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Pages: [1] 2 3 ... 13
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Les alentours de la ville / Re : Pleasure seeker, I will meet ya (PV)
« le: samedi 01 février 2025, 11:22:00 »
C’était quoi, déjà, les paroles de cette chanson, là – celles de ce groupe emo que Nathalie avait écouté quand elle était dans cette phase de sa vie où son mal-être avait vocation à être spectaculaire et nécessitait d’écraser des tonnes de crayon khol autour de ses yeux (phase qui n’avait pas duré bien longtemps d’ailleurs, sa mère refusant que sa fille ressemble à l’idée qu’elle se faisait d'une péquenaude) ? Aaah, oui : « So why do good girls like bad guys? I had this question for a real long time. »
Le grand malheur de cette jeune femme, c’était que ses fantasmes de bad guy n’avaient jamais dépassé le stade de ces doux rêves éveillés que l’on bricole dans sa tête le soir, la main entre les cuisses.  Je ne vais pas repartir sur sa mère, mais au regard de son éducation, il était impossible qu’elle puisse un jour voir ses douces illusions prendre forme humaine. Et puis la seule réputation qui lui collait aux basques était celle d’une gosse de riche coincée et anxieuse à la mère intransigeante : le genre de profils qui n’intéresse pas grand-monde. Au lycée, on la voyait plus comme un défi que comme un être humain ; quiconque avait tenté, dans cette perspective, de l’approcher avait pris peur devant son air terrifié de gamine qui ne sait pas quoi faire et qui appréhende le moindre de ses gestes.
Les filles de riche, ça n’excite que quand elles sont des Blair Waldorf ou des Serena van der Woodsen.

Alors laissez-moi vous dire que ce qu’elle vivait, là, en ce moment, alors que son corps svelte s’écrasait contre celui, bien plus rude, de Colm, c’était le summum de la transgression. Dans sa tête, Nathalie se racontait une jolie histoire : elle redevenait adolescente et, lors d’une soirée (le genre de soirées auxquelles elle n’était jamais invitée), elle se tapait enfin ce mec populaire qui allumait un feu dévastateur dans les yeux des filles qui le regardaient. Ou, pour le dire dans d’autres termes : était arrivé le moment où elle prenait sa revanche.
L’agressivité dans l’approche du boxeur, cette agressivité qu’elle avait devinée et qui la faisait frémir d’envie, lui plaisait au plus haut point. Elle tranchait avec ce que Shin appelait ce « décorum de merde » de l’aristocratie ou de la haute bourgeoisie. La brutalité de Colm entrait en collision avec cette finesse excessive qui, jusque là, avait caractérisé ses interactions avec ses pairs ; finesse excessive qu’elle apprenait à oublier auprès de Shin. Se coller aussi outrageusement à lui en présence d’autres personnes, sentir ses mains se nicher dans les zones les plus intimes de son corps sans se soucier d’être regardé, l’impatience dans ses gestes : tout avait la saveur piquante de la transgression. Et si cette transgression était le quotidien de Shin – au point qu’on puisse légitimement se demander si on pouvait encore la qualifier ainsi – il n’en allait pas de même pour Nathalie qui la découvrait avec une sincérité naïve.
Lorsqu’il attrapa sa chevelure, tirant sa tête en arrière pour venir dévorer son cou, il lui sembla qu’un éclair traversait tout son organisme - aussi accompagna-t-elle cette sensation d’un gémissement tremblant, bientôt suivi d’une multitude d’autres. La main posée sur sa poitrine ne put qu’amplifier cette sensation.
Jamais ses fibres nerveuses n’avaient été aussi sensibles, et ça la rendait un peu dingue. Elle ne se fit donc pas prier, et joignit le gestes aux paroles de Colm : une main impatiente et fiévreuse se glissa dans son short, et ses doigts frêles se refermèrent instantanément autour du membre tendu qui l’y attendait. Ce contact, qui mêlait au langage franchement vulgaire du boxeur, la grisa instantanément. Il put donc sentir assez rapidement la main de Nathalie s’activer, gratifiant son sexe de caresses appuyées. Elle avait déjà eu des amants, et connaissait donc un peu les gestes qui pouvaient plaire à un amant, mais on sentait tout de même dans cette fièvre une forme d’ingénuité.
Nathalie revint à la charge, sa bouche se glissant dans le cou de Colm – et ses baisers se transformèrent très vite en des morsures qui trahissaient son désir.

- Je ne vous demande que ça, lui répondit-elle dans un sourire avant de retourner à l’assaut de son cou.

Ainsi, les baisers brûlants et les coups de dent encore timides accompagnaient ces mouvements de vas-et-vient sur ce sexe dont elle prenait, peu à peu, possession. Si Nathalie était fiévreuse, portée par le désir, l’alcool et la cocaïne, on percevait encore, solidement accroché au fond d’elle, cette retenue bourgeoise.



Une retenue bourgeoise que Shin n’avait jamais connue, d’ailleurs. Elle avait rejoint la haute société en n’ayant aucun code, ce qui faisait d’elle une sorte de freak qui amusait les bourgeois autant qu’elle les agaçait.
C’était cette absence de retenue qui lui avait permis de se rapprocher de Vance Dax, lui imposant une proximité corporelle : s’il pouvait sentir au bout de ses doigts les cheveux de Shin et cette chaleur étouffante et humide qui baigne les nuques noyées dans une chevelure, elle ne l’avait pas encore explicitement touché. Ne pensez pas qu’il s’agit là de quelque chose d’incontrôlé : la petite blonde maîtrisait assez bien sa gestuelle. Se tenir très proche d’une personne sans pour autant la toucher avait deux fonctions : d’une part, elle permettait à Shin de repérer qui pouvait perdre ses moyens – et donc sur qui elle avait, potentiellement, un peu de pouvoir ; d’autre part, cela instaurait une tension et un effet d’attente, l’interlocuteur s’attendant à tout moment à être touché par cette femme qui se tenait si proche de lui.
Inutile de préciser que le fait que Vance Dax ne se laisse pas intimider lui plut. Shin n’avait que peu de respect pour celles et ceux qui se laissaient écraser par elle. Dans sa petite cervelle rongée par le mode de vie qui était le sien, dans tout contact sommeillait un affrontement latent, qui n’attendait que le signal lui annonçant que le combat commençait.
Mais, pour le moment, l’un et l’autre s’étudiaient. Chacun d’entre eux avait entendu parler l’un de l’autre ; le moment présent était donc celui où ils comparaient la légende à l’être vivant.

Shin répondit par un sourire à sa remarque sur Mère Thérésa. S’il était Mère Thérésa, cette dernière aurait en effet bien changé : elle avait rarement vu des bonnes sœurs organiser des sauteries sur des yacht privés à coup de champagne et de drogues dures. À sa réflexion sur les yakuzas, elle hocha la tête, lui montrant ainsi qu’elle partageait son opinion. Quant aux cigares – ils firent briller ses jolis yeux. Elle allumait son cigare au moment où il complimentait son « petit cul bandant » ; à nouveau, elle hocha la tête, signe qu’elle allait dans son sens.
Si Vance Dax souhaitait parler à son orgueil, il ne s’était pas trompé. Shin était assez convaincue que ses interlocuteurs envisageaient tous de la baiser de façon plus ou moins assumée ; elle y voyait d’ailleurs une manière d’asseoir son emprise sur eux. Et puis cela confirmait ce qu’elle pensait avant même de venir à cette petite fête de la débauche : Vance Dax voulait faire appel à ses services parce qu’il voulait se la faire.

- Tu m’as donc fait venir pour parler de conquête et de cul. Quelle riche idée – je ne peux que t’en féliciter. Et puis, je ne peux pas te reprocher de préférer mon cul à celui des yakuzas.

