Ca aurait dû être le dernier, elle se l'était promit une fois revenue chez elle. Tout avait été si simple, si facile. Aucun accroc sauf une grosse frayeur au tout dernier moment. mais elle avait été rapide, comme toujours.
Cela faisait plusieurs semaines qu'elle passait par ce quartier super huppé de Seikusu alors qu'elle retournait à son logement miteux, le soir après le boulot. Elle avait repéré cet édifice plus luxueux que les autres. Elle l'avait repérée cette faille dans la structure qui lui permettrait d'accéder à ce balcon, à une dizaine de mètres de haut. Elle avait hésité mais les prochains soins de Kaito allaient les vider de toutes leurs maigres économies. Elle n'avait pas le choix.
Passer le mur, éviter les caméras et détecteurs en bondissant de branches en branches, c'était dans ses cordes. Des hauteurs d'un arbre massif, elle avait put accéder à cette micro corniche. Du bout des doigts elle s'était rapidement hissée à une gouttière discrète puis l'avait remontée jusqu'au balcon. Tout allait dans son sens. Une baie vitrée ouverte, personne dans la pièce. Elle s'y était introduite sans difficultés. Sur un guéridon, un vase sous cloche, rien d'autre d'intéressant malheureusement. Elle l'avait emballé dans son sac à dos, il n'était pas si volumineux que ça. Et là, la frayeur! une lumière qui s'allume dans la pièce d'à côté. Gwen en deux bonds dégage et enjambe le balcon, elle se laisse chuter, se reprend en agrippant les barreaux d'une grille, et atterrit sur la pelouse. Elle tape un sprint jusqu'au mur, entend un homme crier. L'obstacle n'est rien, elle le franchit en y prenant souplement appui et retombe dans la rue. A nouveau c'est le sprint. La capuche relevée pour dissimuler son visage, elle fonce et disparait peu après dans les zones plus sombres des quartiers alentours. Elle sent qu'elle est suivit mais accélère encore. Sa condition physique est optimale. Elle grimpe à une échelle métallique, rejoint un toit, court encore, franchit un espace d'un saut calculé, passe sur un autre toit, en redescend et s'engouffre dans une station de métro pour en ressortir trois stations plus loin. Magistrale!
Ricky est son receleur, le pauvre type du coin à qui elle refourgue le butin de ses larcins d'habitude. Elle lui montre le vase, il le mesure, le prend en photo et lui promet de la rappeler, ce qu'il fait tout exciter une heure après. C'est le jackpot. Ce sera 50/50 avec lui mais la somme devrait être conséquente. Elle accepte ... et tout dérape.
Merde, j'ai mal à la tête. L'esprit brumeux, elle ouvre un œil. Elle a la nausée. Tout a merdé. Des morts partout, un déluge de balle, et elle, recroquevillée au milieu de tout ce foutoir, priant pour sa vie ... et le trou noir après un choc brutal. c'est tout ce dont elle se souvient.
Où est-elle? Ca sent la poussière, un entrepôt? On dirait bien. Une personne normale chercherait les issues à hauteur d'homme. Gwen cherche un échappatoire en hauteur. Des poutrelles métalliques, de la grosse tuyauterie, des câbles, oui c'est possible. La structure du bâtiment pourrait lui permettre de s'enfuir par les hauts. Il faut juste ... qu'elle se débarrasse de ses entraves. Non pas moyen, trop serrées, ses membres s'engourdissent déjà sous l'immobilité. Elle renifle. Elle a saigné du nez et du sang a goutté sur son sweat. Sa tignasse blonde est toute ébouriffée.
"Vous m'avez volé quelque chose de... particulièrement précieux...."
La suite du monologue la pétrifie. Elle n'ose tourner la tête pour voir si le type est seul mais elle en doute. Elle réfléchit à toute vitesse, c'est la panique. Je veux pas mourir.
S'excuser? Il doit s'en cogner. Implorer? ca ne servirait à rien. Etre honnête? De toute façon, il saura ce qu'il veut savoir.
"Je ..." Elle déglutit, elle a la bouche sèche. "Je peux avoir de l'eau s'il vous plait?"
Non? Oui?
"Je m'appelle Gwen, j'avais besoin d'argent. J'ai choisi votre immeuble au hasard. La fenêtre était ouverte ..."
Gwen tremble, elle est dans une merde noire. Et Kaito doit s'inquiéter. Bon sang! Kaito! S'ils sont remontés à elle, ils peuvent remonter à lui. La peur lui donne du courage.
"C'était pour aider quelqu'un! Ne lui faites pas de mal! S'il vous plait! Je ... Je peux vous ... dédommager! N'importe quoi, dite moi de faire ce que vous voulez ... monsieur."