Les alentours de la ville / Re : Pleasure seeker, I will meet ya (PV)
« le: samedi 01 février 2025, 11:22:00 »Le grand malheur de cette jeune femme, c’était que ses fantasmes de bad guy n’avaient jamais dépassé le stade de ces doux rêves éveillés que l’on bricole dans sa tête le soir, la main entre les cuisses. Je ne vais pas repartir sur sa mère, mais au regard de son éducation, il était impossible qu’elle puisse un jour voir ses douces illusions prendre forme humaine. Et puis la seule réputation qui lui collait aux basques était celle d’une gosse de riche coincée et anxieuse à la mère intransigeante : le genre de profils qui n’intéresse pas grand-monde. Au lycée, on la voyait plus comme un défi que comme un être humain ; quiconque avait tenté, dans cette perspective, de l’approcher avait pris peur devant son air terrifié de gamine qui ne sait pas quoi faire et qui appréhende le moindre de ses gestes.
Les filles de riche, ça n’excite que quand elles sont des Blair Waldorf ou des Serena van der Woodsen.
Alors laissez-moi vous dire que ce qu’elle vivait, là, en ce moment, alors que son corps svelte s’écrasait contre celui, bien plus rude, de Colm, c’était le summum de la transgression. Dans sa tête, Nathalie se racontait une jolie histoire : elle redevenait adolescente et, lors d’une soirée (le genre de soirées auxquelles elle n’était jamais invitée), elle se tapait enfin ce mec populaire qui allumait un feu dévastateur dans les yeux des filles qui le regardaient. Ou, pour le dire dans d’autres termes : était arrivé le moment où elle prenait sa revanche.
L’agressivité dans l’approche du boxeur, cette agressivité qu’elle avait devinée et qui la faisait frémir d’envie, lui plaisait au plus haut point. Elle tranchait avec ce que Shin appelait ce « décorum de merde » de l’aristocratie ou de la haute bourgeoisie. La brutalité de Colm entrait en collision avec cette finesse excessive qui, jusque là, avait caractérisé ses interactions avec ses pairs ; finesse excessive qu’elle apprenait à oublier auprès de Shin. Se coller aussi outrageusement à lui en présence d’autres personnes, sentir ses mains se nicher dans les zones les plus intimes de son corps sans se soucier d’être regardé, l’impatience dans ses gestes : tout avait la saveur piquante de la transgression. Et si cette transgression était le quotidien de Shin – au point qu’on puisse légitimement se demander si on pouvait encore la qualifier ainsi – il n’en allait pas de même pour Nathalie qui la découvrait avec une sincérité naïve.
Lorsqu’il attrapa sa chevelure, tirant sa tête en arrière pour venir dévorer son cou, il lui sembla qu’un éclair traversait tout son organisme - aussi accompagna-t-elle cette sensation d’un gémissement tremblant, bientôt suivi d’une multitude d’autres. La main posée sur sa poitrine ne put qu’amplifier cette sensation.
Jamais ses fibres nerveuses n’avaient été aussi sensibles, et ça la rendait un peu dingue. Elle ne se fit donc pas prier, et joignit le gestes aux paroles de Colm : une main impatiente et fiévreuse se glissa dans son short, et ses doigts frêles se refermèrent instantanément autour du membre tendu qui l’y attendait. Ce contact, qui mêlait au langage franchement vulgaire du boxeur, la grisa instantanément. Il put donc sentir assez rapidement la main de Nathalie s’activer, gratifiant son sexe de caresses appuyées. Elle avait déjà eu des amants, et connaissait donc un peu les gestes qui pouvaient plaire à un amant, mais on sentait tout de même dans cette fièvre une forme d’ingénuité.
Nathalie revint à la charge, sa bouche se glissant dans le cou de Colm – et ses baisers se transformèrent très vite en des morsures qui trahissaient son désir.
- Je ne vous demande que ça, lui répondit-elle dans un sourire avant de retourner à l’assaut de son cou.
Ainsi, les baisers brûlants et les coups de dent encore timides accompagnaient ces mouvements de vas-et-vient sur ce sexe dont elle prenait, peu à peu, possession. Si Nathalie était fiévreuse, portée par le désir, l’alcool et la cocaïne, on percevait encore, solidement accroché au fond d’elle, cette retenue bourgeoise.