Souriante, toute fière de sa remarque, elle ponctua sa phrase en tirant sur le cigare. Une brume grise sortit d’entre ses lèvres, s’envolant en dansant dans l’air. Shin ne prit néanmoins pas le temps d’admirer ces effluves charmantes, et se tourna à nouveau vers son interlocuteur, plantant son regard dans le sien.

- Vois-tu, je suis très charitable, dans mon genre, continua-t-elle. J’apprécie ton entrée en matière alors j’accepte de t’accorder cette audience pour que tu me parles de tes jolis petits projets.

On pourrait écrire des thèses sur l’insolence de Shin, mais résumons ici ses fonctions principales : enclencher un teasing qui ne pouvait être que brutal, tester les limites et les ressources de son adversaire ou asseoir son emprise sur son interlocuteur – voire les trois à la fois, comme c’était le cas ici. Et, comme si cela ne suffisait pas, elle s’approcha encore un peu de lui, posant doucement une de ses mains sur sa cuisse

-  Qu’on me parle de baiser les yakuzas ou de baiser mon cul me plaît, de toute manière – alors je suis toute ouïe.

Puis elle ôta sa main pour reprendre le cigarette entre ses doigts, laissant l’odeur de vanille fumée et piquante se répandre encore dans les airs.

2
Le coin du chalant / Re : Vous ouvrez lentement les portes et...
« le: lundi 27 janvier 2025, 21:21:41 »
Bonsoir !

Simon et Droekor m'ont donné envie de réveiller Erwane (oh le vieux compte), une Nexusienne qui a quitté le cloître pour devenir prostituée dans un bled de Nexus. La fiche n'est absolument pas à jour, et mes derniers RPs ne sont pas représentatifs de mon niveau - n'hésite pas à lire ce que j'écris en ce moment avec Lady Shiny et dernièrement avec Eyia pour voir comment que j'écris.
Me vient en tête aussi Eyma, qui a fondé sa propre ville (Ameyn), réputé pour les combats qui y sont organisés. Soit l'un d'eux arrive (par erreur ou non) dans cette ville, soit Eyma se trouve à Nexus à l'occasion d'un tournoi.

Pour te les présenter rapidement : Erwane est un peu wild, et elle pense la vie en terme de survie. Elle est pas mal fûtée, plutôt malicieuse. Ce ne sera pas la plus loyale, ni la plus aimable, maaaais ça peut plaire. Eyma, elle, est assoiffée de liberté et adore le combat (qu'il s'agisse de se battre, de les regarder, de les organiser). Elle gère sa ville d'une main de fer, avec pas nécessairement un gant de velours.

N'hésite pas à me dire ce qu'il en est - ici, ou sur le discord (je m'y prénomme "partie pour croatan").


3
Les alentours de la ville / Re : Pleasure seeker, I will meet ya (PV)
« le: dimanche 26 janvier 2025, 17:22:43 »
Nathalie ne s’était jamais vraiment rebellée ; c’était là le fruit de l’éducation de sa mère. En bonne girlboss intransigeante qui menait d’une main de fer son entreprise, elle ne supportait aucune insolence, et la jeune femme avait chèrement payé le moindre petit élan de révolte adolescente. Elle était donc entrée dans le monde adulte avec prudence et docilité, incapable de contrevenir à un ordre donné par une femme plus âgée, et ce d’autant plus si elle était sa subordonnée. Un genre de mommy issue assez classique, somme toute.
Shin avait pu bénéficier de ce respect mêlé de soumission, mais elle avait aussi semé dans le cerveau de la jeune fille quelques graines dangereuses, ferments d’une révolte à venir. Jamais Nathalie n’avait été amenée à côtoyer aussi assidûment une petite peste comme Shin, dont le comportement était aux antipodes de tout ce qu’on lui avait appris. Le tempérament de sa patronne temporaire l’effrayait et la fascinait d’un même mouvement, et ces émotions ambivalentes avaient une fâcheuse tendance à la paralyser, puisqu’elle ne savait qu’en faire. C’était d’ailleurs ce qu’elle avait expérimenté en regardant la petite blonde s’éloigner dans un déhanchement assez provocateur, toute incapable qu’elle était de lui répondre quoi que ce soit, la bouche soudée par la colère et la honte. Heureusement, la cocaïne existait, et elle s’avérait d’un grand soutien dans ce genre de moments. Un rail, et ces sentiments désagréables disparurent ; ne resta qu’un désir de conquête et de vengeance, désir qu’elle ne maîtrisait absolument pas dans la mesure où elle ne l’avait jamais ressenti avec autant de force. Si elle avait été seule, elle aurait très probablement suivi sa patronne pour l’insulter – ce qui lui aurait valu de se faire virer du navire, et potentiellement par Shin aussi.

Mais Colm était là pour l’aider à épancher ce désir de violence qui enflait sous sa peau, et cette donnée allait tout changer.
Sous l’impulsion de la drogue et de la colère, Nathalie se mit à envisager les choses sous un nouvel angle, et cet angle était plutôt indécent. Est-ce que cet homme l’impressionnait encore ? Oui, mais cette impression ne la paralysait plus ; elle décuplait son envie d’assouvir ce feu qu’il avait allumé dans le bas de son ventre, et que cette main qu’il avait posée sur ses fesses avait attisé davantage. Alors, quand il retira son maillot, dévoilant sa musculature, elle ne perdit aucune seconde. Son regard accroché au sien, elle continua à déboutonner son chemisier avant d’écarter le tissu du bout de ses doigts pour dévoiler le soutien-gorge tissé de dentelles noires qui dormait paisiblement sur sa poitrine. Ses gestes maladroits trahissaient une inexpérience un peu touchante, mais on sentait dans chacun de ses mouvements une fièvre mêlée de désir et de colère.
C’est cette même fièvre qui la poussa à se ruer sur Colm, sa poitrine s’écrasant contre son buste tandis qu’elle l’embrassait avec une passion brutale.

- Je vais devoir passer mes nerfs sur vous, je crois, lui adressa-t-elle à la fin d’une longue embrassade, avant d’y retourner pour lui dévorer littéralement les lèvres et la langue.

Ce baiser était révélateur de la violence qui s’annonçait ; une violence qui s’enracinait dans un sentiment d’humiliation qu’il allait falloir détourner. Jusque là, Nathalie n’avait jamais connu les délices d’un sexe dopé à la colère ; elle allait bien vite en découvrir tous les bienfaits. Colm pouvait aisément sentiment l’impatience dans sa manière de se coller à lui, dans les mouvements de ses mains sur la peau du boxeur ou dans ce baiser qui semblait ne jamais se finir ni se calmer.

Deux salles, deux ambiances.

Si Nathalie découvrait les joies du chemex, Shin progressait dans les quartiers secrets du navire avec une curiosité qu’elle savait toutefois particulièrement bien dissimuler : aussi avançait-elle avec son habituelle moue blasée, regardant tout ce luxe avec désintérêt. Dans son corps, les petites pilules commençaient à faire leur effet : les couleurs gagnaient en profondeur au même titre que les sensations, tandis qu’un calme profond s’emparait de son être. Un sourire reconnaissant s’afficha sur ses lèvres : les défonces médicamenteuses étaient son péché mignon, et l’arrière-goût de valium de cette drogue lui plaisait au plus haut point. Elle chérissait ces moments où l’existence devenait paisible dans sa dangerosité, lui donnant l’impression de tout maîtriser avec aisance.

L’ouverture de la porte mit fin à sa petite rêverie.

Shin entra d’un pas léger, avec des mouvements que la drogue assouplissait. Ses yeux se focalisèrent d’abord sur le groupe d’hommes, qu’elle regarda quitter la pièce en s’allumant une cigarette sans les lâcher des yeux – suite à quoi elle se concentra sur son hôte, aussi accueillant qu’il était bel homme.

- On se tutoie, donc, mh ?

Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres. La jolie insolence de Shin dissonait avec l’affabilité de Vance Dax – et c’était à dessein. Saouler les gens était après tout un des traits persistants de sa personnalité.

