Le droit chemin [Sentinel]

C'était une... Blague ? Ciara avait juste eu le temps de faire un mouvement de tête pour renvoyer ses cheveux en arrière que Gabriel lui colla un scotch sur les lèvres !! Il ne faisait pas... Enfin, il n'allait pas la bâillonner pour de vrai, quand même ?

... Et bien si. Et cela l'amusait visiblement beaucoup. La jeune femme serra les dents et secoua la tête. Après un soupir discret, elle ramena ses mains menottées, avec mille précautions, devant son visage, histoire d'arranger un peu sa coiffure et, quitte à n'avoir rien à faire, joua même avec. La nuit allait être très longue... Au travers du rideau de ses cheveux blonds, Ciara jetait parfois un bref regard vers l'extérieur, vers la direction supposée de Dick Grayson. Il avait eu raison : Gabriel était pire que rancunier. Il avait besoin de se montrer le plus fort, et le plus malin, sur tout et n'importe quoi - et surtout n'importe quoi.

Bon sang, la nuit allait être aussi longue que la liste des vacheries qu'il risquait de lui faire. Ciara ramena une mèche de ses cheveux derrière son oreille, et reposa les mains croisées sur la table. Il ne lui restait plus qu'à attendre, même si en restant tranquille, il y avait trop peu de chance pour qu'il ne lui fiche la paix. Ciara aurait parfaitement pu s'endormir, il lui aurait suffit de poser la tête sur les bras, et le tour était joué. Cependant... Dieu et l'esprit dérangé de Gabriel seuls savaient ce qu'il pourrait faire une fois sa vigilance tout aussi endormie qu'elle.

Et dommage qu'elle ne soit pas une peau de vache. Sans doute se serait-elle amusée à lui parler, vraiment - en langage des signes. Elle aurait même pu chantonner, pour l'énerver ; enfin, si c'était le simple son de sa voix qui énervait Gabriel... Mais non : Sentinel restait dans le droit chemin, et comptait bien y rester. Se battre pour une justice juste et équitable. Avec un peu de chance, Gabriel se prendrait même une amende pour ce qu'il lui faisait subir cette nuit - non que ce soit vraiment grave, mais pour le principe, puisqu'il n'avait pas vraiment le droit de faire ce qu'il faisait...

En attendant ? Et bien, il devait être aux alentours de 5h du matin. Ciara avait l'habitude des journées de 72h, et ne ressentait pas trop la fatigue. Au mieux, l'ennui. Cependant, cela l'embêtait grandement que cet idiot puisse la retarder pour l'entrainement du matin, au dojo... Tout comme elle était gênée à l'idée de déranger l'ambassade juste parce qu'un mâââle avait été blessé dans son égo. Enfin, chaque chose en son temps : pour le moment, attendre encore deux heures avant d'appeler Sakuragi-sensei... Ensuite... Et bien, Cira poussa un nouveau soupir.

C’est fou comme le temps passe vite quand on s’amuse, sauf que Gabriel se faisait un peu chier quand même. Il regarda l’horloge : cinq heures du matin… ah, il devait être de retour à son emplacement… il allait pouvoir y aller… mais que faire d’elle, là était la bonne question ! Il n’allait pas la laisser là, on la laisserait partir, mais l’entrainer avec lui dans une putain d’histoire à la con était-ce vraiment une bonne idée ? Non, elle allait encore une fois tout faire foirer…. A moins qu’il ne la laisse dans la bagnole… ouai, bonne idée. Il soupira et se leva pour se réveiller avant de prendre la parole.

« Bon, bah je crois qu’il est l’heure de prouver ce que je racontais tout à l’heure ! »

Il prit une deuxième paire de menottes, l’accrocha à sa ceinture, vérifia son holster et prit le bras de la jeune femme pour l’entrainer vers la sortie du commissariat et sortant les clés de sa poche il ouvrit une des voitures de service. Pou plutôt, il ouvrit le coffre et le vida à même le sol de son contenu, il avait un autre colis à transporter…

« Le carrosse de mademoiselle la princesse Macross est avancé ! »

Il sourit et la poussa dans le coffre assez profond, mine de rien. Il n’était pas étudié pour, mais la place du mort, le ripoux en était sur, irait très bien à cette blondasse. Elle se recroquevillait. Il soiurit et prit la tête de la jeune femme entre ses mains, tout sourire alors que, dans un élan de saloperie, il lui lançait :

« Ho qu’elle est mignonne avec son baillon, oh oui, c’est qu’elle est toute belle comme ça ! »

Ce faisant il lui pinça les joues comme à une enfant… lui mettant un léger coup de boule et termina de la charger, comme un colis encombrant, dans son coffre. Puis il ferma celui-ci avant de monter à l’avant, mettant un peu de musique de merde, vous savez celle qui fait danser tous ces cons en boite, juste pour faire vibrer les parois du coffre avec les hauts parleurs de l’arrière.. tant pis pour ses oreilles.

