Formien en liberté ! ··· Gerzzy

La situation échappait totalement à la jeune femme qui était envahie par un désir puissant pour cet homme qui se refusait à elle. Tout cela était nouveau pour elle, jamais elle ne s'était retrouvée dans la situation où elle n'était pas l'objet du désir. Pour la première fois, elle se retrouvait face à un homme qui ne désirait profiter d'elle, bien au contraire. Il avait compris son passé et trouvait cela révoltant et de ce fait refuse de se montrer complice d'une certaine manière. Ce n'est qu'en entendant les paroles, en croisant ce regard, que Lizzy se rendit compte de ce qui se passait à cet instant. Ses yeux s’agrandir sous la stupéfaction de son comportement et la honte vint tout balayer dans son esprit. Son désir disparut, tout comme sa colère, la laissant presque vide. Elle relâcha sa prise, son regard fuyant celui du sorceleur. Ce dernier venait de lui donner une leçon, d'entrouvrir une fenêtre sur une autre vision de ce monde fait de violence ... " Si tu m'accepte toujours à tes côtés, je chasserais notre proie avec toi, sinon je continuerais seule " ... La jeune guerrière ne savait quoi dire, comment se comporter, rien durant ses années de formations, d'endoctrinements ne l'avait préparé à cette situation. Elle laissa donc le sorceleur libre de partir et se détourna de lui, pour plonger dans la piscine. Voulait faire disparaitre cette honte qui la gagnait, ces larmes qui avaient commencé à humidifier ses yeux. Lizzy était perturbée, troublée, jamais elle ne s'était retrouvée devant quelqu'un qui la poussait à remettre en cause ce qu'elle avait vécu, son rôle en dehors de celui de combattante pour l'Ordre. Ce ne fut qu'une fois sous l'eau, qu'elle lacha un cri silencieux, avant d'abattre un poings chargé d'énergie sur le fond de bassin faisant exploser la pierre et laissant un léger cratère au poing d'impact. Elle resta quelques secondes ainsi, sous l'eau avant de ressortir. Elle ne savait pas si il serait toujours présent ou si il aurait quitté la pièce à ce moment et ne savait pas si elle espérait l'un ou l'autre.

Face à la défiance du sorceleur, la guerrière mystique n’avait guère d’options. Sa colère était compréhensible compte tenu des circonstances, mais ses exigences étaient illégitimes. Rien ne pourrait l’empêcher d’obtenir gain de cause et rien n’aurait pu l’empêcher d’écraser sa rage dans le sang du voyageur. La décision la plus noble et la plus difficile, sans doute, était de reconnaître le droit de chacun à ses choix, et elle finit par en relever le défi.
La prise se relâchant sur lui, Gerd reprit le contrôle de ses gestes et écarta son bras endolori du chemin, massant son poignet tout en faisant fonctionner ses doigts légèrement blanchis par la vigueur de la prise. Il la regarda avec amertume, les sourcils froncés, mais ne lui en tint pas rigueur plus que cela. Au final, il lui fut reconnaissant de l’épargner et décida de jeter l’éponge, si elle était prête à le faire.

« Cette créature ne se chassera pas toute seule, » commenta-t-il, « et elle reste particulièrement redoutable. Si tu veux m’accompagner, je vais me rhabiller. J’attendrai un moment, puis je poursuivrai ma route. Le jour a déjà trop avancé. »

Tandis que la guerrière se repliait dans son bain, le sorceleur, lui, quitta la pièce pour retourner à ses quartiers, rassembler ses biens et se préparer à la route. Cela lui prendrait un moment, même en se dépêchant, ce qu’il ferait : il n’avait aucune envie de rester une minute de plus que nécessaire dans ces lieux.
Du bout de ses sens aiguisés, il entendit la percussion du coup porté au fond de l’eau par Lizzy, mais il ne s’arrêta pas pour s’interroger. Son objectif était simple et unique : partir.

Il ne s’arrêta que le temps de revêtir ses vêtements et son armure et de contrôler ses effets personnels. Il reprit la marche rapide pour descendre les marches et traverser le chemin pavé conduisant jusqu’à la porte. Il chassa les regards silencieux des gardes par son ignorance et, le visage fermé, exécuta un Signe pour claquer la petite porte grande ouverte devant lui, la dépassant sans un mot.
Il marcha un moment, s’éloignant de la petite place forte jusqu’à se sentir rasséréné, et il s’arrêta enfin. Il soupira, rageux, et se retourna enfin pour guetter l’indice de la présence de Lizzy : rien pour le moment. Alors, tenant sa promesse, il s’arrêta le temps de faire le point sur la piste de la bête, et de considérer ses options.

