Oser se mêler des affaires des autres...[Pv Sentinel second]

« Allo, monsieur Valmy, mon client aimerait beaucoup que la plainte déposée par monsieur Yamada soit retirée s’il vous plait. Le paiement est déjà prêt et comme d’habitude, vous sera livré en liquide en deux fois, une fois maintenant, et le reste après le retrait de la plainte. Comme d’habitude. Merci. Nous vous recontacterons. »

Le message sur son répondeur, chez lui, avait été simple. Pas d’emmerdes, ni de fioritures. Non, très simple, très concret, et horriblement clair. Mais vous connaissez le principe avec ce genre de choses, une fois entré dedans, plus rien à faire, on est pris au piège, et Gabriel n’avait aucune envie d’avoir davantage de problèmes qu’il n’en avait déjà. Il avait les bœuf-carottes au cul, c’était déjà pas mal !

Mais la dernière fois qu’il n’avait pas fait son « travail », la dernière fois qu’il n’avait pas obéi, on lui avait envoyé des clichés compromettant de lui accompagné de plusieurs gangsters notoires. De vieilles photos datant de sa période au sein des gangs. Il n’avait rien dit, avait fait son travail. Et ça recommençait. C’était un cercle vicieux qui faisait en sorte qu’il ne s’en sortait jamais vraiment, même s’il l’avait voulu. Parfois, la volonté seule ne suffit pas. Il faut davantage.

Il avait pris sa bécane et était allé espionner la personne à menacer. Il avait, comme le veut le bon vieux cliché, pris des photos des enfants rentrant seuls de l’école, de sa femme à la sortie de sa maison de thé favorite. Il avait  tout mis dans une enveloppe et le lui avait expédié. Régulièrement, cela suffisait pour faire retirer la plainte, mais cette fois ci, non, il était tenace. Soit.

Il avait renvoyé les mêmes photos, avec une date et une heure de rendez vous dans une ruelle isolée, sans caméra, à l’heure où tout le monde est occupé pour la sortie des enfants. Comme par hasard les flics étaient bloqués, les heures de pointe commençaient. Il s’tait mis bien caché dans le fond, dans un renfoncement, et attendait que ce mec passe.

Gabriel mit sa cagoule, pour ne pas être reconnu, une cagoule noire basique et regarda l’homme se diriger vers le fond de la ruelle. Il inspira à fond et soupira bruyamment avant de le suivre dans la ruelle et de le saisir par la col. Il détestait cette manière de faire, mais il n’avait pas le choix.

« Coute mec, ça me plait pas ce qui se passe, mais j’ai pas le choix et toi non plus. Quand on te demande de retirer ta plainte tu le fais, sinon t’as des emmerdes sur le dos, je suis cette emmerde sur ton dos… tant pis pour toi ! »

Il arma son poing et commença à lui filer un grand coup dans le ventre. Puis un coup de genou dans la cuisse, une béquille. Il le regarda s’effondrer avant de lui donner des coups de pied dans les côtes, l’entendant gémir, pleurer, comme une fillette. Et Gabriel lui parlait en même temps.

« Fallait réfléchir avant d’agir…. Débile ! »

Bon, l’avantage c’était qu’il avait un exutoire.

Que le mal se tienne prêt ! Aujourd'hui, Sentinel Second comptait bien faire savoir qu'elle était en ville, après son intervention de l'auto-bus, elle n'avait pas rempiler, ayant préférée se tenir à l'écart pour l'instant. Ce jour-là pourtant, elle le consacrait entièrement à sa vie de super-héroïne. Il y avait des jours comme celui-ci où Erin, en pleine possession de ses pouvoirs, ressentait le besoin de se battre, pour évacuer le trop plein d'énergie générée par ses cellules. Si en plus cela lui permettait d'accomplir son devoir, que demander de mieux ?

Jusqu'ici, elle n'avait aide que durant des délits mineurs, vole à la tir, voiture fonçant à toute vitesse, cambriolage mineur, rien de bien compliquer, des crimes dont d'ailleurs, elle ne s'occupait même pas d'ordinaire, mais il fallait bien se faire un nom dans cette ville où elle était encore très méconnue. Au sommet d'un toit, elle attendait d'entendre les sirènes de police pour se lancer dans leur direction et intervenir, bien sûr les policiers appréciaient de moins en moins qu'elle fasse leur travail et durant sa dernière bravade, l'on avertit qu'ils l'arrêteraient la prochaine fois, mais c'était mal connaître Sentinel Second, capable de briser une paire de menottes à la seule force de ses bras.

C'est alors qu'elle regardait en contre-bas de son perchoir les gens déambulés, vaquant à leur occupation, qu'elle remarque un étrange personne, sur sa veste, une insigne de police trônait, le scintillement ne la trompait pas, alors qu'il s'enfonçait dans une ruelle sombre. Sans vraiment y réfléchir, elle se remit à observer, silencieuse, dans son armure qui la recouvrait intégralement. Ce n'est que quelques minutes après, lorsqu'une voiture se gara devant la ruelle et qu'un second homme, asiatique celui-ci, s'engagea à son tour dans le recoin sombre entre deux baraquements. La voie était sans issue, et elle n'avait pas vu ressortir l'homme blond à l'insigne depuis son arrivé et voilà qu'un deuxième venait à son tour !

Curieuse, elle traversa discrètement le toit pour se choisir un point d'observation plus approprié. De là où elle était, la conversation lui parvenait difficilement, mais elle comprit sans trop de mal que ses deux là avait des comptes à régler. En fait, l'un parlait, l'autre, le japonais demeurait silencieux face au menace de l'agent des forces de l'Ordre.