Il ne s’arrêta qu’une fois sur place et la  fit sortir du coffre sans ménagement, répétant cette manœuvre sur ses joues avant de l’accrocher au pare choc arrière via une deuxième paire de menottes liant les chaines de celles déjà aux poignets de la jeune femme au pare choc métallique, la forçant à s’asseoir par terre dans le meilleur des cas, sinon à rester courbée…

« Bon, soit je te laisse là, soit tu es bien sage  et je te laisse m’acompagner en interrogatoire musclé ! »

Il saisit à nouveau le visage de la jeune femme, et comme preuve qu’elle ne pouvait rien faire contree lui, il l’embrassa à tarvers scotch avant de mordre au même endroit aussi fort que possible….

Cette fois, c'en était trop. Gabriel avait dépassé une limite que Ciara ne pensait même pas avoir. Elle avait subi, en un silence forcé, tout ce qui amusait Gabriel. Mais là, dans le coffre de la voiture, elle trouva qu'il avait déjà débarrasser les bornes, et qu'il n'était pas question qu'elle le laisse continuer. Elle le laissa l'aider à s’extirper du coffre de la voiture. Elle le laissa même l'attacher au pare choc.

La suite, par contre, elle ne laissa pas passer. Le baiser la paralysa d'effroi, et c'est la douleur de la morsure qui la ramena à la réalité. D'un geste, elle cassa la chaîne entre ses poignets, et sans même y faire attention, elle posa les mains sur son torse, et le repoussa. Sans canaliser complètement sa force... Gabriel vola jusque dans les poubelles, dans lesquelles il s'étala lamentablement. Ciara eut une demi seconde de remord, bien entendu. Mais cela ne dura, effectivement, qu'une demi seconde. D'un geste rageur, elle retira le scotch qui scellait ses lèvres. Elle avait les larmes au bord des yeux, mais se jura de ne pas faire le plaisir à Gabriel de pleurer devant lui.

Un rapide coup d'oeil au pare choc de la voiture la renseigne sur le fait qu'elle n'a rien. Ce n'est qu'ensuite que ses pas foncent vers Gabriel. Elle ne l'aidera pas à se relever et mettra les poings sur les hanches, le dominant de toute sa stature.

- Cette fois, ça suffit ! Vous allez beaucoup trop loin, et croyez moi, vous allez avoir de sérieux problèmes avec votre hiérarchie. A trop vouloir vous prouver à vous même que vous êtes le meilleur, et surtout en faisant n'importe quoi, vous vous exposez à de sérieuses représailles. Je n'ai pas besoin que vous me prouviez vos conneries, et si je vous voyais encore tabasser quelqu'un, je me ferai même un plaisir de vous briser une côte en vous plaquant au sol ! Alors, faites mal votre boulot comme vous aimez tant. Pour ma part, j'ai assez fait les frais de votre connerie !

Un pas en arrière, et il lui suffit d'une impulsion pour prendre son envol. Ciara est tendue comme jamais, et dans une colère comme elle en a rarement ressenti. Un rapide coup d'oeil à la ruelle lui apprend qu'elle est vide, alors qu'elle passe au dessus. Elle ressent ce plaisir mesquin d'avoir eu raison, et de prouver à Valmy qu'il avait tort. Qu'elle avait hâte de le voir revenir, la queue entre les jambes, et sans doute frustré, quand il rentrerait au commissariat.

Car oui, contrairement à ce qu'il pouvait croire, Ciara ne s'enfuyait pas. Si elle avait réellement fait une erreur, elle estimait ne pas être au dessus des lois, et devoir payer pour cela. Avait-elle eu vraiment tort d'arrêter Gabriel dans la ruelle ? Si c'était le cas, elle paierait sa dette auprès de la société japonaise. Mais lui aussi aurait à rendre des comptes...

Ciara se posa devant le commissariat, et y entra. Ses menottes étaient cassées à ses poignets, elle avait la lèvre supérieure rougie par une marque de dents... C'est tout naturellement, penaude, qu'elle se dirigea vers le bureau de la seule personne à s'être montrée sympathique avec elle. Ciara eut un pauvre sourire pour Dick, et elle lui montra encore ses poignets...

