Pendant tout l’acte, Acté n’avait pas desserré les lèvres une fois. Elle n’avait rien dit, ni grogné, ni supplié, ni menacé. Elle s’était contentée de se taire. Impossible de forcer sur les liens, qui l’entravaient bien trop efficacement. Ce ne devait probablement pas être la première fois que l’homme violait, mais elle ne lui offrirait pas le plaisir que n’importe quel violeur lambda recherchait en s’attaquant à une femme : lire la peur dans les yeux de la victime, la pitié, sentir le
pouvoir s’exercer sur elle. Rien ne s’échapperait du corps d’Acté, rien d’autre que le foutre de cet homme. Dans sa tête, elle s’imaginait en train de l’égorger, tandis que son sexe lui labourait l’intimité. Malheureusement pour lui, une Amazone n’était pas une petite provinciale, une campagnarde qui hurlait à la vue du chevalier. Elle était une guerrière amazone, et, depuis sa plus tendre enfance, elle avait appris que le sexe serait un élément déterminant. Étant une femme, elle serait forcément amenée à se tourner vers le sexe, et elle avait donc appris à le dominer. L’homme face à elle n’était qu’un porc, comme la plupart des mâles qui pullulaient sur cette planète... Ou même
tous, du point de vue d’Acté. Il poussait des grognements, et finit par venir, ses mains posées sur les hanches chaudes, douces, et fermes, de l’Amazone. Ce fut assez rapide.
«
Merde... Ta sœur était moins desséchée que toi, j’ai eu l’impression de baiser un gravier... »
Elle le regarda silencieusement, et se mit à sourire :
«
Ne me dis pas que tu étais à ton maximum... Je me demande ce que tu as enfoncé en moi : ta queue, ou ton doigt... »
C’était littéralement un coup en-dessous de la ceinture, mais ça faisait toujours mouche avec les hommes. Acté se mit à sourire, avant de sentir le poing de l’homme s’abattre sur sa tête. Une belle claque, qui lui fit mal, et la força à cracher du sang sur le sol.
«
On va te bouffer, sale pute, et ce sera réglé ! Salope de frigide ! »
Acté secoua lentement la tête, et l’homme se retira, claquant la porte derrière lui. L’Amazone se mit à grogner. Finir dans le ventre de ces trois cinglés ne l’encourageait pas, et elle essaya donc, encore une fois, d’enlever les cordes qui la retenaient. Un exercice difficile, voire même impossible. Ce type savait y faire pour réaliser des nœuds solides.
*
* *
Sélène avait mal un peu partout, et se raccrochait à cette douleur pour lutter contre les longs frissons qui remontaient sur son corps, et qui l’encourageait à s’écrouler. Elle se raccrochait à la souffrance, car, tant qu’elle souffrait, c’était le signe qu’elle était en vie. Il ne fallait surtout pas, en ce moment précieux, se décourager, et, au contraire, continuer à se battre. C’était précisément ce que la Princesse des Amazones effectuait, tout en essayant d’ouvrir un pendentif. Un ridicule pendentif... Mais la serrure était légèrement cassée, et elle devait donc glisser son ongle à l’intérieur pour l’ouvrir. En temps normal, un tel exercice n’aurait pris qu’une seconde, mais elle n’était pas vraiment en état. Elle sentait ses doigts trembler, et sentait Nabû’ se rapprocher d’elle. L’imposant Roi-Liche voulait sûrement en finir, et brandit son épée. La vision de Sélène était floue, mais elle voyait clairement une longue lame verte, ainsi que deux horribles points verdâtres fluorescents, correspondant sûrement aux yeux du monstre.
«
Commençons par le morceau du Roi, si j’ose dire. Crève, salope ! »
Il allait abattre l’épée, quand quelque chose l’en empêcha. Sélène perçut des mouvements de vent sur la figure, tandis que le Roi-Liche s’écrasait sur le sol. Elle secoua la tête, retournant se concentrer sur le pendentif. Son ongle souffrait, et, pendant ce temps, Nabû’ n’eut aucune réelle difficulté à se débarrasser d’Edean. Sur le sol, il fut surpris pendant quelques secondes.
«
Toujours en vie, petit Ange ? rigola-t-il.
Je t’arracherai les ailes ! »
Il le frappa à la tête, et se redressa, avant de se tourner vers Sélène. L’épée fut à nouveau brandie, et il s’élança vers elle... Mais le pendentif lâcha pour de bon, et le cristal en dymérite s’ouvrit. Il n’y eut aucune lumière aveuglante quand le dymérite s’ouvrit, mais le cristal se mit malgré tout à vibrer, au contact de toute cette magie, qu’il se mit à absorber. Le Roi-Liche poussa un cri de surprise mélangé de douleur, tandis que le dymérite avalait la magie nécromancienne. Des espèces de nuages verdâtres formant des tourbillons filaient à l’intérieur, avalant la magie, et l’épée du Roi-Liche tomba sur le sol.
«
Mais que... ?! Que m’arrive-t-il, aaah ? »
Sélène cracha du sang sur le sol. Elle tenait le cristal à bout de bras, et son autre main agrippa le manche de son épée. Lentement, elle entreprit de se relever. Tous ses os lui faisaient mal, et elle avait l’impression d’être une poupée en porcelaine. Le Roi-Liche, frappé de plein fouet par la dymérite, reculait lentement, rampant sur le sol. Sélène, de son côté, s’avançait vers lui, sa lame raclant le sol. Dieu, que son épée lui semblait lourde ! N’arrivant pas à la prendre, elle préféra opter pour un poignard accroché à sa ceinture. Elle titubait lentement, poursuivant Nabû’, yeux clos, se fiant seulement aux bruits que le Roi-Licvhe mettait en rampant sur le sol.
«
No-noon, sorcière, é… Écarte cet engin de malheur ! »
Sélène soupira, et brandit son poignard, avant de l’abattre d’un coup sec dans le cœur de Nabû’. Le Roi-Liche poussa un hurlement, et il y eut comme une explosion verdâtre qui irradia dans toute la pièce, mais Sélène avait atteint son objectif : le cœur du Roi, l’emplacement de son sceau magique. Elle le brisa d’un coup, sans rien dire, sans aucun mot.
Il n’en méritait pas.