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« le: lundi 28 septembre 2015, 15:55:34 »
Salopards de merde. Ils pouvaient pas me foutre la paix, à la fin ? Sérieusement, je veux bien croire que certaines personnes sont des abrutis finis, mais y a une limite quand même ! Hein ? Non ? Bon, d’accord… En tout cas, y a des jours où j’avais vraiment envie de retourner au lit à peine la porte du lycée franchie. Et aujourd’hui en faisait justement partie.
La semaine dernière j’avais fait une erreur. J’étais sorti avec mon Livre et, au détour d’une ruelle, j’avais croisé des voyous qui avaient essayé de me racketter. J’étais crevé, j’étais de mauvais poil… J’ai invoqué les flammes du Phénix et ils se sont enfuis. Radical. Extrême, même, mais je n’étais vraiment pas d’humeur à me laisser faire. Alors je leur ai foutu la trouille de leur vie et ils m’ont fichu la paix. Seulement, je n’avais pas prévu d’être espionné. Pire encore, le lycéen qui m’avait vu m’avait reconnu (pas difficile en même temps, je l’admets), et avait commencé à raconter à ses potes que je faisais de la magie de feu. En d’autres termes, j’étais dans la merde.
Ce matin, j’avais essayé de me faire le plus discret possible, mais un groupe de troisième année m’avait chopé. Coincé contre un mur, je n’avais aucun moyen de leur échapper, ils étaient trop costauds pour moi. Peut-être des gars de la bande à Shinji, je ne les connaissais pas tous. L’un d’eux, celui qui avait l’air d’avoir un cerveau, s’était penché au-dessus de moi (il me dominait de presque deux têtes) et m’avait dit avec un sourire mauvais qui en disait long sur ses intentions :
-Dis donc Kazita… Y paraît qu’tu fais des trucs louches le soir ?
-Qu’est-ce que tu racontes… Les trucs louches, c’est plutôt vous qui vous en chargez il me semble. C’est quoi le problème, t’as pas cassé assez de gueules ce week-end et t’as pas trouvé de meilleur prétexte ? C’est bon, fous-moi la paix, je suis pas d’humeur à jouer avec toi.
Mais alors que je me baissais pour passer sous son bras et partir, il me saisit par le col et me souleva légèrement. Ça commençait à puer la merde, là, mais d’une puissance…
-Eh, te barre pas tout de suite Mangaman. Fais pas genre tu vois pas de quoi on parle. T’es quoi au juste, un extraterrestre magicien, comme le prof de sciences ?
-Lâche-moi, j’ai pas envie de…
-Non, j’te lâche pas. Allez, vas-y, dis-nous c’que t’es et on te foutra la paix.
Les autres derrière lui se moquaient. Et moi, j’ai perdu patience…
-D’accord, d’accord ! Lâche-moi et je te montrerai ! Ce midi si tu veux. Maintenant repose-moi par terre, j’ai cours moi !
Il me jeta plus qu’il ne posa, en réalité. J’ai filé à toutes jambes vers ma salle de cours, priant pour qu’il oublié d’ici ce midi que je devais lui montrer quelque chose. Dans le doute, à la pause déjeuner, j’étais rentré chez moi pour aller chercher le Livre, ne serait-ce que pour pouvoir les endormir et prendre la tangente discrètement, comme je l’avais fait avec Shinji la dernière fois qu’il m’avait embêté. Tiens d’ailleurs, je me demande comment va Tsuna…
J’avais bien fait de rentrer, à peine retourné à Mishima je suis tombé sur les gars de ce matin. Impossible de m’enfuir, ils m’avaient vu et il n’y avait pas assez de monde pour me cacher jusqu’à être hors de vue.
-Eh, Kazita ! On t’cherchait justement. Allez viens, on va aller au bâtiment de sport, y a personne ça sera plus discret.
-Ouais, ouais… C’est bon, j’vous suis…
-T’as intérêt, parce qu’on est au courant de c’que t’as fait à Shinji, t’as pas intérêt à nous faire une crasse pareille, une fois pas deux, p’tit con, cette fois on va te faire ta fête !
Au moins ça avait le mérite d’être clair… Une fois dans le bâtiment, à l’abri des regards indiscrets, les cinq se sont mis autour de moi. Le leader faisait craquer ses poings, ricanant d’avance à l’idée de me casser en effet la gueule. J’ai posé mon sac au sol et j’en ai lentement sorti mon Livre, ce vieux bouquin bleu sans la moindre écriture sur la couverture et aux pages désespérément vides.
-Vous êtes vraiment sûr de vouloir voir ça ? Je vous préviens, la dernière personne à m’avoir vu faire de la magie est restée clouée au lit par la fièvre pendant deux mois… Enfin, sauf celui qui était dans la rue à côté et qui a cafté la semaine dernière, mais j’étais vraiment pas en forme ce jour-là.
-Allez, fais pas ta lopette, montre-les nous tes super pouvoirs ! Ou alors t’as la trouille, c’est ça ? Tu te dégonfles ?
-Mais ouais, c’est une poule mouillée lui, tout l’monde sait ça !
Ils commencèrent à se moquer, tous, chacun rajoutant à tour de rôle son insulte à l’encontre du pauvre gamin fragile que j’étais. Serrant mon Livre contre moi, je serrais les dents. Puis soudain j’en eus assez. J’ai pris une grande inspiration et j’ai hurlé :
-Par les flammes du Phénix !!!
Aussitôt, deux grandes ailes de flammes bleues apparurent dans mon dos. Les cinq gars qui se foutaient de ma gueule l’instant d’avant étaient maintenant muets de terreur et avaient reculé de trois pas. Je fixai d'un regard aussi ardent que les flammes que je venais d'invoquer celui qui m'avait poussé à bout.
-Alors...? Tu veux toujours voir de quoi je suis capable ? Tu es au courant que les flammes bleues sont les plus chaudes de toutes ? Si tu veux, je peux te tatouer dans le dos "j'ai embêté le mauvais gars", ça sera très douloureux par contre.