- Je crois que je vais avoir encore besoin de votre aide, Inspecteur Grayson...

Et nul doute qu'au retour de Gabriel, Ciara aurait sagement repris sa place, dans la salle d'interrogatoire. Avec en prime, un chocolat chaud et son portable à portée de mains menottées.

Enfin !  Il avait fini ! Oui, il finissait tard, ou tôt, c’était selon ! Mais jamais il n’aurait du laisser la paperasse s’accumuler de la sorte… mais parfois, c’était difficile de résister à ce plaisir évident à ses yeux qu’était l’action pure. Il n’aimait pas perdre de temps à faire tout à ça et enfin il allait pouvoir se remettre à l’action ! Mais vu l’heure, un petit somme… ou un café et une heure sur les toits… il ne faisait pas encore jour… Oui, il allait faire ça !  Le tout était de rejoindre sa voiture et de vite rentrer.

Enfin, ça c’était ce qu’il voulait, les choses ne tournèrent pas comme prévu… il n’eut même pas le temps de quitter son bureau qu’une jeune femme au minois familier y entrait… il ne fut pas dur de la reconnaitre, ne serait-ce que parce qu’elle avait encore une fois des menottes détruites aux poignets   …. Autre fait qui avait son importance, une marque très rouge et un poil ensanglantée près de ses lèvres, comme une morsure… et si ça ne suffisait pas, il y avait cet air coupable sur le visage. Il soupira et se tourna le dos pednant quelques secondes avant de se retourner vers elle avec une petite trousse de soins.

« Installez-vous…. »

Il prit du désinfectant en bombe et l’approchant du visage de la jeune femme, il pulvérisa une petite quantité sur la plaie qui sans être très profonde saignait quelque peu… il ne la prévint pas que cela piquait, non pas méchanceté, mais tellement il bouillait contre Gabriel, il avait abimé ce joli visage juste parce qu’il en avait envie, il en était certain. Puis il appliqua un pansement liquide très fin qui ne se  verrait pas mais qui protégerait la plaie de possibles saletés que l’on croisait n’importe où.

« Bon, voilà, ça c’est fait maintenant et si vous m’expliquiez un peu ce qui s’est passé… parce que je ne peux pas vous couvrir indéfiniment… »

Ce qu’il ne disait pas c’était que le nombre de pairs de menottes utilisées et détruites sans justification valable risquait d’être retenu sur son salaire, soit deux paires ce mois-ci… Mais il n’allait pas le dire, pas après avoir rencontré superboy… il savait qu’on ne maitrisait pas tout. Avant de la laisser parler il ajouta :

« Et vous n’avez aucun problème en pratiquant le kempo kai par rapport au contrôle de votre force ? »

Il l’avait dit à voix basse pour ne pas être entendu par d’autres personnes qu’elle.

Ciara adopta un air un peu plus coupable encore, alors qu'elle baissa la tête. Elle savait bien qu'elle aurait du assumer jusqu'au bout, au lieu de venir déranger Dick. Elle s'excusa dans un murmure, mais il était maintenant trop tard pour effectuer un repli stratégique jusqu'à la salle d'interrogatoire. Elle entremêla ses doigts, gênée, honteuse.

- Je ne vous demande pas de me couvrir.... Je suis navrée, je n'aurai pas du venir vous déranger...

Encore quelques secondes de silence, avant qu'elle ne lui raconte, à contre coeur, les derniers événements qui l'avaient poussée à casser une nouvelle paire de menottes -Mais je peux les rembourser... Et je n'ai pas abimé la voiture, promis.." - et à fuir pour revenir ici. Nouveau silence.

- Vous savez, je ne m'estime pas au dessus des lois. Si j'ai vraiment compromis une enquête, en début de soirée, je dois en payer les conséquences, et c'est pour cela que je suis revenue. Cependant, cet... inspecteur Valmy...

Ciara passa une main sur son front, et glissa rapidement les doigts dans sa courte chevelure blonde pour la ramener en arrière, laissant sa main masser quelques secondes sa nuque nouée. Oh, elle ne se sentait clairement pas bien vis à vis de cette histoire. Peut-être avait-elle eu tort de craquer, et que Dick allait le lui faire remarquer. La jeune femme soupira, et se redressa sur sa chaise pour ne pas paraitre trop abattue, même si son regard de cocker la trahissait. Cependant, elle changea de sujet pour répondre à l'autre question , sans quitter des yeux ce noeud dans le parquet.

