Ce fut l’odeur qui réveilla Ivy. Une odeur écœurante, qui lui donnait envie de vomir, comme si on l’avait jeté dans un charnier. L’odeur agressa ses narines, particulièrement sensibles. C’était différent de l’odeur de pollution, mais pas forcément plus agréable. L’odeur la fit trembler, et son corps se remua lentement. Poison Ivy n’était pas, physiquement parlant, particulièrement forte. Elle était fine et frêle, et tout son art reposait en sa séduction et ses plantes. Sans ces deux armes, elle était complètement démunie.
« Haa... »
Un léger gémissement. Après l’odeur agressive, la douleur se rappela à elle. Puis la mémoire et les souvenirs. Elle se promenait dans la forêt, en communion avec elle, quand elle avait vu cette maison. Elle avait été tellement surprise qu’elle en avait abaissé ses défenses, et quelqu’un, manifestement, en avait profité pour l’assommer. Le coup avait été assez fort, et elle avait un vilain mal de tête. Ivy avait toujours les yeux clos, et les ouvrit lentement. Elle n’était plus dans la forêt, et remua la tête de droite à gauche, voyant une espèce de... De cabane... Ou de petite hutte... Elle avait l’impression d’être dans une espèce de conte de fées, dans une histoire de Charles Perrault avec la petite vieille qui venait sauver la jeune Princesse perdue des loups, avant d’essayer de l’avaler dans son chaudron. Les enfants, il ne fallait jamais faire confiance aux vieux perdus dans les forêts, aux marginaux et à ceux qui s’isolaient de la société. Pour le coup, elle devait admettre qu’il y avait un peu de jugeote là-dedans.
*Si j’avais été attaquée par un animal, je serais déjà morte... A moins qu’il ne m’ait réservé pour ses petits, mais je ne suis manifestement pas un nid... Et pas attachée non plus... Putain, ma tête ! Si je retrouve le salopard qui m’a fait ça...*
Poison Ivy reprenait peu à peu conscience... Et réalisa ainsi qu’elle n’était pas seule. Elle se redressa alors, les réflexes venant. Nue, elle était toujours de couleur verte, et sursauta légèrement en voyant qu’il y avait dans la pièce... Une espèce de curieuse autochtone. Sûrement une Terranide. Plutôt jolie, en fait. Pour le coup, Ivy était mise en faute par son instinct de terrienne, cet instinct qui voulait que ce qui soit beau ne soit pas dangereux. Elle regarda la Terranide, se tenant le front.
« Sa... Salut, lâcha-t-elle, hasardeuse. Aïe, ma tête... Hum, ça fait mal, putain... »
Elle appuya à nouveau sur l’endroit de sa bosse, se demandant si elle avait saigné. Elle regarda autour d’elle.
« C’est... C’est toi qui m’a secouru ? Soigné, peut-être ? Me-merci... Je... Je m’appelle Ivy... Humm... »
Dans la tête d’Ivy, cette Terranide était probablement une créature qui l’avait vu inanimée, et avait été la sauver. Elle était encore bien loin de s’imaginer que cette femme était celle qui l’avait mis dans cet état. L’odeur, à nouveau, vint agresser les narines de Poison Ivy, qui eut une envie soudaine de vomir. C’était... Et bien, c’était une odeur chair décomposée. Pas très agréable, elle reniflait la putréfaction, et ça semblait vraiment proche. Des grimaces de dégoût venaient éclairer son visage.
« Tu... Tu t’appelles comment ? »
Le coup sur sa tête lui embrumait l’esprit. Si elle était parfaitement réveillée, elle aurait vite compris que cette Terranide était tout, sauf honnête. Elle aurait vu cette lueur dans le regard de Mithra, bien plus éloquente que cette odeur de cimetière qui envahissait l’air.