Haussant les sourcils, je me rendis compte que la jeune femme qui était assise sur le banc, juste en face de moi, ne savait pas qui j’étais, et donc à qui elle avait à faire. D’ailleurs, même si j’étais quelqu’un inoffensif, et qui serait simplement parti sans demander son reste, il fallait tout de même avoir un minimum de politesse.
Eh bien, je voulais simplement me montrer sociable. Comme ma présence vous dérange, je vais quitter.
M’éloignant de la jeune femme, lui faisant dos, je m’arrêtai, tournant ma tête pour que seul le côté droit apparaisse vers la jeune femme, ayant un petit rictus qui deviendra prochainement un sourire malsain.
Cependant, je vous conseillerais à l’avenir de choisir vos mots face à un inconnu, vous ne savez pas à qui vous pourriez avoir à faire.
Puis je me retournai pour enfin quitter le champ de vision de la jeune femme.
Le fait que lorsqu’on ne voit pas quelqu’un, ça ne veut pas nécessairement dire que la personne en question ne nous voit pas non plus, j’ai passé ma vie à m’exercer dans le domaine d’épier les gens à leur insu, à les regarder dans un coin sombre de leur appartement, alors qu’ils regardent la télé et ne savent même pas que je suis là.
Je suivais la femme comme si elle était une simple filature. Oui je voulais me venger d’elle, mais je ne pouvais pas faire ça comme un amateur, d’ailleurs les meilleures vengeances sont celles qui ont prit beaucoup de temps lors de la planification, ça me laisse le temps de voir le moment où elle serait le plus vulnérable.
Au fil des jours, je remarquai que cette dame n’était pas vraiment le profil à aller s’éclater dans les bars, mais elle restait cloîtrée chez elle, la majorité du temps, ce n’en était que plus facile à surveiller. Je ne pouvais cependant pas me permettre de l’attaquer chez elle, il fallait que j’attende qu’elle soit à l’extérieur pour pouvoir abattre ma vengeance sur elle.
C’est alors qu’un soir, alors qu’elle se rendait probablement au super marché du coin, comme à son habitude, que je décidai d’attaquer. Chose ironique, ma vengeance aurait lieu dans le même endroit qu’elle m’avait simplement envoyé balader, lors de notre première rencontre. Surgissant des ombres de la forêt, qui passait d’un côté et d’autre d’un petit chemin en pierre, je la suivis, à environ une dizaine de mètres derrière elle, prenant bien soin de cacher ma tête sous une lourde capuche. Après un moment, et m’avoir assuré qu’il n’y ait personne dans les parages, j’accélérai le pas puis agrippai la taille de la jeune femme afin de l’attirer avec moi dans les ombres.
Crie, et je te tue sur le champ. Furent mes seuls mots.