- Non, je n'ai pas... trop de problème à ce niveau là. Avant, je m'épuisais à la gymnastique pour ne plus être un danger pour les autres. Depuis que j'ai rencontré Sakuragi-sensei... Même si j'étais un cas inédit pour lui, il a pris le temps de m'apprendre le taichi-chuan pour canaliser mon énergie, et ma puissance. Cela m'a vraiment aidée. Mais je me restreins beaucoup par moi même.

Une inspiration, comme si elle comptait continuer. Pourtant, ce qu'elle s'était apprêtée à dire, c'était un aveu qu'elle n'avait même jamais fait à Sarah, sa meilleure amie. Même si elle l'avait déjà dit, à demi mot. Ciara avait peur de ses pouvoirs, peur d'elle même, peur d'être un danger pour les autres. Et il n'existait pas meilleure motivation pour se limiter soi même.

Mais elle ne dit rien, pourtant. Sarah lui en voudrait trop qu'elle ait fait ce genre d'aveu à un illustre inconnu avant de le lui faire à elle. Sans parler du sermon qu'elle lui ferait sans doute sur son manque de confiance en elle, et la menace de lui faire un nouveau costume encore plus minimaliste que son justaucorps actuel.

Ciara releva la tête à ce moment là, avec un pauvre sourire qui faisait écho à ses pensées. Elle modifia ce sourire pour Dick, et se leva.

- Excusez-moi de vous avoir dérangé, vraiment. Surtout que vous sembliez avoir terminé votre nuit... Je vais attendre... "mon tortionnaire", si vous m'autorisez à l'appeler ainsi, en salle d'interrogatoire. Merci de m'avoir écoutée me morfondre, inspecteur Grayson, même si ça ne devait pas être agréable pour vous...

Ciara s'inclina pour le saluer, les bracelets argentés toujours brisés aux poignets. Pas seulement par oubli, mais parce qu'elle était bien décidée à assumer cette erreur là aussi.

Oups…. Il avait été un peu trop dur sans doute… il avait juste proféré  un avertissement clair. Il était ravi de vor qu’elle allait bien, il était ravi que ça aille… physiquement du moins…. Il soupira et l’écouta parler sans rien dire, il ne voyait tout simplement pas quoi dire, même si ses excuses, trop  nombreuses sans doute, preuve d’une nature mal assurée. Elle le touchait, oui, elle semblait être du genre à être prise sous l’aile protectrice de quelqu’un qui soit un peu moins sensible pour l’aider…

Il soupira l’écoutant, sans oser l’interrompre, elle disait bon nombre de choses intéressantes et alors que d’une main distraite, il cherchait une paire de menottes de rechange dans ses affaires elle conclut ses paroles par de nouvelles excuses et… et un remerciement ? Non mais elle n’avait pas à le remercier, ce salaud de Gabriel méritait une beigne, et quelque chose disait qu’une ombre noir allait le suspendre par les pieds dans une ruelle la nuit prochaine… ce serait une bien belle nuit…

Et alors qu’elle s’éloignait apparemment résignée à se faire taper sur les doigts, Dick ne put s’empêcher de murmurer, sans savoir si c'était pour lui-même ou pour elle :

« Bon courage… »

Il se retrouva bien vite dans les poubelles…. Que ceux qui ont pensé « aux poubelles les ordures » se dénonce immédiatement… elle avait une force colossale, une force à la hauteur de sa paire de mamelles ! Il en resta un peu hébété… putain, il avait aussi mal à la tête qu’après une murge royale ! Putain…. Il voyait légèrement trouble d’ailleurs alors qu’il levait la main pour chasser la couche culotte qui avait élu domicile sur son crâne et le masser derrière juste au dessus de la nuque, là où la tête avait heurté le bord de la grande poubelle en plastoc, pas du plastoc de merde en tout cas, c’était le moins que l’on puisse dire.

Il ne comprit pas grand-chose à ses mots, un peu trop dans le potage grâce à elle… mais rien qu’à apercevoir sa trogne… pas dur de piger… houlàlà, mal à la tête…. Bon, on se relève ! Il chancela….. et tandis que le sol se refusait à le laisser tenir debout, il vit la jeune femme s’élever dans les airs. Il retomba sur le cul, tant surpris par ça que par son incapacité à tenir debout. Il resta ainsi pendant quelques instants, quelques minutes peut être avant de frissonner et de se relever et, regardant autour de lui, il avisa une couche, une autre, plus violumineuse, une couche pour vioques sans doute et s’en saisit… le vioque n’avait pas que pissé dedans apparemment….

