[TERMINE] Enquête costumée... [PV: Batgirl]

Les explications fusèrent, et Vanessa les écouta une à une avec la plus grande des attentions. Les Guramu étaient donc des Yakuzas. À traduire par mafia, ce qui signifiait qu’ils étaient bel et bien des hors-la-loi. C’était du bon sens, rien qu’à en regarder leur activité. Seikusu était leur fief, depuis longtemps. Depuis la guerre, visiblement. La jeune femme en face de Vanessa continua ses explications, en racontant alors comment elle et, apparemment, les autres Batgirls sont arrivées dans la ville. Leur intention était de mettre un bon coup de pied dans la fourmilière, et elles avaient bien raison. Et dire qu’en surface, personne ne remarquait l’influence de ces malfrats sur la ville. Personne. Tout se faisait en coulisse, dans l’ombre de la ville. C’était assez effroyable de se dire que c’était une bande de mafieux décérébré qui contrôlait tout. Pourtant, Seikusu était une ville paisible, où il faisait bon vivre … Si l’on ne comptait pas tous les phénomènes étranges s’y produisant.

C’était un endroit où d’innombrables choses étranges se déroulaient. Déjà, tous ces super-héros, puis la mafia maintenant. Sans compter le paranormal. Vanessa se demandait bien où avait-elle atterrit … Mais c’était son métier. Elle travaillait pour une agence nationale, s’occupant de tous ces phénomènes. Et à vrai dire … après tout ce temps … Elle songeait sérieusement à démissionner. Ce n’était plus sa tasse de thé. Cela avait failli lui couter sa dignité et sa vie en ce soir. Ces évènements avaient eu l’effet d’un électrochoc en elle, et à présent, l’idée de quitter ses fonctions rodait dans son esprit. Que faire, voilà la question. Cependant, elle n’eut pas le temps d’y penser que la jeune femme lui parlant finit par soulever un point important. Un point que Batgirl n’avait pas abordé, mais que visiblement elle, souhaitait le faire.

Restant un moment silencieuse, la mine de Vanessa s’assombrit un peu. Elle ne pouvait pas expliquer à cette femme qu’elle était une sorte d’agente secrète, qui en plus était en train d’enquêter sur Batgirl. Mais elle avait l’obligation de lui rendre un minimum de compte, vu qu’elle lui avait sauvé la vie. Ses yeux se baissèrent, puis elle fit quelques pas. « Eh bien … L’histoire serait un peu longue à expliquer. Sachez que je regrette aussi d’avoir été aussi stupide et inconsciente, pour m’être aventurée en de pareilles lieux. Je ne pourrai jamais remercier suffisamment Batgirl pour m’avoir sauvé la vie … Mais je pense que je vous dois aussi des explications. » Dit-elle, en soupirant. Son regard se porta sur celui de la jeune femme, et prenant une mine sérieuse, elle commença alors à s’expliquer à son tour. « Je n’aime pas mon travail. Oui, je déteste ce que je fais et ce depuis cette nuit même. Je pensai que … Faire ce genre d’enquêtes serait intéressant et me permettrait de comprendre certaines choses, notamment sur moi-même. Mais je me suis trompée. J’ai failli mourir après m’être faite violée, aujourd’hui et, je ne tiens vraiment pas à continuer tout ceci. » Poursuit-elle, avant d’apporter une réponse plus ou moins clair à la jeune femme.

« J’enquêtais, sur Batgirl. Cela faisait plusieurs mois qu’on l’a remarqué, avec ses actions et agissements. Je me demandais personnellement qui était ce personnage, qui sauvait des vies et faisait la justice à Seikusu. J’ai développé une sorte de curiosité, qui m’a poussé à faire des recherches à titre personnel. C’est ce qui m’a conduit ici, cette nuit, au quartier de la Toussaint. Je ne peux pas justifier ni expliquer pourquoi j’ai pris le risque de venir en pleine nuit, mais je peux en revanche vous dire que j’ai au moins pu avoir des réponses que je cherchais depuis longtemps ! » Finit-elle, pouffant un léger rire nerveux. Elle ne voulait plus de tout ceci, de cette vie, de ce danger. Elle voulait juste … Rentrer chez elle. Oublier cette nuit, tout oublier. Tout, sauf Batgirl. Car elle était non seulement sa sauveuse, mais Vanessa avait développé une sorte de curiosité à son encontre. Et après cette nuit, elle avait réellement envie de la connaitre. Connaitre cette courageuse femme, qui se battait dans l’ombre, pour les citoyens de cette ville.