- Je te pensais plus aristocrate que ça, mais, ma foi, nous sommes entre nouveaux riches – alors qu’est-ce qu’on en a à foutre de leur décorum de merde.

… Mais quelle charmante enfant, vraiment. Tout en tirant sur sa cigarette, elle prit l’initiative d’attraper un cendrier en porcelaine qui attendait sur le bar. « Trop propre pour être honnête », songea-t-elle en laissant tomber un morceau de cendre sur sa blancheur immaculée.

- Sers-moi un Hugo, chéri, lança-t-elle à l’adresse du barman, avant d’ajouter, cette fois à l’adresse de son hôte : Ces petites pilules m’ont asséchée la bouche, et ce n’est une sensation agréable pour personne.

Un sourire malicieux, encore, et elle s’installa sur le canapé, sur le côté droit de Vance Dax. Elle ne fit même pas mine d’être vaguement timide ou pudique, non : elle s’installa assez près de lui, son épaule touchant la main que l’homme avait posé sur le dossier.  Shin prit une bouffée de tabac, tapotant sa clope sur le cendrier pour faire tomber encore un peu de cendre, avant de plonger son regard dans le sien.

- Ce sont de très bonnes pilules, mais il m’en faut en effet bien plus pour triper.

Son organisme était tellement habitué aux drogues qu'il n'avait plus la sensibilité naïve. Avide de nouvelles sensations, il ne trouvait son bonheur que dans ce qui était explosif ; or, ces petites pilules, toutes délicieuses qu'elles étaient, n'étaient qu'une caresse sur son corps, c'est-à-dire le genre de choses qui constituait une bonne entrée en matière mais qu'il était nécessaire d'accompagner de quelque chose de bien plus - brutal, oui.
Le barman s’approcha pour lui tendre son cocktail, dont elle but une gorgée avec un plaisir que la drogue amplifiait nettement. Jamais le goût du sureau ne lui avait paru aussi doux, et la sensation des bulles caressant sa langue lui donna des papillons dans le ventre. Son sourire confiant devient un sourire d’extase, qui s’accompagna d’un sincère soupir de plaisir.

- Tu sais ce qui est bon, toi, et en plus tu aimes partager, ajouta-t-elle à l’attention de Vance Dax. Que de qualités. Néanmoins, je peine à croire que c’est par largesse que tu m’as fait venir ici – je me trompe ?

Ah, on ne pouvait pas reprocher à Shin de tourner autour du pot : en toutes circonstances, elle fonçait droit au but. Cette attitude avait pu décontenancer pas mal de ses partenaires, mais elle était à peu près sûre qu’il n’en serait rien de Vance Dax.


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Les alentours de la ville / Re : Pleasure seeker, I will meet ya (PV)
« le: lundi 30 décembre 2024, 15:04:59 »
Oui, Nathalie était toute perdue. Ce désir qu’elle éprouvait commençait à lui bouillir le cerveau. Sous l’effet de la drogue et de l’alcool, les digues sautaient une à une. Certes, Colm l’impressionnait, et quelque chose dans la brutalité de son désir lui faisait un peu peur – mais cette peur exerçait une véritable force d’attraction sur elle. Prise entre l’envie de fuir et celle de se jeter sur lui, Nathalie eut un temps d’arrêt après la dernière phrase que Colm lui adressa : devait-elle lui répondre d’aller se faire voir, devait-elle se réfugier dans les jupes de sa patronne ou au contraire le provoquer ? Elle n’eut pas le temps de prendre de décision, interrompue par l’arrivée de Vance Dax.

Et quelle entrée, mes aïeux.

La musique, les acclamations, les mannequins – tout participait à en mettre plein les yeux. Nathalie n’en pouvait tout bonnement plus : elle était aux premières loges, à quelques mètres seulement de cet homme qui était, pour elle bien plus puissant que n’importe quel homme politique. Au fond, elle n’avait pas tort. Vance Dax était bien un homme de pouvoir, dans cette féodalité contemporaine qui faisait de chaque détenteur d’une propriété privée lucrative un seigneur auprès duquel se vassaliser. Bref, les lumières éblouissantes du capitalisme triomphant qu’incarnait Vance Dax lui bouffaient le crâne.
Quant à Shin, elle était bien moins captivée que sa stagiaire. Si elle devait reconnaître à cet homme un sens du spectacle et une capacité à créer l’envie de se tenir à ses côtés, elle n’avait pas le même passé que Nathalie. Elle venait de contrées paisibles que certains auraient appelées barbares, et avaient passé les premières années de sa vie dans des communautés libertaires collectivistes. Cela lui permettait d’avoir un autre regard sur le régime économique et politique de la Terre – un régime dans lequel néanmoins, ne nous le cachons pas, elle enchaînait les victoires. Shin aimait le pouvoir et adorait la puissance ; de plus, on devait lui reconnaître une belle aisance à manœuvrer dans le milieu de la pègre. En somme, elle était faite pour triompher dans ce petit monde cruel et inégal – ce qui faisait de Vance Dax à la fois un égal et un adversaire. C’est pour cette raison que pendant tout son discours, elle le toisa avec un regard mêlant admiration et défi.
Car Shin ne rêvait pas seulement de se tenir à hauteur des puissants : elle rêvait de les contrôler, d’agir sur eux, de les maîtriser. Ce genre de petits jeux imprégnait jusqu’à ses rapports sexuels, devenus de jolis petits combats où elle jouait à prendre l’ascendant sur l’autre pour mieux voir comme son amant (comme son amante) pourrait rivaliser. Chaque baise alternait prise et perte de pouvoir. Et elle ne se cachait pas que cet homme commençait à lui inspirer de charmantes pensées trempées de stupre.

Elle fut interrompue dans ses pensées par le serveur, qui lui apportait de tendres présents. Elle inspecta les pastilles dans un sourire, invitant Nathalie à se servir, et attrapa la coupe pour gober un de ces dangereux petits bonbons avant d’attraper l’invitation.


Vance Dax voulait donc la voir – et l’avoir, assurément. Car Shin, dans son infinie humilité, ne se disait pour le moment qu’une chose : « Cet homme veut me baiser – et qui suis-je pour le lui reprocher ? ».
Oui, pour celles et ceux que cela surprend encore : elle avait une assez haute opinion d’elle-même. Toutes ces soirées de débauche et ces nuits à ne pas dormir lui avaient permis d’acquérir deux choses assez importantes : une forme d’expertise dans les plaisirs de la chair, et une réputation à double-tranchant – à savoir celle d’une salope. Ce faisant, planait autour d’elle une aura, entre attraction et répulsion. Les hommes bien sous tous rapports – le genre qui se drape de vertu et de principes souvent bien réactionnaires – la désiraient autant qu’elle les énervait pour cette raison ; cela rendait leur désir d’ailleurs bien plus sauvage. Quant aux autres, ils la considéraient comme une de ces célèbres prostituées que les souverains et les hommes de pouvoir s’arrachaient, au prétexte qu’un autre homme puissant avaient passé une nuit en leur compagnie. Parce qu’ils la désiraient, elle les contrôlait ; du moins, c’était ainsi qu’elle voyait les choses. Cette théorie aurait pu être vraie, si l’on omettait le fait que Shin se faisait souvent piéger par son propre désir, incapable de réellement se contrôler.

Aussi roula-t-elle les yeux quand Colm parla de « causer ».

- Tu crois qu’il veut causer ou baiser, mon beau ? Mon cœur balance.

Ce fut au tour de Nathalie de rouler les yeux.

- Madame, Vance Dax reste un homme d’affaires renommé. Je suis sûre qu’il–
- T-t-t, l’interrompit Shin. Il reste un homme. Je ne te dis pas qu’il est stupide. Je te dis juste que je les pratique depuis suffisamment longtemps pour bien les connaître. Il pourrait vouloir faire des affaires avec une myriade de personnes, mais il m’a choisie moi – et c’est très probablement pour mon joli petit cul.
- Je vous trouve bien orgueilleuse, siffla Nathalie.