Dégouté, il la tint à deux doigts alors que de l’autre il concentrait l’électricité vers le bas au point de la faire devenir pure énergie lui permettant de s’élancer lui aussi dans les airs, faute de mieux, direction le commissariat ! Il n’y fut qu’en instant, faisant péter le disjoncteur du bâtiment… comme d’habitude… il entendit les jurons monter… comme d’habitude…

Il se dirigea vers son bureau, en face de celui de Dick, déjà qu’il ne pouvait pas l’encadrer, en plus il devait se coltiner sa gueule de con d’amerloque toute la journée en face de la sienne… il avait plus ou moins compris le personnage de sa suspect factice, elle reviendrait !  Il l’attendrait…. Mais alors qu’il passait devant l’un des box, celui où il avait interrogé la jeune femme, il la vit et le mauvais coup qu’il lui préparait depuis qu’il avait décollé s’enclencha. Il arma son bras et lui envoya en plein visage la couche écoeurante tant par l’odeur que par le contenu…

« Voilà, niveau ordures on est à égalité !on reprend tout là où on l’a laissé ? Vous êtes en état d’arrestation pour délit de fuite et agression sur agent !  Et bon courage pour prouver le contraire. !  Les caméras m’ont vu atterrir dans les poubelles et je doute qu’on m’accuse de l’avoir fait tout seul… »

La caméra s’était mise à fumer dès qu’il avait commencé à concentrer l’électricité !

« Merci, je n’espérais pas vous voir oser faire ça…. Et je ne vous croyais pas capable de m’envoyer bouler avec une telle force… impressionnant…. Ce n’est presque pas naturel… »

Il sourit en posant sa main gauche bien à plat sur la table qu’il électrocutait : d’une le portable serait foutu, de deux, la table deviendrait un si puisant aimant que les menottes, ou leur reliquat allaient s’y accrocher… puis il montra son bras droit.

« Je crois bien qu’en plus vous m’avez pété le bras dans cette histoire…. »

Pure comédie, mais très bien jouée…

Ciara fut prise d'un frisson en entendant Gabriel débarquer. Cependant, cette fois, elle ne se laisserait pas abattre. Ni battre tout court, d'ailleurs. Son mouvement brusque ne passa pas inaperçu, et malgré la surprise, la jeune femme eut le bon réflexe de s'écarter. Et même de mettre un bras protecteur entre son visage et le projectile. Et fort heureusement, son instinct créa même un bouclier d'une lueur bleuté, sur lequel rebondit la couche. Surprise, horrifiée, l'américaine eut un gémissement de dégoût. Des gamineries, et c'était le seul mot que son esprit scandait. Ses joues avaient rougies, de colère contenue. Que se serait-il passé si elle ne s'était pas protégée ainsi !

La table métallique sembla vibrer, et Ciara reçut même une légère décharge électrique au travers de ses menottes à présent aimantées et collées à la table. Ses mains étaient à plat, et avec un regard de défi, Ciara usa de sa force - sans réel effort apparent - pour décoller ses bracelets, et croiser les bras. Puis les jambes. L'américaine détestait la colère qui grondait en elle. Et la remarque qu'elle n'empêcha pas de traverser ses lèvres, quand il se plaignit de son bras soi disant cassé.

- Pauvre bout de chou.

Non, ça ne lui ressemblait pas. Ciara avait honte de ce qu'elle disait, de sa manière d'agir. Mais c'était fini : Gabriel avait été bien trop loin, et elle ne se laisserait plus malmener.

- Et que pensez-vous de toutes les plaintes que je pourrais poser contre vous ? Vous pouvez dire que je n'ai pas de preuves...

Et Ciara s'autorisa un sourire en coin, mais elle continua :

- ... Mais vous vous êtes montré odieux envers moi. Et compte tenu de vos antécédents, je crois que vos supérieurs n'auront aucune peine à me croire. Ma parole...

Elle pencha la tête sur le côté...

- ... Et cette couche... Contre votre parole. Dites-moi, qui gagne ?

Puis elle reprit, sur un ton plus doux :

- Si je vous ai réellement causé du tort, dans une enquête officielle en début de soirée, je suis prête à en répondre devant la loi japonaise. Mais pas devant vous. Je crois que vous m'avez assez fait payer d'avoir blessé votre égo.

