Oh, elle jouait au poisson ? Allez, on ouvre la bouche et on la referme, on ouvre la bouche et on la referme, mais surtout on la ferme, pas un son, bon sang que ne pas l’entendre était agréable ! ça lui rappelait déjà à quel point il aimait la liberté qu’il venait de perdre avec une saloperie de coéquipière dans les pattes… il regrettait Tsubahana… elle au moins savait s’y prendre pour le faire, comme elle disait, céder de son plein gré, ce que cette foutue emmerdeuse ne saurait sans doute jamais faire, mais en un sens, il s’était déjà résigné, même si en arriver là était bien malheureux !
Le jeune homme l’écouta, un dossier à lire, il le regarda, dédaigneux avant de s’en saisir du bout des doigts comme si bosser allait lui refiler une méningite aigue… remarquez, cette hypothèse n’était pas exclure, il parcourut les deux pages avant de soupirer, une enquête à la con bien évidemment… les disparitions, ça le gonflait plus que tout… il regarda l’horloge… huit heure cinq… ça allait passer lentement… il l’écouta donner des consignes… elle, elle devait pas bosser ici depuis longtemps… on était jeudi et le deuxième jeudi du mois, les SDF étaient massés trois ou quatre rues plus loin car une association offrait un ptit dej’ bien chaud à ceux qui étaient défavorisés… et ce n’était que le début de ce qu’il aurait aimé lui dire… parce que la majorité des commercent n’ouvraient que vers neuf heures et demie, d’où la bêtise de ses ordres…
Au final, sur le total, on ne pouvait que joindre la ligne de bus, de plus, à cette heure-ci, les gens roulaient dans les embouteillages pour aller bosser, entre sept heures et huit heures et demie, inutile de prendre la bagnole, c’était lent à s’en tirer une balle… Bon Gabriel, tu ne dis rien, tu la suis et tu riras plus tard… tu ferme ta gueule surtout ! Ferme là, voilà ! Tu vois que tu peux le f…
« Jsuis ptêtre trop sanguin, mais moi au moins, j’ai un brin de jugeote… »
Oui, son ironie au goût des plus mauvais avait été de trop pour éviter une remarque de la part du lieutenant Valmy. Il prit une vlope qu’il mit en bouche sans l’allumer. Signe qu’il allait prendre sa dose de nicotine avant toute chose, et avant même ses ordres. Mais non content de la traiter implicitement de débile, il ne put s’empêcher de dire pourquoi.
« Il est huit heures cinq, à cette heure ci, il y a des bouchons de partout, donc la bagnole ne sera pas utile, de plus, pour un habitué des enquêtes sur le terrain, il est évident que la majorité des boutiques ouvrent vers neuf heures, neug heures et demie en général, à commencer par l’opticien, le boucher, le poissonnier et le salon de coiffure de la rue concernée, il ne peut y avoir que la boulangerie d’ouverte avant de piétiner sur place, alors si vous voulez aller vous faire chier pour rein là bas, pas de soucis, je fournis le PQ, mais vous pouvez crever si vous croyez que je vais y aller. »
Ça au moins, c’était clair, non ? Vous voulez plus de clarté ? Soit. Alors, voyons voir, un américain, d’après ce que je lis, c’est son premier voyage au japon, donc pas de raison d’avoir des ennuis avec la mafia locale ni avec les triades…. Je ne vois pas le papier de l’ambassade ricaine dans le dossier, ni les analyses vidéos des caméras, et appeler la compagnie de transports en commun, c’est faisable d’ici… verdict, on fait quoi patronne ? »
Il prit le papier sur lequel était marqué le numéro de la fliquette et je jeta sans même le regarder, encore un signe qu’elle pouvait crever avant qu’il la joue en équipe, le deuxième sous entendu était très simple : t’as beau diriger, ma garce, en attendant j’ai marqué tous les points, je suis en train de gagner à qui pisse le plus loin, à toi de voir si tu comprends où est ton intérêt, fouteuse de merde….
« Maintenant si tu le permets, miss, je vais aller planter mon clou de cercueil ! »