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La forêt
En faisant abstraction des monstres, des bandes de bandits, des guerres incessantes entre des royaumes chaotiques, des esclavagistes, de la superstition locale, Terra était un monde fascinant pour Poison Ivy. Professeur dans un lycée de Seikusu, celle qui avait (presque) renoncé à ses activités d’éco-terrorisme sur Terre se révélait une grande admiratrice des impressionnantes forêts terranes. Sur Terre, il était de plus en plus difficile de trouver de véritables forêts vierges, des forêts où on ne risquait pas de trouver un sac plastique, un mégot de cigarette, des traces de semelles... En gros, une forêt où on ne sentait pas la trace de l’Homme, où les narines n’étaient pas agressées pas la pollution, où les oreilles n’étaient pas attaquées par les vrombissements d’insupportables voitures. Pour une femme comme Ivy, de telles nuisances étaient insupportables, et, partant de là, elle s’accordait des semaines entières d’immersion dans ce genre de forêts, ces forêts terranes où la superstition des villageois les amenaient à rester à la lisière des arbres, et à refuser de s’avancer trop avant. Et, comme les forêts étaient immenses, Ivy n’avait eu aucun mal à s’éloigner des petits villages et des camps de bûcherons. Elle avait affronté l’habituelle ignorance paysanne, qui croyait que des dragons, des sorcières, et des démons cannibales vivaient dans les profondeurs de la forêt. Des animaux, il y en avait, mais Ivy n’avait rien à craindre.
Elle se promenait au milieu d’arbres géants, et était en immersion depuis deux jours. Sa peau était verte, et elle avançait nue, n’ayant pas besoin de couvrir ses parties intimes. Elle ne s’amusait nullement à transformer la forêt, elle se contentait de prendre des vacances, de vivre comme une nymphe des bois le ferait. C’était tellement relaxant, tellement délicieux... Ivy adorait ça, tout simplement. Il en fallait peu pour être heureuse... Et à la fois beaucoup.
Elle avançait le long de la forêt, voyant ces arbres gigantesques, observant parfois des fleurs, les caressant, les sentant frémir. Son corps était si particulier qu’elle était liée à la Nature, et pouvait percevoir cette dernière. Elle embrassait volontiers des pétales, et ce fut durant ses pérégrinations qu’elle tomba au hasard sur une solitaire maison perdue dans la forêt.
Sur le coup, elle fut un peu surprise. Une forêt en pleine nature, c’était... Plutôt inhabituel ! Elle avait l’impression d’être dans une espèce de conte pour enfants, un Hansel & Gretel curieux. Elle s’avança vers cette petite maison, se demandant qui pouvait vivre à l’intérieur. Une affreuse sorcière qui dévorerait les enfants égarés ? L’idée la fit lentement sourire, tellement elle semblait grotesque.
*Plutôt un ermite, ou un vieux fou. Peu m’importe...*
Ivy entendit alors du mouvement derrière elle. Surprise, elle se retourna, et eut juste le temps de voir une forme sombre fondre sur elle.
« Que... ?! »
Elle se reçut un puissant coup sur la tempe, et s’effondra sur l’herbe.
Parfois, la superstition locale dissimule un morceau de vérité.