Oh, elle savait répliquer la vachette ? Impressionnant !  C’était vraiment impressionnant !  Et quelle violence dans ses propos !  Il leva délicatement son bras droit qui était sensé être cassé pour applaudir doucement, grimaçant…. Il avait déjà pris suffisamment dans la gueule pour savoir imiter quelqu’un qui souffre. Il sourit ensuite avec un rictus mauvais. Mais son comportement avait changé du tout à tout. Ça avait de quoi s’amuser ! Il pencha la tête sur le côté.

C’était impressionnant cette différence sur le comportement entre vachette et génisse…. Il ne savait plus si c’était du lard ou du cochon ! Il pencha la tête sur le côté et commença à tapoter bruyamment la table, comme s’il se faisait royalement chier. Etrangement ses menaces avaient quelque chose de surfait. Okay, le coup du bouclier bleu l’avait surpris, mais de là à croire qu’elle avait pris un ascendant… il ne fallait pas exagérer non plus !

Ses antécédents, elle ne les connaissait pas, elle commençait à vraiment lui courir sur le haricot. Une belle saloperie, voilà ce qu’elle était. Il sourit et attendit qu’elle ait fini pour commencer à parler à son tour !  Il souriait, presque amusé, et ouvrit la bouche pour commencer à siffler !

« Et beh, vachette devient taurette ! Bravo, belle paire de corone ! Mais vous oubliez un ou deux détails. »

Il montra un premier doigt.

« Primo, bravo ! Je dois avouer que je suis particulièrement impressionné !  Tu sais donc faire autre chose que te plaindre ? Personnellement, je dois avouer que je suis surpris. Je  pensais que vous ne saviez pas riposter, mais vous savez le faire, dans le vide, mais vous savez le faire. Mes supérieurs veulent des résultats ! Le reste, mes supérieurs s’en tamponnent l’oreille avec une babouche ! »

Il se tut quelques instants, comme s’il réfléchissait….

« Secundo, avec les traces de coups et blessure, votre parole ne vaut rien ! Ma parole contre la votre… mais ce qui est amusant c’est que les jury se montrent particulièrement sévères quand à l’inculpé(e). »

Et hop, il enchainait sur un dernier point :

« Ah et oui, j‘oubliais, souriez, vous êtes filmée…. Ce bouclier bleu était des plus amusants ! »

Ciara entra bêtement dans le jeu de Gabriel.

- Filmée ? Merveilleux. Peut-être vos supérieurs verront-ils combien vous avez abusé, de votre côté.

La jeune femme serra les dents. Pas question de se laisser marcher dessus davantage.

- De plus, un rapide examen permettra de déterminer que ces blessures, vous vous les êtes infligées vous même. Et vous le savez. Alors arrêtez de fanfaronner comme un coq. Vous vous montrez grossier et insultant pour vous donner l'impression de valoir quelque chose. Il n'y a que deux choses sur lesquelles vous pouvez m'inculper. Alors faites votre job de flic, au bout d'un moment, au lieu de faire l'enfant.

C'était quand même un comble ! Comment un policier pouvait se montrer aussi odieux ? Et puis, il espérait quoi ? La coffrer pour utilisation illégale de super pouvoirs sur le sol japonais ? Elle aimerait bien voir ça. Ciara croisa les jambes dans l'autre sens, les bras toujours devant la  poitrine.

- Autre chose. Vous parliez de jury... Vous allez quand même très loin, si vous pensez que vous allez pouvoir me trainer devant un tribunal. Vous pensez quoi ? Que la parole d'un flic qui s'auto mutile, malmène ses suspects, se montre ouvertement hostile et insultant, va valoir plus que celle d'une touriste américaine ?

Petite pause. Léger sourire. Ciara n'aurait jamais pensé que sa réputation aurait pu lui servir, un jour, et surement pas dans ces conditions.

- Faites quelques recherches sur internet, je vous en prie. Vous trouverez sans doute un dossier de presse plutôt élogieux à propos d'une certaine Sentinel, au sud de Los Angeles. Contrairement à vous, je n'aime pas me lancer des fleurs ni faire gonfler mon ego. Mais les faits sont là ; et puis, je ne cache pas mes pouvoirs, alors, le coup du bouclier bleu, je ne vois pas en quoi cela pourra jouer contre moi.

Et bim, piégée, voilà qu’elle faisait comme lui, avec beaucoup moins de talent cela dit !  Il trouvait cela particulièrement délicat au fond… jouer le rôle du méchant tout en veillant à faire gaffe à ce qu’il faisait ! Et le plus important, sourire à la caméra. La seule chose qu’il avait à faire au final pour tout assurer, c’était de sourire.

