Deux corps enlacés, d’anges qui plus est, entourés d’une aura de tendresse infinie. Quel beau spectacle dans une église. Gabriel multipliait les attentions douces, tendres mais en même temps maladroites vis-à-vis de la jeune femme. Il entoura leur corps de ses ailes, une prison de plumes d’un blanc poudreux pour les protéger des possibles regards extérieurs. L’archange venait caresser Anéa de ses plumes et de ses mains, parcourant moult fois les courbes de la demoiselle. Toujours son visage contre le torse de Gabriel, l’ange déchue resserrait son étreinte encore et encore. Un véritable pot de glue. Elle frottait doucement son visage sur Gabriel, profitant de la douceur de sa peau. Ses joues se mettaient lentement à rougir.
« Oui une nouvelle mission, Dieu m’a demandé de décimer toutes les personnes dont l'âme a été souillée...Tu sais tout comme moi qu'il n'y aura que peu de survivants...Toi tu as été touchée par le mal, tu as été déchue, je devrais te tuer, mais... »
- Q…Quoi ?
Le cœur d’Anéa s’arrêta de battre quelques secondes. Non, ce n’était pas possible. Le Seigneur ne pouvait ordonner une telle mission à Gabriel. Décimer les humains, mais c’est impensable. Ils sont sa création ! Mais…L’archange est bien loin d’être un menteur. Alors tout cela était vrai…La demoiselle expira d’un seul coup, fortement, comme si elle avait eu le souffle coupé, comme si on lui avait serré la gorge jusqu’à ce qu’elle en étouffe. Les efforts d’Anéa pour exterminer les démons étaient donc vains. Gabriel l’a si bien dit : elle a été souillée par le mal. Elle ne devrait même plus avoir ses ailes. Mais si elle devait quitter, autant que ce soit de par la main du Seigneur, ou de Gabriel. C’est égoïste d’un côté, de demander à quelqu’un qui vous connait parfaitement, de mettre fin à vos jours. Au moins, on pouvait savoir qu’on allait mourir avec pour dernière image, la personne à qui l’on tient le plus. Si telle était sa mission, alors pourquoi ce « mais » de la part de l’archange?
« Je n'en ai pas la force...Je ne pourrais pas, tu as toujours représenté le fruit défendu pour moi...Voilà pourquoi j'ai été si dur avec toi, car si je venais à laisser parler mes sentiments, Dieu t'aurais sûrement tué, afin de me préserver... »
Une nouvelle fois, le cœur d’Anéa s’arrêta de battre, de surprise. Était-ce un rêve ou bien la réalité ? Retrouver Gabriel ici relevait déjà du miracle. Après tant d’années qui ont suivi son jugement, l’ange n’aurait pensé rencontrer des semblables, encore moins lui…Depuis sa création, Anéa était sous les ordres du Seigneur mais en particulier de Gabriel. Il est vrai qu’il n’a pas toujours été tendre avec elle, mais la jeune femme a toujours su que cela était pour son bien. Et même s’il était ainsi, elle avait commencé à nourrir des sentiments pour lui. Mais elle était vraiment loin de penser, vraiment trèèèès loin de penser qu’il en était de même pour lui. Elle n’avait rien fait pour l’attirer, pour…Pour, pour qu’il tienne autant à elle !
Gabriel vint prendre le visage d’Anéa d’une main, pour le relever et plonger ses yeux océan dans ceux de la demoiselle. Le cœur de la jeune femme se mit à battre de plus en plus rapidement et de plus en plus fort. Mais elle ne s’attendait pas du tout à ce que le jeune homme allait lui demander.
« Anéa, embrasses-moi, s’il-te-plaît… »
Les yeux grands ouverts, Anéa ne savait que répondre à cela. Ses joues, elles, oui. Elles prirent très rapidement une teinte d’un rouge pivoine. Oh, et puis, si on les touchait, elles étaient chaudes, voire même bouillantes. Que faire ? La jeune femme en avait bien envie, ça, elle n’allait pas dire le contraire. Mais c’est une déchue, une souillée par le mal. Si elle embrassait Gabriel, qu’adviendrait-il de lui ? Le Seigneur considérerait cela comme une trahison aussi ?
- Je…Je ne p…
…Peut pas finir la phrase. Le regard de la demoiselle s’était posé sur les lèvres de l’archange. Elles avaient l’air d’être si douces, comme une peau de pêche…Alors, serait-ce une trahison ? Non, non, après tout, ce n’est qu’un…baiser. Et c’est Gabriel qui lui avait demandé, elle ne peut rien lui refuser. Elle ne voulait pas de toute façon. Elle aussi en mourait d’envie. Alors, elle souleva lentement ses pieds, pour que son corps ne repose que sur leurs pointes. Elle posa ses mains sur le torse nu du jeune homme pour y prendre appui. Son visage s’approcha de plus près de celui de Gabriel. Elle ferma ses yeux azur, sentant le souffle de l’archange contre son visage. Son cœur ne cessa de palpiter. Enfin, ses lèvres se posèrent sur celles de Gabriel. Anéa se voulait douce et tendre, comme lui le faisait avec ses caresses.