Koda n'avait clairement pas prévu de se retrouver ici.
Honnêtement, il n'avait même pas eut un jour l'idée qu'il se retrouverait dans une situation suffisamment aberrante pour qu'il n'ai plus le droit à sa liberté d'être.
Mais que s'était-il passé ? Eh bien dans les faits il se revoyait bien, là, en fin de journée, rentrer chez lui d'un pas lent avec une de ses sucettes au bec. Il avait passé une matinée à se prendre la tête sur les épreuves maladroites produites par son professeur de mathématiques appliquées, puis une après-midi à enchaîner les cours de faculté avec le déplaisir de voir les choses devenir de plus en plus difficiles à ses yeux. Littéralement, à ses yeux. Le ronflant des discours tout prêt, les paroles interminables des professeurs, les attaques plus ou moins directes envers ceux qui ne produisaient pas les efforts attendus... Tout cela l'avait lentement amené à perdre l'ensemble de sa concentration. Aussi avait-il lutté avec une somnolence relativement aiguë pendant les deux dernières heures. Prier de rester éveillé ne l'aida point, se mordre la main pour que le sommeil ne l'emporte pas non plus. Tout u plus avait-il dût attendre en dodelinant de la tête que la purge soit terminée, cela afin de prendre un grand bol d'air frais, puis de se diriger vers ses pénates avec l'espoir de pouvoir à nouveau y purger son besoin de solitude.
Pourtant il n'avait pas tenu plus d'une heure dans son petit appartement. Allez savoir pourquoi, mais dans le fait d'être écrasé entre ces quatre murs, il y pressentait une forme absolue d'insatisfaction. Sûrement le fait que d'avoir passée une journée moisie l'avait amenée à être plus sensible à son habituel isolement ? C'est avec cette idée en tête que le jeune homme avait enfilé son blouson, remis ses baskets, puis quitté son lieu de vie pour aller trouver un coin agréable où passer le début de soirée. Dans la résidence où il se trouve, point de petits coins sympas pour le divertissement, ça c'est un fait. En revanche, une marche légèrement soutenue permet en un peu plus d'une dizaine de minutes de trouver quelques bars et autres cafés qui offrent le plaisir d'une collation à bon prix. Aussi, le damoiseau en profita pour fumer une de ses cigarettes, puis la jeta nonchalamment dans une poubelle une fois les rues commerçantes atteintes. Plus qu'à jeter son dévolu sur une enseigne, surtout qu'il n'a pas vraiment d'exigences ou d'habitudes, aussi ... Il se laisse aller au hasard, entrant dans un bar nommé "Le Bout en train", et y commander sa première consommation sans trop faire de manières. Le regard du serveur manqua l'agacer, mais les cons sont légions en ce monde, aussi laissa-t-il couler.
C'est alors que ça devenait flou.
Koda se souvenait parfaitement avoir prit plus d'un verre. De là à pouvoir les compter, c'était une toute autre affaire. En tout cas, tout cela l'avait mené à avoir tellement chaud qu'il avait fini par décréter que son blouson était de trop ! Il l'avait jeté comme un malpropre dans l'allée du bar, occasionnant une discussion avec le serveur, dont le contenu lui était encore assez embrumé. Il ne se souvenait même plus de ce qu'il avait put lui dire, sûrement pas grand chose de bien cordial, encore plus qu'il l'avait bien vu loucher sur son débardeur. Punaise oui ! Oui ! C'est ça, il s'en souvenait, il avait dû lui sortir, à un ou deux mots prêt, quelque chose du genre :
" QUOI !? T'as envie d'voir mes nibards ? Pas de bol, j'en ai pas, merdeux ! "
Rien que d'y repenser manqua le faire rire. Ouais l'alcool n'était sûrement pas la consommation qui lui permettait d'être le plus sympathique, mais au moins il aimait bien la manière dont il avait de réagir dans ces moments là ! Peut-être que d'avoir osé enlever son débardeur au milieu de la pièce, devant l'air goguenard, presque bête du serveur, n'avait par contre pas été la plus sainte et saine des idées. C'est d'ailleurs sûrement ce qui avait provoqué le cri indigné d'une femme dans la pièce, puis mené à .. à... Mais bon sang mais oui, voilà pourquoi la police avait débarquée ! Ah merde oui c'était effectivement stupide comme situation. C'est vrai que l'éphèbe ne s'était clairement pas douté des retombées de ses actions ! Encore moins qu'on débarque alors qu'il était complètement ivre pour lui mettre les menottes aux poignets parce qu'il aurait fait preuve "d'exhibitionnisme". C'est terrible que l'on ne puisse plus faire le moindre écart dans cette foutue société, c'est bon, il avait juste fait une petite erreur franchement !