Shin lui répondit par une petite moue odieuse.

- Dans ce cas, je ne t’imposerai pas ma présence plus longtemps, ma petite. Je vais te laisser avec Colm pendant que j’irai rencontrer ton idole, honey.

Nathalie aurait pu se péter la mâchoire tellement elle resta bouche bée devant la décision que venait de prendre sa patronne. Elle faillit réagir, mais Shin posa un index sur ses lèvres avant qu’elle ne puisse prononcer un seul mot.

- Shhht. C’est comme ça qu’on punit les insolentes. Accepte ton sort, et tais-toi.

Shin n’était pas une mauvaise bougre ; aussi laissa-t-elle un pacson plein de poudre à sa stagiaire avant de lui tourner le dos, sa coupe de champagne entre les doigts. Le serveur à la gueule d’ange l’invita à la suivre vers la loge privée de Vance Dax, et elle disparut du champ de vision du boxeur et de sa stagiaire sans même leur jeter un dernier regard.
Oui, Shin savait être odieuse – et c’était ce qui faisait son charme.

De rage, Nathalie se fit une trace assez massive avant de se tourner vers Colm, les yeux brillant de colère et de frustration. Nul doute qu’il finirait par en faire les frais.

5
Les alentours de la ville / Re : Pleasure seeker, I will meet ya (PV)
« le: samedi 21 décembre 2024, 00:10:06 »
Quelle surprise.
Shin se retourna au même moment que Colm vers sa petite stagiaire. D’abord, elle fronça les sourcils, cherchant à comprendre la stratégie de « la petite » ; ensuite, elle esquissa un sourire amusé. Ce genre de petit sursaut de courage en disait long sur ce qui animait Nathalie : une admiration pour la femme qu’elle suivait depuis plusieurs jours et un désir de se montrer sous un jour plus flatteur (disons) aux yeux de Colm. Oh, ce n’était pas encore du niveau de Shin, dont l’attitude se lisait comme un éternel « Try me » – car personne ne pouvait se targuer de l’impressionner au point de lui faire perdre toute contenance – mais elle connaissait suffisamment Nathalie pour savoir qu’elle faisait là un très bel effort. Aussi Shin hocha-t-elle la tête, comme pour approuver le comportement de sa stagiaire. Cette dernière vécut cela comme une forme d’encouragement.
La manière dont Nathalie voyait Shin n’était pas très claire – elle-même s’y perdait. Tantôt cette petite blonde l’agaçait hautement, lui donnant envie de tout plaquer en l’insultant ; tantôt elle avait l’envie subite de s’aplatir à ses pieds – et quelquefois, dans un entre-deux, elle se prenait d’envie de s’approcher d’elle, de la manière dont tous ces hommes le faisaient, pour le plaisir de se laisser séduire par cette tête brûlée qui lui servait de supérieure. Un interdit demeurait, et il n’était pas des moindres : Shin était la collaboratrice de sa mère. Elle ne devait donc pas s’en approcher.
Mais l’on sait, quand on est un peu philosophe, que l’interdit invite la transgression.

Nathalie capta le regard de sa patronne, et Shin put y voir quelque chose qu’elle mit sur le compte de la drogue et de Colm : un désir trouble. Il lui semblait improbable que cette jeune femme terrifiée et timide puisse diriger son désir vers elle, aussi évacua-t-elle cette hypothèse en quelques secondes, se tournant vers le boxeur.

- Mes parfums, hein ? Ma renommée ne repose-t-elle pas sur mes flagrances ?

C’était une question rhétorique pour quiconque connaissait le commerce souterrain de Shin (c’est-à-dire la drogue). Elle but une gorgée de champagne, et, l’ayant finie, demanda une bouteille. On la lui apporta prestement dans un seau doré.
De façon imprévisible (du moins pour Shin) Nathalie s’empara de la bouteille – un Ruinard au prix indécent – pour porter le goulot à ses lèvres avec un érotisme aussi maladroit que touchant. Des gouttes de champagne coulèrent le long de sa gorge, tombant dans le décolleté de sa robe. Lorsqu’elle s’en rendit compte, elle déboutonna doucement les premiers boutons de son décolleté, laissant apparaître les détails dentelés de son soutien-gorge. Surprise, Shin la regarda faire ; c’était bien la première fois qu’elle voyait Nathalie aussi dévergondée.

- T’as un de ces effets sur les femmes, Colm, souffla Shin au boxeur.

Car elle mettait cela sur le coup du désir violent qu’il pouvait susciter – mais aussi de la drogue. La cocaïne avait tendance à désinhiber les tempéraments les plus introvertis.
Dans un joli soupir, Nathalie lâcha la bouteille, regardant Colm avec un sourire charmant – avant de s’approcher de lui. Sa bouche s’ouvrit pour prononcer un mot, mais se ravisa, comme empêchée par un sursaut de timidité. Un regard vers Shin, qu’elle ne voulait pas décevoir, et elle reprit :

- Je vous prie de respecter ma boss. N’importe qui d’un peu intelligent mourrait pour faire affaire avec elle.

« Dose », songea Shin, sans pour autant le dire. Ce petit spectacle l’amusait.

- Logique que Vance Dax s’intéresse à elle – tout comme vous.

A voir le petit regard de Colm, cette petite stagiaire que la drogue et le désir rendaient effrontée lui plaisait. Quant à Shin, si elle aimait se faire mousser, elle restait sur ses gardes. Elle avait retenu au moins une leçon de toutes ses années dans la pègre : ne jamais faire confiance à qui que ce soit. Vance Dax l’avait conviée à cette sauterie, soit, mais ce n’était sûrement pas pour ses parfums.

6
Les alentours de la ville / Re : Pleasure seeker, I will meet ya (PV)
« le: dimanche 08 décembre 2024, 15:02:25 »
Toute à sa musique, Shin avait complètement oublié Nathalie. S’était installé entre le DJ et elle un jeu de regards grâce auquel elle le dominait : quand il passait un son qu’elle n’appréciait pas, elle fronçait les sourcils et adoptait une moue mi-déçue, mi-menaçante ; dans le cas contraire, elle le gratifiait d’un petit clin d’œil, voire lui envoyait un baiser du bout des doigts. Shin maîtrisait après tout à la perfection cette alternance entre agressivité et séduction ; c'était comme ça qu'elle les tenait, après tout.
Et puis elle dansait. Étirant ses bras, creusant son dos, remuant son bassin, elle laissait la musique s’emparer d’elle, répondant aux rythmes technos par des mouvements de danse souples et saccadés. De temps à autre, elle glissait ses mains dans ses cheveux pour le relever puis les lâcher, ou les tordre entre ses doigts et dans ses poings. Putain, ce que ça lui faisait du bien, de danser enfin. Les yeux clos, elle oubliait les autres – enfin, jusqu’à ce qu’elle doive les ouvrir à nouveau, sentant que les effets de la cocaïne commençaient à s’estomper. Shin interrompit brusquement sa petite danse, écartant d’un geste brutal de la main un mec qui essayait de se frotter contre elle pour se diriger vers la poudre – et accessoirement vers Nathalie.
Quelle ne fut pas sa surprise de la voir en charmante compagnie. Enfin, « charmante » - pas sûre que ce soit l’adjectif approprié. La petite stagiaire était quasiment catatonique, à la fois charmée, impressionnée, terrifiée et excitée ; un spectacle qui, pour Shin, faisait peine à voir. La petite blonde s’approcha du « couple » qu’elle formait avec Colm Swire – elle n’avait eu aucune peine à le reconnaître – pour poser une main sur l’épaule du boxeur.