Lizzy était dans un état émotionnel rare, entre fureur et honte. Jamais elle n'avait ressentit un tel mélange, la honte n'était pas quelque chose qu'elle n'avait jamais éprouvée, mais pour la première fois elle se sentait sale. Elle ne savait pas comment l'exprimer, était ce dut à son comportement envers le sorceleur, ou bien sa réaction à lui. N'avait il pas juger son comportement avec les hommes et si oui pourquoi cela la touchait de la sorte. La jeune femme n'avait jamais réellement réfléchit à ses réactions face au désir masculin qu'elle provoquait, y avait il quelque chose de malsain ? Elle savait que la pureté de certains leader de l'Eglise et de l'Ordre n'était qu'illusion et cachait une perversité pécheresse, mais elle était différente. Mais la raison de sa colère pouvait aussi être le fait qu'il ai osé la rejeter. Son orgueil avait été atteint peut être plus qu'elle ne l'avait pensé. Quoiqu'il en soit, elle n'avait pas le temps de penser à tout cela, elle avait un monstre à éliminer et sa seule chance se trouvait au côté de ce sorceleur.

Quittant le bain et retournant à sa chambre, elle s'équipa, elle avait retrouvé toute sa force, toute sa puissance. Lorsqu'elle s’apprêtait à quitter le château, elle vit le regard de certains des hommes qui avaient abusé d'elle. Certains semblaient honteux, d'autres au contraire, la regardait comme une pièce de choix. Cela nulle importance, elle ne leur céderait plus rien, ni son corps, ni son temps. Elle fut malgré tout soulager de ne pas voir l'ancien paladin et passa la porte que venait de prendre le sorceleur. Elle fut soulager d’apercevoir sa silhouette plus loin. Ce fut dans une grande inspiration, qu'elle effaça tout ressentis pour ce qui s'était passé. Lizzy n'était pas du genre à appesantir sur le passé, après tout on ne pouvait pas le changer, alors à quoi bon rester bloqué dessus. Arrivée près de lui, elle fit apparaitre son arme et la chargea d'énergie. Elle n'avait pas matérialiser son armure, nul besoin pour l'instant ... " je suis prête, comment allons nous retrouver la piste de notre proie " ... Le ton de sa voix était nette et ne laissait rien transparaitre des évènements passés. Mais il n'y avait aucun sourire dans son regard, juste un froid sens du devoir à réaliser. La jeune femme amicale, la jeune femme à la libido affichée, avait laissé place à un soldat, une guerrière de l'Ordre et de l'Eglise, à la froide et mortelle détermination. Etat d'esprit qui pouvait être perceptible dans le son qu'avait fait son arme, lorsqu'elle l'avait chargé.

Après un peu d’attente, Gerd perçut l’approche de la guerrière de l’Ordre Immaculé avec un mélange de satisfaction et d’appréhension. Il avait été dur avec elle, mais il avait été forcé d’être ferme quant au refus qu’elle avait refusé d’accepter. Il y aurait du chemin à faire pour réparer tout ça, mais le combat les attendait et effacerait vite ces considérations.
En l’attendant, il avait commencé à retrouver leur piste de la veille et avait commencé à l’examiner pour se rappeler précisément la direction de laquelle ils étaient venus. Lorsqu’elle s’arma et lui demanda la marche à suivre, il pointa la direction du doigt sans un mot avant de se tourner vers elle. Après un autre silence, il finit par admettre son état d’esprit.

« Quoi qu’il soit arrivé, je suis heureux que tu m’aies rejoint pour cette chasse, Lizzy. »

Il se retourna vers la piste et entama la marche.

« Nous allons revenir sur nos pas et reprendre la piste là où nous l’avions perdue, » expliqua-t-il alors. « Un point commun à la plupart des monstres est leur besoin d’une tanière, d’un endroit où se reposer et se cacher entre deux curées. Celui-là a fait un bon repas. Avec de la chance, on pourra le trouver pendant qu’il digère et en état de faiblesse. »

Le temps était donc un élément important dans l’équation, ce qui expliquait que, ses jambes se dégourdissant, Gerd accélérait le pas progressivement, allant bientôt d’un bon train.
Avant longtemps, ils arrivèrent en vue du charnier qu’ils avaient inspecté la veille. A la lueur terne du soleil des landes dévastées, quelques charognards s’étaient aventurés au-dehors et se repaissaient de quelques carcasses qu’ils se disputaient encore. Mais ils n’avaient pas besoin d’aller si loin : la piste du monstre était bien visible et le sorceleur l’aperçut et bifurqua dans sa direction en contournant bien la scène du crime.
Il ne s’arrêta pas une fois sur la piste : la bête, massive et lourde, avait laissé bien des traces nettes et elle était facile à tracer. La trouver ne serait pas difficile.

« Dis-moi, » finit-il par demander à Lizzy, « tu as des infos sur ce monstre ? Je ne peux déduire que ce qui est déductible, mais tu as peut-être des pouvoirs utiles pour ça ? »

Il faisait référence à son équipement, même si, en l’occurrence, magie et technologie ne faisaient vraiment qu’un.