Dans les faits, les flics en avaient bien eut rien à faire. Après un entretien rapide, et vu son état, il était clair qu'il allait finir en cellule de dégrisement, alors même qu'il commençait déjà à redescendre de son petit nuage. Faut dire, les types qui étaient venus le récupérer avaient de la poigne, ses poignets le faisait suffisamment souffrir pour qu'il n'ai put en douter ! Et la douleur est certes parfois nécessaire, mais dans le cas présent, ça n'avait qu'eut le don de le ramener plus abruptement à la réalité.
Alors voilà, après un long trajet en voiture, il était dans ce hall gris, la main attachée au pied de table, tandis qu'une flicette traversait le rapide rapport que lui avait fait son collègue. Elle ne lui adressait pas un mot, se contentant de s'assurer que les formalités avaient bien été exécutée. Elle ne lui demanda ni son âge, ni son nom, même pas son sexe. Soit les policiers d'avant l'avait demandé à Koda sans même qu'il n'en ait le souvenir, ce qui l'inquiétait un peu sur sa mémoire à court terme... Soit ils avaient trouvés sa carte d'identité et s'en étaient servis pour remplir le formulaire. Pourtant, si la seconde possibilité paraissait la plus fiable, elle allait vite prouver qu'elle ne pouvait être vraie, et pour cause : Son examen finit, la policière s'approcha du damoiseau en train de recouvrer ses esprits pour déverrouiller sa menotte, puis l'attraper par le bras pour le sommer de se lever. Bon, il avait suffisamment d'ennui, il n'allait donc pas lutter en plus contre une personne faisant partie des forces de l'ordre. Autant s'assurer d'avoir encore un peu plus d'emmerdes au lendemain. Pourtant, ce n'est pas l'envie qui lui manqua quand elle se permit un :
" Allez poulette, lève-toi. T'as pas d'bol, les cellules de dégrisement sont déjà pleines ! Donc tu vas avoir le droit de côtoyer ta première criminelle, soit fière !
- Mais ... Mais j'suis pas une gonzee...
- WOH, tu la fermes petite pute ! M'oblige pas à te calmer ! "
A la bonne heure. Koda se tût et attendit simplement qu'on lui fasse traverser deux corridors et une jolie porte tout en barreaux de fer épais. Bon dieu, c'était glauque. Mais avantage certain, ça ne devait pas souvent arriver qu'une personne soit dans le coin, les cellules étaient toutes vides ! Par contre, ça n'allait pas être le grand confort : Tout au plus y'avait-il ici des bancs, trop larges pour y être bien assis, pas assez long pour s'y coucher afin de bien y dormir. Ah, et des toilettes dans un coin de la pièce, mais pas de miroir. Et toutes les cellules étaient identiques, autant dire qu'on ne pouvait se tromper sur le confort qui allait aller avec la nuitée. En tout cas, arriva enfin la fin de son voyage, la grossière dame qui le traînait depuis l'accueil prisonnier l'attrapant pour le coller au barreau, vérifiant une dernière fois qu'il n'avait rien en poche. Une fouille désagréable, mais qui permit au jeune homme de distinguer, un court instant, la forme qui se trouvait au fond de la cellule. C'était ... une femme ? Attendez, on venait vraiment de le faire entrer chez les minettes ? C'était quoi cette farce ?
... Et en même temps ...
" Rien dans les poches de ton short... ni sur les flancs... Et j'touche pas les adolescentes, sans façons ! Allez, du nerfs, rentre ! "
Poussé par une force particulièrement indélicate, Koda manqua s'envoler dans la pièce plus que d'y rentrer ! D'ailleurs, la fin de son arrivée se termina sur les genoux, afin de ne pas finir tête la première sur le béton lisse constituant le sol.
" J'vous laisse entre minettes, j'ai autre chose à foutre que de vous garder à l'oeil. Veillez juste à la fermer, si j'vous entends, ce sera pas avec douceur que j'passerai vous calmer. "
Koda retint un simple mais honnête "connasse" sortir d'entre ses chicots... Avant de lentement se relever, observant la policière partir. Ouais, avec tout ça, l'alcool avait bien perdu de son effet. Le plaisir de la soirée quant à lui l'avait définitivement quitté, à tel point qu'il n'eut même pas l'idée de saluer sa seule et unique compagne de cellule. Quel goujat !