Shunï s’était avancé jusqu’à environ deux mètres de la clôture, évaluant les forces en présence à l’intérieur de l’enceinte, elle n’avait pas l’intention de se frotter à autant de soldats en même temps, connaissant très bien ses capacités, qui étaient loin d’être aptes à se frayer un chemin jusqu’à la cible… Soudainement, la radio dans son oreille se mit à grésiller, la lieutenant put reconnaître la voix de Boris, lui affirmant qu’un garde s’approchait d’elle.
Se jetant dans le fossé, elle put voir une ombre se détacher de la nuit, alors qu’il ne passait qu’à quelques mètres de la crevasse. Attendant qu’il ne s’éloigne pour sortir de sa cachette, Shunï se mit en retrait des gardes et appuya sur le bouton de l’émetteur dans son oreille.
Merci… Il y a une trop grande concentration d’ennemis, je vais devoir traiter la cible à distance… Couvrez-moi.
Shunï ayant été entraînée à être préparée à toute éventualité, elle avait déjà pris un point, dans un buisson, où elle avait mit tous les effets qu’elle aurait besoin pour ce genre de tir; silencieux, lunette infrarouge… En plus de son Sauer 200 qui était dans sa mallette, l’avantage d’être un haut gradé était qu’on pouvait utiliser autre qu’une Dragunov… D’ailleurs, la jeune femme n’avait jamais vraiment aimé les armes soviétiques, privilégiant les armes d’origine européenne de l’Ouest... Ou encore les armes Allemandes, comme celle-ci.
Regardant dans le viseur, une fois l’arme entièrement assemblée, Shunï cherchait sa cible, qui était censée se trouver au deuxième étage. D’un petit sourire, elle concentra son attention sur quelque chose qui venait de bouger dans le bureau de la cible. Activant la vision thermique de sa lunette de visée, elle remarqua une concentration de chaleur, signe qu’il y avait bel et bien quelqu’un à l’intérieur; la TDE n’avait désormais qu’à attendre qu’il allume la lumière pour avoir la confirmation que c’est bien sa cible… Chose étonnante, il ne l’avait pas fait, il restait dans le noir, mais il alluma son ordinateur, qui donnait une lumière assez puissante pour qu’elle puisse reconnaître l’homme à abattre. D’une balle, tirée dans l’ouverture de la fenêtre qu’avait négligemment laissé un garde, la cible s’écroula au sol, le bruit rendant suspicieux les gardes qu’il y avait près du bureau.
Maintenant, vous me couvrez jusqu’à la forêt, je dois fuir sans être vue!
Prenant son temps, pour ne pas être repérée, Shunï rampa sur le sol, en direction de la lisière de la forêt. De là, elle pourrait aisément filer vers le point d’observation, là où Boris et Feûng étaient cachés. Elle eut à peine le temps d’atteindre la forêt que la sirène se fit entendre, ensuite une voix forte donna les indications à suivre pour ses hommes, tentant de retrouver l’assassin. Filant jusqu’à ses recrues, le chef leur fit signe de la suivre.
Se déplaçant sans bruit dans le bois, ils finirent par semer leurs poursuivants, mais la nuit n’était pas encore terminée, et il était hors de question qu’ils aient un point d’extraction avant l’aube.
J’espère que vous aimez le camping… On va passer la nuit ici, personne ne pourra venir nous chercher avant demain.
Comme ils n’avaient qu’une tente, ils devraient se contenter de dormir deux par deux, alors que le troisième resterait éveillé pour jouer le rôle du guet. Les trois se mirent alors à la tâche, montant rapidement la tente. Ce serait leur seul effet de camping, un feu pourrait donner la position à l’ennemi, et pouvoir ainsi se faire capturer, probablement tuer… Alors que les trois étaient debout, devant la tente, Shunï donna ses ordres.
Donc, il nous reste quatre heures avant que le soleil ne se lève, vous pourrez donc dormir alors que je surveille. J’ai déjà dormi dans le Humvee, ça va donc aller.
Alors que les deux hommes, sous la surveillance de la jeune femme, entraient dans la tente, Shunï s’assit alors au sol, avant de nettoyer les pièces de son arme désassemblée. Au bout d’une heure, n’entendant plus un bruit, l’envie prit au lieutenant d’aller se rafraîchir un peu… Elle savait qu’il y avait une rivière non loin car elle avait entendu le bruit de celle-ci, et comme les gardes ne s’aventureraient pas si loin en forêt, les recrues n’avaient rien à craindre. Se levant donc, elle partit en direction de la rivière.
Elle venait tout juste d’enlever ses bottes qu’elle avait les pieds dans l’eau fraîche… C’était si bon, si relaxant, après une mission si stressante; la mission en elle n’était pas si compliquée, mais le fait qu’elle dût amener avec elle deux recrues l’avait beaucoup stressé. Donc, retirant tous ses vêtements, elle entra dans la rivière tranquille, nue comme un ver, ne se préoccupant que d’elle-même, seule… ou pas?