C’était comme une espèce de grosse sucette, à la fois molle et dure, répandant une sorte de goût râpeux le long de son corps. Ciri’ remuait rapidement, frottant ses seins contre la verge, avec l’impression d’agir comme le ferait une prostituée des bas-fonds de Nexus. Elle n’était pas choquée. À vrai dire, elle trouvait la scène assez excitante, très alléchante. Le sexe glissait entre ses seins, et elle continuait à le masturber, avec une certaine maîtrise de la chose qui confirmait que Cirillia n’avait rien d’une femme chaste. La vie sur la route ne permettait guère, quand on était une femme bien roulée, de rester vierge très longtemps. Soit on se faisait violer par des soudards, soit on s’endurcissait en tranchant la gorge de ceux qui voulaient abuser de vous, en offrant ses charmes qu’à ceux qui le méritaient. Mine de rien, c’était précisément ce que la chasseuse de monstres était en train de faire. Une partie de sexe pour se détendre et oublier qu’elle était dans une partie d’échecs entre une Ange et un démon, ce n’était pas cher payé.
La manière dont Cécil frissonnait devant elle, ses muscles tendus, la tête perdue vers l’arrière, son chibre tendu glissant entre elle, durcissant et se raidissant de plus en plus, ne permettait aucun doute sur le plaisir qu’il éprouvait en ce moment... Plaisir qui, comme à chaque fois quand on était dans ce domaine, était teinté d’une sorte de douleur, de gêne, de manque, de frustration, ce sentiment persistant constituant le moteur d’une relation sexuelle. Ce sentiment, Ciri’ le ressentait, comme une sorte de démangeaison entre les cuisses. Ça titillait sa peau, ça la hantait, ça l’amenait à remuer faiblement ses jambes, et, si elle avait été moins endurante, elle en aurait probablement soupiré de frustration. Elle était en train d’aiguiser entre ses seins une belle épée, la forgeant comme un forgeron travaillerait une épée, en affinant et en améliorant le tranchant, mais elle ne pouvait que toucher des yeux sa création... Ou des seins. Les hommes adoraient ça, sans qu’elle ne puisse vraiment se l’expliquer. Certes, Ciri’ pouvait comprendre toute la perversion qu’il y avait dans l’idée se faire branler par des seins, mais ce n’était pas vraiment l’idéal. Les seins devaient être suffisamment épais et gros pour englober le membre, et ce n’était pas pareil que quand on utilisait les doigts.
*Il faut croire que je m’en sors plutôt bien, se dit-elle en voyant les frissons parcourant le corps du paladin. T’as peut-être un plan de carrière de secours, Ciri’...*
L’idée ne lui arracha même pas un sourire. Cécil allait bientôt se lâcher, ou réagir. Elle avait une sorte de prémonition là-dessus. Il était curieusement toujours plus facile de savoir quand un homme allait atteindre le sommet de la montagne et aborder la descente, plutôt que pour une femme. Et ce n’était même pas lié au fait que le sexe de Cécil lui semblait être sur le point d’exploser avec la force d’une fusée tekhane balancée dans l’atmosphère terrane, elle pouvait le sentir, le voir à la manière dont Cécil peinait à se raccrocher à la réalité, dont son corps semblait devenir nerveux et frissonner... Il émettait des signaux, des messages qui étaient en train d’annoncer la venue de la vague. Allait-il jouir sur ses seins ? Cette perspective était en réalité très probable, mais le paladin sembla alors, en puisant dans ses forces, revenir à lui.
Son sexe glissa hors des seins de Ciri’, laissant une petite traînée, probablement de la sueur, et il se colla contre elle, dans la ferme intention de revenir à la base : le coït.
« Je pense qu'on peut encore en profiter un peu, mais autant commencer l'échauffement de suite avant le combat qui s'annonce. »
L’échauffement ? Elle ne savait pas comment interpréter sa phrase : qu’était-elle en train de faire depuis une plombe, si ce n’est de l’échauffer ?
*Ne cherche pas à comprendre, tu le sais aussi bien que moi, c’est sa queue qui parle, pas son cerveau...*
Cécil usa de sa musculature pour soulever Cirillia, qui entreprit tout de même de l’aider. Elle posa ses mains sur ses épaules, puis les glissa contre sa nuque, avant de remuer également les jambes, pour le ceinturer. Il existait toujours plusieurs manières de faire l’amour : avec ou sans les vêtements, debout ou couché. Il fallait croire que Cécil voulait faire ça debout... Ce qui n’était pas plus mal, car Ciri’ n’avait pas envie de se ruiner le dos sur le sol pierreux de la chambre de la tour. Elle sentait le sexe de l’homme glisser contre ses cuisses, cherchant probablement une entrée... Et en trouva une, inattendue.
Elle avait bien préparé ce sexe, elle l’avait échauffé, en faisant une espèce de petite épée dressée ne cherchant plus qu’un fourreau dans laquelle se ranger (Ciri’ ne comptait plus, en réalité, le nombre de fois où de preux chevaliers avaient cherché son fourreau), et, dans son excitation, l’homme avait atteint la porte arrière. Les yeux de Ciri’ s’écarquillèrent instantanément, ses ongles s’enfoncèrent dans la chair de l’homme, et un courant remonta le long de son échine, provoquant une sorte d’explosion qui lui donna l’impression que son cul était en train de flamber, de se liquéfier et d’exploser.
« Aaah !! » hurla-t-elle.
Elle ferma les yeux, et grinça des dents, ses joues devenant toutes rouges, sa respiration s’emballant comme le moteur usagé d’un tracteur. Soudain, l’homme s’arrêta, et Ciri’ grogna.
« Tu... Tu aimes les espaces clos, hein ? Putain... »
Elle respirait lourdement. Elle ne pensait pas qu’un paladin pouvait être aussi pervers. Est-ce qu’il n’existait pas une bulle du Conseil œcuménique de l’Ordre qui avait interdit la sodomie, y voyant une pratique barbare, perverse, et qui n’avait pas pour but la procréation ? Et pourquoi est-ce que son esprit l’avait amené à penser à ça en ce moment ?
« Bordel, ne reste pas planté là comme un con, remue-toi... Allez, bouge, bouge, défonce-moi, merde !! »
Croyait-il que c’était agréable d’avoir une verge plantée dans le cul ? Ah, ces hommes ! Il était tout penaud, mais il était un peu trop tard pour jouer au timide effarouché, maintenant. S’il ne voulait pas que Ciri’ le plante, et passe la nuit à essayer de soulager le feu qui lui déchirait les fesses, il fallait que l’homme remue, qu’il la défonce, qu’il habitue le fondement de Ciri’ à cette présence énorme en elle.