Sentinel resta placide jusqu'à ce qu'il se mette à le molester durement de son poing, sans que le japonais ne réagisse, accusant visiblement le coup. Un flic ripoux, ça n'a rien de très original, on en voit dans toutes les villes, mais quand ça tombait sous les yeux de l'héroïne, ça se passait autrement. Bien qu'elle risquait de se mettre davantage la police à dos qu'autre chose, elle se laissa tomber du toit et son atterrissage signala efficacement sa présence. Dans la pénombre du cul-de-sac, son armure luisait faiblement, assez cependant pour qu'on distingue les contours hérissés de piques de celle-ci. Sous son masque, Erin affichait un sourire joueur, alors que sa voix, narquoise, rompit le silence qui venait de se faire.

- "On ne t'a jamais dis que c'était mal, la violence, mon grand ?" Dit-elle au blond, taquine et sûre d'elle.

Quelques taloches et quelques mandales n’avait jamais fait de mal à personne ! La preuve, il était là et allait bien ! Il en avait pris des mandales. Des coups de latte aussi ! Sans parler de la ceinture ou de la clé à molette, mais c’était quelque chose que l’on finissait par supporter. Certes, ça faisait mal, mais au moins, ça forgeait le caractère, cette chiffe molle faisait déjà un bruit monstre pour quelques coups de faible puissance pas de quoi fouetter un chat, même si ce dernier acte faisait toujours plaisir. Ça défoulait !

Il arrêta de frapper quelques instants pour récupérer un peu, il se faisait mal au poing gauche à force et le fixa droit dans les yeux. Il n’avait aucune intention d’en rester là, et ça le dégoutait mais ça lui faisait du bien d’un côté d’expulser ses envies de violence, cette frustration qu’il avait de ne pas avoir le choix de faire ça.

Cette frustration lui nouait les tripes et tabasser ce mec les dénouait. Mais tout a toujours une fin, tout à toujours quelque chose qui emmerde. Il y a toujours une splendide couille dans le gigot. Mais vous voyez le genre de couille qui rempli la moitié du gigot, au bas mot ! Il se retourna vers importune.

Putain elle avait besoin d’un bon psy vu la tronche de la combinaison… il lui conseillerait le sien. Oui, ça pourrait toujours être utile. Surtout que pour se balader comme ça, fallait pêtre un imbécile, un abruti fini ! On avait déjà un guignol en collant qui devait penser que le spantex était une matière qui faisait fureur alors que ça faisait plus tapette qu’autre chose. Alors une tata en collant était déjà de trop on avait pas besoin qu’une minette même pas assez vieille pour être majeur vienne l’emmerder.

« Retourne à l’école gamine et laisse les grands travailler et si tu veux je viendrai te changer des couches ou te placer un nouveau tampon pour t’apprendre, si le tampon, c’est dans ta ptite gueule. »

Il la regarda l’œil mauvais, elle avait vraiment une drôle de tronche dans son costume bizarre. Il s’apprêtait à donner un énième coup au gars en face de lui, mais il s’arrêta avant d’avoir fini.

« Dis, t’es gentille, y a la maitresse qui te cherche, minette, rentre en classe et fus le camp, ou alors tu reste, tu me laisse finir et ensuite les beignes seront gratuites avec les marrons compris !  Et c’est pas de la violence, c’est une mise au point. »

Sentinel Second, sous son masque afficha un sourire narquois, au moins, il fallait le connaître, il avait du répondant, mais il en faisait un peu trop, ça faisait un peu mauvais acteur de films de série B, m'voyez ? En plus, du haut de ses dix-sept ans, Erin en paraissait facilement quatre de plus, bon si ce n'est au niveau de la taille, bien sûr, elle était petite, mais le reste était prodigieusement développé, surtout pour son âge. S'approchant de quelques pas, elle joua néanmoins le jeu du blondinet et lui répondit, sur un ton sarcastique.

- "T'en fait pas mon grand, ma maîtresse est prévenue, ma maman m'a fait un mot d'absence."

Elle éclata de rire, vraiment, en s'entendant et se fichait de passer pour une cinglée, ce qu'elle était peut-être, dans le fond, qui serait assez stupide pour venir au secours de tout le monde, sans rien demander à personne, alors que la bonne majorité des gens avaient déjà suffisamment de mal à s'entraider eux-mêmes ?

La preuve en était, même la police, qui était sensé venir en aide aux victimes, finissait par en profiter. Dans quel monde pourri, elle vivait, en fin de compte. Mais malgré cela, elle n'en oublia pas son but premier, secourir, même s'il ne le méritait peut-être pas, l'asiatique qui venait de se faire rouer de coup par le policier, quoique, elle se demanda un instant si son intention primaire était de le sauver ou simplement de filer une bonne correction dans les règles à un flic véreux... Sûrement la deuxième option, en se connaissant comme elle se connaissait. Elle matérialisa son lasso entre les doigts de sa main gauche et esquissa un nouveau sourire sous son masque.

- "Ça tourne pas très bien là haut hein ?" Dit-elle en tapotant du doigt sur sa propre tempe "Tu entends mal peut-être, tu veux que je m'approche plus pour que tu entendes ? Ou non je sais..." Et, ponctuant la parole par l'action, elle envoya son lasso, l'enroulant autour de la taille du policier blond, elle le ramena vers elle et acheva donc "Je disais donc, que la violence, c'était mal."