Pour les blessures, difficile d’expliquer comment il s’était lui-même cogné la tête !  Non, fallait il lui montrer les coups reçu à cause de la poubelle qu’il avait heurté par la faute de la jeune femme, pour le reste, rien à faire, il n’avait strictement rien à faire du reste ! Mais voilà en entrant dans son jeu elle lui montrait qu’il avait raison…

Pour la raison face à un jury, inutile  d’en parler, elle n’aurait pas de preuves de ce qu’elle avance, bien évidemment ! Alors pour le reste, rien à foutre ! Elle ne lui ferait pas démordre du fait qu’il pouvait la foutre sacrément dans la merde ! De même, il ne pensait pas qu’un jury irait contre ses résultat, il était spécial, mais efficace, il était sacrément fort mine de rien, il avait des résultats, et ces résultats, personne irait contre, on pouvait même dire qu’on fermait les yeux grâce à cela. Donc il ne se faisait aucun souci ! Il était tranquille !

Elle marquait un point pour la dernière chose qu’elle dit, mais il n’irait pas vérifier ses dires, il avait bien mieux à faire que ça !  Il avait tout simplement d’autres idées de menace en tête.

« Vous savez, je ne pensais pas parler de vos pouvoirs à la police, mais je vous vois bien comme cobaye, pour des tests au sein de l’armée… je suis persuadé que les coréens où les chinois trouveront un prix pour vous, et après, vous ne serez plus tranquille nulle part ! C’est fou comme vous ne comprenez rien à rien ! Et ce n’est ni la Chine, ni la Corée du nord qui vous rendront aux USA ! »

Il eut un petit rire avant d’ajouter.

« Et vous savez, je crois que les gens préfèrent avoir à faire à un flic un peu mal dégrossi qui est sur la limite des règles, mais qui a des résultats plus que satisfaisants  plutôt qu’à un flic scrupuleux plongé jusqu’au cou dans la médiocrité des temps modernes…. On a pas besoin de ça…. Et ils le savent…. Ils veulent des solutions, je leur en offre, vous, vous  auriez de moins bons résultats que moi que ça ne m’étonnerait pas ! »

Et pour finir, coup de grâce.

« Contrairement à vous, j’ai un avantage, on ne me voit ni lancer la  couche, ni vous faire le moindre mal alors que vous afficher constamment  votre air de réticence, quand un témoin, ou un suspect est hostile, sa parole perd bizarrement de la valeur…. Ah et le mec que je tabassais, ave la bonne pression, il jurera devant le tribunal que c’est vous qui l’avez tabassé avant de vous attaquer à moi… enfin, je dis ça, je dis rien hein ! Dernier détail, les caméras n’ont pas de son…. »

La pression, la fatigue, finirent par arracher un léger rire à Ciara. Un cobaye ? Elle ?

- Oh mon Dieu, vous tombez si bas que ça ?", avait-elle murmuré, davantage pour elle même que pour l'interrompre.

Combien de fois n'avait-elle pas cauchemardé à ce propos ? Mais Sarah, sa meilleure amie, avait usé d'arguments inébranlables. Qu'ils essayent, de toute façon, tu pourras toujours leur échapper. Pourquoi chercher midi à quatorze heures . Ciara avait fini par être (vaguement) convaincue d'être à l'abri de ce genre de chose. Et effectivement, que pouvait-on lui faire ? La droguer, la séquestrer ? Inutile, cela ne lui faisait aucun effet. Bien entendu, qu'elle s'en sortirait toujours. Et bien stupide serait celui qui tenterait de s'en prendre à ses proches pour l'atteindre. Ciara s'imposait des limites, dictées par sa conscience de faire le bien et jamais le mal ; et la frontière était très rapidement franchie quand on s'en prenait à ceux qu'elle aimait. C'était donc une très mauvaise idée, oui. Certains avaient essayé, et s'y été littéralement cassé les dents (entre autres). Ce n'est donc pas Gabriel qui allait lui faire peur avec ses menaces en l'air.

Cependant, Ciara ne perdait le flegme qu'elle feignait. Les mains croisées sur les genoux, elle finit par hausser les épaules.

- Vous voulez tenter le coup, inspecteur ? Vous voulez tenter de m'envoyer au tribunal, juste pour mieux vous casser la gueule ? Je trouverai ça somme toute assez amusant de vous voir vous casser quelques dents. Oh ! Aurai-je encore blessé votre égo de mâle ?