- C’est nouveau, ton p’tit plaisir de tétaniser mes stagiaires pour te les taper tranquillement ? C’est plus trop dans l’ère du temps, mon gars – faut te mettre à jour.

Elle lui adressa un mouvement de tête, puis, avec un sourire calme sur le visage :

- Tu me fais plaisir : tu la lâches.

Bien évidemment, il répondit à cet ordre froid et s’exécuta. Il connaissait suffisamment Shin pour savoir qu’elle n’avait pas peur des esclandres, voire qu’elle les adorait – et puis, à la fin, c’était toujours elle qui gueulait le plus fort, jamais effrayée de se faire virer. Ça construisait même sa petite légende de tête brûlée emmerdeuse, voire même cinglée. Se tournant vers Nathalie, elle lui ordonna de leur préparer quelques traces.

- J’t’invite, petit cœur, souffla-t-elle à Colm Swire.

Et elle se fit un malin plaisir à lui tourner le dos pour se pencher audacieusement devant lui, fesses relevées et dos creusé, pour prendre sa propre trace. Elle se redressa dans un soupir de bonheur, tendant au boxeur une paille dorée (neuve, bien entendu), et profita du moment où il goûtait sa jolie poudre blanche pour checker sa stagiaire du regard. Nathalie était dans une sorte d’état de choc que Shin n’eut aucune peine à analyser : elle fixait le sportif avec un regard où se mêlait désir et effroi. « Elle finira bien par choisir entre un des deux », songea-t-elle avant de se tourner à nouveau vers son convive, bien décidée à l’occuper pendant que la petite se repoudrait le nez et mettait de l’ordre dans sa tête.

- Laisse-lui le temps, mon cœur, lui glissa-t-elle. T’as oublié à quoi ça ressemblait une jeune première, à force de ne te taper que des salopes.

Elle ponctua sa phrase d’un clin d’œil. Bien évidemment, Shin faisait partie du lot – des salopes, hein, pas des jeunes premières. Si elle avait l’habitude de multiplier les conquêtes, certains et certaines restaient bien ancrés dans sa mémoire ; Colm Swire faisait partie du lot, et elle était suffisamment vaniteuse pour penser que lui aussi se souvenait d’elle. Une fête, une chambre, et des ébats d’une brutalité et d’une vulgarité assez impressionnantes : comment pouvait-elle effacer ce doux souvenir de sa mémoire ? « On avait cassé combien de trucs, déjà, dans cette chambre ? Une, deux… » Elle en était au numéro huit quand elle sentit une serveuse particulièrement jolie leur tendre deux nouvelles coupes de champagne. Shin accepta la sienne sans se faire prier.

- Et, entre nous, lui chuchota-t-elle à l’oreille en se penchant vers lui, je te parie ce que tu veux que ma petite stagiaire reviendra très vite vers toi la queue entre les jambes pour te demander de la baiser. Ne te fais pas trop de soucis.

Elle avala une lampée de champagne, avant de lui demander, moins joueuse et plus sérieuse :

- Tu le connais, celui qui a organisé cette petite sauterie ? Personnellement, j’veux dire. C’est bien la première fois qu’il me convie, et une petite partie de moi se demande bien pourquoi.

7
Les alentours de la ville / Pleasure seeker, I will meet ya (PV)
« le: mardi 19 novembre 2024, 20:04:08 »
Hay dos días en la vida
Para los que no nací
Dos momentos en la vida
Que no existen para mí ♫



- Elle écoute encore cette musique ?
- Je t’entends, Nathalie. Je t’entends même distinctement.

Affalée sans grande élégance sur l’énorme fauteuil en cuir qui trônait devant un somptueux bureau en bois verni – bureau sur lequel elle avait posé ses pieds – Shin défiait du regard Nathalie, cette pauvre petite stagiaire qu’elle devait se coltiner (et qui devait la supporter) depuis un mois. Cette dernière, gênée, disparut de son champ de vision dans un rougissement.

Dans son infinie bonté, Shin avait accepté cette « mioche », comme elle l’appelait sans vraiment d’affection ; pas très grande, les cheveux châtains perpétuellement attachés en une queue de cheval bien trop parfaite pour être honnête, toujours vêtue avec trop de décence, elle faisait gamine aux yeux d’une Shin qui était, il fallait bien se l’avouer, son opposée. Jamais elle n’aurait eu l’idée de l’embaucher ; cependant, Nathalie était la nièce d’une de ses précieuses collaboratrices. La prendre à son service était à la fois une manière de la rassurer et de l’assurer de sa loyauté. Depuis, la petite adulescente la suivait partout où Shin daignait l’emmener et l’épaulait – d’abord avec révérence et, depuis quelques jours, avec un peu trop de confiance à son goût.
Celle qu’on appelait dans le milieu « Lady Shiny » ne savait pas trop quoi penser de cette gamine qui la gênait dans son quotidien de girl boss solitaire, mais qui la divertissait quand même un peu, de temps en temps. Ses petits commentaires sur les habitudes de vie de Shin – fumer n’importe où, boire n’importe quand, se ruiner l’organisme à coup de substances, écouter comme une forcenée la même musique – l’amusaient autant qu’ils l’agaçaient. « Une bien belle façon de passer le temps, en somme », conclut-elle en son for intérieur.

D’un geste de la main, elle relança une énième fois la musique, scandant les paroles dans un espagnol plus qu’approximatif tout tirant sur l’immense tee-shirt noir qui lui servait de tenue pour la journée. Remuant les épaules au rythme de la musique – des mouvements qui firent tinter la ribambelle de bijoux qu’elle portait ici et là – elle s’alluma une cigarette et prit le temps d’admirer les volutes de fumée s’éparpiller dans les rais de lumière qui traversait les vitres teintées qui encadraient son bureau. Tout en fumant, elle s’empara du petit couteau qu’elle utilisait pour ouvrir son courrier et attrapa une des enveloppes qui formait un mont devant elle. « Je n’aurais pas dû attendre aussi longtemps », songea-t-elle, comme à chaque fois qu’elle attendait aussi longtemps (c’est-à-dire tout le temps).

- Une facture ? Mh, chiant. Et ça ? Ah, chiant aussi. Et elle ? Wow, méga chiant.

Et ainsi, elle envoyait une à une les lettres à peine lues s’écraser sur le sol.

- Qu’est-ce qu’on s’emmerde, souffla-t-elle en en attrapant une autre.

A contrario des précédentes, celle-ci attira son attention. Ce n’était pas une banale facture, ni un document administratif qui lui faisait rouler les yeux ; c’était une invitation. Elle se redressa, souriante, attrapant son verre de rhum pour en boire une gorgée. Shin adorait les invitations, et particulièrement quand elles se présentaient sous la forme d’une lettre ; à ses yeux, une lettre restait toujours plus élégante et moins chiante qu’un e-mail.

- Nathalie ? NATHALIE ?

La jeune stagiaire se présenta dans l’encadrement de la vaste porte qui menait au bureau de Shin.

- Viens voir.
- On ne peut pas baisser un peu la musique ? Ça me gêne un peu.
- Raaah, Nathalie. T’es vraiment plus jeune que moi, t’es sûre de ça ?

Dans un soupir, Shin se pencha vers son enceinte bluetooth et appuya frénétiquement sur le bouton qui réglait le volume ; la voix de Celia Cruz s’estompa peu à peu, jusqu’à n’être plus qu’un vague murmure.

- Pourquoi m’avez-vous appelée ?
- Regarde ça, honey

Shin fit tournoyer dans ses doigts le carton d’invitation. Nathalie s’en saisit et le lut d’une traite ; un sourire flatté se dessina aussitôt sur son visage. C’est avec une voix que l’excitation rendait un peu suraiguë qu’elle répondit à Shin :

- Une invitation de Vance Dax ?