Le crime organisé avait toujours été une force occulte, connue et inconnue en même temps... Car il était partout, mais on en parlait quasiment jamais, et il existait toujours chez les autres, alors que, fondamentalement, chacun savait, en son for intérieur, que le milieu existait chez soi... Et Batgirl irait même jusqu’à dire qu’on souhaitait sa présence. Il y avait énormément d’explications à fournir sur la survivance du crime organisé. Malgré les siècles et les luttes, les mafias existaient toujours. On pouvait tout à fait les voir comme un cancer, car elles étaient des forces corruptrices, vénales, meurtrières... Mais elles étaient aussi une sorte de résistance contre l’État, une résistance qui, selon les époques, variait sur l’échelle de la moralité. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, l’US Army avait fait affaire avec Cosa Nostra. L’incendie du Normandie au port de New York, en 1942, avait contraint l’armée à obtenir l’aide d’un parrain, Lucky Luciano, afin de protéger les docks contre d’éventuels saboteurs allemands... Même s’il était probable que l’incendie du paquebot avait été provoqué par l’un des hommes de main de Luciano, Albert Anastasia, afin de piéger l’US Army, qui, à l’époque, n’y avait fait que du feu. Et, outre cet incident, Luciano avait aussi aidé l’US Army lors du débarquement en Sicile, en 1943, durant l’opération Husky, à faciliter la prise de la Sicile en servant d’intermédiaire entre les Américains et Cosa Nostra.

Quant aux Yakuzas, leur mainmise sur le Japon avait explosé à la suite de la Seconde Guerre Mondiale, où, ruinée, l’État japonais avait fait appel à ces mafias pour lutter contre l’influence des Coréens et des Taïwanais. Exploités par l’Empire japonais pendant le conflit, de nombreux ouvriers thaïlandais et coréens se trouvaient au Japon lors de la chute du régime, et les mafias de leurs pays en avaient profité pour tenter de s’implanter, implantation facilitée par l’état de délabrement du pays. L’idée était alors de contrôler le marché noir, nécessaire pour permettre aux civils japonais de survivre. La mainmise des Yakuzas s’était accentuée avec la menace communiste, qui avait amené les Américains à libérer des gens comme Yoshio Kodama, un individu qui avait servi de lien entre la CIA et les Yakuzas, et qui avait cherché à structurer et à unifier les différents clans yakuzas.

Le résultat final était que les Yakuzas étaient terriblement influents dans le pays. Seikusu était loin d’être une exception. Akihiro n’appartenait même pas au Yamaguchi Gumi, le plus grand clan yakuza du Japon, et dont le chiffre d’affaires annuel était de plusieurs dizaines de milliards de dollars. Pour mieux comprendre la philosophie japonaise, il fallait se référer à la métaphore du losange. Un losange était une figure géométrique avec deux pointes : une pointe en haut, et une pointe en bas. La pointe du haut représentait l’État, l’autorité étatique, et la pointe du bas représentait la pègre, le pouvoir occulte.

Autrement dit, quand Barbara était venue à Seikusu pour obtenir des informations sur un trafic d’armes international, elle savait qu’elle se heurterait à un adversaire aussi tenace que les pègres de Gotham, que ce soit à l’époque de Don Falcone, ou, plus récemment, à celle d’Oswald Cobblepot. Et, si la mentalité japonaise évoluait sur la question, les traditions avaient encore, sur le pays, un poids très fort.

*Et puis, je suis une femme... Ce qui, dans un milieu sexiste et ultraconservateur comme celui du crime organisé, renforce l’affront qu’ils subissent...*

Barbara aurait pu tenir tout un cours à Vanessa, mais, pour l’heure, elle attendait surtout ses informations, que cette dernière vint à lui fournir. Elle ne chercha pas à mentir en disant qu’elle était une simple policière, mais qu’elle faisait partie d’une organisation peu stimulante, et dont le but était de mener une enquête sur Batgirl. Les organisations secrètes... Barbara en connaissait beaucoup. ARGUS, le SHIELD, le DEO... Quelle était la sienne, à elle ?

