C’est la première fois que Neve se retrouve au-dessus d’un homme pendant l’acte sexuelle. N’allez pas croire que les succubes n’excellent pas dans ce domaine, au contraire ! Elles maîtrisent à la perfection toute forme de luxure, et encouragent les jeunes à n’en négliger aucune. Mais Nevea, de nature méfiante envers la dépravation, avait toujours préféré se soumettre et laisser l’homme s’occuper de tout, craignant de blesser sa virilité.
Quelle grossière erreur ! A présent qu’elle chevauche Law avec de gracieux mouvements de bassin parfaitement exécutés, elle prend conscience que c’était tout aussi délicieux de mener la danse. Elle n’est plus une esclave de l’amour, elle est le chef d’orchestre de leur jouissance.
Elle doit s’avouer qu’elle prend carrément son pied, pour parler franchement. Des conseils et astuces, secrets de succubes se transmettant de mères en filles lui reviennent peu à peu. Ces arcanes du sexe, qu’elle a longtemps refusé d’écouter, guident à présent ses hanches, dosent l’intensité de ses mouvements... Elle halète, en proie à un plaisir trop brûlant pour lui permettre ne serait-ce que de penser. L’eau autour d’eux essaie de s’échapper de la baignoire. Elle s’enfuit par vagues et revient à la charge s’écraser contre leurs cuisses dans une explosion de gouttelettes. Nevea, si elle avait eu la capacité d’émettre quelques réflexions pour elle-même, se serait sûrement étonnée que l’eau ne s’évapore en un sifflement au contact de leurs peaux bouillonnantes.
Les mains de Law se posent sur elle. Elle ne saurait dire où elles sont vraiment. Après tout, Law est contre elle, sous elle, autour d’elle, en elle. Il est partout à la fois, ciblant le moindre de ses besoins comme s’il lisait dans ses pensées. Et que c’est bon, d’être son centre d’intérêt, que c’est bon ! Elle n’a pas besoin de le regarder pour sentir toute la passion qui le consume, tout comme il n’est pas nécessaire qu’elle le lui dise pour qu’il sache à quel point elle est sienne.
Comme les serres d’un faucon, les ongles de Law agrippent les fesses de la nymphe. Elle entend à peine le « stop » murmuré, tant son cœur bat contre ses oreilles. Elle s’immobilise progressivement, le sexe de l’E.S.P.er enfoncé loin dans son bas-ventre. Son corps est raide et cambré, la jouissance est à deux pas. Elle ne s’inquiète pas de cette infime pause : Law n’en pourra plus lorsqu’elle-même implorera grâce, c’est une certitude.
« Je suis trop bien...quand tu es en moi. » Lui répond-elle, comme un écho, la respiration saccadée.
Quelques unes de ses mèches blondes sont collées contre son front par la sueur. Elle sent son amant la soulever, l’accompagnant lui-même de son bassin. Elle se mord les lèvres. Nevea se retrouve face à face avec lui, yeux dans les yeux. Il prend appui sur ses talons, et la soutient complètement. Elle est en équilibre sur ses cuisses puissantes, et la brûlure de son sexe dans son fourreau de chair n’en est que plus intense. Instinctivement, ses jambes fébriles viennent entourer les fesses de Law tandis que ses bras agrippent sa nuque. Un premier coup de reins. Elle resserre l’étau de son étreinte, le poussant plus loin en elle, comme si elle voulait qu’il se fonde en elle, et y reste pour l’éternité. Il s’éloigne, recommence, encore et encore.
- Comment pourrais-je oublier ça...
Bonne question. Elle, elle ne le pourrait pas.
Sans s’en rendre compte, la succube a commencé à pousser de longs gémissements. Sa voix se brise, devient parfois aigüe, parfois rauque sur les dernières notes. Elle a bien du mal à rester droite. Elle sait que Law est là pour la soutenir si jamais elle défaillait, mais elle essaie de maintenir sa position tout de même. Les mouvements se font de plus en plus violents, ce qui n’est pas pour lui déplaire. Son orgasme est proche. Ou peut être a-t-il déjà commencé ? Elle ne sait plus.
Il prononce son nom, et cela suffit à invoquer l’orgasme de la jeune femme. Elle se cambre et s’arc-boute contre son torse. Ses lèvres s’écrasent contre celles de Law, mais dérapent tant le spasme est soudain. Elle ne sait plus bien si elle embrasse son oreille, ses cheveux, ou même si elle mord son tendre cou. Elle est secouée d’une vague de jouissance, qui la remue des orteils jusqu’à la pointe des cheveux, lui donnant successivement l’impression d’avoir chaud, puis froid, puis chaud de nouveau.
Combien de temps a passé depuis le début de leurs ébats ? Aucun de nos deux protagonistes n’en a conscience. Ce n’est sûrement l’affaire que de quelques minutes… Les succubes peuvent généralement retenir leur orgasme aussi longtemps qu’elles le souhaitent. Mais, rappelons-le, Nevea déroge à beaucoup de ces règles…
Cette première joute a été divine. Elle n’en avait jamais connu de pareille. Déjà, elle n’a qu’une hâte : recommencer. Jusqu’à ce qu’elle en meure d’épuisement, au creux de ses bras, dans la félicité la plus parfaite…
« Law. » Lui souffle-t-elle, répondant à la supplication formulée plus tôt. Elle aurait voulu lui dire tant de choses, comme « C’était si bien. » ou « Tu es le meilleur », mais les mots ne sont pas assez forts pour lui communiquer à quel point ce qu'elle vient de ressentir était grandiose. Cela ne passerait que pour de simples encouragements, comme pour flatter et rassurer un partenaire qui n’aurait pas été à la hauteur. C’est loin d’être le cas. Alors, elle répète, une nouvelle fois, en fermant les yeux pour savourer cette unique syllabe :
« Law… »