Une retenue bourgeoise que Shin n’avait jamais connue, d’ailleurs. Elle avait rejoint la haute société en n’ayant aucun code, ce qui faisait d’elle une sorte de freak qui amusait les bourgeois autant qu’elle les agaçait.
C’était cette absence de retenue qui lui avait permis de se rapprocher de Vance Dax, lui imposant une proximité corporelle : s’il pouvait sentir au bout de ses doigts les cheveux de Shin et cette chaleur étouffante et humide qui baigne les nuques noyées dans une chevelure, elle ne l’avait pas encore explicitement touché. Ne pensez pas qu’il s’agit là de quelque chose d’incontrôlé : la petite blonde maîtrisait assez bien sa gestuelle. Se tenir très proche d’une personne sans pour autant la toucher avait deux fonctions : d’une part, elle permettait à Shin de repérer qui pouvait perdre ses moyens – et donc sur qui elle avait, potentiellement, un peu de pouvoir ; d’autre part, cela instaurait une tension et un effet d’attente, l’interlocuteur s’attendant à tout moment à être touché par cette femme qui se tenait si proche de lui.
Inutile de préciser que le fait que Vance Dax ne se laisse pas intimider lui plut. Shin n’avait que peu de respect pour celles et ceux qui se laissaient écraser par elle. Dans sa petite cervelle rongée par le mode de vie qui était le sien, dans tout contact sommeillait un affrontement latent, qui n’attendait que le signal lui annonçant que le combat commençait.
Mais, pour le moment, l’un et l’autre s’étudiaient. Chacun d’entre eux avait entendu parler l’un de l’autre ; le moment présent était donc celui où ils comparaient la légende à l’être vivant.
Shin répondit par un sourire à sa remarque sur Mère Thérésa. S’il était Mère Thérésa, cette dernière aurait en effet bien changé : elle avait rarement vu des bonnes sœurs organiser des sauteries sur des yacht privés à coup de champagne et de drogues dures. À sa réflexion sur les yakuzas, elle hocha la tête, lui montrant ainsi qu’elle partageait son opinion. Quant aux cigares – ils firent briller ses jolis yeux. Elle allumait son cigare au moment où il complimentait son « petit cul bandant » ; à nouveau, elle hocha la tête, signe qu’elle allait dans son sens.
Si Vance Dax souhaitait parler à son orgueil, il ne s’était pas trompé. Shin était assez convaincue que ses interlocuteurs envisageaient tous de la baiser de façon plus ou moins assumée ; elle y voyait d’ailleurs une manière d’asseoir son emprise sur eux. Et puis cela confirmait ce qu’elle pensait avant même de venir à cette petite fête de la débauche : Vance Dax voulait faire appel à ses services parce qu’il voulait se la faire.
- Tu m’as donc fait venir pour parler de conquête et de cul. Quelle riche idée – je ne peux que t’en féliciter. Et puis, je ne peux pas te reprocher de préférer mon cul à celui des yakuzas.
Souriante, toute fière de sa remarque, elle ponctua sa phrase en tirant sur le cigare. Une brume grise sortit d’entre ses lèvres, s’envolant en dansant dans l’air. Shin ne prit néanmoins pas le temps d’admirer ces effluves charmantes, et se tourna à nouveau vers son interlocuteur, plantant son regard dans le sien.
- Vois-tu, je suis très charitable, dans mon genre, continua-t-elle. J’apprécie ton entrée en matière alors j’accepte de t’accorder cette audience pour que tu me parles de tes jolis petits projets.
On pourrait écrire des thèses sur l’insolence de Shin, mais résumons ici ses fonctions principales : enclencher un teasing qui ne pouvait être que brutal, tester les limites et les ressources de son adversaire ou asseoir son emprise sur son interlocuteur – voire les trois à la fois, comme c’était le cas ici. Et, comme si cela ne suffisait pas, elle s’approcha encore un peu de lui, posant doucement une de ses mains sur sa cuisse
- Qu’on me parle de baiser les yakuzas ou de baiser mon cul me plaît, de toute manière – alors je suis toute ouïe.
Puis elle ôta sa main pour reprendre le cigarette entre ses doigts, laissant l’odeur de vanille fumée et piquante se répandre encore dans les airs.