Batgirl hocha la tête après ses quelques explications.

« Malheureusement, il va m’être difficile de me contenter de vos sommaires explications, Mademoiselle White. Beaucoup d’organisations secrètes gouvernementales s’intéressent de près à nos activités. Contrairement aux Vengeurs, la Justice League et ses alliés sont une force indépendante du pouvoir, et, si nous bénéficions du soutien de la population après avoir repoussé les forces de Darkseid, je sais que bien des gens sont relativement paranoïaques à notre encontre, et cherchent à tout prix à percer à jour nos secrets. »

Il y a quelques années, le monde avait souffert d’une autre invasion extraterrestre, encore plus redoutable que celle des Chitauri à New York : les forces d’Apokolips, de Darkseid. Ses légions de Parademons avaient envahi la Terre par le biais de Boom Tubes, et les Vengeurs n’avaient pas pu repousser cette menace, étant occupés à l’autre bout de l’espace. Des super-héros différents avaient alors émergé : Batman, Green Lantern, Flash, Wonder Woman... Et, bien entendu, Superman. Ensemble, ils avaient sauvé le monde contre la menace de Darkseid, et, suite à cela, avaient construit la Watchtower, une station spatiale flottant dans l’espace, chose qui n’avait été possible que parce qu’ils avaient alors bénéficié d’un immense soutien de la part de la population, ainsi que de quelques industriels notables, comme Bruce Wayne. Cependant, les gouvernements continuaient à se méfier d’eux, et à savoir qui était Batman... Et ses alliés, comme Batgirl.

Barbara observa donc la femme, et termina donc par une question légitime :

« Pourquoi enquêtez-vous sur nous ? »

Autant de questions parfaitement légitimes et cohérentes, auxquelles Vanessa ne pouvait pas forcément y apporter de réponses. Cependant, devait-elle conserver le secret, ou bien tout avouer, puisqu’elle allait quitter cette agence ? Le choix devait se poser maintenant. À proprement parlé, l’agence nationale de l’étude paranormale et extraterrestre officiait en tant que branche de l’état, servant justement à déployer des agents spéciaux aux quatre coins du pays pour étudier tout type de phénomène classé paranormaux. Un constat avait été fait ; Seikusu était une ville particulièrement touchée par ces mêmes phénomènes. Il était donc normal de voir des agents comme Vanessa y établir domicile, vu que la majorité de ses missions se déroulaient ici. Cette agence nationale était secrète, et son existence était officiellement un mensonge. Par conséquent, Vanessa devait garder le secret. Mais après tout, à présent qu’elle voulait partir, cela importait-il encore ? Qu’allait-on lui faire si elle divulguait ce détail à Batgirl ? Cette femme semblait être une personne de confiance, et Vanessa sentait qu’elle n’allait pas en faire quelque chose de cette information.

Il était normal qu’elle veuille savoir pourquoi l’agente enquêtait sur Batgirl. La seule réalité était que Vanessa venait de le dire. Par curiosité personnelle, couplé à un intérêt de son employeur. Soupirant, la jeune femme finit par céder et s’ouvrit à son interlocutrice, ne souhaitant pas lui faire cachoteries après qu’elle lui ai sauvé la vie. « Comme je vous l’ai dit, j’ai développé une curiosité à votre sujet. Mon employeur avait remarqué vos agissements, mais il n’a jamais voulu s’investir personnellement dans cette affaire. Cela ne dépendait pas du département paranormal, mais plus de la justice. Moi par contre, j’ai voulu enquêter de mon côté, car tout simplement, Batgirl m’intriguait. Je n’enquêtais pas sur vous mais uniquement sur elle. Vous avez du mal à me croire pourtant c’est la vérité. C’était juste de la curiosité de ma part … Bon, cela allait servir mon agence bien évidemment, mais ils n’allaient pas en faire grand-chose je pense. De toutes façons, c’est fini. Je vais démissionner … » Dit-elle, d’un ton résolu.

