Le masque de glace de Mélanie s'effritait, et l'agent Taylor jubilait presque. Probablement habituée à mener la danse dans ses relations avec les hommes, la française supportait assez mal la manière dont Jack se comportait avec elle, c'est à dire comme un parfait mâle dominant. Néanmoins, elle aussi avait ses limites, et l'homme frissonna lorsqu'elle répondit à son baiser, pressant ses mains blanches contre son torse tiède, envoyant sa langue butiner la sienne. Néanmoins, lorsque ses lèvres quittèrent les siennes, la laissant interdite, les mots du professeur fusèrent trop vite, heurtant de plein fouet l'orgueil et la dignité de la jeune femme. Son expression se transforma instantanément et, de colère, elle lui balança une gifle sonore, que Jack ne tenta pas d'éviter, laissant la paume et les doigts de l'infirmière lui mordre la joue. « Ouch ! » Jack fit la moue ; l’infirmière avait plus de force que à ce quoi il s'attendait et sa joue le brûlait cruellement. La vie dissolue et l'infidélité impénitente de l'agent Taylor lui avait valu d'innombrables gifles, mais il s'étonnait à chaque fois du sentiment de colère et d'incompréhension que cela suscitait systématiquement chez lui. En effet le comportement dominateur de l'américain était quasiment pathologique ; son cerveau n'admettait pas le refus, ni la frustration. Aussi ce fut un regard sombre d'indignation qu'il lui renvoya, les muscles crispés. Le bras de l'infirmière était toujours levé, si bien que Jack la saisit au niveau du poignet, pour l'empêcher de réitérer son geste, mais celle-ci se confondait déjà en excuses, sous les sourcils froncés de son patient. Mélanie avait brisé les règles du jeu.
« Pas autant que moi », lâcha-il, agacé.
Laissant la main de la jeune femme retomber le long de son corps, l'homme la gratifia d'une moue dédaigneuse et d'un « allumeuse », aussi injuste qu'immérité, en se dirigeant vers ses fripes. Aveuglé par la colère, il n'aspirait qu'à quitter au plus vite le cabinet de la jolie rouquine, pour aller se consoler dans les bras d'une autre, plus accueillante. Décidé à se changer à l'extérieur, il se contenta d'enfiler ses souliers et glissa pantalon, chemise et veste sous son bras, traversa l’infirmerie sans un regard pour Mélanie. Néanmoins, il s'immobilisa devant la porte de sortie, comme Dom Juan devant la statue du Commandeur, foudroyé par le ridicule de la situation. Trop blessé par le coup porté à sa fierté, Jack n'avait pas su saisir la perche que Mélanie lui avait tendue.
« Ma foi, je... »
Le ton de l'agent Taylor s'était radouci, mais il tournait toujours le dos à l'infirmière, les yeux mi-clos, incapable de se décider quant à son mouvement suivant. Oh et puis merde. Jack fit volte-face, offrant à Mélanie une moue contrite. Se déchaussant avec une lenteur qui contrastait terriblement avec la hâte dont il venait de faire preuve, l'homme posa ses affaires en tas, sur une chaise à sa portée, et se dirigea d'un pas léger vers la rouquine, avec autant d'élégance que lui permettait d'avoir un boxer et une paire de chaussettes. Attrapant les doigts de Mélanie, il l'attira à lui une nouvelle fois pour l'embrasser sur le front.
« Je m'excuse », lui concéda-il, d'une voix apaisée.
Les excuses étaient sincères, même si l'objet sur lequel elles portaient était plus limité que ce qu'il voulait bien laisser croire ; l'insulte gratuite, il s'en repentait réellement. Quant au reste, il regrettait uniquement d'avoir été trop impatient et de ne pas avoir suffisamment échauffée la jeune femme avant de l'abreuver des insanités dont il avait le secret, et qu'il ne pouvait s'empêcher de proférer dès lors qu'il était excité. Il n'en démordait pas : Mélanie avait été, était, et serait une salope, et il était bien décidé à le lui faire avouer. Si lors de son accès de colère, son vit s'était débandé, le contact du corps gracile de la jeune femme contre le sien ne tarda pas à y faire affluer de nouveaux flots de sang.
Le baiser qu'ils avaient échangés quelques instants plus tôt avait scellé l'acceptation de leur désir réciproque, et Jack était déterminé à ce qu'aucun nouvel incident n'y fasse obstacle. Aussi, ce fut avec une douceur inhabituelle qu'il releva vers lui le menton volontaire de l'infirmière, avant de poser ses lèvres sur les siennes, les yeux mi-clos. Hardies, ses mains s'égaraient déjà sur les cuisses fuselée de la rouquine, se glissant sous sa jupe pour finalement venir pétrir amoureusement ses fesses rebondies.
« 'vraiment désolé, je suis un vrai salaud. », glissa-il entre deux baisers.
Jack en faisait trop, volontairement, pour dédramatiser la situation, et faire fondre une bonne fois pour toute la défiance de Mélanie à son égard. Le décolleté pigeonnant de la jeune femme était proprement irrésistible, et il délaissa bien vite son postérieur pour déboutonner fiévreusement son tailleur, libérant l'opulente poitrine qu'il compressait. Ravi de ce qu'il y découvrit, imaginant son vit y coulisser, il se fendit d'un large sourire, alors qu'il la débarrassait à présent de son soutien-gorge.