Elle avait bien trop insisté sur les syllabes qui composaient le nom de leur hôte ; ce détail fit grimacer Shin. Si elle appréciait, flattée dans son ego, que des personnes qu’elle considérait comme des célébrités la convient à leurs petites sauteries, les démonstrations d’admiration dignes de groupies la mettaient mal à l’aise.

- Nathalie, si tu veux venir, il va falloir que tu te tiennes un peu.

L’intéressée écarquilla violemment les yeux tandis que son visage se mettait à rougir. Shin eut alors la seule réaction qu’elle pensait appropriée : elle lui jeta les enveloppes qui trônaient encore sur son bureau au visage, signe d’agacement mais également tentative de la faire redescendre. Tandis que Nathalie pestait, elle récupéra l’invitation pour vérifier la date. « Eeeet – c’est tout à l’heure. Je n’aurais vraiment pas dû attendre aussi longtemps ».

- Je vais me préparer, fais-en de même. Essaie de travailler un peu – tout ça, ajouta-t-elle avec un mouvement de main en direction de sa stagiaire. On se bouge dans deux heures.



Deux heures plus tard, c’est donc une Shin apprêtée suivie d’une Nathalie impressionnée qui se dirigèrent vers la limousine rose qui devait les amener à l'hélicoptère destiné à les amener sur le yacht de Vance Dax. Entendons-nous bien : par apprêtée, je ne veux pas dire que Shin était particulièrement élégante. Son immense plaisir, en toutes circonstances, consistait à débarquer dans des lieux fréquentés par une haute société particulièrement propre sur elle en étant vêtue comme la dernière des sales gosses. Pour l’occasion, elle arborait un short en jean déchiré par-dessus des collants résilles dans un état assez discutable que surmontaient un crop top blanc sur lequel venaient s’écraser une multitude de colliers. Un manteau en fourrure blanche, une paire de Demonia légèrement compensées et une avalanche de bagues dorées complétaient cette tenue. Affalée dans la limousine, elle termina de maquiller ses yeux d’un smokey un peu agressif et de teinter ses lèvres de rouge, avant de se tourner vers sa stagiaire d’un air ravi.

- Alors ?
- Vous voulez vraiment mon avis ?
- Je t’en supplie.
- Vous auriez vraiment pu faire un effort pour ce soir. Ce n’est quand même pas n’importe qui.

Shin lui répondit d’un « Pfffff », en roulant des yeux.

- Tu ne sais pas ce qui est bon, Nathalie, voilà ton problème. Et en parlant de ça…

Plongeant sa main dans une poche de sa veste, elle extirpa un petit sachet rempli de poudre blanche.

- Tu me suis ?


Les deux femmes arrivèrent donc particulièrement confiantes – tel est le doux effet de la cocaïne, n’est-il pas – sur le yacht, descendant de l'hélicoptère avec plus ou moins d'aisance. Shin descendit sans grande délicatesse, attrapant deux verres de champagne au passage, suivie par une Nathalie un peu défoncée mais encore trop impressionnée pour être pleinement à l’aise. Tout puait le luxe et la fame, et chaque célébrité qu'elle reconnaissait faisaient monter la pression en elle. La voyant aussi tétanisée, la petite blonde la prit sous son aile, l’emmenant vers le pont, où l’on dansait mollement au rythme d’une musique house que Shin qualifia immédiatement de…

- Wow, bien chiante. Reste là, toi, je vais m’occuper de ça.

C’est une Nathalie un peu terrorisée à l’idée d’être seule au milieu de tout ce beau monde que Shin abandonna dans un coin pour se diriger, féline, vers le DJ. Dans un geste assuré, elle posa ses doigts bagués sur la table de mixage.

- Laisse-moi choisir la prochaine, chaton.

L’intéressé la dévisagea, mi-ahuri, mi-vexé.

- Je ne suis pas ce genre de DJ de merd-

Il n’eut pas l’opportunité de terminer sa phrase ; Shin l’avait attrapé par le col vivement, rapprochant son visage du sien.

- Tu fermes ta gueule et tu me laisses choisir la prochaine, chaton.

Si le premier « chaton » se voulait enjôleur, le second était clairement plus menaçant. Le DJ leva les mains en signe de capitulation. En quelques secondes, sa musique résonnait sur le pont. Quant à elle, ravie, elle s’avançait vers Nathalie en dansant avec cette aisance un peu maladroite qui la caractérisait. Quant Shin dansait, on avait l’intime conviction que la musique coulait littéralement dans son corps ; les mouvements souples de ses hanches, de son buste et de ses bras accompagnaient les rythmes et les mélodies, tandis que sa bouche égrainait les paroles dans un sourire. Depuis ses premières lunes de miel avec la bien-nommée Molly (c’est-à-dire la MDMA), la musique parlait à ses muscles et ses nerfs avec une grande clarté, comme si elle s’emparait de son corps en la traversant. De fait, ses mouvements n’étaient pas particulièrement contrôlés, mais une liberté profonde y palpitait ; c'est pourquoi Nathalie la fixait avec autant d'envie que de gêne - car elles commençaient toutes deux à attirer l'attention.

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Le coin du chalant / Me voilà revenue.
« le: vendredi 08 novembre 2024, 19:29:54 »
Mmh.
Ça faisait un moment, non ?

(C'est un peu une surprise pour moi, je vous l'avoue.)

Je crois que le RP m’a beaucoup trop manqué, alors je crois que j’ai envie de revenir jouer ici.

Je vous épargne les détails qui m’ont tenue loin du RP – un peu de lassitude, une grosse thèse, etc – mais là, je veux écrire.

Je sors Shin pour l’occasion, puisque c’est la première que j’ai eu en tête en envisageant mon retour ; néanmoins, Eyia me manque aussi. On parle donc ici d’une flambeuse qui ne respire que lorsqu’elle ressent des sensations fortes et d’une petite déesse, un peu tête brûlée, un peu arrogante.


Après, on peut envisager Hera aussi. Là, il faut plutôt imaginer, disons, la reine de l’Olympe que l’éternité a rendu plutôt blasée et qui cherche de quoi se divertir. Elle a eu sa petite phase « questionnements existentiels » (aka « et si je fuguais, tiens »), mais elle a fini par revenir briller de mille feux sur le trône de l’Olympe.

Je vous laisse, si vous le souhaitez, checker mes anciens RPs– même si de l’eau a coulé sous les ponts (je ne pense plus vraiment écrire de la même manière et j’ose espérer que mon écriture a vieilli comme un bon vin de garde).


N’hésitez pas à m’envoyer un MP sur ce compte ou à poster ici, quel que soit le personnage qui vous intéresse ♥


S’il reste des ancien(ne)s, vous connaissez toute ma petite constellation de personnages. Si l’un ou l’une d’entre eux vous manque, n’hésitez pas à me MP.


Je tiens à préciser que je ne compte pas me (re)lancer dans une pléthore de RPs ; j’aurais du mal à bien gérer cela, et cela desservirait mes partenaires. On va y aller doucement, ahah.

9
Les alentours de la ville / Re : Hellifornia [PV]
« le: mardi 03 juin 2014, 02:31:01 »

La drogue, la drogue ... Shin la sentait s'éparpiller partout dans son corps. Des substances qui circulaient dans ses veines, atteignaient sa cervelle, faisaient tout cramer. Tout. Shin perdait la tête, et elle adorait ça. La blondinette se laissa bâillonner, joueuse, se contentant de subir. Cette position lui plaisait, pour le coup. Tous ses muscles avaient fondus, elle n'était plus bonne qu'à recevoir ces vagues de plaisir, langoureuses et chaudes. L'espace d'un instant, elle n'était plus dans un bordel de Seikusu, mais autre part. Shin venait de plonger dans un ailleurs qu'elle dessinait rond, doux, vaporeux. Il venait de lui faire prendre quelque chose de redoutable, et elle aimait ça. Elle aimait la drogue, en elle, elle aimait sa langue qui dégringolait sur son intimité, elle aimait les deux doigts qu'il lui avait enfoncés dans le cul. De fins frissons agitaient son épiderme par intervalles complètement irrégulières.