La jeune femme pouvait poser autant de questions qu’elle le souhaitait, Vanessa était patiente et comprenait parfaitement les interrogations qu’elle pouvait soulever. Elle avait répondu franchement aux questions de Vanessa, donc celle-ci se devait d’en faire de même. Toutefois, elle ne pourrait pas lui donner plus d’informations qu’elle n’en avait. Il était certes dur de croire que tout ceci n’était arrivé que par vanité et inconscience, mais c’était bel et bien le cas. L’agente n’avait pas mesuré le danger en venant se promener de nuit au quartier de la Toussaint, et elle avait failli en faire les frais. Batgirl était venue à son secours, elle avait été sauvé, tout ceci était maintenant finit. Tout ce qu’elle voulait, c’était regagner son chez-soi, et oublier tout ceci, y compris sa vie d’agente secrète … « Je répondrai à toutes les questions que vous me poserez, je vous le dois bien. Mais je pense que j’ai besoin de rentrer chez moi, d’oublier tout ce qui viens de se produire cette nuit. J’espère que je reverrai Batgirl, en personne, afin de la remercier … Je n’ai pas eu réellement l’occasion de le faire, et jamais je me le pardonnerai si je le faisais pas. » Dit-elle, en esquissant un sourire.

Cependant, quelque chose que la jeune femme venait de dire lui revint en tête. La regardant à nouveau, son regard se voulut alors curieux et elle demanda alors une petite explication. « Mais, hum … Qui sont les Vengeurs au fait ? C’est une autre agence top-secrète ? Et la Justice League aussi ? » Demanda-t-elle, en toute honnêteté. Elle n’était pas vraiment à la page en ce qui concernait les nouveaux groupes de justiciers indépendants, et elle n’avait donc nullement connaissance de ces noms. Son interlocutrice savait forcément des choses là-dessus …

La méfiance était toujours de mise face au gouvernement ou à ses agences d’espionnage. Elles n’étaient en effet pas connues pour leur grand respect des libertés individuelles, et, au nom du dogme de la sécurité publique, n’hésitaient pas à commettre moult exactions. Batman était vu par ces agences comme une nuisance plus qu’autre chose, et ce essentiellement parce que, même depuis toutes ces années, le fait qu’il ait réussi à conserver son identité secrète posait problème.  Barbara se méfiait légitimement de l’organisation derrière Vanessa, même si cette dernière n’avait pas grand-chose avec le stéréotype de l’agente secrète. Nerveuse et timide, elle lui expliqua que son organisation ne visait qu’à se renseigner sur les métahumains, et qu’elle se renseignait sur Batgirl à titre personnel. Sans rien dire, Batgirl l’observa, sourcils légèrement froncés.

*Un hobby qui l’emmènerait jusqu’au quartier de la Toussaint ? Cette fille ne doit pas bien connaître Seikusu...*

L’argument, néanmoins, pouvait se tenir. Quand les Guramu avaient renforcé leur mainmise sur Seikusu, au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, ils avaient récupéré d’innombrables actes de propriété correspondant aux bâtiments et aux usines sinistrées de ce quartier. Maintenant, même si quantité d’immeubles, de logements et de boutiques avaient poussé, le clan conservait la nue-propriété sur la majorité d’entre eux. Une propriété obtenue frauduleusement il y a des années, en volant les registres cadastraux, en modifiant les titres de propriété contenus dans le répertoire des hypothèques et des actes de propriété à la mairie. Ils avaient réussi un coup de maître, avec le soutien officieux de la CIA, car leur présence permettait de faire ce qu’un État japonais défaillant et appauvri ne pouvait faire : lutter contre les immixtions communistes.

Visiblement, Vanessa prenait Barbara pour une fausse Batgirl, et pensait que la vraie était Cassandra... Ce qui était assez amusant. En réalité, et s’il fallait raisonner sur ce point de vue, seule Barbara était légitime, car elle était la seule que Bruce ait jamais accepté comme Batgirl. Les autres avaient été formées par Barbara, et recrutées par elle. Cassandra Cain était la fille de psychopathes, et, à ce titre, elle n’avait jamais eu l’approbation complète de Bruce ou de Dick. C’était Barbara qui avait choisi de la former, de l’éduquer, car elle savait qu’une thérapie ne servirait à rien. Stéphanie Brown, elle, était la fille d’un criminel, Cluemaster, qui avait failli tuer Bruce en organisant à Gotham City toute une machination, dont on n’aurait jamais pu croire ce criminel raté capable. Une conspiration avec l’aide de son ex-femme, et ils avaient tenté de tuer Spoiler quand elle l’avait découvert, par hasard. Là encore, Bruce n’avait pas spécialement envie de la former, et c’était Barbara qui avait été la voir, sur Internet, avant de choisir de la former. Et, enfin, quant à Kate Kane... Elle s’était formée par le biais de la CIA, et s’était faite appeler Batwoman, comme pour marquer son détachement avec la famille, tout en annonçant la couleur. Le gouvernement l’avait une fois forcé à essayer d’appréhender Batman, et Batgirl l’avait déjà affronté... Elle avait accepté de les suivre à Seikusu, car la CIA enquêtait sur les mêmes personnes que Barbara... Mais tout ça, Vanessa ne pouvait pas le savoir, et elle raisonnait donc simplement à partir de ce qu’elle avait vu ce soir.

