- Avance !, gronda l'homme, en tirant sur la chaine qui me serrait le cou. On est d'ja à la bourre, et j'ai pas envie que ça m'pénalise sur l'or qu'on me donnera !
J'étais fatiguée, si fatiguée... mais je n'avais pas vraiment le choix, je me devais d'avancer. J'étais à lui, je lui appartenais, à ce marchand d'esclave, il était donc normal que, quoi qu'il me dise, je m'efforce d'obéir. Je faisais pourtant de mon mieux pour essayer de le suivre, marchant sur la route pavée, mais chaque pierre menaçait de me faire trébucher tant je peinais à lever mes pieds. Depuis ma capture, il y a bientôt une semaine, je n'avais presque pas dormi, mes nuits étaient trop agitées pour que je puisse trouver le sommeil, et les effets s'en ressentaient...
J'avançais tant bien que mal, jusqu'à arriver en vue d'une ravissante demeure. Celle de mon nouveau maitre ? Très probablement, puisque c'était là que le marchand m'emmenait. J'époussetais mes vêtements, un long kimono de soie blanc sous lequel je ne portais pas de sous-vêtements, et me coiffa rapidement, afin d'être la plus présentable possible, et emboitai le pas de l'homme, qui entrait dans la maison. J'attendais à ses cotés, dans le grand hall d'entrée de cet impressionnante demeure. Mon futur maitre devait être une personne très riche, pour posséder un tel bâtiment...
Je fus assez surprise de voir une jeune femme s'approcher de nous, accompagnée d'une autre kitsune, comme moi, qui me ressemblait beaucoup ! Pendant qu'elle et le marchand parlait affaire, je souriais à ma congénère, lui adressant un timide signe de la main. Le payement effectué, l'homme s'en alla, sans même m'accorder un regard, visiblement heureux d'avoir été bien payé.
- Bienvenue. Je suis ta nouvelle maitresse. Tinuviel Lastrim, elfe du soleil et magicienne rouge. Et tu es ici dans mon harem. J’espère que tu te plaira ici ma jolie.
Je levais les yeux vers elle, intriguée. Ou devrais-je plutôt dire étonnée. Mon maitre serait donc en fait une maitresse ? Cela me paraissait un peu inhabituel, en général les esclaves étaient achetées par des hommes, et leurs servaient de soumises sexuelles. Enfin soit, ce n'était pas le moment de m'interroger de la sorte, c'était à elle que j'appartenais dorénavant. Je restais silencieuse, davantage par respect que par insolence, et acquiesça d'un signe de tête, montrant que j'avais bien entendu sa phrase.
- Alors, tu t’appelle comment jeune fille ? Après tout, tu es ici pour un petit moment je pense alors il me semble normal que je connaisse au moins ton nom.
- Oui, bien sûr... je m'appelle Deborah, madame !
Elle me sourit alors, sourire que je lui rendis, avant de lui emboiter le pas. Je ne disais rien, me contentant de la suivre, et d'observer ce nouvel environnement que j'allais côtoyer à partir de maintenant.
- Lorna, mon petit cœur, tu aurais l’amabilité de nous faire du thé s’il te plait.
Nous arrivions dans une grande salle de réception, un salon, et la seconde kitsune répondant au doux nom de Lorna s'exécuta, nous apportant du thé. Je m'asseyais, me lovant contre le fauteuil, ma queue douce et touffue se balançant près de moi en attendant qu'elle ne revienne. Je pris alors le verre qu'elle me tendit, tout en inclinant respectueusement la tête vers elle, puis vers ma maitresse.
- Merci beaucoup.
Elle ne me paraissait pas particulièrement méchante... ce qui, en un sens, me soulagea un petit peu. La seconde kitsune semblait en effet assez proche d'elle, et se montrait particulièrement affectueuse, ce qui me troubla d'ailleurs légèrement. J'aurais pu être plus malchanceuse, et tomber sur un pervers sadique, qui aurait eu le plaisir de faire de ma vie un enfer. Peut-être était-elle comme ça après tout, et qu'elles jouaient la comédie pour mieux me tromper, qu'en savais-je ? Je n'allais sans doute pas tarder à le savoir, de toute façon. Et puis, quelle que soit le sort qu'elle me réservait, je n'aurais pas vraiment d'autre choix que de l'accepter.
Après avoir bu une gorgée de ce thé, qui au passage était délicieux, je levais mon regard vers la jeune femme aux oreilles pointues. J'étais curieuse de savoir ce qui m'attendait, dans cette nouvelle demeure.
- Que... que comptez-vous faire de moi, madame ?