Au lendemain matin, il n’y avait plus aucune trace de l’orgie ayant eu lieu la soirée. Les serviteurs avaient fait le ménage partout, jetant les morceaux de vaisselle brisés, nettoyant le sol, les tables, les murs, les canapés, remettant les meubles en place, agissant dans un laps de temps assez court, pendant l’aurore, avant que l’aube ne se lève, et qu’une nouvelle journée ne vienne éclairer la cité ashnardienne. La capitale se dressait fièrement au milieu du désert, comme un défi envers la nature. Cette ville avait été voulue par les démons, jadis, et ces derniers avaient choisi de s’implanter dans un endroit inhospitalier pour beaucoup de raisons. Depuis cette époque, il ne restait, des premiers murs originels, des premières pierres à être posées, que quelques palissades du palais impérial, qui se dressait fièrement au milieu de la ville, ses hautes tours et ses immenses statues à la gloire de l’Empereur la dominant de toute sa hauteur. Le soleil, quand il se levait, semblait comme embraser le désert, donnant tout son sens au surnom de « Mer de Feu Pourpre » du désert ashnardien. On pouvait presque, avec les reflets, y voir comme des espèces de vagues flottant sur le sol, des serpents qui avançaient silencieusement. Il n’y avait aucune trace écrite de cette orgie, rien d’autre que dans les souvenirs des convives, et personne ne s’en choquerait. Comme on se plaisait à le dire fréquemment, Ashnard n’était pas Nexus, et, dans un Empire démoniaque, il fallait bien s’attendre à ce que les dirigeants ne soient pas énormément à cheval sur les questions liées à la sexualité.
Edea se réveilla chez elle... Pas à Galbadia, bien sûr, mais dans ses quartiers diplomatiques. Elle n’avait pas spécialement dormi, car elle ne dormait jamais, mais elle avait médité... Ce qui, à peu de choses près, correspondait au sommeil. Cette nuit avait été très agréable, très délicieuse, et elle l’avait beaucoup apprécié. Il était maintenant temps, pour elle, de passer à des choses sérieuses. Elle s’était amusée avec Décatis, lui avait fait l’amour, et elle ignorait où l’enchanteresse se trouvait. La Galbadienne avait senti la fatigue l’emporter, et s’était retirée dans ses quartiers.
« Vous êtes réveillée, Majesté ? »
Tournant la tête, Edea, nue, vit l’une de ses assistantes. Cette dernière loucha sur le corps appétissant et très intéressant de sa supérieure, sans rien dire, se contentant d’un sourire évasif sur ses lèvres. Edea se releva, et la magie se mit à nouveau à parler, l’enveloppant dans ses vêtements.
« En effet », lâcha-t-elle, de son habituel ton calme et neutre.
Son assistante hocha la tête. Elle devait lui parler du planning de la journée, mais elle préféra lui dire que le petit-déjeuner était prêt dans leur salon. Edea ne dit rien, ce qui équivalait, dans son langage, à une forme de remerciement, et son assistante s’écarta. Indéniablement, sa nuit avait été très animée. La Galbadienne se mit donc à sortir de ses quartiers, et rejoignit son salon. Lanea était déjà là, yeux clos, et se concentrait, retrouvant sa ligne de stabilité magique, son calme intérieur.
« Tu devrais aller visiter leur bibliothèque impériale, glissa-t-elle. Leur savoir est impressionnant.
- J’y penserai » rétorqua simplement la Galbadienne.
Elle s’assit, et commença à boire un peu de chocolat chaud, bien préférable, selon elle, au thé, ou au café.