Elle croisa les jambes dans l'autre sens, lissa un pli sur son jean.

- Cessez de jouer l'enfant, vous voulez bien ? Votre gars, vous n'étiez même pas fichu de lui courir après quand vous aviez encore une piste à suivre. Et vous voudriez retourner le tabasser, alors que selon vos dires dans la ruelles, il devrait être mort à l'heure qu'il est ? Vous avez à votre disposition un homme dont vous ignorez tout, et à qui vous allez casser quelques os juste pour me voir tomber. J'ai à ma disposition tous vos collègues qui ne vous aiment pas des masses pour témoigner contre vous, de ce que les caméras n'ont pas vu.

Ciara saisit son téléphone portable, sur la table, et le regarda, désolée. Oh oui, il était définitivement mort... Elle eut une petite moue déçue, avant de regarder vers Gabriel, et de l'agiter de droite à gauche entre ses doigts :

- Et que dira-t-on d'un flic qui détruit le matériel d'une suspecte ? Que dira-t-on d'un flic qui dissimule ses pouvoirs, face à une touriste qui ne s'est jamais cachée ? A présent, si vous voulez bien, je vais user de mon droit au silence, jusqu'à l'arrivée de mon avocat, dans deux heures. Avocat que je vous serai fort obligée de contacter, puisque vous avez bousillé mon téléphone.

Et sur ces derniers mots, Ciara croisa les bras, toisant Gabriel de son regard azur. Autour d'elle, quelques étincelles bleutés crépitèrent rapidement. Elle avait établi un bouclier autour d'elle, invisible, et en forme d'oeuf. Il ne pourrait plus l'atteindre. Elle ne le laisserait plus l'atteindre.

Putain elle riait la greluche !  Dans cette situatiopn où elle estimait avioir toutes les cartes, elle riait et ça l’énervait, àça lui donnait l’impression qu’elle était mieux armée que lui et qu’elle avait de meilleures cartes, ce qui avait tendance à le gonfler, elle se taisait où elle prenait une peignée ?

Apparemment, elle voulait la peignée, calme toi Gabriel,  calme toi… respire un grand coup et soit complètement zen !  Respire à fond !  Inspire, expire !  Allez, vas-y ! Inspire, expirer !  Desserre lentement les poings… voilà, tout est calme, tu n’ais aucune raison de t’énerver… il y a juste une coconne qui fait sa maligne devant toi ! Allez, calmos, tu mettras une avoinée au premier saligaud que tu rencontreras en train de commettre un délit. Dans le quartier de la Toussaint, ce ne serait pas dur de trouver un bon sac de frappe humain !

Il lança un regard venimeux à la jeune femme alors qu’elle parlait. Elle semblait si sure d’elle d’un seul coup… c’était tellement différent q’il y avait quelques minutes… c’était presque déroutant…. Gabriel semblait survivre à ce revirement, mais peine perdue sans doute… il soupira en l’entendant continuer, allant même jusqu’à le menacer de faire témoigner ses collègues…. Ça, c’était un coup bas, surtout qu’au final, ce coup bas était à double tranchant, il faisait partie des personnes ayant les  capacités requises pour lui offrir un joli revirement de situation… mais là il était surtout un peu déstabilisé !

Il la regarda, mi figue mi raisin alors qu’elle parlait du matos bousillé, vous savez quoi ? Le plus drôle c’était qu’elle n’avait aucune preuve… seule partie du discours de la miss qui portait à sourire ! D’ailleurs il le fit. Mais une fois qu’elle se fut arrêtée de parler, Gabriel souriait toujours.

« Appelle tant que tu veux, chérie, mais je te conseille de t’aranger le visage avant, car vu la situation, le côté asymétrique de cette magnifique blessure joue contre toi ! Tu veux pas que je te fasse la même chose de l’autre côté ? »

Il eut un petit rire.

« Tu sais quoi ? Si t’as un dossier sur toi sur le net, ce serait pas dur de trouver tes proches…. Ce serait dommage qu’ils aient des ennuis à cause de toi…. Attention, je ne m’en prendrai pas à eux, mais je pense que bon nombre de personnes adoreraient savoir à qui s’en prendre juste pour tes beaux yeux ! Mais après, je parle peut être dans le vide, après tout, une héroïne d’opérette, ça se fait des ennemis… surtout quand on joue à l’héroïne façon nunuche ! »