- Mmh ... Mh ! Mmph !

Avec un majeur et un annulaire dans la bouche, elle ne pouvait pas vraiment articuler. Une de ses mains se posa sur celle de son amant, afin qu'il libère la bouche un instant.

- Vas-y, mon coeur, mmmmh ...

Shin commençait à descendre le long d'une pente très, très très ...

- Et si on passait aux choses violentes, mh ? La douceur, c'est pour les petites filles.

... Très glissante, oui. Elle faisait rarement dans la dentelle, si ce n'est jamais. Elle était toujours cette femme affamée, qui attise, qui ne fait preuve d'aucune patience. Shin disait souvent qu'elle avait été bénie par une malédiction. Seule la brutalité et la surprise la touchait encore. Le reste, elle ne le ressentait qu'à moitié. Elle était privée de délicatesse, et ne se retrouvait que dans l'excès.

Dans un mouvement, elle s'étira à nouveau. De longs soupirs agitaient son torse. Aucun n'était feint. Que ce soit cet homme, cette drogue, cet endroit, peu lui importait : le plaisir était là, elle le sentait pulser sous sa peau. Une de ses mains passa dans les cheveux de Jackall, l'autre faisant glisser la bretelle de sa propre robe, dévoilant un soutien-gorge d'un rouge aussi vulgaire que provocant. Shin, quoi. N'essayez pas de lui faire porter de la lingerie raffinée, elle vous rirait au nez. Sa poitrine, ronde, douce, se dessinait sous le tissu, demandant à être libérée au plus vite. Et elle, elle souriait toujours.

10
Les alentours de la ville / Re : Hellifornia [PV]
« le: lundi 28 avril 2014, 15:40:10 »
Shin fronça les sourcils en entendant le mot kétamine. Mh, elle ne voulait pas commencer aussi fort, mais soit. On a pas tous les jours vingt ans (enfin si, dans son cas, mais elle se sert de cette excuse quand même) ! Elle aimait le côté poudreux et vaporeux des xanax, qui tranchait avec la violence des autres drogues. La kétamine, c'était une drogue qui l'avait fait planer très salement à plusieurs reprises. Tant pis. La jeune femme finit le verre d'une traite, avant de se laisser tomber sur le lit. Elle avait l'impression de devenir neigeuse, mais une neige ardente, puissante, qui engourdit et réveille. Shin soupira de plaisir en sentant la morsure, sur son flanc, et le suçon dans le creux de sa cuisse. Son corps changeait, elle le ressentait différemment. Des vagues montaient et descendaient en elle, l'amenant d'un état à un autre.

La jeune femme mit un moment avant de reprendre ses esprits. Ses doigts se collèrent au torse de l'inconnu enchaîné et dévoué à son plaisir.

- Je ne ... je ne connaissais pas cette ... substance, balbutia t'elle, yeux fermés.

Inspiration, expiration. Sa nuque était brûlante. Quand elle rouvrit les yeux, ses pupilles étaient nettement enflées. Un sourire se traça sur ses lèvres, tandis que sa main se glissait dans la nuque de Jackall.

- Appelle-moi princesse, et toi ... Mmh, tu es un prédateur, non ? Laisse-moi t'appeler 'le loup'. Non, c'est idiot, pas un loup. J'ai beaucoup mieux. 

Sa main se logea dans la nuque de son nouvel amant, la griffant vivement.

- Tu seras un requin. Mon requin.

Murmura t'elle, délicieuse. Sa voix était devenue suave, elle qui était habituellement très cassante. C'était comme si tout son corps était prodigieusement souple et enclin à tout faire. Surtout des choses dangereuses. Elle qui n'avait jamais peur se sentait pourtant encore plus désinhibée que d'habitude. Beaucoup de personnes trouveraient cela inquiétant.

Shin s'allongea à nouveau sur le lit, joignant ses mains au-dessus de sa tête pour s'étirer délicatement. Son dos se creusa, sa poitrine gonfla, son ventre se dessina. On dit qu'une femme qui s'étire devient irrésistible. C'était sûrement aussi le cas pour Shin. Grande, bien foutue, ses formes se dessinaient davantage quand elle s'étirait. Son regard se planta dans celui de Jackall.

- Tu veux jouer, mmh ?

Elle entoura le visage de celui qu'elle considérait comme son nouveau jouet de ses mains, les faisant descendre faire son cou, ses épaules, dans des mouvements approximatifs. Elle se laissait guider par les vagues chimiques qui noyaient sa conscience et ses muscles. Délicieux. Shin était clairement défoncée. Mais vraiment. Et c'était putain de bon.

- Joue à me faire plaisir, mon cœur. Si tu trouves, tu gagnes.

Sourire de petite peste. Oui, Shin ne pense qu'à sa gueule. Mais bon, c'est son anniversaire, non ?

11
Blabla / Re : Horloge parlante
« le: dimanche 20 avril 2014, 18:09:26 »
H A P P Y    E A S T E R ( & 4 2 0 )



Le jour de l'anniversaire du cannabis tombe le même jour que celui des chocolats dans le jardin et du retour du Christ y'a très longtemps, c'quand même magique.

Et oui, les repas de famille, c'est pénible. Je devais me payer mon cousin, sa femme et leurs deux gosses (jehaislesenfants, j'suis la seule personne de ma famille à leur lancer des regards style "i'm judgin you" ou à les envoyer se faire voir ou à les ignorer royalement). THANKS GOD, on a passé le repas à quatre, et c'était trop drôle.




18 : 12





12
Blabla / Re : Horloge parlante
« le: samedi 19 avril 2014, 23:04:17 »
Mmmh, ouais, t'as raison. J'vais ... J'vais lui dire que tout ça n'est pas de mon goût. C't'une bonne idée.

(N'empêche, on dit que les filles s'attachent et les garçons non, mais là, HEIN, c'est lui qui me parle de love et moi qui ne rêve que de ... Ouais, bref, voilà.)




23 : 06

13
Blabla / Re : Horloge parlante
« le: samedi 19 avril 2014, 22:31:30 »
Mon dieu, le viiiiiiiiiiin. Le bon vin blanc, c't'un délice, mais qu'est ce que ça tape.

Pfiou. Heureusement que Deadmau5 est là.

Mh, les amis, imaginons que je me sois mise dans une situation trèèès gênante, genre cet hiver, j'ai rencontré un mec, chez une pote. J'y retourne dans trois-quatre mois, et le mec est genre très investi, je crois qu'il s'attend à ce qu'on se mette en couple alors que c'est loooooooin d'être le cas. Du coup c'est gênant. Il m'envoie plein de sms mignons, mais mh, étrangement ça m'agace. Que dois-je faire, à part manger mes émotions ? éè


22 : 33

14
Les alentours de la ville / Re : Hellifornia [PV]
« le: samedi 19 avril 2014, 19:57:15 »
"Miss" ? Qui était ce mec, pour oser l'appeler "Miss" ?

Shin leva un sourcil, ne bougeant pas un muscle. Ceeeeertes, ce charmant jeune homme avait une carrure qui en effrayait plus d'une. Mais pas elle, non, voyons, ce serait mal la connaître. Dès que l'adrénaline pulsait timidement dans ses veines, elle était littéralement enivrée. Elle ne savait pas si c'était la cocaïne ou l'excitation qui faisait battre son coeur aussi vite. S'appuyant sur un bras, elle se releva, le détaillant. Pas mal. Ceux qui lui avait offert ça avait bien choisis. Un coup d'oeil sur la chaîne, qui l'emprisonnait en sa compagnie. Elle ne put réprimer un rictus, moqueuse.

