Un brouhaha. Un incessant brouhaha colorait à sa manière l'ambiance des bas-fonds de Nexus, mélange de fou-rire, de discussions animées, de joie, de colère, d'indignation, entrecoupé de cris déchirants, et désespérés. Cela faisait déjà quelques heures, que la nuit avait étendu son voile sur ses rues pavées, mais elles étaient toujours aussi grouillantes. Vivantes. Inquiétantes. Et c'est dans ces rues qu'errait sereinement Rozalynne, fière et dangereuse créature aux ascendants draconniques. N'accordant qu'une attention limitée aux passants, elle se focalisait sur une petite boussole, dont l'aiguille vibrait d'un léger éclat doré. Un cadeau fort utile du sorcier qui l'a engagée, afin de l'aider à retrouver l'objet lui ayant été subtilisé. D'après ces dires, quelqu'un serait entré par effraction chez lui, passant outre les dispositifs de sécurité, et aurait dérobé une pierre qui lui était précieuse. Un rubis, étincelant, gros comme le poing, dont la valeur en pièce d'or avait de quoi faire tourner les têtes. Mais pas autant que la récompense proposée par ce mage... si tant est qu'il soit honnête.
Cela, elle aurait tout le temps de s'y intéresser plus tard, une fois qu'elle aurait retrouvé cet objet, ce qui serait un jeu d'enfant si elle se fiait à la boussole qu'elle tenait. Toujours selon les dires de son employeur, elle était capable de détecter la position du rubis, indiquant sa direction, et pulsant à une fréquence de plus en plus élevée à mesure que l'on s'en approchait. Avec ça, elle n'aurait aucun mal à trouver sa trace. Quant à la récupérer, c'était une autre histoire... cela dépendra de son actuel propriétaire, et de son degré de coopération.
Rozalynne bifurqua, s'engouffrant dans une sombre allée, ses griffes reptiliennes cliquetant leur sinistre symphonie sur les dalles. Ses pas la menèrent finalement aux portes d'une auberge, dont les relents de transpiration et de vapeur d'alcool lui parvenaient déjà aux narines. Elle détestait ce genre d'endroit, trop renfermé, trop étroit. En plus de l'ambiance ô combien agaçante, elle s'y sentait excessivement vulnérable. Néanmoins, pour y trouver une information, ou un individu, c'était bien souvent l'endroit rêvé pour y obtenir ce que l'on cherche. Ce que les faibles mais perceptibles flash lumineux de la boussole semblait lui confirmer. Le rubis était là.
Elle entra d'un pas assuré dans l'auberge, jaugeant sa population d'un vif regard, avant de s'installer dans un coin, son précieux allié toujours en main. Il y avait les soiffard habitués, mais aussi de dangereuses créatures, des aventuriers qui n'étaient visiblement pas du coin, des badauds, ou des individus tout simplement louches, difficile de repérer où se trouvait l'homme qu'elle cherchait. Elle continua donc d'observer la révélatrice aiguille, attentive aux moindres oscillations, dans l'espoir que ceux-ci finissent par lui indiquer qui détenait le fruit de sa juteuse récompense.