- Bon, ne rentres pas trop tard Louise, je suis pas sensée te laisser traîner quand les parents sont pas là, ok ?
Après qu'elle m'eut assuré qu'elle jouerait les cendrillons et qu'elle ne tardera pas de trop, je la laissais partir rejoindre sa bande d'amis. Ils allaient "manger ensemble et se faire un cinéma entre copains" mais je me doutais bien que de toute façons, ils trouveraient le moyen de finir la soirée à boire quelques verres. Il était amusant à quel point ma demi-soeur pouvait être mon opposée tant au stade physique qu'au stade psychologique. J'étais le stéréotype de l'eurasienne grande et agréablement dotée de fortes formes, aux cheveux lisses et aux grand yeux sombres. Mais surtout, doté d'un caractère bien calme et solitaire. J'appréciais la bonne compagnie,mais ce n'était pas pour autant que j'irai la chercher de moi-même... Eh bien Louise, c'était tout l'inverse. Cette blonde pétillante me redevait bien des services après toutes les fois où j'avais couvert quelques de ses bêtises ou escapades secrètes. Je m'en voulais souvent de la laisser faire ainsi, comme une mère trop lâche avec son enfant; mais j'étais incapable de lui refuser quoique ce soit. Ce n'était pas moi, qui n'avait jamais pu obtenir quoique ce soit de trop extravagant de ma mère, qui allait empêcher ma demi-soeur de s'éclater et vivre sa jeunesse comme moi je n'avais pas osé la vivre, restant silencieuse sous le cadre strict familial et religieux imposé par ma mère. J'étais coincée entre ces lignes depuis bien petite, aussi mon caractère s'était forgé avec, m'empêchant de trop regrette de ne pas avoir été plus extravertie dans mon adolescence. Mais Louise avait cette petite étincelle, ce rayon de soleil qui me soufflait à chaque fois que je la voyais sourire, que cette fille était la beauté de la joie de vivre incarnée, et que l'empêcher de vivre sa jeunesse et d'étaler ce bonheur autour d'elle, serait bien triste blasphème.
Faute de n'avoir une horde d'amis à inviter pour m'accompagner ce soir - bien que quelques de mes amies auraient accepté sans doute, mais je n'osais même pas leur demander de peur de les importuner... je n'irai pas loin - ça allait finir entre Prato et moi tout ça, comme d'habitude. Bien avant que je découvre les plaisir sexuels avec un animal, j'avais de grandes affinités pour les bêtes, et j'avais toujours désiré devenir vétérinaire. Ma mère grimaçait bien souvent en me disant que médecin serait plus utile, mais après avoir appris que c'était un métier nécessitant de longues études tout aussi complexe que les études de médecine, et que le métier rapportait, elle a finit par se faire à cette idée et à accepter une chose que je désirais. Cependant, j'aurais volontiers donné tout ce qu'elle acceptait rarement de moi, contre le droit d'aimer non pas que les animaux mais aussi leur sexe, mais surtout, surtout, contre le droit d'aimer ma propre demi-soeur.... Hélas c'était impossible; et je vivais ces deux désirs en silence, bien que je puisse assouvir avec mon chien mes envies zoophiles. Il m'était souvent passé par l'esprit de le tenter avec d'autres bêtes, mais je n'en avais jamais eu l'occasion.
A cet instant où j'eus cette pensée, un bruit sourd tinta derrière moi, sonnant comme un écho de ferraille, accompagné d'un gémissement étrangement aigu. J'eus un sursaut et je me retournais immédiatement, serrant contre moi mon sac, le coeur battant de peur. L'espace d'une seconde, je priais pour que je ne soit pas suivie par un h... renard ?!
Oui, devant moi, se trouvait un magnifique renard, d'une couleur gris argenté. J'écarquillais les yeux devant tant de beauté. Mon dieu, c'était quoi cette espèce ? Je n'avais jamais vu une teinte de pelage aussi belle. Le renard avait intérêt à ne pas rester traîner en zone de chasse, où il serait traqué sans relâche. Enfin, un renard argenté en plein milieu d'un quartier d'habitation, ce n'était pas courant, non, certainement pas. Je ne bougeais pas, pensant que l'animal fuirait immédiatement en croisant mon regard. Et pourtant, celui-ci resta planté devant moi, me fixant comme s'il cherchait à lire mes intentions. Pourquoi ne s'en allait-il pas, qu'est-ce qui l'attirait vers moi ? Je regardais rapidement autour de moi, et me grattais machinalement la tête. Ah. je savais peut-être. J'affichai un sourire en coin et ouvris doucement mon sac, tout en surveillant l'animal du coin de l'oeil, au cas où il s'enfuirait. Je m'accroupis en douceur, très lentement, ne voulant pas l'effrayer. Ma jupe se plissa sur mes genoux. Enfin, je sortis une petite boîte dans mon sac. Le hasard avait fait que j'avais cueilli quelques cerises lors de ma dernière virée au bois avec Prato, mon braque. J'en avais gardées dans une petite boîte en plastique dans mon sac en cas de petit creux.
Ainsi accroupie face à l'animal qui étonnamment ne s'était pas enfui, je jetais avec douceur une des cerises vers l'inconnu d'argent, attendant sa réaction. Les renards raffolaient de cerises.