Elle était une ancienne terranide, que quelques coups de scalpel avaient sauvé des chaînes et de l'humiliation. Shin s'y retrouvait davantage dans son statut de grosse pétasse pleine aux as et rarement sobre. Elle ne nourrissait de décadence. Elle adorait ça. C'était là qu'elle trouvait les sensations les plus fortes, celles qui lui donnaient l'impression de vivre. Le contrecoup de son opération avait été sévère : humaine vous serez, oui, mais à moitié. Car depuis sa sortie de l’hôpital, elle ne ressentait plus rien. Rien. Que dalle. Sauf quand les émotions et sensations devenaient puissantes et écrasantes. Elle était une tête brûlée parce qu'elle n'avait pas le choix d'être autrement. Plutôt que de se morfondre dans son coin, elle avait décidé de vivre bruyamment et violemment.

- C'est toi la pute, t'as tout bon.

Un sourire, qui dévoila toute ses dents. A genoux, elle se pencha vers lui, passant une main dans les cheveux de son 'cadeau' du soir. Elle avait vu ses crocs, sa rage, et elle avait plutôt aimé ça.

- Je m'appelle Shin. Et je t'interdis de m'appeler "miss" à nouveau, ou tu ne pourras plus prononcer aucun autre mot ensuite. C'est compris ?

Elle ne faisait pas peur, mais on sentait que l'impressionner était assez difficile. Shin en imposait. La jeune femme cessa de triturer ses cheveux, son index venant dessiner les muscles de son épaule, les contours de sa clavicule.

- J'ai vingt ans aujourd'hui, il parait. Et c'est toi mon cadeau, mon cœur.

La jolie blonde se recula, prenant une nouvelle bouffée de tabac, avant de balancer sa clope loin, loin. Elle récupéra son verre, par contre, et se plaça en face de lui. Sa main droite agita son collier, rempli de petits cachets, devant les yeux de Jackall. On lisait des "X", des "A", des "N". Mh, oui, le xanax était décidément son petit cacheton favori. Il coupait les pensées et libérait tout.

- Alors, tu vois ... Mh, comment dire. J'ai très envie que tu restes avec moi. Et si ça se passe mal, je vais être très contrariée, tu vois ? Mh. Tu veux un cachet, un truc ? J'suis plutôt généreuse.

Shin ouvrit son collier, pour déloger un cachet, qu'elle colla sur sa langue. Une gorgée de vin. Le goût chimique la fit un peu grimacer. Puis elle plongea son regard dans le sien, toute belle, toute hautaine, toute pétée.

- Donne-moi ton prénom, et je t'en donne un.

15
Les alentours de la ville / Hellifornia [PV]
« le: samedi 19 avril 2014, 00:19:36 »
"Joyeux anniversaire !" gueula une voix, quand Shin passa le pas de la porte.

La jeune femme faisait partie de ces aristocrates fantasques, débauchés, qui fêtaient leurs vingt ans chaque année. Qui aurait pu la dater, cette jolie poupée blonde qui entrait d'un pas assuré, vêtue d'une robe noire très courte, de bas résilles vraiment vulgaires et de chaussures à talons hauts ? Personne. Elle avait la fraîcheur de la jeunesse, et son insouciance suicidaire. Mais dans son regard se lisaient des émotions bien plus franches, plus violentes. Le genre d'émotion qu'une jeunette ne supporterait pas. Elle tritura le collier qu'elle portait, un sautoir doré au bout duquel pendait une petite boule transparente remplie de cachets. Des xanax. Une valeur sûre, à ses yeux. La jeune femme garda son manteau de fourrure blanche quand elle entra dans la boîte de nuit 'spéciale' qu'on avait réservé pour elle. Ses nombreuses bagues tintèrent quand elle alluma sa cigarette, baissant ses lunettes de soleil effroyablement chères pour admirer les lieux.

- Vous m'avez payé un bordel ? Pour mon anniversaire ?

Elle cessa de mâcher son chewing-gum, le crachant dans un cendrier. Ses amies - des nanas qui essayaient d'être aussi 'perchées' qu'elle, en vain - la regardèrent, inquiètes.

- Putain, c'est génial ! finit-elle par s'exclamer, tapant dans ses mains.

Shin se sentait comme une môme, à Noël. Elle voyait ici et là des gens vraiment canons, sentait l'odeur de l'alcool et de l'herbe monter, et la musique qui enflait, en sourdine ... Titanesque. Elle était une petite princesse. Mais ses contes n'avaient pas la même gueule que ceux des autres. Dans les siens, la petite maison n'était pas en sucre mais en cocaïne et il y avait une infinité de princes charmants. Et de princesses. Y'a pas d'raison.

Une femme, très belle, passa à côté d'elle, caressant son bassin. Shin lui offrit un sourire. Avec son rouge à lèvres ardent, ce petit piercing sur la lèvre, sa tenue qui n'en était pas vraiment une, elle était l'archétype même de la vulgarité. Et elle s'en foutait royalement.

Les chambres, ici, étaient des lits enfermés dans des sortes de bulles de tissus. Il suffisait d'écarter les pans de tissus pour qu'un lit apparaisse, immense, au centre d'une sorte de bulbe. Beaucoup s'y réfugièrent. Noble dans la décadence, Shin traversa les différentes pièces, écartant parfois le tissu pour jeter un oeil. Deux filles ? Mh, pas tout de suite. Deux mecs ? Elle ne devait pas être trop gourmande, tout de suite. C'était sa nuit d'anniversaire, la nuit de ses vingt ans. Une nuit qu'elle avait inventée de toutes pièces, elle qui n'était pas née il y a vingt ans précisément. Mais la nostalgie, mh, elle était plus forte que tout. Là, au milieu de tous ces corps tièdes, elle n'avait plus d'âge, ni de maison. Rien ne comptait plus qu'elle.

Il n'y avait que dans les sensations impressionnantes et effrayantes qu'elle trouvait son compte.

Un verre, un rail. Shin se laissa tomber, quelques secondes, sur le canapé sur lequel elle siégeait. Elle se sentait divinement bien.

- Et vous avez un cadeau pour moi, mh ?

Son ton était bel et bien celui de la sale gosse capricieuse. Elle se redressa, sur ses coudes. Sa façon de se tenir dévoilait presque entièrement son soutien-gorge, rouge électrique. Ses cheveux blonds tombaient sur ses épaules, délicatement, tranchant avec la violence du personnage.

- Un très très beau cadeau, jura le propriétaire des lieux.

Il lui fit de le suivre. Ce qu'elle fit, son verre à la main, frottant son nez à plusieurs reprises. Sur la route, elle s'alluma une cigarette, avant que le propriétaire ne s'arrête devant un autre bulbe de tissu, entourés de lanternes aussi belles que flippantes. Tout pouvait prendre feu, à tout instant. Les lumières jaunes, orangées, sanguines frappaient les murs et les tissus. C'était beau à crever. Elle se serait cru dans le plus beau des enfers.

L'homme la laissa là. Dans la pièce, il n'y avait que ce gros cocon. Curieuse, Shin écarta le tissu, prête à adorer son cadeau d'anniversaire. Mais en voyant ledit cadeau, elle resta interdite. Un type était là, allongé, visiblement sonné. Il reprenait petit à petit ses esprits. La jeune femme posa son verre, entra dans la "pièce" - il fallait un peu se pencher, le tissu se refermant au-dessus de leurs têtes - qui n'était en fait qu'un lit, et se rapprocha de lui. Elle s'allongea sur le ventre, à côté de lui, saisissant son visage pour le tourner vers elle. Et, délicate, raffinée, adorable, elle recracha sa fumée dans sa direction. Oh, pas pour l'étouffer ni l'humilier. Juste pour que ça enveloppe son visage d'un halo blanc, que ça le réveille. Elle, une clope, ça la réveillait toujours.

- Mh, j'aime pas beaucoup les cadeaux défectueux, mon ange ... soupira t'elle, son index glissant sur sa joue. Réveille-toi, ce n'est pas le moment de dormir.

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