féline, toute sa masse musculeuse, pesèrent sur les épaules de l'humaine, la faisant chuter en un seul effort. Ses griffes longues et effilées déchirèrent dans leur mouvement descendant une partie de l'habit, artifice ridicule, de l'intruse, ripant sur sa peau, sans toutefois s'attaquer à sa chair. Il la gardait ainsi captive, écrasée, aplatie sous un corps qui devait peser dans les quatre-vingt kilos. D'une voix presque aussi lourde, l'esprit follet s'exprima :

-Jeune, j'ai cru que les humains pouvaient entendre raison. Ils coupaient des arbres pour faire leurs nids et chauffer leurs maisons. Nous aurions accepté un prélèvement sur les réserves de la forêt. Mais il leur en fallait plus. Des troncs centenaires tombaient en quelques minutes sous les haches de leurs bûcherons, et étaient redressés pour faire des palissades. Lorsqu'il n'y avait plus de bois, ils avançaient encore. Ils ne s'arrêtaient jamais, défiant toute ce qui pouvait ressembler à leur intérêt. Bientôt, des forêts entières disparurent, remplacées par de terres rases et stériles. Ce qui restait de nature, ce qui restaient de mes frères, furent cloisonnée en des bosquets. Des bosquets comme celui-ci... Alors, vos terres conquises dans le sang ne vous suffisent donc plus ? Es-tu venu en prendre plus encore ? C'est hors de question.

Sa gueule était au niveau de la tête de sa victime, les babines retroussées, révélant des crocs immenses. Puis la mâchoire s'ouvrit en grand et pivota, s'approchant du cou découvert. Elle claqua une première fois violemment dans le vide, puis attrapa la gorge... et ne referma pas son étreinte, les canines, appuyant légèrement, ne firent pas même couler de sang. Les dents reculèrent.

-Est-ce cela ? Pourquoi dis-tu que tu me cherches ? Que reste-t-il à voler ? Des terres ? Du pouvoir ?

Le grand fauve se redressa, laissant un peu d'amplitude à l'humaine pour respirer. Enfin, paraissant s'en désintéresser, il la libéra et partit en arrière. Lentement, la silhouette noire s'allongea et s'affina. Ses pattes avant décolèrent du sol, ses griffes acérées se transformèrent en doigts délicats, son garrot puissant en épaules fines et sa crinière majestueuse en cheveux roux. Ses oreilles pointues s'arrondirent, et deux bois émergèrent. C'était un adolescent, élancé et un peu frêle, à la peau claire et nue, qui venait d'apparaître. Il lui tournait toujours le dos.

-Des êtres... ?

Les deux mots avaient été prononcé avec une voix qui n'avait plus rien à voir avec ceux du fauve avec laquelle elle contrastait parfaitement : incontestablement humaine, juvénile et fragile, de la tonalité maladroite que produisent les cordes vocales des jeunes hommes dont la mue est encore incertaine.

TelkaArchieVianOzvelloCyriel
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