*Il n’y aurait jamais eu d’autres Batgirls si le Joker ne m’avait pas brisé le dos. Batgirl devait survivre à Barbara Gordon, car elle représente une idée qui me dépasse...*

Plongée dans ses pensées, elle écoutait Vanessa demander si elle pourrait un jour revoir Cassandra, donnant à Barbara la curieuse idée d’être une sorte de mère veillant sur les relations de sa fille. Vanessa lui demanda alors ce qu’étaient les Vengeurs ou la Ligue, et, cette fois, ce fut au tour de Barbara d’être muette, la regardant en clignant des yeux à plusieurs reprises, sous l’effet de la stupéfaction...

« Et bien vous alors... Je comprends pourquoi vous voulez démissionner de votre agence de renseignements. »

Les interventions des Vengeurs et de la Ligue dataient d’il y a quelques années, mais elles avaient fait le tour du monde.

« Les Vengeurs sont intervenus il y a environ six ans pour repousser une invasion extra-terrestre à New York. Un groupe d’individus dotés de capacités surnaturelles : un ancien soldat américain de la Seconde Guerre Mondiale qui a été piégé dans la glace pendant des années, un homme dans une armure de combat, un géant vert indestructible... Ces gens s’étaient déjà rencontrés avant cette invasion, afin de calmer ce géant vert, Hulk, qui avait été possédé par un manipulateur, un Asgardien, Loki. Loki avait cherché à manipuler Hulk pour laisser parler son agressivité, et ces individus hétéroclites l’ont calmé... Puis Loki a ensuite déclenché un autre plan, en s’alliant avec des forces redoutables dans le cosmos, et a ouvert à New York un trou de ver qui a permis de faire venir une race d’envahisseurs, les Chitauris. Les Vengeurs sont intervenus, ont refermé le Portail, sauvé le monde, et envoyé Loki en prison. Ce n’est pas une agence top-secrète, c’est un groupe de super-héros lié au SHIELD. Ils ont un site Internet, font des interviews, et réalisent régulièrement des missions caritatives. »

Batgirl avait fait ses devoirs.

« Concernant la Ligue, c’est... C’est différent. La Ligue s’est construite il y a cinq ans, quand une autre invasion extraterrestre a émergé... Ce n’était pas les Chitauris ou Loki, mais un autre individu, bien plus dangereux... Darkseid. Une sorte de... De tyran cosmique qui règne sur une planète gigantesque entièrement artificielle, Apokolips, planète qui, pour s’alimenter en énergie, absorbe les planètes telluriques. Darkseid voulait se nourrir sur notre monde, et les Vengeurs n’étaient pas là pour le défendre. Le SHIELD et les armées nationales ne pouvaient guère faire grand-chose contre Darkseid, et d’autres héros ont alors émergé. Superman, Wonder Woman, Batman, Aquaman, Flash, Cyborg, Green Lantern... Les sept individus ont réussi à repousser Darkseid, et ont définitivement fait entrer le monde dans un nouvel âge, celui des héros costumés. »

Avant cela, les médias se demandaient si ces méta-humains étaient une menace ou des alliés... Quand ils avaient repoussé Darkseid, la question ne se posait plus avec autant de véhémence.

« La Justice League est une organisation indépendante qui a comme base une station spatiale flottant dans l’espace, qu’elle utilise pour sonder l’espace en guettant le retour de Darkseid... Ou d’autres menaces. »

Le moulin à paroles venait de terminer son exposé, et Barbara resta silencieuse pendant quelques secondes, laissant le temps à Vanessa d’accuser tout ce qu’elle venait de dire.

« Et, pour conclure, il n’y a pas de vraie ou de fausse Batgirl... Il n’y a qu’une seule Batgirl, et plusieurs porteuses différentes, chacune avec des costumes spécifiques. Celle que vous avez vue... Je l’ai recueillie pour essayer de lui inculquer une nouvelle vie. Ses parents l’ont éduqué eux-mêmes, mais ils étaient des psychopathes, des tueurs, qui ont entraîné leur fille pour en faire une tueuse parfaite. Ils ne lui ont jamais appris à lire ou à écrire, mais à savoir comment tuer, comment se battre... Elle faisait partie d’un programme de formation développé par ses parents visant à former des tueurs dès leur enfance. Nous l’avons arrachée à l’emprise de ses parents, et j’ai compris qu’elle ne serait jamais une jeune femme normale. Alors, plutôt que de l’envoyer dans un asile, j’ai choisi de la former. »

Elle termina ensuite, avec un petit sourire sur les lèvres :

« Je pense qu’avoir une amie ne pourra que lui faire du bien... Mais elle n’est pas très sociable. En fait, elle est assez timide dès qu’il s’agit d’envisager une interaction sociale autre que taper sur des gens. »

Comme quoi, quand on disait que les justiciers étaient des malades mentaux, on n’avait pas spécialement tort.

Quand Vanessa avait fini de poser sa question, elle fut alors bien servie. La jeune femme lui expliqua ce qu’était la Justice League, et les Vengeurs, comme elle le lui avait demandé. Des explications qui n’étaient pas de refus, et que l’agente comprit assez rapidement. L’invasion extra-terrestre ayant eu lieu à New-York, sa mémoire lui revenait. Elle l’avait lu dans les journaux, sur internet et partout dans les médias. Un fait aussi surréaliste que peu probable, mais qui avait bel et bien eut lieu. Effroyable … Les extra-terrestres existaient donc bien. Cela avait de quoi faire froid dans le dos, mais heureusement, des justiciers avaient repoussés l’invasion. Vanessa s’en souvenait normalement, mais vu la nuit qu’elle venait de passer, sa tête n’était pas très bien rangée. Plus son interlocutrice parlait de ces groupuscules, plus ses souvenirs lui revinrent.

Toutefois elle ne connaissait pas forcément qui étaient tous ces super-héros, un à un. Flash, Wonder-Woman, tous ces noms ne lui évoquaient rien de particulier sur l’instant. Elle avait certainement dû les entendre auparavant, mais elle ne pouvait pas coller un visage à tous. C’était rassurant de voir que des personnes possédants certaines facultés les mettaient au service de l’ordre et de la planète pour la protéger. Mais Vanessa avait eu la preuve cette nuit que le contraire existait aussi, malheureusement. C’était à se demander ce qu’on était, personnellement, face à toutes ces personnes. Pratiquement rien … Elles avaient toutes des superpouvoirs, ou des gadgets inédits sortant des laboratoires les plus secrets et avancés. Vanessa comprenait encore mieux pourquoi ne fut-elle qu’un boulet qui entravait Batgirl.

Soupirant, sa tête se releva quand la jeune femme finit par lui expliquer que sa sauveuse n’était pas très sociable. Sa condition, son éducation, tout avait été fait pour lui soustraire cette partie. C’était triste à entendre, une femme comme celle-ci méritait d’avoir de l’entourage. Elle méritait d’avoir juste des … Amies, et non pas que des ennemis bons à taper dessus. L’agente acquiesça puis esquissa un petit sourire avant de répliquer. « Je relève le défi d’être son amie. De toutes les manières je ne peux pas simplement la laisser comme ça, pas après tout ce qu’elle a fait pour moi … Et ce que vous avez aussi fait. »   Dit-elle. Un défi était à relever, mais pour se faire, il fallait l’ingrédient principal ; Batgirl. De toutes évidences ça n’allait pas être ce soir que Vanessa allait pouvoir lui reparler. Il fallait attendre qu’elle s’en sorte, qu’elle refasse surface.

En attendant, Vanessa aurait le temps de se remettre d’aplomb et d’être prête pour sa sauveuse. Un silence se créa, pendant lequel Vanessa semblait pensive. Et elle l’était ; comment allait-elle casser le mur avec Batgirl ? Elle voulait réellement s’efforcer de lui apprendre ce qu’était la sociabilité, l’amitié, etc. Cette femme le méritait, tout simplement. Soupirant une nouvelle fois, Vanessa tourna à nouveau sa tête vers la jeune femme puis lui sourit. « Serait-il possible que vous me rameniez chez moi ? Je sais que j’en demande trop mais … Je n’ai aucun moyen de revenir, si ce n’est à pieds. Vous pourriez me rendre ce service, si cela ne vous dérange pas ? » Demanda-t-elle poliment, avant de se rendre compte qu’elle ne connaissait même pas le nom de cette femme. « Au fait, comment vous appelez-vous ? On parle depuis tout à l’heure mais je ne connais pas votre nom. »   Dit-elle amicalement.

La seule chose qu’elle désirait était de rentrer chez elle, à présent. Le lendemain serait sans doute une meilleure journée.

Cassandra Cain était la fille de Lady Shiva et de David Cain. David Cain était un terrifiant maître-assassin, un homme qui avait travaillé pour différentes organisations gouvernementales. Il avait travaillé avec le Mossad pour récupérer un ancien néonazi réfugié dans une hacienda du Brésil, où il était entouré d’une armée de mercenaires et de gardes du corps. Il avait également travaillé avec le SHIELD pour affronter l’HYDRA, et était donc un tueur professionnel neutre, accomplissant des missions à prix d’or... Et, parallèlement, David développait son propre empire, reposant sur des orphelinats dans des zones sinistrés, où il formait des enfants à devenir de futurs tueurs. C’était un individu redoutable, qui avait même formé Bruce Wayne lors de son voyage initiatique, avant que ce dernier n’apprenne quel monstre se cache derrière cet expert en assassinats. Bruce avait contribué à arrêter David Cain, et à démanteler son trafic, mais l’homme n’était pas resté longtemps en prison. Cependant, n’arrivant pas à obtenir des résultats concrets de la part des jeunes filles qu’il exploitait, il avait décidé d’avoir sa propre fille, et l’avait conçu avec Lady Shiva, une autre ancienne mentor de Bruce, une experte en arts martiaux. Cassandra n’avait jamais été conçue par amour, et n’avait jamais connu l’amour, une chose dont Lady Shiva et David Cain étaient, de toute manière, totalement dépourvus. Ils l’avaient entraîné pour être une tueuse impitoyable, et elle avait croisé pour de bon la route de Batman quand Double-Face l’avait embauché pour tuer James Gordon. Batman l’avait stoppé, et la Bat-famille avait ensuite entrepris de lui offrir une nouvelle existence.

Vanessa était donc prête à relever le défi, une phrase qui fit sourire Barbara. Elles étaient donc appelées à se revoir... Ce qui était une bonne chose. Barbara avait choisi de prendre Cassandra sous son aile, car il fallait tout lui apprendre. Lire, écrire, se sociabiliser. Un hôpital psychiatrique n’aurait jamais été une bonne solution pour elle, car elle n’aurait jamais pu s’y épanouir pleinement, ou apprendre ce qu’il lui manquait. Cependant, Barbara avait aussi ses propres soucis, et, même si Cassandra l’aimait bien, leur relation restait encore assez distendue.

La mystérieuse femme demanda ensuite à ce que Barbara la ramène chez elle, ce qui la fit sourire à nouveau.

« Bien sûr, il n’y a pas de problèmes... »

Vanessa lui demanda ensuite son nom, ce qui fit légèrement rire Barbara.

« Pourquoi croyez-vous que je porte un masque, Vanessa ? Batgirl suffira pour le moment... »

C’était aussi une manière de lui dire que, malgré ce qui venait de se passer, Batgirl n’avait pas encore totalement confiance en elle. D’aucuns auraient pu lui reprocher sa paranoïa, mais, quand on venait de Gotham City, et qu’on avait comme grand-frère un psychopathe notoire, et qu’on avait côtoyé à longueur de journée des individus aussi cinglés que Le Pingouin, Le Joker, ou des incendiaires comme Firefly, on avait tendance à devenir naturellement paranoïaque.

« Allez, grimpez... Je dirais à Cassandra de venir vous voir d’ici quelques jours. Ou alors, je vous enverrais un mail pour vous dire où